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La responsabilité contractuelle

C'est un genre un peu à part de sanction ; commune à tous les contrats, elle peut s'ajouter aux sanctions
décrites précédemment.
La responsabilité contractuelle répare un dommage né de l'exécution d'un contrat. Elle trouve son
origine dans l'article 1147 du code civil : " ... "
Nous allons préciser ici le "s'il y a lieu" de l'article 1147 avec les données jurisprudentielles qui ont
illustré cet article.
Conditions
Les conditions de mise en œuvre de cette responsabilité ressemblent beaucoup à celle de la
responsabilité délictuelle : dommage, faute, lien causal, mais s'en différencient cependant.
La responsabilité contractuelle exige en effet :
 un dommage certain, quel qu’il soit, mais prévisible : Seul le dommage prévisible peut être réparé sauf
exception (cf infra)
 une inexécution fautive. Si vous vous demandez ce que ça signifie "inexécution fautive", il faut
maitriser la notion d'obligation de moyen/résultat. Selon le type d'obligation dont il s'agit la preuve
devra être faite par le débiteur ou le créancier, les moyens d'exonérations seront l'absence de faute ou la
cause étrangère (F.M., fait d'un tiers, du créancier...) :

Obligation de
Obligation de Obligation de Obligation de Obligation de
résultat
moyen moyen renforcée résultat garantie
renforcée
Responsabilité : non prouvée Présumée Présumée Présumée Etablie
Charge de la
le demandeur le défendeur le défendeur le défendeur -
preuve sur :
cause cause étrangère
Exonération par : - absence de faute -
étrangère particulière
 Si la faute, dans l'inexécution a été intentionnelle, on dit qu'elle est dolosibe. Elle oblige alors le débiteur
à réparer intégralement le dommage, même s'il était imprévisible.
 Un lien de causalité
La responsabilité civile du fait personnel

Qu'est ce que la responsabilité civile du fait personnel ?


C'est l'article que l'on retrouve si souvent dans les arrêts qu'on nous donne à commenter, cet article
1382 du code civil, qui pose en substance que : " Tout fait quelconque de l'homme qui cause à autrui un
dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer." C'est relativement simple comme
phrase... mais ca demande quand même des explications... Il faut y ajouter l'article 1383 du code civil.
Vous connaissez la responsabilité quasi-délictuelle, c'est celui ci !
Il y a en fait trois conditions pour engager la responsabilité civile délictuelle du fait personnel de
quelqu'un, ces conditions sont assez "générales" dans le sens où l'on retrouvera la notion de faute et
celle de dommage ailleurs que dans la responsabilité du fait personnel, ces trois conditions sont :
Une faute.
Un dommage.
Un lien de causalité.
Nous allons voir chacune de ces conditions ! Si si !
La faute.
Qu'est ce qu'une faute ? Habituellement on va voir dans la notion de faute, le fait d'avoir été méchant...
:) un peu simpliste comme conception, ok... Bon en fait la jurisprudence va poser que la faute est
l'erreur ou la défaillance de conduite. Il n'y a pas de réelle définition de la faute. Tel comportement
n'est pas assimilé forcément à une faute dès le départ. C'est une notion "standard", ce qui signifie que
son contenu dépend des circonstances... Bon mais si on se limite à ça, on va pas déplacer des
montagnes, alors voyons quelques points particuliers ..;)
La faute est une notion entièrement objective. Ca signifie que si c'est apprécié en fonction des
circonstances ce n'est pas apprécié en fonction du sujet "fautif". En fait ca n'a pas été évident d'en arriver là...
Reprenons l'évolution jurisprudentielle :
Pour résumer la question de l'appréciation de la subjectivité concerne principalement les enfants et les
déments... La jurisprudence admettait (il y a longtemps) que la faute devait être imputable à son auteur, qu'il
devait en avoir eu conscience ...
Acte 2, la jurisprudence commence à réduire le champ de cette subjectivité... Les tribunaux considèrent que
seul le dément peut en bénéficier et à condition qu'il prouve qu'il était en état de démence complet au moment
de la "faute".
Acte 3, le dément, même s'il était complètement inconscient au moment des faits, ne doit pas avoir été
inconscient du fait de d'une conduite précédente répréhensible (il se drogue...par exemple)
Acte 4, même si le dément est irresponsable, ceux qui étaient chargés de le surveiller sont responsables quand
même de sa faute...
Vient ensuite la loi, qui cherche à aller dans le même sens que la jurisprudence (la protection des victimes). Elle
considère, article 489-2, que le dément est responsable civilement de ses actes. La loi supprime donc
l'imputabilité pour ces personnes...
La jurisprudence commence par limiter cette suppression, refusant de l'étendre à une personne victime d'un
anévrisme causant un dommage (la personne est inconsciente mais de là à la mettre sous tutelle...), mais
l'appliquant à un enfant réellement dément (et qui tue...).
Dernier acte concernant l'imputabilité. La cour de cassation met à mort cette condition en matière de
responsabilité civile délictuelle dans une série d'arrêts de son Assemblée Pleinière du 9 mai 1984. La cour de
cassation pose en effet dans l'arrêt Derguini, rendu à propos de l'irruption d'un enfant sur la chaussée, que "cette
irruption intempestive avait rendue impossible toute manoeuvre de sauvetage de l'automobiliste. qu'en l'état de
ces constatations et énonciations, la cour d'appel, qui n'était pas tenue de vérifier si la mineure était capable de
discerner les conséquence de tels actes, a pu, reternir, sur le fondement de l'article 1382 que la victime avait
commis une faute qui avait concouru [...] à la réalisation du dommage."
La faute est donc tout écart de conduite, seulement le coté matériel des choses, l'élément "psycologique" n'étant
plus nécessaire.
La faute civile n'a pas, comme la faute pénale l'exige, besoin d'être prévue par les textes, n'est pas non plus
nécessairement un acte positif (une abstension peut être constitutive d'une faute : Ainsi la cour de cassation
estime t'elle dans un arrêt du 27 février 1951 que "la Cour [d'Appel] devait rechercher si en écrivant une
histoire de la TSF dans laquelle les travaux et le nom d'E.B. étaient volontairement omis, T. s'était comportée
comme un écrivain ou un historien prudent, avisé et conscient des devoirs d'objectivité qui lui incombaient."
Il faut remarquer que la faute peut être intentionnelle ou pas, cela n'aura d'importance que sur la
qualification de la faute : délictuelle ou quasi délictuelle (1383) et influera également sur les possibilités de
reconnaitre la responsabilité d'une personne dans le cadre de l'exercice d'un droit (voir la théorie de l'abus de
droit, qui demande non seulement l'intention de commettre la faute, mais également l'intention de nuire...)

Le dommage.
Le dommage doit résulter de la lésion d'un intérêt légitime. C'est d'ailleurs une condition générale pour agir
en justice.
En matière d'intérêt légitime la jurisprudence a estimé que le décès d'un concubin pouvait donner lieu à un
dommage ayant un intérêt légitime (Ch mixte 1970 "Dangereux". Avant cet arrêt il y avait une opposition entre
la chambre civile et la chambre criminelle sur la prise en compte de la situation de concubinage). De même,
dans un arrêt du 25/06 /1992 la cour de cassation a estimé que la naissance d'un enfant non désiré pouvait
être la lésion d'un intérêt légitime à condition que l'enfant ne soit pas parfaitement formé ou qu'il
constitue une souffrance morale certaine (ça concerne en particulier les médecins IVG, mais ça relève
d'ailleurs plus alors de la responsabilité contractuelle).
Le dommage à part ces quelques points "sensibles", la notion de dommage est assez claire et simple. Il y a trois
conditions propres au dommage pour qu'il soit indemnisable :
Le dommage doit être direct. Je ne peux pas demander la réparation du dommage d'un autre à mon profit...
logique. Par contre le dommage d'un autre peut me causer préjudice, c'est souvent le cas lorsqu'un époux
décède en laissant l'autre. C'est alors un préjudice par ricochet, mais un préjudice direct (propre)...
Le dommage doit pouvoir être apprécié au moment du jugement. Sinon on en sort pas...
Le dommage doit être certain. C'est ma jambe coupée. C'est aussi le préjudice futur qui existera. Jambe
coupée, ca tombe mal j'étais coureur sportif...
Le lien de causalité.
C'est le dernier point, le plus logique, le plus essentiel et aussi le plus problématique. Il faut que le lien soit
direct. Mais que signifie "direct" ?
Exemple : Accident de voiture à cause d'un chauffard, on me transporte à l'hôpital, erreur médicale, on
m'ampute (oui j'ai pas de chance...). Il y a faute du chauffard, il y a dommage (ne pas oublier que j'ai une jambe
en moins ...) mais pour autant y-a-t-il lien direct de causalité entre la faute du chauffard et mon dommage ?
On pourrait être tenté de dire oui, par sévérité envers le chauffard, mais imaginons une situation où la faute est
"pardonnable", un ami me blesse avec un couteau, hôpital, faute etc... Que dire... que dire... ?
Si on admet que la faute du chauffard ou de l'ami a un lien de causalité direct avec le dommage (ce qui n'exclut
d'ailleurs pas une part de responsabilité à l'hôpital), on adopte la théorie de l'équivalence des conditions. Mais
alors on n'a pas fini, parce qu'il peut y avoir toute une série de fautes en plus qui auront un lien de causalité
direct avec le dommage (accident d'ambulance, de brancart...)
On peut donc se dire que plutôt on va prendre la faute qui a eu pour conséquence directe le dommage... C'est
plus logique... On l'appelle théorie de la cause adéquate. Ca signifie cependant pas que l'on exclut la
possibilité de demander la réparation d'un dommage à plusieurs personnes ! Voir plus bas concernant
l'exonération. Quand on a du mal à trouver laquelle des fautes a un lien de causalité direct avec le dommage, la
jurisprudence tente de trouver une faute collective...Un exemple ? Les chasseurs qui tirent tous ensemble et
tuent une personne sans que l'on puisse savoir quelle balle l'a tuée... c'est arrivé...!). Dans l'exemple proposé
plus haut, la faute ayant un lien de causalité directe serait l'erreur médicale (quant à l'amputation...).
Sur ce problème la jurisprudence est parfois ambiguë. Un arrêt de la chambre des requètes de 1942 consacre la
première théorie, un arrêt de la chambre sociale de 1943 consacre la seconde... Il faut retenir qu'en général la
jurisprudence retient la plus logique, la cause adéquate.
Le lien de causalité est aussi très important car c'est surtout cette condition qui va permettre de contester la
mise en œuvre de la responsabilité.
Bien entendu on va pouvoir prouver que l'on a fait aucune faute, que la "prétendue victime" n'a pas subi de
préjudice direct et certain, mais c'est surtout à l'occasion du lien de causalité que l'on va rencontrer non des
moyens d'exonérations (ça suppose que la responsabilité soit déjà engagée alors que justement elle ne l'est
pas...) mais des moyens de "défense" qui sont :
La force majeure qui est un événement imprévisible, irrésistible, et extérieur. C'est même pas la peine de
chercher une faute si on a une force majeure, ça exclut toute responsabilité.
Le fait d'un tiers, en fait surtout la faute d'autres personnes. Si ces fautes ont un lien de causalité direct et
prouvé, la responsabilité des deux (ou plus) fautifs sera engagé in solidum (chacun est tenu envers la victime de
la réparation de TOUT le préjudice, mais bénéficient ensuite d'une action récursoire contre les co-fautifs pour
se faire rembourser...).
La faute de la victime. Ce n'est pas seulement le fait qui exonère. Il faut une faute.
Si cette faute a les caractéristiques de la force majeure, on applique la "théorie" de la force majeure et il n'y a
aucune faute qui puisse être reprochée.
Si cette faute n'est pas un cas de force majeure, alors on va exonérer à proportion de la gravité de la faute.
Cette faute peut résider dans quelque chose de très matériel comme dans l'acceptation d'un risque, mais il faut
alors que ce risque soit anormal (monter dans une voiture volée, conduite par quelqu'un qui n'a pas son permis
!).
La responsabilité civile du fait des choses

La responsabilité du fait des choses est fondée sur un article, l'article 1384 du code civil qui pose que
l"On est responsable non seulement du dommage que l'on cause de son propre fait, mais encore du
dommage qui résulte du fait des personnes ou des choses que l'on a sous sa garde".
Il y a dans le code civil certains articles qui ont été rédigés pour de simples questions de formes, de
compréhension. Cet article en est un, il introduisait, après l'article 1383 sur la responsabilité quasi
délictuelle, à la suite de l'article 1384 concernant les personnes dont on doit répondre et aux articles 1385
et 1386 qui justement avaient pour objet la responsabilité du fait des animaux et du fait des ruines.
L'article 1384 était donc un article "transition", vers des régimes spéciaux de responsabilité. Pourtant la
jurisprudence interpréta cet article comme une règle à part entière, introduisant un régime général de
responsabilité. On pourrait se dire que la jurisprudence finalement n'a fait qu'appliquer les textes, mais
honnêtement au regard de la situation et de la formulation de l'article, il est permi d'en douter.
L'éclosion de cette responsabilité est en fait due à l'absence de législation du travail. En effet, fin 19e siècle, la
révolution industrielle a produit ses effets, les machines sont de plus en plus puissantes, et dangereuses... Or
pour prouver la responsabilité du patron face aux conditions de travail, il fallait établir la responsabilité
délictuelle du fait personnel... et la preuve n'était pas facile à rapporter. La jurisprudence invente donc dans
un arrêt du 30.3.1896 "Teffaine" la notion de responsabilité civile du fait des choses, en la fondant sur ce
fameux article 1384 alinéa 1, et sur l'idée que le patron, doit assumer le risque de ces accidents du travail. Le
législateur ne sera pas insensible à cette création jurisprudentielle, il remarquera son opportunité, et une loi du
28.4.1898 interviendra pour réglementer les accidents du travail et en faire un régime spécial.
Présomption de faute ou présomption de responsabilité ?
La ressemblance entre les deux, c'est que dès qu'on parle de présomption on va répondre par une exonération
(à la différence de la responsabilité du fait personnel, où l'on conteste uniquement la mise en oeuvre.
la différence entre les deux est grande. C'est la même chose que la différence entre obligation de moyen et
obligation de résultats. Présumer une faute, c'est permettre de démontrer qu'elle n'existe pas (au même titre que
l'on présume tout homme innocent jusqu'à ce qu'une décision de justice définitive déclare le
contraire). Présumer une responsabilité, c'est enlever l'idée de faute de toute la responsabilité. On n'est
plus dans le domaine de la charge de la preuve de la faute, on est au dela de ça. On a ôter la faute, les conditions
de mise en œuvre de la responsabilité sont différentes. Les moyens d'exonération le sont donc également.
Mais revenons à nos moutons... En 1896 dans l'arrêt "Teffaine", encore un peu "timide" la jurisprudence
fonde cette responsabilité sur une présomption de faute (on ne se souciait donc si vous avez suivi que de la
charge de la preuve, et c'était la préoccupation majeure à cette époque, mais on permettait au "patron", de
s'EXONERER en prouvant son absence de faute.).
La jurisprudence s'affirme de plus en plus, et prenant de l'assurance, consacre dans un arrêt de la première
chambre civile du 15.3.1921 (c'était une histoire d'incendie d'un batiment dans une gare, ca s'était étendu à tout
le quartier, l'assurance avait fait la gueule après... résultat le législateur a mis une disposition particulière à
l'alinéa 2, un des régimes spéciaux...) a présomption irréfragable de faute du gardien de la chose. Cette
présomption c'est quelque chose de bizarre, on dit qu'on présume une faute mais on empêche de démontrer le
contraire... sauf moyens d'exonération des présomptions de responsabilité... c'est pas très logique... mais bon...
La jurisprudence finit par revoir ses termes dans un arrêt du 13.2.1930 "Jean d'Heur". Dans cet arrêt la cour
de cassation abandone toute référence à des éléments subjectifs pour considérer que la responsabilité du fait des
choses est fondée sur une présomption de responsabilité. Elle considère d'ailleurs que sont concernées par
l'article 1384 alinéa 1er toutes les choses et pas seulement les choses dangereuses (la jurisprudence s'était en
effet limitée à ces dernières...)
La consécration de cette jurisprudence apparait avec l'arrêt Desmares du 21.7.1982 qui pose que le gardien de la
chose ne peut s'exonérer que par la preuve de la force majeure (la faute de la victime étant donc exclue des
moyens d'exonération). Dans cet arrêt qui concernait un accident de la circulation, la jurisprudence cherchait
surtout à pousser le législateur à intervenir dans ce domaine. Cette interprétation sera d'ailleurs confirmée
puisque la jurisprudence, après la loi de 1985, reprendra en considération la faute de la victime...
Conditions de mise en œuvre de la responsabilité du fait des choses.
Quelques conditions sont nécessaires pour pouvoir engager la responsabilité du fait des choses.
Une chose !
Oui c'est la moindre des choses. Cette chose peut être n'importe quoi même si elle n'est pas en elle même
dangereuse (un clavier d'ordinateur est une chose pouvant donner lieu à la responsabilité du fait des choses par
exemple...).
Sont néanmoins exclues certaines choses qui font l'objet d'un régime spécial : les animaux (régime calqué sur la
resp. pour faute), les ruines (subordonné à preuve d'un défaut d'entretien, d'un vice de construction), les
communications d'incendies (voir loi de 1922), les accidents de la circulation,
Un fait de la chose.
En fait pris au sens strict on peut confondre ces deux premières conditions. La distinction entre les deux n'avait
d'intérêt qu'avant un arrêt du 24.2.1941 "Pialet" qui est l'aboutissement d'une jurisprudence de la cour de
cassation qui se voulait de plus en plus protectrice de la victime, et limitant de plus en plus l'exigence que la
chose agisse par elle même ou possède certaines caractéristiques... Avec Pialet, la jurisprudence pose
que toutes les choses sont concernées par l'article 1384 alinéa 1. Dans le fait de la chose il faudrait plutôt
comprendre maintenant le lien de causalité.
Un lien de causalité. (un peu distinct du fait de la chose qui n'existe plus...)
Lorsque la chose est intervenue dans la réalisation du dommage par un rôle passif, l'article 1384 ne peut
être mis en œuvre, il faut alors recourir à la responsabilité du fait personnel...
Lorsqu'au contraire la chose a eu un rôle actif dans la réalisation du dommage, l'article 1384 s'applique. Il
y a une présomption de rôle actif lorsque la chose était en mouvement, ou qu'il y a eu choc...
Une garde de la chose.
Logique, pour qu'il y ait responsabilité, il faut si ce n'est un fautif, au moins un responsable. En matière de
responsabilité du fait des choses, c'est le gardien qui est responsable. Quand est-on gardien d'une chose alors
?
La définition de la garde de la chose a été posée par l'arrêt Franck du 2.12.1941 : pour être gardien d'une
chose il faut en avoir l'usage, la direction et le contrôle. En pratique il faut avoir la maitrise de la chose.
Le propriétaire est présumé être le gardien de la chose dont il est propriétaire, mais il peut prouver le
contraire (la voiture était volée, exemple de l'arrêt Franck).
La personne qui transfère la chose, par exemple par un prêt, reste gardien dans les limites des restrictions
qu'elle impose dans la maitrise de la chose.
La garde de la chose peut s'exercer sur deux domaines. En fait la jurisprudence s'autorise depuis un arrêt
"Oxygène Liquide" du 5.1.1956 une distinction, pour les choses dangereuses ayant un dynamisme propre, entre
la structure de la chose et le comportement de la chose. Intérêt : il peut y avoir deux gardiens en même temps,
mais sur des domaines différents...
En matière de garde de la chose, la jurisprudence a admis dès un arrêt Trichard du 18.12.1964 la
responsabilité du dément, et parmi la série d'arrêt du 9.5.1984 (voir responsabilité du fait personnel), elle
étend cette possibilité de la garde de la chose à un infans (gardien d'une balancoire).
Attention en cas de garde commune avec la victime du dommage, du fait de la chose, cette dernière ne
saurait engager la responsabilité de l'autre gardien. C'est souvent un moyen pour éviter de mettre trop
rapidement en jeu la responsabilité de joueurs pour un jeu collectif comme le foot. Ca n'exclue nullement
cependant toute responsabilité des joueurs, mais celle ci doit être démontrée par l'intermédiaire de l'article 1382.
Les moyens d'exonérations.
On peut lutter contre les présomptions en démontrant :
la force majeure : verglas, émeute, fait du prince (la loi)
la faute de la victime qui exonérera différemment selon que cette faute a les caractères de la force majeure
ou pas... Attention entre 1982 et 1987 (arrêts du 6.4.1987) ce moyen d'exonération était refusé (cf supra)
le fait du tiers, qui peut lui aussi avoir les caractéristiques de la force majeure, et qui s'il ne les a pas, ne fait
qu'ouvrir droit à une action récursoire contre ce tiers par celui qui a indemnisé.
contre la présomption particulière de lien de causalité en cas de mouvement ou contact, on peut
démontrer l'absence de lien de causalité, malgré ce mouvement ou contact...
La responsabilité civile du fait d'autrui

La responsabilité du fait d'autrui a fait l'objet de nombreux textes dont le fameux art.1384 dans les alinéas
suivant l'alinéa 1er si connu... Il y a essentiellement quatre personnes qui sont responsables de quelqu'un
d'autres qu'eux délictuellement... ce sont les parents, les instituteurs, les commettants, les artisans. Quant à
savoir si sans rentrer dans cette catégorie on peut être responsable d'autrui, on verra ça ensuite...
Les instituteurs
C'est le cas le plus facile..
"Les instituteurs et artisans du dommage [sont responsables du dommage] causé par leurs élèves et apprentis
pendant le temps qu'ils sont sous leur surveillance." 1384 al 6
"En ce qui concerne les instituteurs, les fautes, imprudence ou négligence invoquées contre eux comme ayant
causé le fait dommageable, devront être prouvées conformément au droit commun, par le demandeur, à
l'instance." 1384 al 8.
Bon ben je crois que tout est dit...
Les conditions pour engager leur responsabilité sont :
Un fait dommageable de l'élève
Une faute de l'instituteur
sachant que la charge de la preuve repose sur le demandeur, donc la victime comme dans le droit commun...
Les parents
Ca se complique...
Le régime des artisans est calqué sur le leur, mais comme il y a moins d'arrêts et que la responsabilité des
parents a subi de gros changements, il y a incertitude...
" Le père et la mère, en tant qu'ils exercent le droit de garde, sont solidairement responsables du dommage
causé par leurs enfants mineurs habitant avec eux." al. 4
" La responsabilité ci-dessus a lieu a moins que les père et mère et les artisans ne prouvent qu'ils n'ont pu
empêcher le fait qui donne lieu à cette responsabilité." al.7
On est dans un système de présomption de responsabilité depuis un arrêt très récent du 19 février 1997. Avant
on était dans un système de présomption de faute. Mais on a voulu inciter les parents, voir les artisans puisque
l'article 1384 alinéa 7 les concerne aussi, à plus de diligence à offrir de meilleures garanties d'indemnisation aux
victimes.
Les conditions pour que cette responsabilité soit engagée sont celles de l'article 1384 alinéa 4 :
Un fait de l'enfant mineur (ou artisan) qui soit la cause directe du dommage, c'est l'arrêt Fullenwarth du
9.5.1984, qui consacre la conception objective de la faute en matière de responsabilité du fait d'autrui. Il suffit
que le mineur soit impliqué dans le dommage...
Une personne responsable.
Pour les enfants, ce sont les parents, à condition qu'ils aient l'autorité parentale. Il existait une autre
condition la cohabitation dont on ne sait si elle est toujours exigée. Une absence illégitime de cohabitation ne
fait pas cesser la présomption, tout comme le droit d'hébergement d'un des parents (Sambda c/ macif,
19.2.1997)
Pour les apprentis, ce sont les personnes délivrant une formation professionnelle (même une grosse
entreprise) à condition que le fait dommageable soit commis lors du temps de surveillance de l'apprenti (il n'y
a pas par contre de condition de lieu).
Les conditions d'exonération résultent de l'arrêt Bertrand du 19.2.1997 qui a profondément modifié les
données de cette exonération. Avant le système était fondé sur une présomption de faute, on pouvait montrer
que l'on avait pas commis de faute, l'alinéa 7 le prévoyait bien ! Mais de plus en plus, la jurisprudence a été
restrictive. Quand il n'y avait pas de faute de surveillance, la jurisprudence considérait qu'il y avait faute
d'éducation... dur de démontrer le contraire...
Par l'arrêt Bertrand, la jurisprudence pose clairement que les parents ne peuvent s'exonérer que par la
Force Majeure, le fait de la victime (à proportion), ou le fait d'un tiers si caractéristique de la force
majeure...
On est donc dans un système de présomption de responsabilité.
Les commettants.
" Les maitres et commettants, du dommage causé par leurs domestiques et préposés dans les fonctions
auxquelles ils les ont employés".
Pourquoi rendre les commettants responsables délictuellement de leur préposé (Attention on est pas dans la
responsabilité contractuelle !), par présomption de faute ? par théorie du risque profit ? ...
Toujours est il que la mise en œuvre de cette responsabilité suppose :
Un fait dommageable du préposé.
Ce fait doit être Fautif et causal. Attention la responsabilité du fait des choses ne peut pas jouer ici on ne peut
être préposé et gardien en même temps...c'est pas possible...
Un responsable.
Pour être responsable, il faut
 Un lien de préposition, ca revient au lien de subordination juridique, au pouvoir de donner des ordres.
Ca correspond au contrat de travail, mais c'est un peu plus large (on est pas soumis aux conditions du
contrat de travail, le simple lien de préposition suffit (ca peut englober donc des amis participant à un
déménagement, de la famille pour une occasion...
 un rattachement du fait dommageable au lien de préposition. là bel exemple de cohérence
jurisprudentiel : la chambre civile exigeait une exécution défectueuse des ordres tandis que la
jurisprudence n'exigeait qu'une faute facilitée par les fonctions... L'assemblée pleinière de la cour de
cassation a tranchée en 1988 : Le commettant ne s'exonère que si le préposé a agi hors des fonctions,
sans autorisation, à des fins étrangères à ses attributions. Il y a donc trois conditions cumulatives...mais
les problèmes se sont déplacées sur l'expression : hors de ses fonctions...
Une fois que l'on a prouvé la faute du préposé, le lien de préposition et le lien entre les deux, les moyens
d'exonération sont hyper simples : il n'y en a pas ! Radical, on est dans un système de responsabilité, on ne
parle même plus de présomption, d'exonération...
Remarquez que la responsabilité du fait d'autrui n'exclut pas non plus la responsabilité du fait personnel, mais
c'est rare d'avoir un employé plus riche que son employeur...

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