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COUR D’ORGANISATION JURIDICTIONNELLE LISJ –UCAO 2016-2017

Introduction à l’étude de l’organisation juridictionnelle

La vie en société entraine inévitablement des contestations, un sujet de droit prétend une
chose que lui conteste l’autre sujet de droit. A défaut de solution amiable, et en vertu du
principe qui interdit à « quiconque de se rendre justice à soi-même », ce différend ne peut
être réglé que par les institutions mises en place par l’Etat à cet effet.
Le mot juridictionnel renvoie à la justice. Elle est entendue ici comme l’ensemble des organes
chargés de trancher les litiges entre les sujets de droit. La justice est susceptible d’autres
acceptions. Elle peut être distributive, celle qui vise à répartir entre les personnes, les biens,
les droits et les devoirs, les honneurs, en fonction de la valeur, des aptitudes, de chacun et de
son rôle dans la société ; ou commutative, celle qui prétend veiller à une égalité arithmétique,
et veille à l’égalité dans les échanges. En dépit de cette différence sur le plan conceptuel, il
existe un lien entre la justice entendue comme institution et la justice entendue comme
valeur. La première étant en réalité au service de la seconde puisqu’en disant le droit, elle
permet, dans une certaine mesure, de corriger les injustices commises et de réparer les
dommages subis.

Cependant, l’institution en charge de rendre la justice au Mali relève des différents organes,
c'est-à-dire des cours et tribunaux. Cette institution, parce qu’elle est juridictionnelle doit
rendre la justice, dire le droit, trancher les litiges opposant des individus. L’organisation
juridictionnelle malienne répond à un système dualiste c'est-à-dire deux ordres de
juridiction : l’ordre judiciaire et l’ordre administratif. Le programme de l’organisation
juridictionnelle étudie la justice et le procès.

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1ère Partie : La justice

Dès l’instant que la société a interdit la vengeance privée, et que l’Etat est seul dépositaire
légitime de la force, le recours au juge devient indispensable. L’Etat organise à cet effet un
véritable service public de la justice.

Chapitre 1 : Le service public de la justice et ses principes généraux


d’organisation

La justice est un service public. De ce point de vue, elle est soumise aux règles générales des
tous les services publics. Mais la justice est un service public particulier. Ce caractère
particulier exige une organisation particulière.

Section 1 : Le service public de la justice

Un service public est une activité destinée à satisfaire un besoin d’intérêt général et qui, en
tant que telle, doit être assurée ou contrôlée par l’administration. Cette administration
organise des moyens matériels et humains en vue de l’exécution de cette tâche. La justice, en
tant que service public, chaque citoyen dispose d’un droit d’accès, et cet accès est gratuit.

Paragraphe 1 : Le droit à la justice

 Définition du droit à la justice ou droit au juge

Le « droit à la justice » ou « droit au juge » est un pouvoir reconnu à toute personne de


saisir le service public de la justice pour faire valoir ses droits et libertés. Ce droit entraîne

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les conséquences telles que : l’égalité devant le service public de la justice ; le principe de
fixité et de permanence de la justice.

 L’égalité devant le service public de la justice


Le principe d’égalité des citoyens devant le service public de la justice signifie que tous les
justiciables ont droit à être jugés de manière égale, devant les mêmes juridictions, statuant
selon les mêmes règles de procédure, appliquant les mêmes règles de droit. La limite de ce
principe se trouve dans les privilèges de juridictions. Mais privilège ne signifie pas partialité
du juge.

 La fixité et la permanence de la justice

En règle générale, la justice est rendue sans interruption, d’une manière continue. Ce
principe comporte toutefois des dérogations. C’est le cas de certains tribunaux et pour les
cours d’assises, qui, siègent par sessions intermittentes, et le plus souvent, en fonction des
affaires inscrites a leur rôle. La justice devient par là un véritable service public et que seul
l’Etat dispose le monopole.

 La justice, monopole de l’Etat


La fonction de juger est une des prérogatives de la souveraineté étatique. Les jugements
sont rendus « au nom du peuple» et l'Etat se réserve ce monopole exclusif. Le pouvoir de
rendre la justice implique non seulement de dire le droit, mais aussi un pouvoir de
commandement appelé « imperium ». Le juge, en conséquence de la décision rendue,
ordonne que tout soit mis en œuvre pour que son jugement soit exécuté, au besoin avec le
concours de la force publique. Il est évident qu'un tel pouvoir de commandement ne peut
appartenir qu'à une personne investie par l'Etat lui-même du pouvoir de juger.

Le monopôle ainsi reconnu à l'Etat entraîne deux conséquences importantes.


a) D'une part, aucune autorité autre que les cours et tribunaux légalement institués ne peut
rendre la justice, au moyen de jugements ayant autorité de chose jugée et force
exécutoire.
b) D’autre part, l'Etat doit obligatoirement rendre la justice lorsqu'elle lui est
demandée. Le juge qui refuserait de juger se rendrait coupable d'un déni de justice

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susceptible d'entraîner contre lui des sanctions disciplinaires, et éventuellement une
condamnation à des dommages et intérêts.

Il y a lieu de préciser une dérogation importante au monopole de l’Etat de rendre la justice


notamment les méthodes alternatives de règlement de conflits.

Paragraphe 2 : La gratuité de la justice

Ce principe signifie que les plaideurs ne paient pas leurs juges, ceux-ci sont des
fonctionnaires payés par l’Etat. Néanmoins, le principe de la gratuité ne signifie pas que le
justiciable n’aura rien à débourser dans le cadre d’un procès. Celui-ci peut entraîner des
frais plus ou moins consistants, selon l’affaire à juger, sa nature et sa complexité. Les frais et
dépens sont constitués entre autre :

Les honoraires, frais payés à l’avocat, son montant est librement fixé par accord entre
l’avocat et son client.
Les émoluments sont des frais dus en raison des actes de procédure accomplis (par les
avocats, les huissiers) selon un barème impérativement fixé par voie réglementaire. C’est
pourquoi il ne faut pas confondre les honoraires qui sont librement fixes avec les émoluments
qui eux, sont tarifés.
Les frais divers : les frais de déplacements et d’hôtel de l’avocat ou « débours », les
honoraires de l’expert en cas d’expertise, les indemnités dues aux témoins, etc.

Section 2 : Les principes généraux d’organisation de la justice

La fonction de juger est une des prérogatives de la souveraineté étatique, à côté de la fonction
législative qui édicte la norme juridique et de la fonction exécutive qui en assure
l'application. Ainsi, la justice est un pouvoir distinct des deux autres pouvoirs, aussi bien que
son organisation.

Paragraphe 1 : La séparation de la fonction judiciaire des autres fonctions

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La séparation des pouvoirs soulève deux problématiques majeures : d’une part, l’interdiction
du pouvoir judiciaire de s’immiscer dans les fonctions exécutrice et législative, dans la
mesure où les différentes fonctions sont distinctes ; d’autre part, la défense faite aux pouvoirs
exécutif et législatif de s’immiscer dans les fonctions juridictionnelles. Ce dernier aspect pose
le problème de l’indépendance du juge.

 Le principe de non empiètement du pouvoir judiciaire sur le pouvoir législatif


Il s’agit d’un principe qui interdit aux juges de juger par voie de disposition générale, c'est-à-
dire de prendre une décision applicable non seulement aux cas d’espèce, mais aussi aux cas
futurs. Cette interdiction est prévue par l’article 5 du code civil qui précise qu’il est défendu
aux juges de se prononcer par voie de disposition générale et règlementaire sur les causes
qui leur sont soumises. Permettre aux juges de se prononcer par voie de disposition générale
revient à lui confié la mission du législateur. Ce qui est contraire au principe de la séparation
des pouvoirs. Le juge doit trancher les litiges cas par cas. Les « arrêts de règlement» sont
prohibés.

 Le principe de non empiètement du pouvoir judiciaire sur le pouvoir exécutif

Les fonctions judiciaires sont distinctes et demeurent toujours séparées des fonctions
administratives. Les juges ne peuvent à peine forfaiture, troubler de quelle que manière que
ce soit les opérations des agents du pouvoir. Ils ne peuvent plus non plus assigner ces
agents pour raison de leurs fonctions. Toute immixtion du juge dans des matières qui
relèvent de 1a compétence du pouvoir exécutif et de l'Administration est interdite.

 La protection du pouvoir judiciaire contre les empiètements de l’exécutif et du


législatif

Cette protection du pouvoir judiciaire lui assure l’indépendance. C’est une garantie qui
permet au juge de décider en toute liberté, sans aucune pression, quelle qu’elle soit.
L’indépendance remplit deux fonctions essentielles : d’une part, garantir l’impartialité du
juge et d’autre part, assurer l’équilibre des pouvoirs qui est protégé par le principe de la
séparation des pouvoirs. Néanmoins, l’indépendance ne signifie en aucune façon « un

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privilège du juge ». Mais plutôt un bouclier de protection du juge dans sa mission de
protection des droits et libertés.

Il y a lieu de préciser que le législateur peut aussi anéantir la justice si des mesures ne sont
pas prises. Ainsi, il lui est en principe interdit de voter des lois rétroactives. Les lois
d’amnistie doivent être prises conformément aux exigences du moment.

Paragraphe 2 : Les autres principes d’organisation : la séparation, la collégialité, l’unicité


et la hiérarchie

 Le principe de la séparation des fonctions juridictionnelles


Le principe de la séparation concerne d’abord les ordres de juridiction, à la fois, par la
distinction des ordres administratif et judiciaire et, à l’intérieur de l’ordre judiciaire, par la
séparation des juridictions civiles des juridictions répressives.

 La collégialité et l’unicité de juridiction


La collégialité se traduit par la prise de décisions par plusieurs juges appelés (collège) et non
par un seul juge. La collégialité est présentée comme le rempart contre l’arbitraire et les
erreurs judiciaires. Elle est traditionnellement perçue comme une garantie des droits de la
défense car, elle diminue les risques de partialité, dans la mesure où la prise de la décision se
fait à l’issue d’un débat contradictoire entre les juges. Une juridiction statuant à juge unique
est facilement taxable de partialité. Si les tribunaux de première instance fonctionnent avec
un seul juge, chargé de rendre le verdict, la situation se complique davantage avec les
justices de paix à compétence étendue. La justice de paix à compétence étendue est le
prototype de la juridiction à juge unique car cette juridiction ne comprend qu’un seul
magistrat remplissant à la fois les fonctions de magistrat poursuivant (procureur), de
magistrat enquêteur (juge d’instruction) et celles de magistrat jugeant. Ce qui a valu le
qualificatif de «monstre à trois têtes » attribué au juge de paix à compétence étendue.

 La hiérarchie
Le service public de la justice n'échappe pas à toute hiérarchie. C'est un fait que certaines
juridictions sont hiérarchiquement supérieures à d'autres et que parmi les juges, certains
occupent une position hiérarchique qui les place à un rang élevé que d'autres. Ce phénomène

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hiérarchique est particulièrement marqué dans l'ordre judiciaire, il se retrouve aussi dans
l'ordre administratif.
II se dégage un double point de la hiérarchie : celle des juridictions et la hiérarchie des
personnes.

Hiérarchie de juridictions : C'est ainsi qu'au-dessus de juridictions de première instance (ou


du premier degré) l'on trouve une juridiction d'appel (dite juridiction du second degré).
Celle-ci est actuellement la cour d’appel, qui connaît en principe des appels interjetés contre
les décisions de toutes les juridictions de première instance qui se trouvent dans son ressort
territorial. Cette possibilité d'interjeter appel exprime la règle du double degré de juridiction.
Au plus haut niveau de la hiérarchie des juridictions de l'ordre judiciaire se situe la Cour
Suprême du Mali. Celle-ci n'est, cependant, pas un troisième degré de juridiction dans la
mesure où la constatation des faits lui échappe et où sa mission se limite à l'examen de
questions.de droit. Traditionnellement, son rôle consiste à contrôler la légalité des décisions
qui lui sont soumises à la suite d'un pourvoi en cassation.
Hiérarchie de personnes : comme tout fonctionnaire, chaque juge occupe au sein du corps
dont il fait parti une position hiérarchique qui s’exprime par un grade duquel dépend la
fonction qu’il est appelé à exercer : par exemple un conseiller de la Cour d’appel a un rang
plus élevé qu’un juge d’un tribunal. Le pouvoir hiérarchique ne s'étend en aucun cas à la
prise de décision qui relève de la seule conscience de chaque juge. Un président de tribunal,
par exemple, ne peut pas ordonner à l'un des juges de ce tribunal de statuer dans tel ou tel
sens. De même, un conseiller de cour d'appel ne peut pas enjoindre à un juge du premier
degré de se prononcer dans un sens déterminé. La prise de décision échappe à toute
subordination hiérarchique et un juge n'a, sur ce point, aucun compte à rendre à qui que ce
soit, pas même à son « chef de juridiction ». Seuls échappent à cette règle fondamentale, les
magistrats du parquet qui sont soumis à une subordination hiérarchique jusque dans la prise
de décision.

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Chapitre 2 : Les différentes juridictions

Une juridiction est un organe qui a pour fonction de trancher les litiges en application de la
règle de droit. Il en existe plusieurs. Une classification simple consiste à distinguer les
juridictions nationales (Section 1) des juridictions internationales (Section 2).

Section 1 : Les juridictions nationales

Les juridictions nationales sont celles qui ont une compétence nationale 1. A ce niveau, il y a
les juridictions de l’ordre judiciaire et les juridictions de l’ordre administratif. Il s’agit là du
système dualiste, la coexistence de deux ordres de juridictions (l’ordre judiciaire et l’ordre
administratif). Ces deux ordres de juridictions s’occupent de l’essentiel des litiges sur le
territoire malien. A côté des juridictions de l’ordre judiciaire et celles de l’ordre
administratif, fonctionnent d’autres juridictions érigées en institution par l’article 25 de la
constitution du 25 février 1992. Ces juridictions à valeur d’institution sont : la cour suprême,
la cour constitutionnelle et la haute cour de justice. Néanmoins, la cour suprême en tant
qu’institution de la République fait partie aussi du système dualiste. Elle est l’organe suprême
des juridictions de l’ordre judiciaire et de l’ordre administratif à travers ses sections
judiciaire et administrative.

Nous verrons trois paragraphes successifs : le 1er étudiera les juridictions de l’ordre
judiciaire, le 2ème les juridictions de l’ordre administratif et le 3ème les juridictions à valeur
d’institution.

Paragraphe 1 : Les juridictions de l’ordre judiciaire

Les juridictions de l’ordre judicaire, incluant les juridictions civiles et pénales, règlent les
litiges opposant les personnes privées entre eux et sanctionnent les auteurs d’infractions aux
lois pénales. Les juridictions de l’ordre judiciaire peuvent être regroupées selon leur degré,
leur spécificité ou selon leur fonction. Nous verrons les juridictions de 1 er degré de l’ordre
judiciaire (I), la juridiction de second degré de l’ordre judiciaire (II) et la juridiction suprême
de l’ordre judiciaire (III).

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- La compétence est l’aptitude reconnue à une juridiction à connaître un litige.

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I.- Les juridictions du 1er degré de l’ordre judiciaire

Elles sont dites de juridictions de 1 er degré car, elles connaissent pour la 1 ère fois les litiges.
Certaines de ces juridictions ont une compétence d’attribution c'est-à-dire déterminée par la
loi expressément, on parle alors de juridictions d’exception ; d’autres sont compétentes par
défaut, c’est-à-dire lorsque la loi n’a pas prévu une compétence particulière, on parle alors
de juridictions de droit commun. Ainsi, les juridictions du 1er degré de l’ordre judiciaire sont
composées des juridictions de droit commun et des juridictions d’exception.
Les juridictions de l’ordre judiciaire du premier degré sont : les TPI ,ou TGI les JPCE ou TI,
les tribunaux de commerce et les tribunaux du travail, le tribunal militaire et les juridictions
pour mineurs. Ces juridictions sont de droit commun ou d’exception.

A.- Les juridictions de droit commun : les TPI et les JPCE ; TGI, TI

Ce sont les Tribunaux de Première Instance (TPI) TGI et les Justices de Paix à Compétence
Etendue (JPCE) TI.
Les TPI et les JPCE ont une compétence générale, c’est pour cette raison, on les qualifie de
juridictions de droit commun. Ils connaissent en premier et dernier ressort des actions civiles
et coutumières dont le montant n’excède pas 100 000 F en principal et 10 000 F de revenu
mensuel. Ce taux a été revu à la hausse sous l’empire de la loi n° 11 – 037 AN – RM du 15
juillet 2011 portant organisation judiciaire. Désormais, c’est 500 000 F en principal et
50 000 F de revenu mensuel. Mais cette loi n’est pas encore effective dans on exécution.
Les TPI et les JPCE poursuivent et jugent toutes les personnes qui ont commis des infractions
relevant de la catégorie des délits et des contraventions dans leur ressort, malgré qu’ils ne
sont pas composés de la même façon. Les TPI sont composés d’un Président, d’un ou
plusieurs vices présidents, d’un ou plusieurs juges d’instruction, d’un PR, d’un ou plusieurs
substituts, un greffier en chef et 1 ou plusieurs greffiers. Quant aux JPCE, elles ne sont
composées qu’un seul juge. Celui-ci est chargé de la fonction du juge au siège, du juge
d’instruction et du Procureur, c’est pour cette raison qu’il porte le nom du monstre à trois
têtes.
B.- Les juridictions d’exception : le TC, le TT, le TE, le TM

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Ces juridictions dites d’exception ou spécialisées ont un statut dérogatoire au droit commun,
par leur composition, leur compétence ou la procédure suivie devant elles. Ce sont : le
tribunal de commerce, le tribunal du travail, les juridictions pour mineurs, les juridictions
militaires.

 Les tribunaux de commerce


Ils sont institués par la Loi N° 88- 39/AN- RM du 08 février 1988. Les tribunaux de
commerce s’affirment dans quatre groupes de situations : les litiges entre commerçants,
litiges relatifs aux actes de commerce entre toutes personnes, litiges entre associés d’une
société de commerce, litiges provoqués par les entreprises en difficultés. Les TC sont
composés d’un Président et des juges consulaires. Le Président est un magistrat
professionnel, quant aux juges consulaires et suppléants, ce sont des commerçants élus par
leurs pairs. Ils ne sont pas rémunérés.

 Les Tribunaux de travail


Les Tribunaux du travail connaissent des différends individuels pouvant s’élever à l’occasion
du travail entre les travailleurs et leurs employeurs. Ces tribunaux ont qualité pour se
prononcer sur tous les différends individuels relatifs aux conventions collectives ou aux
décrets en tenant lieu et au contrat d’apprentissage. Leur compétence s’étend également : aux
différends nés entre les travailleurs ou employeurs à l’occasion du travail ; aux litiges relatifs
à l’application des dispositions du Code de prévoyance sociale (Art. L 192 de la loi N° 92-20-
du 23 septembre 1992 portant code de travail au Mali.
Est travailleur celui qui met son activité professionnelle, moyennant rémunération, sous la
direction et l’autorité d’une autre personne, appelée employeur (Art. 1 al. De la loi précitée).
Le Tribunal de travail est composé d’un magistrat, président, d’un assesseur employeur et
d’un assesseur travailleur et d’un greffier.

 Les juridictions pour mineurs


Les juridictions pour mineurs sont instituées par la loi N° 01-081/AN - RM du 24 Août 2001
portant minorité pénale et institution de juridictions pour mineurs au Mali. L’article 1 er de
cette loi fixe la majorité pénale à dix-huit (18) ans. Avant 18 ans, une personne est considérée
comme mineur en droit pénal malien et donc justiciable devant juridictions pour mineurs.

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La majorité civile, sociale et commerciale était de vingt un (21) ans, mais elle a été ramenée
aussi à 18 ans. Les contrats passés par les personnes âgées de moins de moins de dix huit
(18) ans sont régis par la théorie des incapacités et les contestations qui en résultent sont
jugées par des juridictions autres que celles des mineurs.
Le juge des enfants et le tribunal pour enfants sont les juridictions pour mineurs du premier
degré.
Le juge des enfants exerce en réalité les fonctions de juge d’instruction (Voir classification
des juridictions d’instruction).
Au siège de chaque TPI et de chaque JPCE est institué un tribunal pour enfants. Seul tribunal
pour enfant du District de Bamako est doté d’un siège et d’un personnel propres. Le tribunal
pour enfants est compètent pour juger uniquement les délit et contraventions concernant les
mineurs. Sa compétence s’étend sur le ressort du TPI ou de la JPCE qui l’abrite. Celui de
Bamako couvre l’ensemble du District.

 Les juridictions militaires du 1er degré


Les juridictions militaires sont prévues par l’article 1 er de la loi N° 95-042/ AN-RM du 20
Avril 1995 portant code de justice militaire au Mali. Cette loi prévoit un tribunal militaire
permanents à Bamako, un à Kayes et un à Mopti, avec comme siège et ressort ceux des cours
d’appel respectives et des tribunaux non permanents partout ou besoin sera.
L’article 16 du Code de justice militaire détermine la compétence des juridictions militaires.
Ainsi, ces juridictions sont compétentes, tant en temps de paix qu’en temps de guerre, pour
instruire et juge les infractions de droit commun commises par les militaires dans le service,
les casernes, quartiers, dépôts etc. Elles sont également compétentes en toutes périodes pour
instruire et juger les infractions spécifiquement militaires qui sont entre autre, la désertion,
l’insoumission, les mutilations volontaires, le pillage, la trahison et le complot militaire,
outrage au drapeau ou à l’armée.

II.- Les juridictions du second degré de l’ordre judiciaire

La cour d’appel constitue avec ses différentes chambres la juridiction du second degré de l’ordre
judiciaire. C’est la juridiction d’appel. La juridiction du second degré ou encore appelée la cour
d’appel a pour rôle essentiel de statuer une seconde fois les affaires jugées par les
juridictions de 1er degré. Toute personne qui a perdu son procès en 1ère instance peut donc
sous certaines conditions demander à la cour d’appel le réexamen de son litige. L’appel est

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une voie de recours qui consiste à ce que la partie non satisfaite d’un jugement, saisisse une
juridiction du second degré afin que l’affaire soit jugée à nouveau. La partie perdante peut
donc interjeter appel.
Le Mali compte trois cours d’appel, celui de Bamako, Kayes et Mopti. La Cour d’appel est
composée de : 1 premier président ; 1 procureur général ; 1 greffier en chef. Elle comporte
en outre au moins : 8 conseillers ; 1 avocat général ; 1 substitut général ; des greffiers.
Les différentes chambres de la cour d’appel sont :
La chambre civile est compétente pour statuer sur les appels frappant les jugements rendus
en premier ressort en matière civile et coutumière ; la chambre commerciale, elle, est
compétente pour statuer sur les appels frappant les jugements rendus en premier ressort en
matière commerciale ; la chambre sociale, elle est compétente pour statuer sur les appels
frappant les jugements rendus en premier ressort en matière sociale (contentieux du travail) ;
la chambre des appels correctionnels statue sur les appels faits contre les jugements rendus
en premier ressort en matière correctionnelle (délit) et de simple police (contravention) ; la
chambre spéciale pour mineurs est chargée de juger en appel les affaires correctionnelles et
de simple police concernant les mineurs, et la chambre d’accusation, elle, est la juridiction
d’instruction du second degré.

III La juridiction suprême de l’ordre judiciaire : la section judiciaire de la cour suprême


(Voir paragraphe suivant qui traite les juridictions à valeur d’institution).

Paragraphe 2 : Les juridictions de l’ordre administratif

Les juridictions de l’ordre administratif tranchent les litiges qui opposent un citoyen à l’Etat,
à une collectivité territoriale ou à un organisme chargé d’une mission de service public. Les
tribunaux administratifs et la section administrative de la cour suprême constituent les
juridictions de l’ordre administratif. A cette liste, il y a lieu d’ajouter les Cours
Administratives d’Appel (CAA) qui ont été créées par la loi n° 11 – 038 AN – RM du 15 juillet
2011 portant création des juridictions. Mais cette loi bien qu’étant en vigueur n’est pas
effective pour le moment. En attendant son effectivité, le règlement du contentieux
administratif est assuré par les Tribunaux administratifs et la Section administrative de la
Cour Suprême.
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1°) Les tribunaux administratifs

Les Tribunaux administratifs sont crées par la loi N°88-039 du 18 février 1988 mais leur
règles d’organisation et de fonctionnement proviennent de la loi N°94-006 du 18- 03-1994,
modifiée par la loi N°95-057 du 03 -08 -1995. Il existe trois tribunaux administratifs au Mali,
celui de Bamako, de Kayes de Mopti, avec comme siège et ressort, ceux des Cours judiciaires
d’appel de ces localités.
Le Tribunal Administratif est compétent pour statuer en premier ressort sur :
 les recours en annulation pour excès de pouvoir dirigé contre les décisions
administratives ;
 les recours en interprétation et en appréciation de légalité des décisions administratives ;
 les recours en décharge en réduction en matière fiscale par les contribuables, dans les
conditions fixées par le régime financier ;
 les recours relatifs aux élections des assemblées de collectivités territoriales ;
 les litiges d’ordre administratif relevés à l’occasion d’un acte passé au nom du
gouvernement ou de ceux nés de l’exécution d’un service public dépendant du
gouvernement ou des collectivités publiques.
Le Tribunal Administratif est composé d’un président magistrat, d’un ou de plusieurs juges
administratifs, d’un ou de plusieurs commissaires du gouvernement, tous magistrats de
l’ordre administratif, d’un greffier en chef, de plusieurs greffiers ou secrétaires de greffe.

2°) La juridiction suprême de l’ordre administratif : la section administrative de la Cour


suprême (Voir paragraphe suivant qui traite les juridictions à valeur d’institution).

Paragraphe 3 : Les juridictions à valeur d’institution

Les juridictions à valeur d’institution sont : la cour suprême, la cour constitutionnelle, la


haute cour de justice.

1°) La Cour Suprême

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La Cour Suprême a pour mission de veiller au respect de la règle de droit par les
juridictions inférieures en se prononçant sur les pourvois dirigés contre les arrêts rendus
par les cours d'appel, et plus exceptionnellement contre les jugements des tribunaux rendus
en dernier ressort. La Cour Suprême peut aussi être saisie « pour avis » indépendamment de
tout pourvoi. Elle ne constitue pas un troisième degré de juridiction, car elle est juge de
droit et non de fait. Lorsqu'elle est saisie d'un pourvoi, la cour suprême n'a le choix qu'entre
deux solutions : - si elle estime que le juge dont la décision est attaquée a correctement
appliqué la règle de droit dans ce cas, elle rejette le pourvoi et la décision attaquée devient
irrévocable ; - si elle estime au contraire que la décision attaquée est entachée d'une
violation de la loi, et dans ce cas, il lui appartient alors de «casser» la décision c'est-à-dire,
de l'anéantir totalement ou partiellement. La Cour Suprême peut aussi être « saisie pour
avis » c'est la possibilité donnée aux juges de fond lorsqu'ils éprouvent des hésitations sur
l'interprétation d'un nouveau texte, de saisir directement la cour suprême pour qu'elle donne
un avis.
La Cour Suprême comprend un Président, un vice-président, trois présidents de section, 37
conseillers dont deux Commissaires du Gouvernement, un Procureur Général, trois avocats
généraux, un Greffier en chef, des greffiers.
Le Président et le Vice-président de la Cour Suprême sont nommés parmi les magistrats de
l’ordre judiciaire, par décret du Président de la République sur proposition conforme du
Conseil Supérieur de la Magistrature. Tandis que le Procureur Général, les Présidents de
Section, les Conseillers, les Commissaires du Gouvernement et avocats Généraux sont
nommés par décret pris en Conseil de Ministres. Les membres de la Cour Suprême sont
nommés pour un mandat de cinq ans renouvelable.

La Cour Suprême comprend trois sections : la section judiciaire, la section administrative et


la section des comptes.

 La section judiciaire, juridiction suprême de l’ordre judiciaire

La section judiciaire comprend un Président de Section et quinze conseillers. Elle se divise en


cinq chambres : deux Chambres civiles ; une Chambre criminelle ; une Chambre sociale ;
une Chambre commerciale. Elle peut statuer en assemblée plénière composée des
représentants des 5 chambres. La section judiciaire de la cour suprême est juge suprême de

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toutes les décisions rendues en matière civile, commerciale, sociale et criminelle par les
juridictions de la République. Cette section contrôle la légalité des décisions contre lesquelles
il n’existe pas d’autres voies de recours ordinaires. Elle se prononce également sur :
 les demandes de renvoi d’une juridiction à une autre pour cause de suspicion légitime
ou de sûreté publique,
 les règlements de juges,
 les demandes de prise à partie,
 les contrariétés de jugements ou d’arrêts.

 La section administrative, juridiction suprême de l’ordre administratif

La section administrative comprend un Président de Section et dix Conseillers dont deux


Commissaires du Gouvernement et se divise en une Chambre contentieuse et une Chambre
consultative. La Section administrative est compétente pour juger en appel les décisions
rendues en premier ressort par les tribunaux administratifs et sur le contentieux des élections
des membres des assemblées des collectivités territoriales. Elle connaît en premier et dernier
ressort des recours pour excès de pouvoir contre les décisions administratives.

 La section des comptes

La section des compte comprend un Président et quatorze conseillers et compte trois


chambres : une Chambre de jugement des comptes ; une Chambre de vérification des comptes
et de contrôle des services personnalisés ; une Chambre de discipline budgétaire.
La Section des comptes est compétente pour :
 Vérifier les comptes des comptables de deniers publics,
 vérifier la gestion financière des agents de l’ordre administratif chargé de l’exécution
du budget national et autres budgets assujettis aux mêmes règles,
 contrôler les comptes de matière des comptables publics de matières,
 examiner la gestion financière et comptable des organismes publics dotés de la
personnalité civile et de l’autonomie financière,
 exercer tout contrôle, de sa propre initiative, soit à la demande du Président de la
République, du Premier Ministre ou du Président de l’Assemblée Nationale.

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2°) La Cour Constitutionnelle

La loi N° 97-010/AN-RM du 11 février 1997 détermine les règles d’organisation et de


fonctionnement de la Cour Constitutionnelle. Elle comprend neuf membres :
 trois nommés par le Président de la République dont au moins deux juristes,
 trois nommés par le Président de l’Assemblée Nationale dont au moins deux juristes,
 trois nommés par le Conseil Supérieur de la Magistrature.
Le Président de la Cour constitutionnelle est élu par ses pairs. La Cour constitutionnelle est
juge de la constitutionnalité des lois et est l’organe régulateur du fonctionnement des
institutions et de l’activité des pouvoirs publics.
Elle statue obligatoirement sur :
 la constitutionnalité des lois organiques avant leur promulgation, (et sur saisine, des
lois ordinaires) ;
 les règlements intérieurs de l’Assemblée Nationale, du haut Conseil des Collectivités
et du Conseil Economique, social et culturel, quant à leur conformité à la constitution
et avant leur mise en application ;
 Les conflits d’attribution entre les institutions de la République du Mali ;
 La régularité des élections présidentielles, législatives et des opérations référendaires,
dont elle proclame les résultats.

3°) La Haute Cour de Justice

C’est une juridiction plus politique que juridictionnelle. Elle est composée de députés à
l’Assemblée Nationale désignés à chaque renouvellement général de cette institution. Les
membres désignés élisent en leur sein, un Président. La Haute Cour de Justice est compétente
pour juger le Président de la République et les Ministres mis en accusation devant elle par
l’Assemblée Nationale pour haute trahison ou pour des crimes et délits commis dans

16
l’exercice de leurs fonctions ainsi que leurs complices en cas de complot contre la sûreté de
l’Etat.

Section 2 : Les juridictions internationales

Le Mali est membre de plusieurs juridictions internationales. Il possible de les classer en des
juridictions communautaires, régionales et internationales (onusiennes). Nous prenons
l’exemple sur quelques unes notamment : les juridictions de l’UEMOA ; la Cour commune de
justice et d’arbitrage ; la Cour de justice de la CEDEAO ; la Cour africaine des droits de
l’homme et la Cour pénale internationale.

1°) Les juridictions de l’UEMOA

Il y a lieu de retenir la Cour de justice et la Cour des comptes de l’UEMOA


La Cour de justice de l’UEMOA

La Cour de justice de l’UEMOA est créée par l’article 38 du Traité de l’UEMOA. Elle est
régie par le Protocole additionnel n° 1 relatif aux organes de contrôle de l’UMOA et par le
Règlement du 05 juillet 1996 portant procédures devant la Cour de justice de l’UEMOA. Il
convient de voir la composition de cette Cour, sa compétence, ainsi que ses arrêts.
Composition
La Cour de Justice est composée de membres nommés pour un mandat de six (6) ans,
renouvelable, par la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement. Les membres de la
Cour de Justice sont choisis parmi des personnalités offrant toutes les garanties
d'indépendance et de compétence juridique, nécessaires à l'exercice des plus hautes fonctions
juridictionnelles. Les membres de la Cour désignent en leur sein pour trois (3) ans le
Président de la Cour de Justice. Ils répartissent entre eux les fonctions de juges et d'avocats
généraux. La Cour de Justice se réunit en tant que de besoin sur convocation de son
Président. Elle siège en séance plénière. Ses audiences sont publiques.
La Cour de Justice nomme un greffier. Le statut de celui-ci est déterminé conformément aux
dispositions de l'article 21 du Protocole additionnel n° 1.
Compétence de la cour

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La Cour de Justice assure le respect du droit relativement à l'interprétation et l'application
du Traité. Aux termes de l’article 15 du Règlement du 05 juillet 1996 portant procédures de la
Cour de justice, la Cour est compétente pour connaître :
 du recours en manquement ;
 du recours en appréciation de légalité ;
 du plein contentieux de la concurrence ;
 du recours du personnel de l'Union ;
 du recours en responsabilité ;
 du recours préjudiciel ;
 des avis, des recommandations ;
 des clauses d'arbitrage

Les arrêts de la cour Les recours formés devant la Cour de Justice n'ont pas d'effet suspensif.
Toutefois, la Cour de Justice peut ordonner le sursis à exécution des actes contestés devant
elle. Dans les affaires dont elle est saisie, la Cour de Justice peut prescrire les mesures
conservatoires nécessaires. L'arrêt est rendu en audience publique, les parties dûment
convoquées. L'arrêt a force obligatoire à compter du jour de son prononcé.
L'arrêt rendu par défaut est susceptible d'opposition. L’arrêt de la Cour de justice peut
également être attaqué par les voies de recours extraordinaires :
- La tierce opposition ;
- Le recours en révision ;
- Le recours en interprétation.

La Cour des comptes de l’UEMOA


La Cour des Comptes, instituée par l’article 38 du Traité de l’Union est un organe de
contrôle juridictionnel, au même titre que la Cour de Justice de l’UEMOA. Les missions de la
Cour des Comptes de l’UEMOA sont essentiellement au nombre de trois :
 le contrôle des comptes des Organes de l’UEMOA ;
 le contrôle des comptes du Conseil Régional de l’Épargne Publique et des Marchés
Financiers ;
 le contrôle des comptes des États membres, mais seulement à la demande et
l’évaluation des systèmes de contrôle des comptes et des résultats des contrôles des
comptes des États membres.

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La Cour des Comptes de l’UEMOA est composée de trois membres, appelés Conseillers, qui
sont nommés par la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement. Le mandat des
Conseillers est de six ans, renouvelable une fois.

2°) La Cour commune de justice et d’arbitrage

La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA) de l’OHADA a été créée par le Traité de
Port Louis du 17 octobre 1993 entré en vigueur en 1995. La Cour de Justice et d'arbitrage de
l'OHADA est une juridiction communautaire dont la mission est déterminée par l'article 14
du Traité. Elle siège à Abidjan (Côte d'Ivoire).
Composition
Le Traité prévoit la nomination de 7 juges ressortissants des Etats membres qui exercent en
toute indépendance leurs fonctions au sein de la CCJA pour un mandat de 7 ans renouvelable
une fois. Les juges sont élus, aux termes de l’article 31 du Traité, parmi les ressortissants des
Etats parties, dans les fonctions et sous les conditions suivantes : les magistrats ayant acquis
une expérience judiciaire d’au moins quinze années et exercé de hautes fonctions
juridictionnelles ; les avocats inscrits au barreau de l’un des Etats parties, ayant au moins
quinze années d’expérience professionnelle ; les professeurs de droit ayant au moins quinze
années d’expérience professionnelle.
La Cour élit son Président pour une durée de trois ans et six mois, sans que cette durée puisse
excéder celle du mandat de l'intéressé en tant que membre de la Cour. Le Président dirige les
travaux et contrôle les services de la Cour. Il en préside les séances. Il représente la Cour et
exerce toute autre mission qui lui est confiée par celle-ci. La Cour siège en formation
plénière. Elle peut toutefois constituer des Chambres de trois ou cinq juges. La Cour
comporte en outre un service de greffe, dirigé par le Greffier en chef de la Cour, nommé pour
une période de sept ans renouvelable une fois.
Les pouvoirs de la CCJA
La CCJA donne un avis préalable à l'adoption des Actes Uniformes et tranche des différends
entre les Etats quant à l'interprétation ou l'application du Traité. En outre, la CCJA est
compétente pour toutes les questions relatives à l'application des Actes Uniformes, à
l'exception des décisions appliquant des sanctions pénales.
La CCJA bénéficie d’un transfert de compétences anciennement dévolues aux juridictions de
cassation nationales, et contribue indéniablement à assurer une interprétation commune par
les juges du fond de l’espace OHADA d’un même droit substantiel communautaire.

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La Cour de Justice et d'arbitrage est une Cour de cassation, se prononçant sur les décisions
rendues par les juridictions d'appel des Etats ou sur les décisions non susceptibles d'appel,
avec la particularité de statuer au fond sans renvoi devant une autre juridiction.
Les arrêts de la CCJA
L'arrêt est rendu en audience publique, les Parties dûment convoquées. La minute de l'arrêt
est signée par le Président et le Greffier en chef. Elle est scellée et déposée au Greffe. L 'arrêt
a force obligatoire à compter du jour de son prononcé.
L'exécution forcée des arrêts de la Cour est régie par les règles de la procédure civile en
vigueur dans l'Etat sur le territoire duquel elle a lieu. L'exécution forcée ne peut être
suspendue qu'en vertu d'une décision de la Cour. Toute demande tendant à surseoir à
l'exécution forcée d'une décision de la Cour est présentée dans les conditions prévues aux
articles 23 et 27 du Règlement de la CCJA.
Les arrêts de la CCJA peuvent faire l’objet de voies des recours extraordinaires que sont la
tierce opposition, le recours en interprétation ainsi que le recours en révision. Ces différents
recours sont exercés conformément aux dispositions des articles 47 à 50 du Règlement de la
CCJA.

3°) La Cour de justice de la CEDEAO

La Cour a pour mission d’assurer le respect du droit, des principes d’équité et des droits de
l’homme dans l’espace communautaire. Elle est le principal organe judiciaire de la
communauté et a plusieurs compétences. Dans l’exercice de ses fonctions, la Cour de Justice
est indépendante des Etats membres et des autres Institutions de la Communauté CEDEAO.
Composition
• La Cour est composée de 7 juges devant être des ressortissants de la communauté.
• Ils sont désignés par la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement à partir d’une liste
comptant deux juges proposés par chaque État-membre.
• Les premiers juges de la Cour ont été nommés le 30 janvier 2001.
• Les membres de la Cour sont nommés pour une période cinq (5) ans.
• Leur mandat ne peut être renouvelé qu’une seule fois pour une autre période de cinq (5) ans
seulement.
• Toutefois, pour les membres de la Cour nommes pour la première fois, le mandat de trois
(3) membres expire au bout de trois (3) ans et celui des quatre (4) autres membres au bout de
cinq

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(5) ans.
Attributions
La Cour est compétente dans plusieurs domaines.
Elle est d’abord l’organe de contrôle et de sanction de l’application et de l’interprétation de
la législation communautaire. La Cour a compétence sur tous les différends qui lui sont
soumis et qui ont pour objet :
- l’interprétation et l’application du Traite, des Conventions et Protocoles de la
Communauté ;
- l’interprétation et l’application des règlements, des directives décisions et de tous autres
instruments juridiques subsidiaires adoptés dans le cadre de la CEDEAO ;
- l’appréciation de légalité des règlements, des directives, des décisions et de tous autres
instruments juridiques subsidiaires adoptés dans le cadre de la CEDEAO ;
- l’examen des manquements des Etats membres aux obligations qui leur incombent en vertu
du Traite, des Conventions et Protocoles des Règlements des décisions et des directives ;
- l’application des dispositions du Traite, Conventions et Protocoles, des règlements, des
directives ou des décisions de la CEDEAO ;
La Cour est aussi Arbitre des conflits entre les Etats membres ou entre la communauté et ses
agents. La Cour a compétence sur tous les différends qui lui sont soumis et qui ont pour objet
- l’examen des litiges entre la Communauté et ses agents ;
- les actions en réparation des dommages causés par une institution de la Communauté ou un
agent de celle-ci pour tout acte commis ou toute omission dans l’exercice de ses fonctions.
La Cour est également compétente pour juger de la responsabilité des institutions de la
Communauté et de ses agents. A ce sujet :
- elle est compétente pour déclarer engagée la responsabilité non contractuelle et condamner
la Communauté à la réparation du préjudice causé, soit par des agissements matériels, soit
par des actes normatifs des Institutions de la Communauté ou de ses agents dans l’exercice
ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions.
L’action en responsabilité contre la Communauté ou celle de la Communauté contre des tiers
ou ses agents se prescrivent par trois (3) ans à compter de la réalisation des dommages.
La Cour de justice de la CEDEAO est depuis 2001 compétente en matière des droits de
l’Homme. En effet, elle est compétente pour connaître des cas de violation des droits de
l’Homme dans tout Etat membre. Depuis 2005, les citoyens de la communauté ont un droit de
saisine directe. Ils peuvent porter plainte pour violation de leurs droits humains survenue
dans n’importe quel Etat membre. La jurisprudence de la Cour les dispense d’attendre

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l’épuisement des voies de recours internes. Les décisions de la Cour sont définitives et sans
appel. Elles s’imposent à toutes les parties en cause.
La Cour de la CEDEAO remplit également des attributions subsidiaires. Ainsi, en attendant
la mise en place du Tribunal Arbitral, prévu par l’Article 16 du Traité révisé, la Cour de
justice de la CEDEAO remplit également des fonctions d’arbitre. Enfin, la Conférence des
Chefs d’Etat et de Gouvernement a le pouvoir de saisir la Cour pour connaître des litiges
autres que ceux visés ci-haut.
Procédure et arrêts de la Cour
- la saisine de la Cour
Conformément aux dispositions du nouvel article 10 du Protocole révisé,
« Peuvent saisir la Cour :
a) tout Etat membre et, à moins que le Protocole n'en dispose autrement, le Secrétaire
Exécutif pour les recours en manquement aux obligations des Etats membres;
b) tout Etat membre, le Conseil des Ministres et le Secrétaire Exécutif pour les recours en
appréciation de la légalité d'une action par rapport aux textes de la Communauté;
c) toute personne physique ou morale pour les recours en appréciation de la légalité contre
tout acte de la Communauté lui faisant grief;
d) toute personne victime de violations des droits de l'homme; la demande soumise à cet effet
i) ne sera pas anonyme;
ii) ne sera pas portée devant la Cour de Justice de la Communauté lorsqu'elle a déjà été
portée devant une autre Cour internationale compétente;
e) tout membre du personnel des institutions de la Communauté après épuisement sans succès
des recours prévus par le statut et le Règlement du personnel de la Communauté ;
f) les juridictions nationales ou les parties concernées, lorsque la Cour doit statuer à titre
préjudiciel sur l'interprétation du Traité, des Protocoles et Règlements; les juridictions
nationales peuvent décider elles-mêmes, ou à la demande d’une dés parties au différend, de
porter la question devant la Cour de Justice de la Communauté pour interprétation".
- Les arrêts de la Cour
Les arrêts de la Cour de Justice ont force obligatoire à l’égard des Etats Membres, des
Institutions de la Communauté, et des personnes physiques et morales.
Les Etats membres et les institutions de la communauté doivent prendre immédiatement toutes
les mesures nécessaires à l’exécution des décisions de la Cour.

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4°) La Cour africaine des droits de l’homme

La Cour africaine des droits de homme et des peuples est une cour régionale créée par les
Etats africains afin d’assurer la protection des droits de l'homme et des peuples, des libertés
et des devoirs en Afrique. Elle complète et renforce les fonctions de la Commission africaine
des droits de l’homme et des peuples. Le Protocole créant la Cour Africaine a été adoptée à
Ouagadougou, Burkina Faso, le 9 juin 1998 et est entré en vigueur le 25 janvier 2004. Ses
décisions ne sont susceptibles d’aucun recours et s’imposent aux Etats parties au Protocole.
La Cour est composée de 11 juges élus par l’Assemblée des chefs d’Etat et de gouvernement
de l’Union Africaine. Les juges sont élus en leur qualité personnelle cependant deux juges de
la même nationalité ne peuvent être membres de la Cour. Il est également accordé une
considération due au genre et à la représentation géographique. Les juges sont élus pour un
mandat de six ans renouvelable une fois. Seul le président de la Cour exerce ses fonctions à
temps plein. Les 10 autres juges travaillent à temps partiel. Les premiers juges de la Cour ont
prêté serment le 1er juillet 2006. Le siège de la Cour est à Arusha en Tanzanie.
Compétence de la Cour africaine
La compétence de la Cour s’étend seulement aux Etats ayant ratifié le Protocole relatif à la
Cour. La Cour peut examiner des affaires et contentieux relatifs à l’interprétation et
l’application de la Charte africaine, du Protocole relatif à la Cour et de tout autre instrument
des droits de l’homme ratifié par l’Etat concerné. La Cour peut également rendre des avis
juridiques sur toute question de sa compétence. Un avis juridique de la Cour peut être requis
par l’UA, les organes de l’UA et toute organisation africaine reconnue par l’UA. La Cour est
également compétente pour promouvoir le règlement à l’amiable des affaires pendantes
devant elle. Elle peut aussi interpréter ses propres arrêts.
Conditions de recevabilité des plaintes portées devant la Cour africaine
En ce qui concerne les plaintes introduites par les ONG et les individus, les articles 6 et 34(6)
du Protocole créant la Cour prévoient les critères de recevabilités ci-après : en sus des sept
conditions de recevabilité édictées à l’article 56 de la Charte africaine, les affaires portées
directement devant la Cour par les individus et les ONG ne sont recevables que lorsque l’Etat
contre lequel la plainte est introduite a fait une déclaration aux termes de l’article 5(3) du
Protocole créant la Cour acceptant la compétence de la Cour pour recevoir de telles plaintes.

6°) La Cour pénale internationale

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La Cour pénale internationale (« la CPI » ou « la Cour ») est une cour internationale
permanente, qui a été créée en vue d’ouvrir des enquêtes, de poursuivre et de juger des
personnes accusées d’avoir commis les crimes les plus graves touchant l’ensemble de la
communauté internationale, à savoir le crime de génocide, les crimes contre l’humanité, les
crimes de guerre et le crime d’agression. Elle est créée par le Statut de Rome du 17 juillet
1998, en vigueur le 1er juillet 2002.
Structure de la Cour
La Cour pénale internationale se compose de quatre organes : la Présidence, les Chambres,
le
Bureau du Procureur et le Greffe. Chaque organe a un rôle et un mandat différents.
- Fonction de la Présidence
La Présidence se compose de trois juges élus (le Président et deux vice-présidents), à la
majorité absolue des 18 juges de la Cour, pour un mandat d’une durée de trois ans,
renouvelable une fois.
La Présidence est chargée de l’administration de la Cour, à l’exception du Bureau du
Procureur. Elle représente la Cour vis-à-vis de l’extérieur et participe à l’organisation du
travail des juges. La Présidence assume également d’autres tâches, et veille notamment à ce
que les peines décidées à l’encontre des personnes reconnues coupables par la Cour soient
exécutées.
- Fonctions des Chambres
Les 18 juges, et parmi eux les trois juges de la Présidence, sont répartis entre les trois
sections judiciaires de la Cour : la Section préliminaire (composée de six juges au moins), la
Section de première instance (composée de six juges au moins) et la Section des appels
(composée de cinq juges). Ils sont affectés à des Chambres : les Chambres préliminaires
(composées soit de un juge soit de trois juges chacune), les Chambres de première instance
(composée de trois juges chacune) et la Chambre d’appel (composée des cinq juges de la
section).
Les juges sont élus par l’Assemblée des Etats parties sur la base de leur compétence reconnue
en droit pénal et en procédure pénale ou dans des domaines pertinents du droit international,
tels que le droit international humanitaire et les droits de l’homme. Ils doivent avoir une
connaissance approfondie de certaines questions spécifiques, comme les violences exercées
contre les femmes ou les enfants.
B. Crimes relevant de la compétence de la Cour

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La Cour a pour mandat de juger des personnes, et non pas des États, et d’obliger ces
personnes à rendre des comptes pour les crimes les plus graves touchant l’ensemble de la
communauté internationale, à savoir le crime de génocide, les crimes de guerre, les crimes
contre l’humanité et le crime d’agression, une fois les conditions pour l’exercice de la
compétence de la Cour à l’égard de ce dernier seront remplies.
Selon la définition qu’en donne le Statut de Rome, on entend par génocide les actes listés ci-
dessous lorsqu’ils sont commis dans l’intention de détruire, en tout ou partie, un groupe
national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :
• meurtre de membres du groupe ;
• atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
• soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa
destruction physique totale ou partielle ;
• mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
• transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.
Les crimes contre l’humanité, crimes de guerre, le crime d’agression,
Tout État partie au Statut de Rome peut demander au Procureur d’ouvrir une enquête. Un
État qui n’est pas partie au Statut peut aussi accepter la compétence de la Cour pour des
crimes commis sur son territoire ou par l’un de ses ressortissants et demander au Procureur
de mener une enquête. Le Conseil de sécurité des Nations Unies peut également renvoyer une
situation devant la Cour.
Le suspect est présumé innocent. Il est présent dans la salle d’audience lors des débats et il a
le droit à ce que sa cause soit entendue publiquement, équitablement et de façon impartiale. A
cette fin, une série de garanties sont prévues dans les documents juridiques de la Cour. Pour
n’en citer que quelques unes :
• Être défendu par le conseil (avocat) qu’il a désigné, présenter ses propres éléments de
preuve, citer les témoins de son choix et s’exprimer dans une langue qu’il comprend et parle
parfaitement ;
• Être informé en détail des charges qui pèsent contre lui dans une langue qu’il comprend et
parle parfaitement ;
• Disposer du temps et des facilités nécessaires à la préparation de sa défense et
communiquer librement et confidentiellement avec son conseil ;
• Être jugé sans retard excessif ;

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• Ne pas être forcé de témoigner contre lui-même ou de s’avouer coupable, et pouvoir garder
le silence, sans que ce silence soit pris en considération pour déterminer sa culpabilité ou son
innocence ;
• Obtenir que le Procureur communique à la Défense les éléments de preuve en sa possession
ou à sa disposition dont il estime qu’ils disculpent l’accusé ou tendent à le disculper ou à
atténuer sa culpabilité, ou sont de nature à entamer la crédibilité des éléments de preuve à
charge.

2ème Partie : Le personnel judiciaire et les


auxiliaires de justice

CHAPITRE 1 : LES MAGISTRATS ET JUGES.


Le juge (du latin « Judicem ») est celui qui dit le droit, c'est à dire, celui qui est appelé à
rendre les jugements. Le magistrat (du latin «magister») désigne celui qui dispose d’un
pouvoir qui n'est pas forcement celui de juger. Il y a en réalité deux catégories de magistrat :
ceux qui jugent (magistrats du siège) et ceux dont le rôle est non point de juger mais de
porter la parole au nom du ministère public (magistrat du parquet).
Le mot «magistrat» permet de désigner les uns et les autres. Aussi bien les magistrats du
siège que ceux du parquet font partie d'un même corps appelé la «magistrature». Le mot
magistrat symbolise donc mieux l'appartenance à ce corps que forme l’ordre juridictionnel.

RECRUTEMENT ET NOMINATION

La voie normale d'accès aux fonctions judiciaires est celle du concours ouvert à des

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candidats qui sortent des grandes écoles et universités et qui en principe feront toute leur
carrière dans la magistrature. A côté de cette filière normale, il en est une autre qui consiste
à intégrer dans le corps de la magistrature judiciaire ou administrative, des personnes plus
âgées ayant déjà exercé des activités professionnelles dans divers secteurs de la vie juridique
et autres (avocats, etc.)
CHAPITRE 2 : LES AUXILIAIRES DE JUSTICE
Les auxiliaires de justice sont des personnes qui, sans être investies de la fonction de juger,
sont appelées à participer à l'administration de la justice en apportant leurs concours aux
juges et aux parties. Parmi les auxiliaires de justice, seuls les greffiers sont sous la
dépendance de l'Etat, les autres étant de simples particuliers. Il existe une multitude de
professions judiciaires. Cependant parmi les auxiliaires de justice on distingue nettement
deux catégories d'une part les avocats, qui exercent une profession libérale et indépendante,
et d'autre part, les officiers ministériels.
SECTION 1 : LES AVOCATS
La loi n° 94-042 du 13 octobre 1994 portant création et organisation de la profession
d'Avocat. L'avocat est un auxiliaire de justice exerçant les fonctions de conseil, de
mandataire et de défenseur des plaideurs. La profession d'avocat, l'une des professions
judiciaires les plus anciennes, remonte à l'époque romaine. A la lumière du droit positif
moderne, nous examinerons successivement les fonctions et le statut de la profession
d'avocat.
Les fonctions de l’avocat
L’avocat exerce une double fonction : une fonction d’assistance et une fonction de
représentation.
FONCTION D’ASSISTANCE
Tout d'abord, l'avocat assiste son client en lui donnant des conseils sur les problèmes de
droit au moyen de consultations écrites ou orales.
Ensuite dans un procès, l'avocat assiste son client de différentes manières. Dès l'instruction, il
peut assister son client dans tous les actes de la procédure (audition de témoin,
interrogatoire, expertise etc.) A l'audience, cette existence prend la forme d'une plaidoirie
dont le monopole appartient aux avocats cependant les parties peuvent toujours se présenter
pour défendre leur propre cause.
FONCTION DE REPRESENTATION
Les avocats peuvent postuler, représenter les parties en toute matière devant les diverses
juridictions. Il faut souligner que la fonction de représentation, comme celle du conseil, n'est

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pas un monopole de l'avocat. En effet les parties elles-mêmes, leurs représentants légaux,
leurs mandataires; dans les limites fixées par la loi, ont le droit de représentation devant les
cours et tribunaux.
Statut de la profession d’avocat
Droits et devoirs: les avocats ont le droit de plaider devant toutes les juridictions, sans
aucune limitation territoriale.
Organisation professionnelle L’accès à la profession d'avocat s'effectue soit par voie de
concours, soit sur titre et est conditionné à la détention du Certificat d'Aptitude à la
profession d'avocat (CAPA) sanctionnant un stage de 2 ans.
L'avocat, pour pouvoir exercer, doit obligatoirement être inscrit au tableau de l'ordre.
Les avocats sont organisés en ordre professionnel appelé ordre des Avocats, doté de la
personnalité morale et de l'autonomie financière. Cet ordre est organisé en un Barreau
unique institué auprès de la Cour Suprême et des Cours d'Appel et administré par le Conseil
de l'ordre, lui même présidé par le Bâtonnier de l'Ordre.

SECTION 2 : LES OFFICIERS MINISTERIELS


Ce terme général désigne les personnes qui sont titulaires d'un office acquis avec l'agrément
du Gouvernement et qui exercent certaines fonctions à titre de monopole. Il s'agit par
exemple des huissiers de justice, des notaires, des commissaires priseurs. Nous examinerons
successivement les fonctions et les statuts de ces différents officiers ministériels.

1. LES HUISSIERS DE JUSTICE


ATTRIBUTIONS : Les huissiers de justice exercent de nombreuses attributions, dont
certaines à titre de monopole.
A titre de monopole, les huissiers de justice sont chargés de signifier les actes de procédure,
de procéder à l'exécution forcée des titres exécutoires et, notamment aux opérations de
saisie. En outre certains d'entre eux «les huissiers audienciers» sont chargés d'assurer le
service intérieur du tribunal.
A ce niveau, ils sont tenus de prêter leur ministère lorsqu'ils en sont requis.
En dehors de tout monopole, les huissiers de justice peuvent procéder aux recouvrements de
créances (de façon amiable ou par voie d'injonction de payer), ainsi qu'à la prisée et aux
ventes publiques de meubles et effets mobiliers corporels (dans les lieux où il n'est pas établi
de commissaires priseurs. En outre, ils peuvent procéder à des constats pouvant servir de

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preuve devant les tribunaux.

STATUT PARTICULIER DES HUISSIERS


Droits et devoirs: Les huissiers de justice tiennent de leur fonction le droit de requérir
l'assistance de la force publique et sont protégés par les lois et règlements dans
l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de leur profession. Ils ont également droit aux
émoluments fixés par les textes â leur intention.
Organisation professionnelle :
L'admission au stage à la charge d'huissier s'effectue par voie de concours Seuls sont
nommés huissiers, les titulaires du certificat d'aptitude â la profession d'huissier ou d'un titre
reconnu équivalent par la chambre des huissiers.
La profession d'huissier de justice est organisée en une Chambre Nationale et une chambre
régionale dans le ressort des Cours d'Appel. Ces différentes Chambres sont des
établissements d'utilité publique.

2. LES NOTAIRES
Le statut des notaires est réglementé par la loi n° 96-023 du 21 février 1996.
Définition: Les notaires sont des officiers publics institués à vie pour assurer un service
public de la preuve. L'office notarial a un caractère patrimonial.
ATTRIBUTIONS
L'une des fonctions essentielles du notaire est de recevoir ou dresser tous les actes et contrats
auxquels les parties doivent ou veulent donner le caractère d'authenticité attaché aux actes
de l'autorité publique et pour en assurer la date, en conserver le dépôt, en délivrer des
grosses, expéditions et extraits. Signalons que les actes notariés ont une force authentique et
une force exécutoire et font foi jusqu'à inscription en faux.
Mais à cette fonction s'ajoute une autre, non moins importante, celle de conseil. Le notaire
donne des consultations à ses clients et les éclaire sur les divers aspects des différents actes
et sur plusieurs questions juridiques.

STATUT PARTICULIER DES NOTAIRES


Les notaires doivent prêter leur ministère lorsqu'ils en sont
régulièrement requis. Les notaires titulaires exercent leurs fonctions
sur toute l'étendue du territoire de la République (excepté le greffier
notaire) ; mais ils Sont tenus de résider dans le lien fixé par le décret de

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nomination. Tout notaire doit dans les trois mois de sa nomination, prêter serment devant la
Cour d'Appel. En outre il est tenu de déposer ses signatures et paraphes après serment au
greffe de résidence et partout où besoin sera.
L'accès à la profession de notaire exige des candidats un stage, l'admission auquel s'effectue
soit par voie de concours, soit sur titre. Le notaire est nommé par décret pris en conseil de
ministre sur proposition du Ministre chargé de la justice.
L'exercice de la profession de notaire est incompatible avec les fonctions de juge, de
procureur, d'avocat,... ainsi qu'avec toutes fonctions publiques rémunérées. En outre il est
interdit aux notaires, soit par eux mêmes, soit par personnes interposées de se livrer à
certaines activités.
Les notaires peuvent exercer leur activité individuellement ou en association. L'ensemble de
tous les notaires constitue la Chambre des Notaires. Cette dernière est un établissement
public à caractère professionnel doté de la personnalité morale. Elle comporte un bureau élu
par les membres et dirigé par un Président. La Chambre des notaires a diverses attributions
(conciliation des différends d'ordre professionnel, vérification de la comptabilité etc. l. C'est
elle qui, soit d'office, soit sur saisie du ministère chargé de la justice statue en Conseil de
discipline. Par rapport à la discipline, ajoutons que les notaires sont également soumis à la
surveillance du Ministre chargé de la justice.

3. LES COMMISSAIRES PRISEURS


FONCTION : Le commissaire priseur est un officier ministériel dont la fonction consiste à
estimer la valeur (on dit, «la prisée» ; d'où le nom de commissaire priseur) et à procéder à la
vente publique aux enchères des meubles et effets mobiliers corporels dans les conditions
fixées par les lois et règlements.
Dans l'exercice de leurs fonctions, les commissaires priseurs bénéficient d'un monopole,
tout au moins dans l'étude de leur ressort. Ils bénéficient aussi de la protection de la loi
notamment contre les offenses, outrages, menaces ou violences de toute nature dont ils
pourraient faire l'objet dans l'exercice de leurs fonctions.
ORGANISATION DE LA PROFESSION : L'accès à la profession est liée à la détention du
certificat d'Aptitude à la profession de commissaire-priseur, sanctionnant le stage de
commissaire priseur 1'admission auquel s'effectue par voie de concours. D'après l'article 15
de la loi n088-04/AN-RM, le commissaire-priseur est nommé par décret pris en Conseil de
Ministre sur proposition du Ministre chargé de la justice (Actuellement il est question de
simplifier davantage les conditions de cette nomination) .

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L'organisation de la profession de commissaire-priseur est corporative et rappelle celle de la
profession d'huissier.
La discipline et la surveillance des commissaires-priseurs sont assurées, également, par le
Ministre chargé de la justice sans préjudice des attributions du Procureur général près de la
Cour d'Appel.

SECTION 3 : PROFESSION ET ACTIVITES JUDICIAIRES ET DIVERSES : LES


SERVICES DU GREFFE

L'ensemble des services administratifs qui concourent au bon fonctionnement d'une


juridiction forme le «greffe» ou le «secrétariat greffe».

A. ATTRIBUTIONS
Avant tout on pense à la mise en forme matérielle des décisions de justice, à leur
conservation dans les archives. Mais avant cela, les greffiers accomplissent d'autres
opérations ouverture et tenue des dossiers, registres et répertoires etc. En outre le législateur
leur confie d'autres missions extrajudiciaires non négligeables vérification et conservation
des registres de l'état civil, réception de certaines déclarations (renonciation à la succession,
tenue du registre du commerce, etc.)

B. ORGANISATION DES GREFFES

Chaque juridiction comporte un «secrétariat-greffe» placé sous la responsabilité d'un


greffier en Chef. Ce dernier est un fonctionnaire de l'Etat et exerce diverses attributions. Tout
d'abord, il fait partie du tribunal et «il tient la plume de l’audience ». En outre il dirige, gère
et organise les services du secrétariat-greffe. Sous le contrôle du président de la juridiction,
il assure également la gestion financière de la dite juridiction.
Le greffier en chef, dans l'exercice de ses attributions est assisté par des secrétaires-greffiers,
des commis, des sténodactylographes et des agents de bureau qui sont également
fonctionnaires.

3ème Partie : Le procès


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Du latin « processus », le procès est le litige soumis par les parties à une juridiction. Cette
acception confond le procès à la procédure, prise dans son sens technique. La procédure,
issue du mot « procedere », signifie étymologiquement avancer. Elle évoque
l’accomplissement d’une série de formalités permettant d’aboutir à un résultat : une décision
de justice, et, plus techniquement, un ensemble de règles organisant le recours au juge ; ou
encore « l’ensemble des règles qui gouvernent le déroulement du procès ». Cette définition
fait de la procédure un contenu du procès, le contenant. Si le procès engendre la procédure,
en revanche, celle-ci n’implique pas systématiquement le premier. En effet, le litige, objet du
procès, exige l’accomplissement des formalités pour être soumis au juge.
Tout procès comporte trois phases fondamentales : l’action en justice (chapitre 1) ; l’instance
(chapitre 2) et le jugement (chapitre 3).

CHAPITRE I : L’ACTION EN JUSTICE


Toute personne qui s'estime lésée dans ses droits ou dans ses intérêts par le comportement
d'une autre personne publique ou privée peut saisir la juridiction compétente, afin qu'il soit
mis fin à cette situation litigieuse elle dispose, dit-on d'une action en justice.
A. DEFINITION.
la définition la plus courante est qu'elle constitue un pouvoir légal (définit par la loi) grâce
auquel une personne est admise à saisir un organe juridictionnel en vue d'une décision sur le
bien ou mal fondé en droit de sa prétention formulée devant lui. En réalité, l'action en justice
n'est autre qu'un moyen par lequel ces individus saisissent une juridiction, un moyen
d'accéder au juge pour que celui-ci statue sur le bien ou mal fondé, sur l'action initiée. Au
départ de l'action, le demandeur prétend avoir droit ou être lésé •. Après examen de la
situation sur le fond, le juge peut arriver à une conclusion contraire et rejeter la demande
comme étant mal fondée.
B. OBJET
L'action en justice est un droit dont tout citoyen, s'il n'en est pas exclu par les règles de droit,
peut se prévaloir pour présenter une demande au juge en vue de l'obliger à entendre les
parties et à statuer sur le fond de la prétention, sous peine de déni de justice. Ce qui
caractérise donc l'action en justice, c'est le pouvoir de saisir valablement un juge pour
l'obliger à statuer sur le fond même de la prétention.
C. BUT L'action en justice a pour but de saisir une juridiction pour obtenir un
jugement, acte fixant le droit de chacune des parties avec autorité de chose jugée, et

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qui, après épuisement des délais impartis pour l'exercice des voies de recours
deviendra irrévocable.
D. FONDEMENT. L'action en justice a tout d'abord pour fondement de permettre à
l'intéressé de veiller à ce que la règle de droit soit appliquée. Par opposition, on dira que
l'action en justice a un fondement subjectif, ce qui signifie qu'elle doit assurer la protection
des situations juridiques génératrices de droits subjectifs.
E. LES DIFFERENTS TYPES D'ACTION EN JUSTICE.
L'action en justice est une voie de droit générale/ en ce sens que le pouvoir de saisir les
tribunaux n'existe pas seulement dans les cas où la loi a prévu une action spéciale. En fait
l'action en justice existe au profit de toute personne qui s/estime lésée dans ses intérêts.
Devant les juridictions du contentieux privé / les classifications des actions sont fondées sur
la nature ou l'objet du droit subjectif allégué.
10) Selon la nature du droit dont le demandeur se prétend titulaire,
on oppose les actions réelles aux actions personnelles. L'action est
dite réelle lorsqu'elle tend à obtenir la sanction d/un droit réel/ Ex.
l'action par laquelle, le demandeur revendique un droit de
propriété.
L'action est dite personnelle lorsqu'elle a pour objet d’obtenir la reconnaissance d’un droit
personnel, comme par exemple un droit de créance : une action en paiement est une action
personnelle.
2°) Selon l'objet : Si le droit revendiqué porte sur un meuble, l'action exercée sera une action
mobilière. En revanche, si elle porte sur un immeuble, elle sera une action immobilière.
Devant les juridictions répressives, il existe deux types d'actions: l'action publique et l'action
civile. Pour comprendre ce phénomène, il faut avoir à l'esprit qu'une même infraction pénale
peut engendrer 2 sortes de troubles : un trouble social sanctionné par l'application des
dispositions du code pénal, c'est à dire l'application d'une peine au nom de la société tout
entière, à cette fin, le ministère public exercera une action dirigée contre l'auteur du trouble
et ses complices appelées, Action publique: Mais la même infraction peut aussi causer un
dommage à autrui. Ce dernier aura la faculté d'exercer une action en vue de la réparation du
dommage personnel subi appelée action civile.
Ces deux actions sont très différentes à plusieurs points de vue.
a) différence de but: L'action publique vise la réparation du trouble social, du préjudice
causé à la société, tandis que l'action civile vise la réparation du dommage personnel subi
par la victime.

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b) différence de fondement: L'action publique a pour fondement le code pénal et l'action
civile/ le code civil.
c) différence de nature: L'action publique est d/ordre public, le ministère public étant
simplement chargé de la déclencher ne peut se désister ou transiger, alors que l'action civile
vise la restitution du patrimoine de la victime. Donc d'ordre personnel et privé, son titulaire
pouvant y renoncer, se désister transiger, tout ce qui est contraire à l'action publique.
d) différence portant sur les parties à l'action (les personnes) Seul le ministère public peut
avec la victime déclencher l'action publique, alors que l/action civile peut être déclenchée par
la victime, ses ayant droit, l’assureur, le subroge etc. Les défendeurs dans "l'action publique
peuvent être l'auteur et les complices seulement, alors que les défendeurs dans l'action civile
peuvent être les auteurs et leurs complices, les héritiers, l'assureur, les personnes civilement
responsables etc. En même temps ces 2 actions présentent des traits communs.
Les 2 actions peuvent être portées devant le même juge ; si la victime porte son action
devant le juge répressif, il déclenche en même temps l'action publique.
Ce qui a été jugé au pénal a autorité sur l'action civile. Ceci s'explique par la règle «le
criminel tient le civil en l'état». Il arrive que la juridiction répressive et la juridiction civile
soient saisies différemment. Dans ce cas, la juridiction civile doit surseoir à tout examen sur
le fond avant que la juridiction répressive ne statue. Sa décision est d'autorité pour la
juridiction civile.
Devant les juridictions administratives, il avait été signalé que les recours sont de deux
ordres le recours administratif et le recours contentieux. De même, il est à noter que le mot
action est rarement us.-.té devant les juridictions administratives. Le mot recours n'est pas
non plus inconnu des juridictions de l'ordre JUDICIAIRE. Mais on l'utilise pour désigner
l'exercice d'une «voie de recours comme l'appel ou le pourvoi, mais rarement pour désigner
la saisine du premier juge.
En matière administrative, 2 types de contentieux s'opposent nettement: le contentieux de
l'annulation et le contentieux de pleine juridiction.
SECTION I.- EXERCICE DE L'ACTION EN JUSTICE.
L'action en justice est un droit dont chaque élément de la société peut se prévaloir dans le
cadre de la défense de ses intérêts ayant pour objectif d'obliger le juge à se prononcer sur le
fond. Mais ce droit ne produit aucun effet, tant que l'intéressé n'a pas pris l'initiative de
l'exercer en formant un acte qui saisi effectivement la juridiction compétente.
La manière habituelle consiste à former une demande que l'on appelle demande en justice.
Mais l'action en justice appartient au défendeur pour discuter sur le bien fondé des

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prétentions contraires. Ainsi, l'action en justice se concrétise de deux manières : par la
demande présentée .par celui qui l'a initiée et" par les moyens de défense soutenus par le
défendeur.
A.CARACTERS SPECIFIQUES DEL’ACTION EN JUSTICE
L'action en justice présente un double caractère libre et un caractère facultatif.
1. Caractère libre Ce caractère signifie que même en cas d'échec de la demande présentée
son initiateur n'en court aucune responsabilité, bénéficiant d'une sorte d'immunité
constamment rappelée par la jurisprudence.
En réalité, le caractère libre de l'action en justice veut simplement que l'adversaire, même s'il
a gagné ne peut prétendre à des dommages-intérêts en raison du trouble que le procès a pu
lui causer.
2. Caractère facultatif: Le caractère facultatif de l'action en justice réside dans le fait que
nul ne peut être contraint à l'exercer contre son gré. Elle est une simple faculté dont le
titulaire peut ne pas user s'il estime inopportun de saisir les tribunaux.
B. EXERCICE DE L’ACTION PAR LE DEMANDEUR
Le demandeur, pour exercer son action devant les juridictions, il formule une demande, c'est
l'acte par lequel il exerce réellement son action en y exposant les faits, les prétentions et les
moyens pour justifier le bien fondé de son action. Cette demande ne doit pas être confondue
avec elle même qui est le pouvoir de saisir un tribunal, alors que la demande est l'acte
d'ouverture des "hostilités" .
Lorsqu'un juge est saisi d'une demande devant quelque juridiction que ce soit, la question
qui se pose, avant tout examen sur le fond, est de savoir si la demande est recevable. Le juge
se demandera s'il a été valablement saisi et si en conséquence, il a les compétences pour se
prononcer sur le fond même de la prétention qui lui est soumise.

A.L’EXERCICE DE L’ACTION PAR LE DEFENDEUR


Il est évident que si le défendeur a été attrait par devant une juridiction, il ne restera pas
inactif et cherchera à présenter tous moyens en vue de la défense de ses intérêts ou a faire
échec a la procédure initiée par le demandeur. Il dispose essentiellement de trois moyens de
défense :

CHAPITRE 2 : L'INSTANCE
L'instance est un mot qui désigne attente et dans le cas précis, l'attente d'un jugement. Elle

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fait apparaître deux éléments essentiels : les parties et la question litigieuse.
Les Parties: Ce sont à l'instance le demandeur ou requérant qui a pris l'initiative de saisir le
tribunal et son adversaire que l'on appelle le défendeur. Il est cependant possible que lors
d'une instance un tiers devienne à son tour partie au moyen d'un acte appelé intervention.
La matière litigieuse. C'est ce qui constitue l'objet même de l'instance. Il n'y aurait pas de
procès, s'il n'y avait pas contestation entre les parties et c'est pour cette raison qu'on
l'appelle contentieuse.
Durant tout le temps que dure l'instance, l'affaire sera instruite. Il est en effet nécessaire de
rassembler les preuves, de construire l'argumentation, d'élaborer les moyens de fait et de
droit qui seront invoqués de part et d'autre. Pour cela, il faut procéder à une instruction.
Cette instruction peut être conduite selon des procédures différentes.

CHAPITRE III : LE JUGEMENT


Le jugement est par définition, toute action en justice, ayant pour objet d'obtenir du juge
compétent qu'il se prononce sur une situation litigieuse au moyen d'un acte de nature très
particulière, qui techniquement, s'appelle un acte juridictionnel et que dans le langage
courants on appelle jugement. Par cet acte, le juge dit le droit et ordonne en conséquence les
mesures nécessaires pour en assurer le respect.
En règle générale, tout jugement se présente de la manière suivante :
1) On trouve d'abord des mentions destinées à l'identifier indication
de la juridiction dont il émane, date de son prononcé, noms des
juges, des parties et de leurs avocats éventuellement, non du greffier
présent à l'audience etc.
2) La motivation. Tout jugement doit être motivé. Le juge explique sa décision et dit pourquoi
il s'est prononcé comme il l'a fait au moyen d’arguments juridiques pour éviter l'arbitraire.
Les motifs sont exposés dans une longue série de développement que l'on appelle les
"attendus" ou encore les "considérants". Chaque paragraphe commence par la mention
"attendu que" ou souvent devant les juridictions administratives "considérant que.
3) Par une transition exprimée de la sorte : «Par ces motifs», se trouve
exposé le jugement proprement dit qui porte le nom de dispositif. Il
arrive que le dispositif comporte une succession de décisions par
lesquelles, le juge tranche les différentes questions litigieuses.
4) Enfin, il est coutume que le jugement se termine par la formule exécutoire : «La

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République du Mali, mande et ordonne à tous ... » parce que la décision de justice, le
jugement est rendu au nom du peupler donc au nom de l'Etat.
II n'est pas rare de rencontrer différents termes, désignant les jugements, dont le sens est à
préciser.
Ainsi le mot jugement est utilisé dans un sens précis pour désigner les décisions de justice qui
émanent d'une juridiction de première instance ;
Le mot arrêt s'applique plus spécialement aux décisions de justice rendues par une cour :
Cour d'appel ou Cour de Cassation (Cour Suprême)
Parfois le mot décision est aussi utilisé pour désigner toute décision de justice générale â la
différence que les décisions rendues par les cours s'appellent arrêts.
Enfin les décisions appelées sentences sont utilisées en matière pénale, parce que le mot
sentence évoque l'idée de répression, ce qui colle avec les objectifs des juridictions
répressives.

SECTION 3 : LES VOIES DE RECOURS.


Les voies de recours sont des voies de droit qui ont pour objet de remettre en cause une
décision de justice. Par exemple l'appel est une voie de recours, parce que l'appelant
conteste la décision de première instance et demande â la juridiction hiérarchiquement
supérieure de juger la même affaire une seconde fois. Les voies de recours présentent
certaines caractéristiques comparables â ce qu'est l'action en justice devant le premier juge.
- une voie de recours ne peut-être exercée que par celle des parties qui y trouve intérêt, à la
nuance que l'intérêt ici réside dans le fait d'avoir perdu son procès, le plaideur qui a obtenu
gain de cause ne peut pas exercer une voie de recours i - l'exercice d'une voie de recours est
facultatif. Un plaideur peut toujours renoncer à l'exercice d'une voie de recours, par
exemple, en laissant s'écouler le délai imparti.
Les voies de recours sont des voies de droit qui ont pour objet de remettre en cause une
décision de justice. La notion de recours implique, en effet, une idée critique contre un acte
précédemment rendu Les voies de recours apparaissent comme une garantie pour les parties
car les juges sont faillibles et peuvent se tromper tant sur l'appréciation des faits que de
l'interprétation de la règle de droit.
Nous examinerons successivement quelques voies de recours.
1. L'appel : est une voie de recours par laquelle, une partie, ayant perdu en première
instance, demande à la JURIDICTION hiérarchiquement supérieure de juger l'affaire une
nouvelle fois. Celui qui prend l'initiative d'attaquer le jugement, (qu'il ait été demandeur ou

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défendeur en première instance) prend le nom d'appelant, son adversaire, celui d'intimé.
Si le jugement attaqué est reformé, on dira que la Cour d'Appel a rendu un arrêt infirmatif,
si en revanche, il est maintenu, on dira que la Cour d'Appel a rendu un arrêt confirmatif.
Devant les juridictions de l'ordre judiciaires, seuls les jugements rendus en premier ressort
sont susceptibles d'appel. L'appel est réservé aux seules parties à l'instance, les tiers
disposant d'une autre voie qu'est la tierce -opposition. Il se fait sous forme de déclaration au
greffe de la juridiction d'appel, en matière sociale, au greffe de la juridiction qui a rendu la
décision attaquée.
2. L'opposition est une voie de rétraction réservée à la partie défaillante qui a été
condamnée. Cette mesure spécialement prévue par le législateur est portée devant le même
juge qui a rendu la première décision.
3. La tierce opposition est une voie de recours extraordinaire par laquelle un tiers demande
que la décision de justice qui lui fait grief soit déclarée inopposable à son égard.
a) Cette voie de recours émane d'un tiers, c'est-à-dire d'une personne qui n'a· été ni partie, ni
représentée au jugement attaqué.
b) La tierce opposition se caractérise par le fait, quelle a pour objectif de rendre la décision
attaquée inopposable au tiers. Le jugement n'est donc pas remis en cause, mais le tiers qui
gagne dans cette instance peut ignorer la situation juridique consacrée par le jugement entre
les parties.
c) De toutes les voies de recours, elle est la seule dont le délai est de 30 ans.
Le recours en cassation est une voie de droit particulière portée devant la juridiction
suprême. Le juge de cassation est juge de droit et uniquement de droit, lorsqu'il y a eu
violation des règles de droit, par exemple. Son rôle est d'assurer l'interprétation uniforme de
la règle de droit. Le juge de cassation ne juge pas les affaires, c'est à dire les faits, son rôle
se limitant à rejeter le pourvoi ou à casser la décision attaquée.
- s'il rejette le pourvoi, la décision attaquée conserve toute son autorité s'il la casse, elle
perd toute autorité et l'affaire sera jugée à nouveau. L'affaire pourra, ainsi être renvoyée
devant la même cour autrement composée ou devant une juridiction de même nature.

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