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Etienne Berger

etienne.berger34@gmail.com

Procédure civile, sujet n°2

I – La compétence et la notification

La SCI MARTIN assigne pour le 05/03/2022 devant la juridiction compétente son locataire au
paiement des sommes dues soit 6 000€, 800€ de dommages-intérêts et 700€ au titre de
l’article 700 du Code de procédure civile. L’acte signifiant l’assignation a été délivré le
28/02/2022, soit 5 jours avant l’audience.

Quelle sera la juridiction compétente ?

A – La compétence matérielle

L’article 33 du Code de procédure civile dispose que la compétence des juridictions en raison
de la matière est déterminée par les règles relatives à l’organisation judiciaire et par des
dispositions particulières.

L’article L211-3 du Code de l’organisation judiciaire (COJ) dispose que le tribunal judiciaire
connaît de toutes affaires civiles et commerciales pour lesquelles la compétence n’est pas
attribuée, en raison de sa nature, à une autre juridiction.

L’article  L213-4-4 du COJ donne compétence au juge des contentieux et de la protection


pour tous les contrats de louage d’immeuble à usage d’habitation ou d’occupation. Ce juge
occupe une fonction particulière et siège au sein du tribunal judiciaire (art L213-4-1 du COJ).

En l’espèce, le litige porte sur une somme due en exécution d’un contrat de louage
d’immeuble à usage d’habitation. Le litige est de nature civile et entre donc dans la
compétence du tribunal judiciaire, plus précisément du juge des contentieux et de la
protection.

En conclusion, le tribunal judiciaire est compétent

B – La compétence territoriale

L’article 42 du Code de procédure civile dispose que la juridiction territorialement


compétente est, sauf disposition contraire, celle du lieu où demeure le défendeur.
Cependant, l’article R 213-9-7 dispose que pour les cas prévus aux articles L213-4-3 et L213-
4-4, le juge des contentieux de la protection territorialement compétent est celui du lieu où
sont situés les biens.

En l’espèce, le bien loué se trouve à Montpellier. Bien que le défendeur se trouve lui à
Nîmes, la loi spéciale prime sur la loi de droit commun (specialia generalibus derogant), le
tribunal compétent est donc le tribunal judiciaire de Montpellier.

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En conclusion, le tribunal judiciaire de Montpellier, ainsi que le tribunal judiciaire de Nîmes


sont compétents ; c’est au demandeur de choisir entre ces deux tribunaux.

Qu’adviendra-t-il sur l’audience du fait de la remise de l’acte tardive ?

L’article 15 du Code de procédure civile impose le principe du contradictoire du procès civil :


les parties doivent se faire connaître mutuellement en temps utile les moyens de faits,
juridique, les preuves, prétentions qu’elles invoquent afin que chacune soit à même
d’organiser sa défense.

L’article 16 impose au juge de faire respecter ce principe du contradictoire en tout


circonstance. L’appréciation du caractère tardif de la communication des pièces  relève des
constatations souveraines des juges du fond (Chambre mixte 3 février 2006).

En l’espèce, la notification d’assignation à 5 jours de l’audience semble ne pas respecter le


principe du contradictoire. En effet, le défendeur n’a que 5 jours pour assurer sa défense ce
qui semble bien trop peu. Cependant l’audience aura lieu au jour indiqué, mais le défendeur
pourra soulever cet absence du contradictoire et demander un renvoi pour préparer sa
défense.

En conclusion, l’audience aura lieu, peu importe la remise tardive de l’acte. Elle pourra se
tenir à nouveau à une date ultérieure choisie par le juge.

II – La radiation

L’affaire a été radiée du rôle du tribunal en l’absence des parties, plus précisément de
l’avocat du demandeur. 

Que peut-il faire ?

L’article 381 dispose que la radiation sanctionne dans les conditions de la loi le défaut de
diligence des parties, elle emporte suppression de l’affaire du rang des affaires en cours.
Heureusement, l’article 383 permet de rétablir l’affaire, tant que la péremption de l’instance
n’est pas acquise, sur justification de l’accomplissement des diligences dont le défaut avait
entraîné la radiation du rôle, à la demande de l’une des parties. Cette décision de radiation
est une simple décision administrative ne pouvant faire l’objet de recours, elle ne met pas fin
à l’instance. Les parties ont un délai de deux ans pour accomplir les diligences nécessaires
(article 386 du Code de procédure civile). L’avocat devra adresser un  courrier au greffe à
l’inscription de l’affaire, une nouvelle audience sera ainsi donnée.

En l’espèce, l’affaire a été radiée du rôle à cause de l’absence des parties à l’audience.
L’avocat pourra demander dans un délai de deux ans le rétablissement de l’affaire à laquelle
il devra cette fois-ci se rendre à l’heure.

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En conclusion, l’avocat pourra demander le rétablissement de l’affaire.

III – L’oublie d’une mention

L’avocat oublie de mentionner l’adresse du Tribunal sur l’acte d’assignation à comparaître.

Quelles sont les conséquences de cet oubli sur la procédure ?

L’article 54 du Code de procédure civile énonce, à peine de nullité, les mentions devant
apparaître dans la demande initiale :

-l’indication de la juridiction devant laquelle la demande est portée

-l’objet de la demande

- les noms, prénoms, profession, domicile, nationalité, date et lieu de naissance des
demandeurs pour les personnes physiques ; la forme, dénomination, siège social et l’organe
qui la représente pour la personne morale.

- les mentions relatives à la désignation des immeubles exigée pour la publication au fichier
immobilier

- Si précédée d’une tentative de mode alternatif des règlements, l’indiquer

Toute demande doit comporter ces mentions à peine de nullité.

L’article 55 du Code de procédure civile définit l’assignation comme l’acte d’huissier de


justice par lequel le demandeur cite son adversaire à comparaître devant le juge. L’article
suivant indique que l’assignation contient, à peine de nullité, en plus des mentions exprimé
précédemment de l’article 54 :

-les lieux, jour et heure de l’audience à laquelle l’affaire sera appelée

- un exposé des moyens en fait et en droit

-La liste des pièces sur lesquelles la demande est fondée dans un bordereaux

-l’indication des modalités de comparution

L’article 114 du Code de procédure civile dispose qu’aucun acte de procédure ne peut être
déclaré nul pour vice de forme si la nullité n’en est pas expressément prévue par la loi. Cette
nullité ne peut être prononcée qu’à charge pour l’adversaire qui l’invoque de prouver le grief
que lui cause l’irrégularité, même lorsqu’il s’agit d’une formalité substantielle ou d’ordre
public.

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La jurisprudence précise qu’un exploit n’est pas nul par cela seul qu’un tribunal y a été
indiqué au lieu d’un autre, alors que l’erreur peut se rectifier par les autres énonciations de
l’acte (Chambre des requêtes 20 juillet 1882).

En l’espèce, Me Distrait a fait envoyer une assignation, celle-ci doit comporter toutes les
mentions précisées précédemment. L’acte ne comporte pas l’adresse du tribunal, à défaut
de précisions pour les autres mentions, il est admis que toutes les autres mentions ont été
correctement inscrites. L’adresse porte donc sur « les lieu, jour et heure de l’audience » de
l’article 56 du Code de procédure civile, mais « l’indication de la juridiction devant laquelle la
demande est portée » a été remplie, c’est-à-dire qu’il a été indiqué que l’affaire sera porté
devant le Tribunal Judiciaire de Montpellier. A la lumière de la jurisprudence du 20 juillet
1882, une erreur peut se rectifier par les autres énonciations de l’acte, ainsi même en
l’absence d’adresse du tribunal, connaissant devant quelle juridiction sera portée l’affaire, il
est simple de se procurer l’adresse. De plus, si la partie adverse souhaite faire annuler
l’assignation, elle devra démontrer un grief.

En conclusion, l’assignation a peu de chance de se voir annuler. En revanche, si tel est le cas,
c’est toute la procédure qui peut être annulée puisque c’est la demande, ici sous la forme de
l’assignation,  qui ouvre l’instance, celle-ci étant nulle, le reste de la procédure peut elle
aussi être déclarée nulle.

IV – L’exécution forcée du jugement

A – Conseil

Le défendeur ne se présente pas à l’audience et un jugement faisant droit à nos demandes


est rendu le 11/05/2022. Le défendeur ne s’exécute pas et notre client souhaite engager une
procédure d’exécution forcée au plus proche du 15/11/2022 date à laquelle le défendeur
touchera une forte somme d’argent.

Quelles sont les conditions pour que ce jugement puisse faire l’objet d’une procédure
d’exécution forcée et à compter de quelle date doit-on faire intervenir un huissier de
justice ?

Lorsque le défendeur ne se présente pas, l’article 473 dispose que le jugement est réputé
contradictoire lorsque la décision est susceptible d’appel ou lorsque la citation a été délivrée
à la personne du défendeur.

Le juge des contentieux de la protection est compétent pour recevoir les appels lorsque la
demande est inférieure à 5 000€ (Art. R. 213-9-4 du code de l’organisation judiciaire)

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En l’espèce, le défendeur ne s’est pas présenté à l’audience et un jugement a été rendu le


condamnant. Ce jugement est susceptible d’appel puisque la demande dépasse les 5 000€ (6
800€ en l’espèce). Ainsi, le jugement rendu est un jugement réputé contradictoire.

En conclusion, le jugement rendu contre M. DUPUY est un jugement réputé contradictoire

Pour que le jugement fasse l’objet d’une procédure d’exécution forcée, il faut que le
jugement soit pleinement exécutoire. Pour cela, il faut que le jugement ne soit pas
susceptible d’appel ou que les délais pour faire appel soient écoulés (article 500 du Code de
procédure civile) ; et que le jugement soit notifié à la partie condamnée (article 503 du Code
de procédure civile). En principe aucun délai particulier n’est imparti pour notifier un
jugement. Cependant pour les jugements rendus par défaut ou les jugements réputés
contradictoires au seul motif qu’ils sont susceptibles d’appel, peuvent tous deux  être
déclaré non avenus s’ils n’ont pas été notifiés dans les 6 mois de leur date, comme le prescrit
l’article 478 du Code de procédure civile.

Le délai d’appel à l’encontre des jugements rendus par le Juge des contentieux de la
protection est d’un mois à compter de la signification à partie. Il est de quinze jours à
compter de la signification pour les ordonnances de référé (Art. R. 213-9-4 du code de
l’organisation judiciaire + article 538 du Code de procédure civile).

L’article 642 du Code de procédure civile dispose que tout délai expire le dernier jour à vingt-
quatre heures. Le délai qui expire normalement un samedi, dimanche ou un jour férié,
chômé, est prorogé jusqu’au premier jour ouvrable suivant.

En l’espèce, le défendeur ne s’est pas présenté à l’audience et un jugement réputé


contradictoire a donc été rendu. La notification d’un tel jugement doit donc se faire six mois
après l’audience. Le défendeur va recevoir une grande somme d'argent le 15/11/2022. Le
but est que le délai pour faire appel soit arrivé à son terme juste avant qu’il reçoive cette
somme d’argent afin que le jugement puisse être exécutoire. Il faut aussi laisser un délai
pour demander la procédure d’exécution forcée avant qu’il ne reçoive cette somme afin qu’il
ne puisse organiser d’insolvabilité. Il conviendrait alors de faire tomber la fin du délai pour
faire appel le 10/11/2022 pour laisser le temps de demander la procédure d’exécution
forcée qui pourrait intervenir le vendredi 11 novembre ou lundi 14 novembre. Pour cela, il
convient de faire intervenir l’huissier de justice le lundi 10/10/2022. Cette date rentre dans
le délai de 6 mois pour les jugements réputés contradictoire.

En conclusion, il convient de faire intervenir l’huissier de justice le 10/10/2022 pour que


celui-ci notifie le jugement à la partie adverse.

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B – Jugement notifié

Le jugement a été notifié le 30/09/2022

A partir de quelle date cette décision sera-t-elle définitive ?

Pour les règles de droit, se référer à la partie précédente (A) concernant les articles R. 213-9-
4 du code de l’organisation judiciaire et l’article 538 du Code de procédure civile ; l’article
642 du Code de procédure civile.

En l’espèce, en matière contentieuse ici, le délai pour interjeter appel est de un mois. Le
jugement sera donc définitif le 30 octobre mais cela tombe un dimanche, le prochain jour
ouvrable est le lundi 31 octobre, c’est donc à cette date que le jugement sera définitif.

En conclusion, le jugement sera définitif le 31 octobre. 2022.

Qu’adviendrait-il si Monsieur Dupuy engageait un recours après cette date ?

L’article 122 du Code de procédure civile dispose que constitue une fin de non-recevoir tout
moyen qui tend à faire déclarer l’adversaire irrecevable en sa demande sans examen au fond
pour défaut de droit d’agir, comme le défaut de qualité, d’intérêt, de prescription ou de la
chose jugé. Les fins de non-recevoir peuvent être soulevées en tout état de cause (article
123 Code de procédure civile) et ne demande pas la démonstration d’un grief (art 124 Code
de procédure civile). L’article 125 oblige le juge à relever d’office les fins de non-recevoir
lorsqu’elles ont un caractère d’ordre public, notamment lorsqu’elles résultent de
l’inobservation des délais dans lesquels doivent être exercées les voies de recours.

En l’espèce, si Monsieur Dupuy fait un recours après cette date du 31 octobre 2022, le délai
est prescrit, sa demande constitue une fin de non-recevoir qui sera relevé d’office par le
juge. Ainsi sa demande sera irrecevable, il ne pourra pas faire de recours.

En conclusion, la demande de recours après cette date sera prononcée irrecevable

CORRECTION

Cas 1

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