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La réalisation des droits subjectifs - Lydia RANDRIANJA, Octobre 2023

LA REALISATION DES DROITS


SUBJECTIFS

Les droits sont faits pour être réalisés ; ils peuvent ainsi procurer à leurs titulaires les
jouissances qu’ils contiennent potentiellement ; toutefois, leur réalisation présente un aspect
très différent selon qu’elle se heurte ou non à une contestation d’autrui. Si le droit est contesté,
un litige va se présenter, il va falloir combattre pour réaliser le droit : c’est la réalisation
contentieuse.

I- La réalisation non contentieuse des droits

La réalisation non contentieuse des droits peut être directe ou indirecte : le titulaire d’un droit le
réalise en l’exerçant sinon, il le transmettra à autrui.

1-L’exercice des droits


Une personne exerce un droit sans autres limitations que celle de l’abus de droit,
de la fraude et du détournement de pouvoir.

a)L’abus de droit
Il y a abus de droit, lorsqu’une personne, sans dépasser les limites
objectives de son droit, se sert de celui-ci pour nuire à autrui.
L’abus de droit n’est pas l’excès de droit ; c’est le cas de construire une
fausse cheminée pour assombrir la maison de son voisin (Arrêt Colmar 1855, D.1955, 2, p.9)
La théorie de l’abus de droit signifie que l’exercice d’un droit n’est pas
permis ; il constitue donc une faute lorsqu’il ne peut avoir d’autre but que de causer à autrui un
dommage/préjudice..
Il faut noter toutefois que certains droits sont appelés discrétionnaires, en
ce sens que leur exercice ne puisse jamais être critiqué sous prétexte d’abus. C’est le cas des
père et mère de consentir ou non au mariage de leur enfant mineur.

b) La fraude
Au sens large, la fraude est toute espèce de turpitude, comme celle qui
consiste à tromper autrui à l’occasion de la conclusion d’un contrat.
Au sens strict, il s’agit d’un comportement qui permet de profiter des
imperfections de l’ordre juridique en utilisant une règle de droit afin de paralyser l’application
d’une autre règle de droit. Ex :un débiteur s’’est appauvri volontairement pour se soustraire au
paiement de sa dette. Les tribunaux appliquent une maxime ‘fraus omnia corrumpit’

c)Le détournement de pouvoir


Il y a détournement lorsqu’une personne utilise ses pouvoirs pour une
autre fin que celle en vue de laquelle ils avaient été conférés.

2- La transmission des droits

Selon les théories individualiste et libérale, les droits peuvent être librement
transmis, aliénés, cédés. Par exception, il existe des droits incessibles comme le droit au nom,
les droits de la famille.

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Lorsque le droit transmis est le droit de propriété sur une chose, il semble que
c’est la chose elle-même qui fasse l’objet de la transmission, et dans plusieurs dispositions
légales (art 537, 1128, 1598 Cciv) est inscrit le principe de la libre circulation des biens,
corollaire du libéralisme économique
Celui qui transmet son droit est l’auteur de celui à qui il le transmet ; celui qui
acquiert ce droit est l’ayant-cause de celui de qui il tient le droit
Il y a deux sortes d’ayant-cause :
-l’ayant-cause à titre universel quand la transmission porte sur une universalité
du patrimoine ou d’une partie de celui-ci : il succède aux droits comme aux obligations
-l’ayant-cause à titre particulier lorsque la transmission porte au contraire sur un
ou plusieurs biens considérés à titre particulier comme les biens individualisés (ex : une voiture
BMW). Il ne succède qu’à un bien
La transmission de droits est dominée par le principe de la conservation des
droits transmis, soit que ‘ nul ne peut transférer à autrui plus de droits qu’il n’en a lui-même’ ou
encore ‘ nul ne donne ce qu’il n’a pas.
L’ayant cause aura les droits de son auteur et uniquement ceux-là ; ainsi, si en
la personne de l’auteur, il y avait absence de droit, l’absence de droit se retrouverait en la
personne de l’ayant-cause. Le défaut de droit se retrouve à perpétuité dans la chaine des
aliénations à moins que n’intervienne la prescription.

B- La réalisation contentieuse des droits

« Nul ne peut se faire justice à soi même ». SI le droit est contesté ou violé, il faut en faire
déclarer l’existence par le juge, ce qui suppose une action en justice et un procès ; le juge ne
fera cette déclaration que si la preuve du droit est rapportée ; encore faut-il que l’ayant-droit soit
dans les délais requis pour agir en justice

1-L’action en justice
L’action en justice se définit comme une action portée devant les tribunaux ; c’est la voie
juridique par laquelle une personne s’adresse au juge pour obtenir la reconnaissance et la
protection de son droit. Celui qui agit est le demandeur (actor), celui qui défend est le défendeur
(reus). L’action revêt la forme technique de la demande en justice qui ouvre le procès
(instance).

a)-Le déroulement du procès civil


L’instance est introduite par une assignation qui est un exploit d’huissier ;
l’assignation est signifiée au défendeur à la requête du demandeur. Celui-ci y fait connaître son
avocat ainsi que l’objet et les moyens ou arguments de la demande.

L’affaire est appelée devant le Président du Tribunal civil (de droit commun) qui,
d’après les explications des avocats, et au vu des conclusions échangées et des pièces
communiquées, peut décider de renvoyer l’affaire directement à l’audience. Dès que l’état de
l’instruction le permet, il renvoie l’affaire à l’audience pour être jugée.
A l’audience, le Président dirige les débats ; les avocats sont entendus dans leur
plaidoirie. Exceptionnellement, le représentant du Ministère public prend la parole le dernier
pour présenter des conclusions. Le tribunal qui est collégial doit ensuite délibérer et voter. Il
délibère soit sur le siège, soit en chambre du conseil. Il peut aussi renvoyer le jugement pour
plus ample délibéré à une date ultérieure.

b)-Les principes directeurs du procès civil


Ces principes sont les suivants :

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-le principe du contradictoire : le juge doit entendre les deux parties ; cependant le
procès peut se poursuivre par défaut, et le jugement peut même être réputé contradictoire si le
défendeur ne constitue pas avocat ou s’abstient d’accomplir les actes de procédure dans les
délais requis
-le principe de la neutralité du juge ; il joue un rôle passif d’arbitre du jeu car le
procès civil est, « le procès des parties ».

c)-La chose jugée


Tout litige doit connaître une fin ; ainsi, une décision de justice rendue doit être
revêtue par l’Etat d’une force particulière dès lors que les voies de recours sont épuisées ; elle
ne peut plus être remise en question.
La partie qui a gagné le procès peut soulever un moyen procédural ‘l’exception de
la chose jugée’ si son adversaire essaierait de recommencer le procès.

2.-La Preuve
La preuve est la démonstration de la véracité d’une prétention. Tous les droits subjectifs
n’ont pas leur intérêt s’ils ne peuvent pas être prouvés ; c’est le cas de la preuve d’un droit de
créance.
Concernant la preuve, deux questions se posent : qui doit prouver et comment prouver ?

a)-la charge de la preuve ou le fardeau de la preuve


Puisque le juge reste neutre dans le procès civil, il appartient à chaque partie
d’apporter les preuves nécessaires au succès de sa prétention.

a1.le principe
Selon le Code civil art 1315 al 1er, la charge de la preuve incombe en
premier lieu au demandeur ; c’est ce qui est exprime par l’adage actori incumbit probatio ; en
effet, il appartient au demandeur de prendre l’initiative de rompre le statu quo. Il appartient par
la suite au défendeur d’invoquer contre le demandeur des moyens de défense ; il devient alors
demandeur en second lieu.

a.2.Exception
Le demandeur est dispensé d’apporter la preuve de sa prétention dans
des cas prévus par la loi ; ce sont les présomptions légales. C’est le cas de l’enfant conçu
pendant le mariage qui est dispensé de prouver qu’il a pour père le mari de la mère ; il s’agit ici
de la présomption de paternité. Le fondement de cette présomption légale est la probabilité
La présomption selon l’article 1349 CCiv est la conséquence que la loi ou le magistrat tire d’un
fait connu (fait accessible) à un fait inconnu (fait inaccessible)
Il existe deux types de présomption :
-les présomptions simples qui permettent à l’adversaire au procès de
renverser le fardeau de la preuve en apportant une preuve contraire. Ex : droit du mari de la
mère de faire tomber la présomption de paternité en démontrant qu’il était dans l’impossibilité
de procréer par suite d’éloignement ou de santé reproductive.
-les présomptions irréfragables dans lesquelles les preuves contrai-
res sont interdites. Ex : selon l’article 1er du CCiv, la remise volontaire du titre original sans
signature privée par le créancier au débiteur fait preuve de libération.

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b)- Les moyens de preuve


Ce sont les procédures que le Droit met à la disposition des plaideurs pour montrer la
véracité des éléments qu’ils apportent au soutien de leur prétention. La loi distingue deux sortes
de preuve : les preuves préconstituées ou écrites ou a priori, et les preuves a posteriori.

b.1.Les preuves préconstituées ou écrites ou a priori


Il s’agit d’écrits destinés à faire preuve et établis d’avance, au moment ou les
parties créent le droit, pour le cas ou un litige surviendrait par la suite. Leur domaine propre est
le contrat, mais parfois pour les faits juridiques.
Il existe deux grandes catégories d’écrits : l’acte authentique et l’ASSP

-L’acte authentique
C’est l’acte reçu par un officier public compétent, dans les formes prescrites
par la loi ; en effet, pour chaque acte, la loi impose de respecter certaines mentions
particulières, entre autres, la signature de l’officier public, la date et l’identification des parties. L’
acte authentique est donc écrit en papier manuscrit ou dactylographié ou informatisé
Ex : les actes notariés, les décisions judiciaires, les actes dressés par les
experts judiciaires, les constats d’huissier, les actes pris par les maires et les procès verbaux
établis par les officiers de police judiciaire OPJ
Quant à la force probante de l’acte, il fait foi de la convention qu’il renferme
entre les parties contractantes, ce qui signifie que l’acte authentique a une très grande force
probante. Cependant, il faut faire une distinction entre deux types de mentions qui peuvent se
trouver dans un acte authentique : les constatations personnelles de l’officier public, et les
mentions qui ne font que relater les déclarations des parties.
-Pour les constatations personnelles, elles sont tenues comme étant
l’expression de la vérité ; elles sont donc en principe incontestables. Ex : un notaire écrit qu’une
somme de 10% du montant a été remise par l’acquéreur au vendeur, et qu’il a assisté à la
remise. Pour pouvoir dire que ce qu’un notaire a vu est faux, il faut passer par une procédure
particulière appelée ’inscription en faux’. Cette procédure consiste à mettre en doute la parole
de l’officier ministériel. Cette procédure présente des risques pour le demandeur parce qu’il faut
savoir que s’il est débouté de son action, le demandeur sera condamné à une lourde amende.
- Pour les mentions qui relatent ce que les parties ont déclaré à l’officier
public, la preuve contraire est possible. Celle-ci ne peut être apportée que par écrit car l’acte
authentique est un écrit.

-L’acte sous seing privé (ASSP)


Il s’agit d’écrits établis entre de simples particuliers sans aucune
intervention d’un officier public. La caractéristique principale de cet acte est l’absence de
formalisme. La jurisprudence de la Cour de cassation a admis la validité d’ASSP écrits au
crayon. Ainsi, il a été jugé que ‘l’ASSP n’est soumis à aucune condition de forme que la
signature de ceux qui s’obligent’ (CCass, 1ere chambre civile, 27 janvier 1993). La signature de
chaque partie manifeste l’adhésion de celle qui s’est engagée ; la signature doit donc permettre
l’identification de la personne. A Madagascar la signature peut être remplacée par l’empreinte
digitale.
Il faut noter que les règles de validité de l’ASSP différent selon la nature de
l’acte : synallagmatique ou unilatéral :
-si l’acte est synallagmatique (vente), il est soumis à la formalité du double ;
en effet, selon la loi ‘les ASSP qui contiennent des conventions synallagmatiques ne sont
valables que tant qu’ils ont été faits en autant d’originaux qu’il y a de parties ayant un intérêt
distinct. Le but de cette formalité est d’assurer que chaque partie est dans une situation égale.
La jurisprudence a admis une exception à cette exigence dans l’hypothèse ou l’une des parties

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a déjà intégralement exécuté ses obligations (ex ; au moment ou le contrat est signé, le vendeur
a déjà remis la chose à l’acheteur qui va payer ultérieurement. Le vendeur a donc intérêt à avoir
un original du contrat, ce qui n’ est pas fondamental pour l’acheteur.)
-si l’acte est unilatéral (ex ; donation , la personne qui s’est engagée
n’attend pas de l’autre une quelconque obligation), les textes précisent que ‘l’acte juridique par
lequel une seule partie s’engage envers une autre à lui payer une somme d’argent ou à lui livrer
un bien doit être constaté dans un titre qui comporte la signature de celui qui souscrit cet
engagement ainsi que la mention écrite par lui-même de la somme ou de la quantité en toutes
lettres et en chiffre. Et en cas de différence l’ASSP vaut pour la somme écrite en toute lettre’.
Cette règle est adaptée du droit des chèques. Cependant il y a un risque : le créancier est tenté
de modifier à la hausse l’engagement pris par le débiteur. Pour l’éviter, le législateur a soumis
l’acte unilatéral au respect de mentions obligatoires (double montant).
La formalité du ‘Bon pour, lu et approuve’ ne devrait plus être utilisée, mais
la pratique en exige le contraire.
En ce qui concerne la force probante de l’ASSP, il faut faire une distinction
entre le fait qu’il est invoqué par les parties ou par les tiers :
-si l’acte est invoqué par les parties, il doit être reconnu par celui à qui on
lui oppose, Pour que l’acte ait une forte force probante, il faut qu’il soit reconnu par celui auquel
on l’oppose ou légalement reconnu.
-s’il ne le reconnaît pas, il doit denier formellement la sincérité de cet acte;
cette dénégation se fait par une simple déclaration qui a pour effet de retirer à l’acte toute force
probante. Toutefois, la force probante de l’acte peut être établie par celui qui veut se prévaloir
de l’acte à condition qu’il fasse établir la sincérité de l’acte devant un tribunal compétent.

Une question se pose, quel est l’intérêt de l’ASSP pour les tiers ?
L’ASSP peut avoir un intérêt pour les créanciers d’une des deux parties qui
veulent saisir un bien par ex. dans ce cas, il est important de savoir à quel moment l’acte a
produit ses effets. Pour pouvoir invoquer un ASSP par un tiers, il faut que l’acte ait date certaine
et cela de trois manières :
-si un des signataires est décédé
-l’enregistrement de l’ASSP a été effectué
- si le contenu de cet acte est relaté dans un acte authentique.

-Les autres formes écrites

. les lettres missives : une lettre est une correspondance entre les
personnes. Une grande différence existe entre les lettres missives et les deux autres actes
précités qui sont appelés instrumentaires car ils ont pour but de reconnaître l’existence d’un
contrat. Les lettres missives peuvent être utilisées pour faire preuve contre son auteur à
condition qu’elles puissent être produites sans la violation de la vie privée de l’auteur. Ainsi,
pour pouvoir utiliser une lettre missive en justice, elle doit émaner de la personne à qui on
l’oppose
. les registres et papiers domestiques : ce sont les écritures qu’une
personne fait sans y être tenue pour conserver la trace d’un certain nombre d’événements
économiques ainsi que des actes juridiques qui l’intéressent. Ces écrits ont un caractère
unilatéral (ex ; livre de compte), et ne sont soumis à aucune règle de rédaction ce qui explique
qu’ils ne peuvent pas servir de preuve à leur auteur. Cependant, ces écrits peuvent être utilisés
contre celui qui les a écrits par la partie adverse. ; Dans ce cas, les tribunaux les qualifient de
commencement de preuve par écrit.

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b.2).Les preuves a posteriori


-le témoignage ou la preuve testimoniale
La preuve testimoniale est celle qui résulte des déclarations faites par
des personnes qui relatent ce qu’elles ont vu ou entendu. Selon la loi, lorsque la preuve
testimoniale est admissible, le juge peut recevoir des tiers les déclarations de nature à éclairer
sur les faits litigieux dont ils ont personnellement eu connaissance. Ces déclarations sont faites
par attestation ou recueillies par voie d’enquête selon qu’elles sont écrites ou orales.
La preuve testimoniale se distingue de la ‘commune renommée’ qui vise
l’hypothèse dans laquelle les personnes rapportent non pas ce qu’elles ont constaté elles
mêmes, mais ce qu’elles ont su par ouï-dire (rumeurs). Cette preuve est admise de façon
limitée en droit français.
Les témoins cités ont l’obligation de déposer ou de s’y rendre.

L’aveu et le serment
-L’aveu : c’est la déclaration par laquelle une personne reconnaît pour
vrai et cela doit être tenu pour avéré à son égard un fait de nature à produire contre elle des
conséquences juridiques. Il y a deux sortes d’aveu : l’aveu judiciaire et l’aveu extrajudiciaire
.l’aveu judiciaire : Il émane de l’une des parties au procès ou de son
représentant qui a été spécialement mandaté par elle à cet effet. L’aveu judiciaire doit être fait
devant le juge qui statue au cours de l’instance dans laquelle le fait avoué était en cause..
L’aveu fait pleine foi contre celui qui l’a fait ; il a donc une force importante car il constitue une
preuve irréfutable
-l’aveu extrajudiciaire : Tout aveu qui n’est pas émis devant le juge au
cours de l’instance dans laquelle le fait avoué est en cause est un aveu extrajudiciaire. il peut
être contenu dans un écrit ou être apporté par un témoin.
-Le serment
Le serment est la déclaration par laquelle un plaideur affirme d’une
manière solennelle et devant un juge la réalité d’un fait qui lui est favorable. Dans le passé,
quand une personne prêtait serment, elle prenait Dieu à témoin ; de nos jours, le serment n’a
plus vraiment la valeur religieuse : la personne lève la main droite et dit ‘Je le jure’. Des
sanctions pénales sont prévues contre l’auteur d’un faux serment.
Il existe deux types de serment : le serment décisoire et le serment
supplétoire. Le droit français a prévu le serment estimatoire :
-le serment décisoire
C’est le serment demandé à l’une des parties au procès par son
adversaire. En effet, la définition que donne le Code de procédure civile est la suivante : ‘Celui
qu’une partie qui défère à l’autre pour en faire dépendre le jugement de la cause’. Le serment
décisoire a donc pour but de mettre fin à la contestation qui s’est élevée en justice. En pratique
cela se passe comme suit : un des plaideurs allègue à l’appui de sa prétention un fait qu’il ne
parvient pas à démontrer.
C’est le cas du débiteur qui affirme avoir versé le prix que le vendeur lui
réclame mais comment le prouver si le vendeur est de mauvaise foi et qu’il refuse de
l’admettre. Il va mettre au défi le vendeur de jurer qu’il n’a pas reçu le prix. Son adversaire à
qui le serment est déféré a trois choix possibles :
. le vendeur, son adversaire est convaincu de n’avoir rien reçu et prête
serment, alors il gagne le procès, mais le débiteur a des possibilités de savoir que celui qui a
prêté serment a menti ;
. le vendeur reculant devant le risque d’être condamné pour faux
serment, il refuse de prêter serment et dans ce cas il va perdre le procès

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. le vendeur peut référer le serment à l’acheteur ; donc il lui retourne le


défi en lui demandant de prêter serment qu’il a bien payé le prix ; dans cas, l’acheteur débiteur
va prêter serment qu’il a payé et il va gagner le procès
-Le serment supplétoire
C’est le serment que le juge peut déférer d’office quand il n’est pas
convaincu que les preuves produites sont insuffisantes. Ce serment n’a pas pour effet de
mettre fin au litige, mais vise à éclairer le juge dans sa prise de décision.

Remarque : en Droit français, le serment estimatoire est prévu par l’article 1369 CCiv qui vise
l’hypothèse dans laquelle le principe de la demande est fondé, mais le montant de la
condamnation à prononcer n’est pas déterminé, et le juge n’a pas lui-même les moyens d’en
fixer le montant exact.

3.-Le délai pour agir en justice

Le délai pour agir est l’espace de temps accordé par la loi pour l’exercice d’un droit. C’est le
délai de la prescription qui peut être soit acquisitive, soit extinctive. Le titulaire du droit qui a
laissé expiré le délai qui lui était imparti pour l’exercer se trouve forclos, c’est-à-dire, comme s’il
n’avait pas le droit.
Le délai pour agir varie selon la nature du litige qui peut être commercial, civil ou pénal.

4. L’organisation judiciaire et l’action en justice

Lorsqu’un droit a été violé ou contesté, le titulaire de ce droit va saisir la justice. Il faut
cependant qu’il saisisse le tribunal compétent pour faire reconnaître son droit. L’organisation
judiciaire concerne les questions de compétence pour statuer sur le litige, du personnel
judiciaire composant le tribunal saisi ,et des conditions devant être réunies par le demandeur
au procès.

a) Sur l’organisation judiciaire


Pour fonctionner, le service public de la justice comprend des organes, des juridictions
et un personnel judiciaire. Trois organes rendent la justice : la Cour Suprême (CS), les Cours
d’appel (CA) et les tribunaux. Les juridictions fonctionnent sur la base d’un certain nombre de
principes.

a.1.Les juridictions judiciaires


Elles sont constituées par les juridictions pénales et les juridictions civiles. \il
existe des juridictions de droit commun et des juridictions d’exception

a.1.1, Les Juridictions de droit commun


Ces juridictions ont vocation à connaître de tous les litiges ; il s’agit

-Des tribunaux de première instance


Un Tribunal de première instance (TPI) est composé d’un président,
d’un ou de plusieurs juges, d’un Procureur de la république (PR) assisté d’un ou de plusieurs
substituts qui constitue le Ministère public ou Parquet, et d’un greffier. Le TPI comporte des
chambres comme la Chambre civile, la Chambre commerciale, la Chambre sociale et la
Chambre d’immatriculation
Les TPI siègent en audience publique, sauf pour certaines actions
(en divorce, en déclaration judiciaire de paternité) pour lesquelles le tribunal siège en

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chambre de conseil, c’est-à-dire que les débats ont lieu à huis clos dans le local réservé aux
délibérations.
Les tribunaux statuent en premier ressort et connaissent de toutes
les affaires civiles, sociales et commerciales.

-Les CA
Dans chaque ex-chef lieu de province existe une CA composée
d’un premier président, d’un ou de plusieurs présidents de chambres et de conseillers. Le
Ministère public est représenté par le Procureur général (PG) assisté d’avocats généraux et
de substituts généraux.
Les chambres civiles, commerciales, d’immatriculation et sociale
connaissent des appels interjetés contre les jugements rendus en 1er ressort par les TPI.

-La Cour Suprême / la Cour de Cassation

a.1.2. Les juridictions d’exception


Certaines affaires doivent être soumises à des juridictions
spécialisées ; il s’agit de litiges liés au commerce, au travail

-Le tribunal de commerce : ce tribunal qui statue avec la


participation de deux assesseurs connaît de tout litige lié à un acte de commerce, à des
contestations entre associés d’une entreprise commerciale, aux difficultés de l’entreprise
comme la faillite, le règlement judiciaire et en matière d’actes mixtes.

-Le tribunal du travail : il comprend un président du tribunal ou un


magistrat désigné par lui, un assesseur employeur et un assesseur salarié ; le tribunal est
assiste d’un greffier. La compétence du tribunal est liée à tout litige entre employeur et salarié
ou entre deux salariés relatif à l’exécution d’un contrat de travail, des litiges liés au syndicat, a la
réparation des accidents de travail et des maladies professionnelles.

b) Les principes de fonctionnement des juridictions

-La hiérarchie des juridictions


Les juridictions sont hiérarchisées pour répondre à la règle du double degré de
juridiction. En principe, un justiciable a droit à deux degrés de juridiction, soit de demander à la
justice une révision du procès, en principe, par une autre juridiction que celle ayant rendu la
décision (ex : l’opposition, l’appel)

-L’unité et la collégialité des juges : le juge est en principe unique au niveau de la


première instance pour rendre sa décision ; les juridictions d’exception statuent d’une manière
collégiale.

-Le principe de la gratuité de la justice : le juge ne reçoit aucune rémunération des


justiciables. Toutefois, si la justice est gratuite, les moyens d’y arriver sont couteux comme la
caution, les rémunérations des services des auxiliaires de justice (ex : greffier, huissier, avocat,
experts judiciaires). Face à des difficultés financières, une personne peut demander l’assistance
judiciaire comme par exemple la commission d’un avocat.

-Le principe de l’égalité devant la justice : le principe signifie que les plaideurs sont
soumis aux mêmes règles d’organisation judiciaire et de procédure ; en effet, il existe des

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personnes qui bénéficient de certains privilèges et qui sont soumises à des règles particulières (
les privilèges parlementaires, diplomatiques)

5. La compétence territoriale des juridictions

Il s’agit du pouvoir du juge d’un lieu donné de connaître des affaires localisées dans son
ressort ; la compétence territoriale est en principe fonction de la localisation dans l’espace de
l’une des parties au procès et exceptionnellement d’autres critères.

1. Le Principe : Actor sequitur forum rei


La compétence d’un tribunal appartient au tribunal du domicile réel ou domicile élu du
défendeur. Si celui-ci n’a ni domicile ni résidence, compétence est attribuée au tribunal du lieu
ou le contrat a été conclu, ou celui du lieu où se trouve passagèrement le défendeur. Si le
procès fait intervenir plusieurs défendeurs, le demandeur peut saisir le tribunal du domicile de
l’un d’eux.
En matière commerciale, le principe peut connaître des limites dans la mesure où les
parties peuvent convenir d’attribuer compétence à un tribunal autre que celui du domicile du
défendeur (article 80 du CPCiv) ; cette limite a été édictée dans le but de faciliter les
transactions commerciales.

2. Les exceptions
Le principe actor sequitur forum rei comporte les exceptions (articles 80,81 du CPCiv) :
-en cas de litige immobilier le tribunal du lieu ou se trouve le bien est seul compétent
-dans le domaine commercial, le litige lié à une entreprise commerciale ayant des
agences ou succursales relève de la compétence de la juridiction commerciale ou se trouvent
ces agences ou succursales
-en cas de difficultés graves de l’entreprise, l’action est portée devant le tribunal du failli
ou du bénéficiaire du règlement judiciaire
-pour toute action liée à la succession, seul le tribunal du domicile du défunt est
compétent
-pour une demande de pension alimentaire, l’instance peut être portée devant le
tribunal du domicile du créancier d’aliments
-les contestations relatives à des fournitures, travaux, locations, louage d’ouvrages ou
d’industrie peuvent être portées devant le juge du lieu ou le contrat a été conclu ou exécuté
lorsque l’une des parties est domiciliée en ce lieu
-la demande en réparation d’un dommage causé par un délit peut être portée devant le
tribunal du lieu ou le fait dommageable s’est produit ou devant le tribunal du domicile de l’auteur
du dommage
-en matière de contrat de travail, le tribunal du lieu ou s’exécute le contrat peut être
saisi malgré l’existence d’une clause d’attribution de juridiction.

6 -Le Personnel Judiciaire


Suivi des exposés et recherches personnelles des étudiants
6.1.-Les magistrats et leurs fonctions
1-Les magistrats du siège
2-Les magistrats du Parquet

6.2.-Les auxiliaires de justice et leurs fonctions respectives


1- les avocats
2-le greffier
3-l’huissier

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4-l’agent d’affaires
5-le commissaire priseur
6 les experts judiciaires ( médecine, comptabilité, maritime, en bâtiment…)
7-le notaire
8- l’assesseur

7-L’action en justice et les voies de recours


7.1.l’action en justice
La saisine d’une juridiction requiert trois conditions : la capacité d’ester en justice, la
qualité pour agir et l’intérêt pour agir

a)La capacité d’ester en justice


La règle est que toute personne qui n’est pas déclarée incapable par la loi peut
saisir le tribunal compétent ; en conséquence, les personnes incapables d’exercer leurs droits
(frappées d’incapacité d’exercice) ne peuvent faire valoir leurs droits que par l’intermédiaire
d’autres personnes (ex : mineurs incapables, majeurs incapables ou sous curatelle)
b) La qualité pour agir
Seule la personne titulaire du droit violé peut saisir la justice ;
exceptionnellement, cette personne peut se faire représenter
c) L’intérêt pour agir
Le demandeur à l’action doit pouvoir justifier d’un intérêt : celui-ci doit exister au
moment de l’introduction de l’instance ; il doit être déterminé ; l’intérêt peut être matériel,
pécuniaire ou moral

7.2.-Les voies de recours


L’exécution d’une décision de justice n’est possible que lorsque le délai d’exercice des
voies de recours a été écoulé. Une voie de recours est un moyen qui permet à l’une des parties
au procès de remettre en question la décision ainsi rendue. Il existe trois voies de
recours prévues par la loi : l’opposition, l’appel et la cassation.
- L’opposition
L’opposition est un moyen permettant à une partie au procès qui a été défaillante
de remettre en question le jugement rendu. C’est la même juridiction ayant rendu le jugement
frappé d’opposition qui va rejuger l’affaire ; tous les points de fait et de droit seront débattus une
deuxième fois permettant à l’opposant de présenter ses prétentions. L’opposant dispose alors
d’un délai de 15 jours à compter de la date de la notification du jugement rendu par défaut.
L’opposition sur opposition ne vaut.
-L’appel
A l’issue d’un jugement rendu en premier ressort, la partie qui a perdu le procès
peut le faire rejuger par la CA. Les points de droit et les points de fait sont rejugés. La CA saisi
va confirmer ou non le jugement frappé d’appel (Arrêt confirmatif ou infirmatif). L’appel n’est pas
possible lorsque le jugement a été rendu en dernier ressort. En principe, le délai pour interjeter
appel est de un mois à compter de la date de la notification du jugement.
- La cassation
Ce moyen permet aux parties au procès de remettre en question une décision de
justice (jugement, arrêt) devant la Cour de cassation (CCass) et seulement sur les points de
droit. La CCass va vérifier s’il y a eu violation de la loi par les juges du fond dont la décision a
été frappée de pourvoi. Un arrêt de cassation ou de rejet va être rendu.

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