Vous êtes sur la page 1sur 2

Voie de fait

- Une théorie née sous l’ancien régime :

Les fonctionnaires sous l’Ancien régime ne pouvaient pas être poursuivi pour des fautes commises
dans le cadre de leurs fonctions sous réserve d’une décision contraire du Conseil d’Etat. En ce cas, les
poursuites avaient lieu devant les tribunaux ordinaires.
C’est ainsi que l’on a vu le Conseil d’Etat annoncer que des fonctionnaires avaient commis « une voie
de fait ». Ils auraient agi en se rendant coupable d’atteinte arbitraire au droit de propriété sans droit,
ni titre.

- Une théorie prenant corps à la fin du Second Empire

Second Empire = contexte = essor idéologique du libéralisme politique ; remise en cause du Conseil
d’Etat

- Une théorie développée par le commissaire du gouvernement Aucoc dans un arrêt rendu le 9
mai 1867 relatif à la saisie de l’Histoire des princes de Condé écrite par le duc d’Aumale,
ordonnée par le préfet de police

Dans cet arrêt, le CE se déclare incompétent pour connaître de recours formés contre cette saisie
administrative par le préfet au motif que les actes incriminés dans le cadre de la saisie sont politiques,
donc pas de nature a être déférés devant lui.

Un arrêt obscur

Mais, Aucoc vient éclairé le sens et la portée de cet arrêt. Il établit que les actes de gouvernements
échappent à la compétence du JJ et du JA. En ce sens, le CE doit se déclarer incompétent. Néanmoins,
des actes exécutifs échappant au contrôle d’une juridiction causeraient des dangers : des actes
arbitraires pourraient être commis, ces actes seraient impossible à limiter. Ainsi, en se déclarant
incompétent, le CE indique implicitement que c’est aux tribunaux judiciaire de statuer sur la question
de la saisie de ce livre puisqu’il y a une atteinte par l’executif dans les matières réservées à l’autorité
judiciaire = la liberté et la propriété (l’autorité judiciaire est gardienne des droits fondamentaux et de
la propriété)

Attention, Aucoc estime que la compétence des TJ s’impose uniquement lorsqu’un acte de
gouvernement (ne peuvent être déférés au juges administratif)

- Une théorie développée par Laferrière (= vice président du CE)

Contexte = renversement du Second Empire + sa consécration par le Tribunal des conflits (T. confl., 13
mars 1875, Lacombe)

les actions engagées contre l'Administration à propos d'agissements attentatoires à la propriété ou à


certaines libertés en invoquant leur caractère de voie de fait , ou plus fréquemment, le fait que
l'Administration avait agi "en dehors de ses attributions" sont attribués aux juridictions judiciaire TC,
1875, Lacombe
Laferrière regrette que la voie de fait ait été confondu avec de simples actes administratifs illégal à
certaines reprises, ainsi ces actes ont pu relever de la compétence du jj.

Alors il défini la nation de voie de fait dans son ouvrage

Il est clair d'abord que, selon Laferrière, ce qui justifie que les tribunaux judiciaires connaissent du
contentieux des actes de l'Administration constitutifs de voie de fait est que ces actes ne sont pas des
actes "d'administration", au sens des lois de 1790 – an III sur la séparation des autorités
administratives et judiciaires, en tant qu'ils sortent "des attributions mêmes de l'autorité
administrative".
Le fondement de la compétence de ces tribunaux en la matière ne réside donc nullement du point
de vue de Laferrière dans le prétendu "principe du juge judiciaire gardien de la propriété et des
libertés fondamentales". = un principe second par rapport à celui de la séparation des autorités
administrative et judiciaire.
Aussi, la compétence judiciaire à l'égard d'actes de l'Administration liée à l'application de la théorie
de la voie de fait ne saurait en aucune manière être présentée, ainsi que cela est pourtant
couramment fait en doctrine, comme constituant une "dérogation" au principe de la séparation des
autorités administrative et judiciaire. Le juge judiciaire ne connaît pas du contentieux de la voie de
fait administrative "par dérogation" à ce principe ; il en connaît au contraire en application de celui-ci.

cette théorie, telle qu'elle est exposée par Laferrière, ne repose pas sur deux fondements distincts et
à certains égards même contradictoires : elle n'a pas pour base à la fois la théorie de l'acte
administratif dénaturé, qualifié par Laferrière lui-même d'"inexistant", et celle du juge judiciaire
gardien de la propriété et des libertés fondamentales. Cette opinion a cours à l'époque
contemporaine. Elle s'exprime d'une certaine manière au travers du point de vue selon lequel la
reconnaissance du caractère de voie de fait à un acte de l'Administration est subordonnée à la double
condition que cet acte soit, d'une part, grossièrement irrégulier, tellement irrégulier qu'il est nul et
inexistant, et que, d'autre part, il porte atteinte au droit de propriété ou à une liberté fondamentale.
Or, en fait , pour Laferrière, est dénaturé, inexistant, l'acte de l'Administration portant atteinte
arbitrairement à ce droit ou à une liberté de ce type. Selon Laferrière, l'acte de l'Administration
constitutif de voie de fait est tel parce qu'il n'est pas "d'administration", et s'il n'est pas
"d'administration" la raison en est que de "par son objet même", c'est-à-dire la mise en cause
arbitraire d'un droit individuel, il est "étranger à la fonction administrative".

Enfin, d'après Laferrière, l'accomplissement par un administrateur d'une voie de fait ouvre
automatiquement la porte à la mise en cause de l'Administration employeur devant les tribunaux,
quelle que soit la nature de la faute commise (en sens contraire, S. Petit, cité supra n° 3 , p. 25). À ses
yeux, la voie de fait ne peut faire obstacle à la compétence judiciaire, et "peut même rendre son
auteur justiciable des tribunaux judiciaires" ; sous entendu : la voie de fait peut se confondre avec
une faute personnelle, mais cela n'est pas obligatoire. Et qu'elle en soit une ou non, les tribunaux
judiciaires pourront toujours apprécier la responsabilité de l'Administration.

Vous aimerez peut-être aussi