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Droit 1 année ECT, CPGE

ère

La responsabilité civile

I. Responsabilité civile versus responsabilité pénale :


1. Responsabilité pénale :
La responsabilité pénale ne peut être engagée que pour des infractions limitativement énumérées
par la loi. L’engagement de la responsabilité pénale implique la sanction de l’atteinte à l’ordre
publique qu’il y ait ou non dommage causé à autrui. L’engagement de la responsabilité pénale a
une fonction répressive auquel s’ajoute une fonction coercitive et aussi réadaptation.
2. La responsabilité civile :
La responsabilité civile peut être engagée pour des faits générateurs ayant causé un dommage à
autrui. Or, ces faits générateurs ne sont pas limités. Ceux-ci trouvent leurs origines dans des faits,
des actes, des choses dont on est responsable. Donc cette responsabilité a une fonction
réparatrice.
La responsabilité civile peut trouver son origine dans un fait ou acte juridique.
Fait juridique : c’est-à-dire :
Responsabilité civile délictuelle si le fait juridique est volontaire ;
Responsabilité civile quasi délictuel si le fait juridique est involontaire ;
Acte juridique on parlera de la responsabilité civile contractuelle.
II. Les fondements théoriques de la responsabilité : la faute et le risque
1. La responsabilité fondée sur la faute :
Il s’agit d’une responsabilité subjective : la faute est définie comme erreur de conduite. Selon
l’article 78 du DOC « la faute consiste soit à omettre ce qu’on était tenu de faire, soit à faire ce
dont on était tenu de s’abstenir, sans intention de causer un dommage ».
L’auteur ne pourra être obligé de réparer le dommage que s’il apparait coupable de l’avoir créé.
Par ailleurs, le DOC admet que l’on puisse être obligé à réparation sans qu’il soit nécessaire de
prouver une faute à la charge du responsable : mécanisme de présomption de faute.
Ex : le dommage causé par un enfant rendrait la faute de surveillance des parents, l’employeur est
présumé responsable du fait dommageable causé par ses salariés à autrui pendant l’exercice de
leur activité professionnelle….
2. La responsabilité fondée sur le risque :
Quand la responsabilité est fondée sur le risque et/ou la garantie, on parle de responsabilité
objective. Elle a son siège dans le rapport de causalité qui remonte du dommage à celui qui l’a
causé. Cette responsabilité n’implique aucun jugement de valeur sur les actes du responsable : il
suffit que le dommage se rattache matériellement à ces actes, car celui qui exerce une activité ou
à la garde d’une chose doit en assumer les risques.
Les deux fondements de la responsabilité diffèrent quant à la charge de la preuve :
➢ Dans la responsabilité subjective : la victime ne peut obtenir réparation qu’à charge de
prouver la faute, ce qui implique une recherche psychologique et une appréciation morale.
➢ Dans la responsabilité objective : il ne revient à la victime que de prouver que le
dommage a été matériellement engendré par l’activité du défendeur. Néanmoins, il existe
des systèmes intermédiaires entre la faute prouvée et le risque, tels que la faute présumée.
Si la faute est présumée, la victime n’a plus à prouver la faute et l’on se rapproche de la
responsabilité fondée sur le risque.
III. Conditions d’engagement de la responsabilité civile :
En matière de responsabilité civile trois conditions sont nécessaires pour engager la
responsabilité d’une personne :
➢ L’existence d’un dommage ou d’un préjudice : il en existe trois : corporel, matériel,
moral. Pour que le dommage soit réparable, il faut que l’on soit certain qu’il se produira
dans le futur et qu’une évaluation des dégâts soit possible pour le juge.
➢ L’existence d’un fait générateur : une faute qu’elle soit volontaire ou non, la garde
d’un bien présentant un risque pour autrui,…..
➢ L’existence d’un lien de causalité.

1. Le dommage :
a. Conditions :
L’article 98 du DOC définit les dommages ainsi :
« Le dommage, dans le cas d’un délit ou de quasi délit, sont la perte effective éprouvée par le
demandeur, les dépenses nécessaires qu’il a dû ou devrait faire afin de réparer les suites de l’acte
commis à son préjudice, ainsi que les gains dont il est privé dans la mesure normale en
conséquence de cet acte ».
Le dommage doit être certain, personnel, direct et présentant un intérêt légitime.
➢ Certain : c’est-à-dire réel ou inévitable dans un future proche (ex : bâtiment menaçant
ruine risquant de porter préjudice au voisinage) s’opposant au dommage éventuel, lequel
ne peut donner lieu à réparation (ex : risque d’incendie résultant du voisinage d’une ligne
à haute tension).
➢ Personnel : touchant celui qui agit en réparation.
➢ Direct : non seulement un lien de causalité doit exister entre la faute et le dommage,
mais, de manière plus précise, il importe d’écarter des actions en dommage-intérêts qui
seraient formées par des victimes médiates (ex : des créanciers impayés ne peuvent
réclamer d’indemnité à la personne responsable de la mort de leur débiteur : le préjudice
est trop lointain).
➢ Un intérêt légitime : c’est une exigence juridique : un dommage ne mérite réparation
qu’autant qu’il consiste dans la lésion d’un intérêt légitime juridiquement protégé : il faut
donc que cet intérêt ne soit contraire ni à la loi aux bonnes mœurs.

b. Catégories :
Il existe trois catégories de dommages :
➢ Le dommage matériel : qui est constitué par une atteinte aux droits
patrimoniaux (argent, biens..)
➢ Le dommage moral : qui porte atteinte aux droits extrapatrimoniaux : droit au nom, à la
propre image, à l’honneur, droit de famille … et laisse un pouvoir d’appréciation notable
aux tribunaux ;
➢ Le dommage corporel ou mixte, consistant dans une atteinte à la santé (frais médicaux
ou manque à gagner), et à l’intégrité physique.

2. Le lien de causalité :
Il est nécessaire à la victime, pour obtenir réparation, de prouver que la faute de l’homme ou le
fait de la chose ont eu un rôle causal dans la production du dommage, et que, sans eux, le
dommage ne se serait pas produit (ex : ce n’est pas parce qu’une vitrine se brise au passage d’une
voiture que l’on peut conclure à la responsabilité de l’automobiliste).
3. Le fait générateur :
a. La responsabilité du fait personnel
La responsabilité du fait personnel, ou responsabilité délictuelle/quasi-délictuelle, est le régime
de droit commun de la responsabilité. Les articles 77 et 78 du DOC, qui lui sont consacré, font
ressortir trois conditions pour son application : une faute, un dommage, un rapport de causalité
entre la faute et le dommage. Mais seule la faute est une condition caractéristique, les deux autres
ayant des analogues dans tous les cas de responsabilité. On discerne dans la faute trois éléments :
➢ Le fait : élément matériel
➢ La volonté : élément psychologie
➢ Le caractère illicite : élément sociologique
Article 77 : tout fait quelconque, de l’homme qui sans l’autorité de la loi, cause sciemment et
volontairement à autrui un dommage matériel ou moral, oblige son auteur à réparer ledit
dommage, lorsqu’il est établi que ce fait en est la cause directe.
Article 78 : chacun est responsable du dommage moral et matériel qu’il a causé, non seulement
par son fait, mais sa faute, lorsqu’il est établi que cette faute en est la cause directe. Toute
stipulation contraire est sans effet.
b. La responsabilité du fait d’autrui :
La responsabilité d’une personne physique ou morale peut être engagée du fait d’autrui. Cette
responsabilité a une double fonction :
• Elle permet une protection de la victime à travers la recherche du coupable ;
• Elle permet par ailleurs d’obliger les personnes responsables à surveiller ceux dont ils ont
la charge.
Une responsabilité est établie à l’égard des mineurs (entendus au sens large, c’est-à-dire la
responsabilité des parents, des artisans, des instituteurs ordinairement envers des mineurs) ainsi
qu’à l’égard des préposés, ordinairement des majeurs.
Article 79 : « l’Etat et les municipalités sont responsables des dommages causés directement par
le fonctionnement de leurs administrations de leurs administrations et par les fautes de services
de leurs agents ».
Article 80 : « les agents de l’Etat et des municipalités sont personnellement responsables des
dommages causés par leur dol ou par des fautes lourdes dans l’exercice de leurs fonctions ».
Article 85 : « on est responsable non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait,
mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre ».
➢ Le père et la mère après le décès du mari : sont responsables du dommage causé par
leurs enfants mineurs habitant avec eux.
➢ Les maitres et les commettants, du dommage causé par leurs domestiques et préposés
dans les fonctions auxquelles ils les ont employés ;
➢ Les artisans, du dommage causé par leurs apprentis pendant le temps qu’ils sont sous leur
surveillance.
La responsabilité ci-dessus a lieu à moins que les pères et mères et artisans ne prouvent qu’ils
n’aient pu empêcher le fait qui donne lieu à cette responsabilité.
➢ Qu’ils ont exercé sur ces personnes toute la surveillance nécessaire ;
➢ Ou qu’ils ignoraient le caractère dangereux de la maladie de l’insensé ;
➢ Ou que l’accident a eu lieu par la faute de celui qui en été la victime.
Article 85 bis : les instituteurs et les fonctionnaires du service de la jeunesse et des sports sont
responsables du dommage causé par les enfants et jeunes gens pendant le temps qu’ils sont sous
leur surveillance. Les fautes, imprudences ou négligences invoquées contre eux, comme ayant
causé le fait dommageable, devront être prouvées conformément au droit commun par le
demandeur à l’instance.
c. La responsabilité du fait de la chose :
Article 88 : « chacun doit répondre du dommage causé par les choses qu’il a sous sa garde,
lorsqu’il est justifié que ces choses sont la cause directe du dommage, s’il ne démontre :
➢ Qu’il a fait ce qui était nécessaire afin d’empêcher le dommage
➢ Et que le dommage dépend, soit d’un cas fortuit, soit d’une force majeure, soit de la faute
de celui qui en est victime ».
c.1. La responsabilité du fait des animaux :
Article 86 : « chacun doit répondre du dommage causé par l’animal qu’il a sous sa garde, même
si ce dernier s’est égaré ou échappé, qu’il ne prouve
➢ Qu’il a pris les précautions nécessaires pour l’empêcher de nuire ou pour le surveiller ;
➢ L’accident provient d’un cas fortuit ou de force majeure, ou de la faute de celui qui en a
été victime ».
Article 87 : « le propriétaire, fermier ou possesseur du fonds n’est pas responsable du dommage
causé par les animaux sauvages ou non sauvages provenant du fonds, s’il n’a rien fait pour les y
attirer ou les y maintenir ».
Il y a lieu de la responsabilité :
S’il existe dans le fonds une garenne, un bois, un parc ou les ruches destinés à élever ou à
entretenir certains animaux, soit pour le commerce, soit pour la chasse, soit pour l’usage
domestique.
c.2. Responsabilité du fait des bâtiments :
Article 89 : « le propriétaire d’un édifice ou autre construction est responsable du dommage
causé par son écroulement ou par sa ruine partielle, lorsque l’un ou l’autre est arrivé par suite de
vétusté, par défaut d’entretien, ou par le vice de la construction. Sa même règle s’applique au cas
de chute ou ruine partielle de ce qui fait partie d’un immeuble tel que les arbres, les machines
incorporées à l’édifice et autres accessoires réputés immeubles par destination. Cette
responsabilité pèse sur le propriétaire de la superficie, lorsque la propriété de celle-ci est séparée
de celle du sol ».
Lorsqu’il y a litige sur la propriété la responsabilité incombe au possesseur actuel de l’héritage.
Article 90 : « le propriétaire d’un héritage, qui a de justes raisons de craindre l’écroulement ou la
ruine partielle d’un édifice voisin, peut exiger du propriétaire de l’édifice, ou de celui qui serait
tenu d’en répondre, aux termes de l’article 89, qu’il prenne les mesures nécessaires afin de
prévenir la ruine ».
Article 91 : « les voisins ont action contre les propriétaires d’établissements insalubres ou
incommodes pour demander, soit la suppression de ces établissements, soit l’adoption des
changements nécessaires pour faire disparaître les inconvénients dont ils se plaignent ;
l’autorisation des pouvoirs compétents ne saurait faire obstacle à l’exercice de cette action ».
c.3. la garantie légale des défauts de la chose vendue :
Réglementées par les articles 549 à 575 du DOC :
Le vendeur garantit les vices de la chose qui en diminuent sensiblement la valeur, ou la rendent
impropre à l’usage auquel elle est destinée d’après le contrat. Les défauts qui diminuent
légèrement la valeur ou la jouissance, et ceux tolérés par l’usage, ne donnent pas ouverture à
garantie.
Le vendeur garantit également l’existence des qualités déclarées par lui. Ou qui ont été stipulées
par l’acheteur. Cependant, lorsqu’il s’agit de choses dont le véritable état ne peut être connu
qu’en les dénaturant, telles que les fruits en coque, le vendeur ne répond des vices cachés que s’il
s’y est expressément engagé, ou si l’usage local lui impose cette garantie.
Lorsqu’il s’agit des biens mobiliers autres que les animaux, l’acheteur doit examiner l’état de la
chose vendue aussitôt après l’avoir reçues et notifier immédiatement au vendeur tout défaut dont
celui-ci doit répondre, dans les sept jours qui suivent la réception. A défaut, la chose est censée
acceptée, à moins qu’il ne s’agisse des vices non reconnaissables par examen ordinaire, ou que
l’acheteur n’ait été empêché, ou une cause indépendante de sa volonté d’examiner l’état de la
chose vendue. Dans ce cas, es vices de la chose doivent être notifiés aussitôt après la découverte ;
à défaut est censée acceptée.
➢ L’acheteur peut poursuivre la résolution de la vente et la restitution du prix de la vente,
s’il préfère garder la chose, il n’a droit à aucune diminution de prix. Il a droit aux
dommages :
➢ Lorsque le vendeur connaissait les vices de la chose ou l’absence des qualités promises
par lui et n’a pas déclaré qu’il vendait sans garantie : cette connaissance est toujours
présumée lorsque le vendeur est un marchand ou un artisan qui vend les produits de l’art
qu’il exerce ;
➢ Lorsque le vendeur a déclaré que les vices n’existaient pas à moins qu’il ne s’agisse de
vices qui ne sont révélés qu’après la vente, ou que le vendeur pouvait ignorer de bonne
foi ;
➢ Lorsque les qualités dont l’absence est constatée avaient expressément stipulées ou
étaient requises par l’usage du commerce.
L’acheteur n’a droit à aucune restitution, ni diminution de prix, s’il ne peut restituer la chose,
dans les cas suivants :
➢ Si la chose a péri par cas fortuit ou par la faute de l’acheteur ou des personnes dont ce
dernier doit répondre ;
➢ Si la chose a été volée ou soustraite ;
➢ S’il a transformé la chose de manière qu’elle ne puisse plus servir à sa destination
primitive.
Cependant si le vice de la chose n’est apparu qu’au moment ou par suite de la manipulation,
l’acheteur conserve son recours contre le vendeur.
Le vendeur n’est point tenu des vices apparents, ni de ceux dont l’acheteur a eu connaissance ou
qu’il aurait pu facilement reconnaître. Le vendeur répond même des défauts que l’acheteur aurait
pu facilement reconnaître s’il a déclaré qu’ils n’existaient pas.
L’action rédhibitoire s’éteint :
➢ Si l’acheteur y a expressément renoncé après avoir eu connaissance du vice de la chose ;
➢ Si depuis que le vice lui a été connu, il a vendu la chose ou en a autrement disposé à titre
de propriétaire ;
➢ S’il l’a appliquée à son usage personnel et continu à s’en servir après avoir connu le vice
dont elle est affecté. Cette règle ne s’applique pas aux maisons et autres immeubles
analogues, que l’on peut continuer à habiter pendant l’instance en résolution de la vente.
Toute action résultant des vices rédhibitoires, ou du défaut des qualités promises, doit être
intentée, à peine de déchéance :
Pour les choses immobilières, dans les 365 jours après la délivrance ;
Pour les choses mobilières et les animaux, dans les 30 jours après la délivrance, pourvu qu’il ait
été donné au vendeur l’avis (dans les 7 jours). Ces délais peuvent prolongés ou réduits d’un
commun accord par les parties.
Cas de vente d’un ensemble de bien :
Lorsque la vente a pour objet un ensemble de choses déterminées et qu’une partie en est viciée,
l’acheteur a le droit de se prévaloir de la faculté qui lui est accordée, lorsque la vente a pour objet
des choses fongibles, le vendeur ne peut exiger que la délivrance d’une quantité de choses de la
même espèce, exemptes des défauts constatés, sauf son recours pour les dommages, si le cas y
échait.
Si la vente a pour objet plusieurs choses différentes achetées en bloc et pour un prix unique,
l’acheteur peut, même après délivrance, faire résilier la vente pour la partie défectueuse de ces
objets et se faire restituer une partie proportionnelle du prix : cependant, lorsque les objets ne
peuvent être séparés sans dommage, par exemple, lorsqu’ils forment une paire, il ne peut faire
résilier le marché que pour le tout.
La résolution à cause du défaut de la chose principale s’étend aussi aux accessoires, même
lorsque le prix en a été fixé séparément.
Le vice de la chose accessoire ne résout pas la vente de la chose principale.
La diminution du prix se fait en établissant, d’une part, la valeur de la chose à l’état sain au
moment du contrat et, d’autre part, la valeur qu’elle a en l’état où elle se trouve.
Lorsque la vente a pour objet plusieurs choses achetées en un lot unique, l’évaluation se fait sur
la base de la valeur de toutes les choses constituant le lot.

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