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Master spécialisé: Management des Organisations Financière et Bancaire

Présentation sous le thème:

LES INSTITUTIONS
FINANCIERES ISLAMIQUES

Réalisé par : EL OMARI Omar Encadrée par : Mme BENNIS Laila


QAIS Ikram
ED-DZOUZI Noura
DADDA Ismail

Année universitaire : 2020-202


SOMMAIRE :

INTRODUCTION 3

Chapitre I : Les établissements financiers et assimilés islamiques 5


Section 1 : Les banques islamiques. 5
Section 2 : Les compagnies d’assurances islamiques : Takaful 11
Section 3 : Autres institutions : Les fonds d’investissement islamiques et
les émetteurs de Sukuks 14
Chapitre II : L’environnement des institutions financières islamiques 18
Section 1 : Les principales organisations du système financier islamique
18
Section 2 : La régulation des activités des institutions financières
islamiques 23
Section 3 : la normalisation du système comptable 28
CONCLUSION 33
WEBOGRAPHIE 36

BIBLIOGRAPHIE 36

2
INTRODUCTION :

Le développement de la finance islamique au cours des deux dernières décennies est l'un des
développements les plus intéressants de l'histoire récente du secteur des services financiers
mondiaux. Les institutions spécialisées en finance islamique reconnaissent désormais que leur
marché n'est pas confiné à certaines régions du monde musulman mais commencent à
s’étendre à l’échelle internationale.

Depuis le dernier quart du 20ème siècle, la croissance de la finance islamique s'est accélérée,
avec l'apparition du phénomène d'accumulation d'épargne dans les pays musulmans, en
particulier dans les pays exportateurs de pétrole. En 1975, il n’y avait qu’une seule banque
islamique ; aujourd'hui, il y en plus de 400, sans compter les guichets islamiques dont se sont
dotées les grandes banques nationales et internationales. Ce mode de financement créé dans
les pays émergents a été exporté vers le reste du monde. La finance islamique a acquis de nos
jours un statut assez global et occupe une place suffisante sur les grandes places financières
pour que l’on s’y intéresse. L’avantage de la finance islamique est qu’elle contribue à la
bancarisation de la population musulmane, non seulement dans les pays arabes, mais aussi en
Asie et en Europe. Cette finance permet aussi la réalisation de grands projets d'infrastructures
et d'investissements immobiliers, sans prise de risque considérable. Selon plusieurs analystes
financiers, la crise des subprimes n'aurait pu avoir cette ampleur dans un régime de finance
islamique.

Si la discipline que La finance islamique a le potentiel d’introduire dans les marchés


financiers devient une part intégrale de la nouvelle architecture du système financier dans les
pays musulmans, le fonctionnement des Institutions financières devrait s’améliorer de
manière considérable. Par conséquent il est nécessaire de mettre en place des filets de sécurité
des réglementations pour protéger les intérêts des déposants, sauvegarder les marchés et
garantir une stabilité systémique.

L’objectif principal de cette de recherche est de répondre sur les questions suivantes :

Quelle sont Les établissements financiers et assimilés islamiques ? Quelles sont les
principales organisations du système financier islamique ? Y’a-t-il lieu de mettre en place un

3
système de régulation pour contrôler que les activités exercées sont conforme à la charia ?
Quel est l'utilité de la normalisation comptable ? Et qu'elles sont ces normes ?

Dans le premier chapitre on va traiter d’une manière globale Les établissements financiers et
assimilés islamiques tel que « les banques islamiques, Les compagnies d’assurances
islamiques Takaful et d’Autres institutions comme Les fonds d’investissement islamiques et
les émetteurs de Sukuks »

Et le deuxième chapitre va inclure les principales organisations du système financier


islamique, La régulation des activités des institutions financières islamique et la normalisation
du système comptable.

4
Chapitre I : Les établissements financiers et assimilés islamiques.
Dans ce chapitre on va étudier le système financier islamique qui doit tenir compte des
préceptes de la loi islamique. Ce dernier se subdivise en trois éléments : Le système bancaire
islamique, les assurances islamiques TAKAFUL et d’autres institutions (les fonds
d’investissements islamiques et les émetteurs de SUKUK. Le système financier islamique
comme celui du système classique a pour objectif de mobiliser les ressources financières et
les investir dans différents projets. Cependant le système financier islamique s’organise
autour de mécanismes et institutions propres à lui et qui doivent se soumettre à l’ensemble des
principes édictés par la charia.

Section 1 : Les banques islamiques :


Le secteur bancaire islamique demeure incontestablement un des piliers de la finance
islamique moderne. On peut le définir comme un ensemble des institutions financières qui
fonctionnent selon les préceptes islamiques dont il en tire sa spécificité qui fait la différence
entre lui et le système bancaire classique.

Cette divergence se révèle notamment dans la structure puisque les banques islamiques
possèdent des entités propres à elles comme le conseil de la charia et le service de Zakat.
Donc elles doivent se doter d’un cadre règlementaire spécifique.

1. La définition de la banque islamique et ses catégories :

1.1 La définition de la banque islamique :


Il existe plusieurs définitions des banques islamiques, qui se diffèrent entre elles dans
l’élargissement des activités et leurs finalités.

La première définition : selon la définition formulée lors du congrès international des


banques islamiques en 1979 : la banque islamique est une institution bancaire qui collecte des
fonds et les utilise sur la base de la charia islamique, dans le but de fonder une société
solidaire et de réaliser une certaine justice dans la répartition des richesses. 1

La deuxième définition : la loi bancaire islamique du Koweït n°30 de 2003 relative à la


banque centrale et à la régulation des marchés financiers, mentionne ainsi explicitement que
« Les banques islamiques sont des institutions financières qui effectuent des opérations
bancaires (comprenant celles mentionnées dans la législation sur le commerce ainsi que celles
1
Alaoui M Daghri, éthique et entreprise ; perspectives maghrébines,wallada,casablanca Maroc,1991,p41

5
faisant partie des transactions généralement admises) conformément à la loi coranique
(charia). »2

Les deux définitions citées ci- dessus, tournent autour des activités effectuées par les
banques islamiques et leurs objectifs sans évoquer le concept de la banque islamique comme
composante de grand système, qui est le système économique.
De ce fait la suivante définition nous parait large et exhaustive : « les banques islamiques sont
des systèmes financiers visant le développement socio-économique dans le cadre de la charia
islamique, elles se référant aux valeurs morales dictées par la loi divine, et elles s’employaient
à la correction du rôle du capital dans la société. Ce sont des systèmes de développement
social et puisqu’elles effectuent des opérations bancaires dans la gestion des affaires, elles se
mettent au service de la société pour pouvoir réaliser son développement , elles emploient
rationnellement ses fonds d’une manière qui réalise , avant tout , l’utilité de la société et elles
sont , enfin , sociales parce qu’elles visent , dans leur fonctionnement , l’entrainement des
individus pour mieux rationaliser leurs dépenses , leurs épargnes et elles les aident au
développement de leurs fonds d’une façon qui leur permettent à leurs sociétés d’en
bénéficier » 3

Donc la banque islamique diffère de la banque conventionnelle par sa définition, car elle
possède une philosophie distincte, basée sur les principes islamiques de justice sociale,
d’équité et d’équilibre. Pour cela, elle va intégrer les lois, les pratiques, les procédures et les
instruments qui vont l’aider à maintenir et à dispenser cette justice et cette équité. En outre, la
banque islamique se distingue de la banque conventionnelle dans son rôle aussi :
l’intermédiation n’est pas la seule fonction conférée à la banque islamique, elle joue aussi le
rôle d’un investisseur direct. Car son fonctionnement est basé sur le principe de partage des
pertes et des profits, alors le risque n’est pas à sa seule charge, mais il est supporté tant par
elle que par le dépositaire. Donc c’est une véritable association qui naitra entre les deux
parties.

2
Mahmoud El Gamel,finance islamique ,aspects légaux ,économiques et pratiques ,Ed de Boeck,Paris2010,p27-28
3
Jalal Wafae El Badri, les banques islamiques, Dar El Jamia el Jadida, Egypte 2008

6
1.2 Les catégories des banques islamiques :

Depuis leur avènement, les banques islamiques ont revêtu différentes formes :4
Les banques islamiques de détail

Sont celles qui assurent la fonction traditionnelle d’intermédiation. Elles reçoivent l’argent
des déposants et placent cet argent dans des projets pour le compte de déposants. Les
opérations en amont (la collecte des fonds) et en aval (investissement) sont, en principe basée
sur le même principe de partage des pertes et profits. Il s’agit de banques comme l’Islamic
Bank of Bahreïn, de l’Islamic Bank of Qatar, l’Islamic Bank of Dubaï.

Les banques islamiques de détail sont implantées uniquement dans le monde islamique,
puisque la nature de leurs produits, la culture de ces organisations ne peut attirer qu’une
communauté musulmane. Un non musulman resterait certainement indifférent.

Par ailleurs, les autorités monétaires en Occident étaient hostiles à la création de banques
islamiques. Dr Taha professeur au Bahreïn banking and finance institut disait : « si vous
voulez créer une banque islamique en occident regardez d’abord la réglementation. Si la
banque ne rentre pas dans le cadre légal alors elle ne pourra pas marcher. » C’est le cas d’une
banque de groupe Al Baraka à Londres qu’était l’objet de fermeture par la banque
d’Angleterre (la banque centrale).Selon le gouverneur de cette dernière : « il y a des
difficultés de trouver des moyens satisfaisants pour permettre d’inclure les principes bancaires
tant occidentaux qu’islamiques au sein d’une structure réglementaire unique.

Mais actuellement la plupart des pays occidentaux sont prêts à adopter cette nouvelle
forme de banque qui fait preuve de son existence dans le monde des affaires

Les banques d’investissement islamiques :

Sont des banques (de gros), leur objectif est la collecte de surplus de liquidité des banques de
détail et l’investissement dans des projets, par exemple l’IICG (Islamic Investiment Company
Of the Golfe). L’activité financière de gros est alimentée par les fonds souverains qui sont à la
recherche de placements intéressants, essentiellement les banques centrales et les investisseurs
institutionnels des pays pétroliers.

4
Bahri Oum El Kheir ,« La finance islamique compartiment De la finance d’aujourd’hui », UNIVERSITE
D’ORAN ,ALGERIE ,2012 ; p50

7
Les fenêtres islamiques :
Sont des guichets ouverts au sein des banques conventionnelles tant dans le monde arabo-
islamique que dans le monde occidental. Il s’agit d’ABN AMRO BANQUE, CITIBANK,
HSBC, SAUDI INTERNATIONAL BANK. Elles fonctionnent selon les principes de la
charia. Elles jouent un rôle crucial notamment dans la gestion de fonds et la structuration
islamiques, ce qui a entrainé une étroite coopération entre les banques islamiques de détail, les
banques d’investissement et les fenêtres islamiques ouvertes par les banques classiques
occidentales.

2. Spécificités et fonctionnement des banques islamiques par rapport aux banques


conventionnelles

2.1 Spécificités des banques islamiques par rapport aux banques conventionnelles :5
A la place de l'intérêt prohibé par le Coran et les hadiths, le système bancaire islamique a
adopté le concept de participation aux risques financiers de l'entreprise, conformément au
principe qui veut que ceux qui réalisent des profits doivent être à même de subir des pertes.
Il existe diverses sortes de placement dont la rentabilité varie en fonction des risques à subir,
de manière à satisfaire les exigences des musulmans face aux besoins d'épargne et
d'investissement. La banque islamique propose deux formes d’investissement :
 l'investissement direct par lequel la banque se charge du placement des capitaux dans
des projets qui lui rapportent un dividende ;
 l'investissement par la participation où la banque participe au capital d'une entreprise
de production en tant qu'associée aussi bien dans l'investissement que dans la gestion. Dans ce
cas précis, la banque partage les risques avec le client en participant selon un pourcentage
convenu dans les profits comme dans les pertes.

Ces investissements directs ou par participation doivent remplir les conditions ci-après :
 l'investissement est orienté vers la production de biens et services qui répondent à des
besoins sains ;
 le produit doit être licite ;
 toutes les phases de production (financement, industrialisation, achat, vente) doivent
être licites ;

 tous les facteurs de production (salaires, système de travail, etc.) doivent être
5
Ibrahima BA, PME et institutions financières islamiques,TUNISIE,2015, p7

8
conformes à ce qui est licite.
De plus, comme la banque islamique estime tout développement économique en isolation du
développement social incompatible avec l'Islam, les besoins de la société et l'intérêt de la
communauté ont, dans l'évaluation d'un projet, une priorité sur le revenu du capital.

2.2 Fonctionnement :6
La banque islamique rend les mêmes services que les banques classiques. Elle est un
intermédiaire entre les détenteurs de capitaux et les emprunteurs. Elle s'engage dans la
collecte des dépôts (à vue, à terme et dépôt d'épargne) et l'utilise dans des opérations à
caractère bancaire (crédit-bail, location, Modaraba, etc.) et dans d'autres opérations
déterminées, tout en s'interdisant l'intérêt dont le substitut est la participation.

Les déposants sont considérés comme "actionnaires" de la banque et, en conséquence, ne sont
assurés d'aucune valeur nominale garantie, ni d'aucun rendement prédéterminé de leurs
dépôts. Si la banque réalise un bénéfice, le déposant a droit à en recevoir une certaine partie ;
en revanche, si la banque subit une perte, le déposant est censé la partager et, de ce fait,
recevoir un taux de rendement négatif.

3. Sources financières des banques islamiques :

Outre leur capital et leurs fonds propres, les banques islamiques trouvent leurs principales
ressources dans les opérations ci-après :7
 Les dépôts. Les dépôts à des fins de transactions sont directement liés à des opérations
d'échange et à des paiements et peuvent de ce fait être considérés comme équivalant à
des dépôts à vue dans un système bancaire classique. Ils concernent essentiellement
les comptes courants payables à vue et pouvant faire l'objet de débit par virement ou
par chèque bancaire.
Les banques islamiques assument à ce niveau tous les risques. Les détenteurs de ces comptes
par contre ne perçoivent ni bénéfice ni revenus, quel qu'en soit le solde du compte. En
conséquence, les banques sont censées faire payer des frais de fonctionnement aux déposants
pour couvrir le coût de l'administration de ce type de compte.

 Les comptes d'épargne. Ce type de compte est régi par les mêmes règles que le compte
courant islamique. Cependant, le titulaire du compte d'épargne dispose d'un carnet
6
Idem, p 9
7
Idem,p13

9
d'épargne et non d'un chéquier. Par ailleurs, il peut avoir un caractère spécifique
(épargne logement, épargne équipement, etc.).
 Les comptes d'investissements. Les dépôts à des fins d'investissements constituent la
principale source de fonds pour les banques et ils ressemblent bien plus à des actions
d'une entreprise qu'à des dépôts à terme ou d'épargne. La banque proposant des dépôts
à des fins d'investissements ne donne aucune garantie quant à leur valeur nominale et
ne verse aucun taux de rendement fixe. Les déposants sont traités comme s'ils étaient
des actionnaires et à ce titre ont droit à une part des profits réalisés ou des pertes
subies par la banque. Le seul accord contractuel passé entre le déposant et la banque
est la proposition sur la répartition entre profits et pertes. Le ratio de partage des
profits ou des pertes doit être convenu avant la transaction entre la banque et les
déposants et ne peut être modifié au cours de la durée de vie du contrat, sauf par
consentement mutuel. Ces comptes sont à terme fixe ou avec préavis. Les institutions
financières islamiques offrent aux clients la possibilité d'ouvrir des comptes
d'investissements à terme fixe de 90, 180 ou 360 jours ou des comptes à échéance
indéterminée avec préavis d'une semaine à trente jours.
 La Zakat ou compte de service social. Les fonds collectés sont dépensés
conformément à la loi islamique. Ces fonds ont pour fonction réelle de permettre au
pauvre de se suffire à lui-même par ses propres moyens de telle sorte qu'il ait une
source de revenu fixe qui le dispense de recourir à l'aide d'autrui.

Les autres services bancaires rémunérés. La banque islamique offre à la clientèle tous les
autres services bancaires classiques tels que: opérations de change, d'encaissement, de
certification de chèque, d'aval, de caution, d'achat et de revente de chèques de voyages,
d'ouverture ou de confirmation de crédits documentaires, etc. La location d'une utilité,
déterminée en échange d'une contrepartie telle que la location de coffres ou de dépôts, est une
procédure reconnue légale par les banques islamiques. La banque a également le droit
d'acheter et de vendre des devises étrangères pour le compte des clients, en échange d'une
commission à condition qu'elle soit au comptant. La banque islamique peut accepter des
locations conjointes en s'associant avec plusieurs clients à la fois. Elle peut acheter ou vendre
des titres, des actions et encaisser les coupons contre un salaire ou une commission. Elle a la
possibilité d'agir comme intermédiaire ou commissionnaire moyennant un prix ou
commission ; elle peut donner des consultations et assumer des expertises financières, gérer
des caisses privées ou des caisses placées sous son contrôle, conformément aux conditions de
10
la gérance. Pour toutes ces opérations, elle veille à percevoir des commissions en
rémunération de son service et elle exclut toute perception d'intérêts.

4. Emploi des fonds par la banque islamique et Secteurs d'intervention :

Les différentes ressources collectées par la banque islamique sont employées essentiellement
dans des opérations de financement en faveur de :8
 l'investissement direct pour la création de sociétés ou d'entreprises ayant une activité
économique spécifique commerciale, industrielle ou agricole ;
 l'investissement pour la participation dans des projets en utilisant les différents types de
financement reconnus par l'institution : La Morabaha / La Musharaka / La Modaraba / Ijara /
Kard Hassan...
La banque islamique finance tous les secteurs de l'économie pourvu qu'ils soient conformes à
la Charia. Exclus sont donc les projets relatifs à la création de brasseries, de charcuteries (à
base de porc) ou à la construction de lieux (restaurants, hôtels) où sont utilisés ces produits.
Elle prend des participations au capital de ces projets ou entreprises ou rachète des actions
d'autres sociétés. Elle utilise la Modaraba dans des transactions déterminées en versant tout ou
partie du capital. Elle participe de façon dégressive dans des projets comme le transport et la
construction pour permettre à la clientèle l'accès à la propriété privée, ou utilise des types de
financements du genre Musharaka. Elle permet des opérations de renflouement à sa clientèle
pour acquérir des marchandises dont elle a besoin avant de pouvoir réunir le prix.

Section 2 : Les compagnies d’assurances islamiques : Takaful

L’importance que possède l’assurance dans la finance traditionnelle est la même dans la
finance islamique, cependant l’assurance islamique diffère de celle conventionnelle dans la
manière et le fondement.
Elle se développe en parallèle des autres institutions financières islamiques et elle va prendre
une niche très importante dans la finance mondiale.

1. La définition de l’assurance islamique ou Takaful :

Le terme Takaful dérive de la racine du mot Kafl qui signifie responsabilité ou garantie,
autrement dit c’est un ensemble de personnes qui s’assurent mutuellement.
L’assurance islamique est basée sur le principe que ce qui est incertain et risqué pour un
8
Idem,p15

11
individu peut cesser d’être incertain pour un nombre important de personnes.

Le contrat Takaful est un accord entre plusieurs participants qui s’associent afin de se
prémunir financièrement contre les risques auxquels ils pourraient être soumis et tels qu’ils
ont été définis dans leur pacte.

Dans le cas où un des contractants subit un sinistre déterminé dans le contrat, il recevra une
somme de dommage subi, cette somme sera déduite des fonds amassés par tous les
participants.9

2. L’origine et le développement de l’assurance islamique (Takaful): 10

L’origine de l’assurance islamique remonte à l’époque anti-islamique, elle apparut comme


une forme de financement des risques existants parmi les tribus d’Arabie.
Cette coutume dénommée Al Aqila a continué d’exister à l’époque du Prophète Mohamed.

Elle se résumait au paiement d’une prime par la tribu du coupable aux héritiers de la victime.
Al Aqila n’était pas la seule pratiquée par les tribus , ils y avait d’autres usages qui
s’apparentent à l’assurance telle que la sureté (Daman Khatar Al Tarik), les confédérations
pour assistance mutuelle (Hilf) et même d’autres pratiques basées sur le concept de l’entraide
comme les fonds mutuels qui ont pour objectif de porter secours aux personnes victimes de
catastrophes naturelles. Le Prophète lui-même participa à un tel fonds.

Le concept de l’assurance fut cependant développé durant les années 1970 où sont apparues
les premières sociétés d’assurance islamique.
Le Moyen-Orient est donc la région où l’assurance islamique s’est développée, et où elle joue
un rôle dominant.

En effet, 55% des sièges de sociétés recensées dans cette région ont réalisé en 2007 environ
85% des émissions parmi les Etats les plus productifs, l’Iran, l’Arabie Saoudite et le Koweït.

En Algérie, la première société d’assurance est celle d’Al Baraka Oual Amane filiale, lancée
par arrêté du 26 mars 2000 pour effectuer des opérations d’assurance. Parmi ces dernières
l’assurance automobile, assurance contre l’incendie et les éléments naturels, assurance crédit,
assurance-caution.11

9
Imane Karich, le système financier islamique de la religion à la banque, Edition Larcier, Belgique 2002,p7
10
Idem,p75
11
le journal Officiel de la République Algérienne N°23 du 18 Moharrem 1421, 23Avril 2000.

12
Une autre société d’assurance est apparue sur la scène ; Salama Assurance Algérie du groupe
Salam Islamic Arab Assurance Compagny de Dubaï qui fut agréée par arrêté du ministère
algérien des finances du 30 Avril 2007.

L’Egypte compte environ douze compagnies nationales réalisant un chiffre d’affaires de 9


Millions de dollars en 2006. Cette forme d’assurance a attiré d’autres pays non musulmans
tels que les Etats du Royaume –Uni et l’Australie.

En 2007 le nombre des sociétés d’assurance avait fortement augmenté et était passé à 179
sociétés. Par conséquent, le marché d’assurance islamique commence à prendre sa place dans
les circuits de la finance mondiale.

3. Les principes de base de l’assurance islamique :

Pour qu’une société d’assurance soit en conformité des prescriptions de la loi islamique, elle
doit respecter les règles suivantes :12

 Une coopération effective doit exister entre les membres. Cette dernière est
notamment concrétisée par le fait que toutes les contributions opérées volontairement,
prennent la forme de dons et que tous les participants au fonds soient traités sur le
même pied d’égalité.

 Un partage équitable des résultats : chaque membre de l’association a le droit de


participation aux résultats dès la souscription d’une affaire.

 La nécessité d’une transparence :l’exigence dès le départ d’une claire définition des
conditions relatives à la souscription et à la gestion des fonds permettant aux
participants de réclamer l’examen des conditions dans lesquelles les contributions sont
versées , les fonds placés , les sinistres administrés, les indemnités effectuées et les
profits distribués.

 Il faut que tous les placements soient en conformité aux dogmes de la loi islamique.
Donc, il faut éviter l’investissement dans les entreprises dont l’activité est illicite, tels
que les casinos, usines manufacturant les viandes haram, établissement proposant des
boissons alcoolisées, des institutions proposant des produits services financiers
conventionnelles, car elles ont recours à l’intérêt.

12
Bahri Oum El Kheir ,« La finance islamique compartiment De la finance d’aujourd’hui »,op cite,p86

13
4. Types de risques couverts par l’assurance(Takaful) et Les biens assurables :

Afin d’éviter la réalisation d’un danger, la charia conseille aux musulmans de prendre leurs
précautions. L’assurance islamique va dans le même sens dont l’objectif est de prémunir
l’assuré contre les conséquences financières d’un sinistre.

Pour qu’un risque puisse être couvert par une police d’assurance en Islam il doit répondre à
certaines conditions :

 Le risque doit être défini et inattendu.


 Il ne peut être délibérément invité.
 Il ne peut être lié à un bien qui ne peut être couvert par une assurance Takaful.
 La survenance ne peut être prévue avec certitude.

Et pour les biens assurables, comme dans le système conventionnel, le système islamique
exige l’existence du bien qui fera l’objet d’une couverture avant de contracter l’assurance.
Toutefois c’est la nature du bien qui fait la divergence entre les deux systèmes.

Ces biens sont soumis à certaines conditions :

 Le bien doit avoir une valeur commerciale.


 Son utilisation doit fournir un certain avantage à son utilisateur.
 L’origine de sa possession doit être légale donc la source doit être licite.
 Enfin, il doit être lui-même licite

Section 3 : Autres institutions : Les fonds d’investissement islamiques et les


émetteurs de Sukuks :
1. Les fonds d’investissements islamiques :

Définition :
Les fonds d’investissement islamiques sont un autre secteur qui attire l’attention des
investisseurs.

L’idée de départ était d’utiliser les techniques de gestion de fonds conventionnelles, mais en
les limitant à certaines classes d’action dont plusieurs critères sont requis afin d’éviter toute
transgression à la charia.
Les types de fonds d’investissement :
Il existe quatre types de fonds.
 Les fonds d’investissement à court terme : Ces fonds ont la capacité de fournir des
14
liquidités à des activités plus spécialisées ou même constituant une alternative aux dépôts
fixes et aux autres instruments du marché monétaire offert par les acteurs conventionnels.

 Les fonds de leasing : Le leasing a été historiquement un instrument islamique flexible et


efficace. Donc ces fonds sont les plus populaires, car le contrat de leasing produit des
revenus fixes prévisionnels connus.

 Les fonds immobiliers : Ces fonds s’intéressent aux propriétés générant des revenus
stables qui peuvent inclure des prises de participations dans des placements immobiliers.

 Les fonds des matières premières : Ces fonds permettent aux investisseurs une prise de
risque sur les prix des matières premières telles que le pétrole, les grains et les métaux
industriels.
Les fonds islamiques ont connu une croissance fulgurante au cours des dernières années.

Leur nombre a été multiplié par quatre et leur encours en l’espace de dix ans.

La croissance de ces fonds et leur rôle primordial sur les marchés financiers a incité certaines
plates-formes financières à mettre en place un certain nombre d’indices boursiers islamiques
dans le but d’offrir une référence sur le marché financier pour les valeurs boursières qui
correspondent aux principes de la finance islamique.
En outre, ces indices permettent de juger la performance des différents gestionnaires
islamiques, le premier indice boursier The Socially Aware Muslim Indonésie (SAMI) a été
lancé en novembre 1998 par la banque américaine la Klein Mans Shrine. Il surveille les
actions de 500 compagnies les plus importantes où l’investissement est conformément à la
charia.

D’autres indices boursiers, le Down Jones Islamic Market Index qui a été parmi les premiers
indices. Il regroupe environ 600 entreprises travaillant dans plusieurs secteurs (informatique,
énergie, automobile). Cet indice a ses propres critères financiers de sélection :
-Dettes totales /capitalisation boursière <33%
-Trésorerie +Titres portant profits /capitalisation boursière <33%
-Créances /capitalisation boursières <33%.
Les calculs sont effectués sur une moyenne de 12 mois et sont revus tous les trimestres.

2. Les émetteurs de Sukuks :

15
Afin de répondre à la problématique de surliquidité, le développement des Sukuk a permis
l’essor d’un marché islamique de type obligataire conforme aux principes de la ‘Chariâ’ et
permettant tant au secteur public que privé de lever des fonds.
Ainsi, si au départ les Sukuk étaient émis exclusivement par les Etats (tels que les
gouvernements de Malaisie, Qatar, Pakistan, Bahrayn, Dubaï), des compagnies privées y ont
récemment eu recours.
2.1 Définition :

Le terme Sukuk (pluriel de Sak) signifie certificat de créance ou obligation.


L’Organisation des Comptables et des Vérifications des Institutions Financières Islamiques
AAOFI les définissent comme : des certificats de valeur représentant une part de copropriété
d’actifs tangibles, de service ou d’usufruits résultant d’un projet ou d’une activité
d’investissement.

Contrairement aux obligations classiques, les sukuk rémunèrent leur détenteur sur la base du
profit généré par l’actif sous-jacent qui prend la forme d’un contrat de murabha, mucharaka
ou ijara.
L’ensemble des créanciers partage aussi bien les profits que les pertes :

2.2 Les émetteurs de sukuks :13

On distingue 4 types d’émissions de « Sukuks » :


 Souverain : Emis par un Etat.
 Corporate : Emis par une entreprise non financière et les institutions financières
islamiques.
 Quasi-souverain : émis par le public et le privé.
 Et les sukuks émis par les institutions financières classiques.

D’ailleurs, de plus en plus de corporates et de gouvernements recourent à cet instrument de


financement. Et c’est pour éclairer davantage sur ce produit financier et contribuer à la
vulgarisation et à la démystification de la finance islamique.
L’AAOIFI a défini au moins 14 modalités de structuration des « Sukuk », Mais dans la
pratique, les plus usitées sont : Sukuk de Mousharaka / Sukuk de Moudaraba/ Sukuk de
Wakala / Sukuk de Mourabaha

2.3 Le développement du marché des sukuks.14

13
http://www.ammc.ma/sites/default/files/Rapport_Sukuk_07122012_0.pdf
14
https://www.agenceecofin.com/finance-islamique/0504-46331-les-sukuks-emis-par-des-entreprises-a-l-
echelle-mondiale-en-2016-ont-atteint-un-record-de-47-3-milliards

16
Aujourd’hui, le marché des sukuk est un segment très important de la finance islamique,
certes, il reste de taille relativement modeste, mais le chemin parcouru depuis sa création est
considérable. Aujourd’hui, le marché des sukuk est un segment très important de la finance
islamique, certes, il reste de taille relativement modeste, mais le chemin parcouru depuis sa
création est considérable.
 Les émissions globales de sukuks ont enregistré une croissance de 13,2% par rapport à
2015, pour s’établir à 74,8 milliards de dollars..

 Les émissions de sukuks réalisées par les entreprises (sukuks corporate) à l’échelle
mondiale ont atteint un volume record de 47,3 milliards de dollars en 2016.

 Moody’s prévoit que le rythme annuel de croissance de ce type de produits va se


maintenir autour de 30 à 35%.
 La Malaisie a continué d'être le plus grand émetteur de sukuks durant l'année dernière,
avec une part de 46,4% du total des émissions recensées devant l'Indonésie et des
Émirats arabes unis.
Ce nouveau marché commence à attirer de nouveaux émetteurs.

 Parmi ces derniers la société financière internationale (SFI), filiale de la banque


mondiale qui vient d’annoncer sa décision d’émettre 100 millions de dollars d’actifs
de finances islamique sous forme de sukuk.
 La première émission de certificats de Sukuks souverains au Maroc a eu lieu le
vendredi 5 octobre 2018 qui porte sur un montant de 1 milliard de dirhams
amortissable sur une durée de 5 ans

Dans ce premier chapitre on a abordé l’ensemble d’institutions financières islamiques qui sont
les banques islamiques, les compagnies d’assurances takaful, les émetteurs de sukuks et le
fonds d’investissement islamiques.
Ces institutions sont les principaux organismes qui constituent le système financier islamique,
et pour le dynamiser et le bien encadrer, il faut avoir une régulation (charia et la
réglementation) bien formé et structuré.
Pour avoir un s f dynamique et réglementé, il fallait avoir des organisations qui vont contrôler
les institutions islamiques, et qui sont chargées de promouvoir et d’harmoniser les produits
islamiques.

Chapitre II : L’environnement des institutions financières islamiques


Dans ce deuxième chapitre on va mis l’accent sur la réglementation dans la finance
islamique en tant qu’une nécessaire pour maintenir la solidité du système financier en entier,
la confiance des investisseurs et la préservation des intérêts des épargnants. Ainsi que sur les
autorités de réglementation, Et Les responsables des normes comptables.

17
Section 1 : Les principales organisations du système financier islamique
La création de plusieurs institutions indépendantes chargées de promouvoir et d’harmoniser
les produits islamiques a largement participé à croissance de la finance islamique. En
établissant des règles et en dictant de judicieuses pratiques, elles ont d’abord limité les
expériences négatives puis développé un environnement propre à la réussite du secteur.
L’élaboration d’un encadrement juridique précis y a largement contribué. Ainsi en a-t-il été
pour tous les domaines essentiels de l’activité financière islamique : comptabilité,
gouvernance, surveillance des risques, contrôle interne, mise en œuvre et gestion des contrats.
Les organisations des IFI sont les suivants :

15
1. La Banque Islamique de Développement:

Etablie en 1973 à Djeddah (Arabie saoudite) par la conférence des ministres des finances des
pays musulmans, la Banque Islamique de Développement n’a cessé de jouer un rôle capital
dans le développement de la finance islamique. Fin 2008, l’influence directe de la BID était
étendue à 56 pays.
Son principal objectif :
 le développement socio-économique de ses états membres. Pour cela, elle finance les
projets des entreprises et fournit également une assistance dans le domaine social. Elle
dispose enfin de fonds spéciaux destinés à l’assistance des populations musulmanes
des pays non membres

2. L’AAOIFI (Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial


Institutions): 16

Bien qu’ayant vu le jour en 1990 à Alger, l’AAOIFI s'est installée l’année suivante à Bahreïn.
Venant de 40 pays différents, ses 155 membres proviennent tant des banques centrales que
des banques islamiques. Et s’y mêlent divers intervenants, spécialistes de la finance
islamique;
Objectifs de l’AAOIFI 17
 la AAOIFI a pour objet d'harmoniser, voire d'unifier les normes comptables de la
finance islamique. L'organisation développe et édite des normes dans différents
domaines comme l'audit, la gouvernance d'entreprise, la comptabilité, les codes de
15
www.isdb.org

16
www.aaoifi.com

17
https://www.revue-rms.fr/attachment/543094/

18
conduites ainsi que la conformité avec les principes de la Chariaa. Selon les textes de
l'institution, elle aspire à :
 Développer des normes pertinentes pour les Institutions Financières Islamiques.
 Diffuser les normes de comptabilité et d'audit aux IFI par le biais de formations, de
séminaires,
 La publication de bulletins d'informations périodiques et enfin l'exécution et la mise en
œuvre de la recherche appliquée. Préparer et interpréter les normes comptables et
d'audit pour les IFI.
 Examiner et modifier les normes comptables d'audit pour les IFI
Elle vise également à : « améliorer la confiance des utilisateurs des rapports financiers des
banques islamiques dans l'information fournie sur ces IFI. Ceci afin d'encourager les
investisseurs à déposer leurs fonds dans des IFI et utiliser leurs services»
L'AAOIFI émet des normes en comptabilité, audit, gouvernance d'entreprises, codes de
conduites et finalement des normes concernant le respect de la Chariaa.
Les principales normes de l’AAOIFI
A ce jour, l’AAOIFI a publié 88 normes: 48 sur la Chariaa, 26 comptables, 5 normes d'audit,
7 de gouvernance et 2 codes de déontologie.
 Les normes comptables : d'une manière générale, l'AAOIFI essaie de se conformer
aux IFRS afin d'être en adéquation avec les normes comptables internationales. Elle
adopte dans certains cas ses propres standards. Toutefois, quelques différences
peuvent être soulignées afin de tenir compte des spécificités (en matière de risques, de
liquidité, etc.) entre les produits financiers conventionnels et les produits islamiques.
 Les normes d’audit : il s’agit des normes qui mettent en évidence les lignes directrices
d’une mission d’audit externe dans les IFI. Ces normes aident l’auditeur d’exprimer
une opinion sur si les états financiers ont été établis conformément aux règles de la
Chariaa et aux principes et normes comptables de l’AAOIFI.
 Les normes de gouvernance : Il s’agit des lignes directrices sur le respect de la Chariaa
et les processus de supervision des institutions financières islamiques. Le Conseil de
surveillance de la chariaa (SSB : Shariah Supervisory Board) 4 est le comité ayant
pour mission l’émission de fatwas et le contrôle de la conformité à la Chariaa. Les
membres de ce conseil sont nommés par les actionnaires à l'assemblée générale
annuelle.

19
3. IIFA (International Islamic Fiqh Academy) 18:

Également basée à Djeddah, l’IIFA est une Charia Board qui regroupe des juristes musulmans
membres de l’Organisation de la Conférence Islamique.
Son rôle : est d’étudier et de formuler des avis juridiques, tels que se dégage des prises de
position commune en matière d’économie, de finance et de banque. Très tournés vers les
problématiques économiques ou financières, ses membres s’attachent particulièrement à
l’étude des transactions. C’est pourquoi les Charia Board de nombreuses institutions
financières islamiques s’adressent à l’IIFA pour s’assurer de la conformité de leurs règles de
fonctionnement.
Parmi Les objectifs d’IIFA:
 Rendre des avis juridiques sur les sujets pertinents de la vie et les traduire en langues
vivantes afin de faciliter l’élaboration des législations, des lois et des règlements
conformes aux dispositions de la Charia islamique
 Promouvoir l’effort intellectuel collectif (Ijtihad Jamaae) pour le traitement des enjeux
de la vie contemporaine et ses défis; 
 coordonner entre les conseils de l’ifta et les institutions de la jurisprudence
islamique à l’intérieur et à l’extérieur du monde musulman, et ce afin d’éviter les
contradictions et les hostilités entre les opinions sur une seule question, en particulier
sur les questions générales qui peuvent causer des conflits.
 réfuter les fatwas qui contredisent les constantes de la religion, les règles strictes
régissantes l’Ijtihad ainsi que les thèses professées par les Oulémas des écoles
juridiques en dehors de tout argument juridique valable.

4. IFSB (Islamic Financial Services Board): 19

Basée à Kuala Lumpur (Malaisie) depuis 2002, l’IFSB est une organisation de standardisation
qui, aujourd’hui, regroupe 189 membres. Parmi ses membres, se trouvent notamment le FMI,
la Banque mondiale, La Banque des règlements internationaux (BRI), la Banque islamique de
développement, la Banque asiatique de développement ainsi que plusieurs banques centrales,
des autorités monétaires et diverses organisations actives dans le domaine de la régulation et
la supervision des institutions agissant dans la sphère de la finance islamique.

L’IFSB s’est donné pour rôle de :


18
www.iifa-aifi.org
19
www.ifsb.org

20
 Mettre en place, pour les banques islamiques, un corpus de standards et de pratiques
conformes aux règles de surveillance internationale édictées par le Comité de Bâle et
les organismes internationaux de contrôle. Aussi a-t-il édicté pour le secteur bancaire
islamique un certain nombre de principes directeurs liés à la gestion des risques, la
suffisance du capital, la gouvernance et la transparence.

5. IIFM (International Islamic Financial Market): 20

Créé à Bahreïn en 2001, il a pour principal objectif de définir le cadre conceptuel nécessaire
au développement du marché monétaire autour des capitaux islamiques. Concernant la
question des liquidités, elle a apporté des réponses, tout comme pour la création d’un marché
secondaire propice à la négociation des instruments islamiques.
A cela, s’ajoutent d’autres activités comme :
 Aider les institutions islamiques à s’implanter à l’étranger.
 Promouvoir des avis juridiques, en veillant à leur harmonisation, dans le cadre de la
structuration de produits islamiques.

6. LMC (Liquidity Management Center): 21

Créé en 2002 à Bahreïn, le LMC est le fruit d’une collaboration entre les trois plus grandes
banques islamiques dans le golfe persique : Bahreïn Islamic Bank, Dubaï Islamic Bank et
Kuwait Finance House.
Son objectif est de:
La mise en place d’un marché monétaire interbancaire. Non seulement il s’attache depuis à
donner aux institutions islamiques des outils pour mieux gérer leurs liquidités, mais il
s’efforce, aussi, de dessiner les contours d’un marché secondaire, qui leur permettraient de
réaliser des opérations de trésorerie de court terme, tout en étant conformes à la Charia.

7. IICRA (International Islamic Center for Reconciliation and Arbitration) 22

Etabli à Dubaï depuis 2005, il occupe un rôle de médiateur, tout en revendiquant une aptitude
à statuer sur les litiges pouvant opposer les différentes institutions financières islamiques,
qu’elles soient nationales, régionales ou internationales.
Son objectif est:
La Réconciliation et arbitrage des contentieux afférant aux contrats financiers islamiques
20
www.iifm.net
21
www.lmcbahrain.com
22
www.iicra.com

21
8. CIBAFI (Council for Islamic Banks and Financial Institutions) 23

Organisme à but non lucratif basé à Manama (Bahreïn), le CIBAFI s’est, depuis sa formation
en 2001, fixé pour objectif :
 La promotion de la finance islamique. D’où le travail de sensibilisation qu’elle
effectue auprès des médias et l’organisation de forums et de débats internationaux
ayant pour thème les services financiers islamiques.

9. IILM (International Islamic Liquidity Management Corporation): 24

L’IILM a été créée en Octobre 2010 dans le but premier :


 De favoriser l’ouverture à l’international du marché monétaire islamique.
Pour ce faire, elle ne se borne pas à tenter d’améliorer l’efficience des marchés de capitaux
islamiques, elle essaie de préparer au mieux les institutions islamiques pour faire face à
d’éventuelles crises de liquidité.

10. IRTI (Islamic Research and Training Institute) 25

Branche de la recherche de la BID, le IRTI a été créé en 1981 pour entreprendre des
recherches et organiser des formations sur l’activité financière islamique. S’est donc
développé un laboratoire de recherches, au sein duquel sont rassemblés nombre de ressources
et de documents issus des séminaires, conférences, traductions, revues et autres articles
(Askari et al., 2009). Aussi est-il devenu un centre de diffusion des connaissances. Grâce
aussi au crédit dont on a peu à peu gratifié ces différentes institutions, la finance islamique a
acquis une certaine importance, au point de devenir un acteur remarqué dans la sphère
financière actuelle. Mais, aujourd’hui, le rôle des acteurs locaux devient tout aussi vital que
celui de ces grandes institutions. Car, c’est bien à ce niveau que se situe la clientèle, future ou
non, des établissements bancaires. C’est donc là qu’il est nécessaire d’agir pour la capter et la
conserver de manière durable. D’où la nécessité d’accroître une communication qui est
longtemps demeurée dans l’ombre.

Section 2 : La régulation des activités des institutions financières islamiques26


Actuellement, la réglementation prudentielle dans le monde est un système global, c’est-à-
dire que le cadre est le même quelles que soient les institutions (banques commerciales,

23
www.cibafi.org
24
www.iilm.com
25
www.irti.org
26
Régulation et normalisation page 93

22
sociétés d’investissements, etc.). L’autorité de contrôle est la banque centrale de chaque
pays, c’est donc une réglementation nationale. Cette dernière est conforme aux normes
internationales dans la mesure où le gouvernement du pays les a adoptées.

La réglementation internationale émane des recommandations du Comité de Bâle1. Les


textes réglementaires les plus connus sont le « ratio Cooke » et le récent « ratio Mac
Donough », tous deux du nom de présidents du comité au moment de leur élaboration.

Les principaux domaines de réglementation du Comité de Bâle sur le secteur bancaire


pour assurer la santé et la stabilité du système financier sont :

 la suffisance du capital ;
 les pratiques et procédures pour les prêts et investissements ;
 l’identification des principaux types de risques et les techniques utilisées pour les
gérer efficacement ;
 les méthodes d’évaluation de la qualité des actifs de la banque ;
 la création de réserves pour couvrir les pertes sur les prêts ;
 les différents types de contrôle interne ;
 les audits externes nécessaires.

Un accent est mis également sur la formation des contrôleurs, particulièrement la capacité à
identifier les risques et à mettre en œuvre les moyens de les anticiper, de les gérer et de les
contrôler.

Le calcul de la suffisance de capital est un élément essentiel de la réglementation

1. La réglementation lié aux accords de Bale I « la suffisance de capital »


Le ratio de solvabilité, dit « ratio Cooke », a été mis en application en juillet 1998. Il est
relatif à la mesure prudentielle des risques de marché (risques relatifs aux instruments
financiers détenus, risques de change…).

Ce ratio met en rapport les fonds propres et les risques.

Ratio Cooke = Fonds propres/Risques pondérés

Les fonds propres sont évalués à des niveaux successifs :

23
– le niveau 1 (Tier 1) est le capital de base, composé grosso modo de la situa-tion
nette diminuée des actifs immatériels,
– le niveau 2 (Tier 2) est le capital complémentaire, c’est le montant précédent auquel
on ajoute des éléments de quasi-fonds propres2.
De ces éléments, on retranche les fonds propres ou assimilés correspondant à des placements
dans d’autres établissements, par exemple des titres de participation dans des filiales.
Les risques pondérés se calculent à partir des engagements enregistrés dans le bilan ou hors-
bilan auxquels on applique une « quotité de risque ».

Risque pondéré d’un engagement


= Montant de l’engagement x Quotité de risque

Le comité de Bâle classe les engagements en quatre groupes, en fonction des risques encourus
: 0 %, 20 %, 50 %, 100 %.
Les engagements pondérés à 0 %, donc ne nécessitant pas de couverture, sont par exemple :
les créances sur les gouvernements des pays de l’OCDE, les créances garanties par les
banques centrales des pays de l’OCDE.
Les engagements pondérés à 20 % sont par exemple : les créances sur les collectivités
territoriales des pays de l’OCDE, ou garanties par ces collectivités.
Les engagements pondérés à 50 % sont par exemple : les prêts hypothécaires.
Les engagements pondérés à 100 % sont ceux qui ne sont pas dans les groupes précédents,
ainsi le crédit-bail mobilier, les prêts participatifs en faveur de la clientèle.
Les exigences du Comité de Bâle sont les suivantes :
 le rapport minimal à respecter entre les fonds propres et les risques pondérés est de
8 %,
 le capital de base (niveau 1) doit représenter au minimum 50 % du total des fonds
propres exigés au titre des risques de crédit, le complément éventuel ne pouvant
être constitué que par le capital complémentaire3.

2. La réglementation liée aux accords de Bale II :


Le Comité de Bâle a procédé à la révision du système de régulation. Il repose désormais sur
trois piliers.
Le premier pilier est relatif à l’exigence minimale de fonds propres, c’est le « ratio
Mac Donough ». Les grandes lignes du « ratio Cooke » sont maintenues mais :

24
 au dénominateur, ce n’est plus seulement le risque de crédit qui est pris en
considération, c’est un montant comprenant : le risque de crédit (75 %) plus le
risque opérationnel (20 %) et le risque de marché (5 %) ;
 les méthodes de calcul des risques sont plus élaborées : la base est toujours
constituée d’une grille standard mais de méthodes de management internes plus
sophistiquées, basées sur la gestion des risques peuvent être envisagées par les
banques.
La différence entre ces approches, c’est-à-dire entre le recours à une grille standard ou
l’utilisation de méthodes internes, est que le rôle primordial est accordé au contrôleur dans
le premier cas, à la banque elle-même dans le deuxième.
Le deuxième pilier est un processus de surveillance de la gestion des fonds propres par les
autorités de contrôle, ces dernières pourront évaluer le système de contrôle interne des
banques.
Le troisième pilier vise à instaurer une discipline de marché en améliorant la communication
financière des banques, notamment la diffusion d’informations sur les méthodes d’évaluation
des risques, le niveau des fonds propres, etc

3. La réglementation liée aux accords de Bale III :


Les Accords de Bâle sont appliqués dans la plupart des pays. C’est une nécessité pour
se faire une place dans le système financier désormais globalisé. L’application de cette
réglementation est du ressort des régulateurs nationaux mais également des
établissements eux-mêmes qui souhaitent une implantation ou une reconnaissance
internationale.

Les problèmes posés par l’application de la réglementation internationale


L’application de la réglementation internationale n’est pas sans poser quelques problèmes.
D’abord, elle favorise l’expansion des modes de financement les moins risqués, ceux
basés sur les opérations commerciales achat/vente au détriment des opérations
participatives. On constate, en effet, que le volume des activités basées sur la participation
aux pertes et profits est très faible, ce qui constitue une dérive par rapport aux objectifs de
la finance islamique. Ensuite, elle met sur un même plan, quant à l’évaluation des risques,
les dépôts à vue et les dépôts d’investissement. Or ces derniers partagent les risques de la
banque. Enfin, la particularité de la finance islamique est de se conformer à la Charia.
Développons ces deux derniers points : le traitement des comptes d’investissements et le
contrôle de la conformité à la Charia.

25
 Le traitement des comptes d’investissements
La réglementation met sur le même plan les comptes de dépôts et les comptes
d’investissements, or ces derniers ne peuvent être considérés comme des dépôts.

Ils ne peuvent non plus être considérés comme des participations au capital de la banque, les
déposants n’ayant pas les droits attachés aux actions. Ainsi, ils ne peuvent participer aux
réunions des actionnaires et être représentés au conseil d’administration. D’où des
interrogations à propos du « statut » de ces fonds : faut-il les intégrer dans le capital de la
banque ? Faut-il les considérer comme des quasi-fonds propres ? Faut-il les considérer comme
des actifs hors-bilan ? Par ailleurs, l’existence de ces dépôts peut provoquer des crises de
liquidité, la banque plaçant les fonds dans des projets de moyen ou long terme alors que les
dépôts sont exigibles à leur terme, et même avant leur terme si la banque accepte le
remboursement.

Selon l’étude de Charpa et Khan (2000), « en prenant en compte la nature spéciale des dépôts
d’investissements et les risques encourus par les actifs des banques islamiques l’application
des normes internationales de suffisance du capital est devenue une tâche difficile »

Ces auteurs font remarquer que la nature spécifique des dépôts d’investissements a conduit
certaines banques islamiques à les placer hors-bilan, ce qui est désormais préconisé par
l’AAIOFI.

Si on les fait figurer au bilan, quelle est alors leur situation par rapport aux exigences de
suffisance de capital ?

Dans la gestion des comptes d’investissements, la banque assume deux types de risques :

– le risque fiduciaire, dû à la négligence de la banque, à sa mauvaise gestion, d’où une


perte de confiance et les retraits massifs de fonds,

– le risque commercial, venant de la probabilité de ne pas faire face à la concurrence


des autres banques, islamiques ou conventionnelles.

Pour faire face à ces risques les profits attribuables aux actionnaires doivent en
conséquence être dirigés vers les dépôts. Ce transfert au profit des déposants est parfois
appelé le « risque commercial translaté ».

Des solutions ont été proposées par l’AAOIFI et, plus récemment, par l’IFSB.

26
« Les normes de l’AAOIFI proposent donc un schéma pour le partage des risques entre les
titulaires de dépôts d’investissements et les actionnaires de la banque. En l’occurrence, 50 %
des risques des actifs financés par les dépôts d’investissements doivent […] être assignés aux
déposants de placements dans le but de déterminer le capital, et les 50 % restants aux
actionnaires. […] Ceci signifie que le risque des actifs financés par les dépôts
d’investissements va être assigné d’une pondération de 50 % dans le but de déterminer les
exigences en capital. » (Charpa et Khan, 2000.)

L’IFSB est venu compléter ces recommandations9 en préconisant une évaluation des risques
selon le produit et selon le degré de maturité du contrat. On aboutit ainsi, pour chaque produit,
à l’élaboration d’une matrice dont l’un des axes est le type de risque (marché, crédit) et l’autre
les différentes étapes du contrat.

Dans l’étude précédente, les préconisations de l’AAOIFI en matière de normes sont


complétées par les observations suivantes :

– il est indispensable que les banques islamiques adoptent les mêmes normes ;

– les dépôts ne sont pas « permanents », ils sont fonction de la confiance, or la


suffisance de capital apporte la confiance ;

– les banques islamiques sont généralement petites, elles doivent donc davantage
satisfaire l’exigence de capital ;

– l’importance du capital doit être fonction du volume des produits participatifs.

 Le contrôle de la Charia
Le maintien de l’image des banques islamiques ainsi que l’augmentation du volume de leurs
activités sont basés sur la confiance qu’ils inspirent aux investisseurs.

La plupart des banques privées, membres de la BID, ont leur propre Conseil de contrôle de la
Charia, encore faut-il rassurer les clients sur le fait que ces comités sont qualifiés, qu’ils
fonctionnent correctement et que leurs conseils (fatwas) sont correctement appliqués. En
Malaisie et au Soudan, la banque centrale a son propre conseil de la Charia. Au Pakistan et en
Iran, il n’y a pas de conseil au niveau de la banque centrale. À défaut d’un conseil spécifique
siégeant au niveau de l’autorité de régulation, n’y a-t-il pas lieu de mettre en place un organe
chargé de cette tâche, c’est-à-dire des auditeurs externes qui assureraient la mission ? Ces
derniers s’adressent aux banques islamiques parce qu’elles respectent les règles et principes

27
de la Charia. Il est donc indispensable que les banques puissent prouver la conformité avec
ces règles et principes.

La question a été soulevée lors de la conférence sur le contrôle du système bancaire islamique
qui s’est tenue à Bahreïn en 2000 et a abouti à la création du Conseil des Services Financiers
Islamiques (voir le § 3.2 infra).

Section 3 : la normalisation du système comptable27

L'état financier d'une entreprise représente une source importante d'information lors de la
prise de décisions stratégiques financières. Le bilan, entre autres, est un état financier
permettant de fournir une image réaliste du potentiel économique actuel et futur d’une
société. La fiabilité de ces états est d'une importance capitale pour les actionnaires, les
clients, les différents partenaires de ces institutions mais aussi pour les autorités de
réglementation et de contrôle.

Dans le cas de la finance Islamique, la comptabilité financière joue un rôle important


pour normaliser et assurer une intégration harmonieuse entre les différentes parties
impliquées dans les transactions bancaires. La comptabilité Islamique fournit les
informations dont les utilisateurs de l’état financier de la banque Islamique dépendent
pour évaluer à la fois la santé financière de leurs investissements et leur conformité avec
les principes de la Sharia. D'où l'utilité d'une standardisation des normes comptables
Islamiques afin de faciliter l'utilisation de ces états et de permettre au marché de
fonctionner de manière transparente et efficace.

A cet égard, les normes établies par le bureau des standards comptables internationaux
(IASB) sont appliquées par la grande majorité des institutions financières Islamiques à
l'échelle mondiale. En effet, il existe de nombreuses similitudes entre les systèmes
comptables conventionnel et islamique; Les états financiers des bilans des deux systèmes
sont définis par l'actif et le passif de l'entreprise. Du côté de l'actif, on retrouve l'actif à
court terme et l'actif immobilisé à long terme ; alors que du côté du passif, on y retrouve
le passif à court-terme et les fond propres. La règle générale de l'état financier du bilan
est que l'actif devrait toujours égaler le passif additionné des fonds propres. Cependant,
en raison de la nature mêmes des transactions conformes à la Charia, celles-ci doivent
prendre en considération la dimension éthique basée sur les préceptes du Coran et de la

27
La comptabilité des produits financiers islamiques : Normes AAOIFI vs. IFRS page 5

28
Sounna. Cette dimension exige que les que l’on intègre dans le calcul de la performance
d’un investissement des critères extra-financiers, comme la préservation de
l’environnement, le respect de la dignité humaine ou encore le respect de prescriptions
philosophiques ou religieuses. Ainsi les calculs ne sont pas uniquement basés sur des
événements et des transactions économiques comme c’est le cas dans le système
conventionnel, mais également sur des événements religieux et transactions socio-
économiques.

Bien que les normes islamiques comptables se basent principalement sur les normes
comptables internationales (NCI), les informations généralement incluses dans les états
financiers Islamiques sont mesurées, valorisés, enregistrés et communiqués de manière
différente. Ainsi, par exemple, pour calculer le montant de la Zakat, les actifs doivent
être mesurés en termes contemporains, et non pas dans le coût historique car (En cas de
détermination de la zakat les informations basées sur le coût historique tendent à réduire la
base zakat en raison de l'inflation (Ahmed, 1994), Recommandation de l'utilisation des prix
actuels). Et sans oublier La comptabilité conventionnelle ne pouvait pas satisfaire les besoins
d'information financière pour déterminer la responsabilité de la zakat. Et afin de pouvoir
s'acquitter de leurs obligations sociales dans leurs différents contrats, les organisations
islamiques peuvent utiliser déclarations différentes réduisant l'accent sur les bénéfices
par le compte de résultat fourni par la comptabilité classique. De plus, afin d’évaluer que
des entreprises gagnent de l'argent de manière éthique et conforme aux principes de la
Sharia, et qu’elles déploient leurs ressources de façon rentable, les états financiers
devraient fournir des informations supplémentaires, tels que la liquidité, la solvabilité, les
risques prix, ainsi que leurs contribution dans l'exercice de responsabilités sociales, qui
peuvent inclure la protection de l'environnement ou contribution à des activités de
bienfaisance.

Certainement, la normalisation des pratiques comptables des institutions financières


islamiques (IFI) a fait l’objet d’une attention particulière dès le début des années 1990. C’est
pour cette raison, l'organisation de comptabilité et d'audit des institutions financières
islamiques (Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions :
AAOIFI) a été créée et a joué un rôle pionnier dans le développement et la promotion de ces
normes. Toutefois, la plupart des études de recherche montrent que les IFI adoptent
généralement soit les normes IFRS soit les normes AAOIFI.

29
C’est dans ce sens que l'Accounting and Auditing Organisation for Islamique Financial
Institutions (AAOIFI), a joué un rôle considérable pour adapter les normes comptables
internationales et les rendre applicables aux institutions financières islamiques. Une telle
adaptation est nécessaire pour les raisons suivantes : les produits islamiques sont
spécifiques, ils exigent chacun des dispositions comptables particulières  ; les normes
doivent être uniformisées dans le temps et dans l’espace (différentes régions et différentes
institutions) ; les normes ont à faire face à des domaines particuliers, ainsi la zakat  ; les
normes doivent faciliter le travail des contrôleurs de la Charia ; la transparence est
nécessaire en ce qui concerne la responsabilité des banques islamiques. Ces dernières étant
pour la plupart implantées dans les PVD, il convient de tenir compte des contraintes, tant
internes qu’externes propres à ces pays notamment les insuffisances des systèmes de
contrôle internes. Les responsables de l’AAOIFI affichent leur volonté de se rapprocher des
IFRS mais la tâche est difficile car la plupart des pratiques financières islamiques n’ont pas leur
équivalent dans le système conventionnel. Par ailleurs, certains standards ne peuvent être
adoptés, ou pas entièrement, les pratiques qu’entraînent l’adoption des IFRS n’étant pas en
conformité avec les règles de la Charia. Celles-ci permettent désormais d’inclure outre les
données sur le compte de profits et pertes, bilan et état des flux de trésorerie, un ensemble
considérable d'informations complémentaires comprenant les déclarations sur la valeur
ajoutée et de la communication sur les activités de la performance sociale de l'entreprise.
Et bien que les objectifs des normes comptables ne convergent pas toujours avec les
préoccupations des autorités de réglementation et du contrôle, les responsables des normes
comptables, les autorités de réglementation, les banques et les différents acteurs continuent
de coopérer étroitement pour l'élaboration de normes comptables susceptibles d'améliorer
au mieux la gestion des risques dans les institutions bancaires en général et Islamiques en
particulier.

1. Les normes comptables islamiques :


La liste des thèmes couverts par les normes donne une idée de l’importance des travaux de
l’AAOIFI. Les normes publiées comportent cinq parties :

 La comptabilité :
- les objectifs et les concepts ;
- Les Financial Accounting Standards ( FAS), actuellement au nombre de 26, portent
sur :
*les états financiers des banques et institutions financières islamiques ;

30
*les produits financières : mourabaha, moudharaba, moucharaka, salam, ijara et istisnaa ;
*les comptes d’investissement ;
*les provisions et réserves ;
*les états financiers, les provisions et réserves dans les compagnies d’assurance ;
*les fonds s’investissement ;
*les opérations en devises ;
 l’audit :
Comporte 5 <<Auditing standards for islamic financial institutions>> (ASIFI).
 la gouvernance
Comporte 7 << Gouvernance standards For Islamic Financial INSTITUTION >> (GSIFI).
 L’éthique
Comporte 2 standards.
 La charia
Comporte 43 standards.
Les standards sont eux-mêmes divisés en paragraphes. Les premiers standards sont consacrés
à ce que l’on peut considérer comme étant le cadre conceptuel de la comptabilité destinée aux
institutions financières islamiques. Par contre, les << normes Charia >> peuvent être
considérés comme le droit islamique en matière financière.

2. Les IFRS vs. Les normes AAOIFI : quelques points de divergence :


L’IASB vs. L’AAOIFI :

Les normes IFRS sont élaborées et éditées par l’IASB. L’International Accounting Standards
Board (IASB), qui succède à l’International Accounting Standards Committee « IASC »
depuis le 1er avril 2001, est un organisme de normalisation comptable international privé et
indépendant. Son siège est établi à Londres. Il est placé sous la supervision de l'International
Accounting Standards Committee Foundation (IASCF) chargée notamment d'assurer son
financement et la désignation de ses membres.

Différences entre AAOIFI et IASB relatives au champ des normes éditées :

Normes AAOIFI (FAS) Normes IASB (IFRS)


-Spécifiques pour l'industrie de la finance
-Sont destinées à toutes les activités
économiques et sociales (banques,
islamique (banques islamiques, assurance
industries, services, etc.)
islamique, Zakat, Sukuk, etc.)

31
-Basées sur l'exigence des pratiques de la

finance islamique (doivent respecter les


principes de la Chariaa).

Différences entre AAOIFI et IASB relatives au type des normes éditées :

Normes AAOIFI (FAS) Normes IASB (IFRS)


-La comptabilité, -Normes relatives à la comptabilité.
- La Charia,
-L’Audit,
-l'éthique,
- la gouvernance

CONCLUSION :

L’industrie de la finance islamique a réussi à se transformer en l’espace de trente ans d’une


activité périphérique à un système de gestion financier alternatif de taille importante avec un
potentiel d’expansion réel notamment dans les services bancaires et les crédits à la
consommation en particulier dans les pays musulmans. Comparé à la finance traditionnelle, le
secteur est encore très jeune mais la courbe d’apprentissage demeure raide. Le défi est de
parvenir à un niveau approprié d’appui par les gouvernements et les régulateurs des marchés.
La croissance et la diversification de la finance islamique ainsi que l’environnement
géopolitique dans lequel elle opère a poussé les institutions financières internationales à s’y
intéresser. En effet, les institutions telles que les Trésors American et Britannique, le FMI et
la Banque Mondiale ainsi que le comité de Bâle sont toutes engagées afin de pouvoir
démystifier cette activité et promouvoir le développement des meilleurs pratiques dans le
secteur en introduisant des normes prudentielles internationales de supervision. De plus avec

32
les grands « majors » bancaires internationaux impliqués dans cette industrie et leur fort
appétit à développer davantage cette activité, il y a un grand intérêt à veiller à ce que cette
industrie se développe d’une manière stable et ordonnée.

En outre, la solution aux défis rencontrés est l’adoption de pratiques optimales en matière de
contrôle et de comptabilité pour le développement du secteur. Il s’agit de résoudre deux
problèmes majeurs : comprendre le secteur et trouver un équilibre entre d’une part un contrôle
efficace et d’autre part les aspirations légitimes du marché. Ce dilemme ne peut être tranché
que si la banque centrale et les institutions visées intensifient leur coopération et créent un
contexte favorable

Pour garantir une meilleure transparence et l’étendu du rôle des institutions financières
islamiques à l’échelle mondiale, une agence de notation islamique a été créée à Bahreïn :
Agence Internationale de notation islamique.
C’est la première agence spécialisée dans la notation. Les promoteurs de cette agence notent
les institutions financières islamiques en évaluant les comptes et les instruments selon des
standards afin de réaliser une très grande transparence et une meilleure gouvernance pour
renforcer la confiance des investisseurs.

Table des matières :

INTRODUCTION :.............................................................................................................3
Chapitre I : Les établissements financiers et assimilés islamiques....................5
Section 1 : Les banques islamiques :..............................................................................5
1. La définition de la banque islamique et ses catégories :...........................................5
2. Spécificités et fonctionnement des banques islamiques par rapport aux banques
conventionnelles.................................................................................................................8
3. Sources financières des banques islamiques :..........................................................9
4. Emploi des fonds par la banque islamique et Secteurs d'intervention :..................11
Section 2 : Les compagnies d’assurances islamiques : Takaful.............................11
1. La définition de l’assurance islamique ou Takaful :...............................................11

33
2. L’origine et le développement de l’assurance islamique (Takaful):......................12
3. Les principes de base de l’assurance islamique :...................................................13
4. Types de risques couverts par l’assurance(Takafoul) et Les biens assurables :.....14
Section 3 : Autres institutions : Les fonds d’investissement islamiques et les
émetteurs de Sukuks :......................................................................................................14
1. Les fonds d’investissements islamiques :...............................................................14
2. Les émetteurs de Sukuks :......................................................................................16
Chapitre II : L’environnement des institutions financières islamiques.........18
Section 1 : Les principales organisations du système financier islamique..........18
1. La Banque Islamique de Développement:..............................................................18
2. L’AAOIFI (Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial
Institutions):......................................................................................................................18
3. IIFA (International Islamic Fiqh Academy):..........................................................20
4. IFSB (Islamic Financial Services Board):..............................................................21
5. IIFM (International Islamic Financial Market) :....................................................21
6. LMC (Liquidity Management Center):..................................................................21
7. IICRA (International Islamic Center for Reconciliation and Arbitration).............22
8. CIBAFI (Council for Islamic Banks And Financial Institutions)...........................22
9. IILM (International Islamic Liquidity Management Corporation) :......................22
10. IRTI (Islamic Research and Training Institute)......................................................22
Section 2 : La régulation des activités des institutions financières islamiques...23
1. La réglementation lié aux accords de Bale I « la suffisance de capital »...............24
2. La réglementation lié aux accord de Bale II :.........................................................25
3. La réglementation lié aux accords de Bale III :......................................................25
Les problèmes posés par l’application de la réglementation internationale.....................26
Section 3 : la normalisation du système comptable..................................................28
1. Les normes comptables islamiques :......................................................................31
2. Les IFRS vs. Les normes AAOIFI : quelques points de divergence :....................31
CONCLUSION :.................................................................................................................33
WEBOGRAPHIE...................................................................................................................36
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................36

34
WEBOGRAPHIE
http://www.ammc.ma/sites/default/files/Etude_finance_islamique_2011_10_19.pdf
https://journals.openedition.org/ethiquepublique/871
www.isdb.org
www.iifa-aifi.org
www.aaoifi.com
www.lmcbahrain.com
www.iicra.com
www.cibafi.org
www.ifsb.org
http://fr.financialislam.com/les-normes-comptables-islamiques.html
http://www.ammc.ma/sites/default/files/Rapport_Sukuk_07122012_0.pdf
https://www.agenceecofin.com/finance-islamique/0504-46331-les-sukuks-emis-par-
des-entreprises-a-l-echelle-mondiale-en-2016-ont-atteint-un-record-de-47-3-milliards

BIBLIOGRAPHIE
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Ibrahima BA, PME et institutions financières islamiques,TUNISIE, 2015
Mahmoud El Gamel, finance islamique, aspects légaux, économiques et pratiques, Ed de
Boeck, Paris2010,

35
Jalal Wafae El Badri, les banques islamiques, Dar El Jamia el Jadida, Egypte
Alaoui M Daghri, éthique et entreprise ; perspectives maghrébines, wallada, casablanca
Maroc,1991, p41
Bahri Oum El Kheir, « La finance islamique compartiment De la finance d’aujourd’hui »,
UNIVERSITE D’ORAN, ALGERIE ,2012 
Régulation et normalisation  « Fakhri Korbi. La finance islamique : une nouvelle éthique ? : Comparaison
avec la finance conventionnelle. Economies et finances. Université Sorbonne Paris Cité, 2016. Français. ffNNT :
2016USPCD031ff. fftel-01871008 »

La comptabilité des produits financiers islamiques : Normes AAOIFI vs. IFRS « Azzouz


Elhamma Enseignant-chercheur Ecole Nationale de Commerce et de Gestion (ENCG) »

36

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