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DROIT APPLICABLE

Règle : Aux termes de l’article 9 de l’ordonnance du 10 février 2016, les nouvelles dispositions du code civil sont
applicables aux actes/faits juridiques intervenus à compter du 1er octobre 2016. Par ailleurs les modifications apportées
par la loi de ratification du 20 avril 2018, qui a modifié l’ordonnance, s’appliquent aux actes/faits juridiques conclus à
compter du 1er octobre 2018, sauf les modifications interprétatives applicables rétroactivement au 1er octobre 2016.

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LA PREUVE
ETAPE 1 : LA CHARGE DE LA PREUVE

Majeure :

1. 1353 al. 1 CCiv : Celui qui réclame l’exécution d’une obligation doit la prouver. C’est donc à celui qui réclame
l’exécution d’une créance qu’il appartient de rapporter la preuve qu’il est véritablement créancier, ce qui
implique qu’il établisse l’existence de sa créance.
a. Exemple 1 : un entrepreneur érige un mur durant un chantier et réclame le paiement pour ce mur. Le
client refuse de payer en faisant valoir qu’il n’a jamais demandé le travail en question. Le problème
tient à l’existence du contrat portant sur la construction du mur. C’est à l’entrepreneur qu’il appartient
de rapporter la preuve que la construction lui a bien été demandée. Il doit établir l’existence de
l’obligation dont il demande l’exécution.
b. Exemple 2 : il appartient au garagiste qui réclame le paiement d’une facture d’établir que les travaux
dont il demande le paiement ont bien été commandés par le client. Il doit établir l’existence de
l’obligation qui pèse sur le prétendu débiteur (Cass. Civ. 1re, 6 janv. 2004 ; 11 janvier 2017).

2. 1353 al. 2 CCiv : Réciproquement, celui qui se prétend libéré doit justifier le paiement ou le fait qui a produit
l’extinction de son obligation. Dans l’hypothèse où la validité du contrat serait contestée, c’est à celui qui
invoque la nullité de rapporter la preuve de la cause de nullité invoquée.
a. Exemple : un particulier achète des objets auprès d’une société. Il était convenu entre les parties qu’une
fraction du prix serait payée au comptant, et l’autre, à terme. Le terme échu, la société réclame le solde
à l’acheteur. L’acheteur refuse d’accéder à cette demande au motif qu’il a déjà réglé en espèces la
somme réclamée. Le vendeur assigne alors en justice l’acheteur afin d’obtenir la condamnation de celui-
ci au paiement du solde litigieux. Sur qui pèse la charge de la preuve ? Est-ce au vendeur de démontrer
qu’il n’a pas reçu le paiement prétendu ou bien à l’acheteur qu’il a effectué le paiement ? En vertu de
l’article 1353 al. 2 (art. 1315 anc.) du Code civil, il appartient à celui qui se prétend libéré de sa dette
de rapporter la preuve du paiement allégué (Cass. Com., 16 juin 1981).

Néanmoins :

1. Légal : 1354 al.1 CCiv = La présomption que la loi attache à certains actes ou à certains faits en les tenant pour
certains dispense celui au profit duquel elle existe d’en rapporter la preuve. Généralement, cela opère un
renversement de la charge de la preuve quant au fait présumé.
ü Présomption simple : la présomption peut être renversée par tout moyen de preuve.
ü Présomption mixte : limitation des moyens par lesquels la présomption peut être renversé ou l’objet sur
lequel elle peut être renversée.
ü Présomption irréfragable : ne supporte pas de preuve contraire.

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ü Présomptions quasi – légale : lorsqu’une prestation est fournie dans le cadre de relations d'affaires, la
Cour de cassation décide que la charge de la preuve de son caractère onéreux ou gratuit repose sur celui
qui prétend à sa gratuité – alors même qu’il serait défendeur à l’instance – car la volonté de
rémunération, dans la logique marchande, est normale et l’intention libérale exceptionnelle (Cass. Civ.
1re, 28 février 1984 ; Cass. Civ. 3e, 31 mai 1989 ; Cass. Com., 11 décembre 2001).

2. Conventionnel : 1356 CCiv : les contrats sur la preuve sont valables. A défaut de précision dans le texte, de
tels contrats peuvent porter tant sur la charge de la preuve que l’objet de la preuve ou les modes de preuves
recevables. Conditions :
ü Condition 1 : ne pas heurter l’ordre public probatoire = ne peuvent contredire les présomptions
irréfragables établies par loi, ni modifier la foi attachée à l’aveu ou au serment (1356 al.2 CCiv)
ü Condition 2 : ne pas heurter l’ordre public substantiel = ne peut concerner que les droits librement
disponibles (1356 al.1 CCiv) = un mineur ne peut convenir avec son cocontractant de fixer sa majorité
à une autre date que celle établie par la loi.
ü Condition 3 : interdiction d’établir une présomption irréfragable au profit d’une partie (1356 al.2 CCiv)

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ETAPE 2 : L’OBJET DE LA PREUVE

Majeure : en principe, et bien que les textes ne le précisent pas, il est admis que seuls les faits pertinents – autrement
dit, ceux qui permettent d’établir les allégations des parties – et contestés doivent être prouvés.

ü Lorsqu’une personne se prétend créancière d’une autre au titre d’un contrat c’est-à-dire lorsque la demande
porte sur l’exécution d’un contrat : le créancier doit établir, s’ils sont contestés, l’existence et le contenu du
contrat. En revanche, en application de la présomption de légalité des actes juridiques, le créancier n’a pas à
démontrer la validité du contrat. Prouver l’existence d’un contrat suppose de démontrer que les parties se
sont entendues sur les éléments constitutifs du contrat = La personne doit établir l’accord des partis sur
ces éléments.
• Par exemple : il faut prouver un accord des parties sur la chose et le prix pour le contrat de vente (1583
CCiv).
• Par exemple : prix, durée et bien loué pour le contrait de bail (Civ. 3e, 28 octobre 2009)

ü Lorsque la demande ne pote pas sur l’existence d’un contrat : la preuve porte sur l’étendue des obligations.

Cas particulier de l’aménagement de l’objet de la preuve :

3. Conventionnel : 1356 CCiv : les contrats sur la preuve sont valables. A défaut de précision dans le texte, de
tels contrats peuvent porter tant sur la charge de la preuve que l’objet de la preuve ou les modes de preuves
recevables. Conditions :
ü Condition 1 : ne pas heurter l’ordre public probatoire = ne peuvent contredire les présomptions
irréfragables établies par loi, ni modifier la foi attachée à l’aveu ou au serment (1356 al.2 CCiv)
ü Condition 2 : ne pas heurter l’ordre public substantiel = ne peut concerner que les droits librement
disponibles (1356 al.1 CCiv) = un mineur ne peut convenir avec son cocontractant de fixer sa majorité
à une autre date que celle établie par la loi.
ü Condition 3 : interdiction d’établir une présomption irréfragable au profit d’une partie (1356 al.2 CCiv)

• Présomptions judiciaires : Lorsque la preuve directe du fait, initialement objet de la preuve, se révèle difficile à
établir - notamment parce qu'il s'agit de prouver un fait négatif, comme une absence de faute - le droit vient
parfois au secours du plaideur - du moins si la preuve est libre - en admettant que cette preuve soit indirectement
apportée par le biais de présomptions judiciaires.
o Règle 1 : 1382 CCiv = le juge ne doit admettre que des présomptions graves, précises et concordantes.
o Règle 2 : les présomptions du fait de l’homme sont nécessairement simples, c’est-à-dire susceptibles
d’une preuve contraire pouvant être rapportée par tout moyen.

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ETAPE 3 : MODE DE PREUVES ADMISSIBLES

Majeure : L’article 1358 CCiv dispose « qu’hors les cas où la loi en dispose autrement, la preuve peut être apportée
par tout moyen ». Autrement dit, le principe est celui de la liberté de la preuve, sauf pour la loi à restreindre les modes
de preuves admissibles.

Néanmoins :

• Aménagement : Conventionnel : 1356 CCiv : les contrats sur la preuve sont valables. A défaut de précision
dans le texte, de tels contrats peuvent porter tant sur la charge de la preuve que l’objet de la preuve ou les modes
de preuves recevables. Conditions :
ü Condition 1 : ne peuvent contredire les présomptions irréfragables établies par loi, ni modifier la foi
attachée à l’aveu ou au serment.
ü Condition 2 : ne peut concerner que les droits librement disponibles
ü Condition 3 : interdiction d’établir une présomption irréfragable au profit d’une partie

Possibilité 1 – Un fait juridique

Majeure : Aux termes de l’article 1358 CCiv, le principe est celui de la liberté de la preuve sauf si la loi restreint les
modes de preuve admissibles. Dès lors, en l’absence de dispositions relatives à la preuve du fait juridique, celui peut
être prouvé par tous moyens.

• Le paiement se prouve par tout moyen (1342-8 CCiv)

Néanmoins :

§ Une preuve réglementée est requise pour certains faits en matière d’état civil des personnes.

§ La jurisprudence antérieure à la réforme précise que la preuve doit être obtenue de façon loyale et non
frauduleuse à peine d’irrecevabilité :

1. Principe : preuve obtenue à l’insu de celui auquel on l’oppose (Soc. 20 novembre 1991) ou obtenue en
violation d’un droit fondamental (Civ. 1ère, 5 février 2009) sera irrecevable.

a. L’enregistrement d’une conversation privée, à l’insu de l’auteur des propos invoqués, ne peut être
admise (A.P. 7 janvier 2011).En revanche, lorsque l’intéressé ne peut ignorer qu’il est enregistré,
la preuve n’est pas considérée comme déloyale (Soc. 23 mai 2007).

b. Est illicite le fait d’enregistre, à l’insu de l’intéressé, des images par caméra cachée (Soc. , 20
novembre 1991)

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o Exceptions : Civ 1ère 5 avril 2012, 25 février 2016 ; Com. 4 juillet 2018 – le droit à la preuve en matière
de violation à un droit fondamental

1. Condition 1 : doit être le seul moyen (1) d’établir la réalité du droit litigieux (2) (par exemple la
créance
a. C.A Paris 15 mai 2019 : les photographies prises par drone d’une propriété voisine
constituent des preuves irrecevables car déloyales même si aucune personne n’apparait sur
les photographies, dès lors qu’un PV établissait déjà l’infraction du voisin. La production
des images litigieuses n’était pas indispensables au droit à la preuve du voisin victime des
travaux.

2. Condition 2 : l’atteinte résultant de la production de cette preuve doit être proportionnée aux intérêts
antinomiques en présence.

a. Proportionnée : Filature d’un détective privé dans les lieux publics (Civ. 1ère, 30 octobre
2012)
b. Disproportionnée : des investigations se déroulant sur plusieurs années et consistant, outre
le recueil d’informations, à des filatures à proximité du domicile de la personne visée (Civ.
1re, 25 février 2016)
c. Disproportionnée : la production par un employeur, pour les besoins de sa cause des
bulletins de paye de plusieurs salariés, bulletins comprenant non seulement les informations
qui lui permettaient de prouver ses allégations mais également de nombreuses autres
données personnelles inutiles au regard du litige (Soc. 7 novembre 2018)

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Possibilité 2 – Un acte juridique

Majeure : Aux termes de l’article 1358 du Code civil, le principe est celui de la liberté de la preuve sauf si la loi
restreint les modes de preuve admissibles.

Néanmoins : En ce qui concerne les actes juridiques, l’article 1359 alinéa 1 du code civil et ses décrets d’application
- Décret de 1980 pour actes passés avant le 1er janvier 2005 / Décrets de 2004 (avant réforme) et 2016 (après réforme)
pour ceux passés après le 1er janvier 2005 – exigent un écrit préconstitué pour prouver un acte juridique ayant pour
objet une somme supérieure à 1500 euros.

• Aménagement Conventionnel : 1356 CCiv : les contrats sur la preuve sont valables. A défaut de précision
dans le texte, de tels contrats peuvent porter tant sur la charge de la preuve que l’objet de la preuve ou les modes
de preuves recevables. Conditions :
ü Condition 1 : ne peuvent contredire les présomptions irréfragables établies par loi, ni modifier la foi
attachée à l’aveu ou au serment.
ü Condition 2 : ne peut concerner que les droits librement disponibles
ü Condition 3 : interdiction d’établir une présomption irréfragable au profit d’une partie

ü Ensuite les règles exigeant un écrit préconstitué ne s'appliquent qu’à l’égard des parties à l’opération juridique
et non à l’égard des tiers. En effet, les tiers peuvent difficilement rapporter par écrit la preuve d’un acte auquel,
par principe, ils n’ont pas été parties. Or, comme ils peuvent avoir intérêt à se prévaloir de cet acte juridique. Il
leur est donc possible de rapporter par tous moyens une telle preuve ( Cass. Civ. 1re, 3 juin 2015).

ü Contrats conclus par un commerçant : L.110-3 CCom = à « l’égard des commerçants, les actes de commerce
peuvent se prouver par tous moyens, à moins qu’il n’en soit disposé autrement par la loi »

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I. Le principe – la nécessité d’un écrit préconstitué au sens de 1359 CCiv

Majeure : 1359 CCiv = exige une preuve littérale (un écrit préconstitué) pour tous les actes juridiques dont la somme
est supérieur à 1.500 euros. Il faut se demander si le document litigieux est un écrit préconstitué au sens de 1359 CCiv
et plus particulièrement s’il peut être assimilé à un acte sous signature privée ou un acte authentique.

Possibilité 1 : L’acte authentique - 1369 CCiv

Conditions de validité : Il faut que l'acte ait été reçu par un officier public compétent et qu'il respecte certaines
solennités.

1. Condition 1 : Ecrit au sens de 1365 CCiv.


2. Condition 2 : Acte reçu par un office public compétent (agents publics, notaire, officiers ministériels).
3. Condition 3 : Acte qui respecte les solennités requises.
§ Signature de toutes les parties (1367 CCiv + Civ. 1re, 28 Novembre 1972).
4. Sanction : 1370 CCiv = l’acte qui n’est pas authentique du fait de l’incompétence ou de l’incapacité de
l’officier, ou par un défaut de forme, vaut comme écrit sous signature privée, s’il a été signée des parties

Résultat : Il s’agit oui ou non d’un acte authentique. Force probante ?

Force probante :

1371 CCiv = l’acte authentique fait foi jusqu’à inscription de faux (441-1 CP = altération frauduleuse de la vérité)
de ce que l’officier public dit avoir personnellement accompli ou constate

1. Il appartient à celui qui s’est inscrit en faux contre un acte authentique d’établir l’inexactitude des énonciations
litigieuses qu’il comporte (Civ. 1re, 19 décembre 2006).
2. Tous les éléments non vérifiés par le notaire ou ne relevant pas de sa compétence mais mentionné dans l’acte
ne revêtent pas le caractère de la force probante et ne font foi que jusqu’à preuve du contraire (Civ. 3, 27 février
2008).

Prouver contre :

• Hypothèse : L’hypothèse est qu’un acte juridique a été constaté par écrit, mais qu’une partie au procès prétend
que l’acte est incomplet, inexact, ou bien qu’il a été postérieurement modifié entre les parties. Le plaideur
conteste donc le contenu de l’acte : soit il souhaite agir contre le contenu en arguant des stipulations contraires
à ce qui est écrit, soit il souhaite aller au-delà du contenu, en soutenant des allégations qui ne figurent pas dans
l’acte écrit.
• 1359 al.2 CCiv = il ne peut être prouvé contre ou outre un écrit établissant un acte juridique que par un autre
écrit préconstitué, soit un ASSP ou un acte authentique, même si cet écrit ne porte pas sur une somme supérieure
à 1500 euros.
o DONC NECESSITE DE REPRENDRE LE RAISONNEMENT DEPUIS LE DEBUT

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Possibilité 2 : L’acte sous seing privé – 1367 CCiv

Un écrit sous signature privé préconstituée ? : Pour valoir à titre de preuve, l’acte sous signature privée doit remplir
trois conditions : il doit s’agir d’un un écrit (1) signé par ceux qui s’engagent (2).

1. Condition 1 : Ecrit au sens de 1365 CCiv.


2. Condition 2 : signature manuscrite ou électronique par la ou les personnes qui s’engagent.
§ 1367 al.2 CCiv = Cas particulier de la signature électronique = suppose l’usage d’un procédé
permettant d’assurer qu’aucune modification de l’acte ne peut intervenir, sans être détectable,
postérieurement à l’apposition de la signature. La fiabilité du procédé est présumée lorsque la signature
de l’acte répond aux exigences du décret du 28 septembre 2017 qui imposent le recours aux services
d’une entreprise spécialisée et d’un organisme de certification vérifiant l’identité du signataire
§ Résultat = soit la signature électronique répond aux exigences du décret et elle doit être présumée
fiable, soit elle n’y répond pas et il appartient alors à celui qui se prévaut de l’écrit de démontrer, sous
réserve de l’appréciation souveraine des juges du fond, cette fiabilité.
o La simple mention des nom et prénom en bas d’un courriel ne constitue pas une signature
électronique (Civ. 1ère, 30 septembre 2010)

Pour valoir preuve parfaite : l’acte sous seing privé doit respecter certaines formalités
ü Acte sous seing privé constatant une convention synallagmatique – 1375 CCiv
1. Condition 1 : Autant d’originaux que de parties engagées SAUF lorsque le seul original est confié
à un tiers représentant des deux parties.
a. Sous l’empire du droit antérieur : la jurisprudence décidait toutefois que le tiers dépositaire
choisi, s’il peut être n’importe qu’elle personne, ne doit pas entretenir avec l’une des parties
des liens étroits qui puissent faire douter de son impartialité (Civ. 2 juillet 1952)
2. Condition 2 : Chaque original indique le nombre d’originaux qui ont été faits.
3. Condition 3 : Celui qui a exécuté en tout ou partie le contrat ne peut plus invoquer le défaut de
pluralité d’originaux ou l’absence de mention du nombre d’originaux.
ü Acte sous seing privé qui rend compte d’un acte unilatéral (par exemple reconnaissance de dette) – 1376
CCiv
1. Condition 1 : Un seul exemplaire.
2. Condition 2 : L’acte doit comporter la mention écrite par le débiteur de la somme ou de la quantité
en toutes lettres et en chiffres (la mention en lettre prime en cas de différence)

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Force probante :

ü Règle : 1372 CCiv = Si les exigences ci-dessus sont respectées, l’ASSP est un écrit préconstitué au sens de
l’article 1359 et fait foi que jusqu’à preuve contraire et non jusqu’à inscription de faux comme l'acte authentique.
ü Signature : 1373 CCiv = signature ne vaut pas jusqu'à inscription de faux. Si une personne désavoue sa
signature, il appartient au juge de vérifier la signature litigieuse selon la procédure de vérification des écritures
sous signature privée. En pratique, eu égard aux progrès de l'expertise en écriture, il est devenu assez rare qu'un
plaideur de mauvaise foi désavoue sa signature.
ü Date : 1377 CCiv = Si, à l'égard des parties, de leurs héritiers ou de leurs créanciers, la date vaut jusqu'à preuve
contraire ; en revanche, à l'égard des tiers - et afin de protéger ces tiers contre les actes antidatés- la date n'est
certaine que dans des circonstances particulières. Il en est ainsi lorsque l'acte a fait l'objet d'un enregistrement
ou à compter du jour du décès de l’une des parties (puisque, par hypothèse, l’acte ne peut pas être postérieur)
ou encore à compter du jour où il est fait référence à leur contenu dans un acte authentique

Prouver contre :

1. Hypothèse : L’hypothèse est qu’un acte juridique a été constaté par écrit, mais qu’une partie au procès prétend
que l’acte est incomplet, inexact, ou bien qu’il a été postérieurement modifié entre les parties. Le plaideur
conteste donc le contenu de l’acte : soit il souhaite agir contre le contenu en arguant des stipulations contraires
à ce qui est écrit, soit il souhaite aller au-delà du contenu, en soutenant des allégations qui ne figurent pas dans
l’acte écrit.
2. Prouver outre ou contre acte sous seing privé établissant un acte juridique : Preuve contraire de l’acte sous
seing privé : 1359 al.2 CCiv = il ne peut être prouvé contre ou outre un écrit établissant un acte juridique que
par un autre écrit préconstitué, soit un ASSP ou un acte authentique, même si cet écrit ne porte pas sur une
somme supérieure à 1500 euros.

a. DONC NECESSITE DE REPRENDRE LE RAISONNEMENT


i. Existence d’un ASSP ? = écrit + signature
ii. Preuve parfaite ?
iii. Si pas d’ASSP nécessité d’étudier les options afférentes aux impossibilité de se procurer
un écrit

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Possibilité 3 : Acte sous seing privé contresigné par un avocat – 1374 CCiv

Conditions de validité :

1. Condition 1 : écrit au sens de 1365 CCiv.


2. Condition 2 : signé par la ou les personnes qui s’engagent (1367 CCiv).

Force probante :

1. Condition 1 : écrit sous signature privée contresignée par les avocats de chacun des parties ou par l’avocat de
toutes les parties.
2. Condition 2 : 1374 al. 3 CCiv = il n’est pas exigée la mention de 1376 CCiv de la mention, par le débiteur, de
la somme due (ou de la quantité) en lettre et en chiffres.

Prouver outre ou contre l’acte sous seing privé contresigné par un avocat établissant un acte juridique

1. Le contenu et la date ne valent que jusqu’à preuve du contraire (1359 al. 2).
2. L’écriture et la signature des parties fait foi jusqu’à inscription de faux : 1374 al. 2 CCiv.

Cas particulier – La copie fiable – 1379 CCiv

Conditions de validité : 1379 CCiv = la fiabilité s’apprécie selon trois méthodes :

1. La fiabilité est laissée à l’appréciation du juge : 1379 al. 1 CCiv =


o Fidélité : doit être la reproduction à l’identique de la forme et du contenu de l’acte.
o Durabilité : son intégrité doit être garantie dans le temps.
2. La fiabilité est présumée aux termes de 1379 al. 2 CCiv et son décret d’application (décret n°2016-1673)
jusqu’à preuve du contraire, la copie fidèle qui :
o Possibilité 1 : résulte d’un procédé de reproduction qui entraîne une modification irréversible du support
de la copie.
o Possibilité 2 : en cas de reproduction par voie électronique, d’un procédé permettant de garantir
qu’aucune modification du contenue ne pourra plus être faite, sans être détectable.
3. Est réputé fiable : 1379 al.1 = La copie exécutoire ou authentique d’un écrit authentique.

Force probante :

La copie fiable a la même force probante que l’original. Il est donc nécessaire par la suite d’étudier les conditions
de validité de l’original et sa force probante.

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II. L’exception – l’impossibilité de préconstituer un écrit au sens de 1359 CCiv

Majeure : Si une partie ne dispose pas d’un écrit préconstitué, il faut vérifier si elle peut se prévaloir d’un tempérament
à l’exigence d’une preuve littérale, c’est-à-dire, soit une exception, soit une preuve supplétive.

Possibilité 1 – Exception à l’exigence d’un écrit préconstitué

Règle : 1360 CCiv = l’exigence d’une preuve littérale préconstituée de l’article 1359 CCiv doit être écartée dans 4
hypothèses :

1. Impossibilité morale de se préconstituer une preuve littérale : démontrer que les parties avaient un lien
d’affection suffisamment étroit pour qu’il leur ait été impossible de constater par écrit leur engagement.
a. La jurisprudence admet cette impossibilité morale, notamment, lorsqu’il existe des relations d’ordre
personnel ou affectif entre les parties. Il en est ainsi entre membres de la même famille, entre fiancés
ou encore entre concubins (par ex. Cass. Civ. 1re, 17 mars 1958 : contrat entre frère et soeur ; Cass.
Civ. 1re, 13 janvier 1969 : contrat entre beau-père et gendre) mais aussi entre amis à condition que le
degré d’amitié liant les parties est suffisamment important (Civ. 1ère, 11 février 2010).
b. Si l’impossibilité est admise par le juge, la preuve est alors libre (v. par ex. : Cass. Civ. 1re, 29
janvier 2014).

2. Impossibilité matérielle de se préconstituer une preuve littérale : démontrer un évènement qui par sa brutalité,
sa soudaineté, sa gravité ne permet pas d’envisager de pourvoir à la rédaction d’un écrit. Si l’impossibilité est
admise par le juge, la preuve est alors libre (v. par ex. : Cass. Civ. 1re, 29 janvier 2014).
3. Lorsqu’il existe un usage (usage professionnel ou pratiques constantes entre les parties) conduisant les parties
à ne pas constater par écrit la convention existant entre eux. cet usage est établi, les parties peuvent alors apporter
la preuve de leurs allégations par tous moyens.
4. La perte de l’écrit par force majeure : démontrer par tous moyens que la perte résulte d’une circonstance
extérieure à la volonté, imprévisible et irrésistible ainsi que le contenu de l’acte.

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Possibilité 2 – Preuves supplétives à l’absence d’un écrit valant preuve parfaite

Règle : 1361 CCiv = Il peut être supplée à l’écrit par l’aveu judiciaire, le serment décisoire ou un commencement de
preuve par écrit corroboré par un autre moyen de preuve. En d’autres termes, à défaut de disposer d’un écrit au sens
de l’article 1359 du Code civil et de pouvoir se prévaloir d’une exception à l’exigence d’une preuve littérale, celui
auquel incombe la charge de la preuve peut établir ses allégations en se prévalant d’un de ces trois modes de preuve

ü Aveu judiciaire (1383 et 1383-2CCiv) : déclaration faite en justice par laquelle une personne reconnait pour
vrai un fait de nature à produire des conséquences juridiques contre elle.

ü Serment décisoire (1384 CCiv) : affirmation faite en justice par une partie, à la demande de l’autre, de la
véracité des faits qu’elle invoque au soutien de sa prétention.

ü Commencement de preuve par écrit : 1362 CCiv = Le commencement de preuve par écrit suppose, selon
l’article 1362 du Code civil, un écrit (1), émanant de celui contre lequel la demande est formée (2) et qui rend
vraisemblable le fait allégué (3).
1. Condition 1 : écrit au sens 1365 CCiv.
2. Condition 2 : écrit émanent de la personne à qui on l’oppose.
3. Condition 3 : l’écrit doit rendre vraisemblable, et non simplement possible, le fait allégué (appréciation
souveraine des juges du fond – Civ 1ère, 22 juin 1976).

4. RESULTAT : 1361 CCiv = Si ce CPPE est établi, il ne suffit pas à lui seul à rapporter la preuve de
l’acte juridique, mais il rend admissible tout moyen de preuve complémentaire, alors pourtant qu’un
écrit serait requis. Le CPPE doit en effet être complété par d’autres éléments de preuve appréciés
souverainement par les juges du fond, tel qu’un témoignage (Civ. 1re, 16 janvier 1985) qui doivent
être extérieurs au CPPE (Com. 11 juin 2003)

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CHAPITRE I : LA FORMATION DU
CONTRAT – LA RENCONTRE DES
VOLONTES
1101 CCiv = Le contrat est un accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes destiné à créer, modifier,
transmettre ou éteindre des obligations.

1113 CCiv : Le contrat est formé par la rencontre (1121 CCiv) d’une offre (1114 CCiv) et d’une acceptation (1118
CCiv) par les lesquelles les parties manifestent leur volonté de s’engager.

Rencontre des volontés - 1121 CCiv : Le contrat est conclu dès que l’acceptation parvient à l’offrant. Il est réputé l’être
au lieu où l’acceptation est parvenue.

ü Eléments perturbateurs :
1. Offre :
§ Caducité (1117 CCiv).
§ Rétractation (1116 CCiv).
2. Acceptation :
§ Rétraction (1118 CCiv).

Les obligations naturelles (devoir moral ou devoir justice)

Contexte : l’acte juridique unilatéral et l’engagement unilatéral de volonté ne sont pas des contrats car ne reposent pas
sur un accord de volontés. L’engagement unilatéral de volonté est l’acte juridique par lequel un personne s’oblige envers
une autre sans qu’il soit besoin qu’une autre volonté se soit manifestée pour l’accepter.

L’obligation naturelle n’est pas juridiquement obligatoire – le créancier ne peut contraindre le débiteur à l’exécuter (Civ.
1re, 14 février 1978).

o Définition : Le débiteur peut, par un acte de volonté non équivoque, valablement transformer en
obligation civile l’obligation naturelle qu’il a conscience d’assumer (Civ.1re, 14 février 1978).
o Conditions :
• Ancien droit : L’obligation naturelle devient obligatoire lorsque son débiteur l’exécute
volontairement ou promet de l’exécuter (Civ. 1re, 10 octobre 1995).
• Nouveau droit :
o 1100- 1 CCiv = Les actes juridiques sont des manifestations de volonté destinées
à produire des effets de droit. Ils peuvent être conventionnels ou unilatéraux
o 1100 CCiv = Les obligations peuvent naître de l’exécution volontaire (1) ou de la
promesse d’exécution (2) d’un devoir de conscience envers autrui.
14
SECTION I : LES CONTRATS ENTRE PRESENTS

Possibilité 1 : la rencontre instantanée des volontés

Majeure : 1113 CCiv = « le contrat est formé par la rencontre d’une offre (§2) et d’une acceptation (§3) par lesquelles
les parties manifestent leur volonté de s’engager ».

§1 : Etape 1 : vérifier l’existence d’une obligation précontractuelle d’information

I. L’obligation précontractuelle légale d’information - stricto sensu

Notion :

Majeure : 1112-1 al.1 CCiv : « celles des parties qui connaît une information dont l’importance est déterminante pour
le consentement (1) de l’autre doit l’en informer dès lors que, légitimement, cette dernière ignore cette information
ou fait confiance à son cocontractant (2) » + Règle d’OP ne pouvant ni ne être limitée ni être exclue par les parties
(al.5).

Conditions :

Condition 1 : le débiteur de l’obligation a une information déterminante du consentement (al.1)

1. informations qui ont un lien direct et nécessaire avec le contenu du contrat ou la qualité des parties (al.3).
2. ne porte pas sur l’estimation de la valeur de la prestation (al.2) - autrement dit, les futurs cocontractants n’ont
pas à s’informer réciproquement quant à un éventuel déséquilibre économique du contrat.

Condition 2 : le créancier de l’obligation a légitimement ignoré l’information ou fait confiance à son cocontractant (al.
1).

• Ignorance : sera considérée comme légitime lorsque l’intéressé avait une difficulté sérieuse pour découvrir par
lui-même le fait recélé selon l’appréciation souveraine des juges du fond
• Confiance : elle pourrait résulter soit de la nature du contrat (contrat de confiance = assurance, mandat par ex.)
soit de la qualité des parties (membres d’une même famille par ex.), hypothèses dans lesquelles l’intéressé
pouvait penser que son partenaire prendrait l’initiative de l’informer.

Régime :

Charge de la preuve : al.4

1. Existence de l’obligation : le créancier doit prouver que l’autre partie la lui devait (1353 al. 1 CCiv).
2. Exécution de l’obligation : si la preuve susmentionnée est apportée, il appartient au débiteur de l’obligation de
prouver qu’il a fourni l’information par tous les moyens
Mode de preuve :
• La transmission d’informations est un fait juridique, la preuve peut dont être apporté par tous les moyens – Civ
1re, 4 janvier 2005.

Sanctions : al. 6 Possible cumul

15
Sanction 1 : La mise en œuvre de la responsabilité du débiteur de l’obligation d’information

• L’obligation d’information étant de nature délictuelle, la mise en œuvre de la responsabilité de son débiteur sera
subordonnée à la réunion des conditions de l’article 1240 du Code civil (préjudice, faute, lien de causalité)

o La faute: elle sera caractérisée par le manquement à l’obligation d’information, étant précisé que la
charge de la preuve pèse, non pas sur le créancier, mais sur le débiteur.

o Le préjudice: il consistera, le plus souvent, en la perte d’une chance, soit la possibilité pour le créancier
de l’obligation d’information de ne pas conclure le contrat ( com., 20 oct. 2009).

Sanction 2 : La nullité du contrat lorsque la violation de l’obligation d’information est génératrice d’un vice du
consentement. Dans cette hypothèse, le juge peut, en plus de la mise en œuvre de la responsabilité – délictuelle – du
débiteur, prononcer la nullité du contrat. Le prononcé de cette nullité est, cependant, subordonné à la caractérisation
d’un vice du consentement, conformément aux articles 1130 et suivants du Code civil.

o Erreur : voir infra.

o Dol : aux termes de l’article 1137, al. 2 « constitue également un dol la dissimulation intentionnelle par
l’un des contractants d’une information dont il sait le caractère déterminant pour l’autre partie. »

§ Conditions : dissimulation d’une information (1) ; dissimulation intentionnelle (2) ;


information déterminante pour le cocontractant (3), c’est-à-dire que la réticence dolosive ne
sera sanctionnée que si la faute intentionnelle du débiteur est établie, soit sa volonté de
dissimuler l’information.

Question I : la caractérisation d’une inexécution de l’obligation précontractuelle d’information conduit-elle forcément


à la caractérisation d’une réticence dolosive ?

NON – une différence significative , la réticence dolosive que le contractant n’a communiqué l’information
intentionnellement, pour tromper l’autre. La caractérisation d’une inexécution d’une obligation précontractuelle
d’information ne nécessite pas une intention. LA NON-COMMUNICATION DOIT ETRE INTENTIONNELLE.

Question 2 : la caractérisation d’une réticence dolosive implique nécessairement en amont la caractérisation d’une
violation de l’obligation précontractuelle d’information ?

1. Avant le 1er octobre 2016 : la réticence dolosive était nécessaire à la caractérisation d’une inexécution d’une
obligation précontractuelle d’information (3 mai 2000, Baldus).
2. Entre le 1er octobre 2016 et du 30 octobre 2018 : déconnexion entre les deux matières.

16
a. Attitude qu’à eu la personne qui se plaint de la réticence dolosive : une réticence dolosive peut être
caractérisée même si l’information qui n’a pas été communiquée à la victime aurait pu être trouvée par
elle moyennant des recherches minimales contrairement à l’obligation précontractuelle d’information.
b. Objet de l’information qui doit être communiquée : aucune restriction posée par le législateur quant à
l’information qui devait être communiquée par la partie adverse pour caractériser une réticence
dolosive, notamment s’agissant de l’information sur la valeur – ne reprenant pas la JP BALDUS.
i. La réticence dolosive était possible même en l’absence d’inexécution d’une obligation
précontractuelle d’information, cette dernière ne pouvant pas porter sur la valeur.

3. Après le 30 octobre 2018 : il ne peut y avoir une réticence dolosive s’agissant d’une information sur la valeur
de la prestation
a. La réticence dolosive demeure toujours non conditionnée à une inexécution d’une obligation
précontractuelle d’information

17
II. Le devoir de mise en garde – JP sous 1231-1 CCiv

Notion : L’obligation de mise en garde consiste, pour son débiteur à attirer l'attention du cocontractant sur un aspect
négatif de la chose objet du contrat (par exemple au cas où la chose vendue est dangereuse) ou bien encore sur des
risques liés au contrat envisagé.

Conditions :

Majeure : : Le banquier est tenu à l’égard de ses clients, emprunteurs profanes, d’un devoir de mise en garde (Civ. 1re,
12 juillet 2005) en cas de risque d’endettement excessif de l’emprunteur, autrement dit, lorsqu’il existe une
disproportion entre les ressources de l’emprunteur et la charge résultant du prêt (Civ. 1re, 1er juin 2016). Avant d’apport
son concours, il doit vérifier les capacités financières de son client (Civ.1re, 12 juillet 2005) et avertir son client sur les
risques encourus (Civ. 1re, 21 février 2006). Le juge a l’obligation de rechercher le caractère averti ou non de
l’emprunteur de manière in concreto, en tenant compte des compétences de l’emprunteur en matière d’opérations
financières, qu’il soit un professionnel ou non (Deux arrêts de la Ch. Mixte. 29 juin 2007).

1. Emprunteur non averti :


a. le caractère excessif est apprécié souverainement par les juges du fond (Civ. 1re, 17 décembre 2009)
qui peuvent tenir compte, non seulement, de l’adéquation entre les mensualités du prêt et les revenus
de l’emprunteur (Civ. 1re, 18 février 2009) mais également de la nature du prêt (prêt relais) ou de ses
caractéristiques (prêt à taux variable - voir, par ex.: Civ. 1re, 20 février 2019).
b. Il faut que l’emprunteur ait permis au banquier d’évaluer le caractère excessif du prêt. Tel n’est pas le
cas lorsque l’emprunteur, qui est tenu d’un devoir de loyauté à l’égard du banquier, a dissimulé certaines
informations ou a fourni de fausses informations (Com., 11 décembre 2012 ; Civ. 1re, 12 novembre
2015).
2. Emprunteur averti : uniquement en cas d’asymétrie d’information – lorsque la banque dispose d’informations
que l’emprunteur ignore et qui permettent de penser qu’il ne sera pas en mesure de rembourser le prêt (Com.
15 février 2011).

Régime :

Preuve :

1. Existence de l’obligation : l’emprunteur doit démontrer le caractère excessif du prêt (Com. 16 septembre
2014) mais la jurisprudence le fait bénéficier d’une présomption d’ignorance imposant à la banque de
démontrer que l’emprunteur était averti (Com. 17 novembre 2009) auquel cas il doit démontrer que la banque
détenait des informations qu’il ignorait et qui avaient une incidence sur sa capacité à rembourser (Com. 15
février 2011).
2. Exécution de l’obligation : la preuve revient au banquier (Com. 11 décembre 2007)

Mode de preuve : transmission d’informations est un fait juridique, la preuve s’apporte par tous moyens.

Sanctions : 1231-1 CCiv = responsabilité contractuelle du banquier.

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III. Le devoir de conseil - JP

Définition : Au-delà de ce devoir de mise en garde, l’obligation de communiquer peut aller jusqu'au devoir de conseil,
c'est-à-dire une obligation d'orienter le choix de son partenaire en lui indiquant la meilleure voie en considération des
objectifs que ce dernier poursuit (tel contrat plutôt que tel autre ; telle modalité contractuelle plutôt que telle autre ; etc.).
Traditionnellement, l'obligation de conseil se rencontre au sein des professions libérales (avocats, notaires, etc.) ou
encore lorsque le contrat porte sur un produit complexe. Mais la Cour de cassation a largement étendu son domaine en
consacrant un devoir général de conseil du vendeur professionnel à l'égard de l'acheteur

Conditions :

Majeure : Le vendeur professionnel est tenu d’un devoir général de conseil à l’égard de l’acheteur non-professionnel
(Civ. 1re, 28 octobre 2010) = devoir d’obligation de se renseigner sur les besoins et l’adéquation sur l’utilisation de la
chose.

§ L’acheteur professionnel, à condition, qu’il n’ait pas eu, à la date de conclusion du contrat, les compétences
nécessaires pour apprécier lui-même l’opportunité du contrat qu’il entend conclure et donc une connaissance
suffisante des risques encourus (Civ, 3e, 13 octobre 2016).

Régime :

Preuves :

1. Existence de l’obligation : l’acheteur doit prouver que le vendeur la lui devait (1353 al. 1 CCiv).
2. Exécution de l’obligation : vendeur professionnel (Civ. 3e, 13 octobre 2016)

Mode de preuve : la transmission d’informations est un fait juridique, la preuve s’apporte donc par tous moyens.

Sanctions : 1231-1 CCiv = engagement de la responsabilité contractuelle.

19
§2 : Etape 2 : Vérifier l’existence d’une offre – 1114 CCiv

Majeure : 1114 CCiv S’agissant de l’offre, il faut se référer à l’article 1114 du Code civil qui dispose qu’une
proposition de contracter constitue une offre lorsque trois conditions sont réunies : la proposition doit être faite à
personne déterminée ou indéterminée, être précise et ferme. A défaut, ajoute le texte, il y a seulement invitation à entrer
en pourparlers.

Conditions de validité

Condition 1 : L’offre doit avoir été faite à personne déterminée ou indéterminée : 1113 al. 2 CCiv = une
manifestation de volonté ferme et précise constitue une offre, dès lors qu’elle a été extériorisé, et qu’elle a été notifiée
au destinataire (19 mars 2013, 3ième Civ) et ce indépendamment de toute condition de forme.

Condition 2 : Précise en comprenant les éléments essentiels du contrat envisagé sans que les parties n’aient à revenir
dessus.

§ Exemples : Vente (chose et prix – 1583 CCiv) ; Bail (chose, prix et durée de la jouissance – 1708 CCiv) ; Prêt
(remise des fonds et obligation de restitution – 1874 CCiv).

Condition 3 : Ferme en révélant la volonté irrévocable de son auteur de conclure le contrat projeté. Il faut que la
proposition de contracter apparaisse sans équivoque pour que le contrat puisse être formé en cas d’acceptation. Plus
précisément, ne sera pas considérée comme ferme la proposition assortie d’une réserve, expresse ou tacite, par laquelle
son auteur entend garder la possibilité de ne pas conclure le contrat ou de le conclure à des conditions différentes. En
cas de réserve, vérifier si la réserve laisse ou non, à l’auteur de la proposition, la possibilité de se dégager arbitrairement
pour le pollicitant.

• NON = réserve objective = l’offre conserve sa valeur propre – ne dépend pas de l’arbitraire de l’offrant.
C’est ainsi qu’une proposition faite « jusqu'à épuisement du stock » reste une véritable offre car la réalisation
de la condition ne dépend pas de la volonté de celui qui s’oblige.

• OUI = réserve subjective = invitations à entre en pourparlers = malgré l’acceptation de la proposition, le contrat
ne sera pas formé – dépend de l’arbitraire de l’offrant ET NON PAS DU DESTINATAIRE.
§ Réserve expresse ou tacite = D’ailleurs certains contrats, en raison de leur nature particulière,
sont considérés comme étant toujours proposés avec une réserve tacite d’agrément de la part de
celui qui propose. Il en est ainsi pour tous les contrats conclus intuitu personae, c'est-à-dire ceux
dans lesquels la considération de la personne du contractant est déterminante. Celui qui a fait
la proposition doit « accepter la personne de l’acceptant ».
• Par exemple : contrat de bail = est toujours proposé avec une réserve tacite
d’agréement de la part de l’auteur de la proposition. Autrement dit, celui qui propose
au public la conclusion d’un contrat de bail garde nécessairement la possibilité de
choisir in fine la personne de son cocontractant, au regard, notamment, de sa solvabilité.
Il n’entend donc pas être lié par la seule acceptation de sa proposition.

20
ATTENTION : lorsqu’une première proposition ne peut être qualifiée d’offre, on peut se demander si la réponse à une
telle proposition ne peut elle-même être qualifiée d’offre à laquelle peut être suivie une acceptation du premier
proposant.

Régime

Problème de droit : Dès lors qu’on a une offre, celle-ci a-t-elle une force obligatoire pour l’offrant du seul fait qu’il l’a
émise et ce-même avant toute acceptation ?

Rétraction : Quid juris en cas de de rétraction de l’offre ?

v Principe :
1. N’est pas parvenue au destinataire : libre révocation (1115 CCiv).
2. Est parvenue au destinataire : obligation de maintien (1116 CCiv).
o Offre avec délai : maintien jusqu’à expiration si le délai est précis.
o Offre sans délai : l’offrant est tenu de la maintenir pendant un délai raisonnable dont le
quantum, à défaut de précisions dans les textes, est déterminé par les tribunaux suivant les
usages et les circonstances (Civ. 3e, 25 mai 2005 ; Civ. 3e, 20 mai 2009).

v Sanctions de la rétraction anticipée :


1. Le contrat n’est pas formé, il n’y a pas de conclusion forcée du contrat (1116 al.2 CCiv).

2. Responsabilité extracontractuelle sans compensation de la perte des avantages attendus du contrat (1116
al.3 CCiv) – éventuellement la perte de chance de conclure avec un tiers.

Caducité : 1117 al.1 CCiv – l’offre tombe d’elle même

1. A l’expiration du délai raisonnable.

2. Au décès ou incapacité de l’offrant ou du décès du destinataire (modification substantielle ne pouvant


s’appliquer qu’aux offres faites à compter du 1er octobre 2018) (al.2) mais Civ. 1ère 5 novembre 2008 qui
adoptait déjà cette solution sous l’empire de l’ancien droit.

a. A défaut de précisions dans les textes - Quid juris du de l’incapacité du destinataire – il faut en déduire
a contrario que l’offre est maintenue.

21
§3 : Etape 3 : vérifier l’existence d’une acceptation – 1118 CCiv

Conditions

Acceptation pure et simple : 1118 CCiv = Le destinataire doit exprimer son accord total avec la proposition
(Al.1). L’acceptation doit donc consister en un accord ferme, conforme à l’offre. En outre, l’acceptant doit
manifester sa volonté. Cette volonté peut, selon l’article 1113, alinéa 2, du Code civil, résulter tant d’une
déclaration que d’un comportement non équivoque de son auteur. L’acceptation peut donc être expresse ou
tacite. Expresse, elle pourra être donnée par écrit ou verbalement. Tacite, elle résultera le plus souvent de
l’exécution spontanée du contrat proposé – cela se caractérise par un comportement, un geste (par ex. le fait
pour un client de monter dans un taxi ou un autobus ; pour un fournisseur d’envoyer la marchandise
commandée).

o Pas d’acceptation en cas de Silence (aucune extériorité, inertie) : 1120 CCiv = En revanche, l’article
1120 pose le principe selon lequel le silence, autrement dit, l’absence totale de réaction, ne vaut pas
acceptation. L’article 1120 admet toutefois que le silence puisse valoir acceptation lorsqu’il en résulte
ainsi de la loi, des usages, des relations d’affaires ou de circonstances particulières. SAUF :
o Silences réglementés par la loi (1738 CCiv = contrait de bail prolongé en cas silence du
locataire).
o Usages : le professionnel qui a reçu une offre peut être obligé d’exprimer son refus, faute de
quoi il sera réputé l’avoir acceptée (Com., 30 janvier 1956)
o Relations d’affaires : périodiquement et régulièrement, les cocontractants concluent des
contrats ayant la même nature, le même objet et même but, sans, à chaque contrat exprimer
formellement leur volonté de s’engager (Com. 15 mars 2011)
o Circonstances particulières : le silence peut valoir acceptation « lorsque les circonstances
permettent de donner à ce silence la signification d’une acceptation » (Civ. 1re, 24 mai 2005 ;
Civ. 1re, 4 juin 2009 ; Com. 18 janvier 2011)
o Antérieurement à la réforme : Intérêt exclusif du destinataire de l’offre – Soc. 21 juillet 1986).

o Rétractable tant qu’elle n’a pas été reçue par l’offrant (Al.2).

22
• Contre-proposition du destinataire (Al.3) = Le destinataire de l’offre répond à l’offrant mais en
discutant ou en modifiant certains éléments ou conditions de l’offre, il n’y a pas acceptation mais contre-
proposition faite par celui qui a reçu l’offre initiale. Au fond, le destinataire de l’offre, en agissant de la
sorte, émet une offre nouvelle que l’offrant originel peut accepter ou non.

o L’acceptation émise n’a d’efficacité qu’à propos des clauses du contrat dont le destinataire de
l’offre a pris ou aurait dû prendre connaissance et qu’il a acceptées (Com, 6 septembre 2016). En
revanche si la clause figure dans un document post-contractuel, celui qui se prévaut de la clause doit
démontrer qu’il a averti son cocontractant de son existence.

o Conditions particulières et conditions générales :


§ Contexte : Il arrive que les parties négocient et s’accordent sur les conditions
particulières mais que l’un des contractant n’ait pas manifesté son acceptation des
conditions générales produites par l’autre partie.
§ Règle : 1119 CCiv = pour pouvoir se prévaloir de ses conditions générales, le
contractant doit démontrer qu’elles ont été portées à la connaissance de l’autre partie
et que celle-ci les a acceptées. A condition que ces conditions générales ne contiennent
aucun des éléments essentiels du contrat, sans quoi la non- acceptation des conditions
générales entraînerait un défaut d’accord sur les éléments essentiels du contrat. Le
contrat ne serait alors tout simplement pas formé (Civ. 1re, 4 octobre 2017).

23
Possibilité 2 : La rencontre progressive des volontés

ATTENTION : Durant la période de négociation, qu’il s’agisse d’un manquement à l’exigence de bonne foi ou d’une
violation de l’obligation de confidentialité, la responsabilité pourra être de nature soit contractuelle soit
extracontractuelle. Elle sera contractuelle si les parties ont conclu un contrat de négociation et extracontractuelle en
l’absence d’un tel accord.

ATTENTION :

• En principe, selon l’article 1113 du Code civil, le contrat se forme par la rencontre d’une offre et d’une
acceptation. Il faut ainsi, pour qu’un contrat soit conclu, un accord des parties sur ses éléments essentiels. Dès
lors, tant que les parties ne sont pas parvenues à un accord sur les éléments essentiels du contrat, elles ne sont
engagées que dans de simples négociations contractuelles.

• En revanche, si les parties parviennent à un accord sur les éléments essentiels du contrat, celui-ci est, en principe
conclu, peu important que les parties demeurent en désaccord sur des éléments accessoires . 1re, 14 décembre
1987). La volonté des parties peut toutefois conduire à ériger comme éléments essentiels certaines conditions
du contrat en principe accessoires (Civ. 1re, 14 décembre 1987 ; Civ. 3e, 16 novembre 2017). Autrement dit,
quand bien même les parties se seraient mises d’accord sur les éléments essentiels du contrat, le contrat ne
saurait être considéré comme conclu lorsqu’elles ont subordonné leur consentement au contrat à un accord sur
d’autres conditions

24
I. Négociation sans contrat (négociation du contrat futur) – les pourparlers – JP SOUS 1241 CCiv

Question de droit : Il s’agit de se demander si le [X] peut engager sa responsabilité pour avoir mis fin aux discussions
qu’il avait entamées avec [X]

Majeure : En principe, selon l’article 1113 du Code civil, le contrat se forme par la rencontre d’une offre et d’une
acceptation. Il faut ainsi, pour qu’un contrat soit conclu, un accord des parties sur ses éléments essentiels. Dès lors, tant
que les parties ne sont pas parvenues à un accord sur les éléments essentiels du contrat, elles ne sont engagées que dans
de simples négociations contractuelles. En revanche, si les parties parviennent à un accord sur les éléments essentiels
du contrat, celui-ci est, en principe conclu, peu important que les parties demeurent en désaccord sur des éléments
accessoires (Civ. 1re, 14 décembre 1987). La volonté des parties peut toutefois conduire à ériger comme éléments
essentiels certaines conditions du contrat en principe accessoires (Civ. 1re, 14 décembre 1987 ; Civ. 3 e , 16 novembre
2017). Autrement dit, quand bien même les parties se seraient mises d’accord sur les éléments essentiels du contrat, le
contrat ne saurait être considéré comme conclu lorsqu’elles ont subordonné leur consentement au contrat à un accord
sur d’autres conditions.

Principe – la liberté contractuelle

1112 al.1 CCiv : l’ouverture de pourparlers, leur déroulement, leur rupture sont placés sous le signe de la liberté de ne
pas contracter, la rupture de la négociation contractuelle ne peut engager la responsabilité de celui à qui elle est
imputable.

Tempérament – l’exigence de la bonne foi

1112 CCiv : ils doivent impérativement satisfaire aux exigences de la bonne foi, la rupture des pourparlers ne doit pas
être abusive (Com., 11 juillet 2000).

§ Illustrations de la rupture abusive


1. intention de nuire, a ouvert ou poursuivi les négociations alors même qu’il n’avait nullement l’intention de
contracter (Com. 18 juin 2002 ; Civ. 1re, 12 avril 1976)

2. Légèreté blâmable (Définition – Com 22 février 1994). (Com., 11 juillet 2000, comp. Civ. 3e, 15 juin
2017)

• OUI = L’existence de pourparlers suffisamment avancés pour faire croire légitimement à une
partie que l’autre est sur le point de conclure (Civ. 1re, 6 janvier 1998). Il y a légèreté blâmable
à moins que l’auteur justifie d’un motif légitime de rupture (Com. 11 juillet 2000).

• NON = A l’inverse la faute est écartée lorsque la rupture est survenue à un moment où les parties
en étaient encore à évaluer les risques et les chances du contrat envisagé (Com., 12 janvier 1999 ;
quand bien même les discussions auraient duré trois ans) Lorsque les discussions ne sont encore
qu’à l’état d’ébauche, l’un des partenaires peut y mettre fin sans avoir à justifier d’un motif légitime
de rupture (Com., 20 juin 2000).
25
Régime

§ Sanctions de la rupture abusive

1. Engagement de la responsabilité délictuelle car aucun contrat n’est formé sur le fondement de l’article
1240 CCiv (Com. 12 février 2002).

a. la caractérisation d’une rupture abusive est une faute car c’est la violation d’une prescription
légale (Civ 3e, 22 mai 1997) , élément nécessaire à l’engagement de la responsabilité du fautif.

2. 1112 al. 2 CCiv = Indemnisation des frais engagés = pas de compensation la perte des avantages
attendus du contrat non conclu ET pas de la perte de chance d’obtenir ces avantages.

a. En somme, seules les pertes subies, c’est-à-dire les frais engagés, donnent lieu à réparation – le
gain manqué, et particulièrement la perte d’une chance de conclure le contrat, ne peut pas faire
l’objet d’une indemnisation en raison du défaut de lien de causalité entre les circonstances
fautives et l’absence de conclusion du contrat.

Violation d’une obligation légale de confidentialité

Principe : 1112-2 CCiv = celui qui utilise ou divulgue sans autorisation une information confidentielle obtenue à
l’occasion des négociations engage sa responsabilité dans les conditions du droit commun. Autrement dit, que les parties
aient ou non encadré leurs négociations par un accord de confidentialité, elles sont tenues à un tel devoir lorsque les
informations qu’elles reçoivent lors des négociations sont effectivement confidentielles. La diffusion de telles
informations constitue donc une faute.

Méthodologie : il faut caractériser la violation de l’obligation légale de confidentialité qui est une faute susceptible
d’engager la responsabilité extracontractuelle du fautif.

26
II. Contrats de négociation (négociation du contrat futur)

Nature

La lettre d’intention = manifestation de l’intention de négocier, les conditions essentielles restent à déterminer.

Accord de principe = accord sur la nature du contrat en négociation, les éléments objectivement essentiels restent à
déterminer.

Accord partiel = certains éléments du contrat sont déjà déterminés, d’autres doivent encore l’être.

Obligations - collaboration à la recherche d’une issue favorable aux négociations

Clauses spécifiques accessoires possibles :

• confidentialité (aux termes de cette clause les négociateurs s’engagent à garder le secret sur le principe même
de la négociation ou sur les informations transmises à l’occasion de celle-ci),
• sincérité (aux termes de laquelle chaque négociateur s’engage à révéler à l’autre toute autre négociation qu’il
entreprendrait avec un tiers),
• exclusivité (aux termes de laquelle les négociateurs s’obligent à ne pas entreprendre des négociations parallèles
avec des tiers pendant la durée de leur négociation)

Sanction Engagement de la responsabilité contractuelle (1240 CCiv)

1. Si porte que sur des éléments qui sont objectivement accessoires du contrat négocié (par exemple : durée du
contrat) : 1240 CCiv = engagement de la responsabilité du négociateur déloyal + D&I.
2. Si porte sur les éléments objectivement essentiels du contrat négocié (par exemple : la chose et le prix) =
exécution forcée du contrat négocié et le juge complètera les éléments secondaires du contrat pour lesquels
les parties n’étaient pas parvenues à un accord.
3. Si porte sur éléments secondaires objectivement accessoires de l’accord considérés par les parties comme
essentiels : D&I.

27
III. AVANT CONTRAT 1 - La promesse unilatérale (possibilité de conclure à terme le contrat définitif)

Qualification

1124 CCiv = contrat par lequel une partie, le promettant, accorde à l’autre, le bénéficiaire, le droit d’opter pour la
conclusion d’un contrat dont les éléments essentiels sont déterminés et pour la formation duquel ne manque que le
consentement du bénéficiaire. La promesse suppose qu’il soit offert au bénéficiaire le droit d’opter pour la conclusion
du contrat.

• 1589 CCiv = N.B possible transformation de la promesse unilatérale en une promesse synallagmatique
de vente (notamment en matière immobilière) = L’indemnité d’immobilisation stipulée comme acquise au
promettant en cas de non-réalisation de la vente constitue le prix de l’exclusivité consentie au bénéficiaire (Civ.
1re, 5 décembre 1995). La promesse unilatérale peut se transformer en promesse synallagmatique si l’indemnité
et l’option forme des obligations réciproques en fonction du montant de l’indemnité (obligation de vente VS
obligation d’acheter). L’existence de cette indemnité n’empêche pas la promesse de rester une promesse
unilatérale (Civ. 1re, 1er décembre 2010), mais si l'indemnisation est importante alors le bénéficiaire sera
presque obligé d'acheter et il est possible de considérer que la promesse deviendrait synallagmatique (Civ. 3e,
26 septembre 2012). JP incertaine.

Conditions de validité

Condition 1 : les éléments essentiels du contrat doivent être déterminés ou déterminables (validités de droit commun)

ü Validités Conditions supplémentaires pour la PUV – 1589-2 CCiv =


1. Condition 1 : acte passé sous signatures privées.
2. Condition 2 : délai de fix jours à compter de sa conclusion.

ATTENTION : pas de condition de délai =

1. A durée déterminée
2. A durée indéterminée :
a. 1211 CCiv = chaque partie peut y mettre fin à tout moment, sous réserve de respecter le délai de préavis
contractuellement prévu ou, à défaut, un délai raisonnable = CADUCITE DE LA PROMESSE.

28
Régime

Obligations :

1. Bénéficiaire : Exclusivité contractuelle s’il lève l’option dans les conditions stipulées par la promesse.
a. Dans le cas d’une PUV :
i. Soit il accepte d’acquérir et alors la vente promise par la promesse unilatérale de vente est
conclue.
ii. Soit il refuse d’acquérir et alors non seulement la vente promise n’est pas conclue, mais en
outre, la promesse unilatérale de vente est caduque. Le refus d’acquérir ne peut être source de
responsabilité pour inexécution car, qu’il lève l’option ou qu’il refuse d’acquérir, il exécute
bien le contrat de promesse.
2. Promettant : Obligation de conclure à la levée de l’option
ü Transmission de l’obligation : Dans le silence du nouveau droit – droit antérieur : La PU ne s’éteint pas du fait du décès du
promettant, les héritiers restent tenus = le décès du promettant n’empêche pas la formation du contrat définitif en cas de levée
d’option postérieure à ce décès (Civ. 3e, 8 septembre 2010).

Violation de l’obligation de conclure du promettant avant l’expiration du délai d’option

Problème de droit : Quelle est la sanction de la révocation du promettant ? Autrement dit : que peut obtenir le
bénéficiaire de la promesse lorsque, pendant le délai et au mépris du droit d’option, le promettant revient sur son
engagement de vendre ?

1. Levée de l’option avant la révocation directe: la vente est devenue parfaite et l’acquéreur peut demander
l’exécution en nature et des D&I (Civ. 3e, 26 juin 1996).

2. Révocation directe pendant le délai d’option : 1124 al.2 CCiv = La révocation de la promesse pendant le temps
laissé au bénéficiaire pour opter n'empêche pas la formation du contrat promis.

3. Rétraction indirecte : rétractation par la vente à un tiers : 1124 al. 3 CCiv = nullité du contrat SI le bénéficiaire
arrive à prouver qu’il :
o Condition 1 : Violation de la PU avant expiration du délai.
o Condition 2 : Connaissance du tiers de la PU au moment de son engagement.
o DONC : Recours ensuite à l’exécution forcée (1124 al.2 CCiv).

29
IV. AVANT CONTRAT 2 : Le pacte de préférence

Articulation entre pacte de préférence et promesse : pacte de préférence implique pour le promettant de donner
préférence au bénéficiaire du pacte lorsqu’il décide de vendre le bien. Il en ressort, selon la Cour de cassation, que la
conclusion d’une promesse unilatérale de vente avec un tiers pendant la durée de validité du pacte en constitue une
violation, peu important que la levée de l’option, qui permet la formation du contrat définitif, n’intervienne qu’après
l’expiration du pacte de préférence. Le bénéficiaire peut alors engager la responsabilité contractuelle du promettant sur
ce fait générateur (Civ. 3e, 6 décembre 2018).

Qualification

1123 CCiv = contrat par lequel un partie s’engage à proposer prioritairement à son bénéficiaire de traiter avec lui pour
le cas où elle se déciderait de contracter.

• Exemple de pacte de préférence, celui portant sur la vente d’un immeuble. Le promettant s’engage, s’il décide
de vendre son immeuble, à proposer en priorité cette vente au bénéficiaire du pacte.

Conditions de validité

• Conditions de validités de droit commun

• Le décès du promettant ne rend pas caduque le pacte de préférence mais que ce dernier se transmet aux héritiers
du promettant (Civ. 1re, 6 novembre 1963). Ce principe est toutefois assorti d’une réserve selon laquelle le
pacte de préférence ne se transmet pas aux héritiers lorsque les circonstances révèlent une intention contraire,
même tacite, des parties de ne conférer à cette obligation qu’un caractère strictement personnel (Civ. 1re, 24
février 1987).

30
Régime

Obligations :

1. Bénéficiaire : priorité contractuelle si le promettant se décide à conclure le contrat.


2. Promettant : émettre l’offre ayant pour objet le contrat, à destination, du bénéficiaire en priorité.
ü Obligation transmise aux ayant cause (Civ 1re, 6 novembre 1963).

Sanctions de la révocation :

Majeure : il faut se poser la question de la révocation du promettant. Autrement dit, que peut obtenir le bénéficiaire du
pacte de préférence lorsqu’au mépris de son engagement, le promettant a conclu le contrat avec un tiers, c'est-à-dire
avec une autre personne que le bénéficiaire ?

1. Condition 1 : contrat conclu avec un tiers


ü Attention : identité objet du pacte de préférence et objet du contrat : lorsque le pacte de préférence
porte sur une partie d’un bien et qu’il ne distingue pas l’hypothèse de la vente de la totalité du bien de
celle de la seule partie objet du pacte de préférence, le promettant n’est pas dispensé de notifier au
bénéficiaire le projet de vente concernant la totalité du bien (Civ. 3e, 6 juin 2012).
2. Condition 2 : en violation d’un pacte de préférence

Possibilité 1 - Nullité ou substitution : 1123 al. 2 CCiv = Au moment où il s’est engagé,

1. Condition 1 : Le tiers acquéreur l’a fait en violation du pacte de préférence


2. Condition 2 : Il connaissait l’existence du pacte
3. Condition 3 : Il connaissait l’intention de son bénéficiaire de s’en prévaloir.

Possibilité 2 - D&I : 1123 al.2 CCiv

1. Contre le tiers acquéreur : responsabilité contractuelle (1231-1 CCiv).


a. Le manquement contractuel suppose d’établir que le promettant s’est engagé avec un tiers en
violation de ce pacte. Une telle violation est caractérisée lorsque le contrat avec le tiers est conclu
pendant la durée de validité du pacte, sans que le promettant n’ait offert le contrat en priorité au
bénéficiaire du pacte.
2. Contre le promettant : responsabilité délictuelle (1240 CCiv).
ü Faute : mauvaise foi.

Le cas de l’action interrogatoire :

• 1123 al. 3 CCiv = le tiers qui se verrait proposer la conclusion du contrat peut demander par écrit au bénéficiaire
du pacte de confirmer, dans un délai qu’il fixe et qui doit être raisonnable, l’existence du pacte de préférence et
s’il entend s’en prévaloir.
• 1123 al.4 CCiv = l’écrit doit mentionner qu’à défaut de réponse dans ce délai, le bénéficiaire du pacte ne pourra
plus solliciter sa substitution au contrat conclu avec le tiers ou la nullité du contrat.

31
Possibilité 3 : Le droit spécial de la rencontre des volontés

§1 : L’information des contractants

1. Informations due par les professionnels au consommateur


a. Ils doivent, d’une part, avant la conclusion du contrat, mettre le consommateur en mesure de connaître
les caractéristiques essentielles du bien ou du service et lui délivrer des informations relatives aux prix,
aux modalités d'exécution du contrat ou encore aux garanties (L.111-1 CConso).
b. Ils doivent, d’autre part, assurer la publicité de certains éléments : plus d’infos p. 39.
2. Introduction d’un formalisme informatif.

§2 : La réflexion des contractant :

• délai de réflexion = 1122 CCiv = hypothèses dans lesquelles une partie se voit refuser le droit de conclure un
contrat pendant un certain délai : elle n’a pas le droit d’accepter une offre pendant un délai à compter de la
réception de celle-ci
• droit de repentir = 1122 CCiv = Le droit de repentir autorise, en effet, celui qui en bénéficie à se rétracter
pendant un certain délai, à compter de la conclusion du contrat/

32
SECTION II : LES CONTRATS ENTRE ABSENTS

Règle : 1121 CCiv = le contrat est conclu dès que l’acceptation parvient à l’offrant. Il est réputé l’être au lieu où
l’acception est parvenue.

Le contrat électronique

1127-1 CCiv : à « quiconque propose, à titre professionnel, par voie électronique, la fourniture de biens ou la prestations
services »

1. L’offre doit comporter les mentionnées énumérées à 1127-1 CCiv.


2. Il existe ensuite des dispositions visant à encadrer la rencontre de l’offre et de l’acceptation :
1. 1127-1 CCiv = Si l’offre est assortie d’un délai et que celui a expiré, l’utilisateur ne peut plus l’accepter
même si le prestataire ne l’a pas retirée car l’offre est caduque à l’expiration du délai fixé par son auteur.
2. 1127-2 al.1 CCiv = « le destinataire de l’offre doit avoir eu la possibilité de vérifier le détail de sa
commande et son prix, et de corriger d’éventuelles erreurs, avant de confirmer celle-ci pour exprimer
son acceptation ».
3. 1127-2 al. 2 CCiv = « L’offrant doit accuser réception sans délai injustifié, par voie électronique de la
commande qui lui a été adressé (=consentement) ».
4. 1127-2 al.3 CCiv = « La commande, la confirmation de l’acceptation de l’offre et l’accusé de réception
sont considérés comme reçus lorsque les parties auxquelles ils sont adressés peuvent y avoir accès ».

33
CHAPITRE 2 : LA VALIDITE DU
CONTRAT

34
CONDITIONS DE VALIDITE TENANT
AUX PERSONNES
1128 CCiv : Sont nécessaire à la validité d’un contrat

1. Le consentement des parties ;


2. Leur capacité de contracter ;
3. Un contenu licite et certain (N.B = ancien objet et cause)

En cas de défaut d’une de ces conditions, le contrat est nul (1178 CCiv).

Remettre en cause contrat = disparition (nullité ou résolution voir infra).

35
SECTION I : L’APTITUDE A CONSENTIR

La capacité – aptitude à acquérir un droit et à l’exercer

Règle : 1145 al. 1 CCiv : « toute personne physique peut contracter sauf en cas d’incapacité prévue par la loi » MAIS
1146 CCiv : « sont incapables de contracter dans mesure définie par la loi : les mineurs non émancipés, les majeurs
protégés au sens de l’article 425 ».

Sanction : 1147 CCiv : L’incapacité de contracter est une cause de nullité relative.

A) Les incapacités d’exercice

Définition : elles n’empêchent pas d’être titulaire de droits et d’en acquérir mais entravent leur libre exercice. Le titulaire
peut conclure un contrat par le truchement d’un tiers qui le représentera ou l’assistera.

1- Les mineurs non émancipés

(1) Règle : 414 CCiv = les -18 ans non émancipées sont frappées d’une incapacité générale d’exercice, ils ne peuvent
conclure un contrat sans être représentés. Ils se trouvent dans un :

1. Régime de l’administration légale : 382 et s. CCiv. = Si le mineur a toujours ses parents (administration
conjointe), ou l’un deux (administration simple) et s’ils ne sont pas déchus de l’autorité parentale.
2. Régime de la tutelle : 390 et s C.Civ = Si aucun des parents n’exercice l’autorité parentale, un tuteur est désigné
et un conseil de famille présidé par le juge des tutelles est constitué.

(2) Différentes catégories d’actes :

1. Actes de la vie courante : 388-1-1 ; 408 CCiv = accomplissables par le mineur seul mais à des conditions
normales (1148 CCiv). Annulables pour lésion, sauf à ce que la lésion résulte d’un évènement imprévisible,
que le mineur soit émancipé ou non (1149 al 1 et 2 CCiv). Exception pour les engagement professionnels du
mineur (1149 al. 3 CCiv).
2. Les actes d’administration : peuvent être annulés en cas de lésion si accomplis par le mineur seul. Peuvent être
accomplis soit, en cas d’administration légale, par l’un des parents agissant seul (382-1 CCiv), soit en cas de
tutelle, par le tuteur seul, sans autorisation du conseil de famille (404 al.1 CCiv).
3. Les actes de disposition :
• Administration légale : consentement des deux parents, si désaccord = autorisation du juge des tutelles
(381-1 et 387 CCiv). Pour certains actes graves, l’administrateur légal doit impérativement obtenir
l’autorisation préalable du juge des tutelles (387-1 CCiv). Certains actes de dispositions sont interdits
à l’administrateur légal (387-2 CCiv).
• Tutelle : l’accomplissement d’actes de disposition par le tuteur suppose l’autorisation du conseil de
famille ou, à défaut, du juge des tutelles (505 al.1 CCiv). Certains actes de dispositions sont interdits
aux tuteurs, même avec autorisation (509 CCiv).

36
• Sanction : annulables même s’il n’y a pas lésion. MAIS 1151 al. 1 CCiv = le contractant capable peut
faire obstacle à l’action en nullité engagée contre lui, en montrant que l’acte était utile à la personne
protégée et exempte de lésion ou qu’il lui a profité.

2- Les majeurs protégés

(1) Règle : 425 CCiv = Le majeur a en principe sa pleine capacité d’exercice MAIS il peut être soumis à un régime de
protection non seulement lorsque ses facultés mentales sont altérées par une maladie, affaiblissement dû à l’âge, mais
également en cas d’altération de ses facultés corporelles s’il s’avère que cette altération empêche l’expression de sa
volonté.

(2) Sauvegarde de justice : 433 et s. CCiv = mesure provisoire s’appliquant soit aux personnes dont la guérison rapide
est envisagée, soit comme régime transitoire dans l’attente de curatelle ou tutelle. Règles principales : 435 CCiv =

1. Le sauvegardé conserve l’exercice des ses droits peut conclure n’importe quel acte juridique.
2. 1150 CCiv = Si le sauvegardé conclut un acte désavantageux, il peut obtenir la rescision pour lésion ou
encore la réduction pour excès au cas où il désire conserver la chose.
3. 1151 CCiv = Le juge peut exceptionnellement prévoir la désignation d’un mandataire spécial à l’effet
d’accomplir certains actes déterminés, si le protégé les passe, ils seront annulés sauf s’ils sont utiles et
exempte de lésion OU s’ils lui ont profité.

(3) Curatelle : 440 et s. CCiv = mesure intermédiaire s’appliquant à des personnes qui ne sont pas hors d’état d’agir
mais dont l’altération des facultés nécessite qu’elles soient assistées dans les actes les plus graves de la vie.

1. Le protégé peut accomplir seul les actes de conservation et d’administration sauf à en demander la rescision
pour lésion ou la réduction pour excès .
2. Le protégé ne peut pas passer des actes de disposition sans l’assistance de son curateur au travers d’une signature
à côté de celle du protégé. A défaut, la nullité peut être demandée (1151 CCiv).

(4) Tutelle : 440 et s. CCiv = mesure de protection renforcée destinée aux personnes dont les facultés sont à ce point
altérées qu’elles doivent être représentées de manière continue pour tous les actes de la vie civile, à l’exception de ceux
de la vie courante

1. Si le protégé passe seul un acte de la vie courant, il peut être annulé pour lésion ou réduit pour excès.
2. Si le protégé passe seul un acte pour lequel il aurait dû être représenté par son tuteur, l’acte est nul de plein droit
sans qu’il soit besoin de justifier d’un préjudice, sauf, à ce que le cocontractant fasse obstacle à cette nullité de
1151 CCiv.

B) Les incapacités de jouissance

(1) Définition : l’incapable est privé de la titularité d’un droit et ne peut l’exercer ni par lui-même, ni par l’intermédiaire
d’un représentant. Les incapacités de jouissance sont spéciales en ce qu’elles ne visent que tel ou tel acte en particulier.

37
1. Mesures de protection : 903 et 904 CCiv : interdiction à l’incapable majeur, et au -16 ans, de disposer de ses
biens à titre gratuit OU interdiction aux mineurs même émancipés de prendre part à des jeux d’argent et de
hasard dont l’offre publique est autorisée par la loi (article 5 de la loi du 12 mai 2010)
2. Mesures de méfiance à l’égard de celui que la loi frappe d’une incapacité : L.3211-5-1 CSP.

(2) Sanctions : Nullité, absolue ou relative selon les cas.

38
L’insanité d’esprit

Règle :

1. 1129 CCiv : Conformément à l’article 414-1 CCiv, il faut être sain pour consentir valablement à un contrat.
2. 414-1 CCiv = Pour faire un acte valable, il faut être sain d’esprit. C’est à ceux qui agissent en nullité pour cette
cause de prouver l’existence d’un trouble mental au moment de l’acte.
3. 901 CCiv = pour faire une libéralité, il faut être sain d’esprit

Conditions

Condition 1 : Existence d’un trouble mental suffisamment grave (Civ. 2e, 23 octobre 1985), c’est-à-dire une
altération des facultés psychiques qui affectent le discernement, au point de priver le contractant de lucidité ou de
volonté. Ce trouble mental peut trouver son origine dans des causes diverses (état congénital, maladie mentale, effet de
l’alcool ou de la drogue). L’appréciation de cette gravité relève du pouvoir souverain des juges du fond (Civ. 1re, 20
octobre 2010). Ainsi les tribunaux (avant la réforme de 1968) ont pu estimer qu’étaient insuffisants à faire tomber l’acte
un simple état dépressif (CA Lyon, 30 janv. 1964) ou encore la haine profonde qui aveugle l’auteur d’un acte (Civ., 3
juin 1959).

• le fait qu’une personne placée sous curatelle ait été régulièrement assistée de son curateur lors de la conclusion
de l’acte ne permet pas en soi d’écarter l’éventualité d’un trouble mental (Civ. 1ère, 15 janvier 2020 ; 27 juin
2018)

Condition 2 : Preuve d’un trouble contemporain de la formation du contrat (Civ. 4 février 1941) : sauf au défendeur à
établir que l’auteur était « exceptionnellement dans un intervalle lucide au moment de la confection de l’acte » (Civ.
1re, 11 juin 1980).

• Les énonciations d’un notaire constant que l’auteur de l’acte était sain d’esprit permet de présumer sa lucidité
au moment de l’acte. Il appartient alors au demandeur de démontrer, par tous moyens, l’insanité d’esprit du
donateur au moment de la conclusion du contrat (Civ. 1re, 25 mai 1987)

39
Régime

Preuve : l’insanité est un fait juridique pouvant être prouvé par tous moyens.

Nullité :

ü De son vivant, l’action en nullité n’appartient qu’à l’intéressé (414-2 CCiv) dans un durée de 5 ans (2224 CCiv)
à compte du jour de la conclusion de l’acte contesté (Civ. 1re, 19 novembre 1991).

ü Après la mort de l’auteur :

1. l’acte à titre onéreux : 414-2 CCiv = ouverte aux successeurs s’ils se trouvent dans l’un des trois cas
indiqués à cet article.
a. « l’acte porte en lui-même la preuve d’un trouble mental »
b. - l’acte « a été fait alors que l’intéressé était placé sous sauvegarde de justice »
c. - « une action a été introduite avant son décès aux fins d’ouverture d’une curatelle ou d’une
tutelle ou si effet a été donné au mandat de protection future »

2. l’acte à titre gratuit : 901 CCiv = peut être attaqué par les héritiers sans que la preuve du trouble
mental soit assujettie aux restrictions de l’article susmentionné étant entendu que Lorsque l’action en
nullité est engagée par les héritiers, ces derniers ne pouvant agir avant le décès de l’auteur, la
jurisprudence décide que le délai de prescription ne commence à courir qu’à compter de ce décès (Civ.
1re, 20 mars 2013).

40
SECTION 2 : L’INTEGRITE DU CONSENTEMENT

L’ERREUR - 1132 et s. CCiv

II. PREMIERE ERREUR SANCTIONNEE : L’ERREUR OBSTACLE

Définition : altération telle du consentement que les volontés n’ont pas pu se rencontrer sur les éléments essentiels du
contrat. Le juge se place sur la nullité. Pas de fondement légal, mais retenu par la doctrine. Par exemple :

1. Erreur sur la nature de l’acte : malentendu sur l’opération juridique projetée, une partie croyait acheter un bien,
alors que l’autre voulait simplement louer (Civ. 3e, 18 mars 1980).

2. Erreur sur l’objet de l’acte : malentendu sur la désignation de l’objet même du contrat (erreur entre francs et
euros dans la désignation du prix ; CA, Orléans, 13 mai 2004).

41
III. DEUXIEME ERREUR SANCTIONNEE : L’ERREUR SUR LES QUALITES ESSENTIELLES DE LA
PRESTATION DUE

Majeure : Aux termes de l’article 1128 du Code Civil, sont nécessaire à la validité d’un contrat, le consentement des
parties, leur capacité de contracter et un contenu licite et certain. L’article 1130 du Code Civil dispose que l’erreur est
un vice du consentement lorsqu’il apparaît que, sans elle, l’une des parties n’aurait pas contracté ou aurait contracté à
des conditions substantiellement différents. L’article 1132 ajoute que l’erreur de droit ou de fait, à moins qu’elle ne soit
excusable, est une cause de nullité du contrat lorsqu’elle porte sur les qualités essentielles de la prestation due ou celles
du cocontractant ; l’article 1133 précisant, à ce titre, que les qualités essentielles de la prestation sont celles qui ont été
expressément ou tacitement convenues et en considération desquelles les parties ont contracté.

Ainsi, celui qui invoque une erreur vice du consentement doit établir l’existence d’un erreur (1) portant sur une qualité
essentielle de la prestation – soit une qualité expressément ou tacitement convenue entre les parties et déterminante de
leur consentement (2), et, enfin que cette erreur est excusable (3).

CONDITION 1 : EXISTENCE D’UNE ERREUR

Règle : 1132 CCiv = L'erreur de droit ou de fait, à moins qu'elle ne soit inexcusable, est une cause de nullité du contrat
lorsqu'elle porte sur les qualités essentielles de la prestation due.

Etape 1 : Etendue de l’erreur : L’erreur peut porter sur : la prestation de son cocontractant OU la prestation que l’on
est soi-même tenu d’exécuter (1133 al. 2 CCiv).

Etape 2 : Définition de l’erreur :

• De fait : L’erreur est une discordance entre la croyance de l’errans et la réalité (Civ. 1re, 22 février 1978).

• De droit = L'erreur de droit est celle qui repose sur une fausse appréciation du droit applicable. Cela suppose
que le contractant qui invoque l’erreur se soit mépris sur l’existence, la nature ou l’étendue des droits qui ont
fait l’objet du contrat, étant précisé que, l’erreur s’apprécie par référence à la règle de droit écrite (Civ. 1re, 27
juin 2006)

1. Date d’appréciation de croyance de l’errans : appréciée au jour de la conclusion du contrat (Civ. 1re, 26 octobre
1983).

2. Date d’appréciation de la réalité : possible prise en compte d’éléments postérieurs à la formation du contrat
tout en tenant compte de l’état de la chose au moment de la conclusion du contrat (Civ. 1re, 13 Décembre
1983)

42
Domaine de l’erreur :

1. L’erreur sur les caractéristiques de la chose : le matériau ou la matière dont est faite la chose ; l’usure de la
chose ; l’ancienneté de la chose ; l’emplacement de la chose ; la surface du terrain

2. L’erreur sur l’utilité de la chose : L’erreur sur l’utilité de la chose se rapporte à la fausse croyance que l’on a
sur l’usage que l’on est légitimement en droit d’attente de la chose. Il pourra ainsi s’agir d’une erreur sur :

a. La constructibilité du terrain
b. L’inaptitude de la chose à remplir une certaine fonction
c. Les aptitudes d’un animal
d. Le potentiel d’une société à réaliser son objet social

43
Cas particulier – la constructibilité immédiate

ü Faits : Lorsqu'un contractant achète un terrain qu'il croit constructible, mais qui ne l'est pas en réalité, il
peut invoquer son erreur car il y a une distorsion entre la réalité (le terrain n'est pas constructible) et la
représentation que s'en faisait l'errans (le terrain est constructible). Mais que décider lorsque l'immeuble est
vendu avec un permis de construire, lequel est postérieurement annulé ? Au jour de la vente, le terrain était
constructible. Ce n'est que postérieurement à la vente que le permis a été rétroactivement annulé

ü Règle : L’erreur sur les qualités essentielles de la chose vendue (la constructibilité immédiate) ne peut être
appréciée au regard de la seule situation juridique telle qu’elle existait à la date de la formation (permis de
construire permettant la constructibilité), elle peut l’être aussi par rapport à la situation juridique
rétroactivement modifiée par une décision survenue postérieurement (annulation du permis de construire
annulant la constructibilité).

o Conception juridique : Civ. 3e, 24 novembre 2016 : la constructibilité immédiate, qualité


essentielle de la chose vendue, est caractérisée par une donnée juridique : le permis de construire
permettant la constructibilité. La qualité essentielle de la vendue de l’acheteur a disparu
postérieurement à la vente. Or, comme la jurisprudence décide que la rétroactivité du retrait du
permis de construire est sans incidence sur l’erreur, force est de conclure qu’il n’y a pas discordance
entre la réalité (l’existence au jour de la vente d’un permis de construire) et la croyance de l’errans
qui pensait que le terrain était constructible.

o Conception matérielle : Civ. 3e, 12 juin 2014 : la constructibilité immédiate, qualité essentielle
de la chose vendue, est caractérisée par des données matérielles avant même d’être constatée par
une décision juridique ou administrative. La qualité essentielle de la vendue de l’acheteur a disparu
postérieurement à la vente. Dans ce cas la décision d’inconstructibilité survenue postérieurement à
la vente peut entraîner une nullité du contrat pour erreur si il est établi que les données matérielles
rendaient le terrain naturellement inconstructible le jour de la vente de sorte que la décision
ultérieure de retrait du permis de construire n’a fait que prendre en compte la réalité de ce risque
empêchant les acquéreurs de construire. Il y a bien discordance entre la croyance de l’errans et la
réalité.

44
CONDITION 2 : EXISTENCE D’UNE ERREUR SUR LES QUALITES ESSENTIELLES

Règle : 1133 CCiv = Pour que l’erreur porte sur une qualité essentielle de la prestation, il faut que la qualité ait été
déterminante du consentement des parties (1) et qu’elle ait été expressément ou tacitement convenue entre elles
(2).

Sous-condition 1 : la qualité doit avoir été déterminante du consentement = Cela suppose que, sans l’erreur, le
contractant n’aurait pas accepté de conclure la convention ou aurait contracté mais à des conditions substantiellement
différentes. 1130 CCiv = s’apprécie eu égard aux personnes et aux circonstances dans lesquelles le consentement a été
donné. L’appréciation se fait in concreto en tenant compte des dispositions d’esprit de l’errans et non de ce qu’aurait pu
être le comportement d’une personne raisonnable.

Sous-condition 2 : la qualité doit avoir été expressément ou tacitement convenue entre les parties = le cocontractant
de celui qui se trompe doit avoir connu l’importance que celui-ci a donné à la qualité défaillante, il doit avoir su que la
qualité en cause était déterminante du consentement de celui qui s’est trompé. La qualité défaillante doit être, selon
les termes de la jurisprudence antérieure, « entrée dans le champ contractuel ».

1. Possibilité 1 : Expressément : la qualité défaillante est dans stipulations insérées par les parties.

2. Possibilité 2 : Tacitement : En revanche, si elles ne l’ont pas fait, il appartiendra à celui qui se prévaut de
l’erreur de convaincre le juge que la qualité a été tacitement convenue, autrement dit, qu’il s’agissait là de la
commune intention des parties.

a. Possibilité 1 : peut être déduite d’une interprétation des stipulations du contrat (Civ. 1re, 31 mars 1987).

b. Possibilité 2 : peut être déduite des circonstances entourant la conclusion du contrat.

c. Possibilité 3 :
i. la qualité est normalement essentielle aux yeux de l’opinion commune : elle l’est nécessaire
pour celui qui se trompe et donc qu’elle a nécessairement été convenue entre les parties.

1. Authenticité d’une œuvre.


2. La possibilité de mettre un bien en location après l’avoir acheté (Civ. 3e, 3 mai 2018)

i. A défaut, lorsque la qualité défaillante n’apparaît pas comme objectivement essentielle, il


revient au demandeur de démontrer que son cocontractant connaissait l’importance qu’il lui
accordait l’errans doit apporter la preuve que la qualité essentielle à ses yeux.

45
L’acceptation de l’aléa

Majeure : Pour être sanctionnée une erreur doit porter sur une qualité essentielle de la prestation – soit une qualité
expressément ou tacitement convenue entre les parties et déterminante du consentement. Or, selon l’article 1133 al. 3
du Code civil, l’acceptation d’un aléa sur une qualité de la prestation exclut l’erreur relative à cette qualité. Il faut donc,
pour que l’aléa chasse l’erreur, qu’il ait été accepté par les parties, sans quoi la nullité pourrait sans doute être prononcée.
Il faut que l’aléa porte directement sur la qualité qui est l’objet de l’erreur (Civ. 1er, 28 mars 2008).

• Ce qui est essentiel en ce domaine est de déterminer si l’authenticité a été intégrée dans la définition de la
chose vendue en tant que certitude ou si elle pouvait comporter un aléa, faire l’objet d’un doute. La
jurisprudence écarte la demande d’annulation lorsque le doute était entré dans le champ contractuel (Fragonard).
En revanche, elle annule la convention lorsque la certitude de l’authenticité ou de l’absence d’authenticité
(Poussin) de l’oeuvre d’art était une qualité substantielle de la chose pour les parties.

• Les parties admettent lors de la conclusion, les trois éventualités sous-mentionnées. Il n’y aura pas d’erreur si
l’une d’entre elles survient car il n’y pas de discordance entre la croyance de l’errans et la réalité, car la croyance
portait non pas sur l’absence d’authenticité du tableau, mais sur les trois possibilités : Possibilité 1 :
authenticité : Possibilité 2 : absence d’authenticité ; Possibilité 3 : le doute quant à l’authenticité de l’œuvre
subsiste

• ATTENTION : mais si par exemple l’œuvre se révèle être d’un autre artiste, possibilité non prévue par les
parties, c’est-à-dire que le doute à cet égard n’est pas rentré dans le champ contractuel alors il aura bien
discordance entre la croyance de l’errans et la réalité.

46
Erreur sur la valeur

Majeure : Pour être sanctionnée une erreur doit porter sur une qualité essentielle de la prestation – soit une qualité
expressément ou tacitement convenue entre les parties et déterminante du consentement. Or, selon l’article 1136 du
Code civil, l’erreur sur la valeur par laquelle, sans se tromper sur les qualités essentielles de la prestation, un contractant
fait seulement de celle-ci une appréciation économique inexacte, n’est pas une cause de nullité. Ainsi, seule l’erreur
directe sur la valeur est indifférente, c’est-à-dire, une évaluation économique erronée à partir de données exactes Le
déséquilibre objectif des prestations n’est pas une cause de nullité de la convention. Cependant, l’erreur indirecte sur la
valeur, c’est-à-dire une erreur découlant appréciation économique erronée effectuée à partir de données inexactes
entraîne la nullité du contrat (Com. 1er octobre 1991).

Principe : La rentabilité ne relève donc pas de la substance de l'engagement. A cet, égard, l’erreur sur la rentabilité
économique d’une opération est une erreur directe sur la valeur qui ne peut être sanctionnée (Civ. 1re, 3 juillet 1996 ;
Com. 4 février 1997 ; Civ. 1re, 25 janvier 2005).

Exceptions : Cas du contrat de franchise où a rentabilité est le cœur même de l'accord.

• Principe : la rentabilité d’une activité franchisée pouvait constituer une qualité essentielle du contrat, dans la
mesure où celui qui s’affilie à un réseau le fait précisément afin de réduire l’aléa relatif à la rentabilité de
l’activité (Com. 4 octobre 2011). La solution est strictement cantonnée aux hypothèses où la rentabilité
économique est la finalité directe de la prestation fournie (ex : un contrat de franchise ; un contrat d'agence
commerciale) et où un chiffrage de la rentabilité avait été contractualisé, lequel s'était révélé inatteignable

• Exceptions : Si les mauvais résultats de l’entreprise


o résultent d’une faute de gestion du franchisé (Com. 12 juin 2012)
o Ou s’expliquent par des événements extérieurs à l’activité (Com. 1er octobre 2013)
o Le franchisé avait une expérience professionnelle dans le domaine de la franchise et ne pouvait ignorer
le caractère irréaliste des prévisions (Com. 10 décembre 2013).

• Résultat : les résultats ne peut être considéré comme constitutif d’une erreur, vice du consentement.

Exemple : je vends un Picasso, 5.000 euros alors qu’il fait 2 mètre sur 2. Je fais une évaluation économique erronée à
partir de données exactes. Si jamais je vends une croûte, 5.000 euros et qu’après la vente je me rends compte que c’est
un Picasso, c’est évaluation économique erronée à partir de données inexactes. Mon erreur économique découle d’une
erreur sur les qualités essentielles du bien.

47
L’erreur sur les motifs

Majeure : Pour être sanctionnée une erreur doit porter sur une qualité essentielle de la prestation – soit une qualité
expressément ou tacitement convenue entre les parties et déterminante du consentement. Or, selon l’article 1135 du
Code civil l’erreur sur un motif, étranger aux qualités essentielles de la prestation du contractant, n’est pas une cause de
nullité.

• En effet, les motifs qui président à la décision d’une partie de contracter sont, par nature, indécelables pour son
cocontractant. Ils constituent, en d’autres termes, des circonstances totalement extérieures au contrat.
• Exemple : j’ai acheté un appartement à Tours car je croyais y être muté dans cette ville, mais en fait non

Tempérament : L’article 1135 du Code civil précise que l’erreur sur les motifs peut être une cause de nullité lorsque
les parties ont en fait un élément de leur consentement, soit lorsque le motif du contrat est entré dans le champ
contractuel.

48
CONDITION 3 : LE CARACTERE EXCUSABLE DE L’ERREUR

Règle = 1132 CCiv = s’apprécie en fonction de la personne, in concreto. Autrement dit, s’il est naturel que la loi protège
ceux qui se trompent, elle ne saurait en revanche venir en aide à ceux qui font preuve d’une légèreté excessive.

1. Ne doit pas être le résultat d’un négligence blâmable de l’errans (Civ. 3e, 27 novembre 1979).
a. Ainsi, les Tribunaux qualifient plus facilement d’inexcusable l’erreur commise par une professionnel
averti qui contracte dans le domaine de son activité habituelle.
b. Une erreur commise par un non-professionnel peut être qualifiée d’inexcusable au regard de l’absence
de précautions prises par ce dernier pour éviter cette erreur (Civ. 3e, 2 février 2005).

49
IV. TROISIEME ERREUR SANCTIONNEE : L’ERREUR SUR LES QUALITES ESSENTIELLES DU
COCONTRACTANT

Majeure : S’agissant de l’erreur sur les qualités essentielles du cocontractant, l’article 1130 du Code civil dispose que
l’erreur est un vice du consentement lorsqu’il apparaît que, sans elle, l’une des parties n’aurait pas contracté ou aurait
contracté à des conditions substantiellement différentes. L’article 1132 précise que l’erreur, qui ne doit pas être
inexcusable, peut porter tant sur les qualités essentielles de la prestation due ou sur celles du cocontractant. S’agissant
de cette seconde hypothèse, le texte ne précise pas ce qu’il faut entendre par qualité essentielle. Néanmoins, si on se
réfère à la définition que donne l’article 1133 de la qualité essentielle de la prestation due, il faut sans doute penser que
cette qualité essentielle doit avoir été déterminante du consentement des parties et doit avoir été tacitement ou
expressément convenue. Enfin, l’article 1134 précise que l’erreur sur les qualités essentielles du cocontractant n’est une
cause de nullité que dans les contrats conclus en considération de la personne.

Celui qui invoque une erreur sur la personne doit ainsi établir, d’une part, que le contrat avait été conclu en considération
de la personne (1) et, d’autre part, l’existence d’une erreur (2), portant sur une qualité essentielle du cocontractant (3)
et, enfin, que cette erreur est excusable (4)

Règle : 1134 CCiv : « L'erreur (1) sur les qualités essentielles du cocontractant (2= c’est-à-dire déterminante) n'est
une cause de nullité que dans les contrats conclus en considération de la personne ». + 1132 CCiv = ne doit pas être
inexcusable.

C’est dire que, si l’erreur sur la personne du contractant n’est en principe pas sanctionnée, elle entraîne par exception la
nullité du contrat lorsque la considération de la personne a joué un rôle déterminant lors de la conclusion du contrat. Tel
est le cas dans les contrats conclus intuitu personae, ceux conclus en considération de la personne du contractant.

• Ex. : les contrats à titre gratuit (car on n’entend pas donner ou rendre service à n’importe qui).
• Ex. : certains contrats à titre onéreux, notamment le contrat de travail ou le contrat médical (contrats de
prestation de services).

50
QUATRIEME ERREUR SANCTIONNEE : L’ERREUR SUR LE MOTIF D’UNE LIBERALITE

Majeure : S’agissant de l’erreur sur le motif d’une libéralité, l’article 1135, alinéa 1, du Code civil pose pour principe
que l’erreur sur un simple motif, étranger aux qualités essentielles de la prestation due ou du cocontractant, n’est pas
une cause de nullité du contrat. L’alinéa 2 prévoit toutefois une règle spéciale en matière de libéralité. Ce texte admet,
en effet, que l’erreur sur le motif d’une libéralité, en l’absence duquel son auteur n’aurait pas disposé, est une cause de
nullité. Pour obtenir la nullité du contrat, le demandeur doit donc établir, au préalable, que le contrat conclu était une
libéralité (1). Il doit également démontrer qu’il a commis une erreur (2) sur un motif déterminant de son consentement
(3). Le texte ne le précisant pas, on peut se demander si l’erreur ne doit pas, en outre, être inexcusable (4).

Conditions :

1. Une libéralité : 893 CCiv = acte par lequel une personne dispose à titre gratuit de tout ou partie de ses biens
ou de ses droits au profit d’une autre personne. Autrement dit, deux éléments doivent être réunis : d’une part,
un appauvrissement du disposant et un enrichissement du bénéficiaire se réalisant sans contrepartie (élément
matériel) et, d’autre part, que cette transmission de valeur sans contrepartie ait été voulue par le disposant
(élément intentionnel).
a. Par exemple : la donation entre vifs

2. Une erreur

3. Motif déterminant du consentement de l’auteur de la libéralité


a. la donation consentie à deux époux par un donateur croyant en des liens affectifs qui se révélèrent
inexistants (Civ. 1re, 14 mai 1985)
4. Excusable ?
a. Le texte de l’article 1135, ne prévoit pas expressément cette condition, de sorte qu’on ignore si elle sera
exigée. En effet, soit l’article 1135, alinéa 2, doit être lu comme une dérogation aux dispositions sur
l’erreur, en ce sens que l’erreur sur le motif d’une libéralité pourrait être admise que l’erreur soit
excusable ou non. Soit, l’article 1135, alinéa 2, doit être interprété comme renvoyant aux conditions de
l’erreur, telles que définies à l’article 1132 du Code civil et il faudrait alors qu’elle ne soit pas
inexcusable.

51
REGIME

Preuve : l’erreur est un fait juridique, la victime a la charge de prouver par tous moyens

Nullité :

1. Nullité relative (1131 CCiv)


2. A demander dans les cinq ans (2224 CCiv).
3. A compter de la découverte de l’erreur (1144 CCiv).

D&I :

1. La nullité ne suffit pas à réparer la totalité du préjudice de celui qui s’est trompé (1178 al.4 CCiv) avec
l’établissement d’une faute (1240 CCiv).
2. Juste des D&I sur le fondement de 1240 CCiv.

52
LE DOL

Majeure : Le dol est une erreur provoquée : tandis que dans l’hypothèse de l’erreur, un contractant s’est trompé, dans
l’hypothèse du dol il a été trompé. L’article 1137, alinéa 1, du Code Civil définit le dol comme le fait pour un
contractant d’obtenir le consentement de l’autre par des manœuvre ou des mensonges. L’alinéa 2 précise que constitue
également un dol la dissimulation intentionnelle par l’un des contractants d’une information dont il sait le caractère
déterminant pour l’autre partie.

Ainsi, pour qu’une pratique soit constitutive d’un dol, quatre conditions doivent être réunies : un acte de tromperie
(élément matériel) (1), une volonté de tromper (élément intentionnel du dol) (2) portant sur une information déterminante
du consentement de l’autre partie (3) et émanant du contractant (4).

Conditions :

Condition 1 = élément matériel – un acte de tromperie

1. Al. 1 : Les manœuvres = actes positifs par lesquels une partie crée chez son cocontractant une fausse apparence
de la réalité.
a. Ainsi en est-il des mises en scène, des artifices qu’une personne peut mettre en œuvre (garagiste qui
trafique le compteur de la voiture ou du vendeur d’un fonds de commerce qui en maquille la
comptabilité).

2. Al. 1 : Les mensonges = la fausse affirmation sur un élément du contrat (plus une oralité).
a. Tel est le cas du directeur de banque qui certifie à la caution la bonne santé financière du débiteur, alors
que le compte de celui-ci, largement débiteur, devait être clôturé quelques jours plus tard.

3. Al. 2: Modification substantielle, seulement à partir du 1er octobre 2018.


a. « la dissimulation intentionnelle par l’un des contractants d’une information dont il sait le caractère
déterminant pour l’autre partie ». La réticence dolosive est non conditionnée à une inexécution
d’une obligation précontractuelle d’information.

b. al. 3 = ne constitue pas un dol le fait pour une partie de ne pas révéler à son cocontractant son estimation
de la valeur de la prestation.

c. Différence réticence dolosive / OPI - Attitude de la personne qui se plaint de la réticence dolosive
: une réticence dolosive peut être caractérisée même si l’information qui n’a pas été communiquée à la
victime aurait pu être trouvée par elle moyennant des recherches minimales contrairement à l’obligation
précontractuelle d’information

53
Droit antérieur

Avant le 1er Octobre 2016 :

1. Principe : pour que la réticence soit reconnue, il fallait qu’une obligation précontractuelle de renseignement ait
été violée (1) et qu’elle ait été violée intentionnellement (2) (Com, 28 juin 2005 ; Com., 9 janvier 2015)
2. Exception : dans un contrat de vente, il ne pèse aucune obligation sur l’acheteur professionnel / non
professionnel d’informer le vendeur sur la valeur réelle du bien – ce dernier ne peut invoquer la réticence
dolosive (Civ. 1ère, 3 mai 2000 – Baldus ; Civ. 3e, 17 janvier 2007)

Entre le 1er octobre 2016 et du 30 octobre 2018 :

1. Principe : « la dissimulation intentionnelle par l’un des contractants d’une information dont il sait le caractère
déterminant pour l’autre partie »
2. Résultat : aucune restriction posée par le législateur quant à l’information qui devait être communiquée par la
partie adverse pour caractériser une réticence dolosive. Une réticence sur la valeur du bien vendu peut être
considérée comme dolosive.

54
Condition 2 = élément intentionnel - la victime doit prouver la volonté de tromper du contractant.

1. Manœuvres et mensonges : L’élément intentionnel n’est pas expressément visé dans le premier alinéa. Il s’infère
néanmoins de la définition même des termes de manœuvres ou de mensonges qui supposent nécessairement une
volonté de tromper.

2. Silence : Les tribunaux ont tendance à présumer l’élément intentionnel quand : celui qui s’est tu connaissais
l’information (1) et connaissait son importance pour son cocontractant (2) (Civ. 3, 21 mars 2019).

Condition 3 = origine du dol

• Principe : Le fait du cocontractant (1137 CCiv) ou de son représentant – promesse de porte fort par exemple
(1138 CCiv).

• Si le dol émane d’un tiers, le dol ne permet pas l’annulation du contrat, mais uniquement des D&I avec les
règles de la responsabilité civile délictuelle.

o Exception 1 : le tiers de connivence : le cocontractant, sans être l’auteur direct des manœuvres, ne
saurait invoquer le bénéfice de l’innocence : tel est le cas, s’il a été complice du dol ou s’il l’a inspiré
(article 1138 alinéa 2 CCiv)
o Exception 2 : actes unilatéraux : par exemple pour une renonciation à succession (Req. 16 mars 1875).
En effet, faute de cocontractant, ces actes pourraient être infestés de dol sans jamais encourir la nullité.

Condition 4 = un élément psychologique – une erreur déterminante du consentement

ü Une erreur : 1139 CCiv = MEME


1. Une erreur directe sur la valeur provoquée par un dol
a. SAUF 1137 al. 3 CCiv UNIQUEMENT EN CAS DE réticence dolosive.

2. Une erreur sur les motifs provoquée par un dol.

3. Une erreur qui devrait être considérée comme inexcusable devient excusable.

ü Une erreur déterminante : 1130 CCiv = l’erreur provoquée par le dol doit avoir été déterminante du
consentement de la victime, sans cette erreur, la victime du dol : n’aurait pas contracté (dol principal) ou aurait
contracté à des conditions substantiellement différentes (dol incident).

o Ainsi, il n’est pas possible d’obtenir la nullité si l’intéressé aurait contracté à des conditions
marginalement différentes – appréciation souveraine des juges du fond.

55
REGIME

Preuve : Le dol doit être prouvé par la victime et par tous moyens s’agissant d’un fait juridique.

Nullité :

1. Nullité relative (1131 CCiv)


2. A demander dans les cinq ans (2224 CCiv).
3. A compter de la découverte du dol (1144 CCiv).

D&I :

1. Responsabilité délictuelle (1240 CCiv) : la faute qui appelle réparation est, en effet, antérieure à la conclusion
du contrat.
2. La nullité ne suffit pas à réparer la totalité du préjudice de celui qui s’est trompé – la victime peut maintenir le
contrat uniquement (1178 al.4 CCiv).

56
LA VIOLENCE

Majeure : Aux termes de l’article 1128 du Code Civil, sont nécessaires à la validité d’un contrat, le consentement des
parties, leur capacité de contracter et un contenu licite et certain. L’article 1130 du Code Civil dispose que la violence
est un vice du consentement lorsqu’il apparaît que, sans elle, l’une des parties n’aurait pas contracté ou aurait contracté
à des conditions substantiellement différents. La violence peut être sanctionnée sur le terrain de l’article 1140 mais aussi
le terrain de l’article 1143.

La JP ne s’est pas prononcée quant au cumul entre ces deux actions. On peut se demander si, pour l’annulation d’un
même contrat, une partie pourrait faire valoir des faits l’ayant déterminée à contracter qui relèveraient non seulement de
la contrainte mais également de l’abus ou s’il faut considérer que l’un devrait nécessairement l’emporter sur l’autre, de
telle sorte que la victime ne pourrait se prévaloir que d’une contrainte ou que d’un abus.

POSSIBILITE 1 - VIOLENCE CLASSIQUE

Majeure : selon l’article 1140 du Code Civil, ce vice de violence suppose la réunion de trois conditions : le demandeur
doit établir qu’il a subi une contrainte (1), illégitime (2) ayant fait naître chez lui une crainte qui l’a déterminé à contracter
(3).

Conditions

Règle : 1140 CCiv = il y a violence lorsqu’une partie s’engage sous la pression d’une contrainte qui lui inspire la crainte
d’exposer sa personne, sa fortune ou celles de ses proches à un mal considérable.

Condition 1 : Une contrainte visant la personne, ses biens ou ses proches (physique, moral, pécuniaire).

Condition 2 : Une contrainte illégitime – les moyens utilisés pour contraindre son cocontractant ne doivent pas
être légaux.

1. Autorisée = 1141 CCiv = l’exercice normal de moyens légaux (par exemple : menace de l’exercice des voies de droit
ou l’exercice du droit de grève).
2. Non autorisée : 1141 CCiv : l’exercice abusif de moyens légaux lorsque la voie de droit est détournée de son
but en visant d’obtenir la conclusion d’un contrat sans rapport direct avec le droit que l’on menace d’exercer
OU lorsqu’elle est invoqué ou exercée pour obtenir un avantage manifestement excessif.

Condition 3 : Crainte déterminante du consentement (1140 CCiv), elle doit exister au moment de la conclusion du
contrat et doit être suffisamment grave, cette appréciation devant se faire in concreto. La capacité de résistance de la
personne joue car le caractère déterminant s’apprécie eu égard aux personnes et aux circonstances dans lesquelles le
consentement a été donné (1130 CCiv). La menace doit avoir fait naître chez la personne une crainte qui l’a déterminé,
au moins, en partie, à contracter.

Condition 3 : 1142 CCiv = la violence est sanctionnée quel que soit son auteur. La violence peut émaner d’une personne
mais peut aussi dériver d’événements, de circonstances extérieures au contrat.

57
POSSIBILITE 2 – LA VIOLENCE LIEE A L’ETAT DE DEPENDANCE

Majeure : Selon l’article 1143 du Code Civil, la violence peut être caractérisée lorsqu’une partie, abusant de l’état de
dépendance dans lequel se trouve son cocontractant, obtient de lui un engagement qu’il n’aurait pas souscrit en l’absence
d’une telle contrainte et en tire un avantage excessif. Pour que cette forme de violence puisse entraîner la nullité du
contrat, quatre conditions doivent être réunies : un état de dépendance (1), un abus de cet état par le cocontractant (2),
un engagement que la victime n’aurait pas conclu en l’absence d’une telle contrainte (3) et que l’auteur de cet abus en
tire un avantage manifestement excessif (4). En outre, la loi de ratification du 20 avril 2018 a complété cette disposition,
en imposant que l’état de dépendance de l’une des parties soit établi à l’égard de son cocontractant.

Conditions

(1) Règle : 1143 CCiv = « Il y a également violence lorsqu'une partie, abusant de l'état de dépendance dans lequel se
trouve son cocontractant « à son égard », obtient de lui un engagement qu'il n'aurait pas souscrit en l'absence d'une
telle contrainte et en tire un avantage manifestement excessif. »

Condition 1 : Un état de dépendance économique, affectif ou psychologique – dans le silence des textes.

• la dépendance sentimentale et psychologique d’un contractant (emprise psychologique d’un concubin, un


comportement manipulateur, sur sa concubine : Civ. 3e, 4 mai 2016).

Condition 2 : Un état de dépendance exploité par l’un des contractants.

1. Par le contractant.

2. Un abus de de l’état de dépendance :


ü Certain : facile à démontrer pour une dépendance psychologique ou affective (harcèlement que l’une
des parties fait subit à l’autre).
ü Incertain : pour la dépendance économique, difficile démonstration sauf à démontrer que le
cocontractant a retiré du contrat un avantage manifestement excessif (condition 4 – peuvent donc être
prouvées de la même manière).

Condition 3 : Une contrainte déterminante de son consentement

ü ATTENTION : Lecture stricte de 1143 CCiv « la victime n’aurait pas du tout conclu le contrat ? » OU lecture
combinée de 1130 CCiv « la victime aurait conclu le contrat dans conditions différentes ? ». La JP doit encore
se prononcer.

Condition 4 : L’auteur de l’abus en tire un avantage manifestement excessif : il ne suffit pas que le contrat soit
déséquilibré, seul l’excès manifeste permet l’annulation du contrat.

58
REGIME

Preuve : c’est à la victime de rapporter la preuve de la violence, fait juridique, par tous les moyens.

Nullité :

1. Nullité relative (1131 CCiv).


2. A demander dans les cinq ans (2224 CCiv).
3. A compter du jour où la violence a cessé (1144 CCiv).

D&I :

4. Seulement des D&I et pas de nullité : engagement de la responsabilité délictuelle - Etablissement d’une faute
(1240 CCiv)
5. Si la nullité ne suffit pas à réparer la totalité du préjudice de celui qui s’est trompé (1178 al.4 CCiv).

59
CONDITIONS TENANT AU CONTENU
DU CONTRAT
1128 CCiv : Sont nécessaire à la validité d’un contrat

1. Le consentement des parties ;


2. Leurs capacité de contracter ;
3. Un contenu licite et certain.

60
SECTION I : LES REGLES RELATIVES AUX STIPULATIONS
DU CONTRAT

ETAPE 1 : VERIFIER L’OBJET DE L’OBLIGATION (1162 à 1167 CCiv)

La prestation (= objet de l’obligation) s’entend de ce que chacune des parties s’engage à accomplir au profit de l’autre
et constitue, selon l’article 1163 du Code civil, l’objet de l’obligation.

• Contrats unilatéraux : 1106 al. 2 CCiv = est unilatéral lorsqu’une ou plusieurs personnes s’obligent envers
une ou plusieurs autres sans qu’il y ait d’engagement réciproque de celles-ci ». Il n’y a alors qu’un seul objet

o Exemples : donation (l’objet de l’obligation du donateur est de délivrer le bien donné) ; la PUV sans
indemnité d’immobilisation (l’objet de l’obligation du promettant est de vendre)

• Contrats synallagmatique : 1106 al. 1 CCiv = le contrat est synallagmatique lorsque les contractants
s’obligent réciproquement les uns envers les autres ». Ce sont donc des contrats qui font naître une obligation à
la charge de chacune des parties : chaque contractant est à la fois créancier et débiteur.

Majeure : pour qu’une obligation soit valable, son objet doit présenter trois caractères : il doit être déterminé ou
déterminable (1), possible (2) et licite (3).

61
Condition 1 : Un contenu licite

L’article 1128 du Code civil impose que le contenu du contrat soit licite. L’article 1162 précise en outre que les
stipulations du contrat ne peuvent déroger à l’ordre public.

ü Corps humain : 16-7 CCiv = « Toute convention portant sur la création ou la gestation pour le compte d’autrui
est nulle ».
• Exception : 16-5 CCiv = « les conventions ayant pour effet de conférer une valeur patrimonial au corps
humain, à ses éléments ou à ses produits sont nulles » - le don du sang, le prélèvement d’organes sont
autorisés à condition qu’il n’y ait aucune contrepartie.

• Différence corps humain et produit : tout ce qui est régénérable sont les produits et peuvent faire
l’objet de convention sous certaines conditions.

ü Clientèles civiles : Caractère a priori licite de tous les contrats qui ont pour objet la cession d’une clientèle
civile.

• La cession de clientèle médicale n’est pas illicite si la liberté de choix des patients est sauvegardée - si
jamais un médecin vend son fond libéral, il n’est plus en activité, il va céder sa clientèle au nouveau
médecin qui va s’installer à la place du médecin. Mais si le médecin part progressivement à la retraite,
il vend partiellement la clientèle en vendant partiellement le fond libéral. C’est-à-dire qu’il y a une
double atteinte à la liberté de choix des patients. La clientèle partiellement cédée ne pourra librement
choisir le médecin partant progressivement à la retraite. La clientèle partiellement non cédée ne pourra
pas librement choisir le médecin ayant acquis le fond libéral. (Civ.1re, 7 novembre 2000).

• Solution étendu à l’ensemble des clientèles civiles (Civ. 1re, 14 novembre 2012).

62
Condition 2 : Un contenu déterminé ou déterminable

1163 al.2 CCiv : La prestation, objet de l’obligation doit être déterminée ou déterminable.

Hypothèse 1 - Hypothèse sans paiement d’un prix

1. Un objet déterminé : 1163 al.2 CCiv = ordonnance silencieuse, les solutions de l’ancien droit auront
vocation à s’appliquer.

Dans le cas d’un transfert d’un bien :

• Dans le cas d’un corps certain ayant une individualité propre (par exemple : œuvre d’art, bijoux de
famille, immeuble) = il doit être désigné pour que l’exigence soit satisfaite.
• Dans le cas de chose genre fongible :
§ Déterminée dans son espèce : 1129 CCiv = genre auquel appartient la chose.
§ Détermination de la qualité : 1166 CCiv = « Lorsque la qualité de la prestation n'est pas
déterminée ou déterminable en vertu du contrat, le débiteur doit offrir une prestation de qualité
conforme aux attentes légitimes des parties en considération de sa nature, des usages et du
montant de la contrepartie ».
• AVANT : 1246 = qualité moyenne.
§ Détermination de la quotité : 1129 CCiv = détermination de la quantité de la chose ou au moins
qu’elle soit déterminable par rapport à des éléments objectifs ne dépendant pas de la volonté de
l’une ou l’autre des parties qui permettront de déterminent la quotité au moment de l’exécution.

Lorsque la prestation porte sur un fait du débiteur / abstention du débiteur : l’objet de l’obligation sera
déterminé ou déterminable lorsqu’il pourra être identifié dans sa nature et dans son étendue mais la
détermination de la durée, n’est en principe, pas obligatoire.

2. Un objet déterminable : 1163 al.3 CCiv = La prestation est déterminable lorsqu'elle peut être déduite du
contrat ou par référence aux usages ou aux relations antérieures des parties, sans qu'un nouvel accord des
parties soit nécessaire.
a. En d’autres termes, lorsque l’objet n’est pas désigné au moment de la conclusion du contrat, il doit
pouvoir se déduire sur la base d’éléments objectifs (c-à-d d’éléments ne dépendant pas de la volonté
de l’une ou l’autre des parties) au moment de l’exécution du contrat.

63
Hypothèse 2 : Hypothèse avec paiement d’un prix

Majeure : En principe, l’article 1163 du Code civil impose que l’obligation ait pour objet une prestation, notamment,
déterminée ou déterminable. Autrement dit, il faut qu’au moment de la conclusion du contrat, la prestation de chacune
des parties soit établie. Dans la mesure où le paiement d’un prix consiste en une prestation comme une autre, les contrats
comportant une obligation pécuniaire n’échappent pas au principe posé à 1163 al.2 CCiv, c’est-à-dire l’exigence d’un
prix déterminé ou déterminable. Néanmoins, par exception, les articles 1164 et 1165 du Code civil admettant que,
lorsque la prestation consiste à payer un certain prix, ce prix puisse être, dans certains cas, fixé postérieurement à la
conclusion du contrat.

Attention : Le contrat de vente - 1591 CCiv = le prix de la vente doit être déterminé et désigné par les parties.

• Civ. 3e, 3 mai 2018 = il faut distinguer entre la détermination du prix et les modalités pour son paiement. Le
prix de la vente elle-même doit être déterminé et les modalités de paiement choisies par les parties doivent être
déterminées tout en demeurant non chiffrés au jour de l’acte sans remettre en cause la validité du contrat de
vente.

ü Exception 1 : Contrats cadres

• Règle : 1164 al. 1 CCiv : dans les contrats cadre, il peut être convenu que le prix de la prestation sera
fixé unilatéralement par l’une des parties, à charge pour elle d’en motiver le montant en cas de
contestation

• Qualification : contrat cadre : 1111 CCiv = contrat par lequel les parties conviennent des
caractéristiques générales de leurs relations contractuelle futures. Des contrats d’application en
précisent les modalités d’exécution.

• Régime :

o Règle : Une partie peut fixer unilatéralement le prix, à charge pour elle d’en motiver le montant
en cas de contestation.

o Abus dans la fixation du prix = 1164 al. 2 CCiv = en cas d’abus dans la fixation du prix, le
juge peut être saisi d’une demande tendant à obtenir des D&I et le cas échéant la résolution du
contrat. Seul l’abus dans la fixation du prix et non le prix excessif est condamné.

§ Notion d’abus : Pas d’égoïsme contractuel ou de déloyauté de la part de celui qui a fixer le prix
unilatéralement, fixer le prix en fonction de ses propres intérêts au détriment de ceux de son
cocontractant (Com., 4 novembre 2014). Appréciation souveraine des juges du fond.

64
ü Exception 2 : Les contrats de prestation de service – 1165 al.1 CCiv : « à défaut d’accord entre les parties
avant leur exécution, le prix peut être fixé par le créancier, à charge pour celui-ci d’en motiver le montant ».

o Nécessaire caractérisation du contrat de prestation de services au sens de l’article 1710 CCiv

• Garde-fou : Abus dans la fixation du prix = 1165 al. 2 CCiv = le juge peut être saisi d'une demande
tendant à obtenir des dommages et intérêts et, le cas échéant, la résolution du contrat (N.B =
modification interprétative, applicable à tous les contrats conclus depuis le 1er Octobre 2016).

o Méthode :
§ Ainsi, soit la partie ne fournit aucune justification et, dans ce cas, l’abus pourra être
caractérisé, soit elle fournit une justification et il faut alors se demander si elle est
légitime.

§ Sous l’ancien droit, la fixation unilatérale du prix ne doit pas relever d’une forme
d’égoïsme contractuel ou de déloyauté de la part de celui qui a fixé le prix
unilatéralement. Est ainsi abusif le prix fixé en fonction des propres intérêts de celui
qui le fixe et au détriment de ceux de son cocontractant (Com., 15 janvier 2002 ; Civ.
1re, 30 juin 2004 ; Com., 4 novembre 2014).

o Cette dernière sanction ne pourra naturellement concerner que des contrats à exécution
successive et dont la prestation n’aura pas encore été exécutée en totalité. En effet, dès lors que
la prestation aura été totalement exécutée, il n’y aura aucun intérêt pour le débiteur à demander
la résolution du contrat, soit son anéantissement rétroactif, qui lui imposerait de restituer le
service reçu par équivalent.

65
ü Exception 3 : La clause d’indexation du prix – Les clauses d’indexation sont des clauses que l’on insère dans
un contrat en prévoyant que le prix sera déterminé par référence à un indice : le cours du blé, du sucre, du pétrole

1167 CCiv = lorsque le prix ou tout autre élément du contrat doit être déterminé par référence à un indice qui
n’existe pas ou a cessé d’exister ou d’être accessible, celui-ci est remplacé par l’indice qui s’en rapproche le
plus

Coexistence avec L. 112-1 CMF – Interdiction de ces clauses sauf

1. Propre à la nature de la dette : permettre au créancier de pourvoir aux besoins de la vie courante et doivent
donc impérativement conserver leur pouvoir d’achat (par exemple, l’obligation alimentaire peut être librement
indexé, notamment sur l’indice général des prix à la consommation).
2. Pour les autres dettes : 112-2 CMF : possible indexation sur un indice ayant une « relation directe avec l’objet
de la convention ou avec l’activité d’une des parties ». Sanction : La clause souffre d’une nullité absolue, la
clause n’est susceptible ni de confirmation ni de ratification (Com., 3 novembre 1988). Puis, substitution à
l’indice illicite, par autre indice, licite aussi proche possible que du premier (Civ. 3e, 22 juillet 1987).

66
Condition 3 – Un contenu possible

1163 al.2 CCiv : l’objet de la prestation doit être possible.

1. Règle : l’impossibilité doit être objectivement absolue - celle à laquelle se heurterait n’importe quel débiteur
(par exemple : toucher le ciel du doigt est objectivement impossible).

a. S’agissant d’une obligation de donner = lorsque l’obligation porte sur un corps certain et que la chose
n’existe pas au moment de la conclusion du contrat, il existe une impossibilité absolue de l’objet – cause
de nullité de la convention.

2. Tempérament :
a. Contrat aléatoire = Les parties concluent ainsi un contrat relatif à une chose dont elles ne savent pas
si elle existera (ex. achat dans l’espoir d’une chasse ou d’une pêche fructueuse) ou sur une chose dont
elles ne savent pas si elle existe encore (ex. marchandise qui doit transiter par un pays en guerre)

b. Contrat sur chose future : 1163 al. 1 CCiv : l’obligation peut avoir objet une prestation présente ou
future. Si la prestation ne peut se réaliser, le contrat est caduc car la caducité frappé les contrats
valablement formés si l’un de leurs éléments essentiels disparaît (1186 CCiv).

Régime :

• Nullité en cas d’absence d’objet au moment de la formation du contrat.


• Caducité si en cas d’absence l’objet lors de l’exécution du contrat : 1186 CCiv

67
ETAPE 2 : VERIFIER L’EQUILIBRE DU CONTRAT (1168 à 1171 CCiv)

La contreprestation désigne la contrepartie attendue par celui qui s’est engagé, celle en considération de laquelle il s’est
engagé à exécuter sa propre prestation. Il ne s’agit donc plus d’étudier séparément la prestation que chacune des parties
doit exécuter mais d’envisager les prestations des deux parties l’une par rapport à l’autre. Cette appréciation globale du
contrat, qui revient à confronter les obligations principales de chacune des parties, permet de lutter contre les
déséquilibres les plus significatifs. C’est la prestation par rapport à l’autre prestation et non plus la prestation elle-
même.

§1 : Etape 1 – Vérifier l’existence d’une contrepartie

A) Lésion – le déséquilibre objectif des prestations contractuelles – défaut d’équivalence au moment de


la formation du contrat

Question de droit : Il est possible de s’interroger sur la possibilité pour un contractant de contester le montant qu’il
s’est contractuellement engagé à payer.

Règle : 1168 CCiv = dans les contrats synallagmatiques, le défaut d’équivalence des obligations n’est pas une cause de
nullité du contrat, à moins que la loi n’en dispose autrement.

Condition : contrat synallagmatique - 1106 CCiv = contrat par lequel les contractants s’obligent réciproquement les
uns envers les autres.
ü Exceptions :
1. Vente d’immeuble : 1674 CCiv = le vendeur qui reçoit moins des 5/12e de la valeur de l’immeuble peut
obtenir la nullité de la vente pour lésion.

2. Mineur : 1149 CCiv = un mineur a la capacité de conclure seul les actes de la vie courante. S’il est
victime d’une lésion lors de la conclusion d’un tel acte, il peut demander en justice, la rescision de la
convention litigieuse.

3. Contrats aléatoires (1108 al. 2 CCiv) : pas d’action en rescision (Civ. 3e, 12 décembre 1973). Par
exemple, pas de sanction de la lésion dans une vente d’immeuble moyennant rente viagère, c’est-à-dire
une vente dans laquelle le prix payé consiste en une rente due tout au long de la vie du vendeur

4. Avant la réforme
a. Il appartient aux tribunaux de réduire le salaire convenu lorsqu’il est hors de proportion avec le
service rendu (JP constante depuis Civ. 29 janvier 1867)

b. Antérieurement à la réforme, la jurisprudence avait reconnu aux juges la possibilité de


sanctionner les honoraires des mandataires ou de certaines professions libérales, lorsqu’ils lui
paraissaient excessifs au regard du travail effectivement exécuté (par ex. : Civ. 1re, 3 mars
1998 ; 5 mai 1998)
68
Régime :
§ Preuve : La lésion est un fait juridique se prouvant par tous les moyens par la victime (sauf pour la vente
d’immeuble – 1677 et s. CCiv)
§ Sanction :
v Principe : Rescision (N.B = nullité) relative.

v Exception :
o Dans certains cas, le contrat est maintenu et le juge le rééquilibre.

o Dans la vente d’immeubles, l’acheteur peut choisir de maintenir le contrat en payant le


complément de prix nécessaire, moins un dixième (1681 CCiv).

69
B) Contrôle a minima

Règle : 1169 CCiv : un contrat à titre onéreux est nul lorsque, au moment de sa formation, la contrepartie convenue
au profit de celui s’engage est illusoire ou dérisoire.

Condition 1 : contrat onéreux - 1107 CCiv = le contrat est à titre onéreux lorsque chacune des parties reçoit de l’autre
un avantage en contrepartie de celui qu’elle procure.

Condition 2 : critère alternatif

1. Illusoire : hypothèse dans laquelle il existe une contrepartie formelle à l’engagement d’une des parties, elle
ne confère, en réalité, pratiquement, aucune avantage à celui qui s’engage.

o La contrepartie fait défaut : L’obligation d’un locataire commercial de payer un certain prix en contrepartie
de l’engagement du bailleur de lui assurer l’exclusivité de ce type de commerce dans l’immeuble alors que la loi
interdit pareille exclusivité (Com., 5 octobre 1981). Ou encore le rachat d’un salarié de points de retraite à une
Caisse alors que ses droits auprès de cette Caisse atteignent déjà le plafond (Soc., 15 octobre 1980). De même, est
également nulle une clause de non-concurrence ayant pour contrepartie des actions d'une société d'une valeur égale
à un euro symbolique (Com, 15 mars 2011).

o La contrepartie existe mais fait double emploi avec l’obligation résultant d’un autre contrat
(Com., 23 octobre 2012).

o Un contrat de location de matériel de surveillance biométrique était dépourvu de cause, dès lors
que ledit matériel, qui nécessitait pour son utilisation une autorisation de la CNIL, ne pouvait,
en aucun façon, compte tenu de l’utilisation voulue et des caractéristiques du matériel, obtenir
une telle autorisation (Com. 6 décembre 2017).

o Cas où la contrepartie n’est d’aucune utilité au créancier de l’obligation : quand bien même
le concours du prestataire dans la rédaction du contrat n’avait pas été utile à son client, dans la
mesure où celui-ci avait lui-même rédigé un contrat, il n’en restait pas moins qu’à l’engagement
du client de payer une certaine somme correspondait bien une contrepartie réelle (Civ. 1re, 28
février 2018).

§ Autrement dit, même s’il juge que le travail du prestataire ne lui a pas été utile, le client
s’est bien engagé en vertu d’une contrepartie qui ne saurait être considérée, ni comme
dérisoire, ni comme illusoire.

2. Dérisoire : En cas de vileté du prix dans le cadre d’une vente (Com., 11 mars 2014). MAIS, le prix dérisoire
doit être distingué du prix insuffisant qui relève de la règlementation de la lésion.
70
Cas particuliers :

1. Les contrats unilatéraux : 1169 CCiv ne s’applique pas aux contrats unilatéraux car ils ne comprennent
pas de contrepartie. Le contrat pourrait néanmoins être sanctionné sur d’autres fondements.

a. Généralement, le contrat unilatéral est un contrat à titre gratuit mais il peut arriver qu’un contrat
unilatéral soit à titre onéreux. L’article 1106 du Code civil distingue les contrats synallagmatiques
et les contrats unilatéraux selon l’existence ou non d’une obligation réciproque. Autrement dit,
lorsque le contrat prévoit des obligations réciproques, le contrat est synallagmatique. A défaut, il
est unilatéral.

i. ATTENTION : l’absence d’obligation réciproque n’entraîne pas nécessairement l’absence


de contrepartie au sens de l’article 1169. Il y a une contrepartie mais elle ne prend pas
la forme d’une obligation réciproque = contrat unilatéral à titre onéreux. La
contrepartie est le fait qui sert de base au contrat, à l’engagement de celui qui s’engage
unilatéralement. Si ce fait qui justifie l’engagement n’existe pas, alors la contrepartie est
illusoire.

ii. Exemple :
1. Dans le contrat de cautionnement, la caution s’engage à garantir auprès de son
cocontractant, le créancier bénéficiaire, la dette d’un tiers, le débiteur cautionné. Si
le débiteur est défaillant, la caution devra exécuter l’obligation à sa place. Pour
autant, la caution ne pourra pas prétendre à l’exécution d’une obligation réciproque
de la part de son cocontractant, le créancier bénéficiaire.
2. S’il n’existe pas d’obligation réciproque, il y a une contrepartie convenue au
bénéfice de la caution qui correspond à l’avantage ou au crédit accordé par le
créancier bénéficiaire au débiteur cautionné. Donc, la contrepartie sera
considérée comme illusoire dès lors qu’aucun avantage ou crédit n’est accordé au
débiteur cautionné – c’est-à-dire l’absence de dette donc absence d’objet (Com, 17
mai 2017).

2. Les contrats aléatoires : 1169 CCiv : La contrepartie est sujette à l’existence d’un aléa. La contrepartie
convenue par les parties est une contrepartie incertaine qui pourra être considérée comme illusoire dès
lors que l’incertitude n’existe pas au moment de la formation du contrat, que l’absence de contrepartie était
déjà certaine. un contrat aléatoire serait nul si l’aléa n’existait pas au moment de la formulation du contrat.
N.B : dans les contrats aléatoires, la contrepartie convenue par les parties est une contrepartie incertaine qui
pourra être considérée comme illusoire dès lors que l’incertitude n’existe pas au moment de la formation du
contrat, que l’absence de contrepartie était déjà certaine. La JP antérieure devrait se maintenir : un contrat
aléatoire sera nul si l’aléa n’existait pas au moment de la formulation du contrat.

71
3. Les ensembles contractuels :

Question de droit : La question qui se pose est donc celle de savoir si un contractant peut remettre en cause un contrat
au motif que ce contrat n’aurait eu pour elle d’intérêt qu’en considération d’un autre contrat disparu

Majeure : Ainsi pour obtenir la caducité d’un contrat sur le fondement de l’article 1186 al. 2 du Code civil, il faut,
d’une part, plusieurs contrats nécessaires à la réalisation d’une même opération (1), que l’un de ces contrats ait disparu
(2) et que l’exécution de l’autre soit rendue impossible ou que le contrat disparu ait été une condition déterminante du
consentement d’une partie (3) et, d’autre part, que le contractant contre lequel est invoquée la caducité ait eu
connaissance de l’opération d’ensemble au moment de donner son consentement (4).

v Définition : combinaisons de contrats qui, tout en conservant leur individualités, concourent à la réalisation de la
même opération économique (par exemple, l’acquisition d’un immeuble et du prêt destiné à la financer).

v Règle : 1186 al. 2 CCiv : Un cocontractant peut obtenir la caducité contrat au motif que ce contrat n’aurait eu pour
lui d’intérêt qu’en considération d’un contrat disparu - caducité en cas d’interdépendance.

1. Condition 1 : Les différents contrats doivent participer à la réalisation d’une même opération, il faut donc
que les contrats constituent un ensemble contractuel.

2. Condition 2 : La disparation d’un des contrats (N.B = à défaut de toute définition juridique de cet terme,
cette disparition pourrait résulter d’une annulation, d’une annulation, d’une résolution ou l’exercice par
l’une des parties de son droit à se dédire du contrat).

3. Condition 3 : 1186 al. 3 CCiv -Le contractant contre lequel est invoqué la caducité doit avoir connu
l’existence de l’opération d’ensemble lorsqu’il a donné son consentement.

4. Condition 4 : critère alternatif

§ Doit rendre l’exécution de l’autre impossible - pas réalisable, pas d’alternative (conception
objective)

§ Le priver d’une condition déterminante du consentement d’une partie : possible présence d’une
clause de divisibilité – nécessaire mise en balance au visa des faits d’espèce (conception
subjective)

72
Régime :

ü Preuve : S’agissant de la preuve de l’absence de contrepartie, les nouveaux textes n’apportent aucune précision,
de sorte que les règles de preuve de droit commun doivent en principe s’appliquer : c’est à celui qui prétend que
la contrepartie est illusoire ou dérisoire d’en apporter la preuve

ü Sanction :

• Nullité au moment de la formation du contrat: 1169 CCiv = l’existence de la contrepartie doit


s’apprécier à la date de la formation du contrat. 1169 CCiv ne se précise pas sur le type de nullité.
Mais si l’on se réfère aux définitions de 1179 CCiv, il faut retenir la nullité relative conformément au
droit antérieur (Com., 22 mars 2016).

• Caducité en cours d’exécution du contrat : 1186 CCiv = Un contrat valablement formé devient caduc
si l’un de ses éléments essentiels disparaît. Sous l’empire de l’ancien droit, la disparition de la cause,
en cours d’exécution du contrat était sanctionné par la caducité (Civ. 1ère, 30 octobre 2008) de sort
il est légitime de penser que le terme d’élément essentiel inclut la contrepartie devenue dérisoire ou
illusoire.

73
§2 : Etape 2 - Vérifier l’existence de clauses déséquilibrantes

Possibilité 1 – L’existence de clauses abusives

Majeure : la JP ne s’est pas prononcée sur l’articulation entre les trois systèmes de protection. Soit on considère que la
loi spéciale déroge au principal, et le droit commun ne s’applique pas (1105 al. 3 CCiv). Soit on considère qu’ils sont
cumulables et que l’individu a le choix. Deux fondements sont envisageables : les législations spéciales relatives à la
sanction des clauses abusives et le droit commun. Il s’agit donc de voir si la clause litigieuse ne pourrait pas être contestée
en ce qu’elle crée un déséquilibre entre les droits et obligations des parties au contrat.

Sous-possibilité 1 – Le droit de la consommation

L. 212-1 CConso : « Dans les contrats conclus entre professionnels et consommateurs, sont abusives les clauses qui
ont pour objet ou pour effet de créer, au détriment du consommateur, un déséquilibre significatif entre les droits et
obligations des parties au contrat. » + L.212-2 CConso : également applicable aux contrats conclus entre professionnels
et non professionnels.

Majeure : S’agissant de la législation consumériste, les articles L. 212-1 et L. 212-2 du Code de la consommation
déclarent abusives les clauses qui ont pour objet ou pour effet de créer, au détriment du consommateur ou du non-
professionnel (1) un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties (2)

Conditions :

ü Condition 1 : les personnes concernées - contrat conclu entre un consommateur/non-professionnel avec un


professionnel
1. Consommateur : toute PP qui agit à des fins qui n’entrent pas dans le cadre de son activité commerciale,
industrielle, artisanale ou libérale (Loi Hamon du 17 Mars 2014, définition reprise l’ordonnance du
14 mars 2016) et par Civ. 2e, 22 novembre 2018).

2. Professionnel : toute PP ou PM, publique ou privée, qui agit à des fins entrant dans le cadre de son
activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou agricole, y compris lorsqu’elle agit au nom ou
pour le compte d’un autre professionnelle (loi de ratification du 21 février 2017).

3. Non-professionnel : toute PM qui n’agit pas à des fins professionnels (Loi de ratification du 21 février
2017).

74
ü Condition 2 : la clause elle-même - un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au
contrat : soit le professionnel a imposé des obligations draconiennes à son cocontractant, soit il a allégé ses
propres obligations ou limité - voire exclu – sa responsabilité.

1. Appréciation in concreto par le juge = L.212-1 al. 2 CConso = au moment de la conclusion du contrat
en fonction de toutes les circonstances qui l’entourent ainsi qu’en prenant en compte les autres clauses
du contrat.

§ Attention : L-212-1 al. 3 CConso = l’appréciation du caractère abusif des clauses ne porte ni
sur la définition de l’objet principal du contrat ni sur l’adéquation du prix ou de la
rémunération au bien vendu ou au service offert pour autant que les clauses soient rédigées
de façon claire et compréhensible.

2. Qui va être aidé par une liste de clauses abusive non exhaustive fixées par voie réglementaire :

§ Premier temps : Liste de stipulations fixées par le décret d’application du 18 mars 2009

v Liste noire – R.212-1 CConso = stipulations irréfragablement présumées abusives.


v Liste grise – R. 212-2 CConso = clauses présumées abusives qui laissent au
professionnel l’opportunité de rapporter la preuve du caractère non abusif de la
stipulation considérée.

§ A défaut, deuxième temps – le pouvoir du juge : juge national d’examiner d’office le caractère
abusif d’une clause, dès qu’il dispose des éléments de droit et de fait à cet effet (CJCE Pannon
GSM 4 juin 2009).

Régime :

1. Sanction : L.241-1 CConso : « les clauses abusives sont réputées non écrites » et que « le contrat restera
applicable dans toutes ses dispositions autres que celles jugées abusives s’il peut subsister sans lesdites
clauses ».
i. il faut donc distinguer selon que la clause critiquée comme abusive constitue la clause
impulsive et déterminante de ce contrat. Si elle ne l’est pas, seule la clause abusive sera
réputée non écrite ; si elle l’est, le contrat dans son ensemble tombera

§ Civ. 1re 13 mars 2019 = la sanction réputée non écrit n’est pas assimilable à une nullité partielle.

2. Prescription : [SUPPOSITION – la JP doit trancher] elle serait donc réputée inexistant dès l’origine et
donc pourrait être imprescriptible

75
Sous-possibilité 3 : Le droit commun

Règle : 1171 CCiv = « Dans un contrat d'adhésion, toute clause non négociable, déterminée à l'avance par l'une des
parties, qui crée un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat est réputée non écrite.
». Dès qu’il s’agit d’une d’adhésion, un déséquilibre significatif pourra toujours être sanctionné, indépendamment de
l’existence d’une législation spéciale en sens.

Majeure : Selon l’article 1171 du Code civil, dans un contrat d’adhésion, toute clause non négociable, déterminée à
l’avance par l’une des parties et qui crée un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties est réputée
non écrite. Ainsi, pour mettre en oeuvre le contrôle des clauses issu de l’article 1171 du Code civil, trois conditions
doivent être réunies : la clause doit figurer dans un contrat d’adhésion (1), elle doit elle-même avoir été non négociable
et déterminée à l’avance par l’une des parties (2), et, enfin, créer un déséquilibre significatif entre les droits et obligations
des parties (3).

Conditions :

1. Condition 1 : il faut un contrat d’adhésion au sens de 1110 CCiv.

• Avant LR de 2018 = « Le contrat d’adhésion est celui dont les conditions générales, soustraites à la
négociation, sont déterminées à l’avance par l’une des parties ».

• Depuis LR de 2018 [substantielle] = « Le contrat d’adhésion est celui qui comporte un ensemble de
clauses non négociables, déterminées à l’avance par l’une des parties. ». Nécessité d’un contrat avec
un ensemble de clauses non négociables, même si la clause litigieuse non négociable n’est pas dans
cet ensemble.

2. Condition 2 :
• Avant LR de 2018 : tout clause : si le contrat d’adhésion a été conclu entre le 1er octobre 2016 et
le 30 septembre 2018, toute clause incluse dans ce contrat (du moins si elle ne porte pas sur l’objet
principal du contrat ou si elle n’a pas pour objet de déterminer le prix du contrat) peut-être contrôlée
sur ce fondement

• Depuis LR de 2018 [substantielle] : « toute clause non négociable, déterminée à l’avance par l’une
des parties ». Seule la part non négociable du contrat d’adhésion pourra faire l’objet d’une sanction
judiciaire, le juge ne pourra se substituer aux rétablir un équilibre si le déséquilibre a été voulu par
les parties.

76
3. Condition 3: une clause qui crée un déséquilibre significatif entre les droits et obligations

• Appréciation : En l’absence, de liste de clauses (comme en droit spécial), le juge devra procéder à
une appréciation globale de l’économie du contrat et non de chaque clause prise individuellement.
En effet, une clause peut en effet sembler créer un déséquilibre mais être justifiée par une autre
stipulation.

o Attention : 1171 al. 2 CCiv = « L'appréciation du déséquilibre significatif ne porte ni sur


l'objet principal du contrat ni sur l'adéquation du prix à la prestation »

• Absence de listes : Les juges pourront raisonner par analogie avec le droit de la consommation, la
notion de clause abusive étant emprunté à ce droit. Les solutions développés en matière de clauses
abusives pourront être réutilisées par les juges appliquant cet article.

Régime :

1. Sanction : 1171 al. 1 CCiv : une telle clause est réputée non écrite (sanction qui n’est pas assimilable à une
action en nullité – Civ. 1re 13 mars 2019) + 1184 al.2 CCiv = lorsque la loi répute une clause non écrite le
contrat subsiste sans la clause.

2. Prescription : SUPPOSITION – la JP doit trancher - le délai de prescription quinquennale ne lui est pas
applicable selon la doctrine de sorte qu’elle est imprescriptible -Civ. 1re, 13 mars 2019)

77
Possibilité 2 : La clause portant atteinte à une obligation essentielle en la vidant de sa substance – surtout pour
les clauses limitatives de responsabilité

Règle : 1170 CCiv = Toute clause [N.B : élargissement de Chronopost - clauses de répartition des risques, clauses
financières, clauses fixant un délai pour agir] qui prive de sa substance l’obligation essentielle du débiteur est réputée
non écrite.

Conditions :

1. Condition 1 : la clause accessoire doit porter sur l’obligation essentielle.

2. Condition 2 : la clause doit priver de substance l’obligation essentielle sous l’appréciation souveraine des juges.
En effet, le texte vise à expurger le contrat des clauses qui priveraient l’un des contractants de la contreprestation
qu’il avait vocation à recevoir en exécution du contrat Civ. 1ère 15 janvier 2020 :

Régime :

• Sanction : L’article 1170 du Code civil prévoit qu’une clause qui prive de sa substance l’obligation essentielle
est réputée non écrite – autrement dit, elle est appelée à disparaître du contrat comme si elle n’avait jamais
existé. Cette sanction n’est pas assimilable à une action en nullité (Civ. 1ère 13 mars 2019). De plus, d’après
l’article 1184 al. 2 du Code civil, lorsque la loi répute une clause non écrite le contrat subsiste sans la clause.

3. Prescription : SUPPOSITION – la JP doit trancher - le délai de prescription quinquennale ne lui est pas
applicable selon la doctrine de sorte qu’elle est imprescriptible -Civ. 1re, 13 mars 2019)

78
SOUS-SECTION 2 : LES REGLES RELATIVES AU BUT DU CONTRAT
Contexte : La liberté contractuelle ne peut s’exercer que dans les limites fixées par l’OP et les bonnes mœurs. Dans sa
version antérieure à la réforme, il fallait que l’objet du contrat soit licite mais aussi la cause (ancien 1108 et 1131 CCiv),
cela faisait référence à l’ancienne cause subjective, les raisons plus lointaines qui ont déterminé chacun des parties à
contracter. Le but du contrat, ce sont les mobiles poursuivis par les parties, les raisons pour lesquelles elles ont contracté.

Règle : 1162 CCiv = « Le contrat ne peut déroger à l'ordre public ni par ses stipulations, ni par son but, que ce dernier
ait été connu ou non par toutes les parties ».

• Le motif ne peut être retenue comme cause de nullité que s’il a été déterminant. Il doit constituer la « cause
impulsive et déterminante » de l’opération et non pas un mobile accessoire (Civ. 1ère 7 octobre 1998).

Régime :

1. Preuve : le mobile est un fait juridique preuve pouvant être apportée par tous moyens et il incombe à celui qui
invoque l’illicéité ou l’immoralité de la prouver.

2. Sanction :

a. Au moment de la formation du contrat : Pas de précisions dans l’ordonnance. Le but est une
condition de validité, la sanction sera sans doute la nullité (1178 CCiv) et même la nullité absolue si
l’on se réfère à la définition qu’en donne nouveau 1179 CCiv. La prescription est de 5 ans à partir du
jour où celui qui agit a connu ou aurait dû connaître les faits lui permettant d’exercer son action (2224
CCiv).
b. Au moment de l’exécution du contrat : 1186 CCiv.

79
LA SANCTION DES CONDITIONS DE
VALIDITE DU CONTRAT

80
Règle : 1178 CCiv : « Un contrat qui ne remplit pas les conditions requises pour sa validité est nul. ». L’acte annulé
disparaît rétroactivement. Il est censé n’avoir jamais existé. L’anéantissement du contrat suppose de revenir à la situation
antérieure au contrat.

Majeure : Aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 1178 du Code civil, le contrat annulé est censé n’avoir jamais
existé et les prestations exécutées donnent lieu à restitution, dans les conditions prévues aux articles 1352 à 1352-9 du
Code civil. En particulier, l’article 1352-6 dispose que la restitution d’une somme d’argent inclut les intérêts au taux
légal et les taxes acquittées entre les mains de celui qui l’a reçue. L’article 1352-7, quant à lui, précise que celui qui a
reçu de mauvaise foi doit les intérêts à compter du paiement, tandis que celui qui a reçu de bonne foi, ne les doit qu’à
compter du jour de la demande.

ü Etape préalable : distinction avec

1. Caducité : 1186 CCiv : frappe un acte régulièrement formé mais qui perd, après sa conclusion, un
élément nécessaire à validité, du fait de la survenance d’un évènement indépendant de la volonté des
parties. La caducité opère, contrairement à la nullité, seulement pour l’avenir.

2. Résolution : disparition rétroactive d’un contrat valable à l’origine, mais inexécuté.

3. Inopposabilité : sanctionne le défaut de publicité de certains actes ou, dans certains cas, le défaut de
pouvoirs de celui qui le souscrit, et entraîne seulement l’inefficacité du contrat à l’égard des tiers.

ü Etape 1 : Quelle nullité ?

v La nullité absolue : 1179 al.1 CCiv : La nullité est absolue lorsque la règle violée a pour objet la
sauvegarde l’intérêt général.

1. Invocabilité : 1180 al. 1 CCiv : La nullité absolue peut être demandée par toute personne
justifiant d’un intérêt, ainsi que par le ministère public.

2. Prescription : 2224 CCiv = Prescription de 5 ans à compter du jour où le titulaire du droit a


connu ou aurait dû connaître les faits lui permettant de l’exercer.

3. Confirmation : 1180 al. 2 CCiv = pas de confirmation possible

4. Cas de nullité absolue : violation de l’OP.

81
v La nullité relative: 1179 al. 2 CCiv = La nullité est relative lorsque la règle violée a pour seul objet la
sauvegarde d’un intérêt privé.

1. Invocabilité : 1181 al.1 CCiv = La nullité relative ne peut être demandée que par la partie que
la loi entend protéger.

2. Prescription : 2224 CCiv : prescription de 5 ans à compter du jour où le titulaire du droit a


connu ou aurait dû connaître les faits lui permettant de l’exercer.

3. Cas particulier : 1183 CCiv : Lorsque la cause de la nullité a cessé, les parties peuvent
demander à celle qui pourrait se prévaloir de la nullité, soit de confirmer le contrat, soit d’agir
en nullité dans un délai de six mois à peine de forclusion.

4. Cas de nullité relative : Vices du consentement, incapacité et défaut de pouvoir d’un


contractant, l’indétermination de l’objet, l’absence de cause.

5. Confirmation : 1181 al. 2 CCiv =


o Condition 1 : Connaissance du vice par la personne protégée.
o Condition 2 : L’intention de réparer ce vice.
o Condition 3 : 1182 al. 3 CCiv = En cas de violence, la confirmation ne peut intervenir
qu’après que la violence a cessé.
o Condition 4 : 1182 al.2 CCiv = un acte ne peut être couvert qu’après sa conclusion,
une partie ne peut renoncer, avant même la conclusion du contrat, à toute action en
nullité.

ü Etape 2 : L’étendue de la nullité : 1184 CCiv

v Nullité totale : Si les parties n’auraient pas contracté sans la clause irrégulière, c’est-à-dire, la clause
qui a constitué un élément déterminant de l’engagement des parties ou de l’un d’elles.

v Nullité partielle : a contrario.

82
ü Etape 3 : La portée de l’annulation

v A l’égard des parties :

§ Principe : Annulation rétroactive de l’acte = revenir à la situation antérieure du contrat et


donc des restitutions, chaque partie doit rendre à l’autre ce qu’elle a reçu.

1. Si la personne a reçu un prix : 1343 CCiv : le principe de nominalisme monétaire


postule qu’il restitue la somme même qu’il a reçue, et non pas un montant réévalué en
fonction de l’érosion monétaire + les intérêts de retard au taux légal et les taxes
acquittées (1352-6 CCiv).

2. Si la personne a reçu une chose : 1352 CCiv : restitution en nature de la chose, si non,
en valeur. Si la chose a subi des dégradations imputables à une faute du détenteur, ce
dernier sera tenu d’une indemnité correspondant à la moins-value (1352-1 CCiv). A
l’inverse, si le détenteur de la chose a été amené à engager des frais de conservation, il
devra être remboursé par le bénéficiaire du cocontractant (1352-5 CCiv).

o Attention : 1352-3 CCiv : la restitution inclut les fruits et la valeur de la


jouissance. Celui qui a eu la chose entre les mains peut donc être tenu de
restituer la jouissance sous la forme d’une compensation. Distinction encore
s’il était de bonne de foi ou pas : 1352-7 CCiv
• Mauvaise foi : il doit les fruits et la valeur de la jouissance à compter
du paiement.
• Bonne foi : il ne les doit qu’à compter du jour de la demande, date à
laquelle il ne peut plus prétendre être de bonne foi.

3. Si la personne a reçu un service : 1352-8 CCiv : la restitution ne peut avoir lieu qu’en
valeur, appréciée au jour où la prestation a été fournie.
§ Exceptions :
1. Dans le cas où le contrat est annulé pour incapacité : 1352-4 CCiv : les restitutions
dues par un incapable peuvent être réduites à hauteur du profit qu’il a retiré de l’acte.
2. Contrat à exécution successive : le contractant ne peut restituer les prestations qu’il a
reçues (par exemple : impossibilité pour le locataire de restituer la jouissance). En
principe, une indemnité doit alors compenser l’impossibilité de la restitution : la
restitution n’a pas lieu en nature mais en valeur.
3. Turpitude : nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Lorsque la nullité est
prononcée pour immoralité de la cause, celui qui a commis l’immoralité ne peut obtenir

83
restitution de ce qu’il a fourni. Si, les deux parties sont associées à la turpitude, il n’y
aura aucune restitution.
o Limité aux seuls contrats annulés pour immoralité par opposition à l’illicéité.
o La règle ne s’applique également qu’aux contrats à titre onéreux et exclue en
matière délictuelle (Civ. 1er, 22 juin 2004).

v A l’égard des tiers :


§ Principe : L’acte annulé est censé n’avoir jamais existé, il n’a donc eu en toute logique aucun
effet à l’égard tiers. Toute prérogative octroyée à un tiers et qui a sa source dans le contrat
annulé doit normalement être anéantie (exemple : si A vend un immeuble à B et que B revend
à C. L’annulation du contrat entre A et B fait que n’était pas propriétaire au moment du contrat
conclu avec C. Dès lors il n’a pas pu valablement transmettre le propriété du bien).
§ Exceptions :
1. Possession mobilière de bonne foi : 2276 CCiv : « en fait de meuble possession vaut
titre ». Lorsque le possesseur est de bonne foi, il est considéré comme le propriétaire
de la chose par le simple effet de la possession.
2. Prescription acquisitive immobilière : après l’écoulement d’un certain temps, le
possesseur du bien sera considéré comme propriétaire. Son droit de propriété ne sera
alors plus atteint par l’annulation du contrat.
3. Maintien des actes d’administration passés avec des tiers de bonne foi : si B loue le
bien à C, le droit de jouissance de C demeure en dépit de l’annulation du contrat entre
A et B.

84
LA FORCE OBLIGATOIRE DU
CONTRAT

85
IRREVOCABILITE ET INTANGIBILITE DU CONTRAT 1193 CCiv

Règle : 1193 CCiv = les contrats ne peuvent être modifiés ou révoqués que du consentement mutuel des parties, ou
pour les causes que la loi autorise.

Révocation du contrat :

ü Principe : révocation conjointe du contrat = 1193 CCiv : les conventions ne peuvent être révoquées que du
consentement mutuel des parties.
§ Etendue : parties décident, rétroactive ou pour l’avenir seulement. A défaut, la JP la déclare rétroactive
(Civ., 27 juillet 1892).

ü Exceptions :
§ Conventionnelle :

1. Clause de dédit :
o Payante : permet à l’une des parties, avant l’exécution du contrat, de se délier de son
engagement contre le paiement d’une indemnité (par exemple : la vente avec arrhes,
1590 CCiv).
o Gratuite : Com. 30 octobre 2000.
2. Clause de résiliation unilatérale : pas d’obligation de motiver la rupture ou de justifier son
bienfondé (Civ.1re, 3 avril 2001)

§ Légale :
o CDI : 1211 CCiv = lorsque le contrat est conclu pour une durée indéterminée, l’une ou l’autre
partie peut y mettre fin à tout moment (cf. 1210 CCiv - prohibition des engagements perpétuels)
1. Condition 1 : respect du délai de préavis contractuellement prévu ou, à défaut, d’un
délai raisonnable
2. Condition 2 : délai raisonnable – ne pas s’exercer de manière abusive, c’est-à-dire de
bonne foi, (Civ. 1re, 21 février 2006).
§ Sanction : sur le fondement de la responsabilité contractuelle – est le
versement de dommages et intérêts et non le maintien forcé du contrat (Civ.
1re, 21 février 2006).

o CDD : pour les contrats de confiance, avec respect du délai de préavis. Par exemple
1. Contrat mandat : 2004 CCiv : repose sur la confiance placé au mandataire.
2. Contrait de bail : article 15, Loi du 6 juillet 1989 : le locataire peut révoquer
unilatéralement son bail.

86
Modification conjointe du contrat :

ü Principe : 1193 CCiv : « toute modification suppose un nouvel accord de volontés entre les parties. » [N.B =
modification importante = nouveau contrat ; modification mineure = avenant au contrat]
ü Exceptions :
1. Clause d’adaptation automatique : variation automatique du prix en fonction d’un indice de référence
(notes 3 – 1343 CCiv ; notes 18 – 1591 CCiv)
2. Clause de renégociation en cas de modification substantielle des conditions d’exécution du contrat.

87
L’EXECUTION DE BONNE FOI – 1104 CCiv

Règle : 1104 CCiv : Les contrats doivent être négociés, formés et exécutés de bonne foi. Cette disposition est d'ordre
public.

Les manifestations

ü Le devoir de loyauté :
1. Créancier : ne pas recourir à des manœuvres qui tendraient à rendre l’exécution du contrat impossible
ou plus difficile (cas où le créancier peut unilatéralement rompre le contrat, de le modifier). En d'autres
termes, le créancier doit s'interdire de placer délibérément son contractant en mauvaise position. Il ne
peut adopter des comportements contradictoires, la bonne foi est au service d’un principe de cohérence
(Civ. 1re, 16 février 1999 ; Com, 8 mars 2005).

a. Exemple : manque à son obligation d'exécuter le contrat de bonne foi le créancier qui délivre
un commandement à son débiteur en son absence, pendant la période de vacances, dans l'unique
dessein de le mettre dans l'impossibilité d'exécuter dans les délais
b. Exemple : comportement de mauvaise foi le fait pour le créancier d'invoquer une clause
résolutoire de plein droit alors qu'il a laissé perdurer l'inexécution par le débiteur pendant de
nombreuses années (Civ. 1re, 16 février 1999)
c. Exemple : qu'un banquier ne pouvait traiter des comptes bancaires comme des comptes
divisibles pendant de nombreuses années et les considérer brusquement comme indivisibles
lorsque cela devenait son intérêt (Com, 8 mars 2005)

2. Débiteur : exécution fidèle de son engagement. Il ne doit pas se mettre volontairement dans une
situation rendant impossible l’exécution de sa prestation.

ü Le devoir de coopération :

1. Obligation de faciliter l’exécution du contrat :


a. par exemple, un expéditeur est tenu de faciliter le transport international en remettant aux
entreprises de chemin de fer les pièces nécessaires pour la douane, Civ., 10 avril 1929.
b. qu'un acteur doit se plier aux exigences de répétitions ; que celui qui s'habille sur mesure doit
effectuer les essayages nécessaires

2. Obligation de ne pas imposer à son cocontractant des frais inutiles : par exemple, le transporteur
doit rechercher l’itinéraire le moins onéreux pour son client, Civ. 28 novembre 1905.

3. Obligation pour chacun « d’avertir l’autre, en cours de contrat, des événements qu’il a intérêt à
connaître pour l’exécution du contrat ».

88
Les sanctions de la mauvaise foi

1. Paiement de D&I (Civ. 3e, 5 novembre 2003).

2. Le juge ne peut, au seul motif que la créance a été mise en œuvre de mauvaise foi, porter atteinte à l’existence
même de celle-ci en dispensant le débiteur de toute obligation (Civ. 3e, 26 mars 2013).

3. Le juge peut sanctionner l’usage déloyal des prérogatives contractuelles (clauses unilatérales – dédit, clauses
résolutoires, clauses d’agréement) en les neutralisant (Civ. 3e, 4 novembre 2010 et 10 novembre 2010) + D&I
possible.

89
A L’EGARD DU JUGE

Possibilité 1 : L’interprétation du contrat par le juge

ü L’interprétation explicative =

v Principe :
1. Possibilité 1 : subjective selon la volonté des parties : 1188 CCiv = recherche de la commune
intention des parties contractantes sans s’arrêter au sens littéral des termes.

2. Possibilité 2 : objective : 1190 CCiv = dans le doute, le contrat de gré à gré s’interprète contre
le créancier et le contrat d’adhésion contre celui qui l’a proposé
v Limite :
1. 1189 CCiv : toutes les clauses d’un contrat s’interprètent les uns par rapport aux autres, en
donnant chacune le sens qui respecte la cohérence de l’acte.
2. 1192 CCiv = On ne peut interpréter les clauses claires et précises à peine de dénaturation.
Autrement dit, les juges du fond ne peuvent pas altérer le sens du contrat pour des
considérations d’équité à partir du moment où ses clauses sont claires et précises. La force
obligatoire du contrat s’y oppose.

ü L’interprétation créatrice au nom de la bonne foi et de l’équité :


v Règle : 1194 CCiv = Les contrats obligent non seulement à ce qui y est exprimé, mais encore à toutes
les suites que leur donnent l'équité, l'usage ou la loi.

v Manifestations : le juge force le contrat en découvrant des obligations qui n’étaient pas envisagées par
les parties au contrat.

1. Obligation de sécurité : pour éviter à la victime d’un accident de transport de devoir prouver la faute du
transporteur pour obtenir réparation, il y a une obligation de sécurité se fondant sur l’équité qui va amener la victime
a été dispensée de la preuve d’une faute.

2. Obligation d’information : Dans soucis de loyauté et de coopération, l’une des parties doit délivrer (surtout
professionnel) à son partenaire les informations nécessaires à la bonne exécution du contrat.

90
Possibilité 2 : La modification du contrat par le juge - la révision pour imprévision

NB : Pas à confondre avec la rescision, le contrat ici, à l’origine, est équilibré objectivement.

v Conditions : 1195 al. 1 CCiv


1. Condition 1 : Un changement de circonstances ... : les circonstances considérées n’existaient pas au
moment de la formation du contrat – en l’absence d’indications dans le texte : juridique, économiques,
politiques, monétaires, sociales ou technologique.

2. Condition 2 : un changement imprévisible raisonnablement lors de la conclusion du contrat (la


négligence des parties qui n’ont pas envisagé un changement de circonstances prévisibles ne peut être
retenue) ...

3. Condition 3 : … qui rend l’exécution du contrat excessivement onéreuse (le contrat devient ruineux
pour la partie touché par le changement de circonstances - la seule difficulté dans l’exécution ne peut
être retenue)

4. Condition 4 : La partie touchée par le changement de circonstances n’a pas accepté d’en assumer le
risque lors de la conclusion du contrat.

v Procédure : 1195 al. 2 CCiv

a. Demander de renégociation du contrat à son cocontractant (durant cette renégociation, la partie qui
l’a demandée continue à exécuter ses obligations quelles qu’en soient les conséquences).

b. En cas de refus ou d’échec de la renégociation, les parties peuvent convenir de la résolution du


contrat, à la date et aux conditions qu’elles déterminent OU demander au juge d’un commun accord
de procéder à son adaptation.

c. A défaut d’accord dans un délai raisonnable, le juge peut, à la demande d’une partie réviser le contrat
ou y mettre fin, à la date et aux conditions qu’il fixe.

a. On ignore si le juge sera tenu par la demande qui lui est faite. Autrement dit, si un contractant
lui demande d’adapter le contrat, pourra-t-il préférer son anéantissement ?
b. Le juge peut-il adapter le contrat dans les termes qu’il estimera nécessaire ou, au contraire, qu’il
sera limité par les prétentions des parties ?

91
L’EFFET RELATIF DU CONTRAT

92
PRINCIPE – L’OPPOSABILITE DU CONTRAT

Règle : 1199 CCiv = « le contrat ne crée d’obligations qu’entre les parties » = les contrats ne peuvent rendre créancier
ou débiteur que les parties elles-mêmes, non les tiers ».

L’opposabilité aux tiers absolus

ü L’opposabilité du contrat par les parties aux tiers 1200 al.1 CCiv = « les tiers doivent respecter la situation
juridique créée par le contrat » : le contrat est un fait qui doit être respecté par les tiers et les cocontractants
peuvent opposer à ces tiers les droits et obligations qu’ils tiennent d’un contrat.

ü L’opposabilité du contrat par les tiers aux parties 1200 al. 2 CCiv : les tiers peuvent se prévaloir du contrat.
1. Un contrat peut être utilisé comme un éléments de preuve par les tiers.

2. Un tiers à un contrat peut invoquer, sur le fondement de la responsabilité délictuelle (1240 CCiv) :
le fait pour une partie à un contrat de manquer à l’une de ses obligations contractuelles constitue
nécessairement une faute dont peuvent se prévaloir les tiers au contrat dès lors que cette faute leur cause
un dommage (Assemblée Plénière 6 octobre 2006 confirmée par AP 13 janvier 2020).

a. Problème de droit : La faute nécessaire à l’engagement de la responsabilité du débiteur était


constitué par le seul manquement contractuel ou faut-il caractériser une faute en dehors de tout
manquement contractuel ?

L’opposabilité aux créanciers chirographaires

1. Action oblique : 1341-1 CCiv : lorsqu’un débiteur néglige l’exercice de ses propres droits ou s’abstienne par
malveillance de les exercer ; le créancier chirographaire impayé par l’action oblique pour se substituer au
débiteur négligent et exercer les droits et actions à caractère patrimonial de ce même débiteur en son nom et à
sa place.
2. Action paulienne : 1341-2 CCiv : action permettant au créancier dont le débiteur a agir en fraude de ses droits
d’écarter les conséquences de cet acte en faisant déclarer celui-ci inopposable jusqu’à concurrence de ses intérêts
légitimes. Le débiteur ne peut impunément porter atteinte au droit de gage général de ses créanciers en diminuant
frauduleusement la consistance de son patrimoine, le créancier pourra attaquer ces actes et les faire juger
inopposables.

93
DEROGATIONS A L’EFFET RELATIF
Possibilité 1 - contrats pour autrui

ü Principe : 1203 CCiv = on ne peut s’engager en son nom propre que pour soi-même.
ü Exceptions :
v La promesse de porte-fort – 1204 al.1 CCiv = on peut se porter fort en promettant le fait d’un tiers.

Ø Remarques générales : en promettant le fait d’un tiers, le porte-fort s’engage à faire en sorte
que le tiers ratifie le contrat ou l’exécute
• Obligation de faire : en promettant le fait d’un tiers, le porte-fort s’engage à faire en
sorte que le tiers ratifie le contrat ou l’exécute qui se résoudra éventuellement par des
D&I en cas d’inexécution (Com. 18 juin 2013).
• Obligation autonome : le porte-fort est débiteur d’une obligation de résultat autonome
en ce qu’il est tenu envers le bénéficiaire de la promesse des conséquences de
l’inexécution de l’engagement promis (Com. 1er avril 2014).
• Obligation de résultat : le promettant s’engage à obtenir la ratification de l’acte ou la
bonne exécution par le tiers (Com. 17 juillet 2001).

1. Possibilité 1 : Porte-fort de ratification


§ Qualification : promesse inscrite dans un contrat conclu par une personne pour le
compte d’un tiers : le porte-fort promet que le tiers ratifiera le contrat et s’engagera
envers son cocontractant. La ratification peut être expresse ou tacite (AP, 22 avril
2011 ; 31 mars 2009).

§ Exemple : un associé peut conclure un acte de cession d’actions portant sur ses propres
actions ainsi que sur celles d’autres associés, en se portant fort que ces derniers
consentiront à la cession ;

§ Régime :
• Exécution :
1. Par rapport au porte-fort : 1204 al. 2 CCiv =libération sans que cette
libération puisse être remise en cause si le tiers n’exécute pas
correctement son engagement (Civ 3e , 7 mars 1979)
2. Par rapport au tiers : 1204 al. 3 CCiv = engagement rétroactivement
validé à la date à laquelle le porte-fort a été souscrit - tout se passe
comme si le contrat avait été conclu par lui, non pas au jour où il y
consenti, mais au jour de l’acte accompli par le porte-fort pour son
compte

94
• Inexécution :
1. Tiers : il conserve une pleine liberté pour ratifier ou non le contrat
souscrit pour son compte par le promettant. En conséquence, son
absence de ratification n’entraînera à sa charge aucune responsabilité.
2. Promettant : 1204 al. 2 = responsabilité contractuelle car la promesse
de porte-fort faisant naître une obligation de résultat, le manquement à
cette obligation résultera du simple fait que le résultat n’a pas été
atteint (absence de ratification par le tiers).
3. Contrat : caducité en ce que le contrat per l’un des éléments essentiels
à sa survie.

2. Possibilité 2 : Le porte-fort d’exécution :


§ Qualification : engagement aux termes duquel une personne promet qu’un contractant
exécutera correctement ses obligations envers son contractant.
§ Régime :
• Exécution :
1. Par rapport au porte-fort : 1204 al. 2 CCiv = libération une fois l’acte
entièrement exécuté par le tiers ; à défaut, il sera responsable de
l’inexécution ou mauvaise exécution du contrat par celui dont il a
promis le fait (Civ. 1re, 18 avril 2000).
2. Par rapport au tiers : exécution de l’obligation préexistante.
• Inexécution :
o Tiers : il conserve une pleine liberté pour ratifier ou non le contrat
souscrit pour son compte par le promettant. En conséquence, son
absence de ratification n’entraînera à sa charge aucune responsabilité.
o Promettant : 1204 al. 2 CCiv = responsabilité contractuelle car la
promesse de porte-fort faisant naître une obligation de résultat, le
manquement à cette obligation résultera du simple fait que le résultat
n’a pas été atteint (absence d’exécution)
o Contrat : caducité en ce que le contrat per l’un des éléments essentiels
à sa survie.

95
v La stipulation pour autrui
Ø Qualification : 1205 CCiv = opération par laquelle un des contractants (=le stipulant) peut
faire promettre à l’autre (le promettant) d’accomplir une prestation au profit d’un tiers, le
bénéficiaire, qui devient ainsi créancier sans avoir été parti au contrat.

Ø Exemple : Par exemple, un individu obtient d’une compagnie d’assurances, moyennant le


payement d’une prime annuelle, qu’elle remettra, à son décès, un capital à sa veuve. Il y a
stipulation pour autrui : l’assuré stipule, en son nom personnel, pour autrui, c’est-à-dire pour le
bénéficiaire.

Ø Régime :
1. Acceptation : 1206 al. 3 CCiv : rend la stipulation irrévocable au moment elle parvient
au stipulant ou au promettant.
• 1208 CCiv : peut émaner du bénéficiaire ou, après son décès, de ses héritiers :
elle peut être expresse ou tacite et peut intervenir même après le décès du
stipulant ou du promettant.

2. Révocation : 1206 al 2 CCiv : le stipulant peut librement révoquer la stipulation tant


que le bénéficiaire ne l’a pas acceptée.
• 1207 al. 1 CCiv : la révocation ne peut émaner que du stipulant ou, après son
décès, de ses héritiers. Afin de protéger le bénéficiaire, ces derniers ne peuvent
toutefois y procéder qu’à l’expiration d’un délai de trois mois à compter du où
ils ont mis le bénéficiaire en demeure de l’accepter.
• 1207 al. 3 CCiv : la révocation produit effet dès lors que le tiers bénéficiaire
ou le promettant en a eu connaissance

3. Exécution : 1206 al. 1 CCiv : le bénéficiaire est investi d’un droit direct à la prestation
contre le promettant dès la stipulation.
• 1209 CCiv : peut être également exigée par le stipulant qui resté lié au
promettant par le contrat.

96
Possibilité 2 : Les groupes de contrats

ü En Principe = 1199 CCiv = « le contrat ne crée d’obligations qu’entre les parties » = les contrats ne peuvent
rendre créancier ou débiteur que les parties elles-mêmes, non les tiers ».

ü Définition : contrats liés entre eux car ils portent sur le même objet (=chaîne de contrats, un bien fait l’objet
d’une série de transmissions par le biais de plusieurs contrats), soit qu’ils concourent à un même but (=ensemble
contractuel, plusieurs contrats concourent à la même opération économique). Plusieurs personnes font partie du
même groupe contractuel mais qui n’ont pas échangé leur consentement (vendeur initial et sous acquéreur)

ü Règle : le créancier extrême dispose d’une action contractuelle contre le débiteur extrême (ainsi que toute
personne qui n’est pas son contractant immédiat) lors d’une mauvaise exécution de ses obligations
contractuelles (contrats homogènes Civ. 1re, 9 octobre 1979 - contrats hétérogènes Assemblée Plénière, 7
février 1986) dans le cadre de contrats translatifs de propriété (Assemblée plénière, 12 juillet 1991) car
chaque contrat de la chaîne est translatif de propriété, de façon, à ce que la propriété d’une chose tout au long
de la chaine et que l’action contractuelle attachée à la chose se transmette avec elle (théorie de l’accessoire)

o responsabilité délictuelle dans le cadre de contrats non translatifs de propriété, c’est-à-dire un


ensemble contractuel (AP, 12 juillet 1991)

ü Régime : Civ. 3e, 26 mai 1992 : si le créancier extrême ne peut se prévaloir du contrat qu’il a conclu avec son
cocontractant immédiat , le débiteur extrême peut en revanche lui opposer toutes les exceptions que prévoit son
propre contrat et qu’il aurait donc pu opposer à son cocontractant immédiat.

o Exemple : si une clause limitative de responsabilité est insérée dans le contrat conclu par le débiteur
extrême, la limitation est opposable au créancier extrême.

Situations : créancier extrême vs débiteur extrême

1. Vendeur – vente - acquéreur – vente - sous acquéreur = responsabilité contractuelle (homogène) (Civ. 1re,
9 octobre 1979)
2. Vendeur – vente – acquéreur / entrepreneur – contrat d’entreprise – maître d’ouvrage = responsabilité
contractuelle (hétérogène) (Assemblée Plénière, 7 février 1986)
3. Sous-traitant – contrat d’entreprise – entrepreneur – contrat d’entrepreneur = responsabilité délictuelle (AP,
12 juillet 1991)
4. Vendeur - Vente - Sous-traitant - Contrat d’entreprise - Entrepreneur - Contrat d’entreprise – maître
d’ouvrage = Civ. 3 28 novembre 2001 = responsabilité délictuelle
5. Vendeur – Vente – Sous-traitant – contrat d’entreprise – entrepreneur – contrat d’entreprise – maître
d’ouvrage = l’entrepreneur agit sur le fondement contractuel sur le vendeur du sous-traitant (Civ 3e 26
novembre 2014°

97
L’INEXECUTION DU CONTRAT

98
LES SANCTIONS EN NATURE – 1217 CCiv

N.B = 1217 al. 2 CCiv = les sanctions qui ne sont pas incompatibles peuvent être cumulés ; des D&I peuvent toujours
s’y ajouter – SAUF en cas de force majeure (1218 CCiv)

Exemple : Un créancier peut donc, chronologiquement, suspendre l’exécution de sa propre obligation afin de
contraindre le débiteur à s’exécuter, puis, si nécessaire, provoquer la résolution du contrat et demander la réparation des
conséquences de l’inexécution.

o Cas des contrats synallagmatiques : 1351 CCiv :

o Règle : l’impossibilité d’exécuter la prestation libère le débiteur à dure concurrence lorsqu’elle procède
d’un cas de force majeure et qu’elle est définitive.
o Exceptions :
1. A moins que le débiteur ait convenu de s’en charger.
2. A moins que le débiteur ait été mis en demeure

o Cas des contrats translatifs de propriété : 1196 CCiv :

o Règle : la charge des risques pèse sur le propriétaire. En cas de force majeure, l’acheteur propriétaire
est tenu de payer le prix de la chose au vendeur.
o Exceptions :
1. 1196 al. 2 CCiv : Le transfert de propriété peut être différé dans le temps, soit par la volonté
des parties (clause de réserve de propriété) soit par la nature des choses (lorsqu’il s’agit d’une
chose de genre dont la propriété ne sera transférée qu’à compter de l’individualisation) ou
encore par l’effet de la loi (la loi peut imposer que la transmission se fasse au moyen d’une
inscription sur un registre).
2. 1351- 1 CCiv : Le débiteur de l’obligation de délivrer retrouve la charge du risque à compter
de sa mise en demeure : le débiteur avait déjà été sommé de d’exécuter avant la survenance de
la force majeure SAUF si le débiteur à démontrer que la chose aurait été pareillement perdue
si l’obligation avait été exécutée – le propriétaire en retrouve le risque.

L’inexécution contractuelle

1. L’obligation est de résultat lorsque, comme son nom l’indique, le débiteur s’est obligé à fournir un résultat au
créancier. Il suffira de prouver que le résultat n’a pas été atteint pour établir l’inexécution contractuelle.
2. Obligation de moyens : le débiteur ne promet pas un résultat, il promet de mettre en œuvre tous les moyens que
mettrait en œuvre une personne raisonnable pour atteindre le résultat.

ETUDIER A LA FIN LE CUMUL DES SANCTIONS

99
Majeure : l’article 1217 du Code civil offre à la partie envers laquelle l’engagement n’a pas été exécuté ou l’a été
imparfaitement, la possibilité, notamment, de refuser ou de suspendre l’exécution de sa propre obligation

Possibilité 1 : L’exception d’inexécution et l’exception pour risque d’inexécution

§ Type 1 : Exception d’inexécution : 1219 CCiv = droit, pour une partie, de suspendre l’exécution de ses
obligations tant que son cocontractant n’a pas exécuté les siennes.

ü Conditions :
1. Condition 1 : inexécution contractuelle : 1219 CCiv ne fait mention que d’une inexécution
et non d’un exécution parfaite. Mais 1217 CCiv prévoit que les différentes sanctions sont
applicables, tant en cas d’inexécution, qu’en cas d’exécution imparfait

2. Condition 2 : inexécution suffisamment grave – appréciation souveraine de juge –


compromission de l’équilibre du contrat, en affectant un obligation essentielle (Civ. 3e, 15
décembre 1993).

3. Condition 3 : interdépendance des obligations, elles sont stipulées en considération l’un de


l’autre (Civ. 3e, 2 décembre 2014).

4. Condition 4 : il ne doit pas avoir contribué à l’inexécution dont il se plaint.

ü Régime :
1. Entre les parties : suspension de l’exécution de la prestation de celui qui s’en prévaut mais
le contrat est maintenu ; si le contractant exécute sa prestation, l’exception est levée.
2. Pour les tiers : elle est opposable aux tiers (par exemple, les créanciers du cocontractant
défaillant ne pourront pas exercer l’action oblique à l’encontre de celui qui invoque
l’exception d’inexécution).

100
§ Type 2 : Exception pour risque d’inexécution future : 1220 CCiv = droit, pour une partie, à suspendre
l’exécution de son obligation dès lors qu’il manifeste que son cocontractant ne s’exécutera pas à l’échéance.

ü Conditions :
1. Condition 1 : le risque d’inexécution à l’échéance doit être manifeste que l’obligation ne
sera pas exécutée à échéance.

2. Condition 2 : les conséquences de cette inexécution doivent être suffisamment graves pour
le cocontractant.

3. Condition 3 : la suspension de l’exécution doit être notifiée dans les meilleurs délais.

ü Régime :
3. Entre les parties : suspension de l’exécution de la prestation de celui qui s’en prévaut mais
le contrat est maintenu ; si le contractant exécute sa prestation, l’exception est levée.

4. Pour les tiers : elle est opposable aux tiers (par exemple, les créanciers du cocontractant
défaillant ne pourront pas exercer l’action oblique à l’encontre de celui qui invoque
l’exception d’inexécution).

101
Possibilité 2 : L’exécution forcée en nature

§ Type 1 : L’exécution forcée en nature : 1221 CCiv : le créancier d’une obligation peut après mise en demeure,
en poursuivre l’exécution en nature.
ü Condition 1 : inexécution contractuelle.
ü Condition 2 : avant toute mesure d’exécution forcée, le créancier doit mettre en demeure son
débiteur de s’exécuter volontairement.

ü Limites :

1. Exécution en nature est impossible :


o Possibilité 1 : l'inexécution est définitivement consommée, de sorte que
l’exécution de l’obligation est matériellement impossible (Com. 5 octobre 1993).

o Possibilité 2 : l’obligation en cause a un caractère éminemment personnel, de sorte


qu’on ne peut forcer à s’exécuter celui qui s’y refuse (Civ. 14 mars 1900 –
Whistler).

o Possibilité 3 : en cas d’impossibilité juridique d’exécuter l’obligation (Civ. 1re, 27


novembre 2008)

2. Risque de disproportion manifeste entre son coût pour le débiteur de bonne foi et son
intérêt pour le créancier.

§ Type 2 : Le créancier peut faire exécuter lui-même l’obligation 1222 CCiv : s’adresse à un tiers afin que ce
dernier exécute l’obligation du débiteur. Le créancier peut alors faire peser sur le débiteur le coût des sommes
nécessaires à cette exécution.
ü Alternative 1 : faire exécuter lui-même unilatéralement l’obligation.
o Conditions :
1. Mise en demeure.
2. Dans un délai raisonnable.
3. A un coût raisonnable – appréciation souveraine du juge.
o Limite : contrôle du juge a posteriori en cas de contestation par le débiteur.
ü Alternative 2 : destruction de ce qui a été fait en violation d’une obligation. Le créancier peut alors
demander au débiteur le remboursement des sommes engagées à cette fin.
o Conditions :
1. Autorisation préalable du juge.
2. Dans un délai raisonnable.
3. Coût raisonnable – appréciation souveraine du juge.

102
Possibilité 3 : La réduction du prix

§ Règle : 1223 CCiv : le créancier, après mise en demeure, peut accepter une exécution imparfaite du contrat et
solliciter une réduction proportionnelle du prix. Il doit alors notifier sa décision au débiteur dans les meilleurs
délais.

§ Conditions :
1. Condition 1 : l’exécution du contrat droit être imparfaite et la réduction du prix doit être
proportionnelle.
2. Condition 2 : mise en demeure.
3. Condition 3 : notification.

§ Hypothèses :
1. L’article 1223, alinéa 1, du Code civil offre au créancier la possibilité, après mise en demeure, s’il
n’a pas encore payé tout ou partie de la prestation, de notifier dans les meilleurs délais au débiteur sa
décision d’en réduire de manière proportionnelle le prix. Le texte précise que l’acceptation par le
débiteur de la décision de réduction de prix du créancier doit être rédigée par écrit

2. 1224 al. 2 CCiv : il vise l’hypothèse dans laquelle le créancier a déjà payé le prix de la prestation. Dans
ce cas, il doit demander au juge la réduction du prix.

103
Possibilité 4 : La résolution – 1224 CCiv :

Majeure : Selon l’article 1224 du Code civil, la résolution d’un contrat pour cause d’inexécution peut prendre trois
voies : elle peut résulter de l’application d’une clause résolutoire (1), d’une notification du créancier au débiteur (2) ou
encore d’une décision de justice (3).

Les différentes résolutions

§ Type 1 : Clause résolutoire – de plein, sans recours au juge – 1125 CCiv


ü Conditions :
1. Condition 1 : 1225 al. 1 CCiv : doit préciser les engagements dont l’inexécution entraînera la
résolution du contrat. Condition de validité de la clause résolutoire, qui ne peut déployer ses
effets lorsqu’elle est imprécise quant aux obligations dont l’inexécution peut conduire à la
résolution.
2. Condition 2 : 1225 al. 2 CCiv [PAS D’OP] = mise en demeure mentionnant expressément
SAUF si la résolution résulte du seul fait de l’inexécution.
3. Condition 3 : bonne foi du créancier (Civ. 3, 25 janvier 1983).

ü Contestation : le juge peut seulement contrôler que les conditions d’applications de la clause sont
réunies.

§ Type 2 : La résolution par notification – résolution unilatérale – 1226 CCiv


ü Conditions :
1. Condition 1 : une inexécution contractuelle

2. Condition 2 : 1124 CCiv = l’inexécution doit être suffisamment grave – une obligation
essentielle a été violée ; l’inexécution a des conséquences matérielles importantes ;
comportement du débiteur a été d’une déloyauté manifeste.

3. Condition 3 : 1226 al. 1 + al.2 CCiv = mise en demeure le débiteur défaillant de satisfaire à
son engagement dans un délai raisonnable SAUF s’il y a urgence (appréciation souveraine).

4. Résultat : 1226 al. 3 CCiv = si les conditions sont réunies et que l’inexécution persiste, le
créancier peut notifier la résolution du contrat et les raisons qui la motive à ses risques et périls

ü Contestation : 1226 al. 4 CCiv = le débiteur peut, à tout moment, saisir le juge pour contester la
résolution et il appartiendra au créancier de prouver la gravité de l’inexécution.

o Résolution non justifiée : engagement de la responsabilité contractuelle + D&I MAIS le contrat


ne peut se poursuivre (Com., 22 octobre 1996). [REVOIR]

104
§ Type 3 : La résolution judiciaire en toutes hypothèses
ü Conditions :
1. Condition 1 : une inexécution contractuelle.

2. Condition 2 : 1224 CCiv : une inexécution suffisamment grave. L’inexécution peut être
partielle en ce qu’elle portait sur une obligation déterminante de la conclusion du contrat (Com.
2 juillet 1996).

3. Appréciation du juge : 1228 CCiv : pouvoir d’appréciation, il pourra prononcer ou non la


résolution, allouer ou non des D&I et, le cas échéant, accorder au débiteur un délai de grâce.

ü Renonciation anticipée : la JP antérieure l’admettait, mais aujourd’hui, elle peut être demandée en
justice « en toute hypothèse » selon l’article 2227 CCiv (la JP aura à se prononcer).

Les effets de la résolution

Règle 1229 CCiv = la résolution met fin au contrat, soit dans les conditions prévues par la clause résolution, soit à la
date de la réception par le débiteur de la notification faite par le créancier, soit à la date fixée par le juge ou, à défaut au
jour de l’assignation en justice.

Conditions :

1. Si les prestations échangées ne pouvaient trouver leur utilité que par l’exécution complète du contrat résolu =
la résolution emporte restitution intégrale des prestations exécutées, dans les conditions des articles 1352 et
suivants du Code civil. L'hypothèse est celle où les prestations forment un tout indivisible dans l'esprit des
parties de sorte que l'inexécution de l'une d'entre elles emporte l'insatisfaction du créancier pour le tout.
Pratiquement, cette règle concerne surtout les contrats à exécution successive comme la vente.

2. Si elles trouvent leur utilité au fur et à mesure de l’exécution réciproque du contrat, la résolution n’atteint pas
les tranches déjà échangées. Il n’y a pas de restitution pour la période antérieure à la dernière prestation n’ayant
pas reçu sa contrepartie.

Effets : En cas d’anéantissement rétroactif = chaque partie doit rendre à l’autre ce qu’elle a reçu =

§ 1352-3 CCiv = la restitution inclut les fruits et la valeur de la jouissance que la chose a procurée, de sorte que
les services fournis pourront, désormais, être indemnisés.

§ 1352-7 CCiv = ces sommes ne sont dues par le débiteur de bonne foi qu’à compter du jour de la demande.

105
RESPONSABILITE CIVILE
Protocole de raisonnement

N.B = il faut toujours revenir sur un possible régime spécial pour chaque protagoniste ensuite vérifier l’existence d’un
lien contractuel, à défaut vérifier l’existence d’une éventuelle responsabilité du fait personnel, fait des choses, fait
d’autrui (commettant, parent, association).

Etape 1 : le protagoniste est-il lié avec la victime contractuellement ?

Etape 2 : le protagoniste est-elle en interaction avec une chose ?

Etape 3 : le protagoniste reçoit-il des ordres ?

Etape 4 : la personne est-elle le parent ou l’enfant de quelqu’un ?

Etape 5 : la protagoniste est-elle une association ?

Exemple de raisonnement

Identifier les victimes, identifier les responsables du dommages, identifier les fondements sur lesquels engager la
responsabilité des responsables du dommage.

I. Victime X

A) La responsabilité de Y

1) Fondement ...

Identifier un régime spécial : produit défectueux, VTAM.

A défaut, Identifier un lien contractuel – principe de non-cumul.

A défaut, lien extracontractuel.

2) Etc...

B) La responsabilité de Z

1) Fondement ....

2) Etc...

Etape préalable : s’interroger sur la nature de la de la responsabilité. Se demander si la responsabilité peut être de
nature spéciale (accidents de la circulation ; produits défectueux). S’interroger si elle est de nature contractuelle ou
délictuelle. A cet égard, il résulte du non-cumul des responsabilités délictuelle et contractuelle, que si un dommage
trouve son origine dans l’inexécution d’une obligation contractuelle, l’action en réparation, du créancier de cette
obligation est nécessairement de naturelle contractuelle (Civ. 1re, 28 juin 2012).

106
LA RESPONSABILITE CONTRACTUELLE - 1231-1 CCiv

Majeure = L’article 1217 du Code civil permet au créancier victime d’une inexécution de « demander réparation des
conséquences de l’inexécution ». Selon l’article 1231-1 du Code civil, la mise en œuvre de la responsabilité
contractuelle suppose que le créancier démontre l’existence de trois conditions de fond : un manquement contractuel
(1), un dommage (2) et un lien de causalité (3). En outre, l’article 1231 du Code civil impose une condition de forme
– avant d’intenter toute action, le demander doit préalablement mettre en demeure son débiteur d’avoir à s’exécuter (4).
Néanmoins, le texte prévoit une exception à ce principe. En effet, une telle mise en demeure n’est plus exigée lorsque
l’inexécution est définitive, autrement dit lorsqu’il n’est plus possible de remédier à l’inexécution contractuelle

§1 : Etape 1 : Vérifier les conditions d’engagement de la responsabilité contractuelle

§ Condition 1 : le manquement à une obligation contractuelle [N.B. = inexécution / retard dans l’exécution]
1. Possibilité 1 :
o Violation d’une obligation de moyens : le débiteur de l’obligation promet de mettre en œuvre tous
les moyens que mettrait en œuvre une personne raisonnable (personne soigneuse, avisée, diligente)
ou un professionnel consciencieux, pour atteindre le résultat.
o Preuve : Le seul fait que le résultat ne soit pas atteint suffit à faire présumer la faute, et le débiteur
ne pourra échapper à sa responsabilité qu’en rapportant la preuve d’un cas de force majeure.
2. Possibilité 2 :
o Violation d’une obligation de résultat : le débiteur s’est obligé à fournir un résultat au créancier.
Le débiteur peut être condamné du seul fait de l’inexécution du contrat, sans qu’il y a ait à prouver
que le créancier de l’obligation inexécutée ne s’est pas comporté comme une personne raisonnable.
o Preuve : C’est au créancier qu’il revient de prouver la faute du débiteur en établissant qu’il n’a pas
mis tous les moyens en œuvre pour atteindre le but espéré.

3. Distinction entre les deux obligations :


o Critère 1 : la volonté des parties - intensité de l’engagement pris par le débiteur à l’égard du
créancier. Le juge tend à considérer que les obligations sont de résultat lorsqu’il apparaît que le
débiteur devrait être en mesure de contrôler parfaitement l’exécution de ses obligations alors qu’elle
serait plutôt de moyens lorsque l’aléa est important.

o Critère 2 : le rôle actif/passif du créancier dans l’exécution de l’obligation du débiteur ( Civ.


1re, 22 janvier 2009).

o Critère 3 : indication dans le Code.

o Critère 4 : aléa important (Com. 5 avril 2011).

107
4. Le cas particulier de l’obligation de sécurité

o Origine : Civ. 21 novembre 1911 : l’exécution du contrat de transport comporte pour le


transporteur l’obligation de conduire le voyageur sain et sauf à destination [= l’obligation de
sécurité]
Ø L’obligation de sécurité n’existe à la charge du transporteur que pendant l’exécution du
contrat de transport, c’est-à-dire à partir du moment où le voyageur commence à monter
dans le véhicule et jusqu’au moment où il achève d’en descendre (Civ. 1ère, 1er juillet
1969). Elle cesse à partir de l’instant où les voyageurs ont repris leur autonomie. Civ. 1re,
19 février 1991.
Ø En dehors de l’exécution du contrat de transport, la responsabilité du transporteur à l’égard
du voyageur est soumise aux règles de la responsabilité délictuelle (Civ. 1re, 7 mars 1989).
Ø L’obligation de sécurité est de résultat (Civ. 1ère, 9 juillet 2015 ; Civ 1ère, 13 mars 2008)

o Cas particuliers :
1. Télésiège : si l’obligation de sécurité pesant sur l’exploitant d’un télésiège est de résultat
pendant le trajet, elle n’est plus que de moyens lors des opérations d’embarquement et
de débarquement, en raison du rôle actif qu’y tiennent les usagers (Civ. 1re, 10 mars
1998).
2. Téléski : en raison de la participation active de l’usager d’un remonte-pente, l’exploitant
est tenu d’une obligation de sécurité et de moyens (Civ. 1re, 4 novembre 1992).
3. Toboggans : l’exploitant d’un toboggan, est pendant la descente, tenu d’une obligation
de résultat en ce qui concerne la sécurité de ses clients (Civ. 1re, 28 octobre 1991).
4. Etablissements accueillant du public : [hôtels ou restaurants], l’obligation de sécurité à
l’égard de leurs clients quant à leurs locaux est de moyens (Civ. 2e, 10 juillet 1975) mais
aussi en matière d’incendie dans l’établissement (Civ.1ère, 7 octobre 1981) ou
d’explosion (Civ.1re, 19 juillet 1983).
5. Compétitions sportives : les organisateurs sont tenus d’une obligation de sécurité de
moyens, tant à l’égard des participants, qu’à l’égard des spectateurs (Civ. 1re, 12 juillet
1954 ; 12 novembre 1978). Cette obligation de sécurité à l’égard des spectateurs vaut
pour les dommages qui pourraient être causés tant par un participant à la compétition
(par ex. : Civ. 1re , 17 mai 1965) que par les équipements ou par un autre spectateur
(par ex. : Civ. 1re , 12 juin 1990)

108
§ Condition 2 : Un dommage réparable

1. Etape 1 : type de dommage : il peut être matériel, corporel ou moral. Il doit en outre être direct (il
doit être la suite directe du manquement contractuel), certain (sa réalisation doit être certaine et non
pas éventuelle, mais il peut s’agir d’un dommage qui n’apparaitra que dans le futur) et les préjudices
qui en résultent ne doivent pas être illégitimes (ils ne doivent pas correspondre à un gain illicite
manqué)

2. Etape 2 : étendue de la réparation,

o Principe : 1231-3 CCiv = en matière de responsabilité contractuelle, l’article 1231-3 limite le


dommage réparable au dommage prévisible. Le dommage est imprévisible lorsque son étendue
ne pouvait être raisonnablement prévue au moment de la conclusion du contrat (Civ. 1re, 25
janvier 1989).

o Exceptions : 1231-3 CCiv = si le dommage est consécutif à une faute lourde ou une faute
dolosive la réparation du préjudice est intégrale.

§ Faute lourde : une négligence d’un extrême gravité confinant au dol et dénotant l’inaptitude
du débiteur de l’obligation à l’accomplissement de la mission contractuelle qu’il a acceptée
(Chambre mixte, 22 avril 2005)

§ Faute dolosive : faute par laquelle le débiteur se refuse délibérément à exécuter ses
obligations contractuelles, même si ce refus n’est pas dicté par l’intention de nuire à son
cocontractant (Civ. 1re, 4 février 1969).

§ Condition 3 : Un lien de causalité 1231-4 CCiv = théorie de la causalité directe – « suite immédiate et directe
de l’inexécution » - théorie qui impose de sélectionner les faits ayant pu conduire au dommage pour ne retenir que
les plus déterminants.

§ Condition 4 : 1231 CCiv = avant d’intenter toute action, le demander doit préalablement mettre en demeure son
débiteur d’avoir à s’exécuter. Néanmoins, le texte prévoit une exception à ce principe. En effet, une telle mise en
demeure n’est plus exigée lorsque l’inexécution est définitive, autrement dit lorsqu’il n’est plus possible de remédier
à l’inexécution contractuelle.

109
§2 : Etape 2 : Vérifier des causes d’exonération de la responsabilité contractuelle

§ Possibilité 1 : l’exonération légale


1. Type 1 : le cas de force majeure – exonération totale
o Règle : 1231-1 CCiv = le débiteur peut s’exonérer totalement de sa responsabilité par la preuve
d’un de force majeure.
o Conditions : 1218 al. 1 CCiv
1. Echappant au contrôle du débiteur : l’événement considéré échappe au contrôle du
débiteur.
2. Imprévisibilité : s’apprécie en fonction de l’anormalité, de la soudaineté, de la rare et le
fait de savoir si une personne avisée aurait dû normalement prévoir.
3. Irrésistible : impossibilité d’éviter les effets de l’évènement par des mesures
appropriées, il est impossible d’exécuter l’engagement souscrit.
o Régime :
1. Si l’empêchement est momentané : 1218 al.2 CCiv : le contrat seulement suspendu, si
son exécution tardive présente encore un intérêt pour le créancier.
2. Si l’empêchement est définitif : 1218 al. 2 : le contrat est résolu de plein droit et les
parties sont libérées de leurs obligations avec restitutions (1351 à 1351-1 CCiv). Le
débiteur se trouve ainsi dégagé de son obligation sans encourir de responsabilité.

Type 2 : faute de la victime ayant contribué au dommage (Civ. 1re, 17 janvier 2008).

§ Etape 1 : prouver la faute = la personne à laquelle le dommage est imputé doit établir que le
victime n’a pas eu le comportement d’une personne diligente et avisée.

§ Etape 2 : étendue de l’exonération

1. Exonération partielle : la faute de la victime peut exonérer partiellement le cocontractant


de sa responsabilité contractuelle (Civ. 1re, 17 janvier 2008).

• En matière de transports : le cas de la SNCF


o La 1ère Civ considère que si la faute ne présente pas ces caractères, elle
n’a aucune incidence sur la responsabilité du transporteur, et
spécialement n’emporte pas exonération partielle. (Civ. 1re, 13 mars
2008).
o La 2e Civ considère que la faute de la victime peut être partiellement
exonératoire lorsqu’elle ne présente pas les caractères de la force
majeure (Civ. 2e, 3 mars 2016).

2. Exonération totale : la faute présente les caractère de la force majeure (Civ. 1re, 14
octobre 2010).
110
§ Possibilité 2 : L’aménagement conventionnelle de la responsabilité
1. Type 1 : les clauses exclusives et limitatives de responsabilité
o Principe : 1231-3 CCiv : Les clauses exclusives et limitatives de responsabilité sont valides (« le
débiteur n’est tenu que des D&I qui ont été prévus au contrat » + même celles totalement
exonératoires de responsabilité (Civ. 24 janvier 1874).

o Exceptions :
1. Prohibition des clauses relatives à la responsabilité dans le cas des contrats de travail et
dans les contrats de transport de marchandises (L. 133-1 CCom).
2. Les clauses limitatives ou exonératoires de responsabilités dans les rapports entre
professionnels et consommateurs/non-professionnels sont réputées non écrites car elles
« créent un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties » (L.212-1
et 212-2 CConso).

3. Faute lourde ou dolosive : 1231-3 CCiv : « Le débiteur n'est tenu que des dommages
et intérêts qui ont été prévus ou qui pouvaient être prévus lors de la conclusion du
contrat, sauf lorsque l'inexécution est due à une faute lourde ou dolosive.

i. Faute lourde : une négligence d’un extrême gravité confinant au dol et dénotant
l’inaptitude du débiteur de l’obligation à l’accomplissement de la mission
contractuelle qu’il a acceptée (Chambre mixte, 22 avril 2005)
ii. Peut être déduite du fait qu’une société avait négligé, avec
désinvolture, de manière flagrante et répétée, ses obligations
pendant plusieurs mois, en ne livrant pas le matériel dans les délais
convenus et en fournissant un matériel présentant des défauts de
conformité (Com. 13 septembre 2016)

iii. Faute dolosive : faute par laquelle le débiteur se refuse délibérément à exécuter
ses obligations contractuelles, même si ce refus n’est pas dicté par l’intention de
nuire à son cocontractant (Civ. 1re, 4 février 1969).

o les exclusions ou limitations conventionnelles de responsabilité sont


neutralisées (et non annulées), et c’est même alors l’entier dommage et non plus
seulement le dommage prévisible qui est réparé (Civ. 1re, 29 octobre 2014)

4. Clause vidant de substance l’obligation essentielle du débiteur (1170 CCiv).

5. Clause insérée dans un contrat d’adhésion et crée un déséquilibre significatif entre


les droits et obligations des parties (1171 CCiv)

111
2. Type 2 : La clause pénale

ü Définition : La clause pénale est une stipulation par laquelle les parties fixent forfaitairement les
dommages et intérêts dus en cas d’inexécution du contrat.

o Principe : 1231-5 al.1 CCiv = Lorsque le contrat stipule que celui qui manquera de l’exécuter paiera
une certaine somme à titre de dommages et intérêts, il ne peut être alloué à l’autre partie une somme
plus forte ni moindre. Vaut pour les cas d’inexécution totale mais aussi partielle : 1231-5 al. 3.

o Exceptions : 1231-5 al.2 CCiv : le juge peut, même d'office, modérer ou augmenter la pénalité ainsi
convenue si elle est manifestement excessive ou dérisoire.

o Limite : 1231-5 al. 3 CCiv =lorsque l’engagement a été exécuté en partie, la pénalité convenue peut
être diminuée par le juge, même d’office, à proportion de l’intérêt que l’exécution partielle a procuré
au créancier, sans préjudice de l’application de l’alinéa précédent

o Observations :

i. La clause pénale va se faire refouler au visa de la législation sur les clauses abusives
avec R.212-2 CConso qui vise les clauses qui ont pour objet ou pour effet « d’imposer au
consommateur qui n’exécute pas ses obligations une indemnité d’un montant
manifestement disproportionné ». – possible parallèle avec 1171 CCiv

• Efficacité de la clause pénale lorsque le contrat est caduc ou résolu :

1. Contrat résolu : 1230 CCiv : la résolution du contrat n’affecte ni les clauses relatives ai règlement des
différends, ni celles destinées à produire effet même en cas de résolution, telles les clauses de confidentialité
et de non-concurrence. On peut comprendre que les clauses pénales et limitatives peuvent rentrer dans
cette catégorie.

2. Contrat caduc : 1187 CCiv : la caducité met fin au contrat et donc in extenso, vraisemblablement des clauses
envisagées. La JP devra trancher.

112
CONDITIONS COMMUNES
Condition 1 : la caractérisation du dommage réparable

Majeure : Pour qu’un dommage subi puisse être réparé, il doit être de ceux que le droit répare (matériel, corporel ou
moral). Il doit en outre être direct (il doit être la suite directe du manquement contractuel), certain (sa réalisation doit
être certaine et non pas éventuelle, mais il peut s’agir d’un dommage qui n’apparaitra que dans le futur) et les préjudices
qui en résultent ne doivent pas être illégitimes (ils ne doivent pas correspondre à un gain illicite manqué)

Nature du dommage réparable


o Patrimoine :
§ Définition : c'est le préjudice matériel ou économique qui consiste en une atteinte aux intérêts
patrimoniaux et économique d'une personne. Il peut correspondre aussi bien à une perte subie
(destruction d'une chose par ex.) qu'à un gain manqué (perte de clientèle due à un acte de
concurrence, déloyale par ex.).

2. Extra patrimoniaux :
§ Définition : ce préjudice résulte d'une atteinte à des valeurs non pécuniaires, c’est-à-dire à toutes
formes de sentiments humains : perte d'un être cher, atteintes à l’honneur (injures, diffamation)
à la pudeur (violations de la vie privée, publications illicites d’images), à l’affection (adultère,
perte d’un animal ou d’un bien ayant une valeur d’attachement au-delà de son prix économique)

3. Corporel :
§ Définition : le dommage corporel, résultant d’une atteinte physique à la personne présente la
particularité de combiner des éléments de préjudice matériel et de préjudice moral. En outre, il
existe une nomenclature – dite nomenclature Dintilhac - des différents chefs de préjudice
résultant d’une atteinte à la personne. Elle concerne tant les victimes directes que les victimes
par ricochet. Si cette nomenclature n’a pas, en principe, de valeur juridique, la Cour de cassation
semble peu à peu l'imposer aux juges du fond (v. par ex. : Civ 2 e , 28 mai 2009 ; Civ. 2e , 4
février 2016).

o Préjudices patrimoniaux :
§ Préjudices temporaires réalisés avant consolidation de l’état de la victime
• Frais médicaux (hospitalisation, traitement, cures) antérieurs à la date
de consolidation.
• Pertes de gains professionnels éprouvés par la victime jusqu’à sa
consolidation.
• Frais susceptibles d’être exposés par la victime avant la consolidation
de ses blessures.

113
§ Préjudices permanent qui subsistent après consolidation
• Dépenses futures de santé correspondant aux frais médicaux rendus
nécessaire par l’état pathologique de la victime après consolidation.
• Pertes de gains professionnels futurs consistant dans les revenus dont
la victime sera privée à l’avenir en raison de sa perte d’emploi ou de
l’obligation d’exercer un emploi à temps partiel.
• Préjudice d’incidence professionnel qui permet d’indemniser les
incidences périphériques du dommage touchant à la sphère
professionnelle.
• Frais de logement adapté correspondant aux dépenses que la victime
est amenée à effectuer pour adapter son lieu de vie à son handicap.
• Frais de véhicule adapté permettant l’acquisition ou l’adaptation du
véhicule aux besoins nouveaux de la victime d’un handicap
permanent.
• Frais d’assistance à une tierce personne.
• Préjudice scolaire, universitaire ou de formation ayant pour objet de
réparer la perte d’années d’études consécutive à la survenance du
dommage.

o Extra patrimoniaux
§ Déficit fonctionnel temporaire ou permanant : douleur permanente résultant de
l’atteinte fonctionnelle (1) et perte de la qualité de vie et troubles ressenties par
victime dans ses conditions personnelles d’existence familiales et sociales (2).
§ Préjudice pour les souffrances éprouvées (physique ou morales), soit du fait de
l’accident lui-même soit du fait des traitements.
§ Préjudice esthétique : souffrance purement psychologique que la personne peut
ressentir en se voyant mutilée ou défigurée.
§ Préjudice sexuel : tous les préjudices touchant à la sphère sexuelle comme la
perte du plaisir sexuel ou l’impossibilité à procréer (Civ. 2e, 17 juin 2010).

§ Préjudice d’agrément : préjudice résultant de l’impossibilité pour la victime de


pratiquer régulièrement une activité spécifique sportive ou de loisirs. Après
avoir réparé la privation des agréments d’une vie normale, a jurisprudence a
renoué, pour le préjudice de droit commun, avec une définition restrictive qui
vise uniquement le préjudice lié à l'impossibilité pour la victime de pratiquer
régulièrement une activité spécifique sportive ou de loisirs (Civ. 2e, 28 mai
2009).

114
§ Préjudice d’établissement : perte de possibilité de réaliser un projet vie
familiale normale, telle la perte d’une chance de se marier ou d’élever des
enfants (Civ. 2e, 12 mai 2011).

Les caractères du dommage réparable

§ Sous-condition 1 : un dommage direct

1. Possibilité 1 : préjudice immédiat lorsqu’il atteint la victime dans sa personne ou dans ses biens, sans
intermédiaire - l doit être la suite directe du fait dommageable. $

2. Possibilité 2 : préjudice médiat, lorsqu’il est la conséquence d’une préjudice immédiat frappent une
première personne.

1. Type 1 : Décès de la victime immédiate = les héritiers et légataires universels, en tant que
continuateur de la personne du défunt peuvent réclamer au responsable, la réparation du
dommage éprouvé par la victime dans l’intervalle entre l’accident et le décès.

2. Type 2 : Préjudice personnel de la victime par ricochet = droit propre à réparation,


indépendant de la réparation due à la victime première

Ø Possibilité 1 : Matériel = la victime directe procurait des ressources à la victime par


ricochet. Le dommage ne doit pas être compensée avec la part que l’intéressé reçoit
dans la succession (Civ. 2e, 2 février 1994).

Ø Possibilité 2 : Moral = la victime par ricochet doit prouver liens d’affection l’unissant
à la victime directe, pas de condition d’existence d’un lien de parenté ou d’alliance
avec la victime, qui est une présomption (Chambre mixtes, 27 février 1970).

Ø Condition : en cas d’hypothèse sans décès, nécessité d’une certaine gravité (Civ. 2e,
14 janvier 1998 - la douleur qu’il y a à voir un être cher diminué ou souffrant et dans
les perturbations de vie que cet état impose à ses proches).

115
§ Sous-condition 3 : un dommage certain

o Règle : La victime ne peut obtenir réparation du préjudice que si son existence est certaine. Un
préjudice purement éventuel ne peuvent pas être réparé.

o Exceptions :

1. Le préjudice futur : il peut être considéré comme certain si son évaluation judiciaire est
possible. Les dommages futurs peuvent être certains, même s’ils ne sont pas actuels, en quoi
ils s’opposent aux dommages éventuels qui ne peuvent donner lieu à réparation (Crim. 1er
juin 1932)

a. Mais si ce dommage éventuel se réalise, une nouvelle action en indemnisation est


parfaitement envisageable : aggravation de l’état de la victime ou une aggravation du
dommage
i. le préjudice économique nouveau, indépendant de l’évolution de l’état de la
victime, et qui n’avait pas été pris en compte par le jugement, antérieur, à la
naissance des enfants, devait être réparé (Civ 2e, 19 février 2004).

2. La perte d’une chance :

Ø Réparation : Constitue un dommage certain, la perte de chance de voir se réaliser un


événement favorable, bien que la chance ne soit pas, en elle-même, certaine (Crim.
18 mars 1975). La jurisprudence décide ainsi que constitue une perte de chance
réparable, la disparition actuelle et certaine d’une éventualité favorable (Civ. 1re, 21
novembre 2006). Cette éventualité apparaisse comme suffisamment sérieuse, ce qui
relève de l’appréciation souveraine des juges du fond (Crim. 7 juillet 1967).

Ø S’agissant de la perte de chance de réussir un examen ou d’obtenir une promotion, il


faut qu’il existe un avantage escompté à bref délai pour que la perte de chance soit
indemnisable. Ainsi, un candidat qui vient d’échouer à la première partie de son
baccalauréat ne saurait être indemnisé de la perte d’une chance d’exercer la profession
de pharmacien (Civ. 2e , 12 mai 1996)

Ø En revanche, a pu être indemnisé le dommage d’une victime qui n’a pu accéder à une
certaine profession, même si elle n’avait aucune promesse d’accès à cette profession,
dès lors qu’elle avait toutes les aptitudes pour y accéder (Civ. 1re, 7 février 1961).

116
Ø Montant : Civ. 1re, 16 juillet 1998 = les D&I alloués à la victime ne sont qu’une
fraction de l’avantage espéré, plus ou moins forte selon la probabilité. L’indemnité
n’est jamais égale à la totalité du gain espéré, dont l’obtention est aléatoire.

§ Sous-condition 4 : Les préjudices qui résultent du dommage doivent être légitimes

o Règle : Le préjudice ne peut être réparé si le bienfait dont a été privé la victime était illégitime (Civ.
2e, 24 janvier 2002 : refus d’indemnisation de dommages consistant en la perte de rémunération
provenant d’un travail non déclaré. Seules les rémunérations donnent lieu à indemnisation).

o Exceptions : le dommage perte subie est toujours légitime alors que le gain manqué non.

o Exemple : Un joueur interdit de casino mais qui a continué à fréquenter un établissement de jeux ne
peut agir pour demander ces gains de jeux (préjudice illégitime, Cass. Civ. 2e, 22 février 2007) mais
peut, en revanche, intenter une action sur le fondement de 1240 du Code civil en vue d'obtenir des
dommages-intérêts compensant les pertes subies (situation illégitime, Cass. Civ. 2e, 30 juin 2011)

117
Condition 2 : un lien de causalité

§ Principe : la victime, pour obtenir condamnation, devra établir l’existence d’un rapport de causalité en le
dommage dont elle justifie et le fait (fautif ou non) auquel la loi attache une responsabilité.

o Sous-condition 1 : un lien de causalité, les juges recourent à deux théories :

1. Possibilité 1 : Equivalence des conditions (tendance responsabilité pour faute – Crim. 13


novembre 1975) : Toutes les circonstances qui ont concouru à produire le dommage sont sur
un même pied d’égalité : chacune en est la condition, car sans elle ce dommage ne serait pas
survenu.

2. Possibilité 2 : Causalité adéquate (tendance responsabilité sans faute – de plein droit – Civ.
1re, 17 février 1993) : tri entre les différents faits ayant conduit au dommage, pour ne retenir
comme cause juridique de celui-ci que l’événement qui portait inéluctablement en lui
probabilité du dommage.

o Sous-condition 2 : un lien de causalité certain (Civ. 2e, 27 octobre 1975).

Ø Principe : preuve par tous moyens = simples indices et présomptions de fait. Les juges vont
pouvoir se contenter sur le terrain probatoire, d’une probabilité suffisante de causalité à la
condition de pouvoir invoquer un faisceau d’indices graves, précis et concordants (Civ. 1ère re,
24 janvier 2006) et y compris dans un contexte d’incertitude scientifique (Civ. 1ère, 22 mai
2008).

Ø Exceptions :
1. Présomption légale : Contaminations post-transfusionnelles : L. 3122-2 CCiv = les
personnes atteintes par le VIH doivent prouver la transfusion et la contamination, non
la séronégativité antérieure ou l’absence d’autre source possible de contamination
lorsqu’elle veulent sa faire indemniser.

2. Présomption jurisprudentielle : virus de l’hépatite C : la victime doit établir d’une


part, que la contamination virale dont elle est atteinte est survenue à la suite de
transfusions sanguines, d’autre part, qu’elle ne présente aucun autre mode de
contamination qui lui est propre (Civ. 1r, 10 juillet 2002)

118
Causes d’exonération – cause étrangère non imputable au défendeur

o Possibilité 1 : cas fortuit ou fait du tiers

1. Exonération totale : le fait du tiers ou le cas fortuit présente les caractères de la force majeure au moment
de la réalisation du dommage.

1. Condition 1 : extériorité - l’événement doit être étranger à l’auteur du dommage, sans quoi il
pourrait lui être imputable et engager sa responsabilité (Civ. 1re, 14 octobre 2010).
2. Condition 2 : imprévisibilité – s’apprécie en fonction de l’anormalité, de soudaineté ou de
rareté (Civ. 2e, 25 janvier 1994).
3. Condition 3 : irrésistibilité – l’événement doit être insurmontable, aucune mesure raisonnable
ne peut en empêcher la survenance ou les effets

1. Pas d’exonération partielle.


a. Dans l’hypothèse où le cas fortuit (événement naturel ou action collective) ne revêt pas les
caractères de la force majeure, l’auteur du dommage ne saurait bénéficier d’une exonération, même
partielle, de sa responsabilité ( 2e civ., 30 juin 1971).

• Possibilité 2 : faute de la victime

N.B = la faute de la victime directe peut être opposée aux victimes par ricochet agissant en réparation de leur préjudice
personnel (A.P. 19 juin 1981).

Etape 1 : déterminer une faute de la victime + ayant contribué à la réalisation de son dommage

§ Faute : A défaut de définition légale, elle est définie par la jurisprudence comme tout fait, d’action ou
d’abstention, qui viole une prescription légale (par ex. : Civ 3e , 22 mai 1997) ou qui ne correspond pas au
comportement de référence qu’aurait dû adopter une personne raisonnable placée dans la même situation
(par ex. : Civ 2e , 28 février 1996).

o Etape 2 : déterminer l’étendue de l’exonération qui s’apprécie par rapport au responsable (N.B = sauf pour la
responsabilité des parents).

• Exonération totale : Civ. 1re, 14 octobre 2010 - caractères de la force majeure

o Imprévisible = s’apprécie au moment où se produit le fait dommageable et doit être entendue de


manière raisonnable puisque presque tous les événements sont prévisibles. La jurisprudence
s’attache donc à des critères d’anormalité, de soudaineté ou de rareté (Civ. 2e, 25 janvier 1994).
119
o Extérieure = l’événement soit étranger à l’auteur du dommage, sans quoi il pourrait lui être
imputable et engager sa responsabilité (Civ. 1re, 14 octobre 2010)
o Irrésistible = implique que l’événement doit être insurmontable, autrement dit qu’aucune mesure
raisonnable n’ait pu en empêcher la survenance ou les effets. Il faut encore ajouter que les caractères
de la force majeure s’apprécient par rapport au responsable ou, dans les responsabilités du fait
d’autrui, en principe, par rapport à celui dont il répond. Néanmoins, la jurisprudence a pu considérer
que s’agissant des parents mis en cause sur le fondement de l’article 1242 alinéa 4, les caractères de
la force majeure devaient s’apprécier à leur égard (Civ. 2e , 17 février 2011)

o Cas exceptionnel : Dans certaines hypothèses, la jurisprudence admet toutefois que la faute de la
victime, bien que ne présentant pas les caractères de la force majeure, exonère totalement le
responsable. C'est le cas lorsque la victime a commis une faute intentionnelle (par ex. : Cass. Civ.
1re, 8 novembre 2007)

• Exonération partielle : Dans l’hypothèse où la cause étrangère ne revêt pas les caractères de la force
majeure, la faute de la victime, qui a concouru à la réalisation du préjudice, exonère partiellement le
défendeur de sa responsabilité, au prorata du degré d’implication de chacun dans la production du dommage
(2e civ., 29 avr. 2004 ; Cass. 2e civ., 11 avr. 2002 ; Cass. 2e civ. 22 oct. 2009)

Possibilité 3 : les prédispositions de la victime.

• Principe : il se peut que l’accident subi par le victime n’ai fait que révéler ou aggraver son état antérieur alors
le droit à réparation ne saurait être réduit par les prédispositions de la victime lorsque l’affection qui en
résulte n’a été révélée ou provoquée que par le fait dommage ou l’infraction (Civ. 2e, 10 novembre 2009).

• Exceptions : la réparation peut être diminuée lorsque la victime souffrait déjà d’une invalidité extériorisée ou
d’une pathologie dont l’évolution était inéluctable. La réparation est alors limitée à la seul aggravation imputable
à l’accident, sauf si l’accident a radicalement transformé la nature de l’invalidité (Civ. 2e, 19 juillet 1966 –
borgne devenu aveugle).

120
RESULTAT : l’action en responsabilité – la réparation du préjudice réparable

§ Les caractères de la réparation

1. Forme : la victime peut choisir les modalités de la réparation qu’elle réclame (Civ. 3e, 28
septembre 2005) avec un libre emploi des sommes allouées (Civ. 2e, 8 juillet 2004).

2. Etendue :
o Principe : réparation intégrale (Com. 5 mai 2015).

o Exclusions :
Ø Forfait (fixation du montant de l’indemnisation indépendamment du préjudice
éprouvé).
Ø D&I punitifs.
Ø Limitation au dommage prévisible.
Ø Limitation de la réparation en raison des clauses limitatives de responsabilité ( en tout
cas pour la responsabilité sans faute – Civ. 2e, 17 janvier 1955)

o Exemple : panneaux affichés à l'entrée des locaux commerciaux par lesquels


les propriétaires affirment décliner toute responsabilité à l'égard des visiteurs.

Ø Limitation par une éventuelle prise en considération d’une obligation de minimiser


son dommage :
o Cas de figure : savoir si la victime d’un dommage pourrait être contrainte de
prendre toutes les initiatives pertinentes qui conduiraient à réduire
l’importance de son dommage
o Réponse négative : l’auteur d’un accident doit en réparer toutes les
conséquences dommageables ; que la victime n’est pas tenue de limiter son
préjudice dans l’intérêt du responsable (Deux arrêts de Civ. 2e, 19 juin 2003).

3. La date d’évaluation

o Principe : dans le cas de la réparation en argent, la date à laquelle le préjudice doit être
évalue est fixée au jour où le juge rend sa décision et non au jour où le préjudice est
subi (Cass. Req., 24 mars 1942).

121
§ Les débiteurs de la réparation

• Principe : obligation in solidum, chaque responsable est tenu au stade de l’obligation à la dette, de la
totalité de la condamnation à des D&I (si la victime est indemnisée par un seul des responsables, celui-
ci, subrogé dans ses droits, peut se retourner contre les autres, pour obtenir remboursement d’une
parties des sommes versées), le juge de répartir le poids de la dette entre les différents responsables.

1. Lorsque tous les co-auteurs sont fautifs, la répartition se fait entre eux en fonction de la
gravite des fautes respectives (Civ. 2e, 13 janvier 2011).

2. Lorsqu’un aucun des co-auteurs n’a commis de faute (responsable de plein droit), la
répartition se fait par parts égales (Civ. 2e, 11 février 1981).

3. Lorsqu’il existe des co-auteurs fautifs tandis que les autres ne le sont pas, les responsables
de plein droit peuvent recourir contre les responsables fautifs pour l’intégralité de la
réparation, tandis que les responsables fautifs n’ont aucun recours contre les responsables
de plein droit. C’est aux responsables fautifs de supporter l’intégralité du poids final
de la dette.

La prescription de l’action

(1) Règle : 2224 CCiv = Les actions personnelles ou mobilières se prescrivent par cinq ans à compter du jour où le
titulaire d'un droit a connu ou aurait dû connaître les faits lui permettant de l'exercer.

Ø Dommage corporel : 2226 al. 1 CCiv = 10 ans à partir de la date de la consolidation du dommage, soit initial,
soit aggravé.
Ø Dommages causés à l’environnement : L.152-1 CEnv = 30 ans à partir du jour du fait générateur.

(2) 2232 CCiv : délai butoir de 20 ans à compter du jour de la naissance du droit au-delà duquel la victime est privée du
droit d’agir sauf aux actions en réparation des dommages corporels (2226 CCiv) et, par la force des choses, à l’action
en réparation de dommages environnementaux.

122
LE FONDEMENT DE LA RESPONSABILITE DU FAIT PERSONNEL

Majeure : Aux termes de l’article 1240 du Code Civil, celui qui commet une faute doit pouvoir en réparer les
conséquences. L’article 1241 du Code civil, élargit cette faute en considérant que la négligence comme l’imprudence
sont aussi susceptibles d’engager la responsabilité civile. L’engagement de la responsabilité civile du fait personnel
suppose ainsi la réunion de trois conditions : une faute civile, un dommage et une lien de causalité.

§1 : Etape 1 – Vérifier l’existence d’une faute

§ Etablir une faute

Majeure :

A défaut de définition légale, elle est définie par la jurisprudence comme tout fait, d’action ou d’abstention, qui viole
une prescription légale (Civ 3e , 22 mai 1997) ou qui ne correspond pas au comportement de référence qu’aurait dû
adopter une personne raisonnable placée dans la même situation (Civ 2e , 28 février 1996). La jurisprudence se contente
d’une faute objective, sans exiger que l’auteur du dommage ait eu conscience de ses actes (AP, 9 mai 1984).

ATTENTION : Un tiers à un contrat peut invoquer, sur le fondement de la responsabilité délictuelle (1240 CCiv) :
le fait pour une partie à un contrat de manquer à l’une de ses obligations contractuelles constitue nécessairement une
faute dont peuvent se prévaloir les tiers au contrat dès lors que cette faute leur cause un dommage (Assemblée Plénière
6 octobre 2006 confirmée par AP 13 janvier 2020).

§ Mineurs : Même des mineurs privés de discernement peuvent être considérés comme fautifs dès lors que
leur comportement n’est pas celui d’une personne raisonnable.

1. Civ. 2e 28 février 1996 = la jurisprudence raisonne tantôt elle raisonne par rapport à un adulte, ce
qui conduit à retenir très facilement la faute de l’enfant.

2. Civ. 2e, 7 mai 2002 = la jurisprudence raisonne tantôt par rapport à un enfant raisonnable du
même âge, ce qui restreint le champ des comportements considérés comme fautifs.

§ Faute d’un professionnel : appréciée par référence au comportement qu’aurait eu un autre professionnel
de la même spécialité (Civ. 2e, 29 novembre 2001).

§ Faute d’un aliéné : appréciée par référence la personne saine d’esprit.

123
§ Faute d’un sportif : appréciée par rapport au modèle du sportif raisonnable dans le cadre d’une telle
spécialité. Le juge civil n’est pas tenu par les décisions des arbitres et peut juger fautif un acte que
n’aurait pas sanctionné l’arbitre (Civ. 2e, 10 juin 2004). Il faut que le sportif est eu un comportement
résolument contraire aux règles du sport pour que sa faute soit reconnue (Ass. Plén., 29 juin 2007)

o Un comportement qui serait dans l’absolu constitutif d’une faute mais qui ne serait pas contraire aux
règles du jeu en cause n’est pas considéré comme fautif (Civ. 2e, 14 avril 2016).

o Un comportement contraire aux règle du jeu peut être considéré comme fautif : les fautes de jeu
les plus graves – les comportements intentionnellement dommageables (Civ. 2e, 27 juin 1984) ; les
écarts trop importants avec la saine et orthodoxe pratique du sport (Civ. 2e, 23 septembre 2004).

o Le sportif qui, à l’issue d’une compétition, s’en prend à l’arbitre pour contester l’une de ses décisions
commet une infraction aux règles du jeu (Civ. 2e , 5 juillet 2018)

§ Vérifier l’existence d’une justification au comportement illicite : disparition d’une condition nécessaire à la
responsabilité

§ Possibilité 1 : les faits justificatifs empruntés à la responsabilité pénale

1. L’ordre ou la permission de la loi : 122-4 CPén


2. Le commandement de l’autorité légitime : 122-4 CPén
3. L’état de nécessite : 122-7 CPén.
4. La légitime défense : 122-5 CPén

§ Possibilité 2 : Les faits justificatifs résultant de l’accord de la victime (Civ. 3e, 1er octobre 1975)

1. Condition 1 : l’intérêt atteint doit être de ceux dont la victime a le droit de disposer. Il
peut s’agir d’une atteinte à un bien matériel ou purement moraux.
2. Condition 2 : pas d’atteinte à l’intégrité physique.

124
§ Vérifier l’existence d’une hiérarchie des fautes

§ Faute simple et faute qualifiée : le droit positif peut attacher des conséquences à la caractérisation d’une
faute d’une certaine gravité ou faute qualifiée pour engager effectivement la responsabilité de son auteur.

1. La faute du dirigeant d’une personne morale

• PM = peut commettre des fautes et engager sa responsabilité du fait personnel (Cass., 15


janvier 1872). A ce titre, la personne morale est responsable des fautes commises par ses
dirigeants ou ses organes sociaux comme si elle avait agi elle-même
• Dirigeant =
o Question de droit : Le dirigeant social peut-il engager sa responsabilité personnelle à
l'égard des tiers, victimes de ses fautes ?
o Réponse : Faute intentionnelle d’une particulière gravité incompatible avec l’exercice
normal des fonctions (Crim. 20 mai 2003)

§ C’est ainsi que la responsabilité du dirigeant a été retenue lorsqu’il a participé


de manière active et personnelle à des actes de contrefaçon et de concurrence
déloyale aux dépens de la société (Cass. Com., 7 juill. 2004)
§ Cas où une société s’étant rendue coupable de contrefaçon, les dirigeants ont
refusé obstinément de se mettre en règle (Cass. 1re civ., 16 nov. 2004)
§ Lorsqu’ils ont commis ces mêmes actes de manière délibérée et persistante
(Cass. Com., 25 janv. 2005)
• Associé : Cette solution a été étendue à l'associé puisque celui-ci engage sa responsabilité
personnelle dans l'hypothèse d' "une faute intentionnelle d'une particulière gravité,
incompatible avec l'exercice normal des prérogatives attachées à la qualité d'associé" (Cass.
Com., 17 fév. 2014).

§2 : Etape 2 : Vérifier l’existence d’un dommage (voir supra)

§3 : Etape 3 : Vérifier l’existence d’un lien de causalité (voir supra) – les juges ont tendance à retenir l’équivalence
des conditions.

• En matière de responsabilité délictuelle du fait personnel, la jurisprudence a tendance à retenir l’équivalence


des conditions (Civ. 2e , 24 mai 1971 ; Civ. 2 e , 11 janvier 1979) qui admet l’existence d’un lien de causalité
dès que l’événement envisagé a concouru à la réalisation du dommage.

§4 : Etape 4 : vérifier l’existence de cause d’exonérations – voir supra.

125
LE RESPONSABILITE DU FAIT D’AUTRUI

Possibilité 1 : le fondement de la responsabilité des parents du fait de leurs enfants mineurs – 1242 al. 4 CCiv

N.B = toujours vérifier la responsabilité personnelle de l’enfant mineur, en premier lieu, puis la responsabilité
personnelle des parents ou de la personne qui est en charge , puis la responsabilité des parents du faits de leurs
enfants mineurs.

• La JP ne retient pas systématiquement la responsabilité personnelle de la personne chargée de garder un


mineur, serait-ce un de ses parents, lorsque celui-ci cause un dommage. Elle ne reconnaît pas, en particulier,
l’existence d’un devoir de surveillance susceptible d’engager la responsabilité lorsque l’enfant jouit, de par
son âge, d’une autonomie et que l’endroit où il est gardé ne présente pas de danger particulier (Civ. 2e, 5
février 2004).

§ Majeure : il s’agit d’établir la réunion de six conditions – la victime doit prouver qu’elle a subi un dommage
causé par un fait (même non fautif), d’un mineur, non émancipé, et d’établir que le parent de ce mineur était
investi de l’autorité parentale et cohabitait avec l’enfant.

1. Condition 1 : un dommage.

2. Condition 2 : lien de causalité – les juges ont tendance de retenir la théorie de la causalité
adéquate.

3. Condition 3 : le fait de l’enfant - Assemblée Plénière, 9 mai 1984 = pas besoin d’une faute, il suffit
que le fait causal existe et qu’il soit rattachable à l’enfant.

4. Condition 4 : un enfant mineur non émancipé.

5. Condition 5 : l’exercice de l’autorité parentale

• Possibilité 1 : exercice conjoint de l’autorité parentale

o Condition : les parents exercent en commun l’autorité parentale, dès l’instant où un lien de
filiation est établi à l’égard de chacun d’eux, même en l’absence de mariage de mariage ou
séparation.
Ø Attention : seule la remise en cause du lien de filiation peut permettre au prétendu
parent d’échapper à sa responsabilité (Crim., 8 décembre 2004).

o Régime : Les parents sont solidairement responsables du fait de l’enfant.


• Possibilité 2 : l’exercice unilatéral de l’autorité parentale
126
o En cas d’impossibilité d’exercice de l’autorité parentale par un parent.
o Lorsque l’intérêt de l’enfant, à la suite de la séparation des parents, justifie que cette autorité
soit confiée à un seul des ascendants.

6. Condition 6 : la cohabitation

• Définition : Civ. 2e, 20 janvier 2000 = la résidence habituelle de l’enfant au domicile de ses
parents ou de l’un deux sauf à ce que qu’une décision de justice soit intervenue pour la fixer
chez l’un des parents seulement ou chez un tiers. Le fait qu’un enfant réside chez un tiers ne
fait pas cesser la cohabitation avec ses parents (enfant en vacances chez ses grands-parents –
Civ. 2E, 5 février 2004 ; ou qui réside depuis l’âge d’un an chez sa grand-mère – Crim., 8
février 2005).

§ Régime :
ü Principe : Civ. 2e, 19 février 1997 = responsabilité sans faute de plein droit, les parents ne peuvent
plus s’exonérer de leur responsabilité par la preuve de leur absence de faute de surveillance ou
d’éducation.

ü Exonérations :
1. La preuve de la force majeure – voir supra - par rapport aux parents et non par rapport
à l’enfant (Civ. 2e, 17 février 2011).

2. Faute de la victime – voir supra.

3. Faute d’un tiers – voir supra.

127
Possibilité 2 : le fondement responsabilité du commettant du fait du préposé – 1242 al. 5 CCiv

N.B = toujours étudier la responsabilité personnelle du préposé, pour ensuite déterminer s’il est effectivement un préposé
avec un lien de préposition, dire qu’il a une immunité mais que cette dernière peut être déchue. Ensuite étudier la
responsabilité personnelle du commettant – puis la responsabilité du commettant du fait de son préposé

Conditions :

Majeure : Pour engager la responsabilité du commettant quatre conditions doivent être réunies. Il faut un préposé, un
fait générateur du préposé, un dommage et un lien de causalité.

1. Condition 1 : un lien de préposition

o Définition : existence entre deux personnes de rapports d’autorité et de subordination. Le


commettant est la personne qui a droit ou pouvoir de donner à une autre des ordres et des instructions
relatifs à la fois au but à atteindre et aux moyens à employer pour y parvenir (Crim., 25 mai 1971)

o Manifestations :

ü Les personnes liées par un contrat de travail PAS les professions libérales.

ü En cas de fractionnement de l’autorité entre plus commettants sur un même préposé =


le commettant qui avait autorité effective sur le préposé au moment où la faute a été
commise (Com., 26 janvier 1976).

ü Responsabilité du commettant du fait d’un préposé occasionnel : personne qui, en


dehors de tout contrat, va se trouver momentanément placée sous l’autorité d’une autre
(Crim., 14 juin 1990).

2. Condition 2 : une faute du préposé - la victime doit prouver la faute du préposé pour engager la
responsabilité de son commettant (Civ. 2e, 8 avril 2004). Elle est constituée en principe par tout fait illicite,
d’action ou d’abstention, qui ne correspond par rapport au comportement de référence qu’aurait dû adopter
une personne raisonnable placée dans la même situation de fait et exerçant la même activité (Civ. 1ère, 9
octobre 1991) ou qui viole une prescription légale (Civ. 3e, 22 mai 1997).

3. Condition 3 : un dommage.

4. Condition 4 : un lien de causalité.

128
Régime :

§ Principe : responsabilité sans faute, de plein droit.

§ Exonérations du commettant :
1. Possibilité 1 : commettant ne peut invoquer que les causes d'exonération que le préposé aurait pu
opposer lui-même à la victime.

2. Possibilité 2 : Abus de fonction = exonération spéciale.

o Majeure : Assemblée Plénière, 19 mai 1988 = le commettant ne s’exonère de sa responsabilité


qui si son préposé agit hors des fonctions auxquelles il était employé, sans autorisation, et à des fins
étrangères à ses attributions.

o Conditions :

1. Condition 1 : le préposé doit avoir agi sans autorisation du commettant, l’autorisation


est présumée, le commettant doit apporter la preuve contraire (Crim, 21 mars 1989).

2. Condition 2 : le préposé doit avoir agi à des fins étrangères à ses attributions, recherche
des intentions du préposé lors de la commission du fait dommageable, il doit avoir agir à
des fins personnelles – fins égoïstes.

3. Condition 3 : Le préposé doit avoir agir hors de ses fonctions : s’apprécie au regard de
certains objectifs tels que, notamment, le moment où la faute a été commise (pendant les
horaires de travail ou en dehors), le lieu où elle a été commise (sur le lieu de travail ou non).
L'acte hors fonctions serait celui qui n'est pas impliqué par les fonctions, c'est-à-dire l'acte
qui pourrait être accompli par le préposé en dehors de sa mission, qui ne nécessite pas
l'exercice des fonctions, ni l'utilisation des moyens qu'elles procurent (la faute a-t-elle été
rendue possible par les moyens mis à la disposition du préposé par le commettant) (Civ.
2e. 3 juin 2004).

129
Responsabilité personnelle du préposé :

o Etape 1 : Etudier la responsabilité personnelle du préposé.

o Etape 2 : Etudier s’il y a un lien de préposition

o Etape 3 : A.P., Costedoat, 25 février 2000 - Le préposé (N.B = suppose l’existence d’un lien de préposition)
qui réunit les conditions de la responsabilité du fait personnel, bénéficie d’une immunité qui empêche sa
condamnation à indemniser la victime

o Etapes 4 : Etudier si le préposé peut être déchu de son immunité

1. Possibilité 1 : selon l’arrêt Costedoat (Ass. Plén., 25 février 2000), la responsabilité personnelle du
préposé peut être utilement engagée si celui-ci a agi en excédant les limites de la mission qui lui était
impartie par son commettant. Autrement dit, la responsabilité du préposé sera engagée s’il a agi sans
autorisation et à des fins étrangères à ses attributions.
i. N.B = [présomption d’autorisation de la part du commettant à charge pour lui de
d’apporter la preuve contraire - Crim, 21 mars 1989].

2. Possibilité 2 : A.P., Cousin, 14 décembre 2001


• Le préposera engagera sa responsabilité civile s’il a commis une infraction pénale intentionnelle
constatée par un tribunal, peu importe qu’il ait agi sans excéder les limites de sa mission.
Autrement dit, il suffit qu’une décision de justice ait déclaré l’infraction constituée en tous ces
éléments, sans pour autant qu'une condamnation ait été prononcée pour que cette condition soit
satisfaite (Crim. 27 mai 2014).

3. Possibilité 3 : Civ. 2e, 20 décembre 2007 et 21 février 2008


• Le préposera engagera sa responsabilité civile s’il a commis une faute civile intentionnelle [suppose
la volonté de provoquer le dommage tel qu’il s’est réalisé], peu importe qu’il ait agi sans excéder
les limites de sa mission.

130
Possibilité 3 : Le contrôle du mode de vie d’autrui - = A.P., Blieck, 29 mars 1991

Règle : Il s’agit de voir si la responsabilité peut être engagée sur le fondement de l’article 1242 al. 1 du Code Civil. Sur
ce fondement, la jurisprudence a consacré la responsabilité des personnes contrôlant le mode de vie d’autrui (A.P.,
Blieck, 29 mars 1991).

Conditions

Majeure : La mise en œuvre de cette responsabilité suppose qu’une personne exerce, à la suite d’une décision de justice
(1), un pouvoir d’organisation, de contrôle et de direction à titre permanent sur le mode de vie de la personne (2) dont
le fait, éventuellement la faute, (3) a causé (4) un dommage (5).

Condition 1 : Personnes ayant la charge permanente d’organise et de contrôler le mode de vie d’autrui

§ Sous-condition 1 : les responsables

1. Possibilité 1 : PM ayant, à titre professionnel, le contrôle du mode de vie de tiers nécessitant une
surveillance particulière (association ayant la garde d’adultes handicapés - A.P., Blieck, 29 mars 1991 ;
organisme prenant en charge, à titre permanent, des mineurs en difficulté – Crim., 10 octobre 1996)
2. Possibilité 2 : tuteurs qu’ils soient PP (Crim. 28 mars 2000) ou PM (Civ. 2e, 7 octobre 2004).

§ Sous-condition 2 : pouvoir permanent d’organiser et de contrôler le mode de vie d’autrui

1. Pouvoir juridique : Il n’existe pas de pouvoir de fait qui autorisé une personne à organiser le mode de
vie d’une autre. Le gardien sera responsable même si le dommage a eu lieu alors qu’il n’avait pas un
pouvoir effectif de surveillance sur le gardé, au moment de la commission du dommage (Civ. 2e, 6 juin
2002).

2. Pouvoir permanent : si le gardien n’exerce ses pouvoirs que par intermittence sur la personne
nécessitant une surveillance, sa responsabilité ne peut être engagée sur ce fondement (Crim. 15 juin
2000).

Condition 2 : Pouvoir résultant d’une décision judiciaire :


§ Principe : dans tous les cas où cette responsabilité a été retenue, il y avait une intervention du juge ayant
pour objet de transférer ce pouvoir juridique de garde au responsable.

§ Exceptions : Le pouvoir de contrôle découlant d’un contrat et non d’une décision de justice ne permet pas
d’engager la responsabilité de la structure d’accueil (Civ. 1re, 15 décembre 2011).

131
Condition 3 : le fait dommageable d’autrui

§ Règle : la personne dont on doit répondre est une personne exigeant une surveillance particulière (mineur en
difficulté, mineur en danger, etc.…) car les autres personnes organisent leur mode de vie toutes seules.

§ ATTENTION - nécessité ou non d’une faute : la JP ne précise pas si une faute est nécessaire. La responsabilité
pour contrôle du mode vie est proche de la responsabilité des parents, il ne serait pas illogique que la JP
reconnaisse qu’un simple fait causal – et non une faute – du gardé suffit à engager la responsabilité des PP ou
PM ayant la charge permanente et de contrôle le mode de vie la personne.

Condition 4 : un dommage.

Condition 5 : un lien de causalité = généralement causalité adéquate - La théorie de la causalité adéquate conduit à
sélectionner parmi les faits à l’origine d’un dommage ceux qui en sont la cause directe et immédiate mais également
ceux qui, plus lointains, portent en eux la probabilité du dommage.

Régime :

Règle : Les personnes tenues de répondre, ne peuvent s’exonérer de la responsabilité de plein droit en démontrant
qu’elles n’ont commis aucune faute (Crim. 26 mars 1997).

132
Possibilité 4 : le contrôle de l’activité d’autrui

Règle : Il s’agirait d’engager la responsabilité de l’association sur le fondement de l’article 1242 al. 1 du Code civil.
Sur ce fondement, la jurisprudence a consacré la responsabilité de associations sportives ayant pour mission d’organiser,
de diriger et de contrôler l’activité de leurs membres (Civ. 2e, 22 mai 1995 - A.P. 29 juin 2007). En effet, elles sont
responsables des dommages qu’ils causent à cette occasion, dès lors qu’une faute caractérisée par une violation des
règles du jeu est imputable à un ou plusieurs de leurs membres, même non identifiés.
Condition
Majeure : Les conditions de cette responsabilité sont au nombre de quatre. Il faut une faute du membre dont le club
doit répondre (1), un pouvoir de surveillance effectif du club sur ses membres (2), un dommage (3) et un lien de causalité
(4).

Condition 1 : Une faute du membre de l’association

§ Sous-condition 1 : la qualité de membre : c'est-à-dire une personne qui soit rattachée juridiquement à
l’association pour que la responsabilité de l’association puisse être engagée (Civ. 2, 22 septembre 2005) et ce,
même si le membre n’est pas identifié (Civ. 2e, 20 novembre 2003)

§ Sous-condition 2 : la faute du membre caractérisée par une violation des règles du jeu (N.B : voir supra –
dommage) (Civ. 2e, 13 janvier 2005).

Condition 2 : Un pouvoir de surveillance effectif de l’association sur ses membres.

§ Sous-condition 1 : une association sportive (Civ. 2E, 12 décembre 2002)

§ Sous-condition 2 : pouvoir effectif de l’association - Il faut que l’association sportive ait pour mission «
d’organiser, de diriger et de contrôler l’activité de ses membres » (Civ. 2e, 22 septembre 2005). La
jurisprudence a d’abord cantonné la responsabilité des associations aux dommages causés à l’occasion de
compétitions sportives pour ensuite l’étendre aux à la

1. Phase d’entraînement (Civ. 2e, 21 octobre 2004).


2. L’agression d’un arbitre commise dans une enceinte sportive par un joueur, à l’issue d’une rencontre
sportive, doit être considéré comme étant en lien avec l’activité sportive (Civ. 2e, 5 juillet 2018).

Condition 3 : Un dommage.

Condition 4 : Un lien de causalité = généralement causalité adéquate - La théorie de la causalité adéquate conduit à
sélectionner parmi les faits à l’origine d’un dommage ceux qui en sont la cause directe et immédiate mais également
ceux qui, plus lointains, portent en eux la probabilité du dommage.

133
Régime :

Règle : Les personnes tenues de répondre, ne peuvent s’exonérer de la responsabilité de plein droit en démontrant
qu’elles n’ont commis aucune faute (Crim. 26 mars 1997).

134
LES DOMMAGES TROUVANT LEUR SOURCE DANS LE FAIT D’UNE
CHOSE
Possibilité 1 : Le droit commun de la responsabilité du fait des choses

Majeure : 1242 al. 1 CCiv = la victime doit établir la réunion de quatre conditions, le défendeur à l’action devait détenir
la garde (1), d’une chose (2), ayant eu un rôle actif (3), dans la production du dommage (4).

Conditions

Condition 1 : un dommage

Condition 2 : une chose

§ Règle : l’alinéa 1 de l’article 1242 du Code civil, tel qu’il est entendu par la JP, retient une conception large
de la notion de chose.
1. Il n’est pas fait distinction entre les choses mobilières et immobilières.
2. Peu importe la nature physique : solide, liquide, gazeuse, voire une chose immatérielle comme une onde
sonore.
3. Peu importe la nature juridique : 1242 al. 1 prévoit les meubles et immeubles mais est également
applicable aux immeubles qui ne sont pas bâtiments.
4. Peu importe que la chose soit actionnée par la main de l’homme purement interne.
5. Peu importe qu’elle soit dotée d’un vice interne.
6. Peu importe qu’elle soit dangereuse ou non.

§ Exceptions :
1. Les choses soumises à un régime particulier : animaux (1243 CCiv), bâtiments tombant en ruine (1244
CCiv), VTM, produits défectueux.

2. Le corps humain : seule la responsabilité pour faute de 1240 CCiv SAUF les produits de la personne
humaine (tout ce qui est régénérable).

3. Les choses sans maîtres et choses abandonnées : neige, pluie, vent car nul n’exerce un quelconque
pouvoir de garde sur ces choses ATTENTION possible pouvoir temporaire (voir infra).

135
Condition 3 : Le fait actif de la chose

Règle : Pour engager la responsabilité du gardien, il faut établir que la chose a été l’instrument du dommage, qu’elle l’a
provoqué. Cela revient à établir le lien de causalité entre la chose et la survenance du dommage.

ü Possibilité 1 : présomption du rôle actif de la chose lorsque celle-ci était en mouvement (condition 1) et qu’elle
est entrée en contact avec le siège du dommage (condition 2) (Civ. 2e, 18 novembre 1984, 20 avril 1988).

ü Possibilité 2 :

o Le rôle causal de la chose doit être prouvé par la victime si la chose était inerte au moment de la
survenance du dommage ou si elle était en mouvement mais n’est pas entrée en contact avec le siège
du dommage.

o La victime devra, alors prouver que la chose était anormale, dans sa position (une trappe laissée
ouverte dans un escalier ; une planche laissée par une société de démolition le long d’un chemin
fréquenté par des enfants), dans son état (escalier glissant) ou son fonctionnement, et que cette
anormalité a provoqué le dommage (Civ. 2e, 24 février 2005, 29 mars 2012, 27 mars 2014).

ü Possibilité 3 : il apparaît toutefois que la jurisprudence accepte de reconnaître le rôle causal de la chose même
sans contact direct lorsque la chose a imprimé un mouvement à celle qui a matériellement causé le dommage
(Civ. 2e, 28 mars 2002).

136
Condition 4 : détermination du gardien

§ Etape 1 : Définir la garde - Cass. Ch. Réunies, 2 décembre 1941, Franck

1. Condition 1 - Usage de la chose = maîtrise de la chose car on s’en sert.

2. Condition 2 - Direction de la chose = décider de la finalité de son emploi.

o indépendance du gardien – le cas du préposé


• Principe : les qualités de gardien et de préposé sont incompatibles lorsque ce dernier utilise la
chose que lui a confiée le commettant pour l’exécution de sa mission (Civ. 2e, 1er avril 1998).
Le commettant conserve au moins le pouvoir de direction sur la chose de par son autorité sur
le préposé.
• Exceptions :
1. Lorsque le préposé a commis un abus de fonction (= agis sans autorisation + à des fins
étrangères à ses attributions, hors de ses fonctions) et a causé un dommage avec la
chose du commettant (Crim. 27 mai 2014)
2. Lorsque le préposé a utilisé la chose d’un tiers (Crim., 27 mai 2014).

3. Condition 3 - Contrôle de la chose = être en position d’éviter qu’elle ne fonctionne pas anormalement.

Indifférence du discernement
Le gardien n’a pas à faire preuve de discernement pour engager sa responsabilité du fait des choses (Civ. 2e, 18
décembre 1964, Trichard – personne atteinte de troubles mentaux ; A.P., 9 mai 1984, Gabillet – enfant).

La garde n’est pas cumulative mais alternative (Civ. 2e, 16 octobre 1990)
Exceptions :
§ Possibilité 1 : garde commune :
o Principe : plusieurs personnes exercent des pouvoirs strictement identiques sur la chose instrument du
dommage mais qu’il n’existe aucune hiérarchie entre les différents gardiens [colocataires /
copropriétaires ] (Civ. 2e, 15 décembre 1980).
o Existence d’une hiérarchie : exclusion de la garde collective des équipiers sur un voilier en régate alors
que l’un deux état le propriétaire et le skipper et que le rôle de chacun au moment de l’accident était
resté ignoré (Civ. 2e, 9 mai 1990).

§ Possibilité 2 : fractionnement de la garde - Oxygène liquide, 5 janvier 1956


o Garde de la structure : vices internes de la chose et repose sur le fabricant (ou le vendeur professionnel)
o Garde du comportement : manipulation et utilisation sur la chose est à la charge de l’utilisateur, le
détenteur.

137
o La distinction s’applique essentiellement aux choses dotées d’un dynamisme propre et dangereux et les
tribunaux ne l’appliquent qu’à des choses susceptibles d’explosion et généralement hermétiques
(bouteille d’eau gazeuse, Civ. 1re, 12 novembre 1975 ; téléviseur, Civ. 2e, 30 novembre 1988).

§ Etape 2 : le propriétaire de la chose est présumée en être le gardien (Civ. 2e, 16 mai 1984). sauf à démontrer
que quelqu’un a la garde matérielle avec tous les pouvoirs transmis à un tiers soit volontairement ou
involontairement :

1. Possibilité 1 : d’un transfert volontaire de la garde (location, prêt - CM, 26 mars 1971). La
jurisprudence affirme également que le prêt d’une chose n’entraîne pas le transfert de garde lorsque
l’usage est circonscrit dans le temps, circonscrit dans l’espace et effectué dans l’intérêt exclusif du
propriétaire (Civ. 2e, 19 juin 2003).

2. Possibilité 2 : transfert involontaire de la garde (vol – Franck)

3. Possibilité 3 : le détenteur a le gouvernement de fait de la chose (Civ. 2e, 28 novembre 2002).

ATTENTION : Vérifier les causes d’exonération (voir supra).

138
Possibilité 2 : les hypothèses particulières du droits commun de la responsabilité du fait des choses

La responsabilité du fait des animaux:

Majeure : 1243 CCiv = Selon ce texte, pour engager la responsabilité d’une personne sur ce fondement, la victime doit
établir la réunion de quatre conditions : le défendeur à l’action devait détenir la garde (1), d’un animal (2) ayant eu un
rôle actif (3) dans la production du dommage (4).

1. Un dommage

2. Un animal : l’article 1243 du Code civil ne s’attarde pas sur la nature de l’animal. Toutefois, ne sont visés que
les animaux susceptibles d’être appropriés. A l’inverse, ceux qui relèvent de la catégorie des res nullius, tels
que le gibier, ne peuvent permettre l’application de l’article 1243 du Code civil (Civ. 2e , 9 janvier 1990)

3. La garde : comme pour la responsabilité du fait des choses depuis l’arrêt des Chambres réunies du 2 décembre
1941, elle est caractérisée par l’usage, le contrôle et la direction de l’animal. Le propriétaire est présumé être le
gardien, sauf si l’utilisation et la direction de l’animal ont été confiées à une autre personne (Cass. 2ème civ.
17 juillet 1967).

4. Fait actif de l’animal : il faut établir que l’animal a été l’instrument du dommage, qu’il l’a provoqué. Cela
revient donc à établir le lien de causalité entre l’animal et la survenance du dommage.

a. Présomption de rôle actif lorsque l’animal était en mouvement et qu’il est entré en contact avec le siège
du dommage (Req. 26 mai 1852).
b. A défaut, il appartient à la victime d’établir le lien de causalité entre le dommage et l’animal, ce qui
revient à démontrer que l’animal était dans une position anormale ou a eu un comportement anormal et
que cette anormalité a causé le dommage (Civ. 2e , 17 janvier 2019).

139
§2 : La responsabilité du fait des bâtiments en ruine

(1) Règle : 1244 CCiv : « le propriétaire d'un bâtiment est responsable du dommage causé par sa ruine, lorsqu'elle est
arrivée par une suite du défaut d'entretien ou par le vice de sa construction »

(2) Le propriétaire est seul responsable, même si la ruine apparaît due à la négligence d’une tiers.

(3) Il doit s’agir d’un bâtiment : toute construction en matériaux durables élevée par l’homme et fixée au sol (Civ 2e,
8 juin 1994), le bâtiment s’entend d’une construction quelconque incorporée au sol de façon durable (Civ. 2e, 19 octobre
2006).

(3) Le dommage doit provenir de la ruine de ce bâtiment : un simple mauvais fonctionnement ne suffit pas (Civ. 2e,
17 octobre 1990), il faut que la dégradation soit sérieuse (Civ. 2e, 2 février 2017) et que l’élément dégradé appartienne
au bâtiment. (4) La ruine doit être imputable à une vice de construction ou à un défaut d’entretien que la victime
doit prouver (Civ. 3e, 4 juin 1973). (5) Le propriétaire du bâtiment en ruine ne pourra s’exonérer que par la
démonstration de la cause étrangère.

§3 : La responsabilité du fait des incendies

Règle : 1242 al. 2 CCiv = « Toutefois, celui qui détient, à un titre quelconque, tout ou partie de l'immeuble ou des biens
mobiliers dans lesquels un incendie a pris naissance ne sera responsable, vis-à-vis des tiers, des dommages causés par
cet incendie que s'il est prouvé qu'il doit être attribué à sa faute ou à la faute des personnes dont il est responsable. »

(1) Nécessité d’un véritable incendie : combustion anormale et accidentelle (Civ. 2e, 11 janvier 1995 ; Civ 2e, 17
décembre 1970). (2) Interprétation restrictive des personnes dont est responsable le détenteur : les personnes dont
est responsable le détenteur sont uniquement celles dont il peut être responsable au titre des responsabilités du fait
d’autrui.

140
L’INDEMNISATION DES VICTIMES D’ACCIDENTS DE LA CIRCULATION

§1 : Etape 1 : Vérifier l’applicabilité de la loi du 5 juillet 1985

Majeure : Aux termes de l’article 1 et 2, la loi du 5 juillet 1985 s’applique aux victimes d’un accident de la circulation
(1) dans lequel est impliqué (2) un VTAM (3) et qui souhaitent agir en réparation en réparation de leur préjudice contre
le conducteur ou le gardien (4) du véhicule impliqué.

o Condition 1 : un VTAM

§ Définition L.211-1 CAssur : engin circulant sur le sol, muni d’une force motrice et au transport
des choses ou de personnes.

§ Inclus : quand bien même leur moteur serait au moment de l’accident à l’arrêt ou en panne
(Civ. 2e, 14 janvier 1987) – les automobiles, autobus, camions, vélomoteurs, tracteurs, engins
de chantiers, remorques, semi-remorque et même les tondeuses à gazon dès lors qu’elles sont
auto-portées (Civ ; 2e, 22 mai 2014).

• Une trottinette thermique, dotée d’un moteur à essence, était un véhicule terrestre à
moteur (Civ. 2e, 17 mars 2011).

• Doivent également être considérés comme des VTAM, les vélos et trottinettes à
propulsion électrique par opposition aux vélos et trottinettes à assistance électrique qui
ne le sont pas. Autrement dit, si le moteur peut être actionné en dehors de tout pédalage
(pour le vélo) ou en dehors de tout mouvement du pied (pour la trottinette), l'engin est
un VTAM.

• En revanche, si le moteur ne permet pas de faire avancer le véhicule de manière


autonome mais vient seulement amplifier le mouvement du pédalier ou du pied, le vélo
(CA Aix en Provence, 8 septembre 2016) ou la trottinette n’est pas un VTAM

§ Exclus : les vélos, avions, bateaux, chemins de fer, tramways car circulant sur des voies propres
(Civ. 2e, 19 mars 1997) sauf si sur des voies communes (Civ. 2e, 6 mai 1987).

141
o Condition 2 : Accident de la circulation

§ Condition 1 : accident - événement fortuit, imprévu. Il n’y a pas accident si le dommage est
la conséquence d’une action volontaire de l’auteur (Civ. 2e, 30 novembre 1994 ; Civ. 2e, 6
décembre 1991).

§ Condition 2 : circulation – dès lors que le dommage est lié à la fonction de déplacement du
véhicule, la loi est applicable ; s’il est étranger à cette fonction, la loi est écartée.

• Inclus :
1. Au moment de l’accident, le VTAM se déplaçait sur une voie publique ou
privée (Civ. 2e, 8 janvier 1992 ; Civ. 2e, 5 mars 1986 ; 18 mars 2004).

a. Exceptions :

i. concurrents d’une compétition sportive dans laquelle se


déplacent des VTAM (CIV. 2e, 28 février 1996) sauf si la
victime est un spectateur (Civ. 2E , 13 janvier 1988).

ii. Même chose pour les cascades (Civ ; 2E, 14 juin 2012).

iii. Accidents survenant entre des concurrents à l’entraînement


évoluant sur un circuit fermé exclusivement dédié à l’activité
sportive (Civ. 2e, 4 janvier 2006).

2. Au moment de l’accident, le véhicule était à l’arrêt ou en stationnement dans


un lieu public (Civ 2e, 22 novembre 1995).

3. Au moment de l’accident, le VTAM se trouvait dans un lieu privé destiné au


stationnement (Civ. 2e, 18 mars 2004 ; Civ.2e, 8 janvier 2009).

• Exclus : au moment de l’accident, le VTAM est immobile (condition 1) et, que seul
est à l’origine du dommage un élément d’équipement utilitaires étranger à la fonction
de déplacement du véhicule (condition 2) (Civ. 2e, 9 juin 1993).

142
o Condition 3 : L’implication du véhicule dans l’accident

§ Règle : l’absence de lien de causalité entre la faute d’un conducteur et le dommage subi par la
victime n’exclut pas que le véhicule puisse être impliqué dans l’accident, il suffit que le
véhicule ait pu jouer un rôle dans la survenance de l’accident.

• Existence d’un contact : tout contact avec le siège du dommage signifie implication
et cette présomption est irréfragable (Civ. 2e, 25 janvier 1995 ; Civ. 2e, 12 juin 1996).

• Pas de contact : C’est à la victime de rapporter la preuve de l’implication d’un véhicule


dans l’accident. (Civ. 2e, 28 mai 1986 ; Civ. 2e, 15 janvier 1997 ; 2 mars 2017). Le
VTAM doit être intervenu à quelque titre que ce soit dans la survenance de l’accident
Tel sera le cas si le VTAM, par sa présence ou son comportement – même normal – a
pu constituer une gêne susceptible d’avoir joué un rôle dans la survenance d’un
accident.

o pas de contact, mais le véhicule en mouvement roulait à une telle vitesse qu’il
a pu perturber le conducteur d’un autre véhicule ;
o le véhicule en stationnement peut être un obstacle à la visibilité ou à la
circulation et ainsi contribuer à la survenance de l’accident : il est impliqué.
o est impliquée la balayeuse municipale qui a projeté des gravillons devant le
domicile d’une personne qui en les balayant a glissé et s’est blessée (Cass. Civ.
2e, 24 avril 2003).

143
o Conditions 4 : l’action doit être engagé contre le conducteur ou le gardien du véhicule impliqué (article
2)

Etape 1 : Définir le conducteur et/ou le gardien

• Conducteur : celui qui était aux commandes du véhicule au moment où l’accident a commencé à se produire
(v. Civ. 2e, 1er juillet 2010 ; v. également : Crim., 3 mai 2017). Il importe peu que moteur ait été allumé, que
le conducteur soit en contact avec les commandes (Civ. 2e, 29 mars 2012) ou que celui-ci ait eu la volonté de
déplacer le véhicule (Civ. 2e, 28 mars 2013) – seul compte le fait d’être en position de commande (Civ. 2e, 23
mars 2017).

• Gardien : le propriétaire d’un véhicule est présumée en être le gardien (Civ, 2e, 19 juin 2003) sauf si la preuve
est apportée d’un transfert de la garde du véhicule à un tiers (Civ. 2e, 2 juillet 1997). Pour déterminer si la garde
a été transférée et en l’absence de définition de la garde par la loi du 5 juillet 1985, il faut se rapporter aux
critères traditionnels retenus par la Cour de cassation depuis l’arrêt Franck du 2 décembre 1941. Par cet arrêt,
la Cour de cassation a en effet jugé que le propriétaire n’est plus considéré comme gardien lorsqu’un tiers
dispose entre ses mains des pouvoirs de contrôle, d’usage et de direction de la chose. Le transfert de garde peut
résulter d’un acte involontaire (le vol dans l’arrêt Franck) ou volontaire, tel qu’un prêt (Ch. mixte, 26 mars
1971), sous réserve que le prêt ne soit pas fait pour un trajet déterminé relativement court et pour un temps
limité (Civ. 2e , 15 décembre 1986).

Etape 2 : Vérifier si les qualités sont réunies ou non sur la même tête

• Possibilité 1 : La victime est à la fois conductrice et gardien du véhicule

o Un autre véhicule que celui de la victime est impliqué dans l’accident = la victime peut agir contre le
conducteur et/ou le gardien de véhicule.

o Le conducteur victime d’un accident de la circulation ne peut invoquer la loi lorsque seul son véhicule
est impliqué dans l’accident. Il ne peut engager l’auteur que sur le droit commun de la responsabilité
(Civ. 2e, 19 novembre 1986).

§ On cause un dommage à nous même seul.


§ On subit un dommage d’un tiers qui n’est pas conducteur/gardien d’un VTAM.

o Même chose dans le cas où le gardien a été blessé par son propre véhicule dont il était conducteur,
véhicule seul impliqué dans l’accident (Civ. 2e, 13 juillet 2006

144
• Possibilité 2 : Les qualités de conducteur et de gardien ne sont pas réunies sur la même tête

o Lorsque les qualités de conducteur et de gardien ne sont pas réunies sur la même tête et qu’un seul
véhicule est impliqué, la loi s’applique. Ainsi, la victime gardienne au moment de l’accident, et non
conducteur du véhicule impliqué, peut invoquer la loi contre le conducteur (Civ. 2e, 3 octobre 1990).

§ Le conducteur pourra agir contre le gardien pour son préjudice.


§ Le gardien pourra agir contre le conducteur pour son préjudice.

o La victime qui lors de l’accident était conducteur mais non gardien du seul VTAM peut se prévaloir de
la loi contre le gardien (Civ. 2e, 2 juillet 1997)

o Cas particulier du préposé conducteur d’un véhicule : Civ. 2e, 28 mai 2009 : il dispose de la même
immunité que n’importe quel préposé qui paralyse l’action de la victime pour les dommages qu’il
pourrait causer l’exercice de la mission qui lui est confiée SAUF :
§ Il a agi sans autorisation à des fins étrangères à ses attributions.
§ Il a commis une infraction pénale intentionnelle constaté par un tribunal.
§ Il a commis une faute civile intentionnelle.

145
§2 : Etape 2 : vérifier les conditions d’applications de la loi du 5 juillet 1985

Majeure : Les quatre conditions étant réunies, la loi du 5 juillet 1985 est applicable. Il reste dès lors à vérifier que sont
remplies les deux conditions nécessaires à la mise en jeu de la responsabilité : l’existence d’un dommage (1) qui doit
pouvoir être imputé à l’accident (2).

o Condition 1 : un dommage [N.B = la loi s’applique à toutes les victimes d’accidents de la circulation :
piétons, cycliste, passagers dans une voiture ou encore conducteur du véhicule victime de l’accident
mais aussi les tiers qui subissent un préjudice du fait du dommage causé à ces victimes initiales (article
6)].

o Condition 2 : le dommage doit avoir été causé par l’accident

• Principe : présomption simple de causalité entre le dommage et l’accident dans toutes les
hypothèses où le dommage est contemporain de l’accident ou se manifeste dans un temps voisin
(Civ. 2e, 16 octobre 1991 ; Civ. 2e, 19 février 1997)

• Exceptions :
1. Le dommage intervient après l’écoulement d’un certain temps depuis l’accident (Civ.
2e, 24 janvier 1996)
2. Le dommage n’apparaît pas comme la conséquence normalement prévisible de
l’accident (Civ. 2e, 24 janvier 1996).

• Le cas particulier de la collision en chaîne :

o Définition : accident unique dans lequel se trouvent impliqués tous les VTAM
intervenus à quelque titre que ce soit dans une des séquences et auquel se rattachent
toutes les conséquences dommageables envers la victime (Civ. 2e, 24 juin 1998).

o Règle : La victime peut demander à n’importe conducteur ou gardien la


réparation du dommage. Toutefois, le dommage ne sera pas imputé au véhicule du
défendeur si ce dernier prouve que son véhicule est intervenue après la survenance de
ce dommage (Civ. 2e, 19 février 1997).

§ La qualité de conducteur au début de l’accident complexe se maintient.

146
§3 : Etape 3 : Vérifier les hypothèses d’exonération

• Possibilité 1 : cas de force majeure ou fait d’un tiers

o Principe : article 2 = interdiction au conducteur ou gardien du VTAM de s’exonérer par la preuve d’un
cas de force majeur ou par le fait du tiers.

o Exception [fait d’un tiers] : article 5 al. 2 = lorsque le conducteur n’était pas le propriétaire, la faute
du conducteur peut être opposée au propriétaire par un autre conducteur pour l’indemnisation des
dommages causés à son véhicule, sauf à ce que ce dernier exerce un recours contre le conducteur de
son véhicule sur le fondement du droit commun.

• Possibilité 2 : La faute de la victime principale

o Cas 1 : En cas d’atteinte à la personne

§ Possibilité 1 : Les victimes non conductrices – article 3


• Principe : le responsable ne peut s’exonérer de sa responsabilité que s’il établit que la
victime a commis une faute inexcusable, cause exclusive de l’accident (1), soit
qu’elle a volontairement recherché le dommage (2).

o Sous-possibilité 1 : La victime a volontairement recherché le dommage qu’elle


a subi.
§ En cas de de suicide de la victime (Civ. 2e, 24 février 1988).

§ En cas de comportement suicidaire (Civ. 2e, 31 mai 2000).

147
o Sous-possibilité 2 :

o Principe : La victime a commis

1. Condition 1 : une faute inexcusable - faute volontaire


d’une exceptionnelle gravité exposant sans raison valable
son auteur à un danger dont il aurait dû avoir conscience
(Civ. 2e, 20 juillet 1987 ; AP, 10 novembre 1995).

• Oui
o Traversée brutale d’autoroute (Civ. 2e, 15
juin 1988)
o Personne s’allongeant volontairement sur
voie de circulation fréquentée, en état
d’ébriété, de nuit, et en lieu dépourvu
d’éclairage public (Civ. 2e, 28 mars
2013).

• Non
o fait pour un cycliste de tourner
brutalement à gauche, sans précaution,
quand une voiture arrive et s’apprête à le
dépasser (Civ. 2e, 17 février 1988).
o Franchir, en connaissant le caractère
dangereux des lieux, à vive allure, une
intersection de route où la visibilité est
réduire (Civ. 2e, 27 novembre 1991).

2. Condition 2 : la cause exclusive de l’accident - Il est


nécessaire qu’il n’y aucune autre cause, telle que la faute
du défendeur dans la cause de l’accident.

o Limite : la victime qui en est l’auteur a -16 ans ou +70 ans au


moment de l’accident, ou si elle était titulaire d’un titre lui
reconnaissant un taux d’incapacité permanent ou d’invalidité au
moins égal à 80%.

148
§ Possibilité 2 : Les victimes conductrices

Etape préalable : nécessité d’un conducteur.

• Principe article 4 : la faute de la victime conducteur de VTAM limite ou exclut


l’indemnisation des dommages uniquement si elle en relation causale avec le
dommage (Civ. 2e, 7 février 1990)

§ Exemple - pas de rôle causal : alcoolémie du conducteur victime, A.P., 6 avril


2007 ; absence de permis, Crim., 27 novembre 2007.

• Exception : le conducteur victime a commis un faute en relation causale avec le


dommage : ce sont les juges du fond qui ont un pouvoir souverain pour apprécier si la
faute de la victime, selon sa gravité, doit exclure ou limiter l’indemnisation (Civ. 2e,
22 novembre 2012).

o CAS 2 : en cas d’atteinte aux biens

§ article 5 al. 1 = la faute de la victime, quelle que soit cette victime, a pour effet de limiter ou
d’exclure le droit à réparation. La question de l’étendue de l’exonération relève du pouvoir
souverain des juges du fond (Civ. 2e, 28 janvier 1998).

• N.B = La faute n’est pas défini par la loi du 5 juillet 1985, de sorte qu’elle doit sans
doute être apprécie conformément aux critères usuels de la faute. Le responsable doit
donc établir que la victime n’a pas eu le comportement d’une personne raisonnable
(Civ. 2e, 28 février 1996) ou qu’elle a violé une prescription légale (Civ. 3, 22 mai
1997).

• Possibilité 3 : [dommage corporel] La faute de la victime par ricochet – article 6 = le défendeur peut opposer
à la victime par ricochet la faute de la victime initiale dans la mesure seulement où cette faute pouvait être
opposée à cette victime initiale (Civ. 2e, 4 novembre 1987).

Ø Le conducteur qui a commis une faute peut se voir opposer une faute de nature à limiter
l’indemnisation de l’ensemble des préjudices qu’il a subis directement ou par ricochet (Crim. 5 mai
2015).

149
L’INDEMNISATION DES VICTIMES D’UN PRODUIT DEFECTUEUX

Majeure : Au terme de l’article 1245 CCiv, le producteur est responsable du dommage causé par un défaut de son
produit, qu'il soit ou non lié par un contrat avec la victime. Il faut donc vérifier que la situation, en l’espèce, relève du
champ d’application du texte (§1), avant d’envisager la condition de son application (§2).

§1 : Etape 1 : Vérifier l’applicabilité de 1245 CCiv

Majeure : l’applicabilité de la loi est déterminé par le produit (1) mis en circulation (2), le défaut du produit (3), les
dommages (4) et les personnes désignées comme responsables (5).

Conditions

Condition 1 : un produit - 1245-2 CCiv : tous les produits mobiliers, même incorporés à un immeuble, et sans
distinction entre les produits agricoles, industrielles, les produits finis ou composites, et même les produits du corps
humain.

Condition 2 : un produit mis en circulation - 1245-4 CCiv = Un produit est mis en circulation lorsque le producteur
s'en est dessaisi volontairement - équivaut à la mise sur le marché, à la commercialisation mais pas la date d’autorisation
de mise sur le marché (CJUE, 9 février 2006 ; Civ. 1re 24 janvier 2006). Il en résulte, notamment, que dans le cas de
produits fabriqués en série, il y aura autant de mises en circulation de commercialisation de lots de produits (Civ. 1re,
24 janvier 2006).

150
Condition 3 : un produit défectueux 1245-3 CCiv : aux termes de l’article 1245-3 du Code civil, est défectueux le
produit qui n’offre pas la sécurité [respect de l’intégrité physique des personnes et de l’intégrité matérielle des biens ]à
laquelle on peut légitimement s’attendre. Ainsi, le défaut du produit doit être déterminé par une comparaison entre la
sécurité attendue du produit et la sécurité effectivement offerte. Pour ce faire, l’article 1245-3 précise qu’il faut tenir
compte de toutes les circonstances et, notamment, de la présentation du produit, de l’usage qui peut en être
raisonnablement attendu et du moment de sa mise en circulation

§ Principe

1. Possibilité 1 - La présentation du produit : insuffisance des informations et mises en garde relatives à


l’utilisation d’un béton (Civ. 1re, 7 novembre 2006) ; absence, sur le conditionnement, de mentions
restreignant l’usage d’un médicament vétérinaire (Civ. 1re, 21 juin 2005) ; le fabricant de produits de santé
a l’obligation d’informer le patient alors même que le produit être administré par un médecin sur qui pèse
une obligation d’information (Civ. 1re, 22 novembre 2007).

2. Possibilité 2 - L’usage qui peut être raisonnablement attendu produit et le moment de sa mise en
circulation : en matière de produits de santé, si au regard d’un bilan bénéfices/risques, les risques encourus
(même correctement signalés) sont excessifs par rapport au bénéfice attendu, on peut considérer que le
produit ne présente pas la sécurité à laquelle on peut légitimement s’attendre (Civ. 1re, 25 janvier 2006).

§ Exceptions :

1. 1245-3 al. 1 CCiv : Un produit ne peut être considéré comme défectueux par le seul fait qu'un autre,
plus perfectionné, a été mis postérieurement en circulation.

2. S’il contient des principes actifs dangereux (Civ. 1re, 5 avril 2005).

3. En revanche, lorsque le produit n’a pas encore manifesté de défaillance mais présente un risque de
dysfonctionnement, il doit être considéré comme présentant un défaut si est rapportée la dangerosité
anormale du produit, étant entendu que la dangerosité anormale doit sans doute être appréciée par
rapport à des produits similaires ou comparables (CJUE, 5 mars 2015).

151
Conditions 4 : un responsable

o Principe : 1245-5 CCiv : Est producteur, lorsqu'il agit à titre professionnel, le fabricant d'un produit fini, le
producteur d'une matière première [agriculteurs, les pêcheurs, les entreprises de gaz et d'électricité] le fabricant
d'une partie composante [tous les participants au processus de fabrication qu'il s'agisse du fabricant du produit
fini ou d'une partie composante de ce produit]. Assimilation d’une personne agissant à titre professionnel :

• celle qui appose sa marque, son nom ou tout autre signe distinctif sur le produit. Pratiquement ce cas de
figure correspond aux distributeurs qui vendent sous leur propre marque des produits qu'ils n'ont pas
fabriqué.
• celle qui a importé le produit sur le territoire de l'Union européenne en vue d'une vente, d'une location
ou autre forme de distribution.

o Exceptions :
1. 1245-6 CCiv = Le fournisseur (comme un supermarché), ne pourra voir sa responsabilité
recherchée qu’à la double condition que le producteur demeure inconnu et que le fournisseur
n’indique pas dans un délai de trois mois – à compter de la demande de la victime - son propre
fournisseur ou le producteur.

2. 1245-7 CCiv : si le dommage est causé par le défaut d’un produit incorporé dans un autre, le
producteur de la partie composant et celui qui a réalisé l’incorporation sont solidairement
responsables. S’agissant de la contribution à la dette, c’est le droit commun qu’il convient
d’appliquer (Civ. 1re, 26 novembre 2014).

Condition 5 : un dommage réparable

o Principe : 1245-1 CCiv = les dommages réparables sont les dommages aux biens et aux personnes de toute
nature.

o Exceptions :
1. Les dommages causés aux produits défectueux eux-mêmes (Civ. 2e, 2 juillet 2015) qui relèvent du droit
commun et le plus souvent de la garantie des vices cachés (1641 et s. CCiv).

2. 1245-1 CCiv : La réparation des dommages matériels n’est cependant possible que s’ils excèdent un
montant fixé par décret, actuellement fixé à 500 euros (art. 1245-1 du Code civil et décret n°2005-113
du 11 février 2005 modifié par le décret n°2016-1278 du 29 septembre 2016.

152
§2 : Etape 2 : vérifier l’application de la loi du 19 mai 1998

Condition 1 : un lien de causalité

o Principe : le législateur n’ayant pas donné d’indications sur la conception à retenir, il convient de se
tourner vers le droit commun de la responsabilité civile. En matière de responsabilité objective, il
semble que la jurisprudence retienne plutôt la théorie de la causalité adéquate.

o Exceptions : en matière de vaccination contre l’hépatite B et la sclérose en plaques

o La CCass a censuré des arrêts qui pour nier la causalité juridique en matière de vaccinations
(obligatoires ou non), s’étaient contentés de relever l’absence de preuve scientifique
certaine d’une causalité générale entre la vaccination et la maladie (Civ. 1re, 22 mai 2008).

o Seul importe l’analyse des éléments de preuves propres à l’espèce. Le juge doit forger sa
conviction à partir de présomptions graves, précises et concordantes de fait fournies par les
parties.

153
§3 : Etape 3 : vérifier les causes d’exonérations

Principe - 1245-10 CCiv = le producteur est responsable de plein droit à moins qu’il ne rapporte une cause
d’exonération.

o Possibilité 1 : Causes d’exonération de droit commun

1. 1245-14 CCiv = les clauses limitatives de responsabilité sont interdites sauf entre professionnels.

2. 1245-13 CCiv = le fait du tiers n’est pas une cause d’exonération de la responsabilité du producteur
dans la cas où le dommage a été causé cumulativement par le défaut du produit et le fait du tiers.

3. 1245-12 CCiv = La responsabilité du producteur peut être réduite ou supprimée, compte tenu de
toutes les circonstances, lorsque le dommage est causé conjointement par un défaut du produit et
par la faute de la victime ou d'une personne dont la victime est responsable.

4. La force majeure n’est pas cité, mais il est logique de penser que c’est une cause d’exonération

o Possibilité 2 : 1245-10 CCiv - Causes d’exonérations spécifiques.

§ Le risque de développement

• Principe : Le producteur doit établir que l’état des connaissances scientifiques et


techniques, au moment où il a mis le produit en circulation, n’a pas permis de déceler
l’existence du défaut. Ce défaut de connaissance s’apprécie objectivement, en tenant
compte du niveau le plus avancé des savoir, indépendamment du secteur concerné (CJCE,
29 mai 1997).

• Exception : 1245-11 CCiv = cette cause est écartée lorsque le dommage a été causé par un
élément du corps humain ou par les produits issus de celui-ci, exception qui vise notamment
l’hypothèse du SIDA d’origine transfusionnelle.

154
§4 : Etape 4 : vérifier la prescription

ü Délai 1 :1245-16 CCiv = délai de prescription de l’action en réparation de 3 ans à compter de la date à laquelle
le demandeur a eu ou aurait dû avoir connaissance du dommage, du défaut et de l’identité du producteur. Ce
délai est susceptible d’interruption et de suspension selon les règles du droit commun.

ü Délai 2 : 1245-15 CCiv = sauf faute du producteur, la responsabilité de celui-ci est éteinte 10 ans après sa mise
en circulation du produit à moins que durant cette période, la victime n’ai engagé un action en justice.

Articulation avec le droit commun

Règle : 1245-17 CCiv = les articles 1245 et s. CCiv ne portent pas atteinte aux droits dont la victime d’un dommage
peut se prévaloir au titre du droit de la responsabilité contractuelle et extracontractuelle.

Ø On ne peut se placer que la sur le terrain de la responsabilité contractuelle et délictuelle pour faute ou des vices
cachés, à l’exclusion de la responsabilité du fait des choses et de la responsabilité contractuelle lorsque
l’obligation violée était de sécurité de résultat (3 décisions de la CJCE du 25 avril 2002).

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