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LA PREUVE

La preuve constitue un aspect fondamental dans l'application du droit. En effet,


comment le juge pourra-t-il trancher un litige si la preuve ne lui était pas rapportée
des éléments sur lesquels les plaideurs fondent leurs prétentions antagonistes.

En vertu de l'article 399 « la preuve de l’obligation doit être faite par celui qui s'en
prévaut».

Le fardeau de la preuve incombe au demandeur d'après les principes généraux du


droit.

En vertu de l'article 404, les moyens de preuve reconnus par la loi sont:

 l’aveu de la partie
 la preuve littérale ou écrite
 la preuve testimoniale -la présomption
 le serment.

a) : L'aveu (art. 405) :

L’aveu est la reconnaissance par une personne de l'exactitude de ce qu'on allègue


contre elle. A première vue, l'aveu paraît être la preuve la plus sûre des preuves.

Le D. O. C. distingue l'aveu judiciaire et l'aveu extrajudiciaire.

 L'aveu judiciaire est une déclaration faite en justice par le plaideur ou


son mandataire muni d’un pouvoir spécial. Cet aveu présente certaines
caractéristiques.
Il est irrévocable. Il ne pourrait être rétracté qu'à la condition d'établir qu'il est
le résultat d'une erreur de fait.

Il forme une preuve décisive contre celui qui l'a fait.

Il est indivisible en ce sens que celui qui s'en prévaut doit le prendre tel qu'il est
sans pouvoir en retrancher ce qui pourrait être défavorable à ses prétentions.

 L'aveu extrajudiciaire est celui que la partie ne fait pas devant le juge
(Art. 407).
Ex.: Les juges du fond ont la faculté d'apprécier la pertinence d'un aveu
extrajudiciaire et par conséquent de constater que la vitesse excessive reprochée à
un automobiliste est démentie par son arrêt sur place.

L'aveu doit être fait en faveur d'une personne capable de posséder soit qu'il s'agisse
d'un individu ou d'une personne morale.

L'aveu ne peut être révoqué, alors même que la partie adverse n'en n'aurait pas pris
acte.

b) : La preuve littérale:

La preuve littérale résulte d'un acte authentique, ou d'une écriture sous-seing privé.

Elle peut résulter également de la correspondance, des télégrammes et de toutes


autres écritures etc.... .

-Ex. : une quittance d'achat des objets saisis suffit pour en établir la propriété.

1) L'acte authentique:

on appelle actes authentiques les écrits rédigés avec les solennités requises et dans
les limites de leur compétence, par des officiers publics, c'est à dire par des
personnes investies par l'Etat du droit d'instrumenter en certaines matières précises
et dans un ressort déterminé: notaires, adouls, officiers de l'Etat civil, magistrats.

. Exemple : le constat dressé par le secrétaire-greffier en chef d'un tribunal de


paix pour établir la preuve d'un acte de concurrence déloyale constitue un acte
authentique dont l'exactitude des énonciations ne peut être contestée que par la
procédure d'inscription de faux (Tb. lè Ins. Casa -25-XII-1915).

-Un acte d'adoul a le caractère d'acte authentique. Il ne peut donc être


utilement discuté que par la procédure d'inscription en faux (CAR. 13-II-1924).

-Un titre de propriété reçu en la forme locale, d'apparence régulière, doit être
qualifié d'authentique (CAR. 26-VII-1915).

2) L'acte sous-seing-pivé (S.S.P)


On appelle acte SSP celui qui est rédigé et signé par les parties elles-mêmes,
sans intervention d'un officier public. Moins couteux que l'acte notarié, l'acte SSP est
parfois requis, lors de la formation d'un contrat, soit pour permettre le contrôle d'un
respect, d'une réglementation jugée importante, soit pour assurer la protection d'un
contractant réputé plus faible et moins bien affilé que l'autre, soit enfin pour garantir
la preuve éventuelle de la convention. Ex. : contrat de bail.

-Exemple 1 : la législation des signatures constitue à sa date, la date certaine


(CAR-19-II 1924).

-Exemple.2 : une vente immobilière passée SSP, non enregistrée, acquiert date
certaine du jour de son dépôt à la conservation foncière, à l'appui d'une réquisition
d'immatriculation1.

La preuve des actes juridiques c'est à dire des contrats n'est pas en principe
libre. La règle de la preuve d'un engagement doit se faire par écrit dès que le litige est
supérieur à 250 DH. (art. 443 D.O.C.). Cependant l'exigence d'une preuve par un acte
préconstitué est supprimée dans les cas suivants:

-Art. 447 D.O.C. : lorsqu'il existe un commencement de preuve par écrit. C'est
une preuve acceptable s'il est renforcé par des témoignages ou des indices.

-Art. 481 D.O.C. : lorsque le plaideur a été dans l'impossibilité de se ménager un


écrit préconstitué soit parce que tel n'est pas l'usage professionnel ou l'habitude. Ex. :
contrats entre parents ou amis soit parce que le plaideur n'est pas patie à l'acte. En
pareille circonstance la convention peut être prouvée même par témoignage.

-Art. 448 D.O.C. : lorsque le litige est de nature commerciale la preuve de l'acte
en cause est alors libre, elle peut être rapportée par tout moyen.

c : Les écritures (art. 427)


Les écritures portant l'obligation de personnes illettrées ne valent que si elles
ont été reçues par notaires ou par officiers publics.

EX. : les tribunaux ont le pouvoir souverain de décider si une personne qui a
signé une obligation, une reconnaissance ou un contrat écrit dans une langue qui
n'est pas la sienne a agi en pleine connaissance de cause et après avoir compris le
contenu et la portée de l'acte qu'il a signé (Tb. 1 è Ins. Casablanca 2 jugements du 28-
II-1918).
1
Voir Cour d’appel de Rabat, Chambre immobilière, Arrêt n° 7830 en date du 17/12/96, revue AL ICHÂA, n°
26, p. 240.
d) la preuve testimoniale:
En vertu de l'article 443 tous autres faits juridiques ayant pour but, de créer, de
transférer, de modifier ou d'éteindre des obligations ou des droits excédant la
somme ou valeur de 250 DH ne peuvent être prouvés par témoins, il doit en être
passé acte devant notaire ou SSP.

-Ex. Celui qui s'entremet pour une vente d'immeubles n'accomplit pas un acte
de commerce. Il ne doit donc recourir à la preuve testimoniale pour prouver une
obligation excédant le quantum prévu à l'article 443 du DOC et s'il a demandé au
tribunal de première instance qu'il soit statué en matière commerciale, ce tribunal
doit se déclarer incompétent (Tb. 1 ère Instance Casablanca 18- IV -1914).

-Exemple : Si les tribunaux disposent d'un pouvoir souverain en matière de


preuve testimoniale, ils doivent pour justifier leur décision lorsqu'ils statuent sur une
demande d'enquête, se prononcer sur la pertinence, la vraisemblance ou
l'admissibilité des faits positifs ou négatifs cités en preuve (CS-29-1962).

e) Les présomptions

Art 449 « les présomptions sont des indices au moyen desquels la loi ou le juge
établit l'existence de certains faits inconnus.

Exemple. : Si les juges de fond ont un pouvoir souverain d'appréciation en ce qui


concerne les présomptions simples. Encore faut-il qu'ils ne méconnaissent pas les
conditions légales de leur application en les déduisant d'un fait unique non
susceptible d'établir à lui seul la preuve nécessaire (CS. Civ. 23-v-1961).

f) le serment

Le serment est une affirmation ou une promesse solennelle faite généralement


en prenant Dieu à témoin. C'est un acte grave: Le faux serment est un délit entraînant
des sanctions correctionnelles.

Ex. Application jurisprudentielle :


Ex 1 : La prestation du serment en la forme religieuse ne peut être ordonnée
d'office, mais seulement après accord à ce sujet entre les parties (Tb.Ière Instance -
Oujda 10X-1923).

Ex. 2 : le serment religieux musulman, déféré au cours d'une instance à un


caractère de transaction conditionnelle entre les parties qui nécessite qu'elles soient
d'accord pour sa prestation (CAR - 30 -v-1940).

Tableau des différents moyens de preuve

Preuves Parfaites Preuves Imparfaites

1 - Preuve littérale 1 - Dérivées des preuves parfaites

 Acte Authentique  Ecrits signés et non signés


 Acte Sous-seing privé  serment supplétoire
 Aveu extrajudiciaire
Il - Autres Preuves Il- Autres Preuves

 Serment décisoire  Témoignage


 Aveu judiciaire  Commune renommée
 Présomption de fait

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