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Procédures collectives d'apurement du passif

(Mr. Thierno Amadou Ndiogou)

Séance 1

Thème : Les effets de l'ouverture des procédures collectives

Mame Diarra Gueye (200057)


Mame Diarra Samb (200068)
Yama Ndiaye (200090)
Fatimata Samba (200160)
Aminata Mouhamed Ndiaye (200165)
Situation 1

Par jugement en date du 15 avril, le Tribunal du commerce hors classe de Dakar a prononcé
le redressement judiciaire de Monsieur Yoro et fixé au 1er mars la date de cessation des
paiements.

Ces faits sont relatifs aux effets du jugement déclaratif de redressement judiciaire à l’égard du
débiteur.

Il s’agira de déterminer ici l’inopposabilité des actes accomplis par un commerçant en


redressement judiciaire.

A. Une donation effectuée au commerçant par sa maîtresse en la date du 1er


Janvier

Selon les dispositions de l’article 69-1 de l’Acte Uniforme relatif aux procédures collectives
et l’apurement du passif, parmis les actes pouvant être déclarés inopposables à la masse des
créanciers, s’ils lui ont causé un préjudice sont présents “les actes à titre gratuit translatifs de
propriété mobilière ou immobilière faits dans les six mois précédant la période suspecte”.

En l'espèce la période suspecte est comprise entre le 15 Avril et le 1er mars ce qui fait que
certains actes accomplis durant cette période peuvent être frappés d’inopposabilité à la masse
des créanciers, en outre la donation (qui est un acte à titre gratuit translatif de propriété) à la
maîtresse a eu lieu le 1er Janvier, date antérieure à la période suspecte et compris dans le
délai de six mois, ce qui fait que cette dernière est susceptible d'être déclarée inopposable si
elle porte préjudice à la masse des créanciers. Il s’agira dans ce cas-là d'une inopposabilité
facultative.

B. La distribution d’une prime à l’ensemble du personnel salarié à l’occasion


du 10e anniversaire de l’entreprise

Au regard de l’article 68-1 de l’acte uniforme portant organisation des procédures collectives
d’apurement du passif “sont inopposables de droit à la masse des créanciers s’ils sont faits
pendant la période suspecte : tous les actes à titre gratuit translatif de propriété mobilière ou
immobilière”.

La prime distribuée à l’ensemble du personnel en raison de l’anniversaire de la fonction de


l’entreprise peut être considérée comme un acte à titre gratuit à savoir une donation. Et en ce
qui concerne la date, cet acte est intervenu le 30 mars tout en sachant que la période suspecte
est la période qui court de la cessation des paiements à la date du jugement.
En somme cet acte est accompli pendant la période suspecte et il est constitutif d’un acte à
titre gratuit alors il est frappé d’une inopposabilité de droit.
C. Le paiement à la même date d’une dette échue dont le créancier était le
beau-frère du commerçant

Selon les dispositions de l’article 69 de l’AUPC: “Peuvent être déclarés inopposables à la


masse des créanciers, s’ils lui ont causé un préjudice (...) les paiements volontaires de dettes
échues si ceux qui les ont perçus ont eu connaissance de la cessation des paiements du
débiteur au moment des paiements”. En outre l’article 69-3 de l’acte uniforme portant
organisation des procédures collectives dispose que “peuvent être déclarés inopposables à la
masse des créanciers s’ils lui ont causé un préjudice : les paiements volontaires des dettes
échues si ceux qui les ont perçus ont eu connaissance de la cessation de paiement du débiteur
au moment des paiements”.

En l’occurrence les actes posés sont susceptibles d’être frappés d’une inopposabilité
facultative seulement si deux conditions sont réunies à savoir : celui qui a bénéficié du
paiement avait connaissance de la cessation des paiements et que ce paiement effectué porte
préjudice aux autres créanciers. En l'espèce, si le paiement de la dette du commerçant à son
beau frère avait causé préjudice à la masse des créanciers et que ce dernier avait conscience
de l’état de cessation de paiement, malgré l’échéance de la dette elle serait frappée d’une
inopposabilité facultative.

D. Le 15 Mars, le commerçant au lieu de payer un de ses fournisseurs en espèce


comme prévu initialement se libère en lui abandonnant la propriété d’une
camionnette qu’il utilisait jusque-là pour ses livraisons

Selon l’article 212 du Code des Obligations Civiles et Commerciales, “Sans pouvoir être
contraint de recevoir une autre chose que celle qui lui est dûe, le créancier peut convenir avec
le débiteur d’une prestation de remplacement en nature.”. Cette prestation sera la dation en
paiement. De plus, le 4e point de l’article 68 de l’AUPC dispose que les paiements des dettes
échues par un procédé anormal peuvent être considérés inopposables dès lors qu’ils sont
effectués dans la période suspecte.

En l’espèce, la date du 15 mars est incluse dans la période suspecte située entre le 1er Mars et
le 15 Avril. De plus, dans la mesure où le commerçant n’a pas payé la dette échue en se
servant de la contrepartie initialement prévue mais a plutôt opté pour une prestation en nature
il s’agit d’une dation en paiement. En considération de ces différents paramètres, le paiement
de la dette pourra être frappé d’une inopposabilité de droit.

E. Le contrat conclu le 1er Avril par lequel Mr. Yoro prend à bail un entrepôt
nécessaire à son exploitation pour un prix nettement inférieur à la valeur
locative

Selon les dispositions de l'article 68 de L'AUPC et du 68-2: "Sont inopposables de droit à la


masse des créanciers s'ils sont faits pendant la période suspecte (..) tout contrat commutatif
dans lequel les obligations du débiteur excèdent notablement celles de l'autre partie".

En l'espèce le paiement du bail a eu lieu le ler Avril soit durant la période suspecte néanmoins
le bail était à un prix nettement inférieur à la valeur locative, on ne peut donc possiblement
parler d'un déséquilibre des obligations au détriment du débiteur.
F. Un paiement réalisé le 15 Mars au moyen d’une cessation de créances,
conformément aux usages de la profession

Relativement au paiement des dettes lorsque ces dernières sont non échues, leurs paiements
sont inopposables de droit à la masse de créanciers si elles sont effectuées durant la période
suspecte comme en dispose l’article 68-3 de l'AUPC. Néanmoins, les paiements de dettes
échues qui ont lieu par le biais d’un “mode normal de paiement ou communément admis dans
les relations d’affaires du secteur d’activité du débiteur ” ne sont pas frappés d'inopposabilité
de droit (art 68-4) .

En l'espèce le paiement s’est effectué le 15 Mars soit durant la période suspecte, par
conséquent vu que la dette a été payée conformément aux usages de la profession, si elle était
non échue elle serait inopposable de droit à la masse de créanciers. Néanmoins, si cette
dernière avait atteint son échéance, dans ce cas bien qu’effectué dans la période suspecte, le
paiement serait régulier car conforme aux usages de la profession , ainsi l’inopposabilité de
droit sera écartée.

G. Dans l’optique où le représentant des créanciers ne demanderait pas


l’inopposabilité de tout ou partie de ces actes.

1. Le Parquet pourrait-il agir à sa place ?

Selon les dispositions de l’article 70 de l’AUPC “L’action en déclaration d’inopposabilité


n’est exercée que par le syndic, sans préjudice de l’application de l’article 72, alinéa 2
ci‐dessous. Elle relève de la compétence de la juridiction ayant ouvert la procédure de
redressement ou de liquidation des biens”.

En l'espèce le Parquet ne pourra pas agir à la place du représentant des créanciers si ils ne ne
demandent pas l’inopposabilité de tout ou partie de ces actes, cette compétence est exclusive
au(x) syndic(s).

2. Les créanciers pourront-ils agir individuellement sur la base d’une action paulienne ?

La masse des créanciers ne peut recourir qu’aux inopposabilités de droit ou facultative dans
la mesure où les poursuites individuelles sont suspendues; ils ne pourront par conséquent pas
recourir à une action paulienne qui est dans le domaine des procédures collectives inefficaces.
Situation 2

Par un jugement du 04 février 2022, le Tribunal du commerce hors classe de Dakar déclare la
société en espèce en état de cessation des paiements depuis le 04 décembre 2021. Néanmoins,
un concordat de redressement a été conclu avec les créanciers étant donné que ladite société
avait encore des chances d’être sauvée. Quoi qu’une homologation n’a pas encore été
effectuée par le tribunal. Malgré tout cela, le DG de la société va quand même continuer à
effectuer des actes liés à la gestion sans l’autorisation du syndic.

Ces faits renvoient aux prérogatives du débiteur en redressement judiciaire.

1) Est ce que le directeur général d’une entreprise en état de cessation des


paiements peut procéder seul au renouvellement d’une hypothèque arrivée à
expiration ?

En principe, le premier alinéa de l’article 52 de l’AUPC: “La décision qui prononce le


redressement judiciaire emporte, de plein droit, à partir de sa date, et jusqu’à l’homologation
du concordat de redressement judiciaire ou la conversion du redressement judiciaire en
liquidation des biens, assistance obligatoire du débiteur pour tous les actes concernant
l’administration et la disposition de ses biens, sous peine d’inopposabilité de ces actes”, de
plus le second alinéa du même article vient apporter des dérogations à cette obligation
d’assistance “le débiteur peut accomplir valablement, seul, les actes conservatoires et ceux
de gestion courante entrant dans l’activité habituelle de l’entreprise, conformément aux
usages de la profession, à charge d’en rendre compte au syndic”.

En l’espèce, par un jugement du 04 février 2022, la société “Au carrefour du Doigt” a été
déclarée être en état de cessation des paiements depuis le 04 décembre 2021. Néanmoins, un
concordat de redressement a été conclu avec les créanciers étant donné que ladite société
avait encore des chances d’être sauvée. Au regard de cette situation, le directeur général de la
société a continué à effectuer un certain nombre d’actes de gestion. Plus précisément un
renouvellement d’une hypothèque arrivée à expiration qui constitue un acte conservatoire;
cela sans l’autorisation du syndic.
Eu égard à la disposition précitée, le dirigeant de ladite société peut accomplir seul les actes
conservatoires et ceux de gestion courante. Ainsi, l’on peut retenir que le directeur général
d’une entreprise en état de cessation des paiements peut procéder au renouvellement d’une
hypothèque arrivée à expiration.

2) Est ce que le directeur général d’une société en état de cessation de paiement


peut procéder au licenciement d’une partie du personnel de surface sans
l’obtention de l’autorisation du syndic ?

En principe, deux hypothèses peuvent se présenter à nous. D’après d’une part l’article 110 de
l’acte uniforme relatif à l’organisation des procédures collectives, “Lorsque des licenciements
pour motif économique présentent un caractère urgent et indispensable, le syndic peut être
autorisé à y procéder par le juge commissaire selon la procédure prévue par le présent
article et le suivant, nonobstant toute disposition contraire mais sans préjudice du droit au
préavis et aux indemnités liées à la résiliation du contrat de travail”; et d’autre part l’article
52 alinéa 2 de l’acte uniforme relatif à l’organisation des procédures collectives d’apurement
du passif, “le débiteur peut accomplir valablement, seul, les actes conservatoires et ceux de
gestion courante entrant dans l’activité habituelle de l’entreprise, conformément aux usages
de la profession, à charge d’en rendre compte au syndic”.

En l’espèce, le directeur général d’une société en état de cessation des paiements a procédé au
licenciement d’une partie du personnel sans obtenir l’autorisation du syndic. Nous pouvons
faire face à deux hypothèses: s’il s' agit d' un licenciement ordinaire pour faute, ce dernier
sera considéré comme un acte de gestion courante, conformément à l’article 52 alinéa 2. De
ce fait, il n’aura pas besoin de l’autorisation du syndic; il devra cependant lui rendre compte.
Néanmoins il ne peut licencier une partie du personnel de surface, s’il s’agit d’un
licenciement pour motif économique indispensable ou urgent, il reviendra au syndic de le
faire après accord du juge commissaire.
Situation 3

En date du 12 mars 2021, le Tribunal de Grande Instance de Saint-Louis, déclare la cessation


de paiement d’une société et en fixe la date provisoire du 03 janvier 2021. Un fournisseur de
la société étant conscient de la situation économique et financière de l’entreprise a cependant
accepté de celle-ci la constitution d’un droit réel accessoire sur un immeuble en garantie de
ses prestations impayées; sûreté ayant été inscrite deux mois avant la cessation de paiement.
A contrario, un des partenaires économiques de cette même société n'a pu obtenir aucune
sûreté pour garantir sa créance née le 11 Décembre 2022 à la suite d'une opération effectuée
dans le cadre de la société. Enfin, le frère de l'un des dirigeants de la société a bénéficié d'une
libéralité à l'occasion du baptême de son premier fils.

Ces faits renvoient à la composition de la masse des créanciers.

1) Dès lors, se posent les questions à savoir, quel sera le sort de cette sûreté ? Ce
fournisseur pourra-t-il être admis dans la masse des créanciers?

La date de la cessation de paiements fixée par la juridiction compétente ne peut être


antérieure de 18 mois à la décision d’ouverture, conformément à l’alinéa 2 de l’article 34 de
l’AUPC. C’est ainsi que de la fixation de la date de cessation de paiement découle la période
suspecte où l’on considère que l’entreprise n’a pas payé ses dettes depuis telle date. L’article
67 de l’Acte Uniforme dispose que “Cette période étant comprise entre la date de cessation
de paiement et la date du prononcé d’ouverture de la procédure, la période suspecte
commence à compter de la date de la cessation des paiements et prend fin à la date de la
décision d’ouverture du redressement judiciaire ou de la liquidation des biens”. Elle permet
d'annuler un certain nombre d'actes qui ont été faits pendant cette période.
De plus, le 3e alinéa de l'article 72 de l'AUPC dispose que “la masse est constituée par tous
les créanciers dont la créance est antérieure à la décision d'ouverture”

En l’espèce, la période suspecte se situe entre le 03 janvier 2021 et le 12 mars 2021, dont
deux (2) mois et 9 jours. La sûreté dont bénéficie Moussa Fall, le fournisseur, est constituée
deux mois avant la date de cessation des paiements, à savoir le 03 novembre 2020 plus
précisément, donc bien avant. Étant ainsi incomprise dans la période suspecte, la sûreté dont
bénéficie Moussa Fall est régulière et opposable. Le fournisseur Moussa Fall rentre, par
conséquent, dans la masse des créanciers.

2) Qu’en est-il du sort du partenaire économique de la société en cessation de


paiements qui n’a obtenu aucune sûreté pour garantir sa créance née bien après
la fixation de cette dernière dans le cadre des activités de son débiteur ?

En principe, les créanciers dont les droits sont nés régulièrement après la décision
d’ouverture, de toute activité régulière du débiteur ou du syndic, sont des créanciers “contre
la masse”. Ils bénéficient d’un droit privilégié d’être payés car leurs prestations sont
présumées avoir profité à la masse ou au débiteur au désarroi.

Dans la mesure où la créance est issue d’une réparation effectuée sur le matériel de stockage
de produits frais destinés à la restauration du personnel on considère qu’elle tient à une
activité régulière du débiteur, par conséquent, malgré sa naissance bien après la décision
d’ouverture, elle sera opposable à la masse des créanciers.

Le prestataire d’une société dont la cessation de paiement a été prononcée peut-il demander
un droit réel accessoire pour garantir sa créance ?

Le législateur communautaire met en place deux hypothèses l’assistance où le


dessaisissement relativement aux actes et aux biens du débiteur. Tout d’abord selon les
dispositions de l’article 52 al. 1 de l’AUPC “La décision qui prononce le redressement
judiciaire emporte, de plein droit, à partir de sa date, et jusqu’à l’homologation du concordat
de redressement judiciaire ou la conversion du redressement judiciaire en liquidation des
biens, assistance obligatoire du débiteur pour tous les actes concernant l’administration et la
disposition de ses biens, sous peine d’inopposabilité de ces actes”. Ensuite selon l’alinéa 3 de
l’article suivant “Les actes, droits et actions du débiteur concernant son patrimoine sont
accomplis ou exercés, pendant toute la durée de la liquidation des biens, par le syndic
agissant seul en représentation du débiteur”.

En l'espèce le partenaire aura la possibilité de demander une sûreté réelle si elles prennent en
compte les deux hypothèses ci-dessus, si le débiteur est en redressement judiciaire il devra
nécessairement être assisté pour les actes concernant l’administration et la disposition de ces
biens; si il s’agit d’une liquidation des biens il devra se faire représenter par le syndic pour les
effectuer. Le débiteur ne pourra effectuer seul des actes d’administration ou de dispositions,
cependant à travers ces précédentes dispositions, le partenaire pourrait effectivement
bénéficier d’un droit accessoire si le débiteur respecte les voies légales mises en place dans ce
cas de figure.

3) Quel est le sort d’une libéralité effectuée à l'endroit d'un des proches des
dirigeants d'une entreprise en cessation de paiements ?

Selon les dispositions de l’article 68-1 de l’AUPC, les actes à titre gratuit translatifs de
propriété mobilière ou immobilière accomplis durant la période suspecte sont inopposables
de droit à la masse. De plus, il ressort des dispositions de l'article 71 de l'AUPC dans la
mesure où l'inopposabilité profite à la masse “l'acte à titre gratuit déclaré inopposable est
privé d'effet s'il n'a pas été exécuté. Dans le cas contraire, le bénéficiaire de la libéralité doit
rapporter le bien dont la propriété a été transférée gratuitement”.

En l'espèce, la période suspecte s'étale du 3 Janvier 2021 au 12 Mars 2021, la libéralité étant
effectuée le 7 Janvier, se situe dans l'intervalle de la période suspecte. Par conséquent il se
devra de restituer la libéralité qui constitue un acte à titre gratuit inopposable de droit dans la
mesure où elle profite à la masse des créanciers.

Ce proche bénéficiaire d’une libéralité pourra-t-il intégrer la masse des créanciers ?

Le 3e alinéa de l'article 72 de l'AUPC dispose que “la masse est constituée par tous les
créanciers dont la créance est antérieure à la décision d'ouverture, même si l'exigibilité de
cette créance était fixée à une date postérieure à cette décision à condition que cette créance
ne soit pas inopposable en vertu des articles de 68 et 69 ci-dessus”.

En l'espèce, le frère d’un des dirigeants ne pourra prétendre à rejoindre la masse de créanciers
dans la mesure où il a bénéficié d’une libéralité bien qu’elle se soit effectuée avant la décision
d'ouverture car cela ne fait pas de lui un créancier. Il n’aurait pu la rejoindre quelque soit la
nature de l’acte dans la mesure où ce dernier est déclaré inopposable de droit .

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