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L’organisation judiciaire
La vie en société, la famille, la rue, l’école, l’entreprise, les transports... posent des
différends entre individus : un locataire ne paie pas ses loyers, une victime d’un accident de la
route n'est pas indemnisée par son assurance, un consommateur achète une cuisine équipée
défectueuse, un salarié est licencié sans motif légitime, une personne âgée est victime d’une
escroquerie, un jeune est maltraité... Que faire ?
Dans les sociétés démocratiques, la justice, gardienne des libertés individuelles, veille à
l’application de la loi et garantit le respect du droit de chacun. C’est à la justice qu’il revient
de trancher souverainement les conflits lorsque les parties en présence ne parviennent pas à
régler elles-mêmes leurs différends.
L’action en justice est donc un moyen, pour le titulaire d’un droit prétendu et contesté, de
demander au juge de consacrer ce droit dans sa décision (son jugement) afin de le faire
respecter par autrui. On parle communément du tribunal pour évoquer les lieux où les
personnes en conflit viennent chercher justice et où celles qui n’ont pas respecté les lois sont
sanctionnées. Alors quels sont les tribunaux qui sont compétents pour trancher les litiges
entre les citoyens ?
Mais avant de répondre à cette question, il est indispensable de s’interroger sur les principes
qui gouvernent la justice.
Le Principe d’égalité
Le principe du double degré de juridiction
Le principe de gratuité de la justice
Le Principe de la collégialité
Le principe de l’indépendance de la justice
Le principe du caractère contradictoire de la procédure
A- Le Principe d’égalité :
Seul l'Etat peut rendre la justice qui est la même pour tous selon les mêmes règles de
procédures = principe d'égalité
Tout justiciable peut librement soumettre sa prétention au tribunal compétent pour en
connaître. Ce tribunal doit, sous peine de déni de justice, statuer sur la demande dont il est
saisi.
Le principe consiste à ce que le litige soit examiné à deux degré, devant le tribunal de
premier ordre (tribunal judiciaire, tribunal de commerce, …) et devant la cour d’appel.
La justice est un service public qui est gratuit. Les juges qui sont des fonctionnaires ne sont
pas payés par les plaideurs mais par l'Etat = Principe de gratuité
La justice n’est pas à proprement parlé gratuite: le plaideur qui saisit le tribunal doit avancer
une partie contributive aux frais appelée taxe judiciaire. Il s’y ajoute les frais de
représentation ;
En cas d’insuffisance de ressources constatée, le demandeur peut obtenir le bénéfice de
l’assistance judiciaire.
D- Principe de collégialité :
Ce principe consiste à ce que la décision soit rendue non pas par un seul juge (principe du
juge unique), mais par un collège de magistrats (un minimum de trois magistrats).
Le fait de soumettre le même litige à l’examen et la réflexion de plusieurs juges peut
permettre une meilleure objectivité.
Par ailleurs, et de façon générale, le Conseil constitutionnel considère que les principes
d’indépendance et d’impartialité qui résultent de l’article 16 de la Déclaration de 1789 sont
applicables à toutes les juridictions
Le justiciable doit avoir été mis en mesure de se défendre et d’être entendu par le juge. Ce
principe exige le respect d’un délai irréductible pour permettre aux parties de comparaître.
Ce principe est renforcé par le principe de la publicité des audiences.
La justice est rendue, normalement, par des juridictions d’Etat. Mais les parties (le demandeur et le
défendeur) peuvent convenir, sous certaines conditions, de confier leur litige à un arbitre qui est un
juge « privé » rendant des décisions appelées sentences.
Cet ancien adage ne signifie pas que chacun doit connaitre toutes les règles de droit mais que
les individus ne peuvent ignorer l’existence de la loi qui édicte des interdits et reconnaît aux
individus des droits et les assujettit à des obligations.
Ainsi, afin de permettre à tous d'être en mesure de mieux connaître leurs droits et obligations,
les faire valoir et les exécuter, la loi du 10 juillet 1991, complétée par la loi du 18 décembre
1998, a créé un dispositif d'aide : l'aide à l'accès au droit.
L'aide à l'accès au droit consiste à offrir à quiconque en a besoin divers services dans des
lieux accessibles (tribunaux, maisons de justice et du droit, mairies, antennes de quartier,
centres d'action sociale, mairies, écoles, hôpitaux, centres d'hébergement d'urgence… ) :
….etc.
Selon l'article 6-1 de la Convention européenne des droits de l’Homme : " Toute
personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement,… par un tribunal
indépendant et impartial, établi par la loi... ".
Il en découle que toute personne a droit d'être jugée par un juge indépendant et
impartial, dans le cadre d'un procès équitable.
Le juge prendra sa décision en application du droit, après avoir entendu chacune des
personnes concernées, dans le respect des règles de la procédure.
A ce principe fondamental, sont attachés les principes du " contradictoire " et
du respect des droits de la défense comme principes d'égalité et de loyauté entre les
adversaires dans le cadre d'un procès
Lorsqu'une personne, partie à un procès, n'est pas satisfaite de la décision rendue par une
cour ou un tribunal statuant en "dernier ressort", la loi prévoit qu'elle peut exercer un ultime
recours, appelé pourvoi en cassation. Ce recours permet de faire vérifier que le droit a été
correctement appliqué.
Il s'exerce devant la Cour de cassation pour les affaires judiciaires et devant le Conseil d'Etat
pour les affaires administratives.
L'examen d'un dossier par l'une ou l'autre de ces juridictions "suprêmes" n'est pas un
nouveau procès. La Cour de cassation et le Conseil d'Etat ne constituent pas un troisième
degré de juridiction : leur rôle est de se prononcer si la décision de justice a été prise dans des
conditions conformes aux règles de droit.
Ces juridictions assurent ainsi l'interprétation uniforme des règles de droit par les cours
On emploie souvent les termes juridictions ou tribunaux pour évoquer le lieu où les
personnes en conflit viennent chercher justice. En fait, il en existe plusieurs, organisés selon
la nature et la gravité des litiges.
Le tribunal des conflits est une juridiction qui a pour but de résoudre les conflits de
compétence entre les juridictions de l’ordre judiciaire et les juridictions de l’ordre
administratif. Le tribunal des conflits se prononce, par exemple, lorsqu’une juridiction
administrative et une juridiction judiciaire veulent juger le même procès.
Affaires nées à
l'occasion des Cour d'appel
spécialisée Conseil de
contrats de travail
ou prud'hommes Cour de
Judiciaire
d'apprentissage cassation
Contraventions,
infractions les
Tribunal de
moins graves
passibles police
d'amendes
Délits, infractions
que la loi punit de
peines d'amende, Pénale Tribunal
d'emprisonnement correctionnel
(10 au plus) et
d'autres peines
Crimes, Cour
infractions les Cour d'assises d'assises
plus graves d'appel
(règle les conflits
entre ordre Tribunal des
administratif et conflits
judiciaire)
Litiges
concernant la
puissance
Tribunal
publique
(administrations, administratif Cour
entreprises administratif administrative
Conseil
publiques, etc.) d'appel
d'Etat
Pensions civiles Autres
et militaires, aide juridictions
sociale, etc. administratives
Le tribunal judiciaire : une juridiction compétente pour tous les litiges de nature civile
et commerciale pour lesquels aucune autre juridiction ne se voit spécifiquement attribuée une
compétence. Créé par la réforme de la justice de 2019 qui a opéré une ré-organisation des
juridictions de première instance, le tribunal judiciaire remplace les tribunaux d'instance (TI)
et les tribunaux de grande instance (TGI). Cette mesure vise principalement à mutualiser les
moyens accordés à ces juridictions afin de réaliser des économies de fonctionnement : locaux,
magistrats, matériel...
Le tribunal judiciaire statue en dernier ressort, c'est-à-dire sans appel possible, pour les
affaires où il dispose d'une compétence exclusive dès lors que le montant de la demande est
inférieur ou égal à 5000 euros.
Tribunal de commerce : Les juges ne sont pas des magistrats professionnels mais
des juges élus par leurs pairs ( = d’'autres commerçants)
Conseil de prud’hommes : Les juges ne sont pas des professionnels.
Ils sont élus à parité par les salariés et les employeurs (et assistés par un juge professionnel)
Cour d'assises : Le jugement est rendu par 3 juges professionnels (1 président + 2
assesseurs) et un jury populaire composé de 9 citoyens ordinaires tirés au sort parmi la
population.
Cour d'’assises d’appel : Le fonctionnement est le même que la Cour d'assises
classique, mais il y a 12 jurés au lieu de 9
Dans les palais de justice, siègent différentes juridictions, chacune ayant sa propre
compétence (aptitude reconnue à une juridiction de statuer sur un litige déterminé).
Deux séries de règles permettent de déterminer le tribunal compétent :
En matière civile :
On distingue :
la juridiction de droit commun : compétence pour tous les litiges qui ne relèvent pas
de la compétence d’une juridiction d’exception (tribunal judiciaire).
En matière pénale :
En matière administrative
Le tribunal administratif est juge de droit commun.
Rappel : le défendeur est la partie à laquelle le procès est intenté. Le défendeur s’oppose au
demandeur.
Selon l’art. 42 du code de la procédure civile (CPC), le tribunal compétent pour juger
d'un litige civil est celui du lieu du domicile (ou du lieu de son siège social ou d'une de ses
succursales s'il s'agit d'une société ou d'une association) de la personne attaquée en justice
(appelée le « défendeur »). Si le défendeur n'a ni domicile ni résidence connus, le demandeur
peut saisir la juridiction du lieu où il demeure ou celle de son choix s'il demeure à l'étranger.
Lorsqu'il existe plusieurs défendeurs, le demandeur peut saisir au choix la juridiction du
lieu où l'un d'entre eux a son domicile.
Selon l’art. 46 du CPC, Le demandeur peut saisir à son choix, outre la juridiction du lieu où
demeure le défendeur :
Matière immobilière : le tribunal compétent est celui dans le ressort duquel est
situé l’immeuble concerné. (art 44 du CPC)
Pour qu’elle soit valide, cette clause doit remplir les conditions résultant des articles 41 et 48
du Code de la Procédure civile :
2- Le droit de la preuve :
Lorsqu’une personne se prétend titulaire d’un droit, elle doit en apporter la preuve. Le juge
est neutre. Le système de preuve diffère en fonction de la matière :
En droit civil : ce sont les parties qui ont la charge de la preuve (procédure
accusatoire : juge arbitre entre l’accusé et l’accusation) ;
En droit pénal : c’est le ministère public qui aura la charge de soumettre une
affaire au juge. Il peut, par exemple, prendre toutes les initiatives nécessaires pour
réunir les preuves de la culpabilité ou de l’innocence de la personne jugée
(procédure inquisitoire : procédure dirigée par le juge).
3- Le rôle du juge :
Lorsqu'un litige exige qu’une solution, au moins provisoire, soit prise dans l’urgence par
le juge, une procédure spécifique dite de référé est prévue par la loi. Elle est confiée à un
juge unique, généralement le président de la juridiction.
Le juge des référés est saisi par voie d’assignation. Il instruit l’affaire de manière
contradictoire lors d’une audience publique et rend une décision sous forme d’ordonnance,
dont la valeur n’est que provisoire et qui n’est pas dotée au fond de l’autorité de la chose
jugée. L’ordonnance de référé ne tranche donc pas l’entier litige. Elle est cependant
exécutoire à titre provisoire.
Le recours au juge des référés, qui n’est qu’un juge du provisoire et de l’urgence, n’est
possible que dans un nombre limité de cas :
dans les cas d’urgence, le juge peut prononcer toutes les mesures qui ne se heurtent à
aucune contestation sérieuse ou que justifie l’existence du litige en question. On dit à
cette occasion que le juge des référés est le juge de l’évidence, de l’incontestable ;
le juge des référés peut également prescrire les mesures conservatoires ou de remise
en état qui s’imposent pour prévenir un dommage ou pour faire cesser un trouble
manifestement illicite (il peut ainsi suspendre la diffusion d’une publication portant
manifestement atteinte à la vie privée d’un individu) ;
le juge des référés est compétent pour accorder une provision sur une créance qui
n’est pas sérieusement contestable ;
enfin, lorsqu'il existe un motif légitime de conserver ou d’établir avant tout procès la
preuve de certains faits dont pourrait dépendre la solution d’un litige, le juge peut
ordonner des mesures d’instruction, par exemple une expertise.
Un procès est l’examen d’un différend qui a été soumis à un juge par des plaideurs rivaux
pour qu’il soit tranché. Avant d’engager un procès, il faut suivre des règles de procédure
précises.
Pour garantir la loyauté des procès et une bonne administration de la justice, le déroulement
de l’instance obéit à des grands principes.
1- Le principe du contradictoire :
En procédure civile, aucun acte ne peut être fait, aucun document ne peut être produit, aucun
argument ne peut être développé devant le juge sans que l’autre partie en ait connaissance.
En principe, les deux parties doivent être informées de la procédure et présentes devant le
juge. Il arrive cependant que lorsqu’une partie n’a pas pu ou voulu se rendre au tribunal, le
jugement soit rendu « par défaut ».
1- L’assignation :
A la demande de l’une des parties (le demandeur), un huissier établit un acte par lequel une
personne (le défendeur) est invitée à se présenter en personne ou par l’intermédiaire d’un
avocat devant un tribunal.
2- La mise en état :
Après l’assignation, l’affaire est dirigée vers le tribunal compétent. Elle sera ensuite confiée
à un juge « de la mise en état » qui aura pour rôle de suivre l’affaire pour éviter les pertes de
temps (exemple : il fixe des délais aux avocats).
3- L’audience :
C’est une séance durant laquelle le tribunal entend les avocats, instruit l’affaire avant de
prendre une décision. A la fin de l’audience, le président du tribunal (un magistrat du siège)
indique la date à laquelle le jugement sera prononcé.
4- Le jugement :
Après une période qui va permettre aux magistrats de se concerter ( délibérer), les juges du
siège vont prendre une décision. A l’issue du procès, le tribunal accepte ou rejette les
prétentions du demandeur.
Les décisions de justice doivent être motivées : La première partie comprend l’exposé des
motifs : motifs de droit (répondre aux questions de droit qui mettent en cause l’interprétation
de la règle de droit) et de fait (relatifs aux contestations purement matérielles). La seconde
partie comprend le dispositif, c’est-à-dire la solution donnée par le tribunal ou la cour au
litige.
L’issue du procès est le prononcé d’une décision rendue au nom du peuple français. Celle-ci
présente deux caractères :
La force exécutoire : pour être exécutoire, un jugement doit :
être notifié au perdant par acte d’huissier ;
avoir force de chose jugée, c’est – à – dire n’être susceptible d’aucun
recours ;
être revêtu de la formule exécutoire :
« En conséquence, la République française mande et ordonne à tous huissiers de justice,
sur ce requis, de mettre le dit jugement à exécution, aux procureurs généraux et aux
procureurs de la République près les tribunaux de grande instance d’y tenir la main, à
tous commandants et officiers de la force publique de prêter main forte lorsqu’ils en
seront légalement requis. »
Les juges sont faillibles. Ils peuvent se tromper tant en ce qui concerne l’appréciation des
faits que l’interprétation d’une règle de droit. Le recours a pour but l’annulation ou la
modification d’une décision de justice.
Les mécanismes de recours permettent aux parties de faire réexaminer une décision de
justice sur le fond et/ou sur la forme avant qu’elle n’ait autorité de la chose jugée.
Introduits pour la première fois par la loi du 8 février 1995, les modes alternatifs
de règlement des conflits mettent l’accent sur la préservation du pouvoir décisionnel des
parties au différend. A l’opposé de la procédure judiciaire, les modes alternatifs de règlement
des conflits confient aux parties la maîtrise du traitement du conflit et expriment la volonté
d’aboutir à une solution amiable.