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Séance 4 RGO :

CESSION DE CRÉANCE :

Commentaire d’arrêt :

La cession de créance étant initialement un contrat, celle-ci doit obéir au préalable à un certain for-
malisme concernant les conditions de sa validité. Cela mène donc parfois à des conflits juridiques.
Le pourvoi rendu par la première chambre civile de la Cour de Cassation le 22 mars 2012 démontre parfaite-
ment le type de conflit qui peut advenir.

En l’espèce, plusieurs personnes assurées auprès de la même compagnie d’assurance, Groupama, ont
confié à une société de carrosserie, la réparation de leurs véhicules.
Les clients de la société de carrosserie ont signé une cession de créance d’indemnisation à l’encontre de leur
assureur. Le cessionnaire de la créance a par ailleurs dénoncé à l’assureur, le débiteur cédé, par des lettres re-
commandées avec accusé de réception. Suite à cela, la compagnie d’assurance/débiteur cédé a payé le créan-
cier cédant.

Le cessionnaire a alors fait appel devant la Cour D’appel de Bordeaux, afin de réclamer un autre
paiement de la part de l’assureur au motif que celui établi au carrossier n’était pas libératoire. Celle-ci ayant
rendu son arrêt le 27 janvier 2011, en rejetant cette demande au motif que le cessionnaire n’a pas respecté
l’article 1690 du code civil stipulant que « Le cessionnaire n'est saisi а l'égard des tiers que par la significa-
tion du transport faite au débiteur.
Néanmoins le cessionnaire peut être également saisi par l'acceptation du transport faite par le débiteur dans
un acte authentique. ».
Un pourvoi en cassation a donc été formé.

Est-il possible de rendre opposable la simple connaissance d’une cession de créance de la part du débiteur
cédé?

À cette question, la Cour de Cassation répond négativement aux motifs que la simple connaissance de la ces-
sion de créance par le débiteur cédé ne suffit pas à lui rendre opposable et que la Cour d’Appel de Bordeaux
a « exactement déduit que les cessions de créance lui étaient inopposables » .

Ainsi, pour répondre à cette question, il va falloir étudier le formalisme au travers des conditions d’opposabi-
lité du débiteur cédé (I) puis il sera vu l’évolution et plus particulièrement l’assouplissement des formalités.
(II)

I/ Le formalisme des conditions d’opposabilité du débiteur cédé au travers de l’article 1690 du code civil :

A- Les règles de l’article 1690 du code civil :

Avant tout, il faut définir les termes. La cession de créance est un contrat par lequel le créancier
d’une obligation (créancier cédant) transfert la créance qu’il a contre une autre personne (débiteur cédé) à
une tierce personne, le cessionnaire.

La cession de créance fait l’objet de deux formalités, qui sont stipulées dans l’article 1690 du code civil.
Premièrement, l’ancien article 1690 du code civil subordonnait l’opposabilité d’une cession de créance au
débiteur à sa signification ou à son acceptation par acte authentique comme le démontre son alinéa 1. Plus
précisément, c’est donc un huissier de justice qui doit se chargé d’informé le débiteur cédé. Pourtant, en pra-
tique, la jurisprudence admet que ce soit le cessionnaire qui s’en charge directement d’informer le débiteur
cédé, puisqu’il est d’en son interêt que se soit fait le plus rapidement possible. Cependant, il faut que le terme
de « cession de créance » apparaisse et qu’il y ait une signature en retour.

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Tandis que l’alinéa 2 « Néanmoins le cessionnaire peut être également saisi par l'acceptation du transport
faite par le débiteur dans un acte authentique. » signifie que l’acceptation du cédé signifie qu’il sera informé
de la cession de créance; qu’il ne faut pas confondre avec consentement du débiteur.
En l’espèce, il est indiqué que les cessionnaires ont dénoncé à l’assureur, le débiteur cédé, par des lettres re-
commandées avec accusé de réception. Suite à cela, la compagnie d’assurance/débiteur cédé a payé le créan-
cier cédant. De plus, « l'article 1690 du code civil met en place un système destiné à assurer une parfaite in-
formation des tiers à la cession de créance, sans conférer à ces derniers, et notamment au débiteur cédé, un
droit d'opposition à la convention intervenue entre cédant et cessionnaire »

Il s’agit dorénavant de s’informer si une fraude a été commise car, comme il est mentionné, « la
fraude corrompt tout ».

B- L’opposabilité de la fraude.

Tout d’abord, la connais

1°/ que la fraude corrompt tout ; que l'article 1690 du code civil met en place un système destiné à assurer
une parfaite information des tiers à la cession de créance, sans conférer à ces derniers, et notamment au débi-
teur cédé, un droit d'opposition à la convention intervenue entre cédant et cessionnaire ; qu'en l'espèce, en dé-
boutant la société Carrosserie Labat de ses demandes, tant au titre de la créance dont elle était titulaire que
des dommages-intérêts qu'elle sollicitait, sans rechercher, ainsi que cela lui était demandé, si le débiteur cédé
n'avait pas effectué un virement en faveur des cédants après avoir été dûment informé de ce que la créance
avait été cédée, et par conséquent à la
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TD de régime général de l’obligation - L3 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités.
Année universitaire 2022-2023
seule fin de s'opposer abusivement à la cession intervenue, la cour d'appel a privé sa décision de base légale
au regard du principe susvisé ensemble les articles 1690 et 1382 du code civil ;

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