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RÉPUBLIQUE DU BÉNIN
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MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE (MESRS)
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UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE L’AFRIQUE DE L’OUEST
UNITÉ UNIVERSITAIRE Á COTONOU (UCAO – UUC)
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FACULTÉ DE DROIT ET D’ÉCONOMIE (FDE)
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Domaine : Sciences Juridiques et Politiques
Mention : Sciences Juridiques
Spécialité : Droit
MÉMOIRE DE FIN DE FORMATION POUR L’OBTENTION DU DIPLÔME
DE LICENCE
SUJET :
AVERTISSEMENT
L’UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE
L’AFRIQUE DE L’OUEST N’ENTEND
DONNER NI APPROBATION NI
IMPROBATION AUX OPINIONS ÉMISES
DANS CE MÉMOIRE. CES OPINIONS
DOIVENT ÊTRE CONSIDÉRÉES COMME
PROPRE A LEURS AUTEURS.
DÉDICACES
Je dédie ce travail,
A ma très chère mère BOKO Estelle A. G.
Ce travail est le fruit de toutes tes nombreuses nuits d’insomnie. Aucune expression,
aussi bien élaborée qu’elle soit, ne pourrait traduire ma profonde gratitude et ma
reconnaissance pour toutes ces années de sacrifices et de dévouement. Que Dieu te
protège, te comble de santé et te donne longue vie afin que tu puisses bénéficier du
résultat de ce travail.
Tu fais partie des pères dont la réussite de leurs enfants est leur préoccupation
première. Ce travail est le résultat de tes innombrables encouragements, conseils et
tous les sacrifices que tu as consentis pour mon éducation et mon bien-être. Ton
soutien moral, financier et matériel n’ont fait défaut en aucun moment. Que Dieu te
donne longue vie et bonne santé.
REMERCIEMENTS
de licence.
SIGLES
CNUDM : Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer
RÉSUMÉ
La piraterie maritime est un acte perpétré à des fins privées sur un navire en
haute mer, avec usage de violence créant ainsi des dommages économiques. Il
ne peut être conçu que par l’implication de deux navires. Trois critères
importants définissent la piraterie maritime : un acte de violence ou de
détournement ; une finalité privée qui suppose que l’acte a été commis à des
buts personnels et non lucratives ; l’acte perpétré en haute mer ou dans une zone
ne relevant de la juridiction d’aucun État. Le mécanisme de répression de la
piraterie maritime au Bénin est gouverné par ses lois qui suivent : la loi n°2010-
11 du 07 mars 2011 portant code maritime en République du Bénin, la loi
n°2018-16 portant code pénal en République du Bénin, la loi n°2020-07
modifiant et complétant la loi n°2018-13 du 02 Juillet 2018 portant création de
la Cour de Répression des Infractions Économiques et Terrorisme (CRIET), et le
code de procédure pénale en République du Bénin. Le Bénin a participé à la
convention des Nations Unies sur le droit de la mer conclu à MONTEGO BAY
le 10 décembre 1982 et entrée en vigueur le 16 novembre 1994. La convention
des Nations Unies sur le droit de la mer est l’instrument type de la répression
des actes de criminalité maritime dans le monde. Une étude comparative entre
les textes internes béninois et les normes internationales auxquels le Bénin a lui-
même participé montre que les textes applicables au Bénin sont dépassés et ne
cadrent plus avec les normes internationales. Ce déphasage avec les Traités au
Bénin présente un mécanisme de répression insuffisant. Des réformes s’avèrent
donc être importante en vue d’une bonne gestion de la piraterie maritime au
Bénin.
SOMMAIRE
INTRODUCTION……………………………………………………………...............1
CONCLUSION...………………………………………………….………………….61
INTRODUCTION
La préservation de la libre circulation des personnes et des biens est un des gages du
développement du trafic maritime. Dès lors, toute volonté de contre carrer cette liberté
en mer est regardée comme une atteinte à un droit fondamental : la liberté de
navigation. Ainsi, il est devenu impératif, comme dans tous les modes de transport,
d’assurer un niveau de sureté suffisant, surtout que la nature du milieu marin rend
celui-ci particulièrement propice à la prolifération des menaces transnationales 1. En
effet, la mer espace inhabitable, est par ailleurs inoccupable, de ce fait, difficilement
contrôlable par la puissance publique. En conséquence, elle représente un espace de
liberté pour les acteurs non étatiques malintentionnés qui peuvent évoluer dans un
espace vaste sans rencontrer de contraintes policières excessives. De plus, au niveau
juridique, la convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer, signée à Montego
Bay en 1982 et entrée en vigueur en 1994, établit que la souveraineté des États s’arrête
désormais à 12 milles nautiques de mer territoriale, complétée par une Zone
Economique Exclusive (ZEE) ne pouvant excéder 200 milles. Agir dans une zone sous
souveraineté étrangère (telle que la mer territoriale d’un autre État) représente alors
une violation du droit international. En haute mer la liberté de la navigation s’exerce
dans les conditions prévues par les dispositions de la convention des Nations Unies sur
le droit de la mer et les autres règles du droit international2. Assimilée à la haute mer et
considérée comme le premier délit pénal international la piraterie maritime suscite un
choc entre droit international et droit pénal. Un tel choc résulte d’une part du
développement des besoins de sécurité indispensable aux échanges maritimes et
d’autre part des risques de plus en plus importants liés à la multiplication des activités
illicites en mer.
1
Menaces d’envergure internationales qui concernent plusieurs nations et qui perturbe la paix et la sécurité
internationales
2
Partie VII de la CNUDM réservée aux dispositions organisant la navigation en haute mer.
l’article 101 de la convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982, elle
reprend très largement la définition de la convention de 1958 en définissant l’acte de
piraterie comme une attaque perpétrée à des fins privées sur un navire en haute mer,
avec usage de la violence, détention illégale de personnes ou de propriétés, ou vol et
destruction de bien3. La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer considère
la haute mer « comme tout espace maritime ne relevant de la juridiction d'aucun État
»4.
l'équipage d'un navire béninois qui le livre à des pirates ou à l'ennemi»5. La piraterie
maritime est ainsi un acte exclusivement commis en haute mer, impliquant l’usage de
la violence, venant de l’extérieur du bâtiment et commis à des fins privées ; qui ne
sauraient donc être que de lucre. Elle est aussi l’attaque ou l’arraisonnement des
navires en haute mer par des bandits ou des hors la loi, appelés des pirates, en vue du
dépouillement ou sabotage, détournement des navires 6. Les pirates sont ainsi donc des
personnes physiques qui sont forcément des marins bandits qui parcourent les mers
pour dépouiller d’un lieu des biens, des richesses qui s’y trouvent en usant de violence,
causant des destructions.
Cette criminalité, bien qu’emblématique en haute mer, peut également être commise
dans les eaux qui appartiennent à un état souverain, cas de l’approche du Bénin. Une
analyse comparative du code maritime béninois et du traité international ratifié par le
Bénin démontre une divergence vis-à-vis de la qualification de la piraterie maritime.
Dans l’espace, il est donc important de remarquer que le code maritime en République
du Bénin n’a pas adopté la définition de la piraterie maritime prévu par la convention
des Nations Unies sur le droit de la mer en ce sens qu’il présente juste une infirme
partie des éléments caractéristique de l’infraction et donc créant ainsi une insuffisance
dans le système de la répression de celui-ci. La piraterie en effet trouve bon nombre de
ses éléments caractéristiques dans les infractions courantes telles que le vol, le
détournement, le meurtre, l’assassinat, le rançonnage. La piraterie maritime est alors la
transposition des infractions commises au quotidien au plan maritime en ajoutant
l’utilisation de navires pirates ou non en haute mer.
La piraterie est galopante dans le Golfe de Guinée, et les attaques se multiplient aux
larges des côtes béninoises. Courant novembre 2019, neuf marins qui attendaient en
rade du port autonome de Cotonou ont été enlevés par des pirates «le navire BONITA
dont on ne connait pas la nationalité de l’armateur et du pavillon a été attaqué à
environ 9 milles de la passe d’entrée du port et 8 membres de l’équipage plus le
5
Article 643 de la loi N°2010-11 portant Code Maritime en République du Bénin
6
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/transv/Mobil/popup/Piraterie.htm , consulté le 01 février
2020
La piraterie maritime qui est une infraction internationale, son régime juridique n’est
pas la même dans tous les États. C’est le cas par exemple de la conception de la
piraterie maritime par les États de l’Afrique de l’Ouest et ceux de l’Afrique Centrale.
Les États de l’Afrique de l’ouest adoptent une conception large de la piraterie
maritime tandis que les États de l’Afrique centrale adoptent la conception restrictive de
la Convention de Montego Bay selon laquelle, la qualification de piraterie est limitée
aux actes illicites commis en haute mer ou dans un lieu ne relevant d’aucune
souveraineté étatique.
7
https://www.jeuneafrique.com/851379/politique/benin-neuf-marins-enleves-en-rade-du-port-de-
cotonou/#:~:text=%C2%AB%20Samedi%20matin%2C%20le%202%20novembre,a%2Dt%2Don%20pr%C3%A9cis
%C3%A9, publié par jeune Afrique avec AFP le 04 novembre 2019
8
https://benin24tv.com/port-de-cotonou-le-gouvernement-prend-un-decret-pour-la-securisation-des-espaces-
maritimes/, publié le 8 novembre 2019 par Bénin24TV
9
https://lanouvelletribune.info/2020/06/les-pirates-attaquent-le-navire-panofi-frontier-au-large-du-benin-6-
marins-enleves/, publié par Benjamin Lawson
Nigeria totalise 250 attaques tandis que les eaux au large de la Somalie (y compris le
golfe d’Aden et la mer Rouge) en enregistrent 356. Ces deux pays sont suivis de la
Tanzanie, qui n’a répertorié que 78 cas d’attaques sur la même période. Le niveau de
violence des attaques atteint en Somalie et au Nigeria est beaucoup plus élevé que dans
les autres pays africains. Les pirates de ces deux pays sont mieux équipés en armes à
feu, en particulier les Somaliens qui, pour beaucoup, disposent de fusils automatiques
et de lance-roquettes. Les pirates somaliens et nigérians sont également responsables
de la totalité des trente meurtres de membres d’équipage enregistrés dans les eaux
africaines entre 1998 et 2008, et de plus de 60 % des dommages corporels causés aux
victimes10.
Cette étude qui constitue le couronnement de notre formation en licence de droit nous
parait intéressante à un triple point de vue : du point de vue scientifique, à travers cette
étude nous mettrons à la portée des chercheurs un document pour comprendre les
conséquences sécuritaires, provoqués par les actes de piraterie maritime dans le Golfe
de Guinée notamment au Bénin qui interviennent à la suite de l’inaction des États
côtiers, d’un manque d’effectivité de coopération, et de la faiblesse des législations
internes. Du point de vue social et pratique, la présente étude se veut être un des outils
mis à la disposition des États et des organisations aussi bien nationales
qu’internationales épris du besoin d’apporter une réponse coordonnée au niveau
national, régional et international, aux activités maritimes illégales et pour éradiquer à
jamais la piraterie maritime qui retarde l’économie du Bénin et de la région. Au regard
de l’ampleur du phénomène, aucun pays de la région ne semble en mesure de résoudre
seul le problème de l’insécurité maritime. Un nombre croissant d’attaques se
produisent en effet au-delà des limites des eaux territoriales des États, d’où la nécessité
de coopérer dans la lutte contre la piraterie maritime. De plus, si cette coopération
n’est pas effective, on peut constater la montée de l’inflation, car si les pirates
s’attaquent aux navires transportant des marchandises résultant de l’exportation ou de
l’importation, celles qui auront pu s’acheminer sur le territoire sans attaque pirate
coûteront davantage chères. Cette situation entrainerait une insécurité alimentaire due
10
Ces chiffres sont tirés des rapports annuels du BMI entre 1993…https://www.cairn.info/revue-politique-
africaine-2009-4-page-97.htm - no6
à la cherté de la vie sans tous les pays enclavés. Enfin, cette étude ne saurait manquer
de traduire notre point de vue de voir une sous-région Golfe de Guinée paisible à vivre
où le partage de renseignements et l’échange de vues sur les questions maritimes
deviennent le quotidien des États de la sous-région. Pour que ce triple intérêt
apparaisse sans ambigüité, ce travail doit être judicieusement délimité.
La piraterie maritime s’avère être une forme de criminalité maritime qui suppose
l’intervention des pirates qui ne sont rien d’autre que des marins attaquent les navires
soit en les détournant, soit en les rançonnant en haute mer. La piraterie fait perdre 2
milliards de dollars par an à la seule économie de la sous-région Afrique de l’Ouest11.
Les conséquences néfastes du phénomène touchent aussi bien les Etats côtiers que les
Etats sans littoral, lesquels dépendent tous du commerce maritime pour leurs
exportations et importations. Un auteur affirme que « Le pirate maritime n’est qu’un
marin qui devient un loup pour le marin »12. Au regard de tous ces constats, il y a lieu
de se poser la question suivante. Quel est le régime juridique de la répression de la
piraterie maritime en droit Béninois ? L’arsenal répressif est-il suffisant pour reculer
les frontières de la piraterie au Bénin ? La problématique de notre sujet est donc de
présenter le mécanisme de répression et l’encadrement juridique de la piraterie
maritime au Bénin.
Pour y répondre nous utiliseront des procédées de la technique documentaire qui nous
conduira à collecter les textes juridiques en rapport avec notre sujet d’étude (traités,
lois, rapports et articles, doctrine, etc.) afin de les soumettre à une analyse avec les
conventions internationales. Ainsi pour apporter plus de précision à notre sujet qu’est
la piraterie maritime au Bénin nous présenterons dans une première partie
l’encadrement juridique de la lutte contre piraterie maritime (I) et dans une seconde
partie les limites de l’encadrement juridique béninois en matière de piraterie maritime
(II).
11
Page 12 du Rapport Afrique n°195 de l’International Crisis Group, paragraphe 34.
12
Jean Sylvain Ngaka, Expert maritime, juriste, Congo, Pointe-Noire
Première partie :
ENCADREMENT JURIDIQUE
DE LA LUTTE CONTRE LA
PIRATERIE MARITIME AU
BENIN
« nullum crimen nulla poena sine lege » c’est à dire pas de crime, pas de peine sans
texte de loi. Au regard de ce principe et vue la dimension mondiale du phénomène et
ses conséquences sur la stabilité des États et du monde, il est donc impératif qu’une
base légale internationale soit établie afin de régir la lutte contre cette infraction. Le
présent chapitre sera le cadre de présenter le cadre légal de la piraterie maritime. Ainsi,
nous procéderons d’une part la présentation du cadre normatif de la piraterie maritime
(Section 1) et d’autre part de la matérialisation de la piraterie maritime (Section 2).
Le phénomène de la piraterie maritime est régi tant par le droit international que par le
droit interne de chaque état. Cette première section permettra donc de présenter les
normes internationales (Paragraphe 1) et d’autre part les instruments juridiques
nationaux (Paragraphe 2).
• Définition de la piraterie
i) contre un autre navire ou aéronef, ou contre des personnes ou des biens à leur
bord, en haute mer ;
ii) contre un navire ou aéronef, des personnes ou des biens, dans un lieu ne
relevant de la juridiction d'aucun État ;
c) tout acte ayant pour but d'inciter à commettre les actes définis aux lettres a) ou
b), ou commis dans l'intention de les faciliter.
- la zone géographique : qui est soit la haute mer, soit dans un lieu ne relevant de la
juridiction d'aucun État, soit dans la zone économique exclusive conformément à
l’alinéa 2 de l’article 5813 ;
- La qualification selon le type d’acte c'est-à-dire que l’acte doit être un acte illicite de
violence ou de détention ou de déprédation, de participation à l’acte de violence, et
d’incitation à le commettre ou à le faciliter ;
13
Art 58 sur les droits et obligations des autres états dans la zone économique exclusive en son alinéa 2
dispose : les articles 88 à 115, ainsi que les autres règles pertinentes du droit international, s’appliquent à la
zone économique exclusive dans la mesure où ils ne sont pas incompatibles avec la présente partie
14
Art 103 de la CNUDM « Sont considérés comme navires ou aéronefs pirates les navires ou aéronefs dont les
personnes qui les contrôlent effectivement entendent se servir pour commettre l'un des actes visés à l'article
• La criminalisation de la piraterie
La CNUDM ne prévoit pas dans ses dispositions les sanctions à infliger aux auteurs de
la piraterie. Mais elle autorise par le biais de l’article 105, les États à arrêter et à
poursuivre les auteurs d’actes de piraterie et à fixer les peines applicables selon la
nature du délit. Ce qui implique que la piraterie, telle que définie à l’article 101 doit
être érigée en infraction dans le droit interne de tout État.
• La compétence universelle
L’article 105 décrit les mesures spécifiques que les états peuvent prendre pour
réprimer la piraterie en haute mer ou tout autre lieu ne relevant de la juridiction
d’aucun état, il s’agit notamment de la saisie du navire ou aéronef pirate, de la saisie
de biens à bord, d’appréhender les personnes et de se prononcer sur les peines à
infliger ainsi que les mesures à prendre. Selon l’article 107 de la CNUDM, seuls les
navires de guerre ou aéronefs militaires ou ceux qui portent des marques extérieures
101. Il en est de même des navires ou aéronefs qui ont servi à commettre de tels actes tant qu'ils demeurent
sous le contrôle des personnes qui s’en sont rendues coupables.
15
L’article 105 de la CNUDM dispose : tout état peut en haute mer ou en tout autre lieu ne relevant de la
juridiction d’aucun état 1) saisir un navire ou un aéronef pirate, ou un navire ou un aéronef capturé à la suite
d’un acte de piraterie et aux mains de pirates ; 2) appréhender les personnes et 3) saisir les biens se trouvant à
bord. Les tribunaux de l’état qui a opéré la saisie peuvent se prononcer sur les peines à infliger, ainsi que les
mesures à prendre en ce qui concerne le navire, l’aéronef, l’aéronef ou les biens, réserve faite des tiers de
bonne foi.
indiquant clairement qu’ils sont affectés à un service public et qui sont autorisés à cet
effet16 sont habilités à visiter le navire et faire une saisie pour cause de piraterie17.
L’arraisonnement d’un tel navire en haute mer n’est possible que s’il y a des raisons
sérieuses de soupçonner qu’il se livre à des actes illicites18.
La coopération internationale
En l’espèce la CNUDM dispose en son article 100 que :« tous les états coopèrent dans
toute la mesure du possible à la répression de la piraterie ». Un état qui tout en ayant
l’occasion de prendre des mesures contre les pirates, négligerait de le faire, violerait un
devoir que le droit international lui impose 19.
Les dispositions de l’article 100 sont également soutenues par plusieurs résolutions du
Conseil de Sécurité des Nations Unies et de l’Assemblée Générale de l’ONU,
notamment les résolutions 1816 (2008), 1814(2008) sur la région de la Somalie, et les
résolutions 2018(2011) et 2039(2011) en ce qui concerne la région du Golfe de
Guinée. Ces résolutions insistent sur l’importance de la coopération au niveau
mondial, régional, sous régional et bilatéral pour réaliser l’objectif de la prévention et
la répression de la piraterie et du vol à main armée 20. A cet effet, la résolution
A/RES/37 de l’Assemblée générale de l’ONU invite les États à prendre les mesures
requises dans le cadre de leurs législations internes pour faciliter l’arrestation et le
jugement des auteurs présumés, et engage vivement tous les états à lutter activement
en coopération avec l’OMI en adoptant des mesures et en se dotant d’une législation
nationale21. Au terme de la présentation de la convention des nations unies sur le droit
de la mer, étudions le code ISPS (International Ship and Port Facility Security).
16
Au sens de l’article 29 de la convention, un navire de guerre est un ‘’navire qui fait partie des forces armées
d’un état et porte les marques extérieures distinctives des navires militaires de sa nationalité, qui est placé
sous le commandement d’un officier de marine au service de cet état et inscrit sur la liste des officiers ou un
document équivalent, et dont l’équipage est soumis aux règles de la discipline militaire’’.
17
Article 107 de la CNUDM
18
Article 110 de la CNUDM
19
Se rapporter au document A/CN.4/104.P.282
20
UNGAR A/RES/59/24 paragraphe 47, A/RES/60/30 para 50, A/RES/ 64/71 para.69 & 76,
A/RES/65/37A paragraphe 82 & 89, A/RES/66/231 paragraphe 81.
21
Résolution 65/37 de l’Assemblée générale de l’ONU, en date du 07 décembre 2010, paragraphe 86
LE CODE ISPS
Doté de deux parties dont l’une obligatoire (A) et l’autre facultative (B), le code
impose aux gouvernements contractants, depuis sa date d’entrée en vigueur, le 1er
juillet 2004, la mise en œuvre des prescriptions de la partie A, aux fins de garantir la
sûreté du système de transport maritime mondial22. Ainsi, dans l’optique d’assurer une
meilleure application desdites prescriptions par les acteurs concernés, tout état partie à
la convention SOLAS est obligé de désigner une autorité en charge de veiller à
l’application du code (autorité désignée) et de transcrire les dispositions relatives aux
responsabilités des gouvernements et les obligations des compagnies dans le droit
internes.
En réponse à l’appel de coopération lancé par le Conseil de Sécurité des Nations Unies
dans la résolution 2018, un accord de coopération bilatéral a été conclu entre le
Nigeria et le Benin en 2011. Il s’agit d’un accord signé par les chefs d’états des pays
concernés. L’objectif de cet accord militaire de patrouille conjointe est d’assurer la
sécurisation des espaces maritimes des deux états. Ce programme, appelé Opération
22
Se rapporter à l’avant-propos du code ISPS, para.2
23
https://undocs.org/pdf?symbol=fr/S/2012/45 ; Lettre datée du 18 janvier 2012, adressée au Président du
Conseil de sécurité par le Secrétaire général ; rapport de mission
Le Code maritime est la loi qui régit les activités maritimes et portuaire au Bénin. Il
constitue à cet effet, l’un des instruments juridiques dont dispose le Bénin en matière
de répression de la piraterie, telle que définie en ses articles 643 et 64424. Plusieurs
définitions du pirate sont données par ces 2 articles.
Ainsi, conformément à ces articles, seront poursuivis et jugés comme pirates sous la
loi n° 2010-11 du 11 mars 2011 portant code maritime en République du Bénin en ces
termes ci-dessous. Est poursuivi pour crime de piraterie:« tout individu faisant partie
de l'équipage d'un navire armé militairement et naviguant sans avoir été muni pour le
voyage d'un passeport, rôle d'équipage, commission ou autres actes constatant la
légitimité de l'expédition; tout capitaine d'un navire armé militairement et porteur de
commissions délivrées par deux (02) ou plusieurs puissances ou États différents; tout
individu faisant partie de l'équipage d'un navire battant pavillon de la République du
Bénin, qui commet à mains armées des actes de déprédation ou de violences, soit
envers des navires béninois ou des navires d'une puissance avec laquelle la République
du Bénin n'est pas en état de guerre, soit envers les équipages ou chargements de ces
navires; tout individu faisant partie de l'équipage d'un navire étranger, lequel, hors
l'état de guerre et sans être pourvu de lettres de marque ou de commissions régulières,
commet les actes visés à l'alinéa précédent envers des navires béninois, leurs
équipages ou chargements; le capitaine et les officiers de tout navire quelconque qui
ont commis des actes d'hostilité sous un pavillon autre que celui de l'État dont ledit
navire a commission; tout Béninois qui, ayant obtenu, même avec l'autorisation du
Gouvernement, commission d'une puissance étrangère pour commander un navire
armé militairement, commet des actes d'hostilité envers des navires béninois, leurs
équipages ou leurs chargements:
- tout individu faisant partie de l'équipage d'un navire béninois qui tente de s'emparer
dudit navire par fraude ou violences envers le capitaine :
- tout individu faisant partie de l'équipage d'un navire béninois qui le livre à des pirates
ou à l'ennemi. Une telle définition de la piraterie ne s’inscrit malheureusement pas
dans le cadre de celle établie par la CNUDM. »
24
Se rapporter au document annexe, relatif au code maritime en république du Bénin
Le code pénal béninois est un instrument juridique national de répression de toutes les
infractions de droit commun. Le code pénal est la loi qui régit les modalités de
qualification de répression et d’incrimination des actes délictueux qui sont classés en
trois catégories à savoir : les contraventions, les délits et les crimes. Ainsi seul la loi à
compétence pour déterminer les crimes et délits et les peines applicables à leurs
auteurs d’après l’article 2 alinéa 1 du code pénal. Ainsi l’acte commis par le pirate, tel
que défini dans le code maritime est qualifié de crime selon le code pénal.
25
Conformément à l’article 644 du code maritime
26
Voir article 12 du Code pénal annexe
ou des biens avec une finalité privée et enfin se trouvant en haute mer ou dans un
espace maritime ne relevant de la juridiction d’aucun État.
27
Article 15 de la Convention de Genève sur la Haute mer et l'article 101 de la Convention de MONTEGO BAY.
28
BOUDONG Nathalie. La piraterie maritime moderne, mémoire de Master II Professionnel Droit Maritime et
des Transports Année universitaire 2008-2009. Université Paul CEZANNE III., 211 p., p. 46
29
Capitaine de vaisseau Peter AVIS et IAIN GRANT « La sécurité maritime et la culture de la prévention au
Canada », Revue militaire canadienne, hiver 2004-2005, 75 p, pp. 55-64. ; BASTIDBURDEAU G., « Migrations
clandestines et droit de la mer », in La Mer et son droit, Mélanges offerts à Laurent Lucchini et Jean-Pierre
QUENEUDEC, Paris, PEDONE, 2003,100 p, pp. 57-66. ; ABDELWAHAB BIAD, « La lutte contre la prolifération des
armes de destruction massive à la croisée des chemins », AFRI, vol.5, 2004, 70 p, p. 50. ; BONASSIES P., « Faut-il
abroger l’avis du Conseil d’Etat du 28 octobre 1806 ? », in La Mer et son droit, Mélanges offerts à Laurent
Lucchini et Jean-Pierre QUENEUDEC, Paris, PEDONE, 2003,130 p. pp. 101 – 109.
La finalité privée
30
GIDEL G. Droit international public de la mer, Paris, RDPI, 1932, 653 p, pp. 256-257 ; voir aussi D. Weber, «
Hobbes, les pirates et les corsaires. Le “Léviathan échoué” selon Carl Schmitt », Londres, Astérion, n° 2,
2004,704 p. p. 295-322.
31
Jean COMBACAU et Serge SUR, Droit international public, Paris, Montchrestien 2001, 700 p. PP. 213. ; STEFA
G. LEVASSEU G. R et BOULOC B, Droit pénal général Paris Dalloz 1994, 840 p. pp. 289 et s. voir aussi, Chauveau
J.-P., « Une histoire maritime africaine est-elle possible ? Historiographie et histoire de la navigation et de la
pêche africaines à la côte occidentale depuis le XVe siècle », Paris, Cahiers d’études africaines, n° 101- 102,
1986, 400 p, p. 173-235.
haute mer, ni dans les lois internes même si les travaux préparatoires donnent des
pistes. Ainsi pour comparer le terrorisme et la piraterie, les actes de violence maritime
commis à des fins politiques, ethniques, religieuses sont qualifiés d'actes de terrorisme.
Les mêmes actes de violence commis à des fins privées sont qualifiés de piraterie ou
de brigandage selon la zone géographique dans laquelle ils ont été perpétrés. Quand on
parle de commission à des fins privées c’est qu’ils doivent être faite dans l’objectif de
profiter personnellement a ceux qui les ont faites, ainsi ressort le sens du terrorisme
qui lui vise une fin politique, économiques…
32
Hansen S.J., « Piracy in the greater Gulf of Aden. MYTHS, MISCONCEPTION AND REMEDIES”, NIBR Report
2009 :29, octobre 2009, consultable sur http://www.nibr.no, 350 p. pp. 56-61 ; BACONNET A., « La Corne de
l’Afrique : un carrefour stratégique », Défense nationale, n° 10, 2009, p. 48 ; Marchal R., « Flibustiers ou
corsaires ? Des enjeux de l’opération maritime internationale contre la piraterie à proximité des côtes
somaliennes », Politique africaine N° 116, décembre 2009, p. 92 ; Kouchner B., « Sécurité maritime : France-
Emirats arabes unis », n° 10, 2009, p. 13
33
Le golfe de Guinée : Nouvelle zone à haut risque, Rapport Afrique N°195 - 12 décembre 2012 P. 1. ; FRECON
E., « Le retour des pirates. La piraterie maritime au large de l’Indonésie et de la Somalie », La vie des idées, 4
septembre 2009, http://www.laviedesidees.fr/le-retour-despirates.html, p.7. ; Heller-ROAZEN D., L’ennemi de
tous. Le pirate contre les nations, Paris, Editions du Seuil, 2010.
34
HARBOURG J. M., Droit international public, Québec, 3è édition Yvon Blais Inc. 1997 765 p, p. 293.
35
CUDENNEC A., « Terrorisme et piraterie maritimes : l’UE affirme son statut d’acteur maritime international »,
Revue du Marché commun et de l’Union européenne, n° 532, octobre-novembre 2009, 803 p, p. 602.
purement historique, en ce sens que le régime juridique de ces espaces a connu des
variations rythmées au gré de l'évolution du droit.
36
12 milles pour la mer territoriale, 12 milles pour la zone contiguë et 176 milles pour la zone économique
exclusive.
37
52 États avaient voté en faveur des 3 milles, alors que la majorité des deux tiers était de 54, quand 33
s'étaient prononcé contre. 80 En outre, 4 États avaient une mer territoriale de 4 milles, 12 de 6 milles, 2 de 10
milles, et 2 (Pérou et Salvador) de 200 milles.
38
Convention de 1958 sur la mer territoriale et la zone contiguë, précitée, note 14, article 24(2).
39
Id., article 33(2)
opté pour la création d’une telle zone au large de leurs côtes 40. C’est dire que la
coutume est assez bien établie en la matière, ou, à tout événement.
40
Une dizaine d'États disposent en effet d'une zone contiguë dont la limite extérieure est inférieure à 24 milles
des lignes de base, alors même que la plupart d'entre eux ont une mer territoriale de 12 milles.
La répression des actes de piraterie maritime n’est possible que s’il existe, à côté de
l’incrimination de ce crime, un droit de sanction. Or en l’état actuel du droit
international de la mer, aucun dispositif relatif aux sanctions pénales contre les actes
de piraterie n’est prévu. Dès lors, les actes de piraterie maritime ne sont punis par le
droit international que par référence aux droits interne des États. Ainsi, le pirate étant
considéré comme « l’ennemie du genre humain » ou « l’ennemi commun de toutes les
races et de tous les peuples »41, une bonne partie de la doctrine soutient qu’il
s’applique sur lui le système de « répression nationale par dévolution complète du
droit international »42. La répression de la piraterie en mer est axée sur des bases
juridiques (Section 1) et un cadre institutionnel et opérationnel (Section 2).
Il convient de retenir en la matière, que le législateur béninois n’a pas encore intégré la
définition de la piraterie prescrite à l’article 101 de la Convention de MONTEGO
BAY (CMB) dans les textes internes. Les quatre actes constitutifs43 de l’infraction de
piraterie ne sont donc pas contenus dans chacune des définitions retenues par la loi.
Néanmoins pour répondre aux exigences du droit international pour la répression de la
piraterie, le législateur a intégré des modalités de répression, de compétence dans les
textes qui suivent : le code pénal, le code de procédure pénale, le code de procédure
civile commerciale sociale administrative et des comptes (CPCCSAC), le code
maritime et aussi des décrets complémentaires. Ainsi pour présenter le fondement
juridique de répression de la piraterie maritime on expliquera d’une part les principes
gouvernant sa répression (Paragraphe 1) et d’autre part les dispositions nationales de
sa répression (Paragraphe 2).
41
Cité par P. GLRERD ibid., p. 78.
42
André COLATRE-ZILGIEN, « La répression des infractions commises en haute mer en temps de paix », Extrait
de la Revue égyptienne de droit inter., n°15,1959, p. 21, 350p
43
Il s’agit de la qualification du type d’acte (illicite de violence, détention, déprédation, incitation à la
commission de l’acte, la facilitation à la commission). La zone géographique de la commission de l’infraction,
limitée seulement aux eaux territoriales, ces actes n’impliquent pas forcement deux navires et ne sont pas
commis à des fins privées
Ce principe repose sur des critères de compétence. Ainsi l’intervention des États dans
la traque des pirates se fait sur le fondement d’une compétence universelle. D’une part
suivant l’universalité du droit de punir en matière de répression de la piraterie
maritime et d’autre part selon la compétence universelle facultative en matière de sa
répression.
Alors que la CNUDM, codifiant le droit coutumier, s’en tient à permettre à tout État
d’exercer une compétence universelle en matière de piraterie44 (1), la question de
l’application à la piraterie de la convention antiterroriste dite « SUA » de 1988, qui
contient l’obligation d’extrader ou de poursuivre « aut dedere, aut judicare», est
débattue (2).
46
Le commentaire de la Commission du droit international sur son projet d’article 43, en 1956, devenu l’article
19 de la convention sur la haute mer, puis l’article 105 de la CNUDM n’apporte pas de précision
supplémentaire, expliquant seulement que « [c]et article donne à tout État le droit de saisir les navires pirates
(ainsi que les navires dont des pirates se sont emparés) et de les faire juger par ses tribunaux » (Rapport de la
CDI à l’Assemblée générale, Ann. CDI, 1956, vol. II., p. 283).
État contre un navire pirate en haute mer n’est pas limité à la saisie, mais s’étend
également au jugement du pirate, hostis humani generis. Elle confère en cela un titre
de compétence aux juridictions de l’État capteur pour juger le pirate47, sans exclure
pour autant qu’un autre exerce sa compétence au titre de son droit interne48. L’article
105 fait seulement « primer la compétence de l’État capteur sur celle de l’État du
pavillon du navire ou celle de l’État national des pirates », sans empêcher l’État
capteur de remettre l’individu à un autre État pour qu’il exerce sa compétence
répressive49.
47
L’article 105 constitue en effet une base de compétence que les juridictions nationales peuvent mettre en
œuvre, en l’absence d’une législation nationale, si leur ordre juridique le permet
48
On notera à cet égard que, si ce n’est pas le cas de la CNUDM, bien des conventions internationales en
matière pénale (notamment celles sur les infractions de terrorisme) précisent qu’elles n’excluent aucune des
bases de compétence que les États se reconnaissent dans leur législation. Voy. par exemple l’article 6, § 5 de la
convention « SUA » de 1988 pour la répression d’actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime.
49
La CNUDM crée ainsi une compétence quasi-universelle pour les États qui interpellent les pirates présumés.
50
y. L’article 3 de la convention.
idéologique. L’incrimination est donc ici bien plus large que l’infraction de piraterie,
d’autant que sont couverts les actes commis, sans l’implication de deux navires51, par
l’équipage ou les passagers d’un navire contre celui-ci ou les biens et passagers à bord.
Les États parties s’y engagent aussi à établir leur compétence (y compris universelle,
quoique conditionnée par la présence de l’auteur présumé des faits sur le territoire de
l’État) à l’égard de ces infractions, et même à exercer cette compétence à défaut
d’extrader l’individu vers un autre État le réclamant («règle aut dedere, aut
judicare»)52.Son application en matière de lutte contre la piraterie reste donc assez
trouble53 et, en toute hypothèse, subsidiaire, les actes commis à des fins privées
relevant en effet spécifiquement de la qualification de piraterie.
Le Bénin commence à se doter d’un arsenal juridique pour répondre aux exigences des
Nations Unies dans la lutte contre une certaine criminalité organisée qui emprunte de
plus en plus les routes maritimes. Il s'agit notamment du trafic illicite de stupéfiants,
du trafic illicite de migrants et de la piraterie maritime en haute mer en général. Cet
arsenal juridique commence à être intégré dans le droit interne béninois, pour l’instant
dans le Code Maritime mais qui doit être amendé pour se conformer et le Code Pénal,
dans le futur par le Projet de Loi relatif aux modalités d’exercice par l’État de ses
pouvoirs de police en mer. Comme nous le savons la piraterie maritime n'est pas une
infraction en elle-même mais est constituée par les infractions suivantes :
51
La convention SUA ne couvre pas seulement les actes impliquant au moins deux navires, mais également les
actes perpétrés à bord d’un seul navire.
52
Aux termes de l’article 6 § 4 : « [t]out État Partie prend les mesures nécessaires pour établir sa compétence
aux fins de connaître des infractions prévues à l’article 3 dans les cas où l’auteur présumé de l’infraction se
trouve sur son territoire et où il ne l’extrade pas vers l’un quelconque des États Parties qui ont établi leur
compétence conformément aux paragraphes 1 et 2 du présent article ». Ainsi, selon l’article 7 § 1, « tout État
Partie sur le territoire duquel se trouve l’auteur ou l’auteur présumé de l’infraction assure la détention de cette
personne ou prend toutes autres mesures nécessaires pour assurer sa présence pendant le délai nécessaire à
l’engagement de poursuites pénales ou d’une procédure d’extradition »
53
Comme l’a souligné J.-P. Pancracio, « [a]u regard de la lutte contre la piraterie maritime, la convention de
1988 apparaît peu efficiente parce que trop marquée par le contexte de la lutte contre le terrorisme » et que «
du point de vue de la définition de la piraterie (…) elle apporte plus de confusion que d’éclaircissements »
(Droit de la mer, Dalloz, Paris, 2010, p. 447).
−l'association de malfaiteurs.
Les pirates une fois appréhendés sont détenus suivant les normes étatiques de chaque
État. Les actes de piraterie en haute mer sont recensés dans le carnet de bord du
commandant du navire qui le remets au préfet maritime dès son arrivée au port
autonome de Cotonou kit à eux d’apporter dans un bref délai la déclaration au
procureur de la république afin de saisir le parquet. La peine maximale encourue pour
ces infractions sera comprise entre 20 ans de réclusion criminelle et la réclusion
criminelle à perpétuité selon les circonstances aggravantes (prise d'otages,
séquestration suivie de mort, minorité de la victime, etc…). En ce qui concerne son
incrimination, ces infractions sont poursuivies et punis conformément aux dispositions
du code pénal. Les mêmes peines sont appliquées aux complices. Le tribunal
compétent peut ordonner la confiscation et la vente du navire pirate au profit de l'État.
Dans le code pénal il existe des infractions qui entrent dans le domaine de la piraterie
comme le cas des associations de malfaiteurs prévu par les articles 449, 450, 451,452
54
, les menaces aux articles 508, 509,564,56655 ; les violences aux articles 626, 62956 ;
le recel aux articles 839,84057.
Plusieurs actions ont été menées à ce jour pour apporter une réponse à l’insécurité
maritime, tant au niveau national que régional. De la mise en place d’institutions
nationales soutenues par des organisations sous régionales et régionales aux initiatives
54
Voir annexe les articles du code pénal
55
Cf annexe
56
Cf annexe
57
Cf annexe
58
https://undocs.org/pdf?symbol=fr/S/2012/45;Lettre datée du 18 janvier 2012, adressée au Président du
Conseil de sécurité par le Secrétaire général ; rapport de la mission ; conseil de sécurité
Ces deux phases d'enquête spécifiques cessent soit, par la remise des personnes
retenues aux autorités d'un autre État conformément au droit international, soit, lorsque
60
Article 107 de la CNUDM <<Seuls les navires de guerre ou aéronefs militaires, ou les autres navires ou
aéronefs qui portent des marques extérieures indiquant clairement qu'ils sont affectés à un service public et
qui sont autorisés à cet effet, peuvent effectuer une saisie pour cause de piraterie>>
La troisième et dernière phase, dite « phase judiciaire », s'engage donc à l'arrivée sur
le sol béninois de ces personnes. La procédure judiciaire reprend ainsi son cours
normal. Les services (Police Républicaine) chargés de la police judiciaire agissent
alors en conformité avec le code de procédure pénale.
La phase administrative :
Cette phase est dite « ADMINISTRATIVE » car l'État du pavillon n'a pas renoncé à sa
compétence juridictionnelle. Dans ce cas une copie de ces pièces de procédure est
conservée par le Préfet Maritime et les Forces navales.
La phase pré-judiciaire :
Les personnels habilités outre les officiers de police judiciaire (compétence de police
administrative générale) :
61
Section 1èredu décret N°2014-785 DU 31 DECEMBRE 2014 portant création, organisation, attributions et
fonctionnement de l'Autorité Nationale Chargée de l'Action de l'Etat en Mer.
L'enquête judiciaire est conduite dès l'arrivée au port de Cotonou que ce soit en
matière de lutte contre le trafic de stupéfiants, de lutte contre le trafic de migrants en
haute mer et de lutte contre la piraterie maritime, la procédure judiciaire « normale »
ne s'applique qu'à l'arrivée au port ou sur le sol béninois des personnes appréhendées.
(Elle pourrait dans l’absolu commencer dès l’entrée dans les eaux territoriales). Au
terme de tous ses moyens opérationnels mis en œuvre dans la lutte et la répression de
la piraterie maritime au Bénin, il est adéquat de présenter les juridictions compétentes
en matière de poursuites des actes de la piraterie autrement dire la compétence
juridictionnelle béninoise.
62
MBOUNDJA Gottfried Soelle, La coopération internationale en matière de lutte contre la piraterie maritime
au large des côtes orientales africaines, Mémoire de Master professionnel en relations internationales, option
Diplomatie, Yaoundé, UYII, IRIC, novembre 2011.
63
Article 105 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer
leurs propriétaires de bonne foi. L’État capteur n’est toutefois pas tenu d’exercer sa
juridiction ici, il peut bien laisser l’État du pavillon ou de nationalité des pirates
exercer sa juridiction pénale64.Ainsi pour le bénin l’acquisition de la compétence
juridictionnelle est le début de la phase dite pré judiciaire. Elle l'est dans deux cas,
lorsque le navire suspect est sans nationalité ou n'arbore aucun pavillon, ou lorsque
l'État du pavillon a renoncé à exercer sa compétence juridictionnelle envers le navire,
l'équipage, la cargaison, les pirates, les objets et documents découverts. La phase dite «
pré judiciaire » signifie que la procédure s'organise pour partie sous le contrôle de
l'autorité judiciaire et pour partie sous le contrôle de l'autorité administrative, le Préfet
maritime. Lorsque les auteurs, victimes et navires ne répondent pas au critère de
nationalité, deux conditions doivent être réunies pour que le Bénin exerce sa
compétence juridictionnelle.
Première condition : Aucune entente avec les autorités d'un autre État pour l'exercice
par celui-ci de sa compétence juridictionnelle.
Deuxième condition : Que les auteurs et complices des infractions aient été
appréhendés par des agents béninois. Toujours avec l'autorisation du magistrat et sous
certaines conditions, il peut être procédé à la destruction des seules embarcations
dépourvues de pavillon.
64
L’Etat capteur « peut déterminer dans quelles limites il entend exercer une quelconque juridiction en matière
de piraterie, soit en s’attribuant la juridiction sur les pirates (…), le navire ou les biens saisis, soit en restreignant
sa juridiction à des cas plus limités, par exemple lorsque le navire piraté ou les victimes sont de sa nationalité
(…) » Cf. Christian Ménard, op. cit. p. 20.
65
« La loi pénale n’est applicable qu’aux faits prévus par elle et perpétrés dans les lieux où elle se déclare elle-
même applicable » Vespasien, op. cit. p.248.
rapport avec la piraterie, la solution la plus expéditive est souvent la remise des
prévenus aux États côtiers. Ces accords de juridictions (ou d’extradition) permettent à
un État n’ayant pas procédé à la capture des pirates de pouvoir les juger, sous réserve
d’avoir établi sa compétence sur la question dans sa législation interne. Ces accords
doivent être conformes à l’article 100 de la Convention de Montego Bay qui
recommande l’obligation de coopération dans la mesure du possible en vue de la
répression de la piraterie. Au Bénin les infractions commises par des moyens de
communications électroniques portant gravement atteinte à l’ordre public, à la sécurité
nationale, au moral des troupes et au patrimoine de l’Etat ou des particuliers ; le
blanchiment des capitaux et infractions assimilées ; la piraterie maritime et les
enlèvements de personnes. Ainsi la juridiction compétente en matière de piraterie
maritime au Bénin est la CRIET (Cour de Répression des Infractions Economique et
du Terrorisme)66. Malgré cette compétence de ses juridictions chaque état doit intégrer
les dispositions du droit international de la mer, notamment les articles 101 et 105 de
la convention des Nations Unies sur le droit de la mer dans leur droit interne afin
d’intervenir en toute harmonie contre les actions des pirates en mer. Or, jusqu’à ce
jour, bon nombre d’États ayant ratifié la CNUDM, peinent à intégrer les dispositions
sus indiquées dans leur droit interne. Cet état de choses peut nous conduire à nous
interroger légitimement sur l’effectivité de ces dispositions et les limites de son
application au Bénin.
66
Loi n°2020-07 modifiant et complétant la loi n°2018-13 du 12 Juillet 2018
SECONDE PARTIE :
LIMITE DE L’ENCADREMENT
JURIDIQUE BENINOIS EN
MATIERE DE PIRATERIE
MARITIME
La description et l’appréciation des moyens mis en œuvre pour lutter contre la piraterie
maritime, révèlent une politique criminelle ambiguë (Section 1) et une insuffisance
relative à la compétence juridictionnelle (Section 2).
La même loi n°2002-22 dispose en son article 675 que : « les actes de piraterie,
perpétrés par un navire de guerre, un navire d’état dont l’équipage mutiné s’est rendu
maître, sont assimilés à des actes commis par un navire privé. Est puni des travaux
forcés à temps de dix à vingt ans et d’une amende de 1.000.000 à 10.000.000 francs
CFA quiconque se rend coupable de l’infraction définie à l’alinéa ci-dessus. »
Il résulte clairement des articles 1er paragraphe b) et 675 suscités, qu’en Droit
sénégalais, l’infraction de piraterie ne se limite pas aux éléments définis par l’article
101 de la Convention de Montego Bay sur le Droit de la mer, mais est également
constituée par la navigation sans titre, ou lorsque les actes illicites sont commis dans
un espace maritime autre que la haute mer ou un lieu non soumis à une souveraineté
étatique qui est la même approche que celle retenu par la législation béninoise. Cette
conception de l’infraction de piraterie diffère sensiblement de celle consacrée en Droit
communautaire d’Afrique Centrale. Le Code de la Marine Marchande de la
Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) dispose en
son article 587 prévu sous une Section II intitulée « Actes de piraterie », que : « on
entend par piraterie, l’un quelconque des actes suivants :
a) tout acte illicite de violence commis par l’équipage ou des passagers d’un navire
privé, agissant à des fins privées et dirigé : 1) contre un autre navire ou contre des
personnes ou des biens à leur bord, en haute mer, 2) contre un navire, des personnes ou
des biens en un lieu ne relevant de la juridiction d’aucun Etat.
c) tout acte d’incitation à commettre les actes définis aux paragraphes a et b, ci-dessus,
ou commis dans l’intention de les faciliter. Les dispositions du présent article
s’appliquent à un bâtiment de guerre ou à un navire affecté à un service public dont
l’équipage mutiné s’est rendu maître ».
Bien que le Bénin ait ratifié la Convention des Nations Unies sur le Droit de la mer du
10 décembre 1982 définissant la piraterie, le contenu juridique de cette notion diffère
selon l’Etat dans lequel on se trouve. En effet, alors que les États de l’Afrique Centrale
adoptent une conception restrictive de la piraterie, la législation sénégalaise en Afrique
de l’Ouest, consacre plutôt une conception large.
la nationalité de l’État côtier ne pourra poursuivre dans les eaux non soumises à la
souveraineté d’un autre État que si la poursuite se fait sans interruption.
A contrario, l’article 23, dans un deuxième paragraphe, pose une autre limite d’après
laquelle la poursuite, même commencée dans les eaux de la haute mer, ne peut se faire
dans les eaux territoriales. Ainsi, un navire pirate peut se protéger dans les eaux
territoriales d’un État qui n’a aucun moyen de lutter contre la piraterie. De même, un
navire sans pavillon ne pourrait être poursuivi que par l’État côtier. Le paragraphe 3
prévoit que le navire poursuivant un navire suspecté de piraterie en venant de sa mer
territoriale, et qui se dirige vers une autre mer territoriale ne pourra continuer la
poursuite, et ce même s’il est de la nationalité du navire pirate. Le droit international
attribue le droit d’arrestation aux autorités de l’État côtier souverain dans ses eaux. Il
s’agit là d’une précision sur la notion de poursuite pour éviter l’ingérence d’un État
dans les affaires d’un autre État. Ce principe implique que le navire poursuivant ne
peut pas intervenir sans raison sur le territoire d’un autre État. Ainsi le droit limite le
droit de poursuite.
L’insuffisance des moyens déployés par le Bénin se traduit aussi par les effets limités
des mécanismes mis en place, tels que l’accord de coopération entre le Bénin et le
Nigéria communément appelé opération prospérité.
Pour que les patrouilles se poursuivent, des installations adéquates doivent être
construites à Cotonou au Benin pour l’approvisionnement en carburant, l’entretien des
navires et le stockage des articles utilisés lors, des opérations. Il ressort par ailleurs
d’une déclaration du Chef d’Etat-major des forces navales béninoises faite à l’Agence
France Presse, que les patrouilles conjointes « n’ont pas pour mission première
d’arrêter les pirates, mais de les empêcher d’attaquer les navires »67. Une telle
assertion témoigne à suffire du caractère limité des effets des mécanismes jusqu’à la
mise en place dans la lutte contre la piraterie maritime.
67
V. www.7aubenin.com/2011/ 09/29/afrique-les-armées-du-benin-et-du-nigeria-contre-la-piraterie-en-mer
qui étendent leur compétence au crime de piraterie en haute mer n’empiètent pas sur
les prérogatives territoriales d’un autre État. D’après certains auteurs, la piraterie
serait le crime le plus ancien relevant de la compétence universelle. D’après notre
Code pénal, le fondement d’une juridiction criminelle peut être la territorialité du
crime, la personnalité active, la personnalité passive ou la protection des intérêts
fondamentaux de la nation. La compétence universelle en matière criminelle, en tant
que titre additionnel de compétence, comprend la compétence d’un État de poursuivre
tout suspect et de le punir s’il est reconnu coupable, indépendamment du lieu de la
commission des crimes et sans avoir égard à un lien de nationalité active ou passive,
ou à d’autres fondements de compétence reconnus par le droit international ». Fruit
d’une histoire compliquée, cette compétence universelle est à la fois coutumière et
conventionnelle puisqu’elle figure dans la convention de Montego Bay. Celle-ci
affirme dans son article 105 (Saisie d’un navire ou d’un aéronef pirate), qui reprend
les termes de l’article 19 de la convention de Genève sur la haute mer, le droit pour
tout État d’intervenir, d’appréhender des personnes et de les juger : « tout État peut, en
haute mer ou en tout autre lieu ne relevant de la juridiction d’aucun État, saisir un
navire ou un aéronef pirate, ou un navire ou un aéronef capturé à la suite d’un acte de
piraterie et aux mains de pirates, et appréhender les personnes et saisir les biens se
trouvant à bord. Les tribunaux de l’État qui a opéré la saisie peuvent se prononcer sur
les peines à infliger, ainsi que sur les mesures à prendre en ce qui concerne le navire,
l’aéronef ou les biens, réserve faite des tiers de bonne foi. »
68
Cf annexe
L’implication des États est un élément-clé dans la répression contre la piraterie. C’est
par l’absence de surveillance des côtes que les pirates passent entre les mailles du filet.
Malheureusement, la mise en place et l’entretien de ces moyens n’est pas à la portée de
tous. La répression de la piraterie au niveau national se fait sur plusieurs fronts : au
point de vue juridique et au point de vue pratique. Il est aussi possible que
l’insuffisance dans la répression nationale soit due à un manque de moyens. En effet la
constitution et l’entretien d’une marine nationale peuvent constituer un obstacle
infranchissable pour certains pays. Pour être efficace, la marine nationale doit être plus
performante que les pirates. C’est grâce aux navires à vapeur que la piraterie du XIXe,
formée essentiellement de navires à voile, a pu être réduite presqu’à néant. La
modernisation des pirates, leur accès à une technologie beaucoup plus évoluée ont
rendu caduques les efforts des Etats. Pour Xavier Rolin, vice-amiral d’escadre français
et ancien commandant de la zone maritime de l’Océan Indien, la lutte là mieux adaptée
à la piraterie actuelle – c’est-à-dire rapide, furtive, erratique et très asymétrique – est
composée d’un triptyque : hélicoptère, embarcation rapide et bâtiment support équipé
de moyens de détection et d’identification performants. Il faut que ces moyens soient
judicieusement répartis et appuyés par des avions de surveillance maritime sur toute la
zone à risque69. Nous avons pu voir que la pauvreté et l’instabilité sont les ferments de
la piraterie. Dans ces conditions, il paraît impossible que des Etats, qui n’ont pas les
moyens d’augmenter le niveau de vie et la sécurité de leurs nationaux, puissent
disposer des fonds nécessaires à la constitution d’une marine. De la même manière que
le gouvernement Béninois ne peut rendre sa législation effective sur tout son territoire,
il n’a pas les moyens d’investir dans le triptyque décrit. Par ailleurs, le principe de la
compétence universelle établi dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la
mer en ce qui concerne l’arrestation et la poursuite en justice des pirates n’est pas
incorporé dans le Code maritime du Bénin. Aussi la compétence juridictionnelle du
Bénin sur les actes de piraterie commis en haute mer se limite aux actes commis par
69
Interview de X. ROLIN, Piraterie : une expérience de « terrain », Sécurité globale, Printemps 2009, n°7, p. 39
ses citoyens ou à bord des bateaux battant pavillon béninois. Même si le Code
maritime national énonce des règles régissant les enquêtes sur les infractions
commises en mer par diverses autorités nationales et le traitement réservé aux suspects
arrêtés en mer, il a besoin d’être actualisé, car la définition de la piraterie dans notre
droit est dépassée. Le Bénin adopte une conception différente de la piraterie maritime
telle que prévu par le traité international auquel il a lui-même participé. Bien ayant
ratifié la convention des nations unies sur le droit de la mer le Bénin continue toujours
de percevoir la piraterie maritime comme un acte de sabotage à l’initiative d’un
passager ou du capitaine d’un mer et perpétré sur ses eaux territoriales, perception qui
n’est pas partagé par le droit international entrainant une confrontation des deux lois.
Si dans un Etat compte tenu de la hiérarchie des normes les traités internationaux
priment sur les lois internes, il est avenu que la convention de MONTEGO BAY est
d’office applicable pour qualifier les actes de piraterie observé par les navires
militaires béninois. La difficulté dans la répression résulte du fait qu’il n’y existe
aucun article dans le code pénal béninois ni dans le code maritime en République du
Bénin qui explique le mécanisme de sa répression en précisant les peines applicables.
Si la piraterie maritime est une infraction qui consiste en la commission d’acte de
violence envers un bâtiment de nature juridique et ayant donc un caractère public, il
est aussi important de rappeler que au Bénin la juridiction compétente est la CRIET
car elle traite des infractions économiques70. Selon des investigations auprès du préfet
de la marine marchande béninoise au port autonome de Cotonou il nous a été informé
du fait que compte tenu de la définition de la piraterie maritime dans le code maritime
béninois et de la spécificité de la zone maritime prévu par ce code qui est les eaux
territoriales, les actes de piraterie sont réprimés suivant les éléments matériaux
remarqués. Ainsi ils sont punis soit de brigandages, d’enlèvement, de séquestration...
selon les investigations sur le terrain et après constat du navire victime. Le 02
Novembre 2019, 9 marins norvégiens ont été enlevés dans la zone de la rade du port
de Cotonou, cet acte a été qualifié de piraterie maritime. Pour lutter contre ce
70
Loi n°2020-07 modifiant et complétant la loi n°2018-13 du 02 juillet 2018 modifiant et complétant la loi
n°2001 -37 du 27 août 2002 portant organisation judiciaire en République du Bénin modifiée et création de la
cour de répression des infractions économiques et du terrorisme
Afin d’assurer une meilleure répression de la piraterie maritime le Bénin doit se doter
d’un arsenal juridique solide. Pour cela nous présenterons dans un premier paragraphe
les éléments fondamentaux de la convention des Nations Unie sur le droit de la mer à
prendre en compte dans le cadre juridique Béninois (Paragraphe 1) et dans une
seconde partie des propositions de loi visant à réprimer la piraterie maritime au Bénin
(Paragraphe 2).
La première condition requise pour la nouvelle loi est qu’elle devait prendre en compte
l’aspect international de la piraterie. C’est à dire que le Bénin devait se mettre en
conformité avec les obligations internationales et prévoir de juger des ressortissants
autres que des ressortissants béninois. On peut d’ailleurs se demander si le Bénin ne se
serait pas trouvé devant une position délicate du fait de son absence de réglementation
interne de la piraterie. En effet la Convention de Montego Bay laissait toute latitude
aux États pour organiser la répression en droit interne, mais exigeait que ces mesures
soient prises. Dans le but de faciliter la répression de ces crimes, les dispositions de
ces deux conventions (CMB et SUA) comprennent des éléments fondamentaux qui
doivent être pris dans l’élaboration de la loi sur la piraterie. Il s’agira dans la présente
partie d’identifier les éléments de la CNUDM devant être pris en compte dans les
dispositions relatives à la piraterie maritime.
• La définition de la piraterie
Il faut rappeler que dans la première partie de notre étude, l’analyse du code de
maritime béninois a permis de déceler que les différentes définitions prévues relatives
à la piraterie ne s’inscrivent en réalité pas dans le cadre de celle établie par la
CNUDM. Etant jugée obsolète, cette définition devrait être révisée dans la nouvelle loi
conformément à celle prévue à l’article 101 de la CNUDM. Pour ce faire, les
principales composantes de cette définition devraient porter sur : a) le champ
d’application géographique qui comprend la haute mer, la zone économique exclusive
et les eaux ne relevant de la juridiction d’aucun état ; b) le type d’acte, c'est-à-dire
l’acte illicite de violence, de détention, de déprédation ainsi que la participation
volontaire, l’incitation à commettre l’acte ou à le faciliter ; c) la règle de deux
navires/aéronefs pirates c'est-à-dire que deux navires doivent être mise en cause : l’un,
victime et l’autre, pirate ; Notons à cet effet, que « Les actes commis à bord d’un
navire par l’équipage ou les passagers et dirigés contre le navire même, les personnes
ou les biens qui s’y retrouvent, ne sauraient être considérés comme des actes de
piraterie » ; d) l’acte doit être commis à des fins privées c'est-à-dire que les actes
perpétrés à des fins politiques ou religieux ou tout autre fin ne sauraient être considérés
comme des actes de piraterie. Eu égard à tous ces éléments, la loi pourrait définir la
piraterie comme :
biens, à leur bord, en haute mer ; ii) Contre un navire ou aéronef, des personnes ou des
biens, dans un lieu ne relevant de la juridiction d’aucun état ;
• La criminalisation
• La compétence
Généralement la compétence reconnue aux états pour juger les infractions de droit
commun est la compétence basée soit, sur le principe de territorialité et de nationalité,
soit, sur la compétence personnelle passive. En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, les
juridictions ivoiriennes exercent cette compétence sur la base du principe de
territorialité et de nationalité. La piraterie étant un acte perpétré au-delà des eaux sous
juridiction nationale d’un état, la convention prévoit une compétence universelle à
l’égard des auteurs de cet acte c’est à dire que l’état peut exercer sa compétence
Dans le but de faciliter l’exercice des mesures coercitives décrites à l’article 105 de la
CNUDM (la saisie de navire/aéronef pirate, appréhender les personnes et saisir les
biens se trouvant à bord, prendre des mesures en ce qui concerne le navire, l’aéronef
ou les biens etc.), la loi devrait prévoir dans ses dispositions l’habilitation des forces
répressives ainsi que des bâtiments militaires ou de service public prévus à cette fin.
Dans le cas d’espèce, la loi devrait prévoir une équipe mixte d’intervention. Par
ailleurs, les droits et obligations de ces forces devraient être clairement précisés dans la
loi et pourraient notamment porter sur le droit d’engager une chaude poursuite c'est-à-
dire le droit de continuer la poursuite jusque dans les eaux territoriales d’un état
lorsque celle-ci n’a pas été interrompue; le droit de visite, de dérouter le navire vers un
port pour un contrôle plus poussé lorsqu’il y a des motifs valables ; d’arrêter les
suspects de l’infraction et la poursuite par les juridictions compétentes ivoiriennes
retenues à cet effet. En raison de la violence avec laquelle les pirates opèrent, il est
important d’autoriser l’usage de la force en cas de besoin. Il convient également de
préciser dans la loi que le droit de visite n’est autorisé seulement s’il existe de
sérieuses raisons de soupçonner qu’un navire étranger se livre à la piraterie. Dans le
cadre de cette autorisation et en application des articles 106 et 110 de la CNUDM, la
loi devrait également prévoir une disposition relative à la responsabilité et à
• La procédure judiciaire
La loi devrait également prévoir une disposition portant sur la procédure à suivre
depuis l’arrestation jusqu’à l’emprisonnement. Ainsi, lorsque l’arrestation est opérée
en mer, celle-ci devrait être rapportée aux autorités militaires compétentes qui se
chargeraient de la notifier aux autorités judiciaires compétentes aux fins de prendre les
mesures requises pour la poursuite des suspects, une fois débarqués. Un délai
raisonnable doit être accordé au navire qui a opéré la saisie pour la remise des suspects
aux autorités.
• La coopération internationale
Nouvel Article 643 : Les faits suivants commis en mer sont constitutifs de l’infraction
de piraterie :
Nouvel Article 643-1 : Est également constitutif de l’infraction de piraterie, tout acte
ayant pour but d’inciter à commettre les actes définis à l’article 643, ou tout acte
commis dans l’intention de les faciliter.
Nouvel Article 643-3 : Toute personne reconnue coupable des actes indiqués aux
articles 643 et 643-1 est passible d’une peine d’emprisonnement de 5 à 10 ans, et
d’une amende de 10 millions à 20 millions de FCFA.
- des actes illégitimes de violence commis par d’autre navire ayant pour qualité de
navire pirate ou des membres de l’équipage d’un navire
- Et enfin avoir été́ commise en haute mer (ou dans la zone économique). Enfin il faut
intégrer la piraterie maritime au plan nationales en spécifiant qu’elle n’a lieu que dans
les espaces ne relevant d’aucune juridiction (haute mer) entrainant donc la compétence
de toute juridiction de l’état capteur. La nouvelle proposition de loi devrait prendre en
compte les trois conditionnalités de la convention de MONTEGO BAY et spécifié les
modalités d’exercice de la compétence juridictionnelle au Bénin ainsi que les peines à
appliqués aux auteurs, complices et mêmes coauteurs appréhendés par les autorités
béninoises. Ainsi le code de procédure pénal devrait aussi subir quelque arrangement
afin d’intégrer les étapes pour les investigations en la matière.
Intégré la piraterie maritime dans le droit interne veut dire l’inscrire dans les codes
internes, ainsi une réforme du Code pénal en République du Bénin est demandée afin
de réprimer complètement la piraterie. Cette réforme consistera à présenter d’une part
la révision de l’article 554 du Code de procédure pénale (Paragraphe 1) et d’autre
part une proposition de révision visant à intégrer la piraterie maritime et son
incrimination dans le code pénal (Paragraphe 2)
Pour exercer sa compétence, les juridictions béninoises se basent sur des principes
prévus par les lois internes. Ainsi l’article 554 est le fondement juridique de la
compétence des tribunaux béninois. Cette compétence se traduit par ses termes « Les
-lorsque l’infraction a été commise sur le territoire national ou lorsque l’un des actes
qui constituent les éléments de l’infraction a été accompli en République du Bénin ;
-lorsque l’infraction a été commise par un béninois ou par une personne résidant
habituellement en République du Bénin ;
-sous réserve des accords et arrangements conclus entre Etats, lorsque l’infraction a été
commise à bord d’un navire que l’Etat du pavillon a autorisé la République du Bénin à
arraisonne, à visiter et à prendre, en cas de découverte de preuve de participation à un
trafic illicite, les mesures appropriées à l’égard du navire, des personnes se trouvant à
bord et de la cargaison ». Cet article fixe le domaine de compétence des juridictions
béninoises à 4 conditions, soit lorsque l’auteur de l’infraction est de nationalité
béninoise, soit l’auteur se trouve en République du Bénin ou qu’il n’est pas extradé
ressortant ainsi la question de territorialité, soit lorsque l’infraction a été commise à
bord d’un aéronef battant pavillon béninois, à bord d’un navire dont la République du
Bénin a obtenu permission d’arraisonner. Intégrer la compétence de juridictions
béninoise en cas de saisis d’aéronef en haute mer répondrait conformément aux
dispositions de la Convention de MONTEGO BAY qui régit la piraterie maritime.
Autrement dire les juridictions béninoises ont compétences a jugés des crimes de
piraterie maritime s’ils ont par eux même saisis le navire pirate dans une zone ne
relevant d’aucune juridictions (haute mer). Pour réprimer efficacement la piraterie, il
faut intégrer dans le code pénal des sanctions.
Dans la lutte contre la piraterie maritime, des mesures s’avèrent importante afin
d’assurer une meilleure efficacité du système béninois. Ces mesures doivent provenir
autant du côté du gouvernement que du côté des partenaires internationaux ainsi que
celui des Nations Unies. Il est recommandé aux acteurs ci-après d’adopter les mesures
suivantes pour lutter contre la piraterie au Bénin :
Gouvernement béninois
a) Adopter une stratégie nationale de sécurité maritime ;
b) En vue de mettre en œuvre la stratégie nationale de sécurité maritime, créer un
comité interinstitutionnel de la sécurité maritime nationale composé des organismes
nationaux et des ministères chargés de domaines touchant à la sûreté et à la sécurité
maritimes, comme les transports, les affaires maritimes, les activités portuaires, la
police, la marine, la gendarmerie, les douanes, les finances, le contrôle des frontières,
les pêcheries, l’énergie, les affaires étrangères et l’intérieur. Le comité serait le
principal interlocuteur national sur les questions relatives à la sécurité maritime,
notamment en matière d’établissement de partenariats avec les parties prenantes
internationales ;
c) Adopter un front uni avec les pays côtiers voisins pour empêcher les pirates de
passer d’un port à un autre ;
d) Adhérer à la Convention maritime internationale de 1979 sur la recherche et le
sauvetage maritimes et aux Protocoles de 2005 à la Convention pour la répression
d’actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime, et élaborer une loi de
ratification afin d’intégrer ces conventions dans le droit national ;
e) Réviser en profondeur sa législation nationale pour lui permettre de traduire en
justice les auteurs d’actes de piraterie ou de vol à main armée en mer, et de mettre fin
aux actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime, les installations
portuaires et les plates-formes pétrolières en mer ;
f) Élaborer un plan de communication stratégique afin de mettre le public au fait des
politiques et des affaires maritimes ;
g) Mettre sur pied des systèmes terrestres de patrouille, de surveillance et de collecte
de l’information propres à renforcer la sécurité maritime. Il s’agira notamment de
concevoir un programme d’observation « mer et rivage », de mener des actions de
sensibilisation du public visant à encourager les travailleurs portuaires, les pêcheurs,
les habitants du bord de mer et les marins à observer, enregistrer et transmettre ce
qu’ils voient aux garde-côtes et aux forces de l’ordre, et de favoriser une culture du
partage de l’information accompagnée d’un mécanisme de collecte, d’analyse et de
diffusion des données ;
h) Définir des procédures opérationnelles permanentes relatives aux navires effectuant
des opérations de transbordement de navire à navire au large des côtes béninoises, et
les communiquer aux organisations de transport maritime et à l’OMI ;
71
https://undocs.org/pdf?symbol=fr/S/2012/45 ; Lettre datée du 18 janvier 2012, adressée au Président du
Conseil de sécurité par le Secrétaire général ; rapport de mission
CONCLUSION
72
E. LEVINAS, Cité par P. LEUPRECHT, in Déclin du droit International, conférence prononcée le 15
octobre 2008, Presses de l’Université Laval, 2009, p. 12
73
J-S. MORA, Ravages de la pêche industrielle en Afrique, Le monde diplomatique, novembre 2012, n°704,
p. 5
La piraterie doit donc rester une infraction internationale et être punie au nom du droit
international, tout en intégrant les composantes « nationales » qui la caractérisent
aujourd’hui.
Il est facile de considérer les pirates comme des terroristes car ils « créent »
effectivement de la terreur. La multiplication des prises d’otages rend également
l’assimilation aisée. Pourtant il faut se garder de l’amalgame sous peine de voir la
piraterie perdre sa substance. Le terrorisme est encore une fois « instable »
juridiquement parlant car éminemment politique. A l’inverse, la piraterie conserve un
caractère privé : certes les revendications paraissent teintées de motivations politiques,
toutefois les rançons versées serviront à enrichir et à financer quelques individus. La
circonstance que quelques factions politiques aient recours, de manière épisodique, à
la piraterie pour financer leurs actions n’est pas, ni clairement prouvée, ni révélatrice
du glissement de l’infraction vers le terrorisme. Cependant des solutions ont été
proposées pour lutter contre la piraterie maritime au Bénin. A cet effet, le recours à
l’assistance technique et opérationnelle des puissances étrangères et des organisations
internationales ainsi que la réponse opérationnelle de l’industrie maritime dont le
concourt est primordial pour soutenir l’action des états dans la prévention des menaces
de sûreté est requise.
Il faut retenir que certes, des solutions ont été proposées dans le but de lutter contre
l’insécurité maritime tant au niveau national que régional, toutefois, celles-ci ne
pourront être efficace si et seulement si, elles sont accompagnées d’une véritable
volonté politique visant à soutenir l’action des institutions nationales dans le
renforcement des capacités opérationnelles requises dans l’exercice des missions de
l’action de l’état en mer et de l’institution par le gouvernements d’une politique de
bonne gouvernance.
ANNEXES
Article 12 : La loi pénale est applicable aux infractions commises sur des navires
battant pavillon béninois, ou à l’encontre de tels navire, en quelque lieu qu’ils se
trouvent. Elle est seule applicable aux infractions commises à bord des aéronefs
navires de la marine nationale, ou à l’encontre de tels navires, en quelque lieu qu’ils se
trouvent.
Article 449 : Toute entente établie ou toute association formée, quelle que soit sa
durée ou le nombre de ses membres, dans le but de préparer ou de commettre des
crimes contre les personnes ou les biens, constituent un crime contre la paix publique.
Article 450 : Quiconque a participé à une association formée ou à une entente établie
en vue de la préparation concrétisée par un ou plusieurs faits matériels, d’un ou de
plusieurs crimes contre les personnes ou les biens, est puni d’un emprisonnement de
cinq (05) ans à dix (10) ans et pourra être interdit de séjour.
Article 451 : Est puni de la réclusion criminelle à temps de dix (10) ans à vingt (20)
ans, quiconque a été membre d’une association formée ou participé à une entente
établie dans le but spécifié à l’article 450.
Article 452 : Est puni comme complice quiconque a sciemment et volontairement
favorisé les auteurs des crimes prévus à l’article 450, en leur fournissant des
instruments de crime, moyens de correspondance, logement ou lieu de réunion.
MENACES
Article 508 : Quiconque a menacé de voies de fait ou de violence non prévues par
l’article 505 du présent code, si la menace a été faite avec ordre ou sous condition, est
puni d’un emprisonnement de six (06) jours à trois (03) mois et d’une amende de
cinquante mille (50.000) à deux cent cinquante mille (250.000) francs CFA ou de
l’une de ces deux peines seulement.
Article 509 : Tout individu qui, volontairement, a porté des coups ou fait des blessures
ou commis toutes autres violences ou voies de fait, s’il est résulté de ces sortes de
violences, une maladie ou une incapacité de travail personnel pendant plus de huit (08)
jours, est puni d’un emprisonnement de deux (02) mois à cinq (05) ans et d’une
amende de cent mille (100.000) à un million (1.000.000) de francs CFA ou de l’une de
ces deux peines seulement. Il pourra en outre être privé des droits mentionnés en
l’article 38 du présent code pendant un (01) an au moins et cinq (05) ans au plus, à
compter du jour où il aura subi sa peine.
Article 564 : Ceux qui, sans ordre des autorités constituées et hors les cas où la loi
ordonne de saisir des prévenus ont arrêté, détenu ou séquestré des personnes
quelconques, sont punis :
1- de la réclusion criminelle (RC) à perpétuité, si la détention ou séquestration a duré
plus d’un mois ;
2- de la RC à temps de dix (10) ans à vingt (20) ans, si la détention ou séquestration a
duré moins d’un (01) mois ;
3- d’un emprisonnement de deux (02) ans à cinq (05) ans, s’ils ont rendu la liberté à la
personne arrêtée, séquestrée ou détenue avant le cinquième jour accompli depuis celui
de l’arrestation, de la détention ou de la séquestration.
Article 566 : Si la personne arrêtée, détenue ou séquestrée l’a été comme otage, soit
pour préparer ou faciliter la commission d’un crime ou d’un délit, soit pour favoriser la
fuite ou assurer l’impunité des auteurs ou complices d’un crime ou d’un délit, soit, en
un lieu tenu secret, pour répondre de l’exécution d’un ordre ou d’une condition, les
coupables seront punis de la réclusion criminelle à perpétuité. Toutefois, la peine sera
celle de la réclusion criminelle à temps de dix (10) ans à vingt (20) ans si la personne
arrêtée, détenue ou séquestrée comme otage pour répondre de l’exécution d’un ordre
ou d’une condition, est libérée volontairement avant le cinquième jour accompli depuis
celui de l’arrestation, de la détention ou de la séquestration, sans que l’ordre ou la
condition ait été exécuté.
VIOLENCES.
Article 626 : Quiconque a soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient
pas est coupable de vol et puni d’un emprisonnement d’un (01) an à cinq (05) ans et
d’une amende de cent mille (100.000) à un million (1.000.000) de francs CFA. La
tentative sera punie comme le délit lui-même. Le coupable peut en outre, être frappé
pour un (01) an au moins et cinq (05) ans au plus de l’interdiction d’un ou de plusieurs
des droits mentionnés à l’article 38 du présent code.
Article 629 : Sont punis de la réclusion criminelle à perpétuité, les individus coupables
de vol s’ils étaient ou si l’un d’eux étaient porteurs d’une arme apparente ou cachée,
même si le vol a été commis le jour et par une seule personne. Il en sera de même si
les coupables ou l’un d’eux avaient l’arme dans le véhicule motorisé qui les aurait
conduits sur le lieu de leur forfait ou qu’ils auraient utilisé pour assurer leur fuite.
Sont punis de la réclusion criminelle à perpétuité les individus coupables de vol
commis avec réunion de quatre (04) des cinq (05) circonstances suivantes :
1- si le vol a été commis de nuit ;
2- s’il a été commis par deux ou plusieurs personnes ; …
4- si le vol a été commis avec violence ; …
RECEL :
Article 839 : Ceux qui, sciemment, ont recelé, en tout ou en partie, des choses
enlevées, détournées ou obtenues à l’aide d’un crime ou d’un délit, sont punis d’un
emprisonnement de trois (03) mois à trois (03) ans et d’une amende de cent mille
(100.000) à deux millions (2.000.000) de francs CFA ou de l’une de ces deux peines
seulement. L’amende peut être portée au-delà de deux millions (2.000.000) de francs
CFA jusqu’à la moitié de la valeur des objets recelés. Le tout sans préjudice de plus
fortes peines, s’il échet, en cas de complicité de crime, conformément aux articles 22
et 23 du présent code.
Article 840 : Dans le cas où le fait qui a procuré les choses recelées a été commis avec
une ou plusieurs circonstances aggravantes, le receleur sera puni de la peine attachée
par la loi au crime ou au délit et aux circonstances du crime ou du délit dont il aura eu
connaissance au temps du recel.
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
o PIETTE G., Droit Maritime, éditions A. Pédore, 1ère éd, 2017, 614 p
o Rodière (R.), Traité Générale de Droit Maritime, Tome I, Tome II, éditions
Dalloz, 1976, 711 p
TRAITÉS
MEMOIRES
THÈSES
LÉGISLATIONS
WEBOGRAPHIE
o PRIOUX Julien, « Tout savoir sur le Code des Pirates !», Justifit, 18 Septembre
2019, in www.justifit.fr , consulté le 11 Juin 2020 à 15h
RÉSUMÉ.................................................................................................................................................... VIII
SOMMAIRE ................................................................................................................................................. IX
INTRODUCTION .......................................................................................................................................... 1
ANNEXES..................................................................................................................................................... 65
BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................................................ 70