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Également, une défense au fond peut être invoquée à toute hauteur d’un procès,
en première instance, en appel, et même en cassation dans la mesure où elle
constitue un moyen de pur droit.
La notion comme le régime méritent d’être observés (1) avant d’examiner les
différentes exceptions prévues par le code de procédure civile (2).
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§2 Le régime juridique des exceptions de procédure
Alors que la défense au fond peut, en principe, être présentée à toute hauteur du
débat, au contraire, le législateur, dans un souci d’efficacité, a soumis les
exceptions de procédure à un régime rigoureux fixé à l’article 74 CPC.
Les exceptions de procédure doivent, en principe, être invoquées toutes ensemble
(exigence de simultanéité) et avant toute défense au fond ou fin de non- recevoir
(exigence d’antériorité).
Cette double exigence de simultanéité et d’antériorité est sanctionnée par
l’irrecevabilité du moyen, même dans le cas où les règles invoquées au soutien de
l’exception sont d’ordre public.
Si l’exception est présentée dans les mêmes conclusions qui invoquent une
défense au fond, mais après cette défense au fond, la règle de l’antériorité n’est
pas respectée (cf. par ex. Com 8 juillet 2004, pourvoi n°02-19.694).
Lorsque la procédure est orale, c’est au jour de l’audience des plaidoiries qu’il
convient d’apprécier l’ordre des moyens de défense ; par conséquent, l’exception
d’incompétence peut encore être soulevée in limine litis, lors des plaidoiries.
La jurisprudence a confirmé que, dans les procédures orales, si le défendeur
dépose des écritures au fond avant l’audience, rien ne lui interdit de soulever, à
l’audience, une exception de procédure (cf. Civ. 2, 16 octobre 2003, Bull. n°311)
en respectant l’ordre imposé par l’article 74, c’est- à- dire s’il la présente avant
toute défense au fond (cf. Civ. 2, 14 avr. 2005, pourvoi n°03-16.682).
Cette rigueur est atténuée à l’alinéa 2 de l’article 74, sous la forme d’un renvoi
aux articles 103, 111, 112 et 118 CPC.
En premier lieu, s’agissant des exceptions de nullité d’un acte de procédure pour
une irrégularité de forme, l’article 112 CPC prévoit que cette nullité peut être
invoquée au fur et à mesure de l’accomplissement des actes. Naturellement la
nullité est couverte toutes les fois que la partie, postérieurement à l’acte nul, a
d’abord proposé un moyen de défense au fond ou une fin de non- recevoir, avant
de présenter une exception de nullité, même si celle- ci n’a été soulevée qu’à titre
subsidiaire.
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En deuxième lieu, en ce qui concerne les exceptions de nullité d’un acte de
procédure pour irrégularité de fond, l’article 118 précise qu’elles peuvent être
proposées en tout état de cause, « à moins qu’il en soit disposé autrement », et
sauf la possibilité pour le juge de condamner à des dommages- intérêts ceux qui
se seraient abstenus, dans une intention dilatoire, de les soulever plus tôt.
L’exception débute par la découverte d’une incompétence soulevée par les parties
ou le juge (A). Une décision est rendue, elle est susceptible d’un recours devant
la Cour d’appel (B et C) et d’un pourvoi en cassation (D).
A L’exception d’incompétence
Deux situations, de première part, l’incompétence peut être soulevée par les
parties au moyen d’un déclinatoire, d’autre part, l’incompétence relevée d’office
par le juge.
a) Le déclinatoire de compétence
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En vertu de l’article 74 CPC le déclinatoire de compétence doit, à peine
d’irrecevabilité, être soulevé simultanément avec les autres exceptions de
procédure et avant toute défense au fond ou fin de non- recevoir.
Toutefois il faut rappeler que le déclinatoire peut encore être soulevé après l’échec
de la conciliation, devant la formation de jugement.
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Lorsque le tribunal est saisi, il doit statuer sur l’exception dans le plus bref délai
possible ; le déclinatoire sera communiqué au ministère public, mais uniquement
dans les cas où ses réquisitions sont exigées par la loi.
Le tribunal examine nécessairement d’abord si l’exception est recevable. Si elle
ne l’est pas, le plaideur est débouté de son déclinatoire et le fond peut être abordé.
Si le déclinatoire soit recevable, la juridiction saisie doit en analyser le bien-
fondé.
Deuxième cas (art. 78 CPC), le tribunal du premier degré peut, dans un même
jugement, se déclarer compétent et statuer sur le fond. Mais il doit le faire, là
encore, par des dispositions distinctes et après avoir mis préalablement les parties
en mesure de conclure au fond. L’instance est alors suspendue pendant le délai
pour former appel et le juger (art. 90, al. 1er).
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Troisième cas (art. 80 CPC), le juge se déclare compétent sans statuer sur le fond,
l’instance est suspendue jusqu’à l’expiration du délai pour former appel et, en cas
d’appel, jusqu’à ce que la cour d’appel ait rendu sa décision ( sur la compétence).
Quatrième cas (art. 83, al. 2 CPC), le juge se prononce sur la compétence et
ordonne une mesure d’instruction ou une mesure provisoire, l’appel est ouvert
immédiatement.
L’arrêt est notifié aux parties par le greffier, il n’est pas susceptible d’opposition,
mais d’un pourvoi en cassation dont le délai court à compter de cette notification
( C. pr. civ., art. 87).
Par ailleurs, la cour peut juger le fond de l’affaire sans la renvoyer à la juridiction
du premier degré, il s’agit de la faculté d’évocation. La juridiction d’appel qui
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s’estime compétente, considère qu’il est de bonne justice de donner à l’affaire une
solution définitive.
Si le jugement rendu sur le fond est en premier et dernier ressort. Il peut être frappé
d’appel qu’exclusivement sur la compétence. Un pourvoi formé à l’encontre des
dispositions sur le fond rend l’appel irrecevable (art. 91, al. 1er CPC).
L’appel porte alors sur la compétence et sur le fond (art. 90, al. 1er CPC).
Dans tous les autres cas, l’article 608 CPC prévoit que : « hors les cas spécifiés
par la loi, les autres jugements en dernier ressort ne peuvent être frappés de
pourvoi en cassation indépendamment des jugements sur le fond ».
Donc, pour savoir si l’arrêt d’appel statuant sur la compétence est susceptible d’un
pourvoi immédiat, il faut d’abord rechercher s’il met fin à l’instance, ou si, sans
statuer sur le fond du litige, il se prononce sur la compétence, auquel cas il n’est
pas exigé qu’il mette fin à l’instance (art. 607- 1).
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Les articles 100 à 107 CPC traitent des exceptions de litispen-ance et de connexité
et les soumettent, dans l’ensemble, au régime du déclinatoire de compétence. Une
distinction entre ces deux situations.
A. La litispendance
La litispendance correspond à une identité des litiges et deux juridictions saisies
sont compétentes et appartiennent au même degré de juridiction.
Si l’une des parties le demande, celle qui a été saisie en second doit se dessaisir
au profit de la première.
En présence de deux juridictions de degré différent, le déclinatoire doit être formé
devant celle qui occupe le degré inférieur dans la hiérarchie judiciaire (art. 102
CPC). Le déclinatoire de litispendance doit être formé comme celui de
compétence, dans la même forme, avant toute défense au fond ou fin de non-
recevoir.
Le juge peut se dessaisir d’office (art. 100 CPC). La voie de recours sera l’appel.
La cour d’appel apprécie la situation de litispendance au jour où elle est saisie par
le recours. Mais il peut arriver que, par suite de recours menés parallèlement, deux
ou plusieurs cours d’appel soient saisies d’un recours sur la compétence.
L’article 104, al. 2, CPC donne alors la préférence à la cour qui aura été saisie la
première pour décider de la solution définitive. C’est elle qui, si elle fait droit à
l’exception, renverra la connaissance de l’affaire à celle des juridictions qui, selon
les circonstances de l’espèce, lui paraît la mieux placée pour en connaître.
L’article 106 CPC a prévu le cas où les deux juridictions se seraient dessaisies ;
l’arbitrage se fait de la manière suivante : la décision rendue la seconde en date
sur la compétence sera considérée comme non avenue et cette juridiction restera
saisie.
B. La connexité
La connexité existe lorsque plusieurs demandes sont unies par des liens si étroits
qu’il y a intérêt à les examiner ensemble afin d’éviter des décisions inconciliables
ou contradictoires.
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L’exception de connexité peut être soulevée en tout état de cause
Elle n’est pas nécessairement soulevée devant la juridiction saisie la seconde, sauf
si elle est inférieure en degré à celle qui l’a été en premier lieu. Elle le sera le plus
souvent devant le tribunal qui connaît de la demande la plus importante, la plus
complexe. Les juges du fond sont souverains pour apprécier la connexité. Né une
obligation de se dessaisir du litige lorsqu’est reconnue la connexité au profit de la
juridiction saisie en premier lieu. Comme en matière d’incompétence, le juge qui,
dans le même jugement, rejette une exception de connexité et statue au fond du
litige, doit inviter les parties à conclure sur le fond, si elles ne l’ont déjà fait.
L’exception dilatoire est celle qui a pour but direct et immédiat d’obtenir un délai.
Si, pendant ce délai de quatre mois ou pendant le délai supplémentaire qui lui
aurait été accordé, il était mis en demeure de se décider par une demande en
justice, il peut grâce à l’exception exiger la suspension de la procédure pendant
les délais de la loi. L’exception se forme par requête au tribunal, sous forme de
conclusions. Cette exception doit être demandée par son bénéficiaire, le juge ne
pouvant la relever d’office. Elle permet à celui qui en bénéficie de déroger à la
règle de l’article 74 CPC et de ne présenter ses autres exceptions qu’après
l’expiration du délai de 4 mois.
L’article 108 CPC accorde également une exception à la partie qui jouit « du
bénéfice de discussion ou de division » . Le premier concerne la caution qui exige
que l’on se tourne d’abord vers le débiteur ; le second joue en cas de cautions
multiples, la caution poursuivie pour le tout demandant au juge que l’action en
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paiement soit fractionnée entre les cautions solvables au jour des poursuites. Son
bénéficiaire doit la demander au juge qui ne peut la relever d’office.
Toutes les fois que le défendeur bénéficie d’un délai pour adopter une certaine
attitude juridique, exercer une option, il peut invoquer une exception dilatoire.
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La motivation de la cour de cassation mérite d’être rappelée : « quelle que soit la
gravité des irrégularités alléguées, seuls affectent la validité d’un acte de
procédure, soit les vices de forme faisant grief, soit les irrégularités de fond
limitativement énumérées à l’article 117 du nouveau Code de procédure civile ».
Il faut distinguer la nullité pour vice de forme et l’irrégularité de fond.
Aux termes de l’article 114, al. 1er, du nouveau Code, « aucun acte de procédure
ne peut être déclaré nul pour vice de forme si la nullité n’en est pas expressément
prévue par la loi » .
La règle pas de nullité sans texte est écartée pour les formalités substantielles ou
d’ordre public. La formalité substantielle est celle qui donne à l’acte sa nature, ses
caractères, qui en constitue son fondement. La formule est assez souple pour
laisser au juge un large pouvoir d’appréciation.
Les nullités pour vice de fond ne sont pas soumises à la règle pas de nullité sans
texte. L’article 117 se contente d’affirmer que « constituent des irrégularités de
fond… » . En outre, l’article 119 précise que ce type d’exception de nullité doit
être accueilli, « alors même que la nullité ne résulterait d’aucune disposition
expresse » .
Mais il faut que le vice invoqué à l’appui de la demande en nullité soit l’un de
ceux énumérés à l’article 117. La liste de l’article 117 est limitative.
Lorsque la cause de la nullité repose sur un vice de forme, il faut que le vice ait
causé un grief à la partie adverse ; cette condition n’est pas exigée pour les vices
de fond.
L’appréciation du grief par le juge est souveraine, mais. Mais le vice de forme ne
devient une cause de nullité que si celui qui l’invoque peut démontrer que c’est à
cause de cette irrégularité qu’il n’a pas pu organiser sa défense dans les conditions
prévues par la loi. La jurisprudence apprécie le grief in concreto et non in
abstracto. La seule gravité du vice invoqué ne saurait suffire à caractériser le grief.
Il faut un lien causal entre cette irrégularité et le préjudice invoqué.
La règle ne joue pas pour les vices de fond. Les irrégularités de fond, lorsqu’elles
sont commises doivent être accueillies par le tribunal « sans que celui qui les
invoque ait à justifier d’un grief ».
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À quel moment peut être soulevée la nullité ?
L’article 113 y répond de la manière suivante : « Tous les moyens de nullité contre
des actes de procédure déjà faits doivent être invoqués simultanément à peine
d’irrecevabilité de ceux qui ne l’auraient pas été. ».
Également, l’article 118, « les exceptions de nullité fondées sur l’inobservation
des règles de fond relatives aux actes de procédure peuvent être proposées en tout
état de cause ».
Selon l’article 122 CPC constitue une fin de non- recevoir tout moyen qui tend à
faire déclarer l’adversaire irrecevable en sa demande, sans examen au fond, pour
défaut de droit d’agir, tel le défaut de qualité, le défaut d’intérêt, la prescription,
le délai préfix, la chose jugée.
On en déduit que les éléments indiqués le sont à titre d’exemples, qui n’épuisent
donc pas les fins de non- recevoir possibles.
L’irrecevabilité de la demande interdit au juge d’examiner le fond de la prétention.
Une telle sanction s’applique également au défendeur. En effet, le terme « action
» employé à l’article 122 doit être entendu dans sa généralité, telle qu’elle ressort
de l’article 30 du Code de procédure civile, qui s’applique tant à la défense qu’à
la demande. Ainsi, le défendeur peut n’avoir pas la qualité requise pour être
défendeur, par exemple lorsque le demandeur assigne le courtier alors qu’il aurait
dû assigner l’assureur. Il peut aussi ne pas remplir les conditions objectives
d’ouverture de l’action (par exemple, le défendeur, perdant en première instance,
veut interjeter appel mais il est forclos à agir, le délai d’appel étant expiré).
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Elle s’apparente à la défense au fond en ce qu’elle tend à opposer un obstacle
définitif à l’action en justice, ce qui la distingue en revanche nettement de
l’exception de procédure, qui n’oppose le plus souvent qu’un obstacle temporaire
à l’action en justice.
La formule de l’article 122 CPC n’épuise pas la liste des fins de non- recevoir.
Des fins de non- recevoir sont aussi aussi légalement prévus. Mais surtout des fins
de non- recevoir peuvent être d’origine contractuelle.
Ainsi la Cour de cassation en décidé que cette sanction doit s’appliquer lorsqu’une
action est formée au mépris d’une clause de conciliation. Par cette clause, les
parties à un contrat s'engagent, dans l'hypothèse où un litige surviendrait entre
elles, à tenter une conciliation ou une médiation avant toute saisine du juge ; sans
être tenues à une obligation de résultat ( succès de la tentative de rapprochement),
elles le sont par une obligation de moyens ( mise en oeuvre d’une tentative de
rapprochement).
La question s’est posée de savoir si la fin de non- recevoir pouvait du moins être
régularisée et neutralisée dans ses effets lorsque les parties prennent la peine
d’engager, en cours d’instance, un processus de conciliation, puis en constatent
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l’échec. Mais la Cour de cassation a refusé cette solution (Cass, ch. mixte, 12 déc.
2014, pourvoi no 13- 19.684).
Toutefois, ce principe ne saurait être invoqué pour empêcher une partie d'invoquer
des moyens de fond nouveaux au soutien de ses prétentions en instance d'appel
(Com. 10 févr. 2015, pourvoi no 13- 28.262).
Toujours dans cette perspective de ne pas empêcher une partie de modifier sa
défense, la deuxième chambre civile a refusé de qualifier de contradiction au
détriment d’autrui l’adoption d’une attitude procédurale contraire à une position
adoptée antérieurement à l’instance (Civ. 2e, 22 juin 2017, no 15- 29202).
Enfin, les fins de non- recevoir peuvent être présentées en tout état de cause (Civ.
2e, 12 avril 2018, no 17- 15434), sauf la possibilité pour le juge de condamner à
des dommages-intérêts ceux qui se seraient abstenus, dans une intention dilatoire,
de les soulever plus tôt.
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Le régime est particulièrement souple puisqu’à défaut de disposition expresse
contraire, le demandeur à l’irrecevabilité n’a pas à justifier de l’existence d’un
grief. L’office du juge en matière de fins de non- recevoir est variable.
Enfin, les fins de non- recevoir peuvent être régularisées. Si, au moment où le juge
statue, la situation qui a provoqué la fin de non- recevoir est susceptible d’une
régularisation, l’irrecevabilité sera écartée.
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