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L’action administrative

l’acte administratif unilatéral


Introduction

« Le Droit Administratif est l’ensemble des


règles juridiques différentes de celles du Droit
Privé, qui régissent les relations de
l’administration avec les particuliers et qui
s’appliquent à l’organisation, à l’action et aux
activités administratives ainsi qu’au
contentieux administratif.»
Introduction
 L’accomplissement de l’activité administrative se matérialise par
des actes juridiques et par des opérations matérielles destinés
à exécuter des tâches d’intérêt général. L’administration doit
toujours faire prévaloir l’intérêt général.

 L’action de l’administration se caractérise par des moyens


juridiques spécifiques mis à sa disposition: l’acte administratif
unilatéral et le contrat administratif .

 l’Administration peut intervenir en concluant un contrat


administratif (un accord de volontés). A l’inverse, elle peut
choisir comme moyen d’action l’acte administratif unilatéral,
procédé qui lui permet d’intervenir sans le consentement
d’autrui (la volonté de l’Administration s’impose).
Introduction
 L’action de l’administration se traduit également par des missions spécifiques. La
police administrative consistant en des actions de l’administration destinées à
imposer à la libre action des particuliers la discipline exigée par la vie en société.

 La police administrative, dans sa définition organique, recouvre l’ensemble des


services qui sont chargés du maintien de l’ordre.

 Cette activité se traduit par des actes matériels et aussi par des actes juridiques à
travers des décisions qui vont obliger les administrés et induire (dégager) un certain
comportement de leur part.

 La mise en œuvre des règlements administratifs ne se manifeste pas seulement sous


la forme de mesures de police qui prohibent certains actes ou agissements, elle se
manifeste aussi sous une autre forme : l’organisation et le fonctionnement des
services publics (
Introduction
• Le service public est l’activité qui incombe par
nature à l’administration nécessaires à la
satisfaction des besoins des administrés.

• Le terme de service public a deux sens: un sens


matériel ou fonctionnel, qui désigne une activité,
et un sens organique (l’organe ou la structure
chargée de cette activité).
Axes de recherche
Cours de l’action administrative
1- Les actes unilatéraux exécutoires (L’acte administratif unilatéral : une
décision exécutoire).

- Les actes unilatéraux non exécutoires (les mesures ne faisant pas grief).

2- Les actes administratifs unilatéraux règlementaires pris par les personnes


publiques (principe).

- Les actes administratifs unilatéraux règlementaires pris par les personnes


privées (exception/ personnes chargées de missions de SPA et
personnes privées chargées de missions de SPIC).

3- Forme et éléments de l’acte administratif unilatéral.


Axes de recherche
Cours de l’action administrative
4- L’élaboration de l’acte administratif unilatéral (la compétence, la
procédure et l’entrée en vigueur).

5- Le contrôle administratif (un contrôle de légalité ou


d’opportunité) et contrôle juridictionnel.

6- le contrat administratif / l’exécution du contrat administratif.

7- La police administrative générale (notion, autorités de police,


mesures de police).

8- La police administrative spéciale (notion, autorité compétente,


mesures de police).
Axes de recherche
Cours de l’action administrative
9- Notion de service public/ usagers/
classification (SPA, SPIC).

10- Principes fondamentaux des services publics


(l’égalité, la continuité, l’adaptabilité).

11- Modes de gestion des services publics.


Notion de l’acte administratif unilatéral
Lorsqu’elle agit, l’Administration dispose de deux moyens d’action:
Elle peut intervenir en concluant un contrat administratif, ce qui suppose, alors,
un accord de volontés.
A l’inverse, elle peut choisir comme moyen d’action l’acte administratif
unilatéral, procédé qui lui permet d’intervenir sans le consentement d’autrui ;
autrement dit la volonté de l’Administration s’impose aux tiers.

L’acte administratif unilatéral, pensé comme acte susceptible d’un recours pour
excès de pouvoir (REP) devant le juge administratif, présente alors deux
caractéristiques principales:

C’est d’abord une décision exécutoire (I), c’est-à-dire une décision qui modifie
l’ordre juridique existant, ce qui le distingue des actes unilatéraux non
exécutoires tels que les mesures d’ordre intérieur (MOI), les circulaires ou
encore les directives, ces dernières mesures ne faisant pas grief. La cause de
l’impossibilité de contester de telles décisions n’est pas la même selon l’acte.
Notion de l’acte administratif unilatéral

Les MOI sont de véritables décisions, mais elles se distinguent des autres actes
administratifs par leur faible portée : dès lors, n’ayant qu’une influence minime
sur la situation juridique des administrés, elles ne sont pas contestables par la
voie du REP. Pour autant, cette catégorie juridique à fait l’objet d’une
appréciation de plus en plus restrictive par la Conseil d’Etat (cas de la France).
A l’inverse, les circulaires et les directives ne peuvent faire l’objet d’un REP du
simple fait qu’elles ne constituent pas de véritables décisions.

Deuxièmement, l’acte administratif unilatéral est un acte pris par une personne
publique (II). Les autorités publiques détentrices d’un pouvoir règlementaire
peuvent être aussi bien l’Etat les collectivités locales.

Notons aussi le cas des établissements publics, aussi bien administratifs


qu’industriels et commerciaux, dont les organes de direction peuvent prendre
des règlements relatifs, notamment, à l’organisation du service ou au statut des
agents.
Notion de l’acte administratif unilatéral
Mais, sous certaines conditions, le Conseil d’Etat admet le caractère
administratif d’actes unilatéraux pris par des personnes privées chargées
d’une mission de service public dans certaines hypothèses. En la matière, il
convient de distinguer la situation des personnes privées chargées d’une
mission de service public administratif (SPA) de celle des personnes privées
assumant une mission de service public industriel et commercial (SPIC).

Les actes administratifs relatifs aux SPIC, actes relèvent du droit privé et ne


sont administratifs que si :
-ils revêtent un caractère réglementaire
-ils ont trait à l’organisation du service public

En dehors de cette hypothèse, ce sont des actes de droit privé


Arrêt du TC du 15 janvier 1968, Epoux Barbier (nature règlement Air France relatif
aux conditions d’emploi de certain personnel, condition de célibat pour les
hôtesses de l’air)
Notion de l’acte administratif unilatéral
I – L’acte administratif unilatéral : une décision
exécutoire
– Les actes unilatéraux non exécutoires : les mesures ne
faisant pas grief
– Les actes unilatéraux exécutoires

II – L’acte administratif unilatéral : un acte pris par


une personne publique … ou privée
– Les actes administratifs unilatéraux règlementaires
pris par les personnes publiques
– Les actes administratifs unilatéraux règlementaires
pris par les personnes privées
I- L’acte administratif unilatéral : une décision exécutoire

Le véritable acte administratif unilatéral est une décision exécutoire, c’est-à-dire


une décision créatrice de droits et d’obligations, une décision qui modifie
l’ordre juridique existant.

Ce type d’actes peut faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir, à l’inverse
des actes unilatéraux non exécutoires, tels que les mesures d’ordre intérieur,
les circulaires ou encore les directives, ces dernières mesures ne faisant pas
grief.

Une décision fait grief si elle modifie par elle-même la situation juridique d'une
personne. Dans ce cas, elle peut faire l'objet d'une contestation devant le juge.
Pour être recevable, le recours pour excès de pouvoir doit être dirigé contre un
acte faisant grief.

Le critère de la décision exécutoire est donc la modification de l'ordre juridique


préexistant. La décision non exécutoire est l'acte juridique qui ne modifie pas
la situation juridique préexistante, il en va ainsi de la mesure d'ordre intérieur,
de la circulaire et de la directive.
1- Les actes unilatéraux non exécutoires: les mesures ne faisant
pas grief

Ce sont des actes non créateurs d’effets juridiques même s’ils


émanent d’une autorité administrative

Quatre types de mesures ne faisant pas grief peuvent être


distingués:
les actes de préparation et d’exécution de la décision.
les mesures d’ordre intérieur, les circulaires et les directives
(Mais les circulaires posent un problème quant à leurs
qualifications juridiques).

Le point commun entre ces différentes catégories de mesures est


qu’elles ne peuvent faire l’objet d’un recours pour excès de
pouvoir.
1-1- Les actes de préparation et d’exécution de la décision et les actes recognitifs

Les actes préparatoires d’une décision peuvent être des avis, des vœux d’un
organe consultatif, des projets, des renseignements ou encore des enquêtes
ou des propositions.

Ces actes ne sont pas créateurs de droit et ne peuvent donc pas être attaqués
devant le juge. Ils ne pourront faire l’objet de critiques que de manière
incidente lors du recours contre l’acte administratif qu’ils accompagnent.

Le même régime s’applique, par ailleurs, aux actes d’exécution postérieurs à


la décision et aux actes recognitifs qui se bornent à confirmer une décision
déjà prise. Mais, comme pour les autres mesures ne faisant pas grief, la
tendance jurisprudentielle est à la limitation de cette catégorie de mesures,
le but étant de soustraire le moins possible d’actes au contrôle
juridictionnel.
1-2- Les mesures d’ordre intérieur (MOI)
Ces mesures existent dans tous les domaines, mais c’est en matière scolaire, militaire et
pénitentiaire qu’elles ont pris un relief particulier.

En effet, pour remédier au faible contrôle existant sur la vie interne de ces services publics, le juge
administratif en France a progressivement fait évoluer sa jurisprudence pour réduire le nombre
de MOI existant dans ces services: ainsi, dorénavant, des mesures, jadis qualifiées de MOI, sont
considérées comme des mesures faisant grief susceptibles d’un recours pour excès de pouvoir.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette évolution. D’abord ces mesures ont, dans les faits, des
conséquences significatives sur les administrés. Ne pas les contrôler est difficilement compatible
avec les progrès de l’Etat de droit.

De plus, la position du Conseil d’Etat expose la France à des sanctions de la part de Cour
Européenne des droits de l’Homme. Celle-ci sanctionne, en effet, les manquements à l’article 13
de la convention du même nom qui prévoit le droit de toute personne à pouvoir mettre en œuvre
devant une instance nationale un recours effectif pour faire sanctionner la violation des droits et
libertés que lui reconnaît la convention.

Quant à la crainte de voir le prétoire (tribunal) encombré par de multiples recours, il faut compter
sur l’effet préventif exercé par la jurisprudence du Conseil d’Etat sur les Administrations.
1-2- Les mesures d’ordre intérieur (MOI)
a/ C’est en matière scolaire que le Conseil d’Etat commença à réduire la catégorie des
MOI. Traditionnellement, en effet, les mesures édictées dans le cadre de ce service
sont considérées comme ne faisant pas grief. Ainsi, en allait-il, auparavant, de
l’interdiction de porter des insignes politiques (CE, 21/10/1983, Lote).

Dorénavant, le juge s’estime compétent pour contrôler la légalité de mesures édictées


dans le cadre scolaire. C’est à l’occasion d’une affaire célèbre sur le port de signe
religieux que le Conseil d’Etat posa les premières pierres de sa jurisprudence en la
matière.

Le juge accepta, en effet, de contrôler le règlement intérieur d’une école interdisant


«le port de tout signe distinctif, vestimentaire ou autre, d’ordre religieux, politique
ou philosophique», ainsi d’ailleurs que les décisions d’exclusion des élèves qui
portaient un foulard (CE, 2/11/1992, Kherouaa.).

Cette solution s’explique par le fait que ces mesures étaient susceptibles de heurter la
liberté de conscience des élèves. Ainsi, désormais, le règlement intérieur d’un
collège n’est plus une MOI, mais une décision faisant grief susceptible d’un recours
pour excès de pouvoir.
1-2- Les mesures d’ordre intérieur (MOI)
b/ Les punitions étaient, jusqu’à présent, considérées comme des MOI en milieu militaire
(CE, sect, 11/07/1947, Dewavrin). En effet, le juge estimait qu’une telle mesure n’avait
pas d’influence significative sur la situation juridique des intéressés.

Dorénavant, une sanction disciplinaire doit être regardée comme faisant grief (CE, ass.,
17/02/1995, Hardouin). Pour déterminer les conséquences d’une mesure le juge se base
sur deux critères. Le premier est l’atteinte sensible à des droits et libertés protégés.

Dans l’affaire Hardouin, la sanction de dix jours d’arrêts a des effets directs sur la liberté
d’aller et venir du militaire puisqu’il lui est interdit, en dehors du service, de quitter son
unité, et qu’il lui est impossible d’obtenir une permission. Le second critère concerne les
conséquences sur les perspectives de carrière. Ainsi, et toujours dans la même affaire, la
sanction est inscrite dans le dossier de l’intéressé, ce qui est de nature à avoir des
conséquences sur son avancement.

En se dotant de critères aussi précis, le juge est mieux armé pour apprécier les effets réels
d’une mesure. Cette jurisprudence sera même élargie puisque, quelques mois plus tard,
le Conseil d’Etat jugera recevable le recours exercé par un militaire contre un blâme
(CE, 12/07/1995, Maufroy).
1-2- Les mesures d’ordre intérieur (MOI)
c/ Le même jour que celui ou est rendue la décision Hardouin, le
Conseil d’Etat opère un revirement (un changement) de
jurisprudence de même nature en ce qui concerne le milieu
carcéral (pénitentiaire) (CE., ass., 17/02/1995, Marie).

Là où, par le passé, le juge estimait que le placement d’un détenu


dans un quartier de plus grande sécurité constituait une MOI
(CE, ass., 27/01/1984, Caillol), il considère, désormais, que la
mise en cellule de punition fait grief. Ici, le juge se base sur la
nature et la gravité de la mesure.

Dans cette affaire, le détenu doit occuper seul sa cellule, est privé
de cantine et de visite, des restrictions sont apportées à sa
correspondance autre que familiale, et il est possible de
supprimer les réductions de peine accordées.
1-2- Les mesures d’ordre intérieur (MOI)
Ces mesures ont pour but d’assurer un certain ordre au sein du service
public. Il s’agit, à travers elles, de réglementer le fonctionnement et
l’organisation internes du service.

Contrairement aux circulaires et aux directives, les MOI sont de


véritables décisions, mais elles se distinguent des autres actes
administratifs par leur faible portée. En effet, elles n’ont qu’une
influence minime sur la situation juridique des administrés. C’est cette
considération qui explique le refus opposé par le juge s’agissant des
recours dirigés contre ce type d’acte.

Il faut aussi y voir la volonté de laisser une certaine marge de


manœuvre à l’Administration. De plus, il peut être difficile pour lui
d’apprécier la légalité de mesures édictées dans le cadre de la vie
interne d’un service.
1-3 -Les circulaires

Les circulaires constituent des mesures ne faisant pas grief, et sont donc, de ce fait,
insusceptibles de faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir. Cette
qualification vient du fait qu’elles ne contiennent pas, à la différence des MOI,
d’élément de décision. Concrètement, les circulaires peuvent se définir comme
des actes de portée générale adressés par les chefs de service à leurs agents pour
leur indiquer la manière d’interpréter et d’appliquer les dispositions des lois et
règlements.

A la différence des directives, la circulaire s’intéresse, non au contenu de la décision


à prendre, mais à la façon de procéder. Pourtant, sous le prétexte d’interpréter le
droit, certaines circulaires en viennent à créer des règles de droit nouvelles.

Il existe en fait deux types de circulaires :


• circulaires interprétatives : qui visent à rappeler et préciser les droits et
obligations aux agents, les dispositions en vigueur . Ces actes ne modifient pas
donc  les droits et obligations des administres, ni le statut des fonctionnaires. On
dit qu’ils ne font pas grief c'est à dire qu’ils ne sont pas susceptibles d’un recours
pour excès de pouvoir 
1-3 -Les circulaires

• circulaires réglementaires : il arrive que la circulaire ajoute de nouvelles dispositions en


créant des droits, elle devient alors réglementaire est considéré par la jurisprudence
comme un acte administratif unilatéral : C E  arrêt du 29 janvier 1954 institution notre
dame du kreisker (le 1er arrêt considérant la circulaire comme étant un acte administratif).

La jurisprudence en arrive à considérer  comme circulaire ayant un caractère réglementaire,


celle qui permet la mise en œuvre des droits des administrés a sujétions (soumissions) ou
l’entoure  au contraire de garanties ce que confirme la C S dans 2 arrêts 25 mai 1968
barbatou  et 29 janvier 1969 ; l’arrêt  société electras maroquis , à propos de la circulaire
de l’office des changes.

Le juge a donc élaboré la distinction entre circulaires interprétatives et circulaires


règlementaires, ces dernières étant traitées comme des actes administratifs ordinaires.
L’application de cette jurisprudence étant malaisée, le Conseil d’Etat s’est orienté en 2002
vers un autre critère: celui du caractère impératif ou non de la circulaire.

Après une lente évolution jurisprudentielle, le Conseil d'État dans son arrêt du 18
décembre 2002 Duvignères viendra préciser que “Les dispositions impératives à
caractère général d'une circulaire ou d'une instruction doivent être regardées comme
faisant grief, tout comme le refus de les abroger”.
1-4 -Les directives

Il faut, au préalable, définir ce qu’il faut entendre par directives, puis


tenter de comprendre leur raison d’être et, enfin, conclure par
l’analyse de leur régime juridique.

a/Les directives sont des normes d'orientation adressées aux chefs de


service afin de fixer une ligne générale de conduite. Dans son arrêt du
11 décembre 1970, Crédit foncier de France, le Conseil d'État précise
les caractéristiques principales de ces actes d'orientation. La différence
entre les circulaires et les directives est mince. Cependant, les
circulaires sont une pratique ancienne contrairement aux directives.

Ne pouvant reconnaître un pouvoir réglementaire aux autorités disposant


d’un pouvoir d’appréciation, la Haute juridiction leur reconnaît un
pouvoir d’orientation.
1-4 -Les directives

La directive permet, ainsi, à une autorité administrative disposant d’un pouvoir


d’appréciation de définir à l’avance, sans renoncer à exercer ce pouvoir, les
orientations générales suivant lesquelles elle l’exercera.

C’est une codification des motifs susceptibles d’être invoqués par


l’Administration. Il s’agit de documents par lesquels l’Administration se fixe, à
l’avance, une ligne de conduite, une doctrine quant au contenu des décisions à
prendre.

Tout comme les circulaires, les directives ne contiennent pas d’élément de


décision, mais la différence avec ce type d’actes est que les circulaires
s’intéressent au contenu des décisions à prendre et non à la façon de procéder.

Cela concerne uniquement les hypothèses où l’Administration dispose d’un


pouvoir discrétionnaire: le contenu des décisions à prendre n’est pas
prédéterminé par les textes à appliquer, l’Administration a une marge
d’appréciation quant au contenu des décisions à prendre.
1-4 -Les directives
b/ Les directives interviennent dans des domaines où des procédés d’action
souples sont nécessaires. La loi et les règlements laissent le choix des
décisions individuelles à la libre appréciation de l’Administration.

Il est nécessaire de laisser à l’autorité d’application une marge


d’appréciation en raison de l’adaptation constante aux fluctuations de la
conjoncture.

Il s’agit surtout du domaine économique, de l’aménagement du territoire, de


l’urbanisme ou encore du domaine social. Dans ces différents domaines, il
y a des possibilités d’octroi d’avantages, d’aides financières.

De plus, souvent, le pouvoir d’accorder ces avantages est conféré à des


collectivités déconcentrées ou décentralisées ou à des organismes privés.
1-4 -Les directives
Tout cela est susceptible de poser beaucoup de problèmes. D’abord, les administrés
sont dans l’incertitude sur le point de savoir comment l’Administration agira et si elle
agira. Ensuite, il y a des risques de contradiction ou de discriminations involontaires
(donc atteinte entre l’égalité des candidats) entre les administrés. Se pose aussi un
problème de cohérence de l’action administrative.

Les lois et les règlements qui permettent l’octroi de tels avantages correspondent
toujours à une politique déterminée. Si l’on veut que celle-ci soit efficace, il faut que
l’application de ces textes soit cohérente. La directive permet de dépasser ces
inconvénients tout en préservant la souplesse de l’action administrative.

D’abord, les administrés connaissent l’orientation de la directive parce qu’elle la fixe et


qu’elle est publiée (art. 9 loi 17/07/1978: Loi n° 78-753 du 17 juillet 1978 portant
diverses mesures d'amélioration des relations entre l'administration et le public
et diverses dispositions d'ordre administratif, social et fiscal, version consolidée
au 26 novembre 2015 ).

Ensuite, les discriminations involontaires sont évitées puisqu’une ligne de conduite est
fixée. Et, la cohérence de l’action administrative est préservée.
1-4 -Les directives
c/ Du point de vue du régime juridique, les directives n’ont pas d’effets directs sur les
administrés, elles ne sont donc pas susceptibles d’un recours pour excès de pouvoir.
En revanche, elles ont des effets indirects sur ces derniers dans la mesure où les
décisions qui vont être prises les concernant, vont l’être sur la base de ces directives.

En conséquence, elles sont, d’abord, opposables aux administrés: l’Administration


peut, ainsi, se fonder explicitement pour justifier ses décisions sur la directive faisant
valoir à l’administré ou au juge administratif que la décision contestée a été prise
conformément à la directive.

Elles sont, ensuite, invocables par les administrés: en effet, ceux-ci peuvent invoquer
la directive pour contester les décisions prises en démontrant que ces décisions ne
sont pas justifiées au regard de la directive dont elles procèdent.

Enfin, le recours en exception d’illégalité est possible: les administrés peuvent


attaquer une décision procédant d’une directive et faire valoir que cette dernière est
illégale car prise sur le fondement d’une directive elle-même Illégale.
1-4 -Les directives
S’agissant du contrôle de légalité applicable en la matière, il faut distinguer celui qui est relatif à
la mise en œuvre des directives de celui afférent à la directive elle-même.

Ainsi, dans l’exercice de son pouvoir d’appréciation, l’auteur de la décision doit procéder à un
examen de la situation individuelle du demandeur. Ensuite, l’autorité d’application peut
déroger à la ligne de conduite fixée par la directive dans deux cas: motifs tirés des particularités
de l’affaire ou motifs d’intérêt général. Ce sont les deux considérations qui permettent d’établir
des différences de traitement.

Si aucun de ces deux motifs n’est présent, elle devra décider conformément à l’orientation
définie par la directive. On remarque, alors, que le principe d’égalité domine le statut des
directives.

Quant au contrôle de légalité de la directive elle-même, il faut, d’abord, noter que celle-ci ne
doit pas priver l’autorité d’application de son pouvoir d’appréciation. Elle doit laisser cette
dernière libre de procéder à l’examen particulier de chaque affaire et de déroger à l’orientation
fixée dans les deux cas prévus.

Par ailleurs, elle ne doit pas ajouter aux lois et règlements en vigueur, ni bien sûr les
méconnaître. Enfin, la directive doit être adaptée au but et à la raison d’être des textes dont elle
organise la mise en œuvre.
2- Les actes unilatéraux exécutoires
En la matière, la première distinction qui s’impose est celle entre les décisions individuelles et
les actes règlementaires, les premières étant soumises aux secondes. Les décisions individuelles
visent une ou plusieurs personnes de manière nominative, l’on parle, dans la seconde
hypothèse, de décisions collectives.

A l’inverse, les actes règlementaires édictent des règles générales et impersonnelles destinées à
des sujets de droit indéterminés. La plupart du temps, ce type d’actes vise un groupe de
personnes plus ou moins étendu, mais il peut ne viser qu’une personne, cette dernière étant visé
par rapport à sa fonction et non à titre nominatif.

Pour conclure sur ce point, il importe de bien retenir que le critère de distinction entre décisions
individuelles et actes règlementaires n’est donc pas le nombre de personnes visées, mais la
manière dont elles le sont : le sont-elles de manière nominative ou impersonnelle? Cette
distinction étant faite, il est possible de s’attarder sur la classification des actes règlementaires,
ces derniers posant des problèmes plus importants que les décisions individuelles.

La distinction est donc celle entre règlements d’exécution et règlements autonomes. Bien que se
retrouvant aux différents niveaux de la hiérarchie normative, cette classification sera ici
analysée au niveau le plus haut de cette dernière, à savoir celui du chef de l’Etat et du premier
ministre (au Maroc, actuellement le chef du gouvernement selon la nouvelle constitution).
1-2 -Les règlements d’exécution des lois

Ce type de règlements n’intervient pas dans un domaine vierge de


toute norme; en effet, il vient en complément d’une disposition
législative pour préciser ses modalités d’application et, ainsi, en
assurer l’exécution.

Dans l’exercice de pouvoir règlementaire, le Gouvernement ne


dispose que de peu de libertés. En effet, ce dernier est soumis à
une véritable obligation de faire, et ce dans un délai raisonnable.

La carence dans la prise de tels règlements ou le retard anormal pour


leur édiction peuvent être censurés par le juge et donner lieu à
indemnisation en cas de préjudice. Surtout, le juge administratif
peut, dans le cadre de ses nouveaux pouvoirs d’injonction,
imposer à l’Administration de prendre de tels règlements, en
assortissant sa décision d’une astreinte.
Le pouvoir d’injonction du juge administratif :

Le juge administratif se reconnaît la possibilité de prescrire à


l’administration, sans avoir été saisi de conclusions en ce sens, les
mesures qu’elle doit prendre pour se conformer à la chose jugée.

Ce nouveau pouvoir lui permet de préciser les modalités d’exécution


qui s’attachent à l’annulation partielle d’un acte en tant qu’il
comporte une omission ou annulation « en tant que ne pas ».

Le juge administratif enjoint ainsi à l’administration d’adopter, dans


un délai raisonnable, les mesures réglementaires nécessaires à la
mise en conformité avec le droit communautaire et de les assortir
d’un dispositif transitoire.
2-2-Les règlements autonomes

Avec ce type de règlements, le Gouvernement sort de son rôle de


simple exécutant pour disposer d’un pouvoir règlementaire
propre, indépendant mais toujours subordonné à la loi.

Il s’agit là de garantir une certaine efficacité dans l’édiction de


normes générales impersonnelles, le Gouvernement étant plus à
même d’agir avec promptitude (célérité et rapidité) que le
législateur.
I I –L’acte administratif unilatéral: un acte pris par une personne publique ... ou privée

Le principe est que seules des personnes publiques peuvent


édicter des actes administratifs unilatéraux.

Mais, comme tout principe, celui-ci connait certaines exceptions:


en effet, le Conseil d’Etat admet, dans certaines hypothèses,
que des personnes privées, chargées de la gestion d’un service
public, puissent prendre des actes administratifs unilatéraux.

Précisons, cependant, avant de commencer que ce propos sera


centré sur la prise d’actes administratifs règlementaires, la
question de l’édiction de décision individuelle ne posant pas de
problèmes particuliers.
Les actes administratifs unilatéraux règlementaires pris par les personnes publiques

Les autorités publiques détentrices d’un pouvoir


règlementaire peuvent être aussi bien l’Etat que
les collectivités locales.

Notons aussi le cas des établissements publics, aussi


bien administratifs qu’industriels et commerciaux,
dont les organes de direction peuvent prendre des
règlements relatifs, notamment, à l’organisation
du service ou au statut des agents.
Les actes administratifs unilatéraux règlementaires pris par les personnes privées

Les actes des personnes privées sont, dans la quasi-totalité des cas,
des actes de droit privé.

Mais, la jurisprudence a admis des exceptions à ce principe en la


matière, il convient de distinguer la situation des personnes
privées chargées d’une mission de service public administratif
(SPA) de celle des personnes privées assumant une mission de
service public industriel et commercial (SPIC).
1 -Les personnes privées chargées d’une mission de SPA

Les actes des personnes privées gérant un SPA sont


administratifs s’ils se rattachent à la mission de SPA
confiée à l’organisme et s’ils traduisent la mise en œuvre
de prérogatives de puissance publique. Il peut s’agir aussi
bien d’actes réglementaires que d’actes individuels.

En revanche, toutes les décisions relatives au


fonctionnement interne sont privées: le juge considère
qu’elles concernent l’institution privée et non son activité.
Dans cette hypothèse, en effet, le pouvoir de décision
n’est pas mis en œuvre au titre de l’exécution du service
public, mais à celui des rapports internes à l’institution.
1 -Les personnes privées chargées d’une mission de
SPA

Quant à la condition tenant à la mise en œuvre de


prérogatives de puissance publique, l’on peut
considérer que ces dernières sont liées à la notion
même d’organisation du service public.

En effet, compte tenu des contraintes qui pèsent sur


tout service public, son organisation implique
nécessairement la possibilité de mettre en œuvre de
telles prérogatives, celles-ci étant transmises par
une personne publique en vue de la gestion de ce
service.
2 -Les personnes privées chargées d’une mission de SPIC

Pour être administratif, l’acte pris par une personne privée


gérant un SPIC doit avoir trait à l’organisation du service
public et présenter un caractère règlementaire.

S’agissant des deux conditions explicitement mentionnées, il


faut d’abord préciser que par «organisation du service public»,
il faut plutôt entendre gestion, au sens large, du service public.

Pour autant, les décisions concernant l’aménagement interne de


ces organismes sont privées. Ensuite, pour être administratif,
il faut encore que l’acte présente un caractère règlementaire,
c’est-à-dire soit un acte à portée générale et impersonnelle, ce
qui exclue les décisions individuelles.
La forme de l’acte
L’acte administratif unilatéral se caractérise par sa forme générale et
par celle de ses différents éléments.
1. Décisions explicites et implicites
a. Les décisions explicites
• Ces actes sont les plus courants, ils expriment par écrit la volonté
de leur auteur. C’est le cas des décrets, arrêtés ministériels ou non,
bref de tous les actes formels c’est à dire, la presque totalité des
actes de l’administration.
b. Les décisions implicites
• Selon une règle ancienne le silence de l’administration pendant
deux mois vaut décision implicite de rejet.
• Mais, certaines décisions implicites peuvent aussi avoir un effet
positif c’est à dire accepter une demande.
Les éléments de l’acte
Les actes administratifs comportent certains éléments qui jouent un rôle
important.
a. Les visas
• Les visas sont les textes en vertu desquels l'acte est pris, ils donnent donc
ainsi la base juridique de l'acte. L'apposition des visas est une chose
importante car elle est à la fois un moyen pour l’administration de contrôler
la régularité de ses actes, et un moyen pour l’administré de vérifier la
régularité de ceux-ci.

b. Les motifs
• Ce sont les faits qui justifient la décision. Pendant longtemps,
l'administration n'était pas obligée de motiver ses actes. La loi sur la
motivation des actes administratifs impose à l’administration une telle
obligation pour toutes les décisions individuelles défavorables.
• Mais, il existe trois exceptions à la règle: lorsque la loi prévoit le secret,
quand l’acte est pris en urgence et enfin s’il s’agit de décisions implicites.
La loi N° 03-01 promulguée le 23 juillet 2002 relative à l’obligation
de motiver les décisions administratives, oblige désormais
l’administration à motiver ses décisions individuelles défavorables
notamment :
 celles liées à l’exercice des libertés publiques
 ou celles présentant un caractère de police administrative,
 ou celles qui infligent les sanctions administratives ou
disciplinaires,
 ou celles qui subordonnent à des conditions restrictives particuliers
à l’octroi d’une autorisation ou d’une attestation ou décision ou
imposent des suggestions non prévues par la loi ou les règlements;
 les décisions qui  retirent ou abrogent une décision créatrice de
droits
 et enfin les décisions admininistratives qui refusent un avantage
dont l’attribution constitue un droit pour les personnes qui
remplissent les conditions pour l’obtenir.
L’élaboration de l’acte administratif unilatéral

L’élaboration de l’acte administratif unilatéral soulève trois questions : la compétence ; la


procédure ; et l’entrée en vigueur.
1) la compétence
• La compétence peut être définie comme « le pouvoir de poser des normes ». Dans le cas
en espèce, il s’agit du pouvoir de prendre des actes administratifs unilatéraux. En effet
l’acte administratif unilatéral ne peut être pris que par une autorité ayant été légalement
investie de la compétence de le faire. Cette compétence revêt un aspect dimensionnel,
sans oublier qu’il n’est pas exclu qu’elle soit déléguée. Il en ressort que si cet acte est
pris dans des conditions contraires au précédentes, on sera dans l’incompétence.
a) l’aspect dimensionnel: Il est lié au facteur matériel, au facteur territorial et au facteur
temporel.
 La dimension matérielle
• L’ensemble des matières sur lesquelles portent la compétence de chaque autorité est
définie. De ce fait, une autorité ne peut décider, autoriser ou prescrire telle ou telle
conduite, dans un domaine autre que celui que les textes lui ont réservé. Ainsi, la
constitution confère au chef du gouvernement la compétence d’exercer le pouvoir
réglementaire.
• De même la charte communale attribue au Président du conseil communal la
compétence de police administrative.
L’élaboration de l’acte administratif unilatéral

La dimension territoriale


• L’autorité qui agit prend des décisions qui concernent un certains nombre de
personnes, c'est-à-dire que ces décisions ne doivent s’appliquer que dans une
localité bien définie.

• Ainsi par exemple, les décisions du chef du gouvernement en matière de police


peuvent s’appliquer sur toute l’étendue du territoire national car il est doté du
pouvoir de police nationale.

• De même, les compétences du conseil communal ne se limite qu’à sa commune.

La dimension temporelle


• Cela signifie que la compétence est attribuée à une autorité pour un temps
limité, c'est-à-dire, le temps que dure l’investiture de l’autorité en question.
Ainsi, un ancien Premier ministre ou chef du gouvernement ne peut pas arguer
de son titre pour prendre un acte administratif en ce sens que la durée de son
investiture est achevée.
L’élaboration de l’acte administratif unilatéral

b) la délégation de compétence

• C’est la possibilité offerte à un organe administratif investi du pouvoir de


décision, de renoncer à une partie de son pouvoir au profit d’un autre organe.
(Par exemple, selon la Constitution , le chef du gouvernement peut déléguer
certains de ses pouvoirs aux ministres).

• Mais pour être assez effective, la délégation de compétence doit être soumise
aux conditions suivantes :

 Etre prévue par un texte ;


 Etre expresse et précise ;
 Etre partielle et non définitive ;
 Etre publiée.
L’élaboration de l’acte administratif unilatéral
• Par ailleurs, il existe deux (2) types de délégations de compétence : la
délégation de pouvoir et la délégation de signature.

• Au niveau de la délégation de pouvoir, le délégant est dessaisi de sa


compétence qu’il ne peut plus exercer sauf à retirer au préalable la délégation.
De même, le délégataire agit en son nom propre et en celui du délégant, il ya
donc un véritable transfert de compétence.

• Quant à la délégation de signature, elle implique que le délégant ne renonce


pas réellement à sa compétence. Mais plutôt, il la conserve tout en conférant à
une autre autorité le droit d’exercer en son nom certaines de ses attributions.

• En résumé, pour distinguer ces types de délégations, on peut reprendre les


propos du Doyen G. VEDEL en disant que « la délégation de compétence (de
pouvoir) fait du délégué, l’auteur réel de l’acte, tandis que la délégation de
signature garde au délégant le rôle d’auteur réel de l’acte ».
L’élaboration de l’acte administratif unilatéral
c) L’incompétence
• L’incompétence est constituée par l’ensemble des infractions liées aux règles de
la compétence.

• Ces infractions sont entre autres : l’usurpation de fonction, l’usurpation de


pouvoir et l’empiétement de fonction.

 L’usurpation de fonction :
• On dit qu’il ya usurpation de fonction administrative, lorsque l’auteur de l’acte
est dépourvu de toute autorité administrative.

• Ainsi, seront considérés comme usurpation de fonction, les actes qui seront pris
par une personne ne relevant pas de la hiérarchie administrative, ceux d’un agent
dont les fonctions ne lui confèrent aucun pouvoir de décision et enfin ceux d’une
autorité dont l’investiture aura expiré.
L’élaboration de l’acte administratif unilatéral

 L’usurpation de pouvoir :
• Ici, c’est l’objet de l’acte qui est en cause et non la qualité de l’auteur.
Ainsi, si l’acte d’une autorité investie du pouvoir réglementaire,
déborde ce domaine pour s’interférer par exemple dans le domaine
législatif ou judiciaire, on dit qu’il ya usurpation de pouvoir.
• Selon la jurisprudence, quand un acte se trouve dans l’un des cas ci-
dessus, il n’est pas seulement annulable, mais il est même inexistant.

 L’empiétement de fonction:
• L’empiétement de fonction se produit lorsqu’une autorité administrative
empiète sur les fonctions d’une autre autorité administrative.

• Dans une telle circonstance, le juge se prononce en faveur de l’annulation


pour illégalité de compétence.
L’élaboration de l’acte administratif unilatéral
d) les dérogations exceptionnelles aux règles de compétence
• Ces dérogations interviennent en périodes exceptionnelles c'est-à-dire lorsque la
situation ne permet pas aux autorités compétentes d’agir. Cela se concrétise par la
théorie du fonctionnaire de fait, qui consacre la possibilité pour un simple particulier
d’exercer de manière tout à fait régulière la compétence administrative sans en avoir
préalablement investie par un texte.
• En France par exemple, le conseil d’Etat a reconnu comme ayant un caractère
administratif les actes de l’autorité de fait qui s’est substituée à l’autorité
communale pour assurer l’administration de la ville et le ravitaillement de la
population pendant la seconde guerre mondiale(CE. Sect.5 Mars 1948, Maurion,
Rec. 113 ; D. 1949. 147).

• Toutefois, pour que cette théorie puisse s’appliquer, le respect de certaines


conditions est indispensable :
 L’existence de circonstances graves (état de guerre, catastrophe naturelles, etc.)
 La disparition des autorités administratives compétentes (décès, fuite,
emprisonnement)
 Les actes du particulier se limitent à la compétence de l’autorité administrative qu’il
a remplacée.
L’élaboration de l’acte administratif unilatéral

2) Les règles de forme et de procédure


• L’élaboration des actes administratifs unilatéraux, est soumise à des règles de
forme et de procédure dont l’inobservation pourrait constituer une cause
d’annulation.
• On appelle l’ensemble de ces règles la procédure administrative non
contentieuse et elle constitue une garantie pour les administrés.
a) les règles de forme
• Contrairement a ce que nous avons vu a la forme de l’acte de l’acte
administratif, ici, il s’agit plutôt de certaines règles de forme auxquelles doit se
soumettre l’acte. Ce sont essentiellement :
 le caractère écrit ou oral de l’acte : l’acte administratif peut être écrit ou
verbal. Mais si une loi l’exige, il doit être écrit ;
 le silence de l’administration est considère selon les cas soit comme une
décision implicite d’acceptation ou soit comme une décision implicite de refus ;
 les visas constituent des références textuelles sur lesquelles l’acte se fonde.
Ces visas sont facultatifs, ce qui implique que leur absence ne peut en aucun
cas constituer une cause d’annulation de l’acte ;
L’élaboration de l’acte administratif unilatéral
la motivation est l’explication que l’administration donne en ce qui concerne les raisons et
les motifs de l’acte.
• La motivation ne peut cependant constituer une obligation que si elle est prévue comme telle par
un texte.
• En France depuis la promulgation de la loi du 11 Juillet 1979, peu sont les domaines exemptés
d’une obligation de motivation.
• Pour ce qui est du cas du Maroc, la motivation n’est pas réellement un principe en tant que tel.
Néanmoins, nombreux sont les domaines dans lesquels la motivation s’impose. Et même ceux
dans lesquels il n ya pas une obligation textuelle, le juge en demande en cas de contentieux.
• Ainsi les décisions prises dans le domaine des marchés publics, de l’urbanisme, des sanctions
disciplinaires liées a la fonction publique, etc. sont soumis à l’obligation de motivation.
• Il est donc évident que si la motivation est prévue dans un domaine par un texte, elle devient une
condition de forme et implicitement une garantie pour l’administré car le non respect de la
motivation dans une telle circonstance fait encourir à l’acte l’annulation pure et simple.
Le contreseing constitue une règle de forme. Au Maroc, les actes réglementaires pris par le
chef du gouvernement doivent être contresignés par les ministres chargés de leurs exécutions.
Le principe du parallélisme des formes veut que la modification ou la suppression d’un
acte soit effectuées dans les formes initiales de son élaboration.
L’élaboration de l’acte administratif unilatéral

b) les règles de procédure


S’il s’agissait au niveau des règles de forme, de certains éléments que l’acte administratif
unilatéral doit contenir, il s’agit maintenant de procédures ou d’étapes que son élaboration
doit suivre. Ces étapes sont plus ou moins facultatives selon les circonstances.
 Les délais : certains textes prévoient des délais pour l’édiction des actes administratifs.
• Lorsque les délais sont facultatifs, l’acte ne peut pas être frappé de nullité en cas de leur
inobservation, dans le cas contraire c’est possible.
 La consultation : elle a pour avantage de faire accepter facilement la décision prise de
façon unilatérale. Il faut noter que la procédure consultative devient de plus en plus
répondue, notamment dans le domaine économique. Il existe généralement trois(3) types de
consultations :
• La consultation facultative qui n’est imposée par aucun texte et que l’autorité peut décider
elle-même de d’effectuer ;
• La consultation obligatoire qui est prévue par un texte et qui par conséquent oblige
l’administration de l’effectuer. Elle n’est cependant pas tenue de suivre l’avis qui s’en suit.
• La consultation obligatoire assortie de l’avis conforme : lorsqu’elle est prévue par un texte,
alors l’administration est non seulement tenue d’effectuer la consultation, mais en plus, elle
ne peut que suivre l’avis qu’elle en obtiendra.
L’élaboration de l’acte administratif unilatéral

l’entrée en vigueur de l’acte administratif unilatéral


Pour qu’un acte administratif soit opposable aux tiers, il doit respecter les
conditions, à savoir la publicité et la non rétroactivité.
a) la publication et la notification
• On distingue selon qu’il s’agit des actes réglementaires ou des actes individuels.
• Au sein des premiers, on trouve les décrets et les arrêtés des ministres qui sont
publiés au Bulletin officiel. On trouve aussi les actes réglementaires des conseils
communaux qui peuvent être publiés par l’affichage au siège de la commune,
leur parution dans la presse ou tout autre moyen approprié comme le procédé de
crieur public.
• Quant aux second, le mode de publicité doit avant tout être personnel ( la
notification). Le procédé le plus adéquat à ce sujet est la lettre recommandée qui
peut être accompagnée par un récépissé et dont la signature ou la réponse de
l’intéressé constituent des preuves de la notification.
• Il faut par ailleurs préciser qu’un acte administratif reste valide même s’il n’a pas
été publié. Toutefois il ne sera jamais opposable aux tiers tant qu’il ne sera pas
publié.
L’élaboration de l’acte administratif unilatéral
b) la non rétroactivité
•Pour Jean AUBY la non rétroactivité dans ce contexte signifie « qu’un
acte administratif ne peut légalement produire d’effet à une date antérieure à
celle de son entrée en vigueur(…) »

•Cette règle revêt une importance prépondérante dans la mesure où elle est non
d’une essence constitutionnelle, mais c’est principe général du droit (cas des
actes réglementaires).

•Cependant, cela n’exempte pas ce principe de quelques exceptions telles que


certaines autorisations légales pour la rétroactivité de certains actes
administratif ;le retrait d’un acte par son auteur, l’annulation d’un acte par le
juge pour excès de pouvoir; etc.

•On peut donc résumer avec LETOURNEUR que l’acte administratif peut
toujours être rétroactif s’il vise le respect de la légalité.
L’élaboration de l’acte administratif unilatéral
• Le principe de non-rétroactivité des actes administratifs a été établi en principe
général du droit par la décision de principe Société du journal « l’Aurore » de 1948.

• Il s’agissait en l’espèce des tarifs de vente d’électricité. Une décision administrative


réglementaire avait majoré le prix de vente de l’électricité pour les consommations
figurant dans le premier   relevé postérieur à sa date de publication, alors que ce
relevé comprenait des consommations  antérieures à cette date.

• CE Ass. 25 juin 1948, Société du journal « l’Aurore »* p. 289


• Considérant qu’il est constant qu’en raison de l’intervalle de temps qui sépare deux
relevés successifs de compteur le premier relevé postérieur au 1 er janvier
1948 comprend, pour une part plus ou moins importante selon la date à laquelle il
intervient, des consommations antérieures au 1er janvier ; qu’en décidant que ces
consommations seront facturées au tarif majoré, l’arrêté attaqué viole tant le principe
en vertu duquel les règlements ne disposent que pour l’avenir que la règle posée dans
les articles 29 et suivants de l’ordonnance du 30 juin 1945 d’après laquelle le public
doit être avisé, avant même qu’ils soient applicables, des prix de tous produits et
services arrêtés par l’autorité publique ;
L’élaboration de l’acte administratif unilatéral
• Il n’existe que de très rares exceptions au principe de non-
rétroactivité. Il en existe deux, toutes deux liées aux conséquences qui
doivent être tirées d’une annulation contentieuse.
• La première hypothèse est portée par une décision Rodière, antérieure
à la décision Société du journal l’Aurore (Conseil d’Etat, 18 juin
1926, Rodière, rec. p. 624). 
• Un fonctionnaire, M. Rodière, avait obtenu l’annulation par le juge
administratif d’un tableau d’avancement de ses collègues pour l’année
1921.  Par une décision de mars 1925, le Conseil d’État annula
l’inscription des intéressés au tableau d’avancement pour 1921 .
• Pour l’exécution de cette décision, le ministre reconstitua
rétroactivement la carrière des intéressés sur la base de leur non
inscription au tableau pour l’année 1921.
M. Rodière ayant saisi une deuxième fois le Conseil d’État celui-ci
rejette le recours en considérant que le ministre devait reconstituer la
carrière des intéressés.
L’élaboration de l’acte administratif unilatéral
• Considérant que s’il est de principe que les règlements et les décisions de
l’autorité administrative, à moins qu’ils ne soient pris pour l’exécution d’une
loi ayant un effet rétroactif, ne peuvent statuer que pour l’avenir, cette règle
comporte évidemment une exception lorsque ces décisions sont prises en
exécution d’un arrêt du Conseil d’Etat, lequel par les annulations qu’il
prononce entraîne nécessairement certains effets dans le passé à raison même
de ce fait que les actes annulés pour excès de pouvoir sont réputés n’être
jamais intervenus. 

• La seconde hypothèse est encore une fois celle d’une annulation


contentieuse. Lorsque le juge administratif a annulé l’acte réglementaire
fixant les tarifs d’un service (en l’espèce la redevance d’enlèvements des
ordures ménagère), il revient à l’administration de prendre un acte fixant de
manière rétroactive, pour la période concernée, le montant de la redevance
pour service rendu devant être acquittée par les usagers ayant contesté
l’application individuelle de ces tarifs.
• CE S.,28 avril 2014, Mme A. et autres, n° 357090
La Disparition de l’acte administratif unilatéral

• La disparition de l’acte administratif marque la fin de son effet juridique


pour l’avenir.

• Mais parfois aussi pour le passé. Cette disparition peut être le résultat de
plusieurs causes et peut émaner soit de la volonté de son auteur soit en
dehors de sa volonté.

1-La caducité de l’acte


• L’acte administratif unilatéral devient caduc lorsque son objet disparait
ou lorsque son destinataire est décédé. Il ne produit plus d’effet pour
l’avenir. Il tombe en désuétude.

2- L’annulation de l’acte
Elle peut s’effectuer soit par un contrôle administratif, soit par un contrôle
juridictionnel.
La Disparition de l’acte administratif unilatéral

Le contrôle administratif
Le contrôle administratif peut être un contrôle de légalité ou d’opportunité.
Le contrôle de légalité
• L’acte administratif peut être annulé suite à un contrôle de légalité. En effet, ce
contrôle intervient quand une autorité administrative supérieure cherche à s’assurer
que les décisions prises par son subordonné sont conformes aux lois et règlements en
vigueur. Ainsi, dans le cas où elles ne le seront pas, ce supérieur peut les annuler.
Le contrôle d’opportunité
• Le supérieur hiérarchique peut également annuler, modifier une décision émanant de
l’autorité subalterne pour cause d’inopportunité. Il en est ainsi lorsque les
contingences qui ont exigé l’édition d’un acte ont disparues, ou lorsqu’une décision a
été prise en méconnaissance d’une conjoncture politique ou économique, ou lorsqu’il
s’agit d’une décision difficile à concrétiser du point de vue technique ou financier et
notamment si son exécution se révèle coûteuse pendant une période d’austérité ou de
restriction budgétaire.
• Dans tous ces cas, la décision prise, tout en étant conforme à la loi, peut être réformée
ou annulée par l’autorité hiérarchique pour cause d’inopportunité. Il s’agit donc du
contrôle de l’opportunité variante de la mise en œuvre du pouvoir hiérarchique.
La Disparition de l’acte administratif unilatéral

Le contrôle juridictionnel
En ce qui concerne le juge, il peut annuler l’acte administratif unilatéral, lorsque la
contestation de la décision est portée devant une juridiction.
3-L’abrogation de l’acte
• L’abrogation met fin aux effets d’un acte administratif pour l’avenir. Sauf
exception prévues par des textes, l’abrogation doit être prise selon les mêmes
règles de compétence et de forme que la décision à abroger .

• Cette possibilité accordée à l’administration d’abroger ses actes découle de la


règle de la mutabilité qui caractérise le pouvoir réglementaire, en ce sens que
les lois et règlements doivent être mis en harmonie avec les besoins matériels et
moraux de la population.

• Les actes réglementaires qui ne confèrent pas des droits aux administrés
peuvent être abrogés que dans les conditions que prévoient les lois et les
règlements .la mise à la retraite d’un fonctionnaire est une décision
d’abrogation de la nomination. Elle n’est possible que dans les cas prévus par la
loi.
Sanction du principe de légalité
• Le contrôle de légalité des actes administratifs unilatéraux peut être opéré par
différents juges et dans le cadre de différentes procédures.

• Ce contrôle peut, dans certaines hypothèses, être mis en œuvre par le juge judiciaire.
Tel est cas, en particulier, du juge répressif qui est compétent, pour interpréter et
apprécier la légalité des actes administratifs règlementaires ou non (lorsque, de cet
examen, dépend la solution du procès pénal qui lui est soumis par exemple).

• Cependant, c’est le juge administratif qui demeure le juge « naturel » de la légalité


des actes administratifs unilatéraux. Ce contrôle peut d’abord être opéré dans le
cadre de l’examen d’une exception d’illégalité, dans celui – rarissime – d’un recours
en déclaration d’inexistence- ou dans les contentieux objectifs de pleine juridiction.

• Toutefois, c’est le recours pour excès de pouvoir, qui a été principalement créé à
cette fin, qui demeure le principal moyen de contestation de la légalité des actes
administratifs unilatéraux. Se pose alors la question des cas d’ouverture de ce
recours et celui de l’étendue du contrôle juridictionnel.

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