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AVANT DE REUSSIR IL FAUT D’ABORD Y CROIRE ET ENSUITE TRAVAILLER ; ALORS, SOIT TU REUSSIS,

SOIT TU REUSSIS

ETABLISSEMENT : Faculté de Droit et de Science Politique

DOMAINE DE FORMATION : Droit

MENTION SPECIALITE : Sciences juridiques

GRADE : Licence

SEMESTRE : 2

INTITULE DU COURS : RESPONSABILITE CIVILE DELICTUELLE, LES


QUASI-CONTRATS (Droit des obligations II)

MASSE HORAIRE : 20 h

NOMBRE DE CREDIT :

NOM ET GRADE DE L’ENSEIGNANT RESPONSABLE : Samson Igor Bidossessi


GUEDEGBE, Agrégé des Facultés de Droit, Maître de Conférences

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AVANT DE REUSSIR IL FAUT D’ABORD Y CROIRE ET ENSUITE TRAVAILLER ; ALORS, SOIT TU REUSSIS,
SOIT TU REUSSIS

La deuxième partie du cours du droit des obligations est consacrée à la responsabilité


civile délictuelle (titre I) et aux quasi-contrats (titre II) qui seront successivement
étudiés.

TITRE I : RESPONSABILITE CIVILE DELICTUELLE

Il sera abordé sous ce premier titre les conditions de la responsabilité civile délictuelle
(chapitre I) et la réparation du préjudice (chapitre II), lesquelles seront précédées des
éléments de généralité étudiés dans un chapitre introductif.

CHAPITRE INTRODUCTIF : Les généralités

Ce chapitre introductif sera consacré à l’étude de la notion de « Droit de la


responsabilité civile délictuelle » (Section I) et de ses fondements (Section II).

SECTION I : La notion

La responsabilité civile est souvent définie comme l’obligation faite à une personne de
réparer le dommage causé à autrui. La responsabilité civile délictuelle évoque l’idée de
dommage et de sa réparation ou encore l’indemnisation des victimes.

La responsabilité civile délictuelle peut être distinguée de la responsabilité pénale,


d’une part, et de la responsabilité contractuelle, d’autre part.

La responsabilité civile et responsabilité pénale : la responsabilité civile a pour


fonction de réparer un dommage donc d’indemniser la victime. Elle se distingue ainsi
de la responsabilité pénale qui a pour fonction de punir l’auteur du comportement
délictueux. Le domaine respectif de ces deux responsabilités ne coïncide pas toujours1.

1
Les deux responsabilités interviennent par exemple en cas de vol. Les fautes d’imprudence ne sont
sanctionnées que par une responsabilité civile. Les tentatives ne sont sanctionnées que par une responsabilité
pénale.

2
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La responsabilité délictuelle ou extracontractuelle sanctionne tout dommage né en


dehors de l’inexécution d’un contrat2. Elle se distingue donc de la responsabilité
contractuelle qui sanctionne le dommage subi par un contractant lors de l’inexécution
d’un contrat. Toutefois, puisque la responsabilité contractuelle suppose l’existence
d’un contrat valable, la responsabilité d’une partie lorsqu’un contrat est annulé est
délictuelle. Puisqu’elle suppose que le dommage soit subi par un contractant, le tiers
complice de la violation d’une obligation contractuelle ne peut qu’engager sa
responsabilité délictuelle. Puisqu’elle suppose que le dommage soit la conséquence de
l’inexécution du contrat, lorsqu’un client d’une infirmière a eu une chute en glissant
sur un tapis, la responsabilité encourue par l’infirmière ne peut être que de nature
délictuelle.

La distinction des responsabilités contractuelle et délictuelle se prolonge par la règle


dite du non-cumul des responsabilités : les articles 1382 et s. sont sans application
lorsqu’il s’agit d’une faute commise dans l’exécution d’une obligation résultant d’un
contrat. Quid lorsque la faute contractuelle constitue une infraction pénale ?

SECTION II : Les fondements

Rechercher le ou les fondements de la responsabilité civile délictuelle, c’est répondre à


la question fondamentale suivante : Pourquoi dans certains cas, et pas dans d’autres,
l’auteur d’un dommage est tenu de le réparer ? Plusieurs explications ont été avancées,
avec des succès relatifs. C’est dire que plusieurs fondements ont été déterminés dont
aucun n’emporte entièrement la conviction. D’abord, l’on s’est lancé à la recherche du
fondement de la responsabilité civile délictuelle en se plaçant essentiellement du côté
de l’auteur du dommage. La responsabilité est alors fondée soit sur la faute soit sur le
risque. Ensuite, il a été préconisé de rechercher le fondement par référence au point de
vue de la victime. La responsabilité est dans ce cas est fondée sur l’idée de garantie.

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Celle qu’une personne engage en causant un dommage à une autre, à laquelle ne la liait aucun rapport
d’obligation.

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PARAGRAPHE I : La faute

C’est le fondement classique de la responsabilité civile. Au moment de la rédaction du


Code, il a paru suffisant de fonder la responsabilité de l’auteur d’un dommage sur la
faute commise par lui. L’article 1382 répond à cette idée : celui qui commet une faute
et cause un dommage engage sa responsabilité. La faute est ici intentionnelle (délit).
L’article 1383 rattache également la responsabilité civile à la faute : celui qui par sa
négligence ou son imprudence crée un dommage doit en répondre. La faute est ici non
intentionnelle (quasi-délit).

Il s’agit donc d’une canalisation de la responsabilité à travers la culpabilité de l’auteur


du dommage : Doit réparer, celui qui cause un dommage à la suite d’une défaillance
dans la conduite, donc une faute au sens large. Pour obtenir réparation du dommage
qu’elle a subi, la victime doit donc prouver la faute de l’auteur du dommage.

Bien que les articles 1384, 1385 et 1386 consacrant des responsabilités indirectes aient
formulé des présomptions (dispensant la victime de prouver la faute du responsable ;
ce qui favorise la situation de la victime) ; l’on s’accordait encore à considérer qu’il
s’agissait là de présomptions de faute3 :

- si les parents sont responsables des agissements de leurs enfants, c’est parce que
l’on présume qu’ils ont mal surveillé l’enfant qui a causé le dommage ;

- il en est de même pour le propriétaire d’un animal ;

- si une partie du toit tombe et blesse des passants, c’est parce que le bâtiment est
mal entretenu par le propriétaire.

En raison de la multiplication des accidents que le développement de la société


industrielle a entraînés dans son sillage, la domination quasi exclusive de la faute
comme fondement de la responsabilité civile a pris fin dans la mesure où la notion
traditionnelle de faute ne permettait plus d’expliquer toutes les solutions. Une nouvelle

3
A cet égard, le professeur Coulibaly Climanlo Jérôme écrit que : « ces responsabilités indirectes fondées sur les
articles1384, 1385 et 1386 font également appel à la notion de faute » : COULIBALY (C. M.), Droit civil, Les
obligations, Les éditions ABC, 2015, p. 244.

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réflexion sur le fondement de la responsabilité s’est avérée nécessaire ; elle a conduit à


reposer la responsabilité sur le risque.

PARAGRAPHE II : Le risque

Rompant avec l’analyse classique de la faute, une théorie objective de la responsabilité


a été proposée notamment par Saleilles. Elle fait reposer la responsabilité sur le risque.
C’est la théorie du risque. Cette théorie a connu deux variantes :

- le risque profit : on considère qu’il est normal que celui qui tire profit d’une
activité supporte, en contrepartie, la charge des dommages qui en découlent ; il
n’est même plus nécessaire de prouver sa faute ; la seule substance du profit
justifie la réparation (la charge doit aller de pair avec le profit économique
d’une activité) ;

- le risque créé : dès qu’un individu introduit une source de danger pour la vie
sociale, il crée un risque et c’est à lui d’en supporter la charge.

La théorie du risque a eu une influence sur l’évolution de la législation en matière de


responsabilité. C’est le cas de la législation du travail qui prévoit que l’employeur est
responsable de plein droit des accidents de travail.

PARAGRAPHE III : La garantie

La responsabilité fondée sur la garantie (conduisant à la théorie de la garantie) a été


l’œuvre de Boris STARCK. Pour lui, il faut se placer du côté de la victime car, ce qui
est essentiel, c’est le dommage qu’elle a subi. Il soutient que chacun a droit à la
sécurité qu’il faut concilier avec le droit d’agir de chacun : s’il y a dommage corporel
ou matériel, il existe au profit de la victime une garantie objective, sans qu’il soit
nécessaire que le responsable ait commis une faute ; sinon, s’il s’agit d’un dommage
« de nature purement économique ou morale », il n’y a de responsabilité de l’auteur du
dommage que s’il a commis une faute.

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PARAGRAPHE IV : La solidarité

La solidarité comme fondement de la responsabilité civile délictuelle tient au


développement de la sécurité sociale et de l'assurance de sorte qu'on est passé de la
responsabilité individuelle à la responsabilité collective, le dommage étant assuré non
plus par le fautif seul mais par la collectivité des assurés.

PARAGRAPHE V : La précaution

En cherchant à engager la responsabilité d’une personne parce qu’elle n’aurait pas pris
des décisions et des mesures de prévention et de protection pour éviter le dommage
survenu, on fait de la précaution un fondement de la responsabilité civile délictuelle.
Ainsi, l’individu est responsable parce qu’il n’a pas été précautionneux.

Aucun fondement n’explique à lui tout seul l’ensemble du droit de la responsabilité.


Souplesse et incohérence caractérisent alors ce droit prétorien. Suivant les décisions
rendues, on retrouve telle ou telle autre source.

CHAPITRE I : Les conditions de la responsabilité civile délictuelle

Pour qu’il y ait responsabilité civile délictuelle, il faut un dommage (section I), un fait
générateur de responsabilité (section II) et un lien de causalité (section III).

SECTION I : Un dommage

Il y a dommage lorsqu’une personne est atteinte dans ses intérêts : atteinte à un bien, à
l’intégrité physique, etc. Le dommage est un simple fait sans signification juridique. Il
doit être distingué du préjudice qui en est la conséquence, patrimoniale ou
extrapatrimoniale. En pratique, on emploi différemment l’un ou l’autre terme.

Tous les dommages que suscite la vie en société n’ouvrent pas droit à réparation4. Il
existe diverses sortes de dommages réparables (paragraphe 1). Pour être réparés, ils
doivent présenter certains caractères (paragraphe 2).

4
Un acte de loyale concurrence, si dommageable soit-il, n’appelle pas en principe la moindre réparation. De
même, lorsqu’un criminel est, du fait d’un tiers, découvert par la police, il ne peut demander réparation à ce
tiers : un dommage incontestable ne donne pas nécessairement lieu à réparation.
6
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PARAGRAPHE 1 : La diversité des dommages réparables

Le dommage réparable est soit matériel (A), soit moral (B), ou corporel (C).

A- Le dommage matériel

Il peut être défini comme toute atteinte au patrimoine : destruction ou dégradation d’un
bien et de façon plus générale, atteinte à un intérêt financier.

Il peut s’agir :

- d’une perte subie par la victime (tout appauvrissement occasionné à la victime :


perte de biens ou de droits ayant une valeur, comme un droit au bail par
exemple : damnum ermergens) ;

- d’un gain manqué : impossibilité de la victime de réaliser un certain projet :


lucrum cessans).

B- Le dommage moral

Le dommage moral est celui qui ne porte pas atteinte au patrimoine d’une personne. Il
peut prendre des formes variées :

- souffrance morale, résultant de l’atteinte à l’honneur, atteinte à la vie privée… ;

- souffrance morale découlant de la douleur physique (pretium doloris)5 ;

- souffrance psychologique que peut ressentir une victime défigurée (préjudice


esthétique)

- souffrance due à la privation d’une activité affectionnée (préjudice d’agrément)

- souffrance causée par la perte d’un être cher (préjudice d’affection).

C- Le dommage corporel

Le dommage corporel est constitué de l’atteinte à l’intégrité physique de la personne.

5
Le prix de la douleur.

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PARAGRAPHE 2 : Les caractères du dommage réparable

Le dommage doit être certain (A), personnel (B) et direct (C). La question de la
légitimité du dommage sera ensuite examinée (D).

A- Dommage certain

Le préjudice certain est celui dont l’existence peut être établie avec suffisamment de
certitude. Il est réparable. Le dommage actuel est certain. Le dommage futur peut, lui
aussi, être certain.

Le dommage éventuel est celui dont la réalisation n’est pas certaine et qui ne peut
donner lieu à réparation tant que l’éventualité ne s’est pas transformée en certitude.

La jurisprudence admet la réparation de la perte de chance. Elle consiste dans la


disparition actuelle et certaine d’une éventualité favorable et constitue un préjudice
certain.

Le préjudice représenté par la perte d’une créance ou d’une garantie6 est réparable et la
réparation est subordonnée à la preuve d’une impossibilité d’obtenir le montant de
cette réparation par d’autres voies de droit7.

B- Dommage personnel

Pour demander réparation, il faut avoir soi-même subi le dommage soit dans son être
soit dans son avoir. Bien entendu, cela concerne également les victimes par ricochet.

C- Dommage direct

Le dommage réparable est ce qui constitue la suite directe et immédiate de l’acte posé.
Toutefois, un dommage peut atteindre, au-delà de sa victime directe et première, des
victimes indirectes qui subissent ce qu’on appelle un préjudice par ricochet.

- on reconnaît à ces derniers un droit propre à réparation, indépendant de la


réparation due à la victime première ;

6
Par le fait de professionnels, notamment les professionnels du droit.
7
Civ. 1ère, 7 nov. 2000.

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- le préjudice par ricochet peut être aussi bien matériel8 que moral9 ou même
exclusivement moral 10;

- limitée au départ à l’hypothèse du décès de la victime directe, la jurisprudence


l’admet aujourd’hui également en dehors du décès11 ;

- les liens d’affection et d’assistance pouvant exister en dehors de tout lien


juridique, l’exigence d’un lien de famille est abandonnée12 ;

- un dommage causé à un groupement peut atteindre par contrecoup ses membres


qui peuvent parfois demander réparation de ce préjudice par ricochet à
condition qu’il se distingue de celui du groupement lui-même ;

- la faute de la victime principale est opposable à la victime par ricochet qui subit
donc une réduction d’indemnisation.

D- La question de la légitimité du dommage

- Concubinage : il est admis que le concubin ou la concubine peut demander


réparation du dommage subi du fait de la mort de son partenaire

- Naissance d’un enfant non désiré (wrongfull birth) : affirmation de la valeur


intrinsèque de la vie, de la dignité humaine et sa supériorité sur le respect des
convenances personnelles.

- Naissance d’un enfant handicapé (Affaire perruche)

A retenir : Il n’est pas nécessaire que le dommage corresponde à la violation d’un


intérêt légitime (Arrêt Dangereux). L’évolution de cette considération révèle que nulle
restriction n’est finalement restée attachée au caractère légitime du dommage.

8
Perte matérielle des revenus qui les faisaient vivre, après le décès de leur proche ; prouver que la victime
directe leur procurait des ressources.
9
Chagrin moral dû au décès ; prouver les liens d’affection l’unissant à cette victime avant l’accident.
10
L’état dépressif d’un père à la suite du décès de sa fille
11
Dans la douleur qu’il y a à voir un être cher diminué ou souffrant et dans les perturbations de vie que cet état
impose à ses proches.
12
C’est la notion de « proches » qui est pris en compte. Des proches non parents sont admis tandis que des
parents sont refusés (il s’agissait en fait de parents dont le défunt était éloigné).

9
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SECTION II : Un fait générateur de responsabilité

En disposant qu’on « est responsable non seulement du dommage que l’on cause par
son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit
répondre, ou des choses que l’on a sous sa garde », l’article 1384, al. 1er du Code civil
permet d’identifier trois sortes de faits générateurs de responsabilité : le fait personnel
(paragraphe 1), le fait des choses (paragraphe 2) et le fait d’autrui (paragraphe 3).

PARAGRAPHE I : Un fait personnel (La responsabilité du fait personnel)

Le fait personnel correspond à une faute commise par l’auteur du dommage. La


responsabilité du fait personnel est fondée sur une faute qui est soit intentionnelle ou
volontaire (art. 1382 : délit civil), soit non intentionnelle ou non volontaire (art. 1383 :
quasi-délit civil). Le Code civil ne définit pas la notion de faute en matière délictuelle.
La doctrine13 a tenté diverses définitions dont les contours sont incertains ou
contestables. Dans la conception traditionnelle, la faute civile se décomposait en deux
éléments : un élément objectif ou matériel et un élément subjectif ou psychologique. Si
l’élément objectif est toujours nécessaire (A), l’élément subjectif a été abandonné (B).

A- La nécessité de l’élément objectif

L’élément objectif de la faute est tout comportement répréhensif. Il n’est pas


nécessaire que le fait reproché ait été commis en violation d’une disposition précise
d’un texte législatif ou réglementaire, les formules très générales des articles 1382 et
1383 du Code civil suffisent à fonder la responsabilité des auteurs de comportement
qualifié de fautif.

Le comportement répréhensible peut avoir été adopté soit en agissant : faute de


commission, soit en s’abstenant d’agir : faute d’omission ou faute d’abstention14. Son
auteur peut avoir agi avec l’intention de causer un dommage à autrui. On parle de faute
intentionnelle dite aussi délictuelle. Elle s’apprécie in concreto, c’est-à-dire par rapport
au comportement concret de l’auteur du dommage (ses habitudes). Mais il peut avoir

13
PLANIOL : « La faute est la violation d’une obligation préexistante ».
14
Elle consiste à ne pas faire ce que l’on devrait faire. Elle est admise mais soulève quelques difficultés. V.
Affaire du « Distilbène » (V. L’essentiel du droit des obligations, p. 101.)
10
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agi sans intention de causer le résultat dommageable. Il commet une faute non
intentionnelle ou d’imprudence ou de négligence. Celle-ci s’apprécie in abstrato,
c’est-à-dire par rapport à la conduite qu’aurait dû avoir un bon père de famille,
l’homme raisonnable et prudent placé dans des circonstances analogues)15.

Par ailleurs, la jurisprudence a admis qu’une faute peut être commise dans l’exercice
d’un droit. Cela a donné naissance à la théorie de l’abus de droit. Cette dernière
apparaît comme un instrument de contrôle de l’exercice des droits qui ne doit pas
causer de préjudice à autrui. L’abus de droit est caractérisé par l’intention de nuire à
autrui et probablement aussi l’absence d’intérêt légitime et sérieux à l’exercice du
droit16.

Mais dans certaines circonstances particulières, le caractère fautif de l’acte peut être
effacé et ceci, par application de la théorie des faits justificatifs que sont :

- l’ordre de la loi17 et le commandement de l’autorité légitime18 ;

- l’état de nécessité (s’il est suffisamment net)19 ;

- attitude de la victime ;

- l’état de légitime défense ;

- le consentement de la victime etc.

B- L’élément subjectif

En principe, la faute implique la faculté de discernement, c’est-à-dire l’aptitude à


apprécier la portée de ses actes. A défaut de discernement, le comportement, même
objectivement anormal, ne pouvait pas être considéré comme fautif. Cette exigence
15
L’intérêt de la distinction se présente en matière d’assurance. Les fautes intentionnelles ne sont pas prises en
charge par l’assurance.
16
Affaire Clément-Bayard, cass. 3 août 1915, D. 1917.1.79. Les applications de la théorie de l’abus de droit. Cf.
L’essentiel de l’introduction générale au droit.
17
Une simple autorisation de l’Administration, spécialement à l’occasion de certaines constructions, ne décharge
pas le bénéficiaire de la responsabilité qu’il peut, de ce fait, engager.
18
L’illégalité d’un ordre est de nature à lui retirer son caractère de fait justificatif.
19
On cause un dommage, mais afin d’en éviter un, plus grave, pour soi-même ou pour d’autres : exemple de
l’automobiliste qui défonce une devanture pour éviter de blesser un piéton. Ce fait justificatif n’exclut pas
nécessairement, notamment par le biais de la théorie de l’enrichissement sans cause, une sorte de
dédommagement de celui qui a pu souffrir de l’acte dicté par l’état de nécessité.
11
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d’imputabilité du comportement a servi à justifier l’irresponsabilité des personnes


privées de discernement : les majeurs incapables et les mineurs. Pour éviter que la
victime ne soit laissée sans réparation, la jurisprudence retient la responsabilité des
personnes censées surveiller l’auteur du dommage dépourvu de discernement en leur
reprochant une faute de surveillance sur la base de l’article 1382 du Code civil 20. Tel
est toujours en principe l’état du droit positif béninois en ce qui concerne les mineurs.
En revanche, le droit positif béninois a évolué sur la question de la responsabilité du
fait personnel des majeurs incapables qui ne sont pas moins obligés à réparation des
dommages causés à autrui étant sous l’empire d’un trouble mental21.

En droit comparé, on peut relever qu’en En France, le principe de l’irresponsabilité de


l’infans et du majeur incapable a été abandonné :

- la loi du 3 janvier 1968 relative aux incapables majeurs prévoit que « celui qui a
causé un dommage à autrui alors qu’il était sous l’empire d’un trouble mental
n’en est pas moins obligé à réparation ».

- par 5 arrêts en date du 9 mai 1984 la cour de cassation en France a écarté la


question du discernement en matière de responsabilité d’une mineur : l’enfant
peut commettre une faute sans qu’il soit nécessaire de se demander s’il est doué
de discernement.

20
Dans le même cadre, la jurisprudence fait peser la preuve de l’état d’inconscience sur celui qui se prétend
irresponsable, en exigeant que l’on établisse un état d’inconscience totale et au moment même de l’acte
dommageable. L’irresponsabilité n’est pas admise lorsque l’état d’inconscience est dû à une faute antérieure de
l’auteur du dommage (exemple : l’état d’inconscience dû à un état alcoolique prononcé).
21
Cf. CPFB, art. 542.

12
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PARAGRAPHE II : LE FAIT D’AUTRUI22 : La responsabilité du fait d’autrui

Dans un certain nombre de cas expressément prévus (A) aux alinéas 4 à 7 de l’article
1384 du Code civil, une personne est responsable du fait d’une autre. Au-delà de ces
cas spéciaux, on a pu considérer que l’alinéa 1er du même texte consacre un régime
général de responsabilité du fait d’autrui (B).

A : Les cas légalement prévus

Il s’agit de la responsabilité des père et mère du fait de leurs enfants mineurs (1), des
instituteurs du fait de leurs élèves (2), des artisans du fait de leurs apprentis (3), des
commettants du fait de leurs préposés (4).

1- La responsabilité des père et mère du fait de leurs enfants mineurs

Elle est prévue à l’alinéa 4 de l’article 1384 du C.civ. Selon les cas, cette présomption
de responsabilité23 pèse sur les deux parents ou sur l’un seulement des deux. Quelle en
sont les conditions ? Quelle en est la portée ? Quels sont ses effets ?

a- Les conditions

a-1 : enfant mineur : les père et mère ne sont pas responsables du dommage causé par
leurs enfants majeurs. A l’enfant majeur, on assimile l’enfant émancipé24.

22
L’étendue de la responsabilité du fait d’autrui : Le gardien d'autrui peut être une personne morale, c'est par
contre plus problématique concernant les personnes physiques. Un arrêt de la Cour de cassation daté de 2000
admet qu'un tuteur puisse être responsable du dommage causé par le mineur qui lui est confié, étant donné qu'il a
beaucoup de pouvoir sur son pupille et ce sur le fondement de l'article 1384 al 1. Un autre arrêt de la Cour de
cassation daté de 2006 ne reconnait pas le curateur responsable du fait d'autrui. Concernant les grands-parents,
un arrêt daté de 2004 les déclare non responsables du fait de leurs petits-enfants.
Le cumul des responsabilités :
Le cumul des responsabilités tire sa logique encore une fois du courant victimologiste. Plusieurs responsables
équivaudraient à une plus grosse assiette et donc une meilleure solvabilité du fautif. Il est donc possible de
cumuler les responsabilités :

• des parents et de l'instituteur pour le mineur


• des parents et d'un artisan pour le mineur
• de l’État et d'une association pour le majeur incapable

Un arrêt de la Cour de cassation daté de 1981 a exclu la possibilité du cumul parent/commettant. D'autre part,
l'interprétation doctrinale d'un arrêt de 2002 a constaté une impossibilité de cumul parents/association pour le
mineur.
23
La Cour de cassation indiquera qu’il s’agit d’une responsabilité de plein droit.

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a-2 : enfant habitant avec ses parents :

Si pendant longtemps on a considéré que la cohabitation cessait lorsque l’enfant était


en pension dans un établissement scolaire ou se trouvait en vacances chez ses grands-
parents ou était hébergé par un ex-époux dans le cadre du droit d’hébergement qui lui
est reconnu, l’exigence de la cohabitation a été nettement évacuée dans ces mêmes cas.
Le souci de favoriser la réparation des dommages a donc conduit à priver la condition
de cohabitation de sa consistance concrète. La cohabitation est alors qualifiée par
certains auteurs d’abstraite25.

a-3 : un dommage causé par l’enfant : la préoccupation a été de savoir si le


dommage doit avoir ou non sa source dans une faute de l’enfant. Une réponse positive
a longtemps prévalu avant que le juge, en France, ne décide que, « pour que soit
présumée la responsabilité des père et mère d’un mineur habitant avec eux, il suffit
que celui-ci ait commis un acte qui soit la cause directe du dommage invoqué par la
victime »26. En 2001, la Cour de cassation française a affirmé que « la responsabilité
de plein droit encourue par les père et mère des dommages causés par leur enfant
mineur habitant avec eux n’est pas subordonné à l’existence d’une faute de
l’enfant »27. Dès lors, du seul fait que l’enfant a causé un dommage, ses parents sont
tenus d’indemniser la victime.

NB :

1- La responsabilité des parents est engagée lorsque le dommage a sa source dans


le fait d’une chose dont le mineur a la garde. Par un arrêt du 10 février 1966, la
Cour de cassation a décidé que « si la responsabilité du père suppose que celle
de l’enfant ait été établie, la loi ne distingue pas entre les causes qui ont pu
donner naissance à la responsabilité de l’enfant »28.

24
CPFB, art. 537, al. 1er.

25
TERRE (F.), SIMLER (Ph.) et LEQUETTE (Y.), Droit civil, Les obligations, 11 ème éd. 2013, p. 865.
26
Arrêt Fullenwarth : Ass. plén., 9 mai 1984, D. 1984.525, 2 ème arrêt, concl. J. Cabannes, note F. Chabas ;
Grands arrêts, t. 2 n° 215.
27
Civ. 2ème, 10 mai 2001, Bull. civ. II, n° 96, JCP 2001.
28
D. 1966.333, concl. Av. gén. Schemelck.

14
AVANT DE REUSSIR IL FAUT D’ABORD Y CROIRE ET ENSUITE TRAVAILLER ; ALORS, SOIT TU REUSSIS,
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2- Les père et mère sont responsable du dommage causé par leur enfant mineur
« en tant qu’ils exercent le droit de garde » (C.civ. dans sa rédaction de 1804)29.
En France, la loi du 4 mars 2002 a substitué à cette expression, qui portait à
comparer sinon à rapprocher garde d’une personne et garde d’une chose, celle
d’«autorité parentale». (V. régime juridique de l’autorité parentale dans le Code
des personnes et de la famille du Bénin).

Qui sont les responsables ? V. art. 12 du Code de l’enfant en République du Bénin.

b- La portée

Il est possible de considérer qu’il suffisait aux parents d’établir que le dommage n’est
pas dû à une faute de surveillance ou d’éducation de leur part pour s’exonérer et cette
position paraît bien correspondre aux termes de l’alinéa 7 de l’article 1384 du Code
civil selon lesquels « la responsabilité ci-dessus a lieu, à moins que les père et mère…
ne prouvent qu’ils n’ont pu empêcher le fait qui donne lieu à cette responsabilité ».
Cette position a été adoptée par les juges avant qu’un revirement n’intervienne en
France en 1997 : la deuxième chambre civile de la Cour de cassation a approuvé la
Cour d’appel d’avoir « exactement énoncé que seule la force majeure ou la faute de la
victime pouvait exonérer le père de la responsabilité de plein droit encourue du fait des
dommages causé par son fils mineur habitant avec lui », en ajoutant que « la Cour
d’appel n’avait pas à rechercher l’existence d’un défaut de surveillance du père »30.

c- Les effets

Lorsque les conditions sont remplies et si la présomption ne tombe pas, la victime se


trouve en mesure de réclamer réparation soit à l’enfant (art. 1382 et 1383 : fait
personnel ; art. 1384, al. 1er et 1385 : fait des choses) soit à ses père et mère (art. 1384,
al. 4 et 7 : fait d’autrui).

29
Civ. 2ème,1 févr. 1997, D. 1997.265, note P. Jourdain, Grands arrêts, n° 216.
30
Arrêt Bertrand, Civ. 2ème, 19 février 1997, Bull. civ. II, n° 56, p. 32, Grands arrêts, t. 2 n° 216.
15
AVANT DE REUSSIR IL FAUT D’ABORD Y CROIRE ET ENSUITE TRAVAILLER ; ALORS, SOIT TU REUSSIS,
SOIT TU REUSSIS

Le père ou la mère peut exercer un recours, dans le cadre des actions récursoires,
contre le mineur si celui-ci est fautif31.

2- La responsabilité des instituteurs du fait de leurs élèves

En 1804, les rédacteurs du Code civil avaient rendu responsables les instituteurs des
dommages causés par leurs élèves pendant le temps qu’ils sont sous leur surveillance
(art. 1384, al. 6). Par la suite, une loi du 20 juillet 1899 a substitué la responsabilité de
l’Etat à la leur32. Plus tard, une loi du 5 avril 1937 a, tout en conservant le principe
posé à l’article 1384, alinéa 6 du Code civil, ajouté un alinéa 8 qui dispose : « En ce
qui concerne les instituteurs, les fautes d’imprudence ou de négligence invoqués contre
eux comme ayant causé le fait dommageable, devront être prouvées, conformément au
droit commun ». La collectivité publique ne prend donc le dommage à charge que si la
faute de l’instituteur est prouvée par la victime33. L’exigence de la preuve de la faute
personnelle de l’instituteur nous éloigne de la responsabilité du fait d’autrui et laisse
penser à une responsabilité du fait personnel34.

3- La responsabilité des artisans du fait de leurs apprentis

Elle fait l’objet de l’article 1384, al. 6 du Code civil : les artisans sont responsables du
dommage causé par leurs apprentis pendant le temps qu'ils sont sous leur surveillance.

L’artisan est un employeur qui s’engage, outre le versement d’un salaire, à donner ou à
faire donner une formation professionnelle à un jeune travailleur ou apprenti. Pour
l’application de l’article 1384, al. 6, il n’est pas :

- nécessaire que l’artisan soit inscrit au registre des métiers35,

- exigé que l’apprenti soit mineur ;

- indispensable de prouver l’existence d’un contrat régulier d’apprentissage.

31
Civ. 2ème, 13 janvier 2005.
32
A la suite du suicide de l’un de ses enseignants.
33
Organisation de désordre ou absence de surveillance.
34
S’il doit avoir ici une responsabilité du fait d’autrui, c’est la responsabilité de l’Etat du fait des instituteurs.
35
Parallèle avec la conception … de la commercialité.
16
AVANT DE REUSSIR IL FAUT D’ABORD Y CROIRE ET ENSUITE TRAVAILLER ; ALORS, SOIT TU REUSSIS,
SOIT TU REUSSIS

La présomption pesant sur l’artisan a été traditionnellement rapprochée de celle qui


concerne les père et mère. Ainsi, elle laisse subsister la responsabilité personnelle de
l’apprenti36. Aussi longtemps qu’il a été décidé que la présomption pesant sur les père
et mère tombait devant la preuve contraire de l’absence de faute, on en a décidé de
même au sujet de la présomption pesant sur l’artisan37. Par transposition de l’arrêt
Bertrand, on doit considérer que seule la force majeure ou la faute de la victime peut
exonérer l’artisan de la responsabilité de plein droit encourue du fait de la victime.

Si l’apprenti loge chez l’artisan, la présomption est continue ; sinon elle ne couvre que
le temps de la surveillance.

4- La responsabilité des commettants du fait de leurs préposés

Elle est consacrée à l’article 1384, al. 5 du C. civil : les maîtres et les commettants sont
responsables du dommage causé par leurs domestiques et préposés dans les fonctions
auxquelles ils ont été employés38. Il sera examiné les conditions (a) et les effets de
cette responsabilité (b).

a- Les conditions

Elles sont au nombre de trois :

- un lien de préposition ou lien de commettant à préposé : Il en est ainsi lorsque le


commettant a « le droit de donner au préposé des ordres ou des instructions sur
la manière de remplir les fonctions auxquelles il est employé » ; ce qui renvoie
aux notions « d’autorité » et de « subordination » qui doivent être réelles et ne
peuvent résulter d’une situation purement apparente39. L’hypothèse la plus
fréquente d’existence d’un rapport de préposition est celle du contrat de travail.

36
Ce qui permet un éventuel cumul des actions et des indemnités jusqu’à concurrence de la réparation intégrale
du dommage.

38
Deux préalables : 1- le mot « commettant » n’a pas ici le sens étroit qui lui est donné dans le Droit des
contrats, une variété des mécanismes de représentation contractuelle faisant naître des relations entre le
commettant et le commissionnaire. 2- On va se contenter du binôme commettant-préposé qui inclut le binôme
maître-domestique. Dans la recherche du fondement de cette responsabilité, on peut penser à la faute
(l’employeur a commis une faute en recrutant le salarié) mais davantage au risque (si l’employeur est tenu des
dommages causés par ses salariés, c’est parce qu’il tire profit de leur activité).
39
Crim. 15 févr. 1972.

17
AVANT DE REUSSIR IL FAUT D’ABORD Y CROIRE ET ENSUITE TRAVAILLER ; ALORS, SOIT TU REUSSIS,
SOIT TU REUSSIS

Les contrats qui impliquent que l’activité est exercée de façon indépendante ne
donnent pas en principe naissance à un rapport de préposition40.

TAF : Examiner les hypothèses de mise d’une personne à la disposition d’une


autre.

- un fait dommageable du préposé41 : le fait du préposé doit être illicite présentant


en la personne du préposé, les caractères du fait générateur de responsabilité42 :
une faute.

- un lien entre le fait dommageable et ses fonctions : le fait dommageable doit


avoir été commis par le préposé, dans l’exercice de ses fonctions pour que soit
engagée la responsabilité du commettant. Ainsi, pour les dommages causés par
ses préposés en dehors de leurs fonctions, le commettant n’est pas responsable.
Mais lorsque l’acte constitue seulement un abus de fonction43, la solution ne
coule pas de source. L’évolution44 de la jurisprudence sur ce point conduit à la
solution selon laquelle « n’engage pas sa responsabilité à l’égard des tiers le
préposé qui agit sans excéder les limites de la mission qui lui a été impartie par
son commettant »45. La cour de cassation a corrigé l’arrêt Costedoat en décidant
que la responsabilité civile du préposé à l’égard du tiers subsistait dès lors qu’il
aura été condamné pénalement pour avoir intentionnellement commis, fût-ce

40
Exemple du contrat de louage d’ouvrage, du bail … Rappr. Crim. 5 mars 1992, JCP 1993. II. 22013, note
Chabas : « L’indépendance professionnelle dont jouit le médecin dans l’exercice même de son art n’est pas
incompatible avec l’état de subordination qui résulte d’un contrat de louage de services le liant à un tiers ». V.
aussi Crim. 22 mars 1988, RTD civ. 1988.774, à propos d’un artisan indépendant installant des appareils pour le
compte d’une société ; Civ. 2ème, 11 décembre 1996, RCA 1997, n° 83 décidant qu’un entrepreneur peut être
préposé car le lien de préposition peut se déduire de l’intérêt d’une personne à utiliser les services d’une autre
personne pour les besoins de son entreprise.
41
Dans les cas exceptionnels, le préposé, tout en étant dans l’exercice de ses fonctions, pourrait être gardien
d’une chose et engager sa responsabilité à ce titre. V. TERRE (F.) et alii, op. cit. p. 879.
42
La qualité de gardien d’une chose et celle de préposé sont incompatibles : « La responsabilité d’un accident
causé par une chose ne saurait incomber à la fois à celui qui en use, envisagé comme son gardien, et à celui qui
la lui a confiée, envisagée non comme en ayant conservé la garde, mais comme le commettant du premier ». Sur
les cas exceptionnels, lire TERRE (F.) et alii, op. cit. p. 879 et renvoi.
43
Sans entrer dans le cadre de l’accomplissement des fonctions, l’acte dommageable a été provoqué ou facilité
par celles-ci.
44
Faire le point de l’évolution Cf. Cours du prof. SOSSA et TERRE.
45
Arrêt Costedoat rendu le 25 février 2000 en Assemblée plénière. D. 2000.673, note Ph. Brun. Dr. et patrimoine
2000, n° 82, p. 107, obs. F. CHABAS ; RTD civ. 2000.582, obs. P. Jourdain.

18
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SOIT TU REUSSIS

sur l’ordre du commettant, une infraction ayant causé préjudice à ce tiers46.


Cette responsabilité pouvait être également engagée en cas de faute pénale non
intentionnelle qualifiée47 ou d’une faute intentionnelle48.

b- Les effets

Les responsabilités du commettant et du préposé sont totalement écartées lorsque le


comportement de la victime ne l’a rend pas digne49.

Recours des commettants contre le préposé : pas un recours subrogatoire dans l’action
de la victime car le commettant a payé une dette qui lui est propre.

Si rapport non contractuelle, obstacle à l’action récursoire du commettant sous réserve


d l’infraction pénale intentionnelle du préposé. Si rapport contractuelle, tenir compte
de cette nature et du contrat et donc action de l’employeur contre le salarié est possible
en cas d’infraction pénale intentionnelle et certainement en cas de faute intentionnelle
civile50.

B : Le principe général de responsabilité du fait d’autrui

Après plusieurs réticences, la jurisprudence française a consacré le principe d’une


présomption de responsabilité du fait des personnes dont on doit répondre51.

46
Arrêt Cousin: Ass. Plén. 14 déc. 2001, Bull. n° 2 , D. 2002. Somm. 137, obs. D. MAZEAUD; Grands arrêts, t.
2 n° 226 ; A la suite de l’arrêt rendu peu après l’arrêt Costedoat : la Chambre criminelle décida qu’un salarié
poursuivi pour tromperie et publicité mensongère n’était pas civilement responsable parce que « le prévenu a agi
dans l’exercice normal de ses attributions et que son employeur est seul responsable des conséquences civiles de
l’infraction » (Crim. 23 jan. 2001, Bull. crim 2001, n° 21).
47
Crim. 28 mars 2006, JCP 2006, II. 10188. RTD CIV. 2007. 135
48
Civ. 2ème, 21 févr. 2008, D. 2008, 2125.
49
Civ. 2ème, 13 novembre 1992.
50
Bordeaux, 18 nov. 2003.
51
Arrêt Blieck.

19
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SOIT TU REUSSIS

PARAGRAPHE III : LE FAIT DES CHOSES : La responsabilité du fait des


choses

Les rédacteurs du C. civ. n’avaient prévu que des régimes spéciaux de responsabilité
du fait des choses. Mais on a pu y déceler aussi un principe général de responsabilité
du fait des choses (A) qui sera examiné avant les régimes spéciaux (B)

A- Le principe général de responsabilité du fait des choses

Généralités : A la découverte de l’article 1384, al. 1er

L’article 1384, al. 1er :

- pour ses rédacteurs, n’annonçaient simplement que les deux régimes spéciaux
de responsabilité des articles suivants52 ;

- pour une partie de la doctrine, particulièrement Saleilles et Josserand, doit être


érigé en principe général de responsabilité du fait des choses ;

- a été découvert par la jurisprudence comme posant le principe général de


responsabilité du fait des choses : « On est responsable … du dommage que
l’on cause (…) par le fait (…) des choses que l’on a sous sa garde ; Civ. 6 juin
1896, S. 1896.1.1753 ;

- a été perçu par une partie de la doctrine dont G. RIPERT fut le pionnier comme
devant s’appliquer aux choses dangereuses et non aux choses inoffensives ;

- a été appliqué dans des situations diverses (accidents de circulation …), que la
chose ait été actionnée ou par la main de l’homme ou non et qu’il s’agisse de
choses dangereuses ou non54.

Les conditions de la responsabilité du fait des choses (1) et les causes d’exonération de
cette responsabilité (2) seront successivement examinées.

52
En conséquence, la victime d’un dommage dû à l’explosion d’une machine ou à un accident d’automobile, par
exemple, ne pouvait obtenir une indemnisation qu’en prouvant la faute de l’auteur du dommage.
53
Arrêt Teffaine. Arrêt justifié par la théorie du risque.
54
Arrêt Jand’heur Ch. réunies, 13 févr. 1930, Grands arrêts n° 122.

20
AVANT DE REUSSIR IL FAUT D’ABORD Y CROIRE ET ENSUITE TRAVAILLER ; ALORS, SOIT TU REUSSIS,
SOIT TU REUSSIS

1- Les conditions de la responsabilité du fait des choses

Le fait d’une chose (A) et la garde de cette chose (B).

a- Le fait d’une chose

- notion de choses et distinction avec celle de bien.

- n’importe quelle chose55, meuble ou immeuble, dangereuse ou non, actionnée


par la main de l’homme ou pas, comportant un vice ou non à l’exception des
choses soumises à un régime spécial (animaux, bâtiments, produits défectueux
…) et des choses non appropriées (neige, sable etc.). Les accidents du travail et
de la circulation échappent dans une certaine mesure à l’application de l’article
1384, alinéa 1.

- le dommage dit avoir été réellement causé par la chose, c’est-à-dire que la chose
doit avoir été l’instrument du dommage ;

- une chose inerte ne peut être l’instrument du dommage si la preuve que celle-ci
occupait une situation dangereuse ou une position anormale, ou qu’elle était en
mauvais état n’est pas rapporté ;

- la chose doit matériellement intervenir dans la réalisation du dommage ;

- en cas de projection de la chose instrument du dommage par une autre chose, la


solution ne coule pas de source56.

b- La garde de la chose

- le gardien est celui qui a « un pouvoir d’usage, de direction et de contrôle (arrêt


Franck) ;

- le propriétaire est présumé gardien (présomption simple) ;

55
Les véhicules, jusqu’à l’avènement du Code CIMA.
56
Par exemple, l’article 1384, al. 1er a trouvé application en cas de dommages causés par la projection de
cailloux par un véhicule mais cela a été refusé en cas d’accident causé par les bouteilles jetées par des voyageurs.

21
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SOIT TU REUSSIS

- la garde peut faire l’objet d’un transfert volontaire (jeu de contrat transférant un
droit d’usage sur la chose) à condition que le propriétaire ne se réserve pas un
pouvoir sur la chose donnée en usage57 ;

- la garde peut faire l’objet d’un transfert involontaire58. Dans cette hypothèse, la
détermination du gardien a fait l’objet d’opinions divergentes et deux thèses
s’affrontent : celle de la garde juridique et celle de la garde matérielle. C’est la
deuxième qui a été consacrée : le propriétaire « privé de l’usage, de la direction
et du contrôle de sa voiture n’en a plus la garde »59.

- le dément est-il gardien ? La réponse ne coule pas de source en droit béninois


même si en générale, le droit positif béninois consacre l’indisponibilité des
inconscients. En effet, ayant établi la responsabilité personnelle du majeur ayant
causé un dommage étant sous l’empire d’un trouble mental, on peut estimer
qu’en droit béninois le dément peut être gardien. Après avoir estimé que les
pouvoirs de la garde impliquaient la faculté de discernement, le juge français a
opéré un revirement en affirmant qu’un majeur aliéné pouvait être gardien (Civ.
2ème, 18 déc. 1964, Grands arrêts n° 127)60 ;

- l’enfant peut être gardien (Ass. plén. 9 mai 1984, D. 1984.525, Grands arrêts, n°
128 : « les juges du fonds n’avaient pas, malgré le très jeune âge de l’enfant, à
rechercher si celui-ci avait un discernement)61 ;

- de principe, la garde est alternative et non cumulative. Exceptionnellement, la


garde peut être attribuée à plusieurs personnes (garde en commun ou collective)
lorsqu’un dommage est causé en groupe, lorsqu’il a été provoqué par l’exercice
en commun d’une activité ; cela suppose toutefois que l’on ne puisse identifier
la personne qui a joué un rôle prépondérant ;

57
Quid de la garde des marchandises en libre service.
58
En cas de dépossession involontaire : le vol par exemple.
59
Arrêt Franck, Grands arrêts, n° 123.
60
Arrêt Trichard.
61
Arrêt Gabillet

22
AVANT DE REUSSIR IL FAUT D’ABORD Y CROIRE ET ENSUITE TRAVAILLER ; ALORS, SOIT TU REUSSIS,
SOIT TU REUSSIS

- dans l’hypothèse de garde successive, il faudra distinguer entre le gardien du


comportement (celui qui manipule la chose) et le gardien de la structure (le
fabricant ou le vendeur)62.

2- Les causes d’exonération de la responsabilité du fait des choses

L’article 1384, al. 1er pose une présomption de responsabilité63 ; une responsabilité de
plein droit : la victime est dispensée de prouver la faute du gardien, lequel ne peut de
son côté démontrer qu’il n’a commis aucune faute. La seule possibilité d’exonération
consiste pour le gardien à établir que le dommage provient d’une cause étrangère :

- force majeure : évènement imprévisible, irrésistible et extérieur aux parties ;

- fait d’un tiers : s’il a revêtu les caractères de la force majeure, le gardien est
totalement exonéré64 ; dans le cas contraire, le gardien indemnise la victime et
exerce un recours contre le tiers.

- fait de la victime : d’abord, celui qui se livre à une activité dangereuse renonce
tacitement à pouvoir se prévaloir de la responsabilité de plein droit de l’article
1384, al. 1er ; il ne peut agir contre l’auteur du dommage qu’en prouvant sa
faute65 (acceptation des risques)66. Ensuite, la victime peut avoir aussi commis
une faute. A cet égard, on peut relever que traditionnellement, le gardien était
partiellement déchargé de sa responsabilité (Civ. 8 févr 1938, Grands arrêt 133)
avant qu’un arrêt ne décide que si la faute de la victime n’est pas un cas de
force majeure, le gardien est entièrement responsable (Grands arrêts n° 134) 67,
et qu’un autre par la suite ne décide que « le gardien de la chose instrument du

62
Arrêt Oxygène liquide, 03 janvier 1956, Civ. 2ème.

63
Arrêt Jand’heur.
64
Exclusion du fait d’une personne dont on doit répondre.

66
Une abondante application en matière de participation à des activités sportives : la victime d’un dommage ne
peut agir contre un autre participant qui lui a causé un dommage que si ce dernier n’a pas respecté la règle du
jeu. L’acceptation des risques par la victime constitue parfois une faute dont la gravité conduit à un partage de
responsabilité : une personne accepte de prendre place aux côtés d’un automobiliste visiblement ivre.
67
Arrêt Desmares.

23
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SOIT TU REUSSIS

dommage est partiellement exonéré de sa responsabilité s’il prouve que la faute


de la victime a contribué au dommage » (Grands arrêts n° 135).

B- Les régimes spéciaux de responsabilité du fait des choses

Nous aborderons successivement la responsabilité du fait des animaux (1) et la


responsabilité du fait de la ruine d’un bâtiment (2). La responsabilité du fait des
produits dangereux en droit béninois fait l’objet d’un travail de recherche.

1- La responsabilité du fait des animaux

Il fait l’objet de l’article 1385 du Code civil. Les animaux concernés sont ceux qui sont
susceptibles d’être appropriés, à savoir les animaux de compagnie, les animaux de
ferme ou d’élevage68. Il pèse sur le propriétaire d’un animal ou celui qui s’en sert69,
une présomption de responsabilité.

2- La responsabilité du fait de la ruine d’un bâtiment

L’article 1386 du Code civil en est le siège. La notion de bâtiment est ici entendue de
manière restrictive70. Les édifices qu’ils soient habitables ou non sont concernés mais
pas un baraquement ou une palissade. Il doit s’agir d’un bâtiment en ruine71. La ruine
du bâtiment doit, en outre être provoquée par un vice de construction ou un défaut
d’entretien72. Le propriétaire est responsable de plein droit.

3- La responsabilité du fait des produits défectueux (TAF)

68
Les animaux sauvages non appropriés, considérés comme res nullius ne sont pas concernés.
69
Donc le gardien.
70
Pas tout immeuble. Edifice, habitable ou non
71
Les bâtiments en cours de construction ne sont pas concernés. .
72
Ce qui n’est pas le cas lorsque l’effondrement d’un mur qui a blessé un enfant a été le fait des dégradations
faites à ce mur par l’enfant blessé et d’autres enfants du voisinage.

24
AVANT DE REUSSIR IL FAUT D’ABORD Y CROIRE ET ENSUITE TRAVAILLER ; ALORS, SOIT TU REUSSIS,
SOIT TU REUSSIS

SECTION III : Le lien de causalité

La victime doit établir le lien entre le dommage qu’elle a subi et le fait générateur pour
prétendre à obtenir la réparation. C’est une question essentielle qui n’est pas toujours
facile à régler.

D’abord, il est souvent nécessaire de choisir entre plusieurs évènements susceptibles


d’expliquer le dommage73. Comment opérer un tri entre ces évènements et déterminer
celui ou ceux qui ont été la cause du décès ?

Position doctrinale : Pour répondre à cette question, deux théories s’affrontent :

- la théorie de l’équivalence des conditions : tous les évènements qui ont


contribué au dommage, c’est-à-dire tous les évènements sans lesquels le
dommage ne serait pas produit, doivent être considérés comme ayant causé le
dommage74.

- la théorie de la causalité adéquate : seuls les évènements qui ont directement


participé à la réalisation du dommage seront considérés comme ayant joué un
rôle causal.

Position jurisprudentielle : la jurisprudence dominante semble privilégier la théorie de


la causalité adéquate. Elle répond par la négative lorsqu’il est question de savoir si une
personne négligente par le fait duquel un objet est volé est responsable des dommages
causés par le voleur avec cet objet75. Par contre, le suicide d’une personne gravement
blessée dans un accident est imputé à l’auteur de l’accident76. L’auteur d’un accident

73
Voici un exemple proposé par Pothier : un marchand vend une vache malade, qui contamine le troupeau de
l’acheteur, lequel ne peut plus payer ses créanciers, qui saisissent ses biens et les vendent à vil prix provoquant
ainsi une détérioration inattendue de la santé du malheureux berger, qui passa de vie à trépas.
74
Théorie qui a le mérite de la simplicité mais qui pourrait aboutir à reconnaître un rôle causal à des évènements
qui n’ont qu’un rapport très lointain avec le dommage.
75
la faute de surveillance du propriétaire d’un bus contenant des détonateurs n’est pas la faute du dommage
causé par le voleur ; le propriétaire d’une pelleteuse laissée avec le contact n’est pas responsable des dommages
causés par le voleur avec l’engin.

76
Crim, 14 jan. 1971.

25
AVANT DE REUSSIR IL FAUT D’ABORD Y CROIRE ET ENSUITE TRAVAILLER ; ALORS, SOIT TU REUSSIS,
SOIT TU REUSSIS

de la circulation à la suite duquel une personne a été transfusée et a été contaminée par
le sida est considérée comme responsable de cette contamination77.

La prédisposition de la victime au préjudice a conduit la jurisprudence à opérer une


distinction :

- si elle a été révélée par l’accident, elle n’est pas retenue ;

- lorsqu’elle était déjà connue, elle est considérée comme ayant joué un rôle dans
le dommage et tempère l’obligation de réparation78.

Ensuite, dans l’hypothèse où plusieurs causes sont jugées comme ayant été à l’origine
d’un même dommage, chaque responsable doit-il le réparer en entier ou en partie ?.
C’est le problème de la causalité partielle :

- en application de la théorie de l’équivalence des conditions, l’un des acteurs


pourra être tenu pour le tout, sous réserve d’un recours de sa part, dans la
mesure où sans sa participation, le dommage ne serait pas survenu ;

- en application de la théorie de la causalité adéquate, chacun des acteurs ne


réparera que la partie du dommage qui lui incombe.

- Les solutions jurisprudentielles sont fluctuantes :

o intervention partielle de la force majeure, (le responsable paie pour sa


part, l’autre part étant attribué au fait de la force majeure79);

o intervention partielle d’un tiers : c’est l’hypothèse de participation de


plusieurs personnes à la survenance du dommage : si celle qui est
poursuivi démontre que le fait du tiers est imprévisible et inévitable, il
est totalement exonéré ; dans le cas contraire, il est tenu à réparation
intégrale avec la possibilité de se retourner contre le tiers coauteur

77
Civ, 1ère, 17 févr. 1993.
78
Invalidité à 100% d’une victime qui l’était déjà à 70% avant l’accident.
79
Affaire de Lamoricière : Com. 19 juin 1951 ; Affaires des houillères du Bassin du Nord : Civ. 2ème, 13 mars
1957.

26
AVANT DE REUSSIR IL FAUT D’ABORD Y CROIRE ET ENSUITE TRAVAILLER ; ALORS, SOIT TU REUSSIS,
SOIT TU REUSSIS

o intervention partielle de la victime : la faute de la victime exonère


partiellement le gardien sur la base de l’article 1384, al. 1er80.

CHAPITRE II : LA REPARATION DU DOMMAGE

Les règles de mise en œuvre de la responsabilité délictuelle sont d’ordre public. Les
parties ne peuvent déroger à l’avance à l’obligation imposée à tout individu de réparer
le dommage qu’il a causé : sont nulles les clauses d’exonération ou d’atténuation de
responsabilité en matière délictuelle, les articles 1382 et 1383 C. civ. étant d’ordre
public et leur application ne pouvant être paralysée d’avance par une convention81.

Le responsable du dommage et la victime peuvent s’accorder pour régler à l’amiable


l’indemnisation de cette dernière : il s’agit d’un contrat de transaction, parfaitement
valable dans la mesure où l’on peut transiger sur l’intérêt civil qui résulte d’un délit82.

S’il n’y a pas transaction, c’est la voie contentieuse dont l’aboutissement est soit la
réparation par nature (section I) ou la réparation par équivalent (Section II).

Section I : La réparation par nature

La réparation peut se faire par nature et prend des formes variées :

- suppression de la cause du trouble par une limitation ou une interdiction de


l’activité dommageable83 ;

- condamnation à restituer le bien à la victime, à lui fournir un bien équivalent, à


remettre en état ce qui a été détruit (en cas d’atteinte aux biens) ;

- condamnation à publier un rectif ou la décision (en cas d’atteinte à l’honneur).

NB : La réparation en nature peut se heurter à des obstacles juridiques ou matériels84.

80
En réalité, cette solution ne s’explique pas par la causalité partielle, mais par la sanction d’une faute, celle de
ne pas veiller à sa seule sécurité.
81
Apparemment, le principe ne concerne que les cas de responsabilité pour faute prouvée.
82
La transaction est imposée en matière d’accident de la circulation (Cf. Code CIMA).
83
En cas d’atteinte à la vie privée par un livre, suppression des passages incriminés.
84
Compensation en nature équivalente impossible (perte d’un membre) ; on ne peut pas forcer une personne à
faire ce qu’elle refuse.

27
AVANT DE REUSSIR IL FAUT D’ABORD Y CROIRE ET ENSUITE TRAVAILLER ; ALORS, SOIT TU REUSSIS,
SOIT TU REUSSIS

Section II : La réparation par équivalent

La réparation peut se faire également par équivalent, c’est-à-dire par le paiement de


dommages et intérêts sous la forme d’un capital ou de rente85.

Le montant de l’indemnité alloué obéit au principe de réparation intégrale : le montant


de la réparation est indépendant de la gravité de la faute86, il dépend du seul préjudice ;
tout le dommage, mais rien que le dommage doit être réparé. La jurisprudence l’a
affirmé : « Le propre de la responsabilité civile est de rétablir aussi exactement que
possible l’équilibre détruit par le dommage et de replacer la victime, aux dépens du
responsable, dans la situation où elle se serait trouvée si l’acte dommageable, ne s’était
point produit ».

TITRE II : LES QUASI-CONTRATS

THEMES D’EXPOSE

1- Les conditions de la gestion d’affaires

2- Les effets de la gestion d’affaires

3- Les conditions de l’action en répétition de l’indu

4- Les effets de l’action en répétition de l’indu

5- Les conditions de l’enrichissement sans cause

6- Les effets de l’enrichissement sans cause.

85
Le juge n’est pas lié dans son choix par la demande de la victime.
86
Même s’il n’a commis qu’une faute légère ou si sa responsabilité est engagée en tant que gardien, l’auteur du
dommage peut être condamné à payer d’importants dommages et intérêts.

28

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