Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Au sens large, le terme procédure civile désigne l'ensemble des formalités devant être
suivies pour l'obtention d'un certain résultat.
Dans un sens plus restreint, il indique quelles sont les formalités à accomplir pour saisir
valablement telle ou telle juridiction.
1) Elle détermine d'abord quelles sont les ordres de juridiction devant lesquelles les
justiciables sont habilités à faire valoir leur droit et quel est le statut des membres siégeant à
la tête de ces juridictions, ainsi que celui des auxiliaires de justice : Ce sont les règles de
l'organisation judiciaire.
2) Elle détermine les attributions de chacune des juridictions et quelle est en conséquence la
juridiction à laquelle le justiciable devra s'adresser : Ce sont les règles de compétence.
3) Elle fixe enfin les règles selon lesquelles les tribunaux sont saisis, la façon dont elles
instruisent les procès et rendent leur jugement qui feront l'objet d'une exécution forcée : Ce
sont les règles de procédure proprement dites.
Les règles de forme : Visent à déterminer quelles sont les formalités qu'il convient
d'observer et d'accomplir pour la recevabilité de la requête.
Les règles de fond : Sont primordiales et on peut en citer quelques unes : Les conditions
d'exercice de l'action en justice, les principes directeurs de la procédure, et les effets des
voies de recours.
Titre I – L'action en justice
C'est le droit pour toute personne d'agir en justice. « Ne peuvent ester en justice que ceux
qui ont qualité, capacité et intérêt pour faire valoir leur droit ».
Précisons qu'à l'appui de ces demandes, il peut y avoir un abus de droit d'ester en justice, il
s'agira alors d'une faute génératrice qui donnera lieu à des dommages et intérêts, si cet abis
de droit constitue un acte de malice ou une erreur grossière équivalente au dol (Article 5 du
code de procédure civile) « tout plaideur est tenu d'agir de bonne foi ».
I- L'intérêt:
Pour exercer valablement une action en justice, il faut avoir un intérêt à agir car à défaut
« pas d'intérêt, pas d'action ». En effet, celui qui agit en justice doit justifier que l'action qu'il
exerce est susceptible de lui procurer un avantage.
1) L'intérêt doit être légitime et juridique :
Il est nécessaire que la partie qui agit en justice fasse état d'un intérêt protégé, cet intérêt
juridique peut être pécuniaire ou morale, si la personne demande en plus du préjudice
matériel, la réparation d'un préjudice qu'elle éprouve suite à une atteinte à sa réputation ou
aux mœurs.
L'intérêt doit être légitime dans le sens où le titulaire de l'action doit justifier d'un droit
reconnu par la loi dont il a été lésé. EX
2) L'intérêt doit être direct et personnel :
La personne qui agit doit prouver qu'elle a subi une atteinte à un droit qui lui est propre.
L'action ne pouvant être effectivement intenté que par le titulaire du droit allégué.
Il n'est pas permit d'agir dans l'intérêt d'autrui pour faire respecter la loi (nul ne peut plaider
par procureur).
Cette condition ne soulève d'aucune difficulté s'agissant des personnes physiques, mais la
question revêt un tout autre intérêt lorsqu'il s'agit d'apprécier ce caractère personnel dans le
cadre des groupements dotés de la personnalité morale. Il est évident qu'un groupement peut
agir en justice pour la défense de ses intérêts, mais cette action sociale se distingue de
l'action individuelle qui appartient à chaque membre du groupement pour défendre ses
intérêts. La question qui se pose alors est de savoir si le groupement peut se substituer à
l'un de ses membres pour exercer une action individuelle lorsqu'il y a atteinte de l'intérêt
collectif du groupement.
« S'agissant des syndicats, la violation des droits de l'un des membres, porte atteinte à toute la
profession. EX + Quant aux associations, elles ne sont pas en mesure de se substituer à leurs
adhérents pour défendre les intérêts individuels de ceux-ci».
Ceci s'explique par le fait que les pouvoirs publics ont une certaine méfiance à l'égard des
associations car il est à craindre qu'elle ne s'arroge la fonction de défenseur de l'ordre et porte
atteinte au rôle du ministère public, seul le juge a l'opportunité de poursuite.
3)L'intérêt doit être né et actuel :
Il faut que l'atteinte au droit allégué soit certaine au moment où la demande est formée : un intérêt
éventuel ou futur ne peut servir de base à une action en justice. On ne peut pas saisir un tribunal à
titre préventif s'il n'existe pas un préjudice réel et avéré, car le rôle du juge est de trancher les litiges
déjà nés. L'exigence d'un intérêt né est d'éviter que les guerres préventives ne viennent engorger les
tribunaux.
II- La qualité :
Titre juridique en vertu duquel une personne a le pouvoir de figurer dans une procédure
lorsque l'action est intentée par le titulaire du droit lui-même. Ont qualité pour agir, le
titulaire du droit litigieux ainsi que ses héritiers et ayants cause universel, le mandataire
légal ou conventionnel.
Les personnes ayant qualité pour représenter les plaideurs ne peuvent le faire que dans
certaines situations et en respectant certaines conditions.
Ce n'est pas le mandataire mais le représenté qui est partie au procès. Ainsi, la notification
d'une décision de justice doit être faite à l'adresse du plaideur plutôt qu'à celle de son avocat.
III- La capacité :
Pour être recevable, l'action en justice doit être exercée par une personne ayant la capacité
d'agir en justice. On distingue deux types de capacités : La capacité de jouissance qui est le
droit d'agir en justice. La capacité d'exercice qui correspond à l'exercice du droit d'agir en
justice, de sorte que les personnes qui sont frappées d'incapacité ne peuvent agir que par
l'intermédiaire de leur représentant légal.
Considérée du côté de celui qui s'adresse le premier au juge, l'action s'appelle la demande en
justice. Elle prend le nom de défense quand elle est envisagée du côté de celui contre qui le
demandeur agit : Il s'agit du défendeur.
Ce sont celles qui commencent par un procès et qui sont également dénommées : Demandes
initiales, elles introduisent l'instance et cette requête prend la forme d'une requête écrite et
parfois d'une déclaration verbale faite auprès du greffe du tribunal compétent.
Ce sont celles qui sont formées au cours d'un procès déjà engagé, ces demandes se
subdivisent en 3 groupes selon qu'elles émanent du demandeur, défendeur ou mettent en jeu
les intérêts du tiers :
- Le juge saisi doit examiner la demande et statuer sur les demandes des parties, mais il ne
peut jamais accorder plus que ce qui a été demandé.
- Le juge doit statuer Utra Petita dans le sens où il doit répondre à tous les points soulevés
par la demande et ne pas accorder plus que ce qui a été demandé.
Par ailleurs, pour apprécier la demande, le juge doit donc se placer au moment où la
demande est introduite, il n'a pas à tenir compte de ce qui a pu modifier les droits des
parties.
Ensemble de moyens mis à la disposition du défendeur pour résister à l'attaque quand il est
l'objet de la part du demandeur.
A- La défense au fond :
Le défendeur va s'attaquer au droit du demandeur et soutenir que ce droit n'a jamais existé
ou qu'il est éteint.EX
B- L'exception
Il s'agit de tout moyen invoqué par le défendeur pour paralyser momentanément la
demande, en déclarant la procédure irrégulière ou en désirant en suspendre le cours.
- Les exceptions d'incompétence : Par lesquelles une partie prétend que la juridiction saisie
est incompétente.
- Les exceptions de litis pendance : Suppose que le même litige entre les mêmes parties se
trouve soumis à deux juridictions distinctes, ou de connexité. C'est lorsqu'il existe entre
deux litiges portant devant deux juridictions différentes, un lien étroit tel que la solution du
premier pourra directement influer sur celle du second.
- Les exceptions dilatoires : Par lesquelles il est demandé au juge de suspendre l'instance.EX
- Les exceptions de nullité : Par lesquelles une partie invoque la nullité de procédure.EX
A - Définition :
- Les actions réelles visent à protéger les droits réels. C'est le cas de l'action en
revendication sanctionnant le droit de propriété et grâce à laquelle un propriétaire réclame la
restitution d'un bien à titre de propriétaire.
- Les actions personnelles sont destinées à protéger un droit de créance dit aussi personnel.
C'est le cas où le créancier réclame le paiement d'une somme due par son débiteur.
- Les actions mixtes mettent en présence un droit réel ET un droit personnel ; On les range
dans deux catégories :
• Les actions tendant à obtenir l'exécution d'un acte qui a transféré ou créé un droit réel
immobilier en même temps qu'il a fait naître un droit de créance.
• Les actions qui tendent à l'annulation, la résolution ou la révocation d'un acte
translatif de propriété.
B - Intérêt de la distinction :
S'agissant de la procédure, l'action personnelle ne peut être exercée que par le créancier et
contre la personne même qui est obligée, alors que l'action réelle peut l'être par toute
personne qui émet une prétention sur le droit litigieux et contre tout détenteur du bien en
question.
La procédure est contradictoire en ce sens qu’une partie ne peut pas être jugée sans avoir
été entendue ou appelée. Ce principe consacre la liberté de la défense. Il s’impose aux
parties et au juge, en effet, les parties doivent faire connaître en temps utile les moyens
de fait sur lesquelles elles fondent leur prétention, les éléments de preuves qu’elles
produisent, les moyens de droit qu’elles invoquent afin que chacun soit à même
d’organiser sa défense.
Le juge, il ne peut retenir dans sa décision que les moyens et documents invoquées ou
produites par les parties que celles-ci ont été en mesure d’en débattre contradictoirement.
La notification est directe lorsqu’elle s’opère par l’un des agents de greffe soit à la partie
elle-même soit à son mandataire. Ensuite lorsque la notification par le greffe est demeurée
infructueuse, la partie diligente peut requérir au juge la notification par voie postale. Enfin, le
juge peut ordonner de son propre chef, qu’une notification soit effectuée par voie administrative
en l’occurrence par les agents de l’administration.
2- Le destinataire de la notification :
La notification est considérée comme valablement effectuée si la décision de justice est remise
au destinataire en personne, soit à domicile entre les mains de parents, serviteurs ou toute autre
personne habitant avec le destinataire.
A défaut de domicile, la notification sera valablement faite à la résidence secondaire dans les
mêmes conditions.
S’agissant de la computation des délais : si le délai est exprimé en jours, celui de l’acte, de
l’événement ou de la notification qui le fait courir ainsi que celui du jour de l’échéance ne
compte pas.
En effet, on ne compte pas le jour à partir duquel court le délai, de plus tous les délais sont
francs c a d que le jour vers lequel tend le délai ne compte pas. D’autre part, si le dernier jour est
un jour férié, le délai est prolongé jusqu’au premier jour non férié.
Ainsi, des délais de distances sont prévus qui s’ajoutent aux délais normaux.
Etant des règles impératives, les non respect des actes et des délais de procédure entrainent des
sanctions.
3- L’audience :
Après avoir fixé le jour de l’audience, les parties comparaissent en personne ou par leur
mandataire et elles sont, suivant le cas, invitées à échanger leur conclusion écrites, remettre
éventuellement des pièces au juge, voire plaider directement leur affaire.
Les parties sont tenues de s’expliquer avec modération, faute de quoi elles s’exposent à une
amende (outrage à magistrat) ce magistrat peut également, en cas de trouble ou de scandale
ordonner l’expulsion tant d’une partie ou de son mandataire.
- La procédure d’ordonnance sur requête : il faut que la mesure sollicitée soit urgente et qu’elle
ne préjudicie pas au principal, c’est le cas en matière de constat, sommation et autre mesure
d’urgence en quelque matière que ce soit. Une fois la requête enregistrée et la taxe judiciaire
acquittée, le président du tribunal ou son délégué répondra hors de la présence des parties
favorablement à la requête. L’ordonnance rendue est susceptible d’appel dans un délai de 15
jours de son prononcé, et elle est immédiatement exécutoire.
- La procédure des référés : ici aussi, la décision qu’elle comporte ne statue qu’au provisoire et
sans préjudice de ce qui sera décidé sur le fond, les conditions de mise en œuvre sont l’urgence
et la nécessité de statuer au provisoire. L’urgence doit s’apprécier en raison de la nature de
l’affaire et des conséquences parfois graves ou irréparables qu’un retard peut entrainer si une
décision n’est pas prise immédiatement ; quant à la seconde condition, le juge des référés ne
doit jamais trancher une question touchant au fond du litige à moins que la loi ne l’y autorise.
Le référé ne peut avoir lieu qu’en matière de saisie conservatoire ou en cas de nécessité d’une
expertise, le recours est également possible en cas de difficulté relative à l’exécution d’un
jugement ou d’un titre exécutoire, 2 conditions sont exigées : il faut un titre exécutoire qui est
un acte authentique revêtu de la forme exécutoire et donc susceptible de donner lieu à une
exécution forcée. Quant à la nature des difficultés d’exécution, il s’agit généralement de
contestation sur des réclamations émanant des tiers.
La procédure étant la matière orale et contradictoire et l’ordonnance rendue ne statue qu’au
provisoire et sans préjudice de ce qui sera décidé sur le fond. De ce fait, elles ne s’imposent
donc pas au juge du fond qui peut statuer différemment sans être lié par l’autorité de la chose
jugée de cette décision, seul l’appel est autorisé pour les ordonnances de référé et le délai
d’appel est de 15 jours à compter de la date de notification ou du prononcé si les parties sont
présentes à l’audience.
- La procédure d’injonction de payer : cette procédure est essentiellement utilisée par le
recouvrement de créance, en l’occurrence pour toute demande de paiement d’une
somme d’argent supérieure à 1000 DH. Cette procédure est donc utilisée seulement
lorsqu’il s’agit d’une somme d’argent c a d une créance liquide et non une obligation de
faire.
Les causes de suspension sont des événements qui arrêtent le cours de l’instance
momentanément pour la laisser se continuer ensuite quand la cause disparaît. C’est le juge qui
va statuer sur la recevabilité de ces causes.
a- Le désistement :
b- L’acquiescement :
C’est le fait de la part d’un plaideur (le défendeur) de se soumettre aux prétentions de
l’autre, on distingue deux sortes d’acquiescement :
- L’acquiescement à la demande : le défendeur se soumet alors à toutes les prétentions du
demandeur.
- L’acquiescement au jugement : qui emporte renonciation aux voies de recours et soumission
à tous les chefs du jugement.
c- La péremption de l’instance :
C’est l’extinction de l’instance par suite de l’inaction des parties pendant un certain délai. La
péremption n’est cependant pas réglementée par le CPC, elle peut être considérée seulement
comme une pratique consacrée par la jurisprudence mais aucune disposition légale ne fixe le
délai de péremption.
C- Les jugements :
1- Les différentes sortes de jugement :
En ce qui concerne les jugements définitifs, ce sont ceux qui statuent sur le fond du procès
en mettant fin à la protestation ou à un incident de procédure : Ils ont donc une autorité de la
chose jugée.
Quand aux jugements ADD, ils ne statuent pas sur le fond du procès c a d ils ne disent pas
encore droit, ce peut être le cas par exemple des jugements provisoires tels des saisies
conservatoires, et l’intérêt de ces jugements étant d’assurer à l’une des parties une protection qui
lui devient nécessaire en raison des lenteurs de la justice.
Les autres jugements ADD ordonnent une mesure d’instruction (expertise, instruction...) pour
permettre au tribunal d’être mieux informé lorsqu’il sera amené à statuer sur le fond.
Il faut pour cela distinguer les jugements contentieux et les jugements gracieux.
Les jugements contentieux tranchent une contestation qui oppose des adversaires, et les
seconds sont des décisions rendues en l’absence, parfois, de tout litige ou adversaire.
On peut également faire la distinction entre les jugements déclaratifs et les jugements
constitutifs : les premiers confirment une situation juridique préexistante.
Les seconds sont ceux qui créent une situation juridique nouvelle.
Sous la dictée du juge, le greffier rédige l’original du jugement qu’on appelle « la minute ».
Le jugement doit contenir l’indication de la juridiction dont il émane, sa date, le nom du ou des
juges, le nom du ou des juges, le nom du représentant du ministère public s’il ya lieu, celui du
secrétaire greffier, les noms prénoms et dénomination des parties, leur domicile ou siège social
et le nom des avocats, le cas échéant.
Le jugement va énoncer la décision sous forme de dispositif, c’est la solution du litige.
L’expédition du jugement est demandée par les parties au greffier ; on dit que les parties
« élèvent le jugement ». La première expédition qui est délivrée à la partie s’appelle « la
grosse », elle est revêtue de la formule exécutoire et tout jugement revêtu de la formule
exécutoire constitue un titre exécutoire.
La sanction des règles de forme des jugements sera la nullité, notamment en cas de violation des
règles prescrivant l’indication du nom des juges et l’obligation de motiver le jugement.
En principe, les jugements produisent leur effet au jour ou la demande est formée et non pas
le jour ou ils sont rendus, en effet ils rétroagissent au jour de la demande parce qu’ils ne créent
pas le droit ils ne font que le constater et à ce titre ils sont donc déclaratifs de droit.
a- Dessaisissement :
Le premier effet d’un jugement est de dessaisir le juge puisque une fois la décision rendue,
le juge ne peut plus revenir sur cette décision pour la modifier ou y ajouter quelque chose.
Certaines limites ont été néanmoins apportées à ce dessaisissement. En effet, le juge peut sur
requête réparer certaines erreurs matérielles.
Le juge crée le droit quand il s’agit d’un jugement constitutif, il le renforce dans les autres
cas à plusieurs points de vue.
Dès qu’un jugement est rendu, il emporte l’autorité de la chose jugée c a d l’impossibilité de
remettre en question le point...
Cette autorité de la chose jugée a un double aspect : un aspect positif, c a d que les parties
peuvent se prévaloir du droit qui a été reconnu par le jugement et des avantages qui s’y
rattachent. Quant à l’aspect négatif, les parties ne peuvent évidemment pas remettre en question
ce qui a été ainsi jugé devant une autre juridiction.
En effet, l’autorité de la chose jugée repose sur la considération que les litiges ne doivent pas
s’éterniser et donc la décision rendue est donc revêtue de l’autorité de la chose jugée, et
présomption de vérité.
Parmi les conditions de l’autorité de la chose jugée, cette autorité concerne les décisions
contentieuses et donc un jugement définitif ce qui exclut les jugements ADD.
4- Exécution des jugements :
Pour que le jugement puisse être exécuté, il faut que l’adversaire ne puisse être en mesure de
l’ignorer d’où la nécessite de procéder à une notification.
a- Notification du jugement :
Les jugements sont notifiés aux parties elles mêmes et plus particulièrement la partie contre
laquelle la décision. La notification du jugement est nécessaire accompagnée d’une expédition
dûment certifiée conforme à ce jugement. Elle est transmise et remise comme pour les
convocations d’audience. L’agent chargé de l’exécution notifie à la partie condamnée la
décision qu’il est chargé d’exécuter en la mettant en demeure de se libérer sur le champs ou de
faire connaître ses intentions.
Au cas où le débiteur sollicite à un délai, l’agent doit en rendre compte au président qui
l’autorise par ordonnance à saisir conservatoirement les biens du débiteur.
Au cas où le débiteur refuse ou se déclare incapable de le faire, l’agent d’exécution va utiliser
l’une des voies d’exécution prévues par le code de procédure civile.
b- Exécution du jugement :
Le jugement est exécutoire à partir du moment où il passe en force de chose jugée. Les
décisions de justice sont susceptibles d’être exécutés pendant les 30 années à partir du jour ou
elles ont été rendues. Ce délai expiré, les décisions de justice sont donc périmées. Mais ces
règles comportent des exceptions :
- L’exécution provisoire :
L’exécution provisoire est un bénéfice accordé au gagnant et grâce auquel il pourra exécuter un
jugement en premier ressort malgré le délai d’appel ou l’appel interjeté. Le jugement est dit
exécutoire par provision. L’exécution provisoire n’existe que lorsque le juge la prononce et donc
elle peut être subordonnée à la constitution d’une garantie réelle ou personnelle suffisante pour
répondre de toute réparation ou restitution.
C’est le TPI qui est compétent pour statuer sur les demandes d’exéquatur et ce quel que soit le
degré de la juridiction étrangère qui a rendue la décision.
Il s’agit de toute décision de justice rendue par les juridictions étrangères qui peuvent faire
l’objet d’une telle demande. L’article 432 du CPC ajoute que les actes passés à l’étranger devant
les officiers et fonctionnaires publiques compétents sont également susceptibles d’exécution au
Maroc après que l’exéquatur lui a été accordé. Cette demande ne peut en tout cas être formée
que par le bénéficiaire de la décision ou de l’acte étranger. D’un point de vue procédural, la
demande d’exéquatur doit être formée en voie de requête et être accompagnée de documents
suivants :
- Expédition authentique de la décision
- L’original de la notification ou de tout autre acte en tenant lieu...
- Un certificat du greffe compétent constatant qu’il n’existe contre la décision ni opposition,
ni appel, ni pourvoi en cassation.
Eventuellement, une traduction complète en langue arabe de pièces énumérées ci-dessus,
certifiées conforme par un traducteur assermenté.
Le TPI devra donc vérifier sur la base des pièces si la décision émane bien d’une juridiction
étrangère régulière.
De même, le TPI devra vérifier la compétence du tribunal émetteur de la décision, objet de la
demande d’exéquatur. Il est également en droit de vérifier si aucune stipulation de cette décision
ne porte atteinte à l’ordre public marocain.
Une fois ces vérifications terminées, le tribunal rend un jugement d’exéquatur en audience.
Le recours aux tribunaux donne lieu à de nombreux frais, ceux-ci sont mis en partie à la charge
du plaideur qui perd son procès à une condamnation aux dépens.
Les frais de justice comprennent les droits fiscaux, il s’agit du droit de timbre et
d’enregistrement perçus sur les actes de procédure ainsi que sur les actes de justice à l’occasion
du procès.
Les émoluments des offices ministériels, tel l’huissier de justice, les frais occasionnés par les
incidents relatifs à la preuve tels les honoraires d’experts, les honoraires de consultations et
plaidoiries d’avocats...
2- Les dépens :
Les dépens ou les frais de l’une des parties peut mettre à la charge de l’autre et ne
comprennent que les droits fiscaux sur les actes de procédure, les émoluments des officiers
ministériels, les redevances perçues au profit du trésor ...
En revanche, ne sont jamais compris dans les dépens, les honoraires de consultation et de
plaidoiries des avocats.
En principe, c’est la partie perdante qui est condamnée aux dépens, sauf au tribunal à laisser la
totalité ou une fraction des dépens à la charge de l’autre partie par décision motivée.
3- L’assistance judiciaire :
Elle permet au plaideur qu’il soit demandeur ou défendeur et qui n’a pas de ressources
suffisantes d’exercer ces droits en justice sans avancer aucun frais. Le concours des avocats est
en principe gratuit. L’assistance judiciaire peut être accordée devant toutes les juridictions du
pays aux personnes de nationalité marocaine que l’insuffisance de leur ressource met dans
l’impossibilité d’exercer leur droit en justice. Les étrangers peuvent également être admis à ce
bénéfice à condition que des conventions judiciaires internationales le prévoient.
D’un point de vue procédural, l’admission à l’assistance judiciaire est prononcée par des
bureaux établis près des juridictions devant lesquels seront portés les litiges.
Le plaideur qui désire bénéficier de l’assistance judiciaire adresse une lettre au procureur du roi
à laquelle il joint une déclaration par laquelle il affirme qu’il est dans l’impossibilité de faire
valoir ses droits en justice en raison de son manque de moyens.
La demande sera transmise par ce procureur pour y être examiné par un bureau d’assistance
judiciaire qui va accorder cette assistance judicaire lorsqu’il est établi que la demande est
justifiée, dans le cas contraire, la demande sera refusée.
Par la suite, le secrétaire du bureau de l’assistance judiciaire adresse dans les trois jours de
l’admission à l’assistance judiciaire au président de la juridiction compétente un extrait de la
décision accordant l’assistance en y joignant les pièces du dossier remis au bureau.
Le président invite le bâtonnier à désigner un avocat qui est tenu de prêter gratuitement son
concours à l’assisté.
Lorsque l’assistance judiciaire est accordée, l’assisté est dispensé de toute consignation aux frais
et de tout paiement de taxes puisque ces frais seront avancés par le trésor. Cependant cette
dispense de payer est provisoire. En effet deux situations sont à distinguer :
- Au cas où l’assisté gagne son procès, la condamnation aux dépens est prononcée au profit
de l’administration des finances qui ont poursuit sur la partie succombant.
- Par contre si l’assisté perd son procès, l’administration fiscale a le droit de recouvrer les
sommes avancées si le plaideur venait ultérieurement à procéder des ressources.
En dernier lieu, le retrait de l’assistance judiciaire est possible dans les cas suivants :
- S’il survient à l’assisté des ressources suffisantes, lorsqu’il ya transaction entre les parties
intervenues au cours du procès.
- Si l’inaction prolongée de l’assisté laisse présumer qu’il se désintéresse de la suite de
l’instance.
Le retrait peut être demandé soit par le ministère public, soit par le représentant du ministère des
finances soit par la partie adverse.
Le retrait n’est prononcé qu’après que l’intéressé ait été entendu. Lorsque le retrait prononcé
définitivement, l’assisté devra rembourser immédiatement les frais, honoraires, émoluments et
avances dont il a été dispensé.
Titre 3 : Les voies de recours
Les décisions judiciaires peuvent être enclenchées d’erreur ou d’injustice, aussi les
justiciables sont-ils garantis par ce risque grâce aux voies de recours c a d la possibilité de
provoquer un nouvel examen de procès.
Au Maroc, les voies de recours sont au nombre de 5 et on classe ces voies de recours en voie de
réformation et rétractation ou en voies de recours ordinaires ou extraordinaires.
Les voies de recours de rétractation permettent au justiciable de s’adresser à la juridiction même
qui a rendue la décision en lui demandant de revenir sur sa décision : il s’agit de l’opposition et
dans la plupart des cas de la tierce opposition.
Quant aux voies de réformation, il s’agit de l’appel et dans certains cas également de la tierce
opposition. Autrement dit, les justiciables s’adressent à une juridiction hiérarchique supérieure à
celle qui a rendu la décision en lui demandant de réformer le jugement.
Les voies ordinaires sont toujours ouvertes aux plaideurs et il s’agit de l’appel et de
l’opposition, en revanche les voies de recours extraordinaires ne sont ouvertes que dans des cas
limitativement énumérés par la loi et il s’agit du pourvoi en cassation de la rétractation et de la
tierce opposition.
A- L’opposition :
1- Les conditions de l’opposition :
Il s’agit d’une voie de recours dirigée contre les jugements par défaut c a d contre les
décisions qui n’a donc pas été en mesure de présenter son point de vue.
La partie défaillante demande donc à la juridiction qui a rendu la décision par défaut de se
rétracter pour cela une opposition sera formée par une requête écrite ou par voie de déclaration
verbale consignée par établi par le greffe du tribunal et contenant les moyens de l’opposant.
Le délai pour faire opposition est de 10 jours.
B- L’appel :
C’est une voie de recours ordinaire par laquelle la partie qui a succombé devant le TPI
s’adresse à une juridiction supérieure appelée cour d’appel pour obtenir la réformation de la
décision formée par le juge.
Il faut distinguer l’appel principal, qui est formé le premier par l’appelant (le demandeur) et l’appel
incident qui émane du défendeur à l’appel principal.
1- Les conditions d’appel :
L’appel est le droit dans tous les cas qui ne sont pas exceptés par la loi, car il est une garantie
d’une bonne administration de la justice qui découle de la règle du double degré de juridiction. Le
délai d’appel en cas d’appel principal est de 30 jours, mais il peut être ramené à 15 jours pour les
ordonnances de référés ou les jugements statuant sur les actions en faillite. Ces délais abrégés le
sont en raison de l’urgence. Le délai d’appel est triplé en faveur des parties qui n’ont ni domicile ni
de résidence au Maroc.
-Effet suspensif : le délai d’appel et l’appel interjeté dans le délai légal sont suspensifs sauf
si l’exécution provisoire est ordonnée.
-Effet dévolutif : par l’acte d’appel le procès tout entier est porté devant les juridictions du
second degré et tous les points de droit et de fait que le litige comporte sont soumis à cette
juridiction. Les juges d’appel ne peuvent que confirmer ou infirmer le jugement attaqué, de même,
la cour d’appel est essentiellement liée par l’acte d’appel.
En effet, la cour d’appel est saisie du litige tel que celui-ci avait été soumis au premier juge, ce qui
signifie qu’on ne peut la saisir d’une prétention nouvelle et donc à chaque fois que le but recherché
en appel est en contradiction avec celui soulevé en 1ère instance, la demande sera déclarée
irrecevable.
Il est donc illogique de modifier les éléments du débat judiciaire en formulant une prétention
nouvelle.
-Le droit d’évocation : cela permet au juge saisi de l’appel de s’emparer de toute l’affaire et
de statuer sur le fond c a d sur l’appel et sur le fond du dossier par une seule et même décision ;
Ainsi, la cour d’appel pourra évoquer les points non jugés par les juges de 1ère instance pour leur
donner elle-même une solution définitive. Cela permet de réaliser ainsi une économie de temps en
rendant la procédure plus rapide et moins coûteuse.
C- L’instance d’appel :
1- La procédure devant la cour d’appel :
Elle s’effectue au moyen d’une requête écrite qui doit contenir les noms, prénoms, qualité ou
profession, domicile ou résidence du défendeur ou demandeur ainsi que les noms, qualité et
domicile du mandataire de l’appelant. S’il s’agit d’une société, il faudra il faudra indiquer la
dénomination sociale, la nature et le siège de cette société, ainsi que l’objet de la demande et les
faits et moyens indiqués.
La partie appelante doit produire une copie du jugement attaqué. Le dépôt de la requête au greffe est
constatée sur un registre spécial, et la requête, ainsi que les pièces qui sont transmises sans frais au
greffe de la cour d’appel qui doit statuer, l’appelant est tenu de payer une taxe judiciaire et de
procéder à la constitution d’un avocat.
S’agissant de l’instruction du procès, le 1er président va désigner la chambre (formation collégiale) à
laquelle l’affaire est attribuée puis l’affaire est instruite par un conseiller rapporteur qui a pour
mission de veiller sur le déroulement loyal de la procédure c a d à la ponctualité des échanges
relatifs aux conclusions et communication des pièces. Il peut également ordonner toute mesure
d’instruction qui leur paraît utile pour éclairer la religion de la cour.
Lorsque l’état de l’affaire le permet le conseiller rapporteur prend une ordonnance de clôture ou de
dessaisissement.
Quant à l’arrêt de la cour, il s’agira pour la cour d’appel d’examiner si l’appel est recevable et si tel
est le cas, la cour d’appel va statuer au fond en infirmant ou en confirmant en tant ou partie la
décision des juges de 1ère instance.
2- La procédure devant le 1er président de la cour d’appel :
Il peut statuer comme juge unique en référé, c'est-à-dire dans tous les cas d’urgence
ordonner en référé au cours de l’instance d’appel toute mesure qui ne se heurte à aucune
contestation sérieuse ou qui justifie l’existence d’un différent (difficulté d’exécution ou demande de
délai de grâce).
A- La tierce opposition :
Elle est ouverte aux personnes qui éprouvent un préjudice par l’effet d’un jugement auquel
elles n’ont été ni parties ni représentées et à l’égard duquel elles sont tiers.
Quant aux conditions de recevabilité, il faut avoir intérêt c'est-à-dire éprouver un préjudice du fait
du jugement ou du moins être menacé de le subir, être tiers c'est-à-dire ni parties, ni représenté au
procès.
La tierce opposition ne suspend pas l’exécution du jugement, mais le juge peut ordonner le sursis à
cette exécution, par ailleurs, si la tierce opposition réussit, le jugement attaqué est rétracté ou
réformé, mais seulement sur les motifs préjudiciables aux tiers opposants, si la tierce opposition
échoue, le jugement attaqué produira tous ces effets.
B- Le recours en rétractation :
Une partie demande à une juridiction qui a rendue une décision passée en force de chose
jugée de la rétracter parce qu’elle est d’erreur et de statuer à nouveau en fait et en droit.
1- Cas d’ouverture :
N’est ouvert que dans les cas limitativement énumérés par l’article 402 alinéa 2 du CPC si
depuis la décision, il a été recouvré des pièces décisives qui avaient été retenues par la partie
adverse et que leur rétention est de nature à modifier le contenu de la décision, si dans le cours de
l’instruction de l’affaire, il y a dol tel que faux témoignages ou faux rapports d’experts et s’il a été
jugé sur des pièces reconnues fausses depuis la décision rendue.
2- Conditions d’exercices :
Le délai pour former une demande en rétractation est de 30 jours à compter de la notification
de la décision attaquée et ce délai peut être triplé en faveur des parties qui n’ont ni résidence ni
domicile au Maroc.
Cette demande en rétractation est portée devant la juridiction qui a rendue la décision
attaquée. Si la rétractation est admise, les parties seront remises dans l’état ou elles se trouvaient
avant le jugement.
C- Le pourvoi en cassation :
Ce pourvoi a pour objet de faire annuler par la cour suprême les décisions rendues en dernier
ressort en violation de la loi. La cour suprême ne juge pas à nouveau l’affaire, mais elle renvoie si
elle casse l’arrêt à une autre juridiction.
1- Les causes d’ouvertures du pourvoi en cassation :
Toutes les décisions de l’ensemble des juridictions peuvent faire l’objet d’un tel pourvoi si
elles sont rendues en dernier ressort, de même lorsque le procureur général du Roi près de la cour
suprême apprend qu’une décision a été rendue en violation des règles de procédure ou de loi et
aucune des parties ne s’est pourvue en cassation dans les délais il va saisir la cour suprême. S’il y a
cassation les parties ne peuvent s’en prévaloir pour éluder les dispositions de la décision cassée, ce
recours a pour objet d’éviter tout en les sanctionnant les erreurs d’interprétation ou d’application de
la loi qui peuvent être commises par certains juges et ce afin d’éviter que ne subsistent une
jurisprudence contraire au texte en vigueur.
Le ministère public ne peut agir que si les parties ont laissés le délai s’écouler sans se pourvoir.
D’ailleurs, si le recours aboutit à la cassation, les parties ne peuvent pas s’en prévaloir et la décision
attaquée précédemment rendue par la cour d’appel conservera à leur égard tous ces effets.
Reste à évoquer le pourvoi pour excès de pouvoir des juges ;
3- Procédure et effets :
Le créancier est en droit de demander l’exécution directe ou en nature dans tous les
cas ou cela serait possible : Démolition d’un mur ou expulsion du locataire. Dans ce
cas c’est la prestation qui constitue l’objet de l’obligation qui doit être fournie au
créancier, grâce souvent à l’emploi de la force publique. L’exécution forcée porte sur
une somme d’argent et en cas de refus du débiteur de payer sa dette, il encourt une
exécution sur sa personne elle même
Via la loi 30-6 relative à l'exercice de la contrainte par corps en matière civile, les
dispositions des articles 1er et 2 du dahir du 20 février 1961 relatif à l’exercice de la
contrainte par corps en matière civile sont modifiées et complétées comme il suit :
Article 1 «L’exécution de tous jugements ou arrêts portant condamnation au paiement
d’une somme d’argent peut être poursuivie par la voie de la contrainte par corps»
Cependant, lit-on dans le même texte de loi, «Toutefois, une personne ne peut être
mise en prison pour le simple fait de son incapacité à remplir un engagement
contractuel».
En vertu de l’article 2 : «La contrainte par corps s’exerce selon les règles et modalités
fixées par les articles 633 à 647 du dahir du 3 octobre 2002 relatif au Code de
procédure pénale».
Elle est prévue pour l’exécution des condamnations à l’amende, aux restitutions, aux
dommages-intérêts et aux frais. La durée de la contrainte par corps est
proportionnelle au montant des sommes à payer, en vertu des dispositions de l’article
638 du Code de procédure pénale Ainsi, le juge peut ordonner la contrainte par corps
dont la durée est fixée selon les montants que doit verser la personne condamnée.
Cette durée d'emprisonnement peut aller de 6 jours (pour des sommes inférieures à
8.000 DH) à 15 mois si ce montant est équivalent ou supérieur à un million DH.
5-l’astreinte
Un créancier peut solliciter du tribunal la condamnation du débiteur à une somme
d’argent dont le montant augmentera chaque jour, jusqu’à l’exécution de la décision
principale. Cette condamnation accessoire est appelée astreinte et elle est un moyen
de pression exercé à l’égard du débiteur récalcitrant pour l’inciter à l’exécution
prompte de la condamnation.
1-titre exécutoire
Aucune saisie mobilière ou immobilière ne peut être diligentée sans que le créancier
ne soit muni d’un titre exécutoire. En outre, les jugements ou arrêts ne doivent pas
être frappés d’opposition ou d’appel et enfin toute décision judicaire n’est exécutoire
que si elle comporte la formule exécutoire et si notifiée à la partie condamnée sur
réquisition de la partie bénéficiaire.
**greffe : L’exécution forcée est assurée par le greffe du tribunal qui a rendu la
décision : l’agent instrumentaire met le débiteur en demeure de se libérer sur le
champ ou de faire connaître son intention (mise en demeure). Toutefois entre la mise
en demeure et l’exécution proprement dite, il s’écoule fatalement un délai qui permet
parfois au débiteur de mauvaise foi, de faire disparaître le gage du créancier et de se
déclarer insolvable.
**huissiers de justice : aident les juridictions à vaincre les problèmes de notification
et d’exécution des jugements : ils ont un rôle d’appoint. Ainsi ils sont chargés de
procéder au recouvrement des créances en vertu d’une décision passée en force de
chose jugée donc exécutoire ainsi qu’aux ventes publiques de meubles et effets
mobiliers corporels. Dressent tous les actes requis pour l’exécution des ordonnances,
jugements et arrêts.
Un créancier sollicite la permission du juge pour faire pratiquer une saisie et celle ci
lui est accordée par le président du tribunal de première instance ou par le juge le plus
ancien. Il arrive aussi qu’un agent chargé de l’exécution comme d’ailleurs le
poursuivi saisissent le juge des référés pour statuer sur des difficultés relatives à
l’exécution d’un jugement ou titre exécutoire. Le juge peut autoriser la continuation
des poursuites, accorder au débiteur des délais de grâce qui ont pour effet de
suspendre les poursuites.
De même, lorsque surgit un obstacle de droit ou de fait visant à empêcher l’exécution
d’une condamnation à une somme d’argent ou d’une obligation de faire ou de ne pas
faire, la compétence est attribuée au président du tribunal qui a rendu la décision ou
celui chargé par la cour d’appel de l’exécution. Il est saisi soit par la partie
poursuivante ou par l’agent d’exécution lui même : une fois saisi il apprécie si la
difficulté est sérieuse et si tel est le cas, il ordonne le sursis à exécution : il ne statue
que provisoirement en attendant le règlement du litige au fond. L’agent peut aussi se
faire autoriser par le président à faire ouvrir portes et chambres des maisons pour
toutes les perquisitions lorsque les personnes présentes, ne permettent pas à l’agent
d’accomplir sa mission, à savoir la saisie des effets et meubles appartenant au
débiteur.
Les tribunaux condamnent à des dommages et intérêts le créancier qui pour une
créance minime, saisit des immeubles très importants de son débiteur. La
jurisprudence sanctionne ces saisies abusives ou injustifiées en faisant appel à la
théorie de l’abus de droit, le saisissant ayant commis une faute impliquant le droit à
réparation. La saisie ne saurait être étendue au delà de ce qui est nécessaire pour
désintéresser le créancier et couvrir les frais de l’exécution forcée.
Les parties ne peuvent déroger aux règles légales de l’exécution forcée : De même en
matière de saisie mobilière, est nulle et non avenue, toute stipulation même
postérieure au contrat, qui autoriserait le créancier, faute de paiement, à s’approprier
le gage ou à en disposer, sans les formalités prescrites par la loi.
La saisie a pour but de mettre sous la main de la justice les biens d’un débiteur
jusqu’à désintéressement du ou des créanciers. Le détenteur ou le propriétaire de ces
biens est dessaisi des biens : cette mesure vise à l’empêcher d’en disposer ou d’en
jouir. Si le débiteur ne règle pas ses dettes, on procède à leur vente pour se faire payer
sur leur prix.
Les saisies peuvent être classées soit d’après leur but ou leur objet :
*la saisie conservatoire est une mesure de sauvegarde qui a pour effet d’empêcher le
débiteur de disposer de ses biens au préjudice de son créancier jusqu’au jugement
définitif sur le fonds. Elle vise à soustraire les biens à la libre disposition du débiteur,
les maintenir sous la main de la justice et les conserver au profit du créancier. Peut
être effectuée sans titre exécutoire, une simple autorisation du juge suffit.
*La saisie exécution a pour but de parvenir à la vente des biens saisis pour permettre
au créancier d’en toucher le prix. L’obtention d’un titre exécutoire est nécessaire.
D’après la nature de l’objet saisi, on distingue les saisies mobilières et la saisie
immobilière. Les saisies mobilières sont de type varié : saisie exécution, saisie
arrêt.Les saisies immobilières est plus complexe et onéreuse que la saisie mobilière.
1-conditions de fond
Pour les saisies exécution, la créance doit être liquide, certaine et doit exister : elle
n’est pas certaine si l’événement dont elle dépend ne s’est pas encore réalisé et
exigible.
2-conditions de forme
S’il s’agit d’une saisie conservatoire, un titre exécutoire n’est pas nécessaire mais ce
titre est requis en matière de saisie exécution.
Le créancier peut obtenir une saisie conservatoire avant l’exigibilité de la créance s’il
établit que sa créance est mise en péril par les agissements de son débiteur. Le
créancier doit justifier aussi de l’urgence du recouvrement de sa créance, qui peut être
mise en péril par les agissements du débiteur. La saisie conservatoire peut porter sur
des meubles ou immeubles : on peut saisir par exemple des meubles corporels ainsi
que les éléments incorporels d’un fonds de commerce.
Section II : Procédure.
Elle relève de la compétence du président du TPI qui statue en tant que juge des
référés sur les mesures conservatoires. L’opportunité d’autoriser une telle saisie est
laissée à l’appréciation du président du TPI ou du juge qu’il délègue à cet effet. Si la
saisie est autorisée, elle est exécutoire sur minute nonobstant appel ou opposition.
Peut être demandé en référé, la consignation entre les mains d’un séquestre désigné
par le juge, des sommes suffisantes pour garantir la cause de la saisie. Si la saisie
porte sur des biens mobiliers, l’agent d’exécution procède par procès verbal à leur
inventaire et les énumère. Si la saisie porte sur un immeuble , la décision l’ordonnant
est déposée à la conservation foncière en vue de son inscription sur le livre foncier et
la publicité de la saisie est assurée pour une durée de 15 jours , pour la sauvegarde
des droits des tiers. Si la saisie a été pratiquée contre le débiteur lui même, celui ci
reste en possession de ses biens jusqu’à la conversion de la saisie conservatoire en
une autre saisie. En revanche si les biens appartenant au poursuivi sont entre les
mains d’un tiers, l’agent d’exécution lui notifie l’ordonnance de saisie et lui en remet
copie : de ce fait, le tiers est constitué gardien des objets mobiliers ou de l’immeuble
à moins qu’il ne préfère remettre les biens saisis à l’agent. Il ne pourra s’en dessaisir
que s’il en est autorisé par le juge. La saisie empêche le saisi d’en disposer au
détriment de son créancier. De plus, il encourt des sanctions pénales en cas de
détournements des objets saisis si ceux ci sont détruits volontairement et dans le
dessein de les soustraire à la justice. Enfin si le créancier obtient un jugement ou arrêt
passé en force jugée condamnant le débiteur et partant un titre exécutoire, la
conversion de la saisie conservatoire en saisie exécution s’opère automatiquement par
le seul effet de la loi.
**La saisie gagerie est une saisie conservatoire mobilière organisée dans l’intérêt du
bailleur d’immeuble en vue de lui assurer le paiement des loyers dus. Elle peut porter
sur les meubles de toute nature garnissant les lieux loués ou sur les créances nées du
bail à raison des réparations locatives ou dégâts à la propriété. Le privilège du
bailleur subsiste même si les meubles ont étés déplacés sans le consentement de ce
dernier. Elle est demandée par requête au président du TPI qui autorise le bailleur à la
faire pratiquer par l’agent d’exécution. La phase d’exécution ne débute qu’après que
la saisie gagerie ait été validée par décision du TPI du lieu ou la saisie à eté effectuée.
Le jugement de validité convertira la saisie gagerie en saisie exécution, ce qui
entraînera la réalisation du gage.
**La saisie revendication : Permet au titulaire d’un droit réel sur une chose mobilière
d’obtenir que celle-ci soit mise sous main de justice pour assurer la protection de ce
droit réel. C’est l’action par laquelle une personne qui prétend à un droit de propriété,
de possession légale ou de gage sur une chose mobilière possédée par un tiers, met
cette chose sous main de justice. La saisie revendication peut être pratiquée par le
propriétaire de l’objet ou par le créancier gagiste : on peut revendiquer un meuble
volé ou perdu, un meuble se trouvant entre les mains d’un possesseur de mauvaise
foi.
Pour saisir, le créancier sollicite une autorisation du juge dans le lieu ou se trouve
l’objet revendiqué et dés que ce magistrat rend l’ordonnance de saisie, la décision est
notifiée au détenteur des meubles dans les formes ordinaires. Celui ci peut s’y
opposer en prétendant par exemple avoir acheté les objets volés de bonne foi : l’agent
est tenu de surseoir à l’exécution et porte la difficulté devant le magistrat saisi. Le
créancier doit pour se voir restituer les objets saisis, obtenir un jugement de validité
du tribunal de première instance. Détenteur et créancier débattent contradictoirement
devant le juge du fond qui tranche la contestation. Si la demande est fondée, le
jugement sur la validité constate le droit du revendiquant et ordonne restitution des
meubles à son profit.
Procédure par laquelle le créancier muni d’un titre exécutoire, fait placer sous main
de justice des biens meubles corporels de son débiteur et en poursuit la vente pour se
faire payer sur le prix. S’agissant des conditions de la saisie, il faut se reporter aux
conditions générales de la saisie déjà étudiées. Tout créancier peut poursuivre cette
procédure en justifiant d’un titre exécutoire et d’une créance liquide et exigible. Cette
saisie ne porte que des meubles et ces biens doivent être en la possession du débiteur.
Section I : Procédure
Le saisi peut prétendre que sa dette n’existe pas ou qu’il y a vice de forme (défaut de
commandement) dans la procédure de saisie. Le juge des référés dans ces hypothèses
peut accorder un sursis d’exécution. Le créancier premier saisissant ne jouit pas d’un
privilège du fait de la saisie car les autres créanciers peuvent faire valoir leurs droits
jusqu’à la distribution du prix par le biais de la procédure d’opposition sur le prix de
vente. L’opposition est formée entre les mains de l’agent d’exécution en précisant
l’identité du créancier opposant, cause de la créance, son montant et le titre
exécutoire. La formation de l’opposition contraint l’agent à consigner le prix de la
vente en attendant qu’il soit statué sur l’opposition.
Le tiers peut solliciter une demande en distraction des biens saisis, soit que ces biens
se trouvent entre les mains du tiers soit que ces biens sont en possession du débiteur
saisi.
Dans le premier cas, le tiers qui est en possession de la chose sur laquelle l’exécution
est poursuivie, ne peut à raison d’un droit de gage ou privilège sur cette chose,
s’opposer à la saisie. Il peut seulement faire valoir ses droits au moment de la
distraction du prix. Dans la seconde hypothèse, le tiers se prétend propriétaire des
biens saisis, le saisi les possédant indûment. Le tiers va d’abord tenté de se faire
remettre les meubles lui appartenant en produisant des justificatifs (titre de propriété)
et le juge des référés autorisera la restitution des biens revendiqués. En cas de
contestation de la part du débiteur saisi et si la demande en distraction est
accompagnée de preuves consistantes, le président du TPI peut surseoir à la vente et
le tiers a un délai de 8 jours pour saisir le juge du fond. Par contre si les preuves sont
insuffisantes, le juge peut refuser de surseoir à la vente et le tiers devra introduire une
demande en distraction devant la juridiction du fond dans les mêmes délais. Si le tiers
ne respecte pas le délai de huitaine, les poursuites sont continuées et le tiers
négligeant ne peut plus faire opérer la distraction.
La saisie s’applique aussi bien aux immeubles par nature immeubles par destination
ou par l’objet auxquels ils s’appliquent.
2-restrictions au droit de saisir
Le créancier peut provoquer simultanément la saisie de plusieurs immeubles
appartenant au débiteur mais en cas d’affectation de plusieurs immeubles à une même
créance, l’exécution ne peut être poursuivie simultanément sur chacun d’eux qu’après
autorisation délivrée en forme d’ordonnance sur requête par le juge des référés qui va
désigner le ou les immeubles qui feront l’objet de poursuites. Par ailleurs et aux fins
de protéger les immeubles produisant des revenus importants, la suspension de la
procédure de saisie est permise si ces revenus suffisent à assurer le paiement de la
dette.
2-l’adjudication
A. L’action en revendication
C- Folle enchère
Quand l’adjudicataire n’exécute pas les obligations dont il est tenu en vertu du cahier
des charges, il est fol enchérisseur et l’on revend le bien qui avait été adjugé. Il y a
folle enchère en cas de non paiement par l’adjudicataire du prix de l’adjudication ou
des frais de saisie ou en cas de violation ou d’inexécution de l’un des autres clauses
principales du cahier des charges. Tous les intéressés peuvent demander la revente sur
folle enchère : créanciers hypothécaires, privilégiés, saisi.La procédure consiste a
faire remettre l’immeuble en vente en avertissant les principaux intéresses mais au
préalable, l’adjudicataire est mis en demeure de se conformer aux clauses du cahier
de charges et faute pour lui d’obéir à cette sommation dans les 10 jours de sa
réception, l’immeuble sera remis en vente à ses risques et périls. La procédure de
remise en vente consiste en une nouvelle publicité qui sera suivie d’une nouvelle
adjudication dans le délai de 30 jours. L’adjudicataire défaillant peut arrêter la
procédure jusqu’au jour de la nouvelle adjudication s’il justifie avoir satisfait aux
conditions de la première adjudication et payé les frais de procédure intervenus par sa
faute. A défaut d’arrêter la procédure, le fol enchérisseur n’a plus aucun droit sur
l’immeuble et il devra payer la différence entre son prix d’achat et le prix de revente
si l’immeuble se vend moins cher à l’adjudication sur folle enchère qu’à la première
adjudication. Il ne peut réclamer la différence si l’immeuble s’est mieux vendu.
Procédure par laquelle un créancier arrête entre les mains d’un tiers les sommes et
objets mobiliers qui sont dus ou qui appartiennent à son débiteur et se fait payer sur
ces sommes ou prix de ces meubles jusqu’à concurrence de ce qui est du à lui-même.
Le créancier saisissant fait défense à un tiers saisi de payer les sommes ou de remettre
les objets mobiliers appartenant à son débiteur. Puis il obtient un jugement en vertu
duquel les sommes dues par le tiers saisi ou prix des objets seront employés à le
désintéresser. La saisie arrêt met en cause 3 personnes : le créancier saisissant, son
débiteur et le débiteur du débiteur. La créance du saisissant contre le débiteur saisi est
la cause de la saisie et la créance du débiteur saisi contre le tiers saisi est la créance
saisie arrêtée. La saisie arrêt découle du droit de gage du créancier sur le patrimoine
du débiteur et elle consiste généralement en une somme d’argent. Elle est une mesure
conservatoire jusqu’au jugement de validité ; après elle est une mesure d’exécution .
Le droit de saisir arrêter appartient a tout créancier du saisi qu’il soit hypothécaire ;
chirographaire ou privilégié. Les ayants cause des créanciers peuvent utiliser cette
procédure ainsi que les mandataires conventionnels ou légaux à condition de justifier
du mandat, qualité et capacité d’ester en justice. Toutefois il n’est pas permis de
pratiquer une saisie arrêt sur une créance appartenant à l’état, collectivités locales,
établissements publics : les agents diplomatiques qui représentent un état étranger
bénéficient également de cette immunité. La saisie arrêt ne peut être pratiquée que sur
une personne qui a la situation de tiers vis à vis du saisissant et qui est débitrice d’une
créance ou de la remise des sommes ou objets saisis arrêtés appartenant au saisi. Par
exemple une saisie arrêt est possible entre les mains du banquier ou notaire qui
détient des fonds pour le compte du débiteur saisi. La créance doit par ailleurs être
certaine, liquide et exigible, et la saisie arrêt peut être faite soit en vertu d’un titre
exécutoire soit en vertu d’une ordonnance du président du tribunal de première
instance accordée sur requête écrite. En l’absence d’un titre exécutoire, l’autorisation
de ce magistrat est nécessaire et il doit s’assurer de la certitude ou sérieux de la
créance. En accordant une telle autorisation, le magistrat précisera la somme pour
laquelle la saisie est possible et il se réserve le droit de rétracter cette autorisation en
référé sur la demande du saisi ou du tiers saisi. Cela ne préjudicie en rien le droit du
saisissant d’attaquer par voie d’appel l’ordonnance lui refusant l’autorisation. En
dernier lieu, la créance saisie arrêtée doit exister dans le patrimoine du saisi au jour
de la saisie et être en outre disponible car on ne peut saisir arrêter une créance
insaisissable telle qu’une créance alimentaire.