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Faculté Polydisciplinaire

Université Sultan Moulay Slimane


Béni Mellal
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Droit Privé Français - Semestre 2

Module 14 :

Terminologie juridique

Pr. Lahcen KADDOURI

Année universitaire : 2020-2021


Thème 1: La responsabilité
Thème 2: Les infractions et les peines
Thème 3: Le fonds de commerce
Thème 4: La fonction publique
Thème 5: La propriété

Thème 1 : La responsabilité

Étymologiquement parlant, le mot « responsabilité » dérive du verbe latin « respondere» qui signifie :
répondre de ses actes, être garant de et assumer (Larousse dictionnaire étymologique et historique du
français, 1993 : p.664).

Le dictionnaire « Hachette » avance les définitions suivantes :


« - Responsabilité n.f. Fait d’être responsable. Responsable adj et n. 1. Qui est tenu de répondre de ses actes
ou, dans certains cas, de ceux d’autrui. Être responsable devant la loi, devant sa conscience. 2. Qui est la
cause de. La conduite en état d’ivresse est responsable de nombreux accidents. 3. Qui a le pouvoir de prendre
des décisions dans un groupe organisé. » (1992, p. 1570).

Le dictionnaire « Le Nouveau Petit Robert » définit la responsabilité comme « […] Obligation ou nécessité
morale, intellectuelle, de réparer une faute, de remplir un devoir, un engagement. PAR EXT. Le fait pour
certains actes, d’entraîner (suivant certains critère moraux, sociaux) des conséquences pour leur auteur, le
fait d’accepter de supporter ces conséquences. » (2007, p. 2219).

A partir des définitions présentées ci-dessous, les principales significations du mot « responsabilité » sont :
● Etre garant de quelque chose ;
● Obligation de remplir un devoir ;
● La capacité de prendre des décisions ;
● Répondre de ses actes, c'est-à-dire en supporter les conséquences.

Dans le domaine juridique, nous distinguons deux formes de responsabilités en nous basant sur les
conséquences qu’elles engendrent : la responsabilité civile et la responsabilité pénale.

1- La responsabilité pénale

Une personne est responsable pénalement lorsqu’elle a commis une faute qui trouble la paix sociale en
touchant à l’ordre public. Exemples : le meurtre, la corruption, le vol, le non respect du code de la route, etc.

La responsabilité pénale ne peut être engagée que par des infractions bien limitées par la loi. Elle a une
fonction répressive, d’intimidation et de réadaptation dans le but de protéger la société de toute atteinte qui
peut nuire à la vie paisible des citoyens.

Les fautes qui impliquent une responsabilité pénale sont sanctionnées par des peines pénales : prison et/ou
amendes. Elles peuvent aussi être dommageables pour la personne qui en est la victime.

A titre d’exemple, l’article 503 du CPM stipule : «Est puni de l'emprisonnement d'un mois à deux ans et d'une
amende de vingt mille à deux cent mille dirhams, à moins que le fait ne constitue une infraction plus grave,
quiconque tolère l'exercice habituel et clandestin de la débauche par des personnes se livrant à la prostitution
dans des locaux ou emplacements non utilisés par le public, dont il dispose à quelque titre que ce soit. »

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2- La responsabilité civile

Le dictionnaire « Lexique des termes juridiques » définit la responsabilité civile comme suit : « Responsabilité
dont l’objet est la réparation du dommage causé à autrui, soit en nature, soit par équivalent. Elle s’oppose à la
responsabilité pénale qui, elle, a une fonction punitive. » (2018-2019 : p. 945).

La responsabilité civile est donc l’obligation pour une personne de réparer les dommages subis par autrui à la
suite d’un événement dont elle est responsable. Elle diffère de la responsabilité pénale par le fait qu’elle ne
trouble pas la vie sociale, c'est-à-dire qu’elle a lieu à la suite d’une faute civile.

Nous distinguons deux types de responsabilités civiles : la responsabilité contractuelle et la responsabilité


délictuelle.

2-1- La responsabilité contractuelle

C’est une responsabilité qui découle d’un devoir imposé par un contrat lorsque l’un des contractants n’a pas
respecté ses obligations en causant des dommages à son co-contractant. L’auteur de la faute civile est tenu de
réparer le préjudice qu’il a causé à son co-contractant. Lors de la conclusion du contrat, Il est possible que les
parties des contrats ajoutent des clauses qui limitent leurs responsabilités en cas d’inexécution de leurs
obligations contractuelles.

Les éléments sur lesquels repose la responsabilité contractuelle sont au nombre de trois :
● La faute du débiteur qui consiste à la non exécution de son obligation contractuelle ;
● Le préjudice ;
● Le lien de causalité entre la faute et le préjudice.

Pour demander la réparation du préjudice, le créancier doit prouver la non exécution de l’obligation
contractuelle et que la non réalisation de l’engagement du co-contractant est la cause de ce préjudice. De son
côté, le débiteur est exonéré des dommages et intérêts s’il démontre que le préjudice émane d’une cause
étrangère.

2-1- La responsabilité délictuelle

2-1-1- Définition de la responsabilité délictuelle

La responsabilité délictuelle a lieu hors de tout contrat. Elle résulte d’une faute de l’auteur des dommages
causés à autrui, d’une personne dont il doit répondre ou des choses dont il a la garde. La responsabilité
délictuelle n’a lieu que si la victime justifie que le préjudice est la conséquence directe de la faute commise. Si
la faute est prouvée, le responsable doit réparer le dommage causé.

Généralement, les éléments constitutifs de la responsabilité délictuelle sont également : la faute, le préjudice
et le lien de causalité entre la faute et le préjudice.

2-1-2- Les formes de la responsabilité délictuelle

L’article 1384 du CCF correspondant aux articles 85 et 86 du DOC marocain avance qu’ « On est responsable
non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait
des personnes dont on doit répondre, ou des choses que l’on a sous sa garde ».

De ce qui précède, nous distinguons trois formes de la responsabilité délictuelle : la responsabilité du fait
personnel, la responsabilité du fait d’autrui et la responsabilité du fait des choses.

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2-1-2-1- La responsabilité du fait personnel

Cette responsabilité se fonde sur la faute de l’auteur du préjudice.

Les articles 77 et 78 du DOC marocain ont développé la responsabilité du fait personnel.

L’article 77 avance que « Tout fait quelconque, de l'homme qui, sans l'autorité de la loi, cause sciemment et
volontairement à autrui un dommage matériel ou moral, oblige son auteur à réparer ledit dommage, lorsqu'il
est établi que ce fait en est la cause directe ».

L’article 78 ajoute que « Chacun est responsable du dommage moral ou matériel qu'il a causé, non seulement
par son fait, mais par sa faute, lorsqu'il est établi que cette faute en est la cause directe ».

Les deux articles précités expliquent alors qu’on parle de responsabilité du fait personnel lorsque la personne
elle-même est l’auteur d’un fait dommageable commis de manière volontaire ou involontaire.

2-1-2-2- La responsabilité du fait d’autrui

L’article 85 du DOC stipule qu’« On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son
propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre. ». Cet article
énumère les catégories des personnes civilement responsables pour autrui, à savoir :

● Le père et la mère après le décès du mari sont responsables du dommage causé par leurs enfants
mineurs habitant avec eux ;
● Les maîtres et les commettants sont responsables du dommage causé par leurs domestiques et
préposés dans les fonctions auxquelles ils les ont employés ;
● Les artisans doivent réparer le dommage causé par leurs apprentis pendant le temps qu'ils sont sous
leur surveillance ;
● Le père, la mère et les autres parents ou conjoints répondent des dommages causés par les insensés et
autres infirmes d'esprit, même majeurs, habitant avec eux, s'ils ne prouvent :
1. Qu'ils ont exercé sur ces personnes toute la surveillance nécessaire;
2. Ou qu'ils ignoraient le caractère dangereux de la maladie de l'insensé;
3. Ou que l'accident a eu lieu par la faute de celui qui en a été la victime.
● Les instituteurs et les fonctionnaires du service de la jeunesse et des sports sont responsables du
dommage causé par les enfants et jeunes gens pendant le temps qu'ils sont sous leur surveillance.

Nous soulignons que la même règle s'applique à ceux qui se chargent, par contrat, de l'entretien ou de la
surveillance des insensés et autres infirmes d’esprit. En outre, les père et mère et artisans ont cette
responsabilité à moins qu’ils prouvent qu'ils n'ont pu empêcher le fait qui donne lieu à cette responsabilité.

2-1-2-3- La responsabilité du fait des choses

C’est une responsabilité délictuelle du fait des choses que l’on a sous sa garde. L’article 88 du DOC avance
que « Chacun doit répondre du dommage causé par les choses qu'il a sous sa garde, lorsqu'il est justifié que
ces choses sont la cause directe du dommage, s'il ne démontre :

1. Qu'il a fait tout ce qui était nécessaire afin d'empêcher le dommage;


2. Et que le dommage dépend, soit d'un cas fortuit, soit d'une force majeure, soit de la faute de celui qui
en est victime».

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Thème 2 : Les infractions et les peines

1- Les infractions

1-1- Définition

Etymologiquement, le terme « infraction » dérive du mot latin Infractio, de frangerer, qui désigne briser,
violer heurter ou abattre un obstacle (Larousse dictionnaire étymologique et historique du français : p. 392)

Le dictionnaire « Le Nouveau Petit Robert » définit l’infraction comme suit : ‘‘nf -1250 : latin infractio de
frangerer « briser » enfreindre. 1. Violation d’un engagement, d’une loi, d’une convention. ➔ contravention,
dérogation, faute, manquement, rupture, transgression…2. Violation d’une loi de l’Etat, qui est frappé d’une
peine strictement définie par la loi. ➔ Crime, délit, contravention…’’ (2007 : p.1329).

Le dictionnaire « Lexique des termes juridiques » avance que l’infraction est ‘‘Action ou omission violant une
norme de conduite strictement définie par un texte d’incrimination entraînant la responsabilité pénale de son
auteur. Elle peut être constitutive d’un crime, d’un délit ou d’une contravention en fonction des peines
prévues par le texte’’ (2018-2019 : p.576).

L’article 110 du code pénal marocain stipule : ‘‘L'infraction est un acte ou une abstention contraire à la loi
pénale et réprimé par elle’’.

A partir des définitions précitées, nous pouvons avancer que l’infraction au sens général renvoie à toute
transgression d’une norme, d’une convention ou d’un engagement. Dans le domaine juridique, l’infraction
renvoie à tout acte ou abstention d’agir qui viole une règle de conduite bien définie par la loi qui sanctionne
son auteur par une peine.

Les éléments constitutifs de l’infraction sont au nombre de trois :

● Élément légal : cet élément signifie qu’il n’y a pas de peine sans loi. Ainsi, une personne ne sera
sanctionnée pénalement que si les éléments de l’infraction commise sont bien définis par la loi. En
l’absence du texte de loi, seule la responsabilité civile de l’auteur est engagée.
● Elément matériel : cet élément renvoie à la réalisation de l’infraction. C’est la mise en pratique du
désir de l’infraction. Il peut être une action ou une abstention ou omission d’agir. Par exemple, la non
assistance à une personne en situation de danger est une infraction au même titre qu’un vol ou une
agression.
● Elément moral : cet élément se manifeste dans la volonté d’accomplir un acte avec la conscience
qu’il est interdit par la loi (ou s’abstenir d’un acte avec la conscience qu’il est ordonné par la loi).
Autrement dit, l’acte accompli doit être une faute de l’auteur de l’infraction. L’article 133 du code
pénal marocain avance que les crimes et les délits ne peuvent être sanctionnés que s’ils sont commis
de manière intentionnelle. Quant aux contraventions, elles peuvent être sanctionnées même si elles
ont été commises par imprudence.

1-2- Classification des infractions.

Les infractions se classent selon leur gravité qui est identifiables à partir des peines qu’elles font encourir à
leur auteur. Généralement, on distingue trois catégories d’infractions en fonction de leur gravité
décroissante :

● Le crime : c’est l’infraction la plus grave que les lois punissent d’une peine afflictive. Les crimes sont
les infractions les plus sévèrement sanctionnées qui peuvent même encourir à une personne physique
l’exécution dans certains pays.

● Le délit : c’est la catégorie intermédiaire des infractions. Il est moins grave qu’un crime et plus grave
qu’une contravention. Au Maroc, le délit peut encourir un emprisonnement qui peut aller jusqu’à 5
ans et d’une amende de plus de 1200 dirhams.

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● La contravention est l’infraction la moins grave. Au Maroc, elle est punie de la détention de moins
d’un mois et d’une amende de 30 à 1200 dirhams

2- Les peines

2-1- Définition

Etymologiquement, le nom « peine » dérive du mot latin poena qui signifie « châtiment » (Larousse
dictionnaire étymologique et historique du français, 1993 : p.564).

En consultant Le dictionnaire ‘‘Le Nouveau Petit Robert’’ (2007 :1842-1843), nous trouvons que le mot « peine
» a plusieurs acceptions. Présentons quelques unes :

● Punition : sanction appliquée à titre de punition ou de réparation pour une action jugée
répréhensible. ➔ châtiment, condamnation, pénalité, pénitence […].
● Souffrance : une peine, des peines : souffrance morale. ➔ chagrin, douleur, mal, malheur, souci,
souffrance, tourment, tracas […].
● Effort, difficulté : activité qui coûte, qui fatigue. ➔ effort […].

Le dictionnaire ‘‘Lexique des termes juridiques’’ définit la peine comme « Sanction punitive, qualifiée comme
telle par le législateur et infligée par une juridiction répressive au nom de la société, à l’auteur d’une
infraction. Du côté du condamné, elle a pour fonction, outre la rétribution de la faute commise, de favoriser
l’amendement, l’insertion ou la réinsertion de ce dernier. L’objectif poursuivi par la sanction étant d’assurer la
protection de la société, de prévenir la commission de nouvelles infractions et de restaurer l’équilibre social,
dans le respect de l’intérêt des victimes » (2019 : 785).

En bref, la peine au sens général est un mot polysémique qui englobe plusieurs acceptions : la sanction, le
malheur, le chagrin, la difficulté, la souffrance, l’effort, etc. Dans le domaine juridique, la peine est une
sanction prononcée par une juridiction au nom de la société pour punir l’auteur d’une infraction. Elle a pour
objectif, en plus de la correction de la faute, la qualification et la réinsertion de l’auteur de l’infraction dans le
but de protéger la société par la limitation des infractions et l’établissement de l’équilibre social.

2-1- Classification des peines

Le code pénal marocain distingue deux types de peines : les peines principales et les peines accessoires.

2-2-1- Les peines principales

Les peines sont principales lorsqu’elles peuvent être prononcées sans être adjointes à aucune autre peine. Ce
sont des peines qui suffisent à elles-mêmes et renvoient à la sanction directe de l’infraction. Le code pénal
marocain énumère trois types de peines principales, à savoir :

Les peines criminelles principales qui sont au nombre de cinq :

1. La mort ;
2. La réclusion perpétuelle ;
3. La réclusion à temps pour une durée de cinq ans à trente ans
4. La résidence forcée ;
5. La dégradation civique.

Les peines délictuelles principales : ces peines sont au nombre de deux :

1. L’emprisonnement d’un mois au moins et de cinq ans au plus ;


2. L’amende de plus de 1200 dirhams.

Les peines contraventionnelles principales sont la détention de moins d’un mois et l’amende de 30 à 1200
dirhams.

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La durée de toute prévention de liberté se calcule à partir du moment de la détention du condamné. S’il y a
eu une détention préventive, celle-ci est intégralement déduite de la durée de la peine. Autrement dit, la
durée de la peine commence à partir du moment où le condamné a été, soit gardé à vue, soit placé sous
mandat de justice pour l’infraction qui a engendré sa condamnation.

La durée des peines privatives de liberté se calcule comme suit :


● Si la peine est d’un jour, sa durée est de 24 heures ;
● Quand la durée de la peine est inférieure à un mois, elle se calcule par jour complet de 24 heures ;
● Si la peine est d’un mois, sa durée est de 30 jours ;
● La peine supérieure d’un mois se calcule de date.

2-2-2- Les peines accessoires

Les peines accessoires sont celles qui ne peuvent être prononcées séparément ou qu’elles sont les
conséquences d’une peine principale. Selon l’article 36 du CPM, les peines accessoires sont :

1. L'interdiction légale;
2. La dégradation civique;
3. La suspension de l'exercice de certains droits civiques, civils ou de famille;
4. La perte ou la suspension du droit aux pensions servies par l'Etat et les établissements publics.
Toutefois, cette perte ne peut s'appliquer aux personnes chargées de la pension alimentaire d'un
enfant ou plus.
5. La confiscation partielle des biens appartenant au condamné en les attribuant à l’Etat;
6. La dissolution d'une personne juridique;
7. La publication de la décision de la condamnation.

Selon l’article 38 du CPM, l’interdiction légale est la privation d’un condamné de l’exercice de ses droits
patrimoniaux pendant la durée de l’exécution d’une peine principale. Toutefois, le même article ajoute que le
condamné a le droit de choisir un mandataire qui le représente dans l’exercice de ses droits sous contrôle du
tuteur.

2-2-3- Les causes de suspension des peines

L’article 49 du CPM développe les causes de suspension des peines comme suit : « Tout condamné doit subir
entièrement les peines prononcées contre lui, à moins que n'intervienne l'une des causes d'extinction,
d'exemption ou de suspension ci-après :
1. La mort du condamné;
2. L'amnistie;
3. L'abrogation de la loi pénale;
4. La grâce;
5. La prescription;
6. Le sursis à l'exécution de la condamnation;
7. La libération conditionnelle;
8. La transaction lorsque la loi en dispose expressément ».

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Thème 3 : La fonction publique

1- Définition de fonctionnaire

Le dictionnaire « Lexique des termes juridiques » définit le fonctionnaire comme suit : « […] Au regard du
statut général des fonctionnaires, de l’Etat et des collectivités territoriales, personne nommée dans un emploi
permanent et titularisée dans un grade de la hiérarchie » (2018-2019 :496).
L’article 2 du statut général de la fonction publique marocain stipule : « A la qualité de fonctionnaire toute
personne nommée dans un emploi permanent et titularisée dans un grade de la hiérarchie des cadres de
l'administration de l'Etat ».

A partir de ces deux définitions, nous pouvons avancer que le fonctionnaire est toute personne nommée dans
un emploi permanent et titularisée dans un grade de l’administration publique.

L’article 21 : ajoute les conditions suivantes pour être nommé à la fonction publique:
1. Posséder la nationalité marocaine ;
2. Jouir de ses droits civiques et être de bonne moralité ;
3. Remplir les conditions d'aptitude physique exigées pour l'exercice de la fonction ;
4. Se trouver en position régulière au regard de la loi relative au service militaire.

2- Les droits et les obligations du fonctionnaire.

Les droits et les obligations du fonctionnaire d’une administration publique sont développés dans le statut
général de la fonction publique, notamment les articles 13 à 20 du.

2-1-Les droits du fonctionnaire

Au Maroc, les droits du fonctionnaire se présentent comme suit :


● Droits inhérents à la carrière (rémunération, avancement, couverture sociale, etc.) ;
● Droit syndical : l’appartenance syndical ne doit avoir aucun impact sur la situation du fonctionnaire;
● Être protégé contre les menaces, attaques, outrages, injures ou diffamations dont le fonctionnaire
peut être l’objet à l’occasion de l’exercice de ses fonctions;
● Protection du dossier du fonctionnaire : aucune mention indiquant les opinions politiques,
philosophiques ou religieuses ne doit y figurer.

2-2- Les devoirs et les obligations du fonctionnaire

Selon le statut général de la fonction publique, les devoirs et les obligations du fonctionnaire se présentent
comme suit :
● Selon l’article 13 du statut général de la fonction publique, le fonctionnaire est tenu en toute
circonstance de respecter et faire respecter l’autorité de l’Etat ;
● Interdiction d’exercice, à titre professionnel, d’une activité privée lucrative de quelque nature que ce
soit. Toutefois, cette interdiction ne s’étend pas à la production des œuvres scientifiques, littéraires,
artistiques ou sportives à condition que le caractère commercial n’y soit pas dominant. En outre, le
fonctionnaire est tenu d’informer l’administration du métier du conjoint lorsque ce dernier exerce, à
titre lucratif, une profession libérale ou une activité habituelle relevant du secteur privé ;
● Interdiction d’avoir des intérêts qui peuvent compromettre l’indépendance du fonctionnaire ;
● Le fonctionnaire est obligé d’exécuter les tâches qui lui sont confiées et respecter les instructions de
ses supérieurs hiérarchiques. Toute faute commise par un fonctionnaire dans l'exercice ou à l'occasion
de l'exercice de ses fonctions, l'expose à une sanction disciplinaire sans préjudice, le cas échéant, des
peines prévues par le code pénal ;
● Le fonctionnaire a l’obligation de discrétion professionnelle pour tout ce qui concerne les faits et les
informations dont il a connaissance dans l’exercice ou à l’occasion de ses fonctions.

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3- Les positions de fonctionnaire

Selon l’article 37 du statut général de la fonction publique au Maroc, le fonctionnaire peut se situer dans l’une
des positions suivantes : en activité, en service détaché, en disponibilité ou sous les drapeaux.

3-1- La position d’activité

Un fonctionnaire est en position d’activité quand il est titulaire d’un grade et exerce effectivement l’un des
emplois correspondant à ce grade. Il est considéré également en position d’activité pendant la durée des
congés administratifs, des congés de maladie, des congés de maternité et des congés sans solde.

3-2- La position de détachement

L’article 47 du statut général de la fonction publique avance que « Le fonctionnaire est en position de
détachement lorsqu'il est placé hors de son cadre d'origine mais continue à appartenir à ce cadre et à y
bénéficier de ses droits à l'avancement et à la retraite ».

Les fonctionnaires peuvent être détachés :


● Auprès d'une administration, d'un office, d’une entreprise ou d'un organisme public de l'Etat, ou
auprès d'une entreprise privée présentant un caractère d'intérêt national;
● Pour exercer un enseignement ou remplir une mission publique auprès d'un Etat étranger ou auprès
d'organismes internationaux ;
● Pour exercer un mandat public ou un mandat syndical lorsque le mandat public ou syndical exige des
obligations qui entravent l’exercice normal de la fonction.

Il est à signaler que le détachement est prononcé pour une durée de trois ans maximum et peut être
renouvelé par périodes égales. Cependant, le fonctionnaire en position de détachement auprès d’une
administration publique ou d’une collectivité territoriale pour une période égale au moins à trois ans peut
être intégré sur sa demande à l’administration où il est détaché. Si la durée du détachement est expirée, le
fonctionnaire détaché est réintégré obligatoirement dans son administration d’origine dans un emploi
correspondant à son grade si le poste est vacant. En ce qui concerne l’évaluation, le fonctionnaire détaché est
noté par l’administration ou l’organisme de son détachement qui transmet sa fiche de notation à
l’administration d’origine.

3-3- La mise en disponibilité

L’article 54 du statut général de la fonction publique avance que « Le fonctionnaire est en position de
disponibilité lorsque, placé hors de son cadre d'origine, il continue d'appartenir à ce cadre mais cesse d'y
bénéficier de ses droits à l'avancement et à la retraite. La position de disponibilité ne comporte aucune
attribution d'émoluments, en dehors des cas expressément prévus par le présent statut ».

La disponibilité est prononcée par arrêté ministériel soit d’office, soit à la demande du fonctionnaire.

La mise en disponibilité d’office a lieu si le fonctionnaire n’est pas reconnu définitivement inapte par le
conseil de santé, et s’il ne peut, à l’expiration du congé, reprendre son service pour des raisons de santé.
La mise en disponibilité sur la demande de fonctionnaire ne peut être accordée que dans les cas suivants :
1. Accident ou maladie grave du conjoint ou d’un enfant ;
2. Engagement dans les forces armées royales ;
3. Etudes ou recherches ayant un intérêt général incontestable ;
4. Convenances personnelles

Nous soulignons que le fonctionnaire qui ne demande pas sa réintégration dans les délais prévus par la loi
(deux mois au moins avant l’expiration de la période en cours) ou qui n’accepte pas le poste qui lui a été
attribué lors de sa réintégration peut être rayé des cadres par le licenciement après avis de la commission
paritaire.

3-4- La position sous les drapeaux

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Cette position concerne les fonctionnaires incorporés dans l’armée pour accomplir le service militaire. Dans
ce cas, le fonctionnaire garde son droit à l’avancement dans son administration d’origine. En outre, il perd ses
émoluments et profite uniquement de son solde militaire.

A la fin du service militaire, le fonctionnaire est réintégré de droit dans son cadre d’origine.

Thème 4 : La propriété

1- Définition

En consultant le ‘‘Dictionnaire étymologique et historique du français’’ (1993 :622), nous avons trouvé que le
mot ‘‘Propriété’’ dérive du mot latin propriétas qui revêt les significations suivantes : droit de posséder,
qualité propre d’un être ou d’une chose, immeuble et bien-fonds.

Le dictionnaire de la langue générale ‘‘Le Nouveau Petit Robert de la langue française’’ avance les définitions
suivantes :
« I. POSSESSION :

A. DROIT DE POSSÉDER :
1. Droit d’user, de jouir et de disposer d’une chose d’une manière exclusive et absolue sous les restrictions
établies par la loi.-DR. La propriété est un droit réel et perpétuel sur les biens corporels, tangibles. Détention,
possession et propriété. […] - Propriété de l’Etat. Propriété capitaliste et propriété sociale. Propriété collective
des moyens de production (collectivisme, communisme, socialisme).Propriété individuelle. Propriété
collective d'une résidence de vacances. […]
2. Monopole temporaire d’exploitation d’une œuvre, d’une innovation par son auteur

B. Ce qui est possédé :


1. Ce qu’on possède en propriété. C’est ma propriété : c’est à moi, cela m’appartient. Ce domaine est la
propriété de la famille X . […].
2. Bien-fonds (terre, construction) possédé en propriété. […] « Il possédait par là une propriété qui appartient
à sa famille, depuis plusieurs générations ». […].
3. COUR. Riche maison d’habitation avec un jardin, un parc. Passer ses vacances dans sa propriété. Une
superbe propriété.

II. QUALITÉ :
1. Qualité propre, caractère (surtout caractère de fonction) qui appartient à tous les individus d’une espèce
sans toujours leur appartenir exclusivement. […] Produit qui a la propriété de résister à la chaleur
2. Qualité du mot propre. La propriété d’un mot. […] ».

De ce qui précède, nous constatons que le mot ‘‘propriété’’ est polysémique. En plus de la définition juridique
que nous développerons en détail après, ce mot signifie tout ce qu’on possède (les terrains, les domaines, les
constructions, etc.), les qualités et les caractères propres à des éléments.

Selon l'article 544 du Code Civil Français, "la propriété est le droit de jouir et disposer des choses de la
manière la plus absolue, pourvu qu'on n'en fasse pas un usage prohibé par les lois ou par les
règlements".

Le propriétaire a alors le droit de profiter de ce qu’il possède à condition de respecter les lois en vigueur dans
le pays. Par exemple, le propriétaire d’un terrain peut y cultiver toutes les plantes autorisées par la loi. C’est
un droit absolu dans la mesure où personne ne peut porter atteinte à la propriété sans l’accord du
propriétaire. Nous ajoutons que le droit de propriété est également éternel et exclusif. Il est éternel car il
existe aussi longtemps que la chose sur laquelle porte la propriété existe. C’est un droit exclusif car chaque
chose appartient à un seul propriétaire qui peut s’opposer à ce que d’autres personnes exercent un droit sur
son bien.

Le droit de propriété comporte trois éléments fondamentaux, à savoir :

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● L’usus : c’est le droit d’usage de la chose de la propriété. Le propriétaire peut en tirer profit dans les
limites inhibées par la loi. Par exemple, le propriétaire peut exploiter librement son bien à condition
de ne pas nuire aux autres comme les voisins.
● Le fructus : c’est le droit de tirer profit de tout ce qui provient de la propriété. Le principe est que la
propriété du capital emporte la propriété des fruits (l’accessoire suit le principal). De même, la
perception des fruits est exclusive et absolue. Par exemple, le propriétaire d’une maison a le droit de
recevoir le loyer, et le propriétaire d’un verger a le droit de recevoir les fruits.
● L’abusus : c’est le droit de disposer de la chose de la propriété. Cela signifie que le propriétaire peut
librement faire disparaître la chose de la propriété de son patrimoine. Ceci peut se faire par la
destruction ou l’abandon de son bien (l’abusus matériel) ou par la transmission de ce bien dans le
patrimoine d’un tiers (abusus juridique) par le biais d’une convention (la vente, la donation, etc.).

2- La propriété intellectuelle :

La propriété existe également pour ce qu’on appelle ‘‘la propriété intellectuelle’’ dont l’objectif est la
protection et l’encouragement des créations des œuvres intellectuelles.

C’est un « Ensemble composé, d’une part, des droits de propriété industrielle, d’autre part, de la propriété
littéraire et artistique » (Lexique des termes juridiques, 2018-2019 : 863).

Le Maroc dispose d’un arsenal juridique de la protection de la propriété intellectuelle. Il s’agit d’une part de la
loi 17-97 relative à la protection de la propriété industrielle telle que modifiée et complétée par les lois 23-13 et
31-05, et d’autre part de la loi 02-00 relative aux droits d’auteurs et droits voisins (la propriété littéraire et
artistique) telle que modifiée et complétée par la loi n° 34-05.

2-1- La propriété industrielle :

La propriété industrielle a pour objet la protection et la valorisation des inventions, des innovations et des
créations. Elle englobe les éléments suivants :
● Le brevet d’invention : c’est un titre de la propriété industrielle délivré au titulaire d’une invention
ou d’une innovation dont l’objet est la présentation d’une solution à un problème technique. Le
pouvoir public accorde l’attestation à l’auteur de l’invention pour lui autoriser le monopole
d’exploitation en contrepartie de la divulgation de la description suffisante et complète de son
invention.
● La marque : l’article 133 de la loi 17-97 relative à la propriété intellectuelle avance que la marque est «
[…] un signe susceptible de représentation servant à distinguer les produits ou services d’une
personne physique ou morale ». La marque est une richesse pour l’entreprise car elle cristallise les
perceptions et les sentiments des consommateurs à l’égard de son produit ou de son service. Les
marques peuvent être des dénominations (mots, assemblage de mots, lettres, chiffres, sigles, etc.),
des figures (images, graphiques, dessins, formes tridimensionnelles, logos, etc.), des signes sonores
(sons et phrases musicales) ou des signes olfactifs (les odeurs). Le type de la marque varie selon les
produits qu’il désigne. On distingue la marque de fabrique apposée par un fabricant sur un produit, la
marque commerciale apposée sur des produits mis en vente par un commerçant, et la marque des
services qui renvoie à un service offert
● Dessins et modèles industriels : selon l’article 104 de la loi 17-97, « […], est considéré comme dessin
industriel tout assemblage de lignes ou de couleurs et, comme modèle industriel, toute forme
plastique, associée ou non à des lignes ou à des couleurs, pourvu que cet assemblage ou cette forme
donne une apparence spéciale à un produit industriel ou artisanal et puisse servir de type pour la
fabrication d’un produit industriel ou artisanal ». Nous pouvons alors avancer que les dessins et les
modèles industriels sont des représentations des produits des entreprises. Il est à signaler que le
dessin ou le modèle industriel doit avoir un caractère de nouveauté en se distinguant des autres
dessins et modèles industriels.
● Les indications géographiques: elles renvoient à toutes les informations qui signalent qu’un tel
produit est originaire d’un territoire, d’une région ou d’une localité d’un territoire. Cette indication est

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importante dans le cas où une qualité, une réputation ou toute autre caractéristique d’un produit
reste attachée à son origine géographique.

2-2- Les droits d’auteurs et droits voisins

Les droits d’auteurs renvoient aux prérogatives attribuées aux auteurs des œuvres de l’esprit telles que les
œuvres littéraires (romans, poèmes, pièces de théâtre, etc.), des œuvres musicales, des peintures, des dessins,
des photographies, des sculptures, des œuvres de l'architecture, etc.

Les droits d’auteurs se divisent en droits moraux (par exemple le droit de revendiquer la paternité de son
œuvre en mentionnant son nom dans tous les exemplaires de l’œuvre) et les droits patrimoniaux (par
exemple, l’auteur a le droit d’autoriser ou de refuser la réédition, la reproduction, la traduction ou la
distribution au public de son œuvre).

Les droits voisins sont des droits accordés aux artistes, aux interprètes ou exécutants, aux producteurs de
phonogrammes ou de vidéogrammes et aux organismes de communication audiovisuelle. On les appelle les
droits voisins car ils ont des ressemblances avec les droits d’auteurs. Par exemple, l’artiste, l’interprète ou
l’exécutant a le droit exclusif d’autoriser les actes suivants : la radiodiffusion de son interprétation ou de son
exécution, la communication au public de son interprétation ou de son exécution, etc.

Thème 5 : Le fonds de commerce

Définition

Le dictionnaire « Lexique des termes juridiques » définit le fonds de commerce comme « Ensemble des
éléments mobiliers corporels (matériel, outillage, marchandise) et incorporels (droit au bail, nom, enseigne)
qu’un commerçant ou un industriel groupe et organise en vue de la recherche d’une clientèle, et qui constitue
une entité distincte des éléments qui le composent. » (2018-2019 :500)

L’article 79 du code de commerce marocain avance que « Le fonds de commerce est un bien meuble
incorporel constitué par l'ensemble de biens mobiliers affectés à l'exercice d'une ou de plusieurs activités
commerciales ».

A partir de ces deux définitions, nous pouvons avancer que le fonds de commerce est l’ensemble des éléments
mobiliers, corporels et incorporels, mis en œuvre par une personne en vue de l’exercice d’une activité
commerciale (ou industrielle). Le fonds de commerce est un bien meuble incorporel composite dans la
mesure où il est constitué d’autres biens qui sont indispensables à l’exercice d’une activité commerciale tels
que la clientèle, le droit au bail, le matériel, la marchandise, etc.

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Les éléments constitutifs du fonds de commerce :

Selon les articles 79 et 80 du code de commerce marocain, le fonds de commerce comprend tous les éléments
nécessaires à l’exercice d’une activité commerciale. Ces éléments se composent de deux catégories : éléments
corporels et éléments incorporels.

2-1- Les éléments incorporels :

Les éléments incorporels du fonds de commerce sont :

La clientèle : la clientèle est l’ensemble des clients qui achètent les produits d’un commerçant. Elle est
l’élément fondamental de l’activité commerciale car il n’ y a pas de fonds de commerce sans clientèle.

Le droit au bail : c’est le droit d’un commerçant locataire à l’égard du propriétaire du local où est exploité le
fonds du commerce. Le commerçant locataire titulaire d’un fonds de commerce bénéficie d’une protection
particulière dite « propriété commerciale ».

Le nom commercial : c’est l’appellation sous laquelle une personne exerce une activité commerciale.

L’enseigne : c’est l’emblème sous lequel une personne exerce une activité commerciale

Les droits de propriété industrielle et commerciale (parfois littéraire et artistique) : par exemple les
brevets d’invention, les licences, les marques de fabrique, les modèles industriels, etc.

2-2- Les éléments corporels

Les éléments corporels du fonds de commerce sont :

Le matériel et l’outillage : il s’agit de l’ensemble des meubles utilisés pour exercer l’activité commerciale.
Souvent, ces éléments sont vendus avec le fonds de commerce.

Les marchandises : ce sont des biens meubles prêts à être vendus.

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