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Droit L’organisation judiciaire

L’organisation judiciaire

La vie en société, la famille, la rue, l’école, l’entreprise, les transports... posent des
différends entre individus : un locataire ne paie pas ses loyers, une victime d’un accident de la
route n'est pas indemnisée par son assurance, un consommateur achète une cuisine équipée
défectueuse, un salarié est licencié sans motif légitime, une personne âgée est victime d’une
escroquerie, un jeune est maltraité... Que faire ?

Quand on ne parvient plus à s'entendre à l'amiable, on attend de la justice qu'elle rétablisse à


chacun ses droits, mais aussi qu'elle protège les intérêts des individus et ceux de la société.

Dans les sociétés démocratiques, la justice, gardienne des libertés individuelles, veille à
l’application de la loi et garantit le respect du droit de chacun. C’est à la justice qu’il revient
de trancher souverainement les conflits lorsque les parties en présence ne parviennent pas à
régler elles-mêmes leurs différends.

L’action en justice est donc un moyen, pour le titulaire d’un droit prétendu et contesté, de
demander au juge de consacrer ce droit dans sa décision (son jugement) afin de le faire
respecter par autrui. On parle communément du tribunal pour évoquer les lieux où les
personnes en conflit viennent chercher justice et où celles qui n’ont pas respecté les lois sont
sanctionnées. Alors quels sont les tribunaux qui sont compétents pour trancher les litiges
entre les citoyens ?

Mais avant de répondre à cette question, il est indispensable de s’interroger sur les principes
qui gouvernent la justice.

I - Principes généraux du système judiciaire :

 Le Principe d’égalité
 Le principe du double degré de juridiction
 Le principe de gratuité de la justice
 Le Principe de la collégialité
 Le principe de l’indépendance de la justice
 Le principe du caractère contradictoire de la procédure

A- Le Principe d’égalité :

Seul l'Etat peut rendre la justice qui est la même pour tous selon les mêmes règles de
procédures = principe d'égalité
Tout justiciable peut librement soumettre sa prétention au tribunal compétent pour en
connaître. Ce tribunal doit, sous peine de déni de justice, statuer sur la demande dont il est
saisi.

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B- Le principe du double degré de juridiction :

Le principe consiste à ce que le litige soit examiné à deux degré, devant le tribunal de
premier ordre (tribunal judiciaire, tribunal de commerce, …) et devant la cour d’appel.

C- Le principe de gratuité de la justice :

La justice est un service public qui est gratuit. Les juges qui sont des fonctionnaires ne sont
pas payés par les plaideurs mais par l'Etat = Principe de gratuité
La justice n’est pas à proprement parlé gratuite: le plaideur qui saisit le tribunal doit avancer
une partie contributive aux frais appelée taxe judiciaire. Il s’y ajoute les frais de
représentation ;
En cas d’insuffisance de ressources constatée, le demandeur peut obtenir le bénéfice de
l’assistance judiciaire.

D- Principe de collégialité :

Ce principe consiste à ce que la décision soit rendue non pas par un seul juge (principe du
juge unique), mais par un collège de magistrats (un minimum de trois magistrats).
Le fait de soumettre le même litige à l’examen et la réflexion de plusieurs juges peut
permettre une meilleure objectivité.

E- Une indépendance garantie par la constitution :

Le principe d’indépendance de la justice vise à garantir la possibilité de prendre des décisions


à l’abri de toute instruction ou pression. Ni le législateur, ni le Gouvernement, ni aucune
autorité administrative ne peuvent empiéter sur les fonctions des juges.

En effet, la Constitution reconnaît explicitement l’indépendance de la justice judiciaire


puisque le premier alinéa de l’article 64 de la Constitution du 4 octobre 1958 garantit
l’indépendance de l’autorité judiciaire qui « comprend à la fois les magistrats du siège et du
parquet ».

Par ailleurs, et de façon générale, le Conseil constitutionnel considère que les principes
d’indépendance et d’impartialité qui résultent de l’article 16 de la Déclaration de 1789 sont
applicables à toutes les juridictions

F- Principe du caractère contradictoire de la


procédure :

Le justiciable doit avoir été mis en mesure de se défendre et d’être entendu par le juge. Ce
principe exige le respect d’un délai irréductible pour permettre aux parties de comparaître.
Ce principe est renforcé par le principe de la publicité des audiences.

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G- La justice : un monopole d’Etat :

La justice est rendue, normalement, par des juridictions d’Etat. Mais les parties (le demandeur et le
défendeur) peuvent convenir, sous certaines conditions, de confier leur litige à un arbitre qui est un
juge « privé » rendant des décisions appelées sentences.

H- L’accès au droit et à la justice :

« Nul n’est censé ignorer la loi »

Cet ancien adage ne signifie pas que chacun doit connaitre toutes les règles de droit mais que
les individus ne peuvent ignorer l’existence de la loi qui édicte des interdits et reconnaît aux
individus des droits et les assujettit à des obligations.
Ainsi, afin de permettre à tous d'être en mesure de mieux connaître leurs droits et obligations,
les faire valoir et les exécuter, la loi du 10 juillet 1991, complétée par la loi du 18 décembre
1998, a créé un dispositif d'aide : l'aide à l'accès au droit.
L'aide à l'accès au droit consiste à offrir à quiconque en a besoin divers services dans des
lieux accessibles (tribunaux, maisons de justice et du droit, mairies, antennes de quartier,
centres d'action sociale, mairies, écoles, hôpitaux, centres d'hébergement d'urgence… ) :

 Information sur les droits et les obligations des personnes

 orientation vers les organismes, services ou professionnels chargés d'assurer ou de


faciliter l'exercice des droits et l'exécution des obligations (services sociaux, caisses
d'allocations familiales, associations,…..

 aide pour accomplir les démarches nécessaires ;

 ….etc.

I- Le droit à un procès équitable :

Selon l'article 6-1 de la Convention européenne des droits de l’Homme : " Toute
personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement,… par un tribunal
indépendant et impartial, établi par la loi... ".
Il en découle que toute personne a droit d'être jugée par un juge indépendant et
impartial, dans le cadre d'un procès équitable.
Le juge prendra sa décision en application du droit, après avoir entendu chacune des
personnes concernées, dans le respect des règles de la procédure.
A ce principe fondamental, sont attachés les principes du " contradictoire " et
du respect des droits de la défense comme principes d'égalité et de loyauté entre les
adversaires dans le cadre d'un procès

J- Le contrôle de l’application de la loi :

Lorsqu'une personne, partie à un procès, n'est pas satisfaite de la décision rendue par une
cour ou un tribunal statuant en "dernier ressort", la loi prévoit qu'elle peut exercer un ultime

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recours, appelé pourvoi en cassation. Ce recours permet de faire vérifier que le droit a été
correctement appliqué.

Il s'exerce devant la Cour de cassation pour les affaires judiciaires et devant le Conseil d'Etat
pour les affaires administratives.
L'examen d'un dossier par l'une ou l'autre de ces juridictions "suprêmes" n'est pas un
nouveau procès. La Cour de cassation et le Conseil d'Etat ne constituent pas un troisième
degré de juridiction : leur rôle est de se prononcer si la décision de justice a été prise dans des
conditions conformes aux règles de droit.
Ces juridictions assurent ainsi l'interprétation uniforme des règles de droit par les cours

II- Principes et différentes catégories de juridictions :

On emploie souvent les termes juridictions ou tribunaux pour évoquer le lieu où les
personnes en conflit viennent chercher justice. En fait, il en existe plusieurs, organisés selon
la nature et la gravité des litiges.

A- La dualité des juridictions : 2 ordres de justice

 Le principe de la séparation des pouvoirs a conduit à la mise en place de deux ordres


de juridictions : l’ordre judiciaire et l’ordre administratif.
Ainsi la justice remplit une double mission :
Elle sanctionne les comportements qui portent atteinte à l’ordre public et règle
les différends qui naissent entre les individus ; cette mission relève des juridictions
de l’ordre judiciaire.
Elle tranche les contestations entre un individu et les pouvoirs publics. Ces
litiges sont de la compétence des juridictions de l’ordre administratif.

 Le tribunal des conflits est une juridiction qui a pour but de résoudre les conflits de
compétence entre les juridictions de l’ordre judiciaire et les juridictions de l’ordre
administratif. Le tribunal des conflits se prononce, par exemple, lorsqu’une juridiction
administrative et une juridiction judiciaire veulent juger le même procès.

Voir vidéo sur l’organisation judiciaire sur classroom


https://youtu.be/mHcdEmRRdFM

B- Les différentes juridictions :

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Tribunal du 1er Juridiction


Type de litige Ordre Juridiction degré
2ème degré
suprême
Affaires civiles
qui ne sont pas
jugées par les
tribunaux Tribunal
spécialisés
(divorces, Judiciaire
adoptions) ordinaire
Tutelles, loyer, Chambre de
etc… Chambre proximité
de proximité :
affaires civiles <
10 000 €
Affaires entre
commerçants ou
relatives aux actes
Tribunal de
de commerce et
associés d’une Civile commerce
société
commerciale

Affaires nées à
l'occasion des Cour d'appel
spécialisée Conseil de
contrats de travail
ou prud'hommes Cour de
Judiciaire
d'apprentissage cassation

Affaires nées de Tribunal


l'application du paritaire des
bail rural baux ruraux

Contraventions,
infractions les
Tribunal de
moins graves
passibles police
d'amendes
Délits, infractions
que la loi punit de
peines d'amende, Pénale Tribunal
d'emprisonnement correctionnel
(10 au plus) et
d'autres peines
Crimes, Cour
infractions les Cour d'assises d'assises
plus graves d'appel
(règle les conflits
entre ordre Tribunal des
administratif et conflits
judiciaire)

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Litiges
concernant la
puissance
Tribunal
publique
(administrations, administratif Cour
entreprises administratif administrative
Conseil
publiques, etc.) d'appel
d'Etat
Pensions civiles Autres
et militaires, aide juridictions
sociale, etc. administratives

C- Spécificités des différentes juridictions :

 Le tribunal judiciaire : une juridiction compétente pour tous les litiges de nature civile
et commerciale pour lesquels aucune autre juridiction ne se voit spécifiquement attribuée une
compétence. Créé par la réforme de la justice de 2019 qui a opéré une ré-organisation des
juridictions de première instance, le tribunal judiciaire remplace les tribunaux d'instance (TI)
et les tribunaux de grande instance (TGI). Cette mesure vise principalement à mutualiser les
moyens accordés à ces juridictions afin de réaliser des économies de fonctionnement : locaux,
magistrats, matériel...
Le tribunal judiciaire statue en dernier ressort, c'est-à-dire sans appel possible, pour les
affaires où il dispose d'une compétence exclusive dès lors que le montant de la demande est
inférieur ou égal à 5000 euros.

 Tribunal de commerce : Les juges ne sont pas des magistrats professionnels mais
des juges élus par leurs pairs ( = d’'autres commerçants)
 Conseil de prud’hommes : Les juges ne sont pas des professionnels.
Ils sont élus à parité par les salariés et les employeurs (et assistés par un juge professionnel)
 Cour d'assises : Le jugement est rendu par 3 juges professionnels (1 président + 2
assesseurs) et un jury populaire composé de 9 citoyens ordinaires tirés au sort parmi la
population.
 Cour d'’assises d’appel : Le fonctionnement est le même que la Cour d'assises
classique, mais il y a 12 jurés au lieu de 9

D- Les règles de compétence des tribunaux :

Dans les palais de justice, siègent différentes juridictions, chacune ayant sa propre
compétence (aptitude reconnue à une juridiction de statuer sur un litige déterminé).
Deux séries de règles permettent de déterminer le tribunal compétent :

1- Compétence matérielle des tribunaux : quel tribunal


saisir ?

Elle détermine le choix de la juridiction en fonction de la nature du litige :

 En matière civile :
On distingue :
la juridiction de droit commun : compétence pour tous les litiges qui ne relèvent pas
de la compétence d’une juridiction d’exception (tribunal judiciaire).

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les juridictions d’exception : la loi leur attribue expressément une compétence


particulière ; elles ont une compétence d’attribution : tribunal de commerce, conseil
prud’hommes… ;

 En matière pénale :

La compétence est fonction de l’infraction :


le tribunal de police en matière de contravention ;
le tribunal correctionnel en matière de délit pénal ;
la cour d’assises en matière de crime…

 En matière administrative
Le tribunal administratif est juge de droit commun.

2- Compétence territoriale : Sur quel lieu ?

En plus de sa compétence d’attribution, chaque tribunal a une compétence territoriale


définie. La règle de principe est : le tribunal compétent est celui dans le ressort duquel est
situé le domicile du défendeur. Toutefois, cette règle comporte des dérogations.

Rappel : le défendeur est la partie à laquelle le procès est intenté. Le défendeur s’oppose au
demandeur.

S’il y a plusieurs défendeurs, le demandeur peut choisir le lieu de domicile du


défendeur de son choix. Si le défendeur ne réside pas en France, le demandeur peut saisir
le tribunal de son lieu de résidence.
si le défendeur est une entreprise ou toute autre personne morale, le domicile est le
siège social.

 Compétence territoriale des juridictions civiles :

Selon l’art. 42 du code de la procédure civile (CPC), le tribunal compétent pour juger
d'un litige civil est celui du lieu du domicile (ou du lieu de son siège social ou d'une de ses
succursales s'il s'agit d'une société ou d'une association) de la personne attaquée en justice
(appelée le « défendeur »). Si le défendeur n'a ni domicile ni résidence connus, le demandeur
peut saisir la juridiction du lieu où il demeure ou celle de son choix s'il demeure à l'étranger.
Lorsqu'il existe plusieurs défendeurs, le demandeur peut saisir au choix la juridiction du
lieu où l'un d'entre eux a son domicile.

Des dérogations à cette règle s’appliquent dans les matières suivantes :

La succession : le tribunal compétent est celui dans le ressort de laquelle est


ouverte la succession (art. 45 du CPC).

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Selon l’art. 46 du CPC, Le demandeur peut saisir à son choix, outre la juridiction du lieu où
demeure le défendeur :

L'exécution d'un contrat : Il est également possible de choisir le tribunal du lieu


de la livraison effective de la chose ou du lieu de l'exécution de la prestation de service.
La mise en cause de la responsabilité civile du défendeur : outre le tribunal du
lieu de son domicile, le demandeur peut choisir alternativement celui du lieu où s'est
produit le dommage ou celui du lieu où le dommage a été subi.
Le contrat de travail : le conseil de prud'hommes compétent dépend du lieu où est
accompli le travail du salarié :
 si le travail est accompli dans un établissement, le conseil dans le ressort
duquel est situé ce dernier sera compétent ;
 si celui-ci est accompli à domicile ou en dehors de toute entreprise ou
établissement, le conseil compétent est celui dans le ressort duquel est
situé le domicile du salarié.

Matière immobilière : le tribunal compétent est celui dans le ressort duquel est
situé l’immeuble concerné. (art 44 du CPC)

 Compétence territoriale des juridictions pénales :

En cas de contravention, le tribunal de police compétent peut être au choix celui du


lieu de la commission de l'infraction, de sa constatation ou du lieu de résidence de son
auteur.
En cas de crime ou de délit, la juridiction compétente (tribunal correctionnel ou cour
d'assises) peut être soit celle :
 du lieu de l'infraction ;
 du lieu du domicile de l'auteur ;
 du lieu d'interpellation de l'auteur ;
 du lieu de détention de l'auteur.

 Compétence territoriale des juridictions administratives :

Le tribunal territorialement compétent est en principe celui dans le ressort duquel a


légalement son siège l'autorité qui, soit en vertu de son pouvoir propre, soit par délégation, a
pris la décision attaquée ou a signé le contrat litigieux. Il existe là aussi plusieurs exceptions à
cette règle.

3- Clause attributive de compétence :

La clause attributive de juridiction ou d’attribution de compétence, relève des « clauses


relatives au règlement des différends ». Elle a pour objet de désigner, par commun accord des
parties, la juridiction qui sera compétente pour connaître du litige contractuel.

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Pour qu’elle soit valide, cette clause doit remplir les conditions résultant des articles 41 et 48
du Code de la Procédure civile :

Clause Art. Contenu


d’attribution de
compétence CPC
Le litige né, les parties peuvent toujours convenir que leur
différend sera jugé par une juridiction bien que celle-ci soit
Compétence Art.41 incompétente en raison du montant de la demande. Elles
matérielle peuvent également, sous la même réserve et pour les droits dont
elles ont la libre disposition, convenir en vertu d'un accord
exprès que leur différend sera jugé sans appel même si le
montant de la demande est supérieur au taux du dernier
ressort.
Compétence Toute clause qui, directement ou indirectement, déroge aux règles
territoriale de compétence territoriale est réputée non écrite à moins qu'elle
Art. 48 n'ait été convenue entre des personnes ayant toutes contracté en
qualité de commerçant et qu'elle n'ait été spécifiée de façon très
apparente dans l'engagement de la partie à qui elle est opposée.

 La compétence matérielle : Le choix conventionnel de la juridiction ne peut


déroger à cette règle de compétence que selon la valeur de la demande.

La possibilité de déroger aux autres règles de compétence d’attribution se trouve ainsi


exclue. On ne peut donc prévoir une stipulation qui dérogerait à la compétence respective
des ordres de juridictions ou à la compétence de droit commun ou spéciale de chaque
juridiction de l’ordre judiciaire.

 la compétence territoriale : La dérogation est également très restrictive,


puisque l’article 48 du CPC, prévoit une interdiction de principe, avant d’introduire une
faculté de dérogation soumise à deux conditions :

- La première condition est relative à la qualité des signataires de la clause : celle-ci


doit avoir été conclue par des personnes en qualité de commerçant.
- La seconde condition exige que cette stipulation, qui peut être préalable, soit
« spécifiée de façon très apparente dans l’engagement de la partie à qui elle est
opposée »

E- Organisation des procédures :

1- Les conditions de l’action en justice :

 L’action en justice est le moyen, pour le titulaire d’un droit prétendu ou


contesté, de faire connaître son droit en justice. Mais on ne peut agir que lorsque
l’on est susceptible de faire valoir un intérêt digne d’être juridiquement reconnu. C’est
l’illustration du principe : « pas d’intérêt, pas d’action ».
 L’action en justice suppose le respect de trois conditions :
un intérêt légitime : l’action vise à faire respecter une règle de droit ;

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un intérêt personnel : on ne peut en principe agir pour autrui. Il existe


néanmoins des exceptions (les syndicats peuvent intenter un procès pour défendre
des intérêts individuels,….) ;
un intérêt né et actuel : il doit exister, on ne peut agir, en principe,
préventivement.

2- Le droit de la preuve :

Lorsqu’une personne se prétend titulaire d’un droit, elle doit en apporter la preuve. Le juge
est neutre. Le système de preuve diffère en fonction de la matière :
En droit civil : ce sont les parties qui ont la charge de la preuve (procédure
accusatoire : juge arbitre entre l’accusé et l’accusation) ;
En droit pénal : c’est le ministère public qui aura la charge de soumettre une
affaire au juge. Il peut, par exemple, prendre toutes les initiatives nécessaires pour
réunir les preuves de la culpabilité ou de l’innocence de la personne jugée
(procédure inquisitoire : procédure dirigée par le juge).

3- Le rôle du juge :

 En matière contentieuse, les juges conduisent les débats du tribunal et


tranchent les conflits en toute indépendance. Ce sont soit des magistrats
professionnels, soit des juges élus par leurs pairs (les conseillers prud’hommes et les
juges du tribunal de commerce).
 En matière gracieuse, le juge intervient pour consacrer un acte juridique privé
qui lui soumettent volontairement les parties (exemple : le divorce par consentement
mutuel).

4- La justice en cas d’urgence : procédure en référé

Lorsqu'un litige exige qu’une solution, au moins provisoire, soit prise dans l’urgence par
le juge, une procédure spécifique dite de référé est prévue par la loi. Elle est confiée à un
juge unique, généralement le président de la juridiction.

Le juge des référés est saisi par voie d’assignation. Il instruit l’affaire de manière
contradictoire lors d’une audience publique et rend une décision sous forme d’ordonnance,
dont la valeur n’est que provisoire et qui n’est pas dotée au fond de l’autorité de la chose
jugée. L’ordonnance de référé ne tranche donc pas l’entier litige. Elle est cependant
exécutoire à titre provisoire.

Le recours au juge des référés, qui n’est qu’un juge du provisoire et de l’urgence, n’est
possible que dans un nombre limité de cas :

 dans les cas d’urgence, le juge peut prononcer toutes les mesures qui ne se heurtent à
aucune contestation sérieuse ou que justifie l’existence du litige en question. On dit à
cette occasion que le juge des référés est le juge de l’évidence, de l’incontestable ;
 le juge des référés peut également prescrire les mesures conservatoires ou de remise
en état qui s’imposent pour prévenir un dommage ou pour faire cesser un trouble
manifestement illicite (il peut ainsi suspendre la diffusion d’une publication portant
manifestement atteinte à la vie privée d’un individu) ;

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 le juge des référés est compétent pour accorder une provision sur une créance qui
n’est pas sérieusement contestable ;
 enfin, lorsqu'il existe un motif légitime de conserver ou d’établir avant tout procès la
preuve de certains faits dont pourrait dépendre la solution d’un litige, le juge peut
ordonner des mesures d’instruction, par exemple une expertise.

III- Le déroulement du procès :

Un procès est l’examen d’un différend qui a été soumis à un juge par des plaideurs rivaux
pour qu’il soit tranché. Avant d’engager un procès, il faut suivre des règles de procédure
précises.

A- Les grands principes de l’organisation d’un procès :

Pour garantir la loyauté des procès et une bonne administration de la justice, le déroulement
de l’instance obéit à des grands principes.

1- Le principe du contradictoire :

En procédure civile, aucun acte ne peut être fait, aucun document ne peut être produit, aucun
argument ne peut être développé devant le juge sans que l’autre partie en ait connaissance.
En principe, les deux parties doivent être informées de la procédure et présentes devant le
juge. Il arrive cependant que lorsqu’une partie n’a pas pu ou voulu se rendre au tribunal, le
jugement soit rendu « par défaut ».

2- La publicité des audiences :

L’audience est, en principe, publique. Le public est en quelque sorte le témoin de la


régularité du procès. Certains procès se déroulent cependant à « huis clos », c’est le président
du tribunal ou de la cour qui l’ordonne (souvent dans les cas liés au droit de la famille). La
décision est toujours rendue en audience publique.

B- Les étapes d’un procès civil :

Au tribunal judicaire, le demandeur et le défendeur doivent être obligatoirement


représentés
par un avocat. Le déroulement d’un procès comporte plusieurs étapes.

1- L’assignation :

A la demande de l’une des parties (le demandeur), un huissier établit un acte par lequel une
personne (le défendeur) est invitée à se présenter en personne ou par l’intermédiaire d’un
avocat devant un tribunal.
2- La mise en état :
Après l’assignation, l’affaire est dirigée vers le tribunal compétent. Elle sera ensuite confiée
à un juge « de la mise en état » qui aura pour rôle de suivre l’affaire pour éviter les pertes de
temps (exemple : il fixe des délais aux avocats).

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3- L’audience :
C’est une séance durant laquelle le tribunal entend les avocats, instruit l’affaire avant de
prendre une décision. A la fin de l’audience, le président du tribunal (un magistrat du siège)
indique la date à laquelle le jugement sera prononcé.

4- Le jugement :
Après une période qui va permettre aux magistrats de se concerter ( délibérer), les juges du
siège vont prendre une décision. A l’issue du procès, le tribunal accepte ou rejette les
prétentions du demandeur.

C- Les décisions de justice :


1 – Contenu des jugements et arrêts :

Les décisions de justice doivent être motivées : La première partie comprend l’exposé des
motifs : motifs de droit (répondre aux questions de droit qui mettent en cause l’interprétation
de la règle de droit) et de fait (relatifs aux contestations purement matérielles). La seconde
partie comprend le dispositif, c’est-à-dire la solution donnée par le tribunal ou la cour au
litige.

2- Effets des jugements et arrêts :

L’issue du procès est le prononcé d’une décision rendue au nom du peuple français. Celle-ci
présente deux caractères :
La force exécutoire : pour être exécutoire, un jugement doit :
 être notifié au perdant par acte d’huissier ;
 avoir force de chose jugée, c’est – à – dire n’être susceptible d’aucun
recours ;
 être revêtu de la formule exécutoire :
« En conséquence, la République française mande et ordonne à tous huissiers de justice,
sur ce requis, de mettre le dit jugement à exécution, aux procureurs généraux et aux
procureurs de la République près les tribunaux de grande instance d’y tenir la main, à
tous commandants et officiers de la force publique de prêter main forte lorsqu’ils en
seront légalement requis. »

Cette formule exécutoire figure à la fin des décisions de justice.


Les décisions judiciaires ont force de la chose jugée, leur bénéficiaire peut en obtenir
l’exécution grâce au recours à la force publique s’il le faut.

L’autorité de la chose jugée : l’organisation judiciaire, le principe du


double degré de juridiction et le contrôle par la Cour de cassation donnent les plus sérieuses
garanties aux parties. Il est nécessaire, dans ces conditions, qu’un litige terminé ne puisse être
soumis de nouveaux aux tribunaux. Ce principe s’oppose donc à ce qu’un nouveau procès soit
recommencé :
 sur le même objet ;
 pour la même cause ;
 entre les mêmes personnes.

Najat Sentel 1ère ECT -12-


Droit L’organisation judiciaire

3- Les différentes voies de recours :

Les juges sont faillibles. Ils peuvent se tromper tant en ce qui concerne l’appréciation des
faits que l’interprétation d’une règle de droit. Le recours a pour but l’annulation ou la
modification d’une décision de justice.
Les mécanismes de recours permettent aux parties de faire réexaminer une décision de
justice sur le fond et/ou sur la forme avant qu’elle n’ait autorité de la chose jugée.

Voies de recours ordinaires : sont Voies de recours extraordinaires : ne


suspensives d’exécution sont pas suspensives d’exécution
L’appel : un jugement est porté devant La tierce opposition : elle peut être
une juridiction d’un niveau supérieur qui exercée, devant la même juridiction, par
rejugera l’affaire entièrement. Il doit être un tiers au procès à qui la décision porte
exercé dans le délai d’un mois à compter de la préjudice dans un délai de 30 ans.
notification du jugement. Il n’est possible que Le recours en révision : lorsqu’une
pour les litiges portant sur un certain montant fraude (faux documents, faux
(5 000 euros en matière civile). témoignage…) a été découverte. La
L’opposition : la partie condamnée par même juridiction peut rejuger l’affaire.
défaut (elle n’a pas été informée de la Le recours peut être exercé dans un délai
procédure) peut saisir le tribunal qui a déjà de deux mois à compter de la découverte
statué en lui demandant de juger à nouveau de la fraude ou de l’erreur.
l’affaire. L’opposition doit être exercée dans le Le pourvoi en cassation : il peut être
délai d’un mois. exercé dans un délai de deux mois à
compter de la notification de la décision
(voir schéma ci-dessous).

Mécanisme de pourvoi en cassation


Tribunal Cour Cour de Arrêt Cour Même décision Cour Cassation et renvo
judiciaire d’appel cassation de d’appel que la 1re Cour d’appel de cassation devant une 2e cour
chambre chambre cassation de renvoi Nouveau pourvoi en Assemblée d’appel (elle doit s
civile civile et renvoi cassation recevable plénière référer à la décision
la Cour de cassation

Rejet Même décision Cassation


du pourvoi que la cour sans renvoi
de cassation : Décision donnée
fin du par la Cour
procès fin du procès de cassation

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IV- Les modes alternatifs de règlement des conflits


(MARC) :

Introduits pour la première fois par la loi du 8 février 1995, les modes alternatifs
de règlement des conflits mettent l’accent sur la préservation du pouvoir décisionnel des
parties au différend. A l’opposé de la procédure judiciaire, les modes alternatifs de règlement
des conflits confient aux parties la maîtrise du traitement du conflit et expriment la volonté
d’aboutir à une solution amiable.

Dans le prolongement des objectifs initiés par la loi du 18 novembre 2016


de modernisation de la justice du XXIe siècle, la loi de programmation 2018-2022 et de
réforme de la justice du 23 mars 2019 a pour dessein d’alléger la charge des tribunaux
en développant et en privilégiant les procédures de règlement non juridictionnel des
différends et, plus largement, la résolution amiable des litiges. Elle ouvre par ailleurs la voie
aux services en ligne de médiation, de conciliation ou d'arbitrage.

(voir documents en annexe)

Najat Sentel 1ère ECT -14-

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