Vous êtes sur la page 1sur 5

Les défenses de

fond en procédure
civile

Réalisé par:
Les moyens de défense :

Contrairement à l’auteur d’action civile, l’objet de cette dernière consiste pour son adversaire à
demander au tribunal de ne pas faire droit à la demande du premier. Pour cela dit-on qu’il est
défendeur à l’action. Dans l’absolu, la défense est l’action de dresser obstacle à autrui pour
l’empêcher de parvenir à une fin déterminée. Selon le domaine, elle doit s’accomplir par les moyens
appropriés.

En matière d’action civile, plusieurs techniques de défense sont utilisables. On peut en citer, la
défense au fond, la défense à la loi, la fin de non-recevoir, le faux incident, et les exceptions de
procédure qui sont l’'incompétence du tribunal, la litispendance ou la connexité d’actions, la nullité
pour vice de forme, et de l’exception dilatoire. S

a) La défense au fond

La défense au fond est la riposte par la contre-attaque de front du demandeur dans son droit à
l’action. Elle consiste à qualifier cette dernière de non existante, en exposant au tribunal de quoi l’en
convaincre. Dans ce moyen, le défendeur ne conteste pas la régularité procédurale de l’instance, ni la
validité de l’action de son adversaire, mais le bien-fondé de cette dernière. Il prétend purement et
simplement l’inexistence du droit à l’action introduite par le demandeur pour manque d’un ou
plusieurs éléments de son existence, et par conséquent, manque du droit substantiel qu’elle est
censée protéger. Le défendeur peut à ce titre faire valoir l’absence de conflit juridique en arguant de
la nature politique ou théorique de la matière objet de dispute avec le demandeur. Rien n’empêche
non plus que la nature illicite du conflit soit invoquée par tout intéressé en défense au fond.

C’est le cas par exemple d’intervention du ministère public, ou même du propriétaire de la chose
volée, pour opposer la défense au fond à l’action de voleurs qui se disputent la propriété de cette
même chose en justice. Le défendeur peut aussi faire valoir l’absence du moyen de droit lorsque
l’intérêt prétendu par le demandeur n’est pas légalement protégé, ou que la règle censée le protéger
n’appartient pas à la loi du juge. L’action n’existe certainement pas et doit être repoussée au fond,
lorsque son objet s’avère impossible, comme par exemple la demande d’exécution du contrat de
vente de la chose disparue. Il y va de même lorsque l’adversité judiciaire n’est pas possible, comme
c’est le cas par exemple d’une action en dédommagement d’un préjudice pour une faute déclarée ne
pas en être la cause par un jugement ayant acquis force de chose jugée. Le patron peut ainsi, dans la
défense au fond, riposter à la demande en dédommagement pour licenciement abusif, en
prétendant que le renvoi du salarié eut lieu en période d’essai, mettant en échec de cette façon, le
moyen de droit dans l’action du demandeur. De même le défendeur en action de divorce pour faute
peut riposter par la prétention que le mariage est putatif.

Il y va de même lorsque l’une des parties fait valoir contre la demande initiale ou la demande
reconventionnelle, les arguments de prescription, de délai préfix, de force de la chose jugée, de
transaction ou de violation d’une clause compromissoire.
b) Défense à la loi

La défense à la loi est la contre-attaque à l’action du demandeur au niveau du moyen légal. Il s’agit
du moyen de défense plutôt connu sous le nom d’exception d’inconstitutionnalité, lequel n’est pas le
seul moyen de défense à la loi.

La défense à la loi peut avoir lieu au moyen d’exception d’inconstitutionnalité et par le moyen
d’exception d’illégitimité. Dans l’un et l’autre cas, elle est de très grande importance pour
l’établissement la justice en matière civile, entre autres.

Certainement qu’en évoquant la question de défense à la loi on se trouve amené à examiner des
questions de droit constitutionnel et de sciences politiques, ce qui équivaut aux yeux des critiques
spécialistes à glissement en dehors du domaine du droit privé. On doit répondre à cela que c’est
plutôt extension rendue légitime par la réforme constitutionnelle, qui depuis le 29 juillet 2011
consacre le moyen de défense par exception d’inconstitutionnalité. La réforme attendue pour mettre
à niveau le CPC dans ce domaine nous oblige d’évoquer la question telle qu’elle doit se présenter en
droit marocain.

La défense à la loi au moyen d’exception d’illégitimité doit se produire par la saisine du souverain
pontife, alors que celle qui se produit au moyen de l’exception d’inconstitutionnalité donne lieu à la
saisine de la cour constitutionnelle.

c) La fin de non-recevoir

Contrairement à la défense au fond, avec la défense à la loi, la fin de non-recevoir consiste à


contester au demandeur la validité de son action ou sa régularité, et non pas son existence même, ni
son illégalité ou encore son illégitimité. Il s’agit de la contre-attaque tendant à faire déclarer
l’adversaire irrecevable en sa demande pour défaut de qualité, d’intérêt ou de capacité juridique, ou
encore, pour s’être trompé du tribunal compétent, ou simplement pour cause de litispendance ou de
connexité.

En principe, et sauf disposition spéciale, la fin de non-recevoir peut être prononcée en tout état de
cause et à tout moment de la procédure, tant que l’affaire n’est pas mise en délibéré.

Il faut se garder d’être trompé à ce sujet par les dispositions de l’article 49 du CPC qui dixit : « Les
exceptions de litispendance et de connexité ainsi que les exceptions aux fins de non-recevoir doivent,
à peine d'irrecevabilité, être soulevées simultanément et avant toute défense au fond. » Ceci ne veut
pas dire que la fin de non-recevoir pour cause d’invalidité de l’action doit être soulevée in limine litis
comme c’est le cas pour l’exception d’incompétence, ou même avant toute défense au fond, comme
c’est le cas pour les exceptions de litispendance et de connexité. Pour exprimer sa volonté d’exiger le
soulèvement de l’exception d’incompétence in limine litis, le législateur dit effectivement dans
l’article 16 du CPC : « Toute exception d'incompétence, en raison de la matière ou du lieu, doit être
soulevée par les parties avant toute exception ou moyen de défense au fond. » ; alors qu’il n’est
question dans l’article 49 précité que d’interdire que le soulèvement avant toute défense au fond. Il
en résulte, vue la différence entre les exceptions d’un côté, et les moyens de défense au fond de
l’autre, que toute exception puisse en général être soulevée longtemps après les défenses au fond,
sauf disposition la concernant de façon spéciale, comme c’est le cas de l’exception d’incompétence. Il
faut savoir que l’exception d’incompétence fait partie des fins de non-recevoir vue que le législateur
ne l’en a pas expressément exclue. Il n’est effectivement pas de texte définissant les fins de non-
recevoir et limitant leur nombre. Etant donné par ailleurs que la loi réserve la limite du temps pour le
soulèvement in limine litis à l’exception d’incompétence, sans le reste des fins de non-recevoir, Il faut
limiter l’application de l’article 49 précité à l’exception d’incompétence en relation avec les
exceptions de litispendance et de connexité sans les autres fins de non-recevoir.

Vous aimerez peut-être aussi