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LES PERSONNES ET LES BIENS

PROTEGES DANS LE CADRE DU DIH

Cours S6: Droit international humanitaire

Professeur : JAMAL Bahija

2019-2020

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INTRODUCTION

Le droit international humanitaire (DIH) est un ensemble de règles qui, pour des
raisons humanitaires, cherchent à limiter les effets des conflits armés. Il protège les
personnes qui ne participent pas ou plus aux combats et restreint les moyens et
méthodes de guerre. Le DIH est également appelé « droit de la guerre » ou « droit des
conflits armes ».

La protection s’entend donc de toutes les mesures concrètes qui permettent de faire
bénéficier les personnes en danger des droits et des secours prévus pour elles par les
conventions internationales.

Le DIH protège certaines catégories de personnes des effets des hostilités. Les parties
à un conflit sont tenues, en toutes circonstances, de respecter la vie de ces
personnes, leur dignité et leur intégrité mentale et physique, de leur fournir une
assistance matérielle et de les traiter avec humanité et sans discrimination.
La convention de 1864 codifiait et renforçait diverses lois et coutumes de la guerre
ancienne protégeant les combattants blessés et les malades ainsi que les personnes
prenant soin d’eux.
1ere convention : Les soldats blessés ou malades sur terre en temps de guerre.
2eme convention : Militaires blessés, malades ou naufragés en mer en temps de
guerre.
3eme convention : Prisonniers de guerre
4eme convention : Les civils en territoire occupé.
Les 3 Protocoles additionnels.

Qui le DIH protège-t-il et comment ?


I- Protection des personnes en DIH
A- Les militaires blessés
B- les détenus
C- Les civils
II- Protection des biens en DIH
A- Les biens civils
B- Les biens culturels

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I- Protection des personnes en DIH
A- Les militaires blessés
Militaires : Toute personne qui participe directement aux hostilités. Tout membre
d’une force armée au conflit à l’exception du personnel sanitaire et religieux.
Militaire blessé : Combattant en situation de blessure ou maladie dans une mesure
telle qu’il ne peut se défendre et renonce clairement aux hostilités.

Les personnes qui ne participent pas directement aux hostilités, y compris les
membres de forces armées qui ont déposé les armes et les personnes qui ont été
mises hors de combat par maladie, blessure, détention, ou pour toute autre cause,
seront, en toutes circonstances, traitées avec humanité, sans aucune distinction de
caractère défavorable basée sur la race, la couleur, la religion ou la croyance, le sexe,
la naissance ou la fortune, ou tout autre critère analogue. À cet effet, sont et
demeurent prohibées, en tout temps et en tout lieu, à l’égard des personnes
mentionnées ci-dessus :
a) Les atteintes portées à la vie et à l’intégrité corporelle, notamment le meurtre sous
toutes ses formes, les mutilations, les traitements cruels, tortures et supplices ;
b) les prises d’otages ;
c) les atteintes à la dignité des personnes, notamment les traitements humiliants et
dégradants ;
d) les condamnations prononcées et les exécutions effectuées sans un jugement
préalable, rendu par un tribunal régulièrement constitué, assorti des garanties
judiciaires reconnues comme indispensables Par les peuples civilisés.
2) Les blessés et malades seront recueillis et soignés.
Un organisme humanitaire impartial, tel que le Comité international de la Croix-
Rouge, pourra offrir ses services aux Parties au conflit.
Les Parties au conflit s’efforceront, d’autre part, de mettre en vigueur, par voie
d’accords spéciaux tout ou partie des autres dispositions de la présente Convention.
L’application des dispositions qui précèdent n’aura pas d’effet sur le statut juridique
des Parties au conflit. Article 3 de la 1ere convention.

Les membres des forces armées et les autres personnes mentionnées à l’article
suivant, qui seront blessés ou malades, devront être respectés et protégés en toutes
circonstances.
Ils seront traités et soignés avec humanité par la Partie au conflit qui les aura en son
pouvoir, sans aucune distinction de caractère défavorable basée sur le sexe, la race, la
nationalité, la religion, les opinions politiques ou tout autre critère analogue. Est
strictement interdite toute atteinte à leur vie et à leur personne et, entre autres, le
fait de les achever ou de les exterminer, de les soumettre à la torture, d’effectuer sur
eux des expériences biologiques, de les laisser de façon préméditée sans secours

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médical, ou sans soins, ou de les exposer à des risques de contagion ou d’infection
créés à cet effet.
Il s’agit de personnes, militaires ou civiles, qui, en raison d’un traumatisme, d’une
maladie ou d’autres incapacités ou troubles physiques ou mentaux, ont besoin de
soins médicaux et qui s’abstiennent de tout acte d’hostilité. Le droit humanitaire
n’autorise aucune discrimination entre elles, autre que celle fondée sur les besoins
médicaux. Dans l’hypothèse d’un combattant blessé ou malade, sa qualité de malade
prime sur celle de combattant, aussi longtemps que la blessure ou la maladie le met
hors d’état de combattre. Il peut ensuite devenir prisonnier de guerre. Article 12.

B- les détenus
Sont prisonniers de guerre, au sens de la présente Convention, les personnes qui,
appartenant à l’une des catégories suivantes, sont tombées au pouvoir de l’ennemi :
1) les membres des forces armées d’une Partie au conflit, de même que les membres
des milices et des corps de volontaires faisant partie de ces forces armées ;
2) les membres des autres milices et les membres des autres corps de volontaires, y
compris ceux des mouvements de résistance organisés, appartenant à une Partie au
conflit et agissant en dehors ou à l’intérieur de leur propre territoire, même si ce
territoire est occupé, pourvu que ces milices ou corps de volontaires, y compris ces
mouvements de résistance organisés, remplissent les conditions suivantes :
a) d’avoir à leur tête une personne responsable pour ses subordonnés ;
b) d’avoir un signe distinctif fixe et reconnaissable à distance ;
c) de porter ouvertement les armes ;
d) de se conformer, dans leurs opérations, aux lois et coutumes de la guerre. Article 4
de la 3eme convention.

Les Articles 12, 13, 14, 15 de la même convention stipulent que Les prisonniers de
guerre sont au pouvoir de la Puissance ennemie, mais non des individus ou des corps
de troupe qui les ont faits prisonniers.

L’article 14 par exemple indique que les prisonniers de guerre ont droit en toutes
circonstances au respect de leur personne et de leur honneur.
En vertu de la même convention les femmes doivent être traitées avec tous les
égards dûs à leur sexe et bénéficier e tout cas d’un traitement aussi favorable que
celui qui est accordé aux hommes.
Les prisonniers de guerre conservent leur pleine capacité civile telle qu’elle existait au
moment où ils ont été faits prisonniers. La Puissance détentrice ne pourra en limiter

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l’exercice soit sur son territoire, soit en dehors, que dans la mesure où la captivité
l’exige.
a-Conflits armés internationaux
Une partie à un conflit peut interner des civils pour des raisons impératives de
sécurité et doit les relâcher aussitôt que ces raisons cessent d’exister. Les internés
civils doivent être informés des raisons de leur internement et avoir la possibilité de
faire réexaminer leur internement sans délai par un tribunal ou un collège
administratif. Si l’internement est maintenu, l’interné a le droit de le faire réexaminer
au moins deux fois par an. Les règles régissant le traitement des internés civils sont
très semblables à celles qui s’appliquent aux prisonniers de guerre. Certaines des
conditions sont plus favorables, notamment en ce qui concerne le regroupement des
familles séparées.
b-Conflits armés non internationaux
Les personnes privées de liberté dans le cadre d’un conflit armé non international
doivent être traitées avec humanité et sans discrimination en toutes circonstances.
Leur statut est régi par l’article 3 commun aux quatre Conventions de Genève et par
les articles 4, 5 et 6 du Protocole additionnel II. Les protections prévues par le
Protocole additionnel II s’appliquent aux personnes internées ou détenues pour des
raisons liées à un conflit armé, ainsi qu’aux personnes faisant l’objet de poursuites
pour des infractions pénales commises dans le cadre d’un conflit armé. Ces règles,
bien que moins détaillées et moins claires que les règles qui protègent les prisonniers
de guerre et les internés civils dans les conflits armés internationaux, sont néanmoins
contraignantes pour tous les États et tous les groupes armés non étatiques.

C- Les civils
1-Protection générale des civils
Protéger les civils signifie, au sens large, veiller à ce que les autorités et les groupes
armés s’acquittent de leurs obligations au regard du DIH et des règles connexes du
droit relatif aux droits de l’homme. La quatrième Convention de Genève et les
Protocoles additionnels de 1977 prêtent une attention particulière aux civils, qui sont
exposés non seulement aux opérations militaires, mais aussi à l’abus de pouvoir et à
d’autres atteintes à leur dignité. Dans ce cadre, le DIH garantit les droits
fondamentaux de chaque individu.
◦ Article 4: Sont protégées par la Convention les personnes qui, à un moment
quelconque et de quelque manière que ce soit, se trouvent, en cas de conflit
ou d’occupation, au pouvoir d’une Partie au conflit ou d’une Puissance
occupante dont elles ne sont pas ressortissantes.
◦ Article 3: En cas de conflit armé ne présentant pas un caractère
international et surgissant sur le territoire de l’une des Hautes Parties

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contractantes, chacune des Parties au conflit sera tenue d’appliquer au
moins les dispositions suivantes :
◦ 1) Les personnes qui ne participent pas directement aux hostilités, y compris
les membres de forces armées qui ont déposé les armes et les personnes
qui ont été mises hors de combat par maladie, blessure, détention, ou pour
toute autre cause, seront, en toutes circonstances, traitées avec humanité,
sans aucune distinction de caractère défavorable baséesur la race, la
couleur, la religion ou la croyance, le sexe, la naissance ou la fortune, ou
tout autre critère analogue.
◦ Article 16: Les blessés et les malades, ainsi que les infirmes et les femmes
enceintes seront l’objet d’une protection et d’un respect particuliers.
2-Protection spécifique des civils
En parallèle de la protection générale, la population civile jouisse d’une protection
spécifique en des articles suivants de la 4ème convention de Genève, Il s’agit en
l’occurrence :
◦ Article 20 : Le personnel régulièrement et uniquement affecté au
fonctionnement ou à l’administration des hôpitaux civils, y compris celui qui
est chargé de la recherche, de l’enlèvement, du transport et du traitement
des blessés et des malades civils, des infirmes et des femmes en couches,
sera respecté et protégé.
◦ Article 24: Les Parties au conflit prendront les mesures nécessaires pour que
les enfants de moins de quinze ans, devenus orphelins ou séparés de leur
famille du fait de la guerre, ne soient pas laissés à eux-mêmes, et pour que
soient facilités, en toutes circonstances, leur entretien, la pratique de leur
religion et leur éducation. Celle-ci sera si possible confiée à des personnes
de même tradition culturelle.

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II- Protection des biens en DIH
A- Les biens civils
Tous les biens qui ne sont pas des objectifs militaires sont des biens civils. Les
objectifs militaires sont limités aux biens qui, par leur nature, leur emplacement, leur
destination ou leur utilisation, apportent une contribution effective à l’action militaire
et dont la destruction totale ou partielle, la capture ou la neutralisation offrent un
avantage militaire précis.
Protocole additionnel I, Art. 52:
1. Les biens de caractère civil ne doivent être l'objet ni d'attaques ni de représailles.
Sont biens de caractère civil tous les biens qui ne sont pas des objectifs militaires au
sens du paragraphe 2.

2. Les attaques doivent être strictement limitées aux objectifs militaires. En ce qui
concerne les biens, les objectifs militaires sont limités aux biens qui, par leur nature,
leur emplacement, leur destination ou leur utilisation apportent une contribution
effective à l'action militaire et dont la destruction totale ou partielle, la capture ou la
neutralisation offre en l'occurrence un avantage militaire précis.

3. En cas de doute, un bien qui est normalement affecté à un usage civil, tel qu'un lieu
de culte, une maison, un autre type d'habitation ou une école, est présumé ne pas
être utilisé en vue d'apporter une contribution effective à l'action militaire.
La règle 9 du DIH coutumier de l’étude du CICR relative au « Droit international
humanitaire coutumier » de 2006 rappelle que sont civils « tous les biens qui ne sont
pas des objectifs militaires » ; la règle 10 dispose quant à elle que les biens civils sont
protégés contre les attaques « sauf s’ils constituent des objectifs militaires, et aussi
longtemps qu’ils le demeurent ». Ces règles s’appliquent aux conflits armés tant
internationaux que non internationaux.
La règle 7 du DIH coutumier : rappelle que les parties au conflit doivent en tout
temps faire la distinction entre les biens de caractère civil et les objectifs militaires.
Elle souligne également que les attaques ne peuvent être dirigées que contre des
objectifs militaires et ne doivent pas être dirigées contre des biens de caractère civil.
Cette règle coutumière s’applique en situation de conflit armé tant international que
non international. Le pillage est strictement interdit et ne doit pas être confondu avec
les réquisitions qui peuvent être autorisées dans des conditions limitées.
Les appropriations et les destructions exécutées sur une grande échelle de façon
illicite et arbitraire qui ne seraient pas justifiées par des nécessités militaires
impérieuses constituent des infractions graves.

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Services sanitaires
L’expression « services sanitaires » désigne l’ensemble constitué par le personnel
sanitaire, les unités sanitaires et les transports sanitaires. Il s’agit d’un élément
essentiel des secours aux populations. En situation de conflit, les services sanitaires
bénéficient d’un statut et d’une protection spécifiques.
L’attaque délibérée des services sanitaires à l’occasion d’un conflit armé international
ou interne constitue un crime de guerre puni par le droit humanitaire et entre
également dans la compétence de la nouvelle Cour pénale internationale.
B- Les biens culturels
Les biens culturels sont les lieux et objets consacrés à la religion, à l’art, à la science
ou à l’éducation. Ils incluent également les monuments d’histoire et d’architecture. Il
faut veiller tout particulièrement à ne pas endommager des biens culturels. La
destruction de biens culturels peut être considérée comme une tentative de détruire
l’identité culturelle de toute une société.
Le droit international protège le patrimoine culturel et spirituel de l’humanité.
Art 16 du protocole d’accord II : Il est interdit de commettre tout acte d’hostilité
dirigé contre les monuments historiques, les œuvres d’art ou les lieux de culte qui
constituent le patrimoine culturel ou spirituel des peules et de les utiliser à l’appui de
l’effort militaire.
Protection en droit international humanitaire coutumier
La règle 38 de l’étude du CICR rappelle que « chaque partie au conflit doit respecter
les biens culturels :
a) Des précautions particulières doivent être prises au cours des opérations militaires
afin d’éviter toute dégradation aux bâtiments consacrés à l’art, à la religion, à la
science, à l’enseignement ou à l’action caritative ainsi qu’aux monuments historiques,
à condition qu’ils ne constituent pas des objectifs militaires ;
b) Les biens qui présentent une grande importance pour le patrimoine culturel des
peuples ne doivent pas être l’objet d’attaques, sauf en cas de nécessité militaire
impérieuse ». Selon la règle 39, « l’emploi de biens qui présentent une grande
importance pour le patrimoine culturel des peuples à des fins qui pourraient exposer
ces biens à une destruction ou à une détérioration est interdit, sauf en cas de
nécessité militaire impérieuse ».

La règle 40 rappelle que « chaque partie au conflit doit protéger les biens culturels :
a) Toute saisie, destruction ou dégradation intentionnelle d’établissements consacrés
à la religion, à l’action caritative, à l’enseignement, à l’art et à la science, de
monuments historiques et d’œuvres d’art et de science est interdite ;

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b) Tout acte de vol, de pillage ou de détournement de biens qui présentent une
grande importance pour le patrimoine culturel des peuples, ainsi que tout vandalisme
à l’égard de ces biens est interdit ». Ces règles sont applicables en situation de conflit
armé tant international que non international. Enfin, la règle 41 rappelle que « la
puissance occupante doit empêcher l’exportation illicite de biens culturels d’un
territoire occupé, et doit remettre les biens exportés de manière illicite aux autorités
compétentes du territoire occupé » ; cette règle s’applique seulement aux conflits
armés internationaux.
Les Conventions de Genève et leurs Protocoles additionnels prévoient l’obligation
pour les États de respecter et de protéger en toutes circonstances les structures, les
personnels de santé et les moyens de transport sanitaire affectés à des fonctions
médicales. Ces protections sont nécessaires pour que les blessés et les malades
puissent recevoir des soins médicaux. Les structures médicales, les personnels de
santé et les moyens de transport sanitaire peuvent être identifiés par la croix rouge, le
croissant rouge ou le cristal rouge. Ils ne doivent pas être attaqués, sauf s’ils sont
utilisés pour commettre des actes hostiles et seulement après avertissement.

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