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Définition
- La procédure civile c’est l’ensemble des règles organisant le recours au juge pour obtenir la résolution des conflits nés dans la
société civile.
Partie I : L’action en justice :
- Le pouvoir légal donné à une personne de s’adresser à la justice afin d’obtenir la sanction de son droit.
Chapitre préliminaire : précisions et distinctions :
• Facultatif : l’exercice du pouvoir légal que constitue l’action est laissé à la liberté d’appréciation de celui auquel elle
appartient et sans qu’il y ait pour cette dernière obligation de l’exercer.
• Libre : même en cas de rejet de sa prétention, total ou partiel, l’exercice de l’action en justice par un justiciable ne saurait
constituer une faute de nature à engager sa responsabilité civile personnelle.
• Distinction entre l’action en justice et la demande : l’action étant un pouvoir légal alors que la demande est l’acte de
procédure par lequel ce pouvoir est activé.
- Lorsque le justiciable saisit la justice, il soumet à l’appréciation du juge une prétention, celle-ci s’insère dans un acte de
procédure dont elle constitue l’objet, cet acte qui la matérialise est soumis au juge : il est appelé « demande en justice ».
- Cette demande appelée « demande d’introductive d’instance » ou « demande initiale » peut prendre une forme d’un écrit
ou juste une déclaration verbale au greffe de la juridiction. Elle produit des effets importants qui sont liés du fait qu’elle
déclenche le procès.
Chapitre I : les conditions de recevabilité de l’action :
L’article premier du code de la procédure civile exige 3 conditions pour que l’action soit recevable, à savoir :
➢ L’intérêt : avantage pécuniaire ou moral que l’on peut retirer d’une action en justice.
- L’intérêt doit être légitime et juridiquement protégé : il ne doit pas être contraire ni à la loi, ni à l’ordre public ou aux bonnes
mœurs, sinon, est considéré illégitime tout intérêt contraire aux éléments sus -cités.
- Ainsi, l’intérêt doit être fondé sur un droit ou tendre à la défense d’un droit, ce qui implique de ne pas d’agir en justice en
invoquant un intérêt en dehors de toute disposition légale.
- L’intérêt doit être direct et personnel : il doit être directement lié à la personne qui l’invoque, le groupement ne peut agir au
nom des intérêts individuels ou collectifs des personnes qu’ils encadrent lorsque celles-ci subissent un dommage comme l’art
404 du code du travail.
- En effet, ce droit est refusé, sauf s’il est prévu dans les règlements ou les statuts.
- L’intérêt doit être né et actuel : le juge doit trancher uniquement les litiges nés.
- L’intérêt éventuel (celui qui n’est pas encore né et qui risque de se réaliser dans le futur) et l’intérêt passé (celui qui s’éteint
avant l’exercice de l’action) sont écartés et ne peuvent servir de fondement à une action en justice.
➢ La qualité : le titre qui autorise une personne à exercer en justice le droit qu’elle veut faire reconnaitre ou
sanctionner, celui qui exerce une action doit justifier qu’il est lié par un rapport du droit avec celui qu’il poursuit.
- Seuls qui ont la qualité pour agir en justice : le titulaire du droit litigieux lui-même et ses héritiers ou successeurs à titre
universel saisis. Le mineur et l’interdit sont représentés par le tuteur, l’autorisation du juge des tutelles est nécessaire pour le
tuteur d’un mineur puisse introduire une action, pour les personnes morales du droit public, elles sont désignées
expressément par la loi à travers leurs représentants, par exc. le premier ministre représente l’Etat.
- Pour les personnes morales du droit privé : le pouvoir d’exercer une action appartient à l’organe ou la personne désignée
légalement ou statutairement.
- Les mandataires conventionnels : les individus selon la loi ont la liberté totale de choisir leurs mandataires quand il s’agit
d’accomplir des actes juridiques sous multiples restrictions en matière de la représentation.
- «Nul ne plaide par procureur » : le nom du titulaire du droit d’agir qui doit apparaitre comme partie et non son représentant
(avocat).
➢ La capacité : l’action doit être intentée par une personne capable d’agir en justice, en principe, toute personne physique
ou morale, dotée de la personnalité jouit de cette capacité, pourtant, il existe plusieurs exceptions :
- Pour les personnes physiques : certaines ne peuvent agir en justice elles-mêmes et doivent donc être représentées par des
mandataires légaux, par exemple les mineurs.
- Pour les personnes morales : elles sont généralement frappées d’une double incapacité : d’une part, elles sont représentées
par une personne physique et d’autre part, celle-ci doit être autorisée.
PROCÉDURE CIVILE SAHLI FATIHA
- Sanction de l’absence des conditions de recevabilité : En vertu de l’art 1 dans ses alinéas 2 et 3, il impose au juge l’obligation
en même temps qu’il lui donne le droit de relever d’office tout défaut d’une condition d’exercice de l’action.
Que ce soit d’office, ou à la demande de l’autre partie le juge qui constate le défaut d’une condition d’exercice de l’action, doit
mettre la partie concernée en demeure de régulariser sa situation dans un délai qu’il fixe.
La mise en demeure est obligatoire pour le juge sans la pratiquer, il doit déclarer l’action irrecevable.
La Mise en demeure doit comporter 3 éléments :
- L’indication de la condition qui fait défaut.
- L’invitation à régulariser la situation.
- La fixation d’un délai pour accomplir cette régularisation.
Lorsque la mise en demeure a été régulièrement faite, 2 cas de figure peuvent se présenter :
1- La partie concernée régularise sa situation dans le délai fixé par le juge et alors l’action est considérée valablement engagée.
2- Le juge déclare l’action irrecevable si la régularisation n’intervient pas dans le délai fixé.
Chapitre II : la classification des actions :
Les actions sont classées en :
➢ Action personnelle : celle par laquelle s’exerce un droit d’obligation personnel, l’action de réclamation d’une créance par
exemple.
➢ Action réelle : celle par laquelle s’exerce un droit réel et un droit personnel nés du même acte juridique.
➢ Action Mixte : il n’existe pas du droit mixte correspondant à l’action mixte, pourtant, un acte juridique peut donner
naissance à un droit personnel et un droit réel au même temps.
- Exemple : Un contrat de vente d’un immeuble conférant à l’acheteur un droit réel (droit de propriété) et un droit personnel
(droit de créance en livraison).
• La compétence : l’action personnelle est portée devant le tribunal du défendeur, si l’action réelle est immobilière, la
compétence revient au tribunal de la situation des biens litigieux, si l’action mixte, cela revient au choix du demandeur
selon l’article 28 du CPC.
• La procédure : l’action personnelle s’exerce contre la personne qui s’est obligée et l’action réelle s’exerce contre toute
personne qui se trouve être détenteur du bien litigieux.
➢ Les actions mobilières et les actions immobilières : Le dahir du 2 juin 1915 comprend d’une liste exhaustive des biens
immobiliers, tout ce qui n’est pas dans cette liste est réputé mobilier.
• L’action mobilière : qui a pour objet de procureur un meuble (action en recouvrement de la créance)
• L’action immobilière : celle qui a pour objet de procurer un immeuble (l’action en revendication d’un immeuble).
➢ Les actions pétitoires et les actions possessoires :
• L’action pétitoire : elle tend à protéger le droit de la propriété immobilière lui-même ou les autres droits réels
immobiliers (usufruit, servitudes), Elle est donnée au propriétaire ou au titulaire du droit réel méconnu ou violé, c’est
l’action qui porte sur le fond du droit.
• L’action possessoire : elle tend à protéger la possession de ces mêmes droits, elle est à la disposition du possesseur
d’un fond ou de droits réels immobiliers pour lui permettre de faire cesser le trouble qui est apporté à sa possession.
- Les types de l’action possessoire :
✓ La complainte : son objet est de faire cesser un trouble grave et actuel de la possession.
✓ La dénonciation de nouvel œuvre : une action préventive tendant à faire cesser des travaux dont l’achèvement
constitueraient un trouble à la possession.
✓ La réintégrande : elle permet à la victime d’une voie de fait, d’agir en justice pour récupérer la jouissance de la chose
perdue.
✓ La voie de fait : une action de l’administration matériellement et illégalement une atteinte grave à une liberté
fondamentale à un droit de propriété.
Chapitre III : la matérialisation du droit à l’action : les demandes en justice :
- Le premier acte du procès est constitué par la présentation au greffe de la juridiction de la demande en justice qui permettra
au juge d’apprécier les prétentions des parties afin statuer sur le bien-fondé de la demande.
PROCÉDURE CIVILE SAHLI FATIHA
➢ La demande principale : la demande par laquelle un justiciable prend l’initiative d’une procédure en soumettant au juge
ses prétentions. La demande peut prendre la forme d’une requête ou une déclaration orale du demandeur comparaissant
en personne dont PV est dressé par le greffe du tribunal.
- L’introduction de la demande en justice entraine un certain nombre de conséquences en déterminant le champ du litige, la
juridiction saisie doit statuer dans les limites des questions du droit qui lui sont posées.
- Elle entraine l’obligation pour le juge de statuer, sinon il sera poursuivi sous peine de déni de justice, ainsi, elle entraine
l’interruption de la prescription, les délais de prescription qui courent sont interrompus jusqu’à ce que le jusqu’à ce que le
juge statue.
➢ Les demandes incidentes : toute demande intervenant au cours d’un procès déjà né dite incidente, ses types :
• La demande additionnelle : la demande par laquelle une des parties modifie ses prétentions antérieures elle permet à
une partie de préciser les termes d’une demande initiale en la complétant.
• La demande reconventionnelle : la demande par laquelle le défendeur originaire prétend obtenir un avantage autre
que le simple rejet de la prétention de son adversaire.
- La présentation de cette demande transforme le défendeur à un demandeur partiellement : demandeur à la reconvention
alors que le demandeur initial devienne le défendeur à la reconvention.
➢ La demande en intervention : la demande qui permet à un tiers de faire son entrée dans une instance déjà engagée entre
des parties et à laquelle il était étranger, elle aura pour conséquence d’introduire une nouvelle partie au litige en cours,
elle peut se produire selon 2 cas de figure :
• L’intervention volontaire : le souhait d’une personne jusqu’alors non impliquée dans l’instance, de figurer désormais
se rattacher à l’instance principale par un lien suffisant. 2 cas de figures sont possibles :
1 – le tiers décide d’élever une prétention contre ou toutes les parties à l’instance, donc l’intervention volontaire est
qualifiée de principale puisque le tiers entend d’opposer sa prétention aux parties originaires à l’instance, elle est
recevable lorsque son auteur a le droit d’agir relativement à cette prétention.
2-Le tiers décide d’appuyer d’une des parties à l’instance, elle est accessoire, l’intervention du tiers doit être motivée par
la volonté de conserver ses droits.
• L’intervention forcée : une partie au litige contraint un tiers à se mêler à une instance déjà entamée afin que ce
dernier devienne une partie au litige.
La recevabilité des demandes en intervention est soumise aux mêmes conditions que les autres.
- Le défendeur dispose 3 moyens de défense :
✓ La défense au fond : Le défendeur essaie de combattre les arguments de son adversaire en essayant de prouver que les
prétentions de celui-ci ne sont pas fondées, les défenses au fond peuvent être présentées à tout moment de la procédure
(y compris en appel et en cassation), si elles sont accueillies par le juge permettant de mette un terme définitif au litige, la
décision rendue aura l’autorité de la force jugée.
✓ Les exceptions de procédure : elles doivent être présentées simultanément et avant tout examen au fond sous peine
d’irrecevabilité, elles mettent un terme provisoire au litige, elle prend plusieurs formes :
▪ Une exception d’incompétence : le tribunal saisi n’est pas compétent territorialement.
▪ Une exception de litispendance : les deux tribunaux ont simultanément saisi d’un même litige pour lequel ils sont les
deux compétents.
▪ Une exception de connexité : lorsque deux litiges portés devant d’eux tribunaux différents présentent un lien étroit.
▪ Une exception de nullité : le défendeur demande la nullité même des actes litigieux ou l’action du demandeur pour une
irrégularité ou un manquement dans les règles et les formalités procédurales.
✓ Les fins de non-recevoir : tout moyen qui tend à faire déclarer l’adversaire irrecevable en sa demande, sans examen au
fond pour défaut de droit d’agir tel par exemple : le défaut de qualité ou si litige a déjà reçu un jugement ayant acquis
l’autorité de la chose jugée.
- Ce moyen vise à la constatation par le juge de l’absence ou de la disparition du droit d’action, par exemple : le demandeur qui
n’a pas qualité pour agir en justice.
- Les fins de non-recevoir doivent être présentées avant tout examen au fond, ce moyen de défense a pour effet que la
demande de l’adversaire est déclarée irrecevable avec autorité de la chose jugée.
PROCÉDURE CIVILE SAHLI FATIHA
2- L’opposition :
- Elle permet à la partie défaillante d’attaquer le jugement rendu par défaut, le délai pour déclencher l’opposition c’est 10 J, les
arrêts de la CA sont susceptibles d’opposition dans le même délai si les arrêts sont rendus par défaut.
Section II : les voies de recours extraordinaires :
- Elles ne suspendent pas l’exécution de la décision attaquée, ouvertes dans des cas limitativement énumérés par la loi.
a- Le pourvoi en cassation : tend à faire censurer par la cour de cassation la non-conformité du jugement qu’il attaque aux règles
de droit, la CC est une juridiction du droit du fait qu’elle ne statue pas sur les faits litigieux, le pourvoi en cassation n’a pas d’effet
suspensif de l’exécution. Le délai pour saisir la CC c’est 30 J.
b- La tierce opposition : tend à faire rétracter ou réformer un jugement au profit d’un tiers qui l’attaque.
L’exécution d’une décision modifie la situation juridique de la partie concernée et le tiers qui entretient des relations juridiques
avec cette partie peut voir ses intérêts lésés puisque le jugement lui est opposable.
c- La rétractation : le recours en rétractation tend à faire retarder un jugement passé en force de chose jugée pour qu’il soit à
nouveau statué en fait et en droit.
Elle est ouverte pour l’une des causes prévues au 2ème alinéa de l’article 402 du CPC.
Chapitre IV : les voies d’exécution :
- Si le débiteur s’abstient à exécuter la décision rendue, la loi prévoit des procédures permettant d’aboutir à l’exécution forcée
au moyen des voies d’exécution.
- Pour que l’exécution soit possible, il faut d’abord que le jugement soit notifié en vertu de l’article 433 du CPC.
- Les saisies sont en nombre de 5 :
1- Les saisies mobilières et immobilières : elles sont divisées en 2 parties :
A- Les saisies conservatoires (art 452 à 458) : il s’agit d’une mesure ordonnée par le juge saisi, dans le cadre de
l’ordonnance sur requête, et exécutoire sans délai.
- Si la saisie conservatoire porte sur des biens meubles :
• Les biens meubles entre les mains du poursuivi : l’agent chargé d’exécuter la saisie procède à leur description et
énumération dans un PV dument établi.
• Les biens meubles entre les mains du tiers : l’agent chargé de l’exécution notifie à ce tiers ledit ordonnance.
- Si la saisie porte sur un bien immeuble qui se trouve entre les mains du poursuivi et si ce bien est immatriculé ou encours
d’immatriculation, la décision ordonnant la saisie peut-être, à la diligence de son bénéficiaire déposée à la conservation
foncière en vue de son inscription sur le bien foncier.
B- La saisie-exécution (art 459 à 487) :Une procédure par laquelle un créancier, muni d’un titre exécutoire, fait placer
sous-main de justice des biens appartenant à son débiteur et en poursuit la vente pour se payer sur le prix.
- L’art 469 : la vente forcée d’un immeuble ne peut intervenir que lorsque la vente de biens mobiliers n’a pas suffi à combler la
créance, cette règle ne vaut pas pour les créanciers détenteurs d’une sureté réelle.
2- La saisie-arrêt : il s’agit pour un créancier, de saisir-arrêter entre les mains d’un tiers, les sommes et les effets appartenant à
son débiteur. Cette saisie peut être pratiquée avant, après ou en même temps qu’une saisie conservatoire ou une saisie
exécution.
3- La saisie-gagerie : c’est une espèce particulière de saisie-conservatoire, elle vise à garantir le paiement des loyers ou fermages
échus. C’est une saisie conservatoire mobilière organisée dans l’intérêt du bailleur d’immeuble en vue de lui assurer la
conservation des meubles affectés par privilège au paiement du loyer.
4- La saisie revendication : elle permet de mettre entre les mains de la justice une chose mobilière détenue par un tiers, afin
d’éviter sa dissipation, elle est exercée par le propriétaire de l’objet ou le créancier gagiste.
5- La distribution des deniers : la procédure vise à distribuer les sommes ou derniers saisis ou les sommes, obtenues après la
vente des biens meubles ou immeubles appartenant au débiteur entre les créanciers qui se sont manifestés.