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Les demandes
Définitions
Demandes initiales : prétentions formulées par le demandeur dans son acte de saisine.
Demandes reconventionnelles : prétentions propres au défendeur, autres que le seul rejet des prétentions du
demandeur.
Demandes additionnelles : demandes s’ajoutant aux demandes initiales quelles proviennent du demandeur ou
du défendeur.
Intervention volontaire : participation d’un tiers dans un procès en vue de soutenir une partie ou de faire valoir
ses propres demandes.
Intervention forcée : mise en cause d’un tiers dans un procès en cours.
La demande est la matérialisation en justice du droit d’agir. Elle se définit comme « l’acte juridique par lequel
une personne soumet au juge une prétention » (G. Couchez, n° 158). La demande doit permettre au justiciable
de faire reconnaître son droit contesté ou de faire déclarer son droit. Dès lors, la demande doit être distinguée
de l’action qui est le fait de pouvoir saisir la justice et du droit substantiel. La croyance en un droit substantiel
peut conduire à avoir un droit d’agir qui se matérialisera par une demande. La réalité du droit substantiel doit
donc être détachée de celle de la recevabilité de la demande.
Les demandes concernent en premier lieu celui qui introduit l’instance et qui prend dès lors le qualificatif de
demandeur. Mais les demandes visent également le défendeur qui a tout autant vocation à faire valoir ses droits.
Les demandes sont donc évolutives lors d’un procès, d’où une pluralité d’aspects qu’il convient d’expliciter (I).
Par ailleurs, les demandes portent sur des droits de natures différentes nécessitant d’opérer une classification
(II). Enfin, nous présenterons les obligations formelles de présentation des demandes dans les conclusions (III).
L’objectif est ici de distinguer les différents types de demandes selon l’avancement du procès.
C. Intérêt de la distinction
Il est important de distinguer entre les demandes initiales et celles incidentes, tant sur le fond que sur la
forme.
Sur le fond, ce sont les demandes initiales qui vont déterminer la compétence de la juridiction saisie. Les
demandes incidentes seront alors traitées par la juridiction même si elles ne ressortent normalement pas de sa
compétence. Mais si la demande incidente peut être d’une nature assez différente de celle initiale, elle doit tout
de même se rattacher à celle initiale par « un lien suffisant » selon l’article 70 du Code de procédure civile. Cette
règle ne s’applique pas et ce fort logiquement pour les demandes de compensation, mais le juge peut décider
de disjoindre les demandes s’il y a un risque de retarder excessivement l’instance en cours. Toutefois, si le
domaine de la demande incidente est de la compétence exclusive d’une autre juridiction, celle saisie devra poser
une question préjudicielle à celle compétente et surseoir à statuer dans l’attente de la réponse.
Sur la forme, les demandes incidentes sont présentées comme les moyens de défense, c’est-à‑dire par
conclusions, donc sans assignation à la différence des demandes initiales, du moins devant le tribunal de grande
instance. Cette souplesse connaît une limite lorsqu’une partie est défaillante ou encore lorsque la demande
consiste en une intervention forcée. L’article 68 alinéa 2 prévoit alors de recourir aux formes prévues pour
l’introduction de l’instance donc comme s’il s’agissait de demandes initiales.
Qu’elles soient principales ou incidentes, les demandes portent sur des objets de natures très diverses qui
imposent d’établir une classification afin de les appréhender. Classiquement, on distingue entre les actions
personnelles, réelles et mixtes. Une autre division s’opère selon la nature mobilière ou immobilière de l’objet de
l’action. Enfin, les actions immobilières se répartissent entre celles possessoires et celles pétitoires.
A. Les catégories
L’action personnelle comme son nom l’indique a vocation à sanctionner un droit personnel, c’est-à‑dire un
droit de créance. Les actions liées à la personne peuvent se décliner entre les actions patrimoniales et celles
extrapatrimoniales. Ces actions sont menées devant la juridiction du lieu où demeure le défendeur.
L’action réelle porte sur un droit réel, donc un droit sur un bien. La juridiction compétente est celle du lieu
de l’immeuble.
L’action mixte est mêlée des deux autres, comme en cas de vente d’immeuble, le contrat ayant une nature
personnelle mais associé à la nature réelle de l’immeuble. Le demandeur bénéficie d’un droit d’option pour le
choix de la juridiction.
Selon l’article 768 du Code de procédure civile, les conclusions doivent formuler expressément les prétentions
des parties ainsi que les moyens en fait et en droit sur lesquels chacune de ces prétentions est fondée avec
indication pour chaque prétention des pièces invoquées et de leur numérotation. Un bordereau énumérant les
pièces justifiant ces prétentions est annexé aux conclusions.
Les conclusions comprennent distinctement un exposé des faits et de la procédure, une discussion des
prétentions et des moyens ainsi qu'un dispositif récapitulant les prétentions. Les moyens qui n'auraient pas été
formulés dans les conclusions précédentes doivent être présentés de manière formellement distincte. Le tribunal
ne statue que sur les prétentions énoncées au dispositif et n'examine les moyens au soutien de ces prétentions
que s'ils sont invoqués dans la discussion.
Les parties doivent reprendre dans leurs dernières conclusions les prétentions et moyens présentés ou invoqués
dans leurs conclusions antérieures. A défaut, elles sont réputées les avoir abandonnés et le tribunal ne statue
que sur les dernières conclusions déposées.
À retenir
• On distingue les demandes initiales des demandes additionnelles.
• Les demandes initiales fixent le cadre du litige, le lien d’instance et contraignent le juge à répondre. Elles vont
permettre d’apprécier la compétence de la juridiction saisie et la recevabilité de l’action.
• Les demandes incidentes comprennent toutes les demandes qui vont se greffer à celles initiales. Il peut s’agir de
demandes reconventionnelles, c’est-à‑dire des demandes du défendeur autres qu’une simple défense ou de
demandes additionnelles de chaque partie.
• Les demandes incidentes doivent avoir un lien suffisant avec l’objet initial du litige.
• Les actions se divisent entre les actions personnelles qui portent sur les obligations et celles réelles portant
directement sur un bien.
• Au sein des actions immobilières, il convient de distinguer les actions pétitoires, qui visent le titre sur le bien, du
référé possessoire qui permet à tout possesseur voire détenteur de prévenir ou faire cesser un trouble à une
possession.