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PROCÉDURE CIVILE SAHLI FATIHA

Définition
- La procédure civile c’est l’ensemble des règles organisant le recours au juge pour obtenir la résolution des conflits nés dans la
société civile.
Partie I : L’action en justice :
- Le pouvoir légal donné à une personne de s’adresser à la justice afin d’obtenir la sanction de son droit.
Chapitre préliminaire : précisions et distinctions :
• Facultatif : l’exercice du pouvoir légal que constitue l’action est laissé à la liberté d’appréciation de celui auquel elle
appartient et sans qu’il y ait pour cette dernière obligation de l’exercer.
• Libre : même en cas de rejet de sa prétention, total ou partiel, l’exercice de l’action en justice par un justiciable ne saurait
constituer une faute de nature à engager sa responsabilité civile personnelle.
• Distinction entre l’action en justice et la demande : l’action étant un pouvoir légal alors que la demande est l’acte de
procédure par lequel ce pouvoir est activé.
- Lorsque le justiciable saisit la justice, il soumet à l’appréciation du juge une prétention, celle-ci s’insère dans un acte de
procédure dont elle constitue l’objet, cet acte qui la matérialise est soumis au juge : il est appelé « demande en justice ».
- Cette demande appelée « demande d’introductive d’instance » ou « demande initiale » peut prendre une forme d’un écrit
ou juste une déclaration verbale au greffe de la juridiction. Elle produit des effets importants qui sont liés du fait qu’elle
déclenche le procès.
Chapitre I : les conditions de recevabilité de l’action :
L’article premier du code de la procédure civile exige 3 conditions pour que l’action soit recevable, à savoir :
➢ L’intérêt : avantage pécuniaire ou moral que l’on peut retirer d’une action en justice.
- L’intérêt doit être légitime et juridiquement protégé : il ne doit pas être contraire ni à la loi, ni à l’ordre public ou aux bonnes
mœurs, sinon, est considéré illégitime tout intérêt contraire aux éléments sus -cités.
- Ainsi, l’intérêt doit être fondé sur un droit ou tendre à la défense d’un droit, ce qui implique de ne pas d’agir en justice en
invoquant un intérêt en dehors de toute disposition légale.
- L’intérêt doit être direct et personnel : il doit être directement lié à la personne qui l’invoque, le groupement ne peut agir au
nom des intérêts individuels ou collectifs des personnes qu’ils encadrent lorsque celles-ci subissent un dommage comme l’art
404 du code du travail.
- En effet, ce droit est refusé, sauf s’il est prévu dans les règlements ou les statuts.
- L’intérêt doit être né et actuel : le juge doit trancher uniquement les litiges nés.
- L’intérêt éventuel (celui qui n’est pas encore né et qui risque de se réaliser dans le futur) et l’intérêt passé (celui qui s’éteint
avant l’exercice de l’action) sont écartés et ne peuvent servir de fondement à une action en justice.
➢ La qualité : le titre qui autorise une personne à exercer en justice le droit qu’elle veut faire reconnaitre ou
sanctionner, celui qui exerce une action doit justifier qu’il est lié par un rapport du droit avec celui qu’il poursuit.
- Seuls qui ont la qualité pour agir en justice : le titulaire du droit litigieux lui-même et ses héritiers ou successeurs à titre
universel saisis. Le mineur et l’interdit sont représentés par le tuteur, l’autorisation du juge des tutelles est nécessaire pour le
tuteur d’un mineur puisse introduire une action, pour les personnes morales du droit public, elles sont désignées
expressément par la loi à travers leurs représentants, par exc. le premier ministre représente l’Etat.
- Pour les personnes morales du droit privé : le pouvoir d’exercer une action appartient à l’organe ou la personne désignée
légalement ou statutairement.
- Les mandataires conventionnels : les individus selon la loi ont la liberté totale de choisir leurs mandataires quand il s’agit
d’accomplir des actes juridiques sous multiples restrictions en matière de la représentation.
- «Nul ne plaide par procureur » : le nom du titulaire du droit d’agir qui doit apparaitre comme partie et non son représentant
(avocat).
➢ La capacité : l’action doit être intentée par une personne capable d’agir en justice, en principe, toute personne physique
ou morale, dotée de la personnalité jouit de cette capacité, pourtant, il existe plusieurs exceptions :
- Pour les personnes physiques : certaines ne peuvent agir en justice elles-mêmes et doivent donc être représentées par des
mandataires légaux, par exemple les mineurs.
- Pour les personnes morales : elles sont généralement frappées d’une double incapacité : d’une part, elles sont représentées
par une personne physique et d’autre part, celle-ci doit être autorisée.
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- Sanction de l’absence des conditions de recevabilité : En vertu de l’art 1 dans ses alinéas 2 et 3, il impose au juge l’obligation
en même temps qu’il lui donne le droit de relever d’office tout défaut d’une condition d’exercice de l’action.
Que ce soit d’office, ou à la demande de l’autre partie le juge qui constate le défaut d’une condition d’exercice de l’action, doit
mettre la partie concernée en demeure de régulariser sa situation dans un délai qu’il fixe.
La mise en demeure est obligatoire pour le juge sans la pratiquer, il doit déclarer l’action irrecevable.
La Mise en demeure doit comporter 3 éléments :
- L’indication de la condition qui fait défaut.
- L’invitation à régulariser la situation.
- La fixation d’un délai pour accomplir cette régularisation.
Lorsque la mise en demeure a été régulièrement faite, 2 cas de figure peuvent se présenter :
1- La partie concernée régularise sa situation dans le délai fixé par le juge et alors l’action est considérée valablement engagée.
2- Le juge déclare l’action irrecevable si la régularisation n’intervient pas dans le délai fixé.
Chapitre II : la classification des actions :
Les actions sont classées en :
➢ Action personnelle : celle par laquelle s’exerce un droit d’obligation personnel, l’action de réclamation d’une créance par
exemple.
➢ Action réelle : celle par laquelle s’exerce un droit réel et un droit personnel nés du même acte juridique.
➢ Action Mixte : il n’existe pas du droit mixte correspondant à l’action mixte, pourtant, un acte juridique peut donner
naissance à un droit personnel et un droit réel au même temps.
- Exemple : Un contrat de vente d’un immeuble conférant à l’acheteur un droit réel (droit de propriété) et un droit personnel
(droit de créance en livraison).
• La compétence : l’action personnelle est portée devant le tribunal du défendeur, si l’action réelle est immobilière, la
compétence revient au tribunal de la situation des biens litigieux, si l’action mixte, cela revient au choix du demandeur
selon l’article 28 du CPC.
• La procédure : l’action personnelle s’exerce contre la personne qui s’est obligée et l’action réelle s’exerce contre toute
personne qui se trouve être détenteur du bien litigieux.
➢ Les actions mobilières et les actions immobilières : Le dahir du 2 juin 1915 comprend d’une liste exhaustive des biens
immobiliers, tout ce qui n’est pas dans cette liste est réputé mobilier.
• L’action mobilière : qui a pour objet de procureur un meuble (action en recouvrement de la créance)
• L’action immobilière : celle qui a pour objet de procurer un immeuble (l’action en revendication d’un immeuble).
➢ Les actions pétitoires et les actions possessoires :
• L’action pétitoire : elle tend à protéger le droit de la propriété immobilière lui-même ou les autres droits réels
immobiliers (usufruit, servitudes), Elle est donnée au propriétaire ou au titulaire du droit réel méconnu ou violé, c’est
l’action qui porte sur le fond du droit.
• L’action possessoire : elle tend à protéger la possession de ces mêmes droits, elle est à la disposition du possesseur
d’un fond ou de droits réels immobiliers pour lui permettre de faire cesser le trouble qui est apporté à sa possession.
- Les types de l’action possessoire :
✓ La complainte : son objet est de faire cesser un trouble grave et actuel de la possession.
✓ La dénonciation de nouvel œuvre : une action préventive tendant à faire cesser des travaux dont l’achèvement
constitueraient un trouble à la possession.
✓ La réintégrande : elle permet à la victime d’une voie de fait, d’agir en justice pour récupérer la jouissance de la chose
perdue.
✓ La voie de fait : une action de l’administration matériellement et illégalement une atteinte grave à une liberté
fondamentale à un droit de propriété.
Chapitre III : la matérialisation du droit à l’action : les demandes en justice :
- Le premier acte du procès est constitué par la présentation au greffe de la juridiction de la demande en justice qui permettra
au juge d’apprécier les prétentions des parties afin statuer sur le bien-fondé de la demande.
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➢ La demande principale : la demande par laquelle un justiciable prend l’initiative d’une procédure en soumettant au juge
ses prétentions. La demande peut prendre la forme d’une requête ou une déclaration orale du demandeur comparaissant
en personne dont PV est dressé par le greffe du tribunal.
- L’introduction de la demande en justice entraine un certain nombre de conséquences en déterminant le champ du litige, la
juridiction saisie doit statuer dans les limites des questions du droit qui lui sont posées.
- Elle entraine l’obligation pour le juge de statuer, sinon il sera poursuivi sous peine de déni de justice, ainsi, elle entraine
l’interruption de la prescription, les délais de prescription qui courent sont interrompus jusqu’à ce que le jusqu’à ce que le
juge statue.
➢ Les demandes incidentes : toute demande intervenant au cours d’un procès déjà né dite incidente, ses types :
• La demande additionnelle : la demande par laquelle une des parties modifie ses prétentions antérieures elle permet à
une partie de préciser les termes d’une demande initiale en la complétant.
• La demande reconventionnelle : la demande par laquelle le défendeur originaire prétend obtenir un avantage autre
que le simple rejet de la prétention de son adversaire.
- La présentation de cette demande transforme le défendeur à un demandeur partiellement : demandeur à la reconvention
alors que le demandeur initial devienne le défendeur à la reconvention.
➢ La demande en intervention : la demande qui permet à un tiers de faire son entrée dans une instance déjà engagée entre
des parties et à laquelle il était étranger, elle aura pour conséquence d’introduire une nouvelle partie au litige en cours,
elle peut se produire selon 2 cas de figure :
• L’intervention volontaire : le souhait d’une personne jusqu’alors non impliquée dans l’instance, de figurer désormais
se rattacher à l’instance principale par un lien suffisant. 2 cas de figures sont possibles :
1 – le tiers décide d’élever une prétention contre ou toutes les parties à l’instance, donc l’intervention volontaire est
qualifiée de principale puisque le tiers entend d’opposer sa prétention aux parties originaires à l’instance, elle est
recevable lorsque son auteur a le droit d’agir relativement à cette prétention.
2-Le tiers décide d’appuyer d’une des parties à l’instance, elle est accessoire, l’intervention du tiers doit être motivée par
la volonté de conserver ses droits.
• L’intervention forcée : une partie au litige contraint un tiers à se mêler à une instance déjà entamée afin que ce
dernier devienne une partie au litige.
La recevabilité des demandes en intervention est soumise aux mêmes conditions que les autres.
- Le défendeur dispose 3 moyens de défense :
✓ La défense au fond : Le défendeur essaie de combattre les arguments de son adversaire en essayant de prouver que les
prétentions de celui-ci ne sont pas fondées, les défenses au fond peuvent être présentées à tout moment de la procédure
(y compris en appel et en cassation), si elles sont accueillies par le juge permettant de mette un terme définitif au litige, la
décision rendue aura l’autorité de la force jugée.
✓ Les exceptions de procédure : elles doivent être présentées simultanément et avant tout examen au fond sous peine
d’irrecevabilité, elles mettent un terme provisoire au litige, elle prend plusieurs formes :
▪ Une exception d’incompétence : le tribunal saisi n’est pas compétent territorialement.
▪ Une exception de litispendance : les deux tribunaux ont simultanément saisi d’un même litige pour lequel ils sont les
deux compétents.
▪ Une exception de connexité : lorsque deux litiges portés devant d’eux tribunaux différents présentent un lien étroit.
▪ Une exception de nullité : le défendeur demande la nullité même des actes litigieux ou l’action du demandeur pour une
irrégularité ou un manquement dans les règles et les formalités procédurales.
✓ Les fins de non-recevoir : tout moyen qui tend à faire déclarer l’adversaire irrecevable en sa demande, sans examen au
fond pour défaut de droit d’agir tel par exemple : le défaut de qualité ou si litige a déjà reçu un jugement ayant acquis
l’autorité de la chose jugée.
- Ce moyen vise à la constatation par le juge de l’absence ou de la disparition du droit d’action, par exemple : le demandeur qui
n’a pas qualité pour agir en justice.
- Les fins de non-recevoir doivent être présentées avant tout examen au fond, ce moyen de défense a pour effet que la
demande de l’adversaire est déclarée irrecevable avec autorité de la chose jugée.
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Partie II : La compétence juridictionnelle :


- L’aptitude d’une juridiction à statuer sur un litige déterminé, la compétence d’attribution permet de connaitre les matières
attribuées, à tel ou à tel juge, les règles de compétence territoriale définissent le rattachement d’un litige au ressort d’un
tribunal.
Chapitre I : la compétence d’attribution en raison de la nature du litige :
L’art 18 du CPC pose le principe de la compétence général du TPI qui connaît toutes les affaires civiles, les affaires de la famille, de
statut personnel et successoral, commerciales, administratives et sociales, soit en premier et dernier ressort, soit à charge d’appel.
➢ La compétence particulière du président du TPI : Il a une compétence propre, parallèle et complémentaire à celle du
tribunal lui-même. Il est le seul compétent pour connaitre des requêtes aux fins d’injonction de payer (art 158).
➢ La compétence d’attribution des juridictions de proximité : ont été instituées par la loi 42-10, selon l’art 10 de ladite loi,
le juge de proximité connait toutes les actions personnelles et mobilières si elles n’excédant pas la valeur de 5000 DH.
➢ La compétence en matière civile :
• Les actions personnelles : celles par lesquelles s’exerce un droit personnel comme la demande de paiement. Elle est
de la compétence des juridictions des proximités tant que la valeur du litige demeure inférieure à 5000 Dh.
• Les actions relatives au statut personnel, domaine immobilier etc. …, ne relèvent pas de la compétence des JP
(juridictions de proximité), car elles nécessitent des procédures plus lourdes et plus contraignantes qui relèvent la
compétence du TPI.
• Les actions mobilières : toute action qui a pour objet immédiat de procureur un meuble est mobilière, elle est la
compétence du JC tant que l’action ne dépasse pas 5000 Dirhams.
➢ La compétence des cours d’appel :
- 21 cours d’appel jalonnent le territoire marocain.
- Juridictions du second degré, elles examinent une seconde fois les affaires déjà jugées en premier ressort par les TPI.
- Elles connaissent des appels et des jugements rendus pas ces tribunaux ainsi que des appels et des ordonnances rendues par
leurs présidents.
➢ La compétence de la Cour de cassation :
- Au sommet de l’organisation judiciaire, la CC (cour de cassation) coiffe toutes les juridictions du royaume.
- Elle comprend 6 chambres, chaque chambre est présidée par un président de chambre et peut être divisée en sections.
- Toute chambre peut valablement instruire et juger quelle qu’en soit la nature, les affaires soumises à la cour.
- La cour de cassation est compétente pour statuer :
✓ Les pouvoirs en cassation formés contre les décisions rendues en dernier ressort par toutes les juridictions du royaume.
✓ Les recours en annulation pour excès de pouvoirs formés contre les décisions administratives.
✓ Les recours formés contre les actes et décisions marquées par l’abus des pouvoirs des juges.
✓ Les instances en suspicion légitimes.
- Les juridictions commerciales : elles comprennent d’une part les tribunaux de commerce et d’autre part, les cours d’appel de
commerce.
• Les tribunaux de commerce comprennent 8 tribunaux sur le territoire marocain
• Elle existe 3 cours d’appel du commerce.
- Les tribunaux du commerce sont compétents pour connaitre :
✓ Des actions relatives aux contrats commerciaux.
✓ Des actions entre commerçants à l’occasion de leurs activités commerciales.
✓ Des actions relatives aux effets de commerce.
✓ Des différends entre associés d’une société commerciale.
✓ Des différends relatifs aux FC (fonds de commerce).
- En somme, les TC sont compétents pour connaitre l’ensemble des demandes dont le principal excède la valeur de 20.000
Dirhams.
- Le TPI connait des autres litiges de nature civile selon le barème suivant :
• En premier ressort, à charge d’appel devant les chambres des appels des TPI, des demandes jusqu’au la valeur de 20.000 Dh.
• En deuxième ressort et à charge d’appel devant les cours d’appel, si la valeur du litige est indéterminée, le recours à un expert
devient inévitable pour donner une valeur.
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Chapitre 2 : les règles de compétence territoriale (ratione loci) :


Section I : le principe :
- La compétence territoriale appartient au tribunal du domicile réel ou élu du défendeur.
- Si celui-ci n’a pas de domicile au Maroc, mais y possède une résidence, elle appartient au tribunal de cette résidence.
- Dans le cas échéant, il pourra être traduit devant le tribunal du domicile ou de la résidence du demandeur ou de l’un d’eux
s’ils sont plusieurs.
- Dans le cas de la pluralité des défendeurs, le demandeur peut saisir à son choix, tribunal du domicile ou de la résidence ou de
l’un d’eux (art 27).
• Le domicile réel : le domicile de toute personne physique est au lieu où elle a son habitation habituelle et le centre de ses
affaires et ses intérêts.
• Le domicile élu : l’élection de domicile est une déclaration par laquelle un plaideur se domicile en autre lieu que son
domicile officiel.
• La résidence : le lieu où une personne habite lorsqu’elle se trouve hors de son domicile, selon l’art 520 du CPC «c’est le
lieu où la personne se trouve effectivement à un moment déterminé ».
Chapitre 3 : sanction de l’inobservation des règles de compétence :
Section I : l’exception d’incompétence :
- Le plaideur qui estime que la juridiction saisie n’est pas compétente, peut demander à celle-ci de se dessaisir.
• L’incompétence ratione materiae : peut être soulevée par les parties y compris le demandeur et le ministère public, elle
peut être prononcée par la juge du premier degré.
• L’incompétence territoriale : seul le demandeur peut la soulever lorsqu’il apparait la demande initiale a été portée devant
un tribunal pour traduire la partie appelée hors de sa juridiction normale, le tribunal saisi de la demande incompétent doit
se déclarer incompétent et renvoyer le demandeur à mieux se pourvoir.
Section II : le règlement des juges :
- Lorsque dans un même litige, plusieurs juridictions ont rendu des décisions irrévocables par lesquelles elles se déclarent
compétentes ou incompétentes.
- Ces conflits de compétences (positifs ou négatifs), donnent lieu à la procédure du RJ (règlement des juges).
- Les conditions d’ouverture :
✓ Les décisions contraires soient toutes les deux devenues irrévocables, dans le cas contraire, le justiciable pourra se
prévaloir des voies de recours normales.
✓ Cette procédure à un même litige qui oppose les mêmes parties avec le même objet et la même chose.
• Compétence : l’instance en règlement de juges doit être portée devant la juridiction immédiatement supérieure
commune aux deux juridictions dont les décisions sont attaquées (art 301).
• Procédure : la demande est introduite par requête devant la juridiction compétente, elle l’examine en chambre du conseil
sans la présence des parties ou de leurs mandataires (art 302).
- Si la juridiction saisie estime qu’il n’y a pas lieu à règlement des litiges, elle rend une décision de rejet motivée, cette décision
peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation, sauf si elle émane de la cour de cassation (art302al2).
- Si la juridiction estime qu’il peut y avoir lieu à règlement des litiges, elle renvoie l’affaire au magistrat rapporteur pour qu’elle
soit jugée dans les formes ordinaires en échangeant les mémoires et les conclusions, les délais sont cependant réduits de
moitié (art 302 al3).
• Les effets : la juridiction saisie rend une décision qui désigne la juridiction compétente.
- Cette décision peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation, sauf lorsqu’elle est rendue par la cour de cassation, ainsi, elle
suspend toute poursuite et procédure devant le juge du fond, celle devra etre reprise devant la juridiction désignée comme
étant compétente.
- Lorsque le RJ intervient devant la cour de cassation, l’art 390 du CPC donne à cette juridiction la faculté d’annuler sans renvoi
l’une des deux décisions dont elle est saisie.
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Partie III : L’instance :


- L’ensemble des actes de procédure effectués par les parties en personne, leurs avocats ou mandataires ainsi par le juge
depuis l’introduction de la requête jusqu’au prononcé du jugement.
➢ La notification : le moyen par lequel le tribunal fait parvenir un acte de procédure à une personne, elle doit être ordonnée
par le juge et consiste toujours dans la simple délivrance de la copie de l’acte à notifier par :
• Un agent de greffe : il existe dans les TPI un bureau des notifications et exécutions judiciaires au sein duquel se trouve un
service de notification disposant de plusieurs agents plus ou moins nombreux selon l’importance du tribunal, lorsqu’une
partie est représentée par un avocat, la notification se fait à ce dernier.
• Un huissier de justice : il s’agit de mobiliser le plus grand nombre afin que les notifications puissent être remises dans les
meilleurs délais.
• La poste : Lettre recommandée avec accusé de réception.
• Voie administrative : les magistrats peuvent s’adresser aux fonctionnaires de l’ordre militaire ou civil, à tous les agents de
la force publique, à tous agents administratifs disponibles qu’ils ont le droit de commettre d’office, par simple ordonnance
et sans frais.
- Les notifications sont faites soit à la :
✓ Personne : elle peut intervenir en tout lieu où le destinataire est rencontré par l’agent notificateur, elle a souvent lieu au
service des notifications, auprès des avocats.
✓ Domicile : elle peut être faite entre les mains du destinataire lui-même ou toute autre personne habitant la même
demeure.
✓ Lieu de travail ou tout autre lieu où la personne pourrait se trouver : vise à augmenter les chances de la justice de toucher
les personnes par les notifications les intéressant.
✓ Le certificat de remise : il doit être annexé à la notification en indiquant à qui le pli a été remis et à quelle date, il doit être
signé par la partie ou par la personne qui a le pli a été remis, ainsi que par l’agent notificateur.
✓ Absence ou refus de la personne ayant la qualité pour recevoir le pli : le notificateur dans le cas du non réception de la
personne concernée le pli doit afficher un avis dans un endroit apparent du lieu de notification.
✓ Domicile et résidence inconnus de la partie : le juge nomme un curateur auquel la notification est faite, il a pour mission
de rechercher la partie concernée avec le MP et les autorités administratives et fournir toutes les pièces et
renseignements utiles à sa défense, néanmoins, le jugement à curateur ne peut être déclaré contradictoire.
➢ Le délai : la période que la loi donne à une personne pour accomplir un acte ou prendre une partie.
- Il doit y avoir entre la notification de la convocation et le jour fixé pour la comparution, un délai de 5j si la partie à son
domicile ou sa résidence dans le lieu où siège le tribunal ou dans une localité limitrophe et de 15j, si elle se trouve dans tout
autre endroit sur le territoire du royaume.
- A défaut, le délai de comparution est de :
✓ 2 mois : s’il demeure en Algérie, Tunisie ou dans un Etat d’Europe.
✓ 3 mois : s’il demeure dans un autre Etat d’Afrique, en Asie ou en Amérique.
✓ 4 mois : s’il demeure en Océanie.
✓ Si une partie n’a ni domicile, ni résidence au Maroc, mais que la notification lui a été remise en personne, ce sont les
délais ordinaires qui seront applicables, le juge dispose cependant de les proroger.
Chapitre I : la procédure devant le juge de proximité :
- Elle est orale, gratuite et exempte de toutes taxes judiciaires et les audiences sont publiques.
- Le juge de proximité doit procéder à une tentative de conciliation avant l’examen de l’action, si la conciliation réussit, le juge
établit un PV par lequel il statue sur le fond dans un délai de 30 J, par un jugement non susceptible d’aucune voie de recours.
- Le président statue sur la demande dans un délai de 15j suivant la date de son dépôt sans que la présence des parties soit
nécessaire, dans tous les cas, il statue dans un délai d’un mois et ce jugement n’est susceptible d’aucune voie de recours.
Chapitre II : la procédure devant les TPI :
- Une fois que l’action est dument introduite, le procès civil est engagé.
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Section I : les audiences :


- L’art 42 du CPC nous précise que les juges peuvent siéger tous les jours à l’exception des dimanches et les jours fériés.
- Les parties ou leurs mandataires sont tenus de se présenter aux audiences fixées par le juge, ainsi, les audiences sont
publiques sauf si la loi dispose le contraire, le juge doit s’assurer au bon déroulement de celle-ci y compris en ordonnant le
huis-clos le cas échéant.
• Le demandeur : dans le cas de son absence dans la date fixée malgré qu’il ait été régulièrement convoqué, le tribunal a la
faculté de radier l’affaire du rôle de l’audience, à moins qu’il ne dispose d’assez d’éléments lui permettant de statuer sur
la demande, le jugement sera alors réputé contradictoire.
• Le défendeur : le juge statue par défaut, le jugement n’est donc pas contradictoire, si le défendeur a été touché à
personne par la convocation et que le jugement est susceptible d’appel, le jugement est réputé contradictoire.
Section II : le jugement :
- Toute requête introduite devant le tribunal doit aboutir à un jugement, les jugements sont rendus en audience publique en
nom de sa majesté le roi.
- Les types des jugements :
• Le jugement en premier ressort : il est susceptible d’être attaqué en appel devant une juridiction de 2eme degré, l n’est
pas susceptible d’exécution car il court le risque d’être réformé, ainsi, les jugements rendus par les TPI dont la valeur
dépasse 5000 Dirhams.
• Le jugement rendu en dernier ressort : celui qui est rendu le fond du litige et qui n’est pas susceptible d’appel (les
jugements des JP et les arrêts des cours d’appels par exemple).
• Le jugement définitif : celui qui tranche le fond du litige, il est doté de l’autorité de la chose jugée, il dessaisit le juge qui
l’a rendu.
• Le jugement préparatoire : un jugement qui ne donne pas de solution à la question litigieuse, la juridiction qui le rend se
contente de préparer la décision sur le fond.
• Le jugement mixte : en statuant sur le fond du droit, le juge ne prononce pas une solution définitive d’où la nécessité de
préciser certains éléments.
• Le jugement contradictoire : lorsque le ou les défendus étaient tous présents ou représentés lors de son prononcé.
• Le jugement réputé contradictoire : lorsque l’un des défendeurs quoique défaillant, ne peut user de la voie de
l’opposition lorsque la décision est susceptible d’appel par exemple.
• Le jugement réputé par défaut : lorsque le défendeur, bien que régulièrement convoqué, n’a pas comparu en matière de
procédure orale ou n’a pas conclu en matière de procédure écrite.
Section III : les mesures d’instruction :
1- Les expertises : il s’agit de demander l’intervention et l’analyse d’un ou plusieurs experts, lorsque le litige comporte des points
techniques nécessitant l’aide de « gens de l’art ».
- Le juge désigne donc un expert inscrit auprès du tribunal ou exceptionnellement, un expert spécialement en vue du litige en
déterminant les points sur lesquels portera l’expertise dans la forme de questions techniques et à l’exclusion de tout point du
droit.
2- Les visites des lieux : le juge fixe le jour et heure auxquels il y sera procédé en présence des parties, il peut ordonner qu’un
expert assiste à la visite des lieux si l’objet de cette visite nécessite des connaissances qui lui sont étrangères.
3- Les enquêtes : il s’agit de vérifier et constater des faits par le biais de témoignages, le jugement qui ordonne l’enquête doit
indiquer les faits sur lesquels l’enquête doit porter, le jour et l’heure de l’audience où il doit y être procédé.
- Le juge invite les parties à se présenter et à présenter leurs témoins aux jours et heure fixés, ou à faire connaitre au greffier
dans le délai de 5J, les témoins qu’ils désirent faire entendre.
4- Le serment des parties : il s’agit pour une partie, afin de mettre un terme définitif au litige, de déférer le serment à son
adversaire pour lui permettre de faire la preuve de ses prétentions.
5- Les vérifications d’écritures et faux incident : l’authenticité des documents « douteux » peut donc être vérifiée par moyen
d’expert qui y procédera en comparaissant :
- Des signatures apposées sur des actes authentiques et des écritures et signatures reconnues précédemment et finalement, la
partie de la pièce à vérifier qui n’est pas déniée.
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Section IV : les incidents d’audience :


- Il s’agit de tout évènement qui ralentit, interrompt ou met un terme au déroulement du procès.
1- La suspension : l’instance est suspendue lorsque surviennent des évènements dont la disparition future permettra de
poursuivre le déroulement du procès.
• Le sursis à statuer : il consiste en l’attente d’une décision à intervenir dans le cadre d’une instance pendant devant une
autre juridiction, il suspend le cours de l’instance pour le temps ou jusqu’à la survenance de l’évènement qu’elle
détermine (la décision pénale par exemple).
• La radiation du rôle de l’audience : c’est une mesure de police processuelle destinée à sanctionner le comportement peu
diligent des plaideurs qui se sont abstenus d’accomplir les actes de la procédure dans les délais requis.
2- L’interruption : les causes d’interruption de l’instance tiennent à la modification ou le changement dans la situation des parties
par un décès ou une modification dans la capacité.
- Les causes d’extinction de l’instance :
• Le désistement : un acte unilatéral, mais le défendeur peut avoir à s’y opposer, s’il estime par exemple que les conditions
sont favorables pour que l’affaire soit tranchée en sa faveur, et qu’il veut éviter qu’un autre procès lui soit fait
ultérieurement.
• L’acquiescement : le fait de la part du défendeur de se soumettre aux prétentions de l’autre. L’acquiescement peut être
soit à la demande (le défendeur se soumet à toutes les prétentions du demandeur) ou à jugement (le défendeur renonce
aux voies de recours et se soumet aux chefs du jugement).
• La péremption d’instance : l’extinction d’instance d’où l’inaction des parties pendant un certain délai, on parle de
‘manque de diligence’ : la diligence interruptive de péremption se dit de l’acte ou du fait émanant d’une partie et effectué
en vue de faire progresser l’affaire avant l’expiration du délai de péremption.
Section V : les procédures particulières :
- Elles sont en nombre du 3 :
1- La procédure d’ordonnance sur requête : l’ordonnance sur requête est une décision de justice rendue sous la forme
d’ordonnance et apposée au bas de la requête par laquelle le juge compétent est saisi.
- Pour qu’elle soit prononcée, 2 conditions sont exigées :
➢ La mesure sollicitée doit être urgente et elle ne doit pas préjudicier en principal,
➢ Elle est de la compétence exclusive de président du TPI.
2- La procédure de référé : le référé est une procédure rapide et simple qui a pris une très grande extension et son domaine
tend de plus en plus à s’élargir.
3- La procédure d’injonction de payer : une procédure simplifiée pour les autres actions en recouvrement des créances résultant
d’un titre ou d’une promesse reconnue.
Chapitre III : les voies de recours :
- Une fois le jugement rendu, la partie qui a succombé totalement ou partiellement a la faculté de constater cette décision en
faisant appel à l’institution des voies de recours.
Section I : les voies de recours ordinaires :
- Sont ouvertes sans limitation, suspensives (en principe) de l’exécution du jugement attaqué, elles sont en nombre de 2 :
1- Appel :
- Voie de réformation, l’appel conduit au contrôle du bien ou du mal jugé en fait et en droit par d’autres jugés ce qui limite les
possibilités d’erreur, voire d’annulation l’appel permet de sanctionner l’irrégularité dans la procédure d’élaboration du
jugement de première instance.
- Le délai pour la partie intéressée d’interjeter un appel c’est 30 J, ce délai est triplé pour la partie résidante à l’étranger.
- La cour d’appel a pour objet de juger sur les points non jugés par le TPI.
- La cour d’appel, en jugeant sur la décision rendue par le TPI se termine par 2 cas de figures :
a- Le jugement est confirmé : l’exécution appartient au tribunal dont le jugement de 1ère instance.
b- Le jugement est infirmé : l’exécution appartient soit à la juridiction d’appel, soit au tribunal indiqué sauf des dispositions
spéciales.
PROCÉDURE CIVILE SAHLI FATIHA

2- L’opposition :
- Elle permet à la partie défaillante d’attaquer le jugement rendu par défaut, le délai pour déclencher l’opposition c’est 10 J, les
arrêts de la CA sont susceptibles d’opposition dans le même délai si les arrêts sont rendus par défaut.
Section II : les voies de recours extraordinaires :
- Elles ne suspendent pas l’exécution de la décision attaquée, ouvertes dans des cas limitativement énumérés par la loi.
a- Le pourvoi en cassation : tend à faire censurer par la cour de cassation la non-conformité du jugement qu’il attaque aux règles
de droit, la CC est une juridiction du droit du fait qu’elle ne statue pas sur les faits litigieux, le pourvoi en cassation n’a pas d’effet
suspensif de l’exécution. Le délai pour saisir la CC c’est 30 J.
b- La tierce opposition : tend à faire rétracter ou réformer un jugement au profit d’un tiers qui l’attaque.
L’exécution d’une décision modifie la situation juridique de la partie concernée et le tiers qui entretient des relations juridiques
avec cette partie peut voir ses intérêts lésés puisque le jugement lui est opposable.
c- La rétractation : le recours en rétractation tend à faire retarder un jugement passé en force de chose jugée pour qu’il soit à
nouveau statué en fait et en droit.
Elle est ouverte pour l’une des causes prévues au 2ème alinéa de l’article 402 du CPC.
Chapitre IV : les voies d’exécution :
- Si le débiteur s’abstient à exécuter la décision rendue, la loi prévoit des procédures permettant d’aboutir à l’exécution forcée
au moyen des voies d’exécution.
- Pour que l’exécution soit possible, il faut d’abord que le jugement soit notifié en vertu de l’article 433 du CPC.
- Les saisies sont en nombre de 5 :
1- Les saisies mobilières et immobilières : elles sont divisées en 2 parties :
A- Les saisies conservatoires (art 452 à 458) : il s’agit d’une mesure ordonnée par le juge saisi, dans le cadre de
l’ordonnance sur requête, et exécutoire sans délai.
- Si la saisie conservatoire porte sur des biens meubles :
• Les biens meubles entre les mains du poursuivi : l’agent chargé d’exécuter la saisie procède à leur description et
énumération dans un PV dument établi.
• Les biens meubles entre les mains du tiers : l’agent chargé de l’exécution notifie à ce tiers ledit ordonnance.
- Si la saisie porte sur un bien immeuble qui se trouve entre les mains du poursuivi et si ce bien est immatriculé ou encours
d’immatriculation, la décision ordonnant la saisie peut-être, à la diligence de son bénéficiaire déposée à la conservation
foncière en vue de son inscription sur le bien foncier.
B- La saisie-exécution (art 459 à 487) :Une procédure par laquelle un créancier, muni d’un titre exécutoire, fait placer
sous-main de justice des biens appartenant à son débiteur et en poursuit la vente pour se payer sur le prix.
- L’art 469 : la vente forcée d’un immeuble ne peut intervenir que lorsque la vente de biens mobiliers n’a pas suffi à combler la
créance, cette règle ne vaut pas pour les créanciers détenteurs d’une sureté réelle.
2- La saisie-arrêt : il s’agit pour un créancier, de saisir-arrêter entre les mains d’un tiers, les sommes et les effets appartenant à
son débiteur. Cette saisie peut être pratiquée avant, après ou en même temps qu’une saisie conservatoire ou une saisie
exécution.
3- La saisie-gagerie : c’est une espèce particulière de saisie-conservatoire, elle vise à garantir le paiement des loyers ou fermages
échus. C’est une saisie conservatoire mobilière organisée dans l’intérêt du bailleur d’immeuble en vue de lui assurer la
conservation des meubles affectés par privilège au paiement du loyer.
4- La saisie revendication : elle permet de mettre entre les mains de la justice une chose mobilière détenue par un tiers, afin
d’éviter sa dissipation, elle est exercée par le propriétaire de l’objet ou le créancier gagiste.
5- La distribution des deniers : la procédure vise à distribuer les sommes ou derniers saisis ou les sommes, obtenues après la
vente des biens meubles ou immeubles appartenant au débiteur entre les créanciers qui se sont manifestés.

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