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« La finance Islamique au Maroc : quelles perspectives » ?

Abdedaime Mohamed

Résumé :

La crise financière de 2008, a développé une forme d’attrait pour la finance islamique. Elle se
positionne comme une finance alternative ou complémentaire à la finance classique. Elle est
fondée sur des principes religieux strictes (interdiction de l’usure, la spéculation et des activités
illicites, alcool …) que les établissements bancaires s’efforcent d’appliquer ou de contourner
afin de séduire une nouvelle clientèle. Ce compartiment de la finance internationale, connait
depuis quelques années une croissance exponentielle à travers le monde. A ce stade, les actifs
islamiques ont enregistré une croissance annuelle qui dépasse 11% au cours de la dernière
décennie pour attendre, 2 000 milliard dollar. Dans ce cadre, la finance islamique a également
exigence de produits financiers susceptibles de garantir la viabilité à long terme de l’industrie en
tant que modèle fonctionnel véritablement distinct. La finance islamique en tant que discipline
est devenue incontournable pour comprendre la mondialisation des échanges, l’évolution des
pays émergents, le rôle des fonds souverains et les problématiques de développement de
certains zones économiques.

La crise financière a fait valeur en éclatant les certitudes relatives au modèle financier
conventionnel et a créé le besoin d’une finance plus éthique et plus proche de l’économie réelle.
Puissance émergente tant par leur poids financier, leur fonctionnement et l’influence qu’elles
exercent dans leur région et la scène internationale, la finance islamique est, depuis le milieu des
années 1970, fortement exposée sa place sur le marché financier. L’industrie de la finance
islamique s’est développée fortement dans les trente dernières années, cependant son origine est
très ancienne. Depuis l’apparition du premier établissement financier islamique le système est
jalonné. Il y a trente ans, la finance islamique était inconnue ou presque. Aujourd’hui cette
pratique est présente dans plus 80 pays. Rappelons que le système financier islamique a été
utilisé par les commerçants musulmans depuis l’arrivée de l’islam. En fait, les crédits entre les
commerçants sont basés sur la capacité de remboursement de la dette avec une possibilité de
rééchelonnement sans aucun rajout ou intérêt.

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Prix dans le développement de la globalisation des marchés internationaux, le Maroc pays en
voie de développement cherche les moyens juridiques et économiques susceptibles de
provoquer le développement de l’économie. La question qui se pose est de savoir si les
transactions du modèle juridique maroco-francophone peuvent promouvoir la productivité et la
prospérité financière ainsi que économique du pays ? Comment gérer un défi socio-économique
plus ou moins accepté ? Quels sont les choix politiques qui vont conduire la finance islamique
au Maroc ? Comment cette finance peut pénétrer le marché marocain. Quel bilan peut on établir
pour la finance islamique au Maroc ? et quelles sont les perspectives de cette finance dans notre
pays ?.

Comment instaurer un système de financement islamique au Maroc ?. Tachons dans un premier


temps de vérifier la véracité des hypothèses que nous avons avancées au début. En effet, nous
comprenons désormais avec plus d’aisance pourquoi est-ce que les banques islamiques sont
confrontées à des grosses barrières politiques et organisationnelles au Maroc, alors, ils n’ont pas
cessé de renforcer leurs présences dans les pays occidentaux. Nous rassemblons sous ce vocable
les difficultés que rencontrent les banques islamiques lorsqu’elles fonctionnent dans un cadre
juridique et fiscale conventionnelle. Dans ce cadre, depuis le premier octobre 2007, les
banques marocaines ont commencé la commercialisation des produits bancaires dits « produits
bancaires alternatifs ». En effet, après un long refus, Banque Al-Maghrib a autorisé (autorisation
n°33/G/2007) aux banques marocaines la possibilité de commercialiser des produits qui
répondent aux attentes de certains clients marocains en matière de conformité aux principes de
la charia.

Au Maroc, après 4 ans de lancement, le bilan des nouveaux produits n’a pas dépassé 900
millions de dirham comparé à 730 milliards des encours de crédit conventionnels en 2010. Ce
chiffre est justifié par plusieurs dysfonctionnements de politiques monétaire différentes,
économique, sociale, fiscale, commerciale et de régulation qui ont pour but commun un manque
d’harmonisation ayant abouti à des produits bancaires non viables ne répondent pas aux

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conditions de succès sur le marché bancaire. Aujourd’hui, il y a, au Maroc des intentions de
créer un système de banque islamique qui sera susceptible de délivrer des micros financements
ainsi de financer des projets privés. Rappelons de l’exemple cas de Wafa Bank qui a essayé en
1993 d’ouvrir une fenêtre pour les produits islamiques, via « le fonds commun de placement ».
Le projet a été bien établi et structuré au sein de la banque concernée, mais après 10 d’études,
les autorités de tutelle ont refusé la proposition pour des raisons inconnues.

Les hypothèses de notre travail s’articulent autour des obstacles et des freins qui empêchent
l’émergence d’un banking islamique au Maroc. La problématique était d‘évaluer l’état de la
finance islamique dans un nouveau marché familiarisé avec les banques traditionnelles. Pour
répondre aux hypothèses proposées, nous nous sommes basés principalement sur l’analyse des
dispositions juridiques, encadrant la commercialisation ces produits. En outre, nous avons
entamé une enquête pour évaluer la satisfaction de la clientèle à l’égard de ces produits
bancaires. L’Etat marocain n’est donc, lui non plus, favorable à la création d’un système
bancaire islamique, en fait, la propagande véhiculé par les banques islamiques dans les pays où
ils ont démontré des performances remarquables risque de conduire à l’islamisation des affaires,
de la société et aussi l’émergence des partie politiques appelant à une islamisation de la vie
politique.

Malgré, qu’ils sont commercialises depuis 2007, les nouveaux produits bancaires sont mal connu
auprès du public, trop cher, surtaxes et avec une qualité peu satisfaisante, ce qui en résulte, la
gestion de ces produits nécessite une réévaluation en introduisant des réajustements profonds
visant la performance et la relance de ce marché porteur.

Apres avoir présenté les principes religieux qui caractérisent la finance islamique, nous avons
mis en perspective les tendances actuelles de ce segment et décrit, sous une forme originale et
synthétique un large panorama techniques de financement utiliser dans les transactions
financières islamiques. En traitant les aspects légaux économiques, financiers et pratiques. Ce
travail remet en question la pratique de cette finance dite éthique et abord ses voies de
développement dans le contexte marocain. L’objectif général de ce projet était d’établir l’état
des lieux de la finance islamique au Maroc et en particulier l’évaluation des produits bancaires
alternatifs. Notre travail s’inscrit dans la perspective de la vulgarisation de la finance islamique
au Maroc et dans ce contexte général, il nous a donc semblé raisonnable - à défaut de pouvoir

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faire mieux - de poser plusieurs questions pour décliner le sujet de la thèse selon les questions
suivantes :

-Qu’est-ce qui distingue la finance islamique et la finance conventionnelle ?

-Qu’est que la finance islamique ? Est-ce vrai que la finance islamique ne marche pas au Maroc ?
-Quelles sont les entraves de cette finance au Maroc ?

-Quelle est l’état des lieux de cette finance après 4 ans de son autorisation ?

-Y a-t-il des produits alternatifs aux Maroc ou pas ?

-Sont-ils conformes aux principes de la Charia ?

-Ont-ils eu le succès escompté ? Dans le cas échant quelles sont les causes d’échec de ces
produits ?

-Que pensent le publique de la finance islamique ? Et quelle est la perception du public à l’égard
des produits bancaires alternatifs ?

-Est–t-il exact que l’arrivé des banques islamiques est avantage pour l’économie marocaine ?

-Que proposons-nous pour relancer les produits alternatifs « islamiques » ? -Comment amener le
banking islamique à remplir ses objectifs ?

Ce sont, parmi les principaux questionnements auxquelles nous avons essayé de répondre

En six chapitres, nous avons effectué une véritable progression à travers les principales
problématiques de la finance islamique au Maroc, telle que ses fondements historiques et
religieux, ses aspirations, ses princeps ou encore les obstacles rencontrés et l’état de lieux de
cette finance au Maroc.

Dans un premier lieu, nous avons souligné les fondements de l’économie islamique, les
principes et l’historique de la finance islamique, enfin nous avons décrit l’arrivée de la finance
islamique au Maroc ainsi que son apport pour l’économie marocaine. Les déférentes situations
exposées sont décrites à très nombreux endroits. Du début à la fin, nous avons doté notre
travail par des tableaux et des graphiques visant l’enrichissement du sujet abordé.

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Dans un deuxième lieu, nous avons présenté nos enquêtes, la première sert à évaluer la
satisfaction des clients qu’ont été déjà servie de ce mode de financement, la deuxième a comme
objet la prospection de la clientèle susceptible de contracter ces nouveaux produits.

En somme , ce travail examine l’évolution des produits bancaires alternatifs au Maroc avant le
démarrage des nouveaux produits bancaires dits « participatifs », il cible l’exploration des
causes l’échec et l’état des lieux de ces produits après 4 ans de lancement. En outre, il vise à
décortiquer les principales barrières réglementaires et les sources de dysfonctionnement ayant
empêché un bon démarrage de ces produits. En effet, les produits alternatifs ont été cernés par
plusieurs restrictions afin de les rendre trop chers. Le travail a essayé de donner une vision
critique et globale sur l’instauration de ces nouveaux produits. A ce stade, il retrace les réactions
et les comportements partiaux des autorités de tutelle ainsi que les banques envers ces produits
bancaires. Enfin, l’analyse de ces produits conduit à une réflexion critique sur l’avenir du
banking islamique au Maroc.

Nous avons essayé d’expliquer comment les marocains n’ont pas pris contact avec ces produits
malgré leur commercialisation au marché depuis 2007. Nonobstant, qu’il n’existe pas assez de
références bibliographiques qui traitent cette thématique, nous avons complété nos informations
auprès de certaines personnes-sources ainsi que l’examen les documents fournis par les
organismes impliqués en la matière.

Notre intérêt était de concentrer notre analyse sur trois points essentiels. Dans un premier volet,
nous avons examiné, les contraintes, les barrières étatiques ayant freiné le lancement de ces
produits bancaires. En outre, nous avons situé le contexte des produits alternatifs aux Maroc.
Dans un second volet, nous avons étudié les contraintes et les difficultés des produits propres aux
comportements des banques impliquées. Enfin nous avons essayé d’évaluer le bilan global de
l’expérience des produits alternatifs au Maroc après 4 ans de commercialisation.

Pour répondre aux hypothèses proposées en amont, nous nous sommes basés principalement sur
l’analyse des dispositions juridiques encadrant la commercialisation des produits alternatifs pour
détecter les barrières réglementaires imposés face à ces produits et les résultats de notre
enquête.

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En outre, nous nous sommes servis de certains articles sur la thématique de la finance islamique au
Maroc, les conférences diverses sur le banking islamique avec la présence de certains experts ainsi
que des patriciens – chose qui nous a aidé beaucoup pour mieux cerner ce sujet. Il reste à signalé que
les interviews que nous avons effectué – principalement - avec M. Omar EL Kettani ont joué un rôle
crucial dans l’élaboration du présent travail.

Mots clés:

AAOIFI: Accounting and Auditing Organisation for Islamic Financial Institutions. BAM: Bank Al-
Maghrib. PBA : Produits Bancaires Alternatifs, CGI:Code General d’Impôts, IR:Impôt sur le Revenu.
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée. Mourabaha, Ijara, Moucharaka : crédits bancaires conforment
aux principes de la charia. Takafoul : assurance islamique.

Les fondements et les principes de la finance et l’économie islamique :

Nous avons estime qu’il était très utile, avant de traiter les principes de la finance islamique que
une analyse des bases économiques et juridiques de cette finance, ainsi que ses fondement sont des
éléments décisifs pour mieux comprendre le fonctionnement de cette finance. En fait, la séparation
de l’économie et la finance islamique aux autres composantes de l’islam est nécessaire pour la
description de l’ensemble en étant un modèle qui règne toute la vie de la communauté musulmane.

Sachant que l’économie islamique est un système doté de ses propres fondements indépendants aux
autres composantes, caractérisée par ses spécificités qui le distinguent aux autres systèmes
économiques. Dans un premier lieu, nous avons clarifié, même brièvement, les principes
fondamentaux de l’économie islamique, et plus précieusement de démontrer d’une manière claire et
précise les valeurs moraux ainsi que les principes d’équité qui distingue le modèle islamique par
rapport aux autres modèles économiques. Dans un deuxième lieu, nous avons entamé les principes de
cette finance, ensuite nous avons évoqué l’historique et l’évolution de cette finance surtout dans les
pays du Golf.

A ce stade, le système économique islamique s’articule sur plusieurs fondements inspirés de la


vision générale de l’économie qu’a l’islam. Parmi les particularités de la législation islamique est le
fait que l’économie soit une organisation liée à la croyance et aux bonnes qualités des fidèles. Dans la
conception islamique de l’économie, les principes moraux ont non seulement une valeur en soi mais

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encore une influence sur l’efficience du système économique et social, du fait qu’ils entrainent une
allocation optimale des ressources. « L’islam privilège l’intérêt social à celui individuel dans les
limites morales »
Nous ajoutons, et contrairement aux autres religions, l’islam s’intervient directement dans la manière
de gérer les biens matériels, La charia où droit musulman s’appuie sur deux sources principales ; le
Coran et le Hadith. D’ailleurs les jurisconsultes musulmans ont précisé tous les aspects du domaine des
affaires. Ils détiennent le pouvoir d’interprétation et d’adaptation des textes de la charia vis-à-vis aux
cas de conflits dans la sphère économique. « Certes, ce Coran guide vers ce qu’il y a de plus droit, et il
annonce aux croyants qui font de bonnes œuvres qu’ils auront une grande récompense » (29, verset 9).

Les sources de l’économie islamique

Les sources de l’économie islamiques


les interdits (Riba, Gharar….
les obligations :Zakat, Takafoul
Le Coran- l’ijmaa les permissions :
-Commerce,
Al Aquida
-Location,
-Vente à crédit,
La sounna-le Quyas -Investissement

Al Maqassid, Le Fikh
-Al Maslaha, Addin wa al Qard
-Al Bouyoua , Riba
Fikh Al iqtissad
Science de la légitimité ou - Zakat, Moudaraba
(charia)
science normative
Jurisprudence - Addman, Al kaffala
- Al Wakala, Al Waqf

- Théories de l’équité et de la
ILm Al iqtissad justice
Science de l’application ou
Théories et
science positive - Théories des banques islamiques
institutions
- Théories des sociétés

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d’investissement
-Théories des assurances
- Théories de la caisse Zakat

Source : Interview avec Mr.Omar El Kettany

Cependant, le problème qui se pose dans plusieurs pays, y compris le Maroc, c’est le fait que la
plupart d’entre eux adoptent deux systèmes juridiques, un base sur les prescriptions des Charia,
et l’autre inspirer des systèmes occidentaux.

De notre point de vue, le droit islamique n’exige aucune limite en matière des contrats, tant que
la contractualisation est liée plutôt aux volontés des parties et leurs capacités engagistes, mais il
a imposé certaines limitation visant la protection des intérêts des parties d’une part, et de
protéger l’intérêt globale de la société d’autre part. Au Maroc, le droit des affaires est fondé
totalement sur les bases du droit français, actuellement le Maroc s’efforce pour réadapter son
arsenal juridique qui empêcher l’intégration des nouveautés dans la scène internationale, tel
l’adoption de la finance islamique alors que la France et l d’autre pays occidentaux ont changé
la législation pour adopter le système islamique.

Tels sont, en bref, les principaux caractéristiques du contrat, dans le droit islamique, la
connaissance et la maitrise de ces différents contrats permet, a nous yeux, en plus de les
distingues aux contrats classiques (dites universels) de mieux comprendre le fonctionnement du
banques islamique surtout lorsque on va énoncer les produits bancaires proposer par les
différents acteurs de cette finance.

Au terme de cette distinction, nous disons que les principes de l’économie islamique assurent
la pertinence des informations diffusées au sein de la sphère économique, en conséquence
l’amélioration de la confiance entre les acteurs économiques principale déterminante de
l’équilibre économique et le pleine emploie des ressources. Nonobstant, de la forte régulation et
la rigidités de la législation islamique dans le domaine des affaires ,le droit islamique vise, à
notre avis, toute en protégeant la communauté-Ouma- l’austérité économique pour toute les
composantes de la société, à contrario aux autres modèles , le développement économique

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dans la communauté musulmane se focaliser à la fois sur la contribution individuelle et l’output
de l’ensemble des acteurs au sein de l’économie ,en l’occurrence.

Au fond, l’émergence de plusieurs notions telles que le développement socialement responsable,


la moralisation des transactions économiques- qui trouvent une large place dans les bases
islamiques- à qualifier l’économie islamique comme une alternative qui remis en cause les
fondements des autres modes économiques.

Le système islamique se base sur l’interdiction de certains outils de la finance conventionnelle


tels que l’intérêt pour plusieurs raisons, d’abord pour encourager l’esprit d’entreprise en
permettant un financement souple dont le remboursement dépend des résultats du projet. La
création des produits financiers fraisent l’objet de transactions spéculatives, sans aucun lien avec
une opération économique sous-jacente créatrice de richesse. En fait, le droit islamique tend vers
l’assurance d’un niveau de bien être équitable et juste pour toutes les composantes de la
communauté. Alors que les autres systèmes ne défendent que l’intérêt d’un acteur sans tenir
compte ses répercussions désastreuses sur les autres composantes.

En bref, le système islamique propose un mode qu’est ni capitaliste (le solidarisme de l’islam
compense l’individualisme du capitalisme) tant qu’il encadre la propriété et l’utilisation de
l’argent, ni socialiste (le collectivisme est basé sur l’implication libre et pas par l’obligation)
tant qu’il limite l’intervention de la communauté sur les actifs privées, ce qui nous donnera un
système mixte permettant un développement économique soutenu, mais aussi socialement
équitable liant la création de la richesse au travail.

la naissance de la finance islamique :

Afin de faire face aux enjeux et aux défis économiques et sociales résultantes de l’ère coloniale,
certains pays musulmans (Egypte, sud este d’Asie…) ont essayé de renouveler les mécanismes
financiers islamiques ayant participé à la prospérité économique des empires islamique dans les
siècles glorieux. Le développement de la finance islamique est un aspect de la Résurgence de
l’islam que l’on observe depuis la fin du XXe siècle dans l’ensemble des monde musulmane, on
l’explique le plus souvent par un besoin d’identité avivé par l’humiliation du passé colonial, la
supériorité et la domination de l’occident , la chute du communisme et les défis de la
mondialisation . Le retour de l’islam tend à substituer la charia aux lois d’origine occidentale, à

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favoriser l’application de ses code de comportements, cette désoccidentalisation s’inscrit dans
une perspective de revivre la mythique l’Age d’Or des origines.

Le dynamisme du Banking Islamique :

La finance islamique est l'un des segments les plus dynamiques de l'industrie financière, en fait,
le monde la finance islamique vive une forte croissance. Bien qu'il ne représente qu’une
faible proportion du marché financier mondial (estimé entre 1% et 5%), l'industrie de la finance
islamique a connu des taux de croissance annuelle de deux chiffres durant les dernières années
(varie entre 10% et 20%). Les experts du secteur estiment que les actifs détenus sous gestion de
la finance islamique ont doublé entre 2007 et 2011 pour atteindre près de 2000 milliard dollars.
Malgré les différentes vues sur le mécanisme et la méthode de travail de la finance islamique à
l'heure actuelle, malgré l’existence d'une nette différence dans l'application des mécanismes de
coopération entre les banques et institutions financières islamiques dans le monde, mais ce
secteur est en croissance rapide dépassant les 30% pour le segment des Sukuks fait de lui le
centre de l'attention des banques occidentales. Selon les attentes des experts, en 2020, le volume
des actifs financiers islamiques dans le monde sera environ 4000 milliard dollars, par rapport à
2000 milliard dollars aujourd'hui.
Dorénavant, et vue à l’importance des bénéfices distribuer par les banques islamiques, les pays
occidentaux s’efforcent de plus en plus à adapter leurs législations locales pour intègre la
finance islamique et profiter le maximum de la surliquidité circuler dans ce marche. En
revanche à la finance conventionnelle, la finance islamique se base sur plusieurs principes,
d’ailleurs, L'élément central du système de finance islamique est l'interdiction du versement
et la réception de l'intérêt (ou riba).

La progression de la finance islamique s’inscrit à la fois dans le temps ainsi que dans l’espace.
En fait, la première banque islamique a eu lieu au Malaisie en 1940, par la naissance des caisses
d’épargne sans intérêt, ensuite en 1950, le gouvernement de Dia Al hack, au Pakistan a essayer
d’instaurer tout un système financier conforme à la charia, cette tentation a échoué vue aux
contraintes électorale du pays ainsi qu’à l’absence d’un cadre juridique permettant la conception
du modèle.

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En revanche, la finance islamique telle que nous l’entendons aujourd’hui n’est apparu que en
1963 , à l’avènement des caisses d’épargne avec Ahmed Al Naggar, qui a fondé à la lumière
des banques d’épargne en Allemagne dont il a poursuit ses études doctorales , une banque
d’épargne pour développer la ville de Mite Ghamr, au contraire des banques Allemandes , la
nouvelle banque nommée ‘la Mit Ghamr Saving Bank’ dont la mission était de collecter
l’épargne de la population locale en l’investissant dans des petits projets commerciaux et
industriels en partenariat et d’une manière directe, ensuite elle redistribue les profits, ce qu’est
en résulte une gestion efficace et rentable des revenus de la population villageoise.

Notons que le fondateur de cette caisse n’avait pas donné un caractère islamique à l’entité créé,
pour des raisons politiques, en fait, la période a connu une forte opposition entre le mouvement
de « Frères Musulmans » et le gouvernement socialiste présidé par Jamal Abd Nasser.

Concrètement, c’est dans les années 1970 que la finance islamique a vécu un événement
marquant qui va l’orienter. Les travaux de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI),
en 1973, entretenu à Djeddah, ont fut apparait l’Islamic Developement Bank, l’objet de cette
banque était le financement des grands projets de développement, la recherche et l’innovation
dans l’ingénierie financière conformément à la charia.

En résume, le démarrage du Banking islamique s’est échelonner sur plusieurs tentations par
divers intervenants, Bien que, les tensions politiques, la faiblesse des fonds gérer par les
institutions ont empêché la propagation et la concrétisation de la finance islamique, le modèle ne
cessera pas de se développer dans le deuxième moitié des années soixante-dix.

L’expansion de la finance islamique dans le monde arabo-musulman :

Suite à la forte augmentation des cours du pétrole après les deux chocs pétroliers, la création des
banques islamiques dans les pays du Golfe s’est accélérée. En effet, la finance islamique était
fondée pour gérer les dépôts de fond croissant dans les pays du Conseil de Coopération du Golfe
(CCG) que se soit par les individus ou par les fonds Etatiques.
En 1975, les EAU fut la première banque islamique privée comme on le voit aujourd’hui : Dubaï
Islamic Bank, rappelons que dans la même année l’OCI à créer la Bank Islamique de
Développement, institution intergouvernemental à vocation de développement des Etats membre
de l’OCI.

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A partir de ce moment, le phénomène n’a fait que s’étendre à l’ensemble des pays musulmans.
Quelque 600 banques islamiques, c’est-à-dire des établissements financier se réclamant
officiellement compatibles aux principes de la finance islamique, elles se sont constituées et
proposent des services conforme périmètre du « halal et haram » dans les trois zones de
l’islam :Maghreb, Afrique subsaharienne , Moyen-Orient arabo-persique, zone turcophone
comportant les Etats musulmans de l’ex-URSS, sous-continent indien et sud-est asiatique ,
cependant les principaux centres de la finance islamique sont Bahreïn, Malaisie et Dubaï. En fait,
la manne pétrolière est concentre dans la péninsule arabique.
Alors que la plupart des pays ont intégrer les banques islamiques dans les systèmes financiers
existant, parallèlement aux banques conventionnelles implanter sur le marché. En addition, la
coexistence des deux systèmes se marque par le faite que la plupart des banques traditionnelles se
dotent d’une structure distincte ou d’une simple « fenêtre islamique » pour tirer profit de nouveau
créneau.

Le panorama des banques islamique dans le monde musulman :

Avec l’augmentation du cours du pétrole, la création des banques islamiques s’est accélérer
surtout dans les pays du Golf. De ce fait, la Dubaï Islamic Bank (DIB) a été fondée en 1975,
puis le Kuweit Finance House (KFH) en 1977, la Bahreïn Islamic Bank (BIB) en 1979, le Qatar
Islamique Bank (QIB) en 1982. Ensuit, les monarchies des Golf ont crée, en 1981 à Genève, Dar
al Maal al Islami (DMI), ce Holding financier dont le capital était d’un 1 milliard dollars a
implanté ses filiales dans plus de 30 pays y compris le Bahamas et les pays occidentaux. Il
finance les grands projets d’investissement dans divers pays via ces institutions financiers, les
banques, les sociétés d’investissement et les compagnies d’assurance.

En 1984, Al Rajihi et Al Barak groupes ont été créé en Arabie Saoudite, actuellement, ces deux
grands acteurs détient respectivement 10% et 15% du marche de la finance islamique .Au
départ, Al Rajihi est spécialisé dans les opérations de change et le transfert du fonds, mais depuis
1984, elle est devenue la principale banque de financement des PME en Arabie Saoudite. A
Contrario, Al Barka groupe adopta dès le départ une politique d’internationalisation en
implantant un réseau dans les pays musulmans du Sud est de l’Asie de l’ex-URSS, du Moyen-
Orient et du Maghreb

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A l’avènement des attentats du 11/09/2001, une grande partie des dépositaires arabes ont rapatrié
leurs fonds placées dans les banques occidentaux. Pour ce fait, les banques islamiques ont
cumulé une liquidité très importante, en plus des fonds rapatriés, l’augmentation du cours de
pétrole a engendré une manne supplémentaire ayant un rôle décisif dans l’essor de la finance
islamique. Parallèlement à la crise de 2008, la part des banques islamiques a fortement augmenté
entre l’année 2009 et 2010, passant de 37% à 46% soit une augmentation de 9%.

GRAPHIQUE 1 : la part de marché de l’activité purement islamique dans l’activité


bancaire totale dans les pays du CCG en 2011.

Kweit:11%

UAE:33%
QATAR:11%

BAHRAIN:17%

KSA:28%

Source : site web de l’ Union of Arabe Banks, 2011

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L’internationalisation de la finance islamique :

Le nombre des musulmans en Europe dépasse les 15 millions habitants, ce qui constitue une
clientèle importante susceptible d’être attiré par la finance islamique, pour éponger l’épargne de
cette population et pour faire face à la concurrence des banques islamiques de provenance des
pays de Moyen-Orient et d’Asie, les banques conventionnelle en Europe ont commencé depuis
2004, à ouvrir des fenêtres financières conforme aux préceptes de la charia.

En plus, Les résultats et les performances de la finance islamique ont incité les banques
occidentales à s’installer dans les pays musulmans et ouvrir des fenêtres islamiques pour profiter
de la liquidité abondante dans ces pays. Depuis 2004, le Royaume-Uni considérer comme le
centre occidental de la finance islamique comporte 4 banques islamiques : l’Islamic Bank of
Britain (2004), the Bank of London and the Middle East(2007), the Européen Finance
House(2008), et the Gatehouse (2008) par conséquence l’autorité financière britannique a fait en
sorte que la réglementation locale permet le prospect de cette finance. Très vite, la crise
financière mondiale en 2008 a joué un rôle crucial en faveur de l’implantation de la finance
islamique dans l’Europe ainsi que Etats-Unis.

L ’avènement de la finance islamique au Maroc :

Le Maroc et Oman étaient parmi les derniers pays arabo-musulmans ayant autorisé les produits
bancaires conformément aux principes de la Charia, sous la pression de la société et de certains
voix - surtout les parlementaires du parti PJD -, ainsi que vu au bouleversement du banking
islamique dans le monde, conjointement avec la crise financière internationale, cette autorisation
a eu lieu en 2007. Ce retard peut être expliqué par plusieurs raisons, d’abord le veto de Bank al
Maghrib, en 1993, a refusé la proposition de Wafa-Banque pour commercialiser des produits
bancaires islamiques, dont l’étude de faisabilité et le délai de la réponse a pris plus de 20 ans.
En outre, le Maroc a refusé plusieurs demandes des banques islamiques des pays de Golf en
citant la stabilité financière et la multiplication des demandes. Alors que, M. Abdellatif Jouahri -
Gouverneur de la banque centrale- lors du lancement des produits alterantifs a annoncé que
« L'introduction de ces produits devrait permettre d'élargir la gamme des services bancaires et de
contribuer à une meilleure bancarisation de l'économie ». Mais malgré cet avantage, La banque

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centrale n’a pas cessé d’imposer des mesures restreintes au bon fonctionnement de la nouvelle
finance.

Pour expliquer ce blocage, nous avons avancé la forte présence du lobby bancaire ainsi que
l’absence d’un engagement politique ferme envers ce mode de financement. On pourrait citer,
pour illustrer cette affirmation, la loi d’autorisation qui a provoqué plusieurs dysfonctionnements
en entourant ces produits par plusieurs restreintes, d’ailleurs la loi a exclu une grande partie des
domaines de crédits, tels que les voitures utilitaires et les équipements. Cette restriction a privé
les professionnels d’acheter les équipements via ces formes de financement, ce qui en résulte la
réduction de l’assiette des biens mobiliers éligibles aux financements alternatifs et limite les
chances de réussite pour le nouveau mode. En addition, la discrimination fiscale entre les
produits alternatifs et les crédits classiques pose plusieurs questions, pour nous ces entraves
justifient la faiblesse de l’engagement politique envers cette finance, voir même une volonté
d’empêcher la réussite des nouveaux produits dans le marché marocain, sinon comment peut-on
expliquer le fait de priver ces produits du label ‘’islamique ‘’ même dans les brochures de
publicité, elle était interdit aux banques de lier - de loin ou de prés- ses produits à l’islam, ils
sont nommés « produits alternatifs » car, et aux yeux de M.Fetth Allah Oulaao-le Ministre des
finances à l’époque-, cette désignation créera une discrimination entre les produits bancaires et
donne l’impression que les crédits classiques ne sont pas conformes aux préceptes de l’islam !!!

En s’appuyant sur ces éléments, nous avons pu révéler plusieurs constations et résultats ayant
caractérisé l’avènement de la finance islamique au Maroc.

Premièrement, le banking islamique au Maroc – bien entendu la commercialisation des produits


alternatifs – a commencé depuis 2007, en effet la banque centrale a autorisé la commercialisation
des produits dits produits alternatifs sous la circulaire n°33/G/2007, qui a interdit tout
rattachement des produits au label islamique dans les compagnies publicitaires. Au départ, trois
banques ont répondu à cet appel : la Banque populaire, Attijariwafa et BMCE, par la suite la
BMCE a retiré son offre, alors que la banque ’Attijariwafa a créée, en 2010, une entité entière
nommée « DAR ASSAFA » spécialisée dans la commercialisation de ces nouveaux produits
bancaires.

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La satisfaction et prospection de la clientèle de la finance islamique

Compte tenu de la complexité et l’importance du sujet, nous avons choisi de cibler des
personnes ayant conclu un contrat sur des produits alternatifs auprès de Dar Assafa. Nous avons
pu réaliser 70 questionnaires, 30 pour la satisfaction clientèle et 40 questionnaires pour la
prospection. Il convient de préciser que dans chacune des deux enquêtes, nous avons conçu des
questions sur les thèmes qui nous semblaient primordiaux à la réalisation de notre étude.

Echec et état des Lieux : des produits bancaires alternatifs au Maroc :

Après 4 ans de commercialisation de ces nouveaux produits, le bilan apparait très faible, en effet
le montant total des opérations portant sur ces produits n’a pas pu dépasser 900 million DH à fin
de l’année 2011, soit 0,1% des actifs bancaire en même année. La direction de la supervision
bancaire reste la seule source d’information en la matière.

A l’instar des résultats de nos enquêtes, ces nouveaux produits bancaires sont mal connus auprès
du public, trop chers, surtaxés et avec une qualité peu satisfaisante. Suite à notre enquête, les
produits alternatifs ne sont pas connus auprès de plus 90% de la population interrogée, alors que
80% d’eux ne sont pas satisfaits de ces produits.

En outre, nous avons révélé plusieurs barrières ayant empêché un bon démarrage de ces
produits. Commençant d’abord par les mesures réglementaires, la loi n°33/G/2007 prévoit un
taux d’imposition de 20% -contre 10% pour les crédits conventionnels - sur les trois produits au
départ, et suite à la pression des parlementaires du PJD, le taux a passé au niveau de 10%
uniquement pour le crédit Mourabaha. Remarquant en outre, l’assiette d’imposition touche le
montant total du crédit y compris le principal, or dans le cadre d’un crédit conventionnel, la
TVA n’est calculée que sur le profit de la banque. De plus, la vente Mourabaha est réputée
comme une transaction de vente, subséquemment, le client doit verser le montant total de la
TVA tant que la transaction est réputée de caractère commercial, alors que le client n’acquerra
pas son bien d’une manière définitive.

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Ensuite, la TVA est versée au trésor public dès la première mensualité, contrairement au crédit
classique dont la TVA versée n’est que le taux correspondant à la marge incluse dans la
mensualité de la banque et non pas le remboursement du capital. En somme, les autorités fiscales
traitaient les crédits alternatifs comme toutes autres transactions commerciales.

S’agissant de l’impôt, dans le cadre d’un crédit conventionnel, l’assujetti peut déduire dans la
limite de 10% de son RNI, le montant des intérêts afférents à son prêt, ce qui en résulte une
baisse de l’IR à payer par le contribuable, ces avantages ne sont accordés aux personnes ayant
acquis leurs logements par un crédit bancaire alternatifs. Surgissant alors, la cession d’un bien
immobilier est soumis à l’IR foncier, le CGI donne droit au cédant de déduire les intérêts payés
pour acquérir le bien en question de son profit immobilier ce qui démunira l’impôt due à payer
au Trésor. Le crédit alternatif était exclu de ces avantages fiscaux.

En outre, pour le produit « Ijara wa iqtinaa », à la fin de la période du contrat, l'acquéreur


déduira la valeur résiduelle qui lui est comptabilisée, soit 1% généralement de la valeur initiale
du bien, alors que dans le cadre d’un crédit classique l’acquéreur pourrait déduire 100% de la
valeur de son logement; Ce qui pourrait décourager les preneurs du crédit alternatif.

En résume, la taxation des produits alternatifs nous apparait trop exagéré, d’après les
expériences des autres pays, souvent l’Etat encourage les nouveaux produits pour en faciliter la
pénétration au marché locale ainsi que pour les accompagner lors du lancement, à contrario, aux
expériences des pays arabo-musulmans, les autorités marocaines ont imposé une double taxation
sur ces nouveaux produits.

De leur part, les banques marocaines n’ont pas démontré un engagement fort envers ces
produits, en effet, dans le cadre des crédits alternatifs, la marge commerciale des banques était
très élevée par rapport aux crédits classiques. En effet la marge commerciale de la banque est
indiscutable, le client ne peut pas négocier cette marge ainsi qu’il n’est pas informé sur la base de
calcul de cette marge, d’après nos entretiens, la marge dépende des éléments suivants :

 L’âge des demandeurs de crédit


 Le salaire
 Le montant du bien acheté

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 Le nombre des échéances

Un autre point de rupture, le client était obligé de contracter une assurance classique et non pas
l’assurance islamique « Takafoul » qui n’existait pas. En outre, la police d’assurance est payée
sur le montant total du bien financé y compris le montant apporté par le client. Enfin et en cas de
décès du client, le bien n’est pas transférable aux héritiers d’une manière automatique.

A cela s’ajoute, les contrats sont prédéfinis et déséquilibrés, toutes les clauses sont en faveur de
la banque - cette constatation est valable aussi pour les crédits classiques - dans le contrat des
produits bancaires alternatifs, la loi prévoit un contrat triparties, le client, la banque et le
fournisseur du sous-jacent, les défauts futures révélés sur le bien sont à la charge du fournisseur.

la publicité des produits alternatifs était inadéquate et absente surtout dans les medias audio-
visuelles, à l’exception de DAR ASSAFA, même les brochures de publicités dans les autres
agences bancaires sont cachées dans des armoires à l’intérieur des banques !! Reste surpris tout,
les comportements des agents commerciaux des banques qui essayent d’orienter le client vers
les produits classiques en présentant la cherté et la complexité des crédits alternatifs.

Pour autant, et malgré le nombre important des banques marocaines, uniquement deux banques
commercialisent les crédits alternatifs, ce qui prouve la faiblesse de l’engagement bancaires
envers ce segment, chose qui a limité la concurrence dans ce segment, subséquemment, les
deux banques impliquées imposent leurs conditions surtout au niveau des marges commerciales.

Même si les produits aujourd’hui commercialisés ont reçu l’aval de BAM et de l’Accounting
Organisation for Islamic Institutions, les fonds qui servent à leur financement posaient quelques
risques de refinancement des crédits alternatifs par des fonds affecté par l’intérêt. En fait, même
si les produits alternatifs permettaient aux banques de prêter sans recourir à l’intérêt pour réaliser
un gain, les banques ne pouvaient pas apporter la preuve que les fonds qui financent les produits
islamiques n’étaient pas totalement ou en partie constitués des produits d’intérêts tirés via d’
autres placements.

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Dans l’ensemble, le démarrage des produits alternatifs a été marqué par plusieurs
dysfonctionnements ainsi que plusieurs entraves, ces éléments ont rendu ces produits trop chers
et non viables aux yeux des clients. Le bilan des produits alternatifs a été soldé par un échec
marquant. Il en résulte que l’expérience des produits bancaires alternatifs n’a pas pu donner un
souffle au banking islamique au Maroc. Les schémas ci-dessous retracent les contraintes de
démarrage des produits alternatifs ainsi que le processus de leur échec.

Fiscalité
discriminatoire

Produits
Faible engagement Règlementation
bancaire bancaires non adéquate
trop chers

Contraintes
organisationnelles

Graphique n°1 récapitulant les causes de la cherté des produits alternatifs au Maroc

19
absence de
produits publicité échec des
produits non
trop chers de produits
viables
lancement alternatifs

Graphique n°2 : le processus d’échec des produits alternatifs au Maroc

D’un autre côté, la conformité des produits aux principes de la charia a été confiée à une
institution au Bahreïn, or, le comité « Raquaba » (contrôle) est l’organe décisif au sein d’une
banque islamique. En effet chaque banque doit être dotée de cet organe pour assurer la tâche de
conformité cas par cas. Dans le même cadre, la diversité des produits islamiques amène les
banques islamiques à doter chaque agence par son propre comité. Sachant que le Maroc dispose
de plusieurs cadres qui peuvent assurer cette tâche, c’est eux même qui travaillent dans
l’AAOIFI au Bahreïn ainsi que dans les grandes banques islamiques dans le monde.

Il était difficile, voire impossible de comprendre les prix exorbitants des produits bancaires
alternatifs, et quel était l’intérêt des banques en commercialisant des produits assez chers que les
produits déjà existants sur le marché bancaire. Pourtant, les banques lancent les nouveaux
produits ou services avec un prix acceptable par les consommateurs. Dans le cas des produits
alternatifs, nous avons constaté que les professionnels ont un consensus pour rendre ces produits
chers aux yeux des clients concernés afin de maintenir les profits élevés issus des crédits
classiques !

Les produits alternatifs étaient plus chers que les produits se basant sur l’intérêt, sont-ils plus
licites que ces derniers, sachant que l’économie islamique ne cherche pas la maximisation du
profit. Mais plutôt le partage des gains et des pertes et l’amélioration du bien-être sociale.

Face à cet argument, les banquiers confirment que la cherté du financement alternatif est
principalement liée aux risques rattachés à ce mode. Or, les trois produits commercialisés
n’engendrent aucun risque pour la banque, en effet, les banques ont focalisé leurs offres sur deux
produits : Mourabaha et Ijara, dédiés uniquement pour financer les crédits de logement et la

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consommation dont le risque est parfaitement maitrisable ainsi qu’elles procurent des garanties
sûres. En plus le produit Ijara est quasiment similaire au contrat de leasing normal et par
conséquence la banque ne subit aucun risque supplémentaire.

Cela est d’autant plus vrai que le choix opéré par les autorités et les professionnels est celui d’un
contrat tripartite entre le fournisseur, la banque et le client où il était stipulé que le fournisseur
est le seul responsable en matière des vices révélés sur le sous-jacent. De ce fait, la banque ne
s’expose à aucun risque futur. Néanmoins, la marge des banques sur les produits alternatifs qui
atteint les 25% voire 40% à rendu ces produits non viables auprès des premiers clients, cette
marge n’est pas négociable, la marge et la mensualité sont calculées sur le nombre des années de
remboursement, l’âge et le salaire du client, donc les mêmes éléments de calcul lors d’un crédit
classique ! Or le banking islamique se base sur la négociation des prix même dans les ventes à
terme. Il en résulte, une marge calculé sur le temps (âge, échéance, salaire), ces éléments
renvoient au taux d’intérêt, ce qui a remis en cause la conformité de ces produits à la Charia.

Les agents des banques ont des comportements assez étonnant envers ces produits, en fait,
l’agent ne dispose pas d’informations suffisantes sur les produits et les modalités et les
spécificités du produits, chose qui est normale tant que le banking islamique est absent dans le
cursus éducatif du pays. Les banquiers ont suivi des formations en quelques jours justes avant le
lancement des produits alternatifs. Dans les cas normaux les banques lancent de nouveaux
produits avec des prix acceptables, accompagné d’ une publicité massive dans les divers Medias
nationales, ce qui n’était pas le cas des produits alternatifs. De plus, L’absence d’une assurance
islamique oblige le client à contracter une assurance classique même dans le cadre d’un crédit
supposé conforme aux principes de l’islam !

Aujourd’hui, et à notre avis il était claire, que les banques conventionnelles se sont organisées
en lobby à fin d’empêcher la création ou l’émergence du système bancaire islamique. En effet, si
l’on se réfère au succès des banques islamiques dans les autres pays musulmans et dans
l’occident, les banques classiques marocaines ont des bonnes raisons pour se porter contre les
nouveaux arrivés. Pour des questions de rentabilité et de concurrence, ces banques refusent tout
partage ou diminution de leurs parts sur le marché bancaire.

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Au total, en associant les contraintes citées en amont, il apparait avec netteté, que l’expérience
des produits bancaires alternatifs au Maroc a échouée. En effet, ni la réglementation ni les
comportements des banques n’a laissé la chance à ces produits pour enregistrer de bons résultats,
malgré les performances que connu le banking islamique dans le monde durant la dernière
décennie. Devant cette rivalité inattendue, le bilan des produits alternatifs n’a pas dépassé 900
million DH après 4 ans de lancement, chose normale tant que peu de clients ont pris contact avec
ces produits, ainsi que vu à la mauvaise réputation associée à ces produit. Cette combinaison
justifie aussi l’image qu’a le public envers ces produis, en fait, avec toutes ces lacunes, les
marocains ont considéré que ces produits étaient trop chers, non conformes à leurs attentes, en
particulier sur la question de conformité aux principes de la Charia.

la finance islamique au Maroc, perspectives et axes de développement:

Pour mener à bien la commercialisation de ces produits, nous avons proposé l’introduction des
banques islamiques au Maroc pour intensifier la concurrence entre les banques, nous avons
proposé aussi un certains ajustements. D’abord, l’équité fiscale entre les produits classiques et
les produits alternatifs, limiter le plafond de la marge bancaire comme cest le cas dans les crédits
classiques, ensuite, l’accompagnement de ces produits par une compagnie publicitaire efficace.

Mesures fiscales pour une neutralité fiscale :

La fiscalité joue un rôle fondamental de sécurisation de ressources financières pour le budget


général de l’Etat. Cette mission est étroitement associée à des principes de gouvernance
financière qui sont la justice fiscale et la neutralité fiscale. A l’instar de la suppression du double
droit d’enregistrement et de la réduction du taux de la TVA pour la Mourabaha, les
modifications suivantes sont recommandées :

-Taxer l’assiette de la TVA du produit Ijara wa iqtina au taux de de 10% comme c’est le cas
pour les intérêts bancaires et comme le produit Mourabaha.

-Limiter l’assiette de la TVA du produit Ijara à la marge commerciale par analogie au traitement
de l’intérêt et de Moudaraba récemment.

-Prévoir un traitement équivalent à celui contenu dans l’article 59.V du CGI, pour la déduction
du principale et de la marge de l’IR en cas d’acquisition d’un logement social.

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-Prévoir un traitement équivalent à celui contenu dans l’article 28.II du CGI, pour déduction de
la marge, dans la limite de 10 % du revenu net imposable, de l’IR en cas d’acquisition d’un
logement non social.

Pour les le produit Ijara, il faut considérer la valeur initiale du bien immeuble comme étant la
valeur de son acquisition et non pas sa valeur résiduelle en fin de contrat .

-Introduire une disposition dans l’article 63.B du CGI stipulant que le délai de huit ans
nécessaire pour l’exonération de l’IR sur les profits immobiliers débute au commencement du
contrat et non pas à son terme.

Commercialisation des nouveaux produits à des prix compétitifs :

Il est intéressant que le tarif des produits islamique soit comparable à celui des produits
conventionnels pour assurer une réelle concurrence, seule garantie d’un prix équitable entre
l’offre et la demande. Actuellement des marges exprimées en termes de taux révèlent une
augmentation injustifiée de l’ordre de 1.5%.

Certes, les taux sont libres, mais la banque centrale pourrait prévoir un mécanisme comparable à
celui du taux maximal pour l’appliquer au financement alternatif. Aussi serait-il souhaitable
d’étudier la possibilité de limiter le seuil maximum de la marge à l’instar de l’intérêt. La
multiplication des acteurs stimulerait la concurrence et inciterait à la réduction des couts et des
marges.

Mobiliser les banques qui ne commercialisation pas ces produits

L’objectif de Bank Al Maghrib est d’augmenter la bancarisation et démocratiser l’accès aux


crédits ne pourrait pas se concrétiser si le quasi majorité des banques reste insensible aux
produits alternatifs. Cela nécessite une réaction de la part de la banque centrale pour réajuster les
moyens de sa politique. La mobilisation des banques pourrait se faire davantage dans une
approche systématique qui englobe des sous-systèmes fiscale, bancaire, réglementaire et
juridique pour atteindre le but initial de satisfaire le consommateur marocain.

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Instaurer des comités de Raqaba charia :

Les clients demandeurs des produits islamiques cherchent avant tout des garnîtes de conformité
de leurs transaction aux principes de la Charia. Il s’agite d’un élément décisif à la réussite de ce
nouveau mode de financement, d’où tout l’intérêt d’instaurer des comités de Raqaba charia.

Il y a lieu de noter que l’avis de conformité d’un nouveau alternatif peut être obtenu des
instances de certification internationales telle que l’AAOIFI mais aussi en collaboration avec une
autorité religieuse nationale comme le Conseil Supérieur des Oulémas. Une fois ce produit
homologué, il est fondamental qu’il soit audité régulièrement par le comité de Raqaba pour lui
donner une assurance raisonnable quant à la banque aux conditions initialement prévues pour la
commercialisation du produit. L’installation de la comite du Raqaba diffère d’un pays à l’autre.
Pour le Maroc, il serait envisageable d’autoriser des cabinets d’audit externes spécialisés et
indépendants comportant des Oulémas érudits dans le droit commerciale musulman (fiqh Al
moua' malat) en plus des experts en comptabilité pour faire des audits annuels de conformité des
produits islamiques commercialises. En outre, au niveau central, il serait judicieux de mettre en
place un comité a Bank al-Maghreb qui pourrait contrôler les banques, soit a son propre
initiative ou après un audite d’un cabinet de Raqaba Charia et prendre des sanctions si cela est
nécessaire.

Assurer le libre jeu de concurrence :

Les pratiques de la concurrence déloyale visant à limiter le développement du banking au Maroc


et l’amélioration de la bancarisation au Maroc. La proportion de la finance islamique peut être
envisagée à travers le scenario de l’exploration de la voie d’une banque islamique proprement
dite. C’est une alternative qui mérite d’être étudiée par les autorités bancaires, Dans ce sens, des
recherches et des enquêtes peuvent être menées pour analyser et valider la faisabilité de ce
choix.

Il est permis de penser qu’il y a un intérêt dans l’autorisation de la banque islamique ne serait-
ce que pour répondre à la demande des consommateurs non encore servis. L’ouverture de ce
nouveau marché serait une décision convenable pour stimuler les banques .Un nouvel acteur
satisferait la demande et pourrait changer l’attitude des banques actuelles vis-à-vis à ces
produit. Il convient de préciser, que la notion de protectionnisme n’est plus d’actualité, le choix

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de notre pays étant claire pour l’économie du marché , pour les accords de libre-échange par
son implantation dans plusieurs pays à l’étranger, en Europe et en Afrique, est invite à se
préparer à ce défi de mondialisation.

Dans ce contexte, l’absence d’une vraie finance islamique au Maroc, désormais à connotation
internationale, pourrait se faire au risque d’opportunité économique et financière ratées. Les
scenarios envisageables pour munir notre pays d’un statut de banque islamique sont intiment
lies au critère de bonne gouvernance financier et à l’exigence de croissance socioéconomique du
Maroc.

Au fond, d’après ce travail, nous avons découvert-suivant les résultats de nos enquêtes et nos
entretiens- que les produits bancaires alternatifs ont été conçus juste pour donner l’impression
que les crédits islamiques sont trop chers et assez complexes. En cette constatation simple réside,
l’explication principale de cette échec, alors que les marocains demandent des produits
bancaires purement islamiques avec un prix logique et acceptable. Malheureusement l’image de
ces produits était négative pour nous - comme pour la plupart des experts de la finance
islamique, pour Mr.Omar El Kettani - les produits alternatifs ne sont qu’une autre version des
crédits classiques, ils sont alternatifs aux produits bancaire islamiques.

À travers tous ces indices, les produits alternatifs ont été cernés par plusieurs restrictions afin de
les rendre trop chers aux clients. Dans un tel contexte, pouvons-nous parler d’une finance
islamique au Maroc ? Nous pensons que l’effort doit se concentrer sur la mise en place d’une
finance islamique plus forte, plus compétitive, et répondant aux besoins contemporains des
acteurs économiques ainsi qu’aux attentes des marocains.

Ce n’est donc, pas tant les volontés et les discours qui comptent, mais bien les lois et
l’engagement politique et économique qui vont déterminer in fine, le succès du banking
islamique au Maroc. Nous espérons que les banques participatives auront plus de chance pour
pénétrer le marché bancaire marocain pour répondre aux besoins d’une population impatiente
envers ce mode de financement.

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