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Simone AYACHE

Avocat au Barreau de Paris

L’ACTION EN JUSTICE

I- L’action en justice

1- Classification des actions


2- Conditions de l’action en justice
a) L’intérêt à agir
c) La qualité à agir
b) La capacité
3- La mise en œuvre de l’action en justice
a) La demande
b) Les moyens de défense
4- Les principes directeurs du procès
5 - Le déroulement de l’instance
6 - Le jugement
7- La prescription et la forclusion

II- Le personnel de la justice

1 - Les magistrats
2- Les auxiliaires de justice

Savoirs et compétences :

 Vérifier les conditions de recevabilité de l’action en justice


 Vérifier le respect des principes directeurs du procès énoncés dans le Code civil et
dans la CEDH
 Identifiez le rôle des magistrats du siège et du Ministère Public

Mots Clés :
Action en justice, définitions, (réelle , personnelle, immobilière, mobilière, ), conditions
Intérêt à agir, qualité à agir
Demande en justice
Principes directeurs du procès
Prescription, forclusion
Magistrats du siège , magistrats du Parquet

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I- L’action en justice

L'action en justice est le droit qui appartient à une personne de faire


valoir une prétention en saisissant la juridiction à laquelle la loi attribue
compétence pour en connaître.

L’auteur de la prétention sera entendu sur le fond afin que le juge la


dise bien ou mal fondée.

Pour le défendeur, elle est le droit de discuter de cette prétention.

1- La classification des actions

1- Classification en fonction de la nature du droit à protéger :

 Action personnelle : Action par laquelle une personne demande la reconnaissance


de la protection d'un droit personnel (une créance) quelle qu'en soit la source et qui
est en général mobilière comme la créance dont l'exécution est réclamée. Elle peut
aussi être immobilière si cette créance l'est également.
 Action réelle : Action judiciaire par laquelle on revendique la reconnaissance ou la
protection d'un droit réel.

2- Classification en fonction de l’objet du droit à protéger :

 Action immobilière : concerne les immeubles. Peuvent être classées entre action
pétitoire, qui concerne la propriété de l’immeuble et possessoires qui protègent la
possession
 Action mobilière : concerne un meuble

Mobilières
A
Actions réelles :
reconnaissance ou protection Immobilières
d'un droit réel

Mobilières
Actions personnelles :
reconnaissance ou protection
d'un droit personnel Immobilières

Actions mixtes :
Le titulaire est en droit
d’invoquer un droit personnel
et un droit réel.

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2- Les conditions de l’action en justice

L’action en justice est subordonnée à 3 conditions :


- le demandeur à un procès doit avoir un intérêt à agir en justice
- le demandeur doit disposer de la qualité pour agir.
- le demandeur doit formuler une demande au juge.
Le défendeur dispose de moyens d'action spécifiques.

a) L’intérêt à agir

- L'intérêt à agir est l’avantage que compte tirer le justiciable de l’action

- Il doit être né et actuel : il doit exister au moment même où l'action est exercée.
L'intérêt actuel s'oppose à l'intérêt éventuel.
L'intérêt doit exister avant l'introduction de l'instance mais il est possible que l'intérêt ait
disparu au moment du procès.

- L’intérêt doit être légitime, juridiquement protégé: intérêts matériels ou moraux

- L’intérêt doit être personnel ou direct, le demandeur doit être titulaire du droit ou son
représentant.

L’intérêt à agir doit être :

Légitime : Personnel et direct :


Né et actuel :
 juridiquement protégé le demandeur doit être
doit exister au moment
intérêts matériels ou titulaire du droit ou son
 même où l'action est
représentant.
moraux exercée.

b ) La qualité à agir

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C’est le titre en vertu duquel la personne agit, soit elle est créancière, soit elle est
titulaire de droit.

Ont qualité pour agir : le titulaire du droit, ses héritiers, ses créanciers ou son
mandataire.

c) La capacité juridique

Seules peuvent agir en justice, les personnes physiques capables et les personnes
morales, représentées par leurs représentants légaux.

3- La mise en œuvre de l’action en justice

a) La demande

C'est l'acte de procédure par lequel la personne qu'on dénomme le "demandeur" ou le


"requérant", c'est à dire, celui qui prend l'initiative du procès, saisit le juge d'une
prétention qu'il entend faire valoir contre une ou plusieurs personnes dites, le ou les
"défendeurs".

La relation entre les parties crée le rapport juridique d’instance .

On distingue, la demande principale qui est celle que le demandeur souhaite qu'elle soit
examinée en premier lieu, de la ou des demandes accessoires qui dérivent de la demande
principale comme celle par laquelle le requérant sollicite la condamnation du défendeur au
paiement des intérêts.

La demande de celui qui prend l’initiative de saisir le juge est une demande initiale tandis
que le défendeur, peut lui faire des demandes en réponse, qualifiée de demandes
reconventionnelles.

b) Les moyens de défense

Une "défense" est un moyen de fait ou de droit destiné à paralyser une prétention de
l'adversaire.

 Les défenses au fond se définissent comme « tous moyens tendant à faire rejeter
comme non justifié, après examen du fond du droit, la prétention de l’adversaire ».
Le défendeur devra prouver que la demande de l’adversaire est mal fondée en droit,
soit qu’elle n’existe pas, soit qu’elle n’a pas l’étendue qu’on lui a donné.
Ex : un créancier demande en justice l’exécution d’une obligation contractuelle, le
demandeur pourra riposter en prouvant qu’elle a été précédemment exécutée par paiement.

 L’exception de procédure ne s’attaque pas au fond du droit, ni à la recevabilité de


la demande. C’est « comme tout moyen tendant à faire déclarer la procédure irrégulière et
à en faire suspendre le cours ».

 Les fins de non-recevoir : définies comme tous moyens tendant à faire déclarer
l’adversaire irrecevable en sa demande, sans examens du fond.
Parmi les fins de non-recevoir prévues par le CPC, on peut citer le défaut de qualité,
le défaut d’intérêt, la prescription, le délai préfix (délai dont dispose une partie pour accomplir
un acte.), l’autorité de la chose jugée…

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4- Les principes directeurs du procès

1- Principe du contradictoire : chaque partie ne peut être jugée qu’après


avoir été entendu ou appelée par le juge, elle doit avoir été en mesure de
faire connaitre ses arguments de fait et de droit, ses moyens, sur lesquelles
elle fonde ses prétentions, au juge et à son adversaire

2- Principe de l’oralité des débats : déclin de ce principe car la procédure est


de plus en plus écrite et formaliste. D’ailleurs, « à l’initiative des parties, et
lorsqu’elles sont expressément d’accord » la procédure pourra se dérouler sans audience

3- Principe du formalisme : le formalisme de la procédure protège les plaideurs, car elle


enserre les actes dans certains délais et formes qui doivent être respectés.

5 - Le déroulement de l’instance

 L’introduction de l’instance : La demande peut être formée par assignation ou par


requête ou par requête conjointe

L’assignation : C’est un acte d’huissier de justice, signifié au défendeur par lequel le


demandeur cite son adversaire à comparaitre devant le juge. Lorsque cet acte lui est signifié,
le défendeur est officiellement avisé du déclenchement de la procédure. A compter de cet
acte, le défendeur doit constituer avocat, et le demandeur doit saisir le Tribunal.

 La saisine du Tribunal : par le demandeur en remettant l’original de l’acte d’huissier


délivré au défendeur au greffe du Tribunal

 L’instruction de l’affaire : par le juge de la mise en état. Les parties échangent leurs
pièces et arguments de faits et de droit par échange de conclusions qui sont remises dans le
même temps au Tribunal.

 L’audience de jugement ou de plaidoiries : les débats sont dirigés par le ou les


juges (si statue en collégiale). Les avocats du demandeur puis du défendeur plaident et s’il y
a lieu le Ministère public intervient. A la fin des plaidoiries , le juge prononce la clôture des
débats .

Depuis le 1er janvier 2020, à tout moment de la procédure, les parties peuvent donner
expressément leur accord pour que la procédure se déroule sans audience , et dans ce cas,
la procédure sera uniquement écrite .

 Mise en délibéré du jugement : c’est l'espace de temps au cours duquel les juges
qui ont entendu les parties ou leurs mandataires à l'audience, se retirent, pour
débattre collégialement des dispositions qui constitueront le jugement ou l'arrêt.

6- Le jugement

Le jugement rendu dessaisi le Tribunal.

Le jugement a, en principe, force exécutoire et la partie qui a eu gain de cause peut le faire
exécuter, en recourant si besoin à la force publique ou l’exécution forcée.

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Le principe est posé par l’article 514 nouveau du code de procédure civile : « Les décisions
de première instance sont de droit exécutoires à titre provisoire à moins que la loi ou la
décision rendue n’en dispose autrement ».

Il a également autorité de la chose jugée : cela interdit de remettre en cause un jugement


en dehors des voies de recours prévues à cet effet.

7- La prescription et la forclusion

- La prescription est la durée au-delà de laquelle une action en justice, civile ou


pénale n'est plus recevable. La durée de prescription de droit commun est de 5 ans. Cette
durée s'applique lorsqu'aucun texte ne spécifie de durée différente (plus longue ou plus
courte).

- La forclusion est un délai légal, d’une durée simple et limitée, prévu spécifiquement
pour une action particulière, au-delà duquel l’action est
considérée comme éteinte.

II- Le personnel de la justice

1 – Les magistrats

La magistrature est composée de deux catégories de magistrats :

- Les magistrats du siège qui ont pour rôle de juger, et donc de rendre des jugements et
des arrêts. Ils ne sont pas tous des professionnels, selon les juridictions.

Les professionnels sont des fonctionnaires inamovibles, indépendants et ils ne peuvent


exercer d’autres fonctions, en particuliers, commerciales ou civiles.

- Les magistrats du parquet : forment le Ministère Public. Ils


requièrent l’application de la loi au nom de l’intérêt général, par des
réquisitions, qu’ils représentent. Ils ont également qualité pour former
des poursuites en matière pénale. Ils sont placés sous la hiérarchie du
pouvoir exécutif (Ministre de la Justice).

2- Les auxiliaires de justice

1- Les avocats : exercent en profession libérale, indépendante.


Représentent les parties, les assistent, plaident devant les juridictions, donnent
des consultations et rédigent des actes juridiques sous signatures ou des
conventions participatives
Ils sont inscrits à un barreau et dépendant d’un Ordre, représenté par un bâtonnier,
et administré par un conseil de l’ordre, également organe disciplinaire.

2- Les officiers ministériels : ce sont les commissaires de justice, et les notaires. Ils sont
nommés par le gouvernement.

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- Commissaires de justice : issus du rapprochement entre les
huissiers de justice et les commissaires-priseurs judiciaires. Procède
aux significations des actes de procédures, à l’exécution des décisions
de justice.

C’est un auxiliaire pendant certaines audiences, (huissier audiencier).


Il procède au recouvrement de certaines créances, établi des constats,
des actes (Sommation, commandement de payer …)

Désormais , il peut procéder à l’expertise à l’estimation de la valeur des biens meubles


(prisée) et la vente judiciaire aux enchères publiques.
La compétence territoriale des huissiers est nationale pour le recouvrement de
créances, les ventes publiques, les constatations, les mesures conservatoires lors d’une
succession et les activités accessoires.

- Notaires : rédigent les actes authentiques


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QUIZ

1. Question 1 : Si Gamora n’est pas content du tribunal saisi par son adversaire,
peut-il à son tour saisir un autre tribunal pour le même litige ?

a. oui dans un certain délai


b. non
c. oui

2. Question 2 : Gamora a perdu son procès et est condamné à payer la somme de


14 000 € à Jane . Il a demandé à son avocat de faire appel . Doit-il payer la somme de
14 000 € avant que l’affaire soit jugée en appel ?

a. oui
b. non
c. il a le choix

3. Question 3 : la loi permet d’agir en justice , sans limitation de durée .

a. oui
b. ça dépend des actions en justice
c. non

4. Question 4 : L’assignation en justice est :

a. une décision rendue par une juridiction


b. une demande en justice
c. un recours contre une décision de justice

Cas pratique
Carole est salariée depuis trois ans dans l’entreprise SUBMARINER qui
commercialise des logiciels de paie.
Son contrat de travail indique qu’elle doit accomplir 35h par semaine . Mais depuis
un an , comme elle est en charge des nouveaux clients, elle accomplit de
nombreuses heures supplémentaires, dont elle a demandé le paiement à son
employeur à différentes reprises, oralement et par mails. Celui- ci lui a répondu qu’il
ne lui a pas demandé de les faire et donc qu’il n’a pas à les payer .

Carole vous demande si elle réunit les conditions pour saisir le conseil de
prud’hommes compétent ?

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