Vous êtes sur la page 1sur 4

Le transport des obligations

A- La cession de créance

La cession de créance est une convention par laquelle un créancier (cédant) procède au
transfert à un tiers (cessionnaire) une créance qu’in détient vis-à-vis de son débiteur (cédé).

I- Les conditions de la cession de créance :

A. Conditions de fond :

En tant que contrat, la cession de créance doit satisfaire aux conditions de validité des
obligations édictées par l’article 2 du D.O.C, à savoir la capacité de s’obliger, un consentement
valable sur les éléments essentiels de la cession entre le créancier cédant et le cessionnaire, un
objet non contraire à la loi at aux bonnes mœurs, et en dernier lieu, la cession suppose une cause
licite. Ceci est clairement énoncé dans les dispositions de l’article 194 du D.O.C qui prévoit que
la cession est parfaite dès le consentement des parties.

De même, il est à souligner que la cession n’est soumise à aucune formalité pour qu’elle soit
valable, mais elle doit obéir aux règles relatives à la preuve des obligations contractuelle,
notamment celles prévues à l’article 443 du DOC. A cet effet, si l’objet de la cession dépasse la
valeur de 10000 DHS elle ne peut être prouvée que par un acte authentique ou sou seing privé.

B. Les règles relatives à l’objet de la cession :

En principe, tout droit personnel est susceptible d’être l’objet d’une cession tout en
respectant les conditions de validité du contrat. Cependant, ce principe n’est pas absolu dans la
mesure où il comporte des exceptions qui peuvent entraver la cession de certains droits que si le
débiteur en accepte cette cession.

En effet, selon les dispositions de l’article 192 du D.O.C la cession d’un droit litigieux est
considérée comme nul à moins que le débiteur en l’accepte. Le droit est litigieux au sens du dudit
article lorsqu’il y a un litige sur le fond même du droit au moment de la cession, ou lorsqu’il
existe des circonstances de nature à faire prévoir des contestations judicaires sur le fond du droit.
D’autres part, il existe des droits qui ne peuvent faire l’objet d’une cession, c’est ainsi
dispose l’article 190 du D.O.C que la cession ne peut porter sur des droits éventuels dont
l’existence est hypothétique. De même, l’article 191 ajoute que la cession ne peut porter sur des
droits qui ne peuvent être cédés soit en vertu d’une clause contractuelle soit en vertu de la loi, ou
lorsque la créance porte sur des droits qui ont un caractère purement personnel. En dernier lieu,
lorsque la créance ne peut faire l’objet d’une saisie ou opposition.

En dernier lieu, l’article 193 du D.O.C a précisé que la cession est nulle lorsqu’elle a pour
but que d’éloigner le débiteur de ses juges naturels.

II- Les effets de la cession de créance :

A. Les effets de la cession entre les parties :

Entre les parties, la cession produit deux principaux effets juridiques à savoir la transmission
de la créance ainsi que l’obligation de garantie due par le cédant. En effet, la cession de créance
implique la transmission de la propriété de la créance au cessionnaire qui prend la place du
créancier cédant, de sorte que le débiteur cédé doit payer le montant de la créance au
cessionnaire.

De même, selon les dispositions de l’article 200 du D.O.C la cession de créance implique
également la transmission des accessoires qui font parties intégrantes de la créance, notamment
les privilèges sauf ceux qui sont personnels, les hypothèques et caution lorsqu’il y a stipulation
expresse. La cession comporte, par la suite, les autres suretés sauf stipulation contraire, ainsi que
les actions en nullité, en rescision ou en paiement appartenant au créancier cédant.

En outre, l’article 201 précise que si la cession comprend le gage le cessionnaire détient
toutes les obligations de son cédant en ce qui concerne la garde et la conservation de ce gage. En
d’inexécution, le cédant et le cessionnaire rependent solidairement envers le débiteur.

D’autre part, le cessionnaire bénéficie d’un certain nombre de droits résultant de la


transmission de la créance. En effet, aux termes de l’article 199 du D.O.C le créancier doit
remettre au cessionnaire un titre établissant la créance et lui fournir les moyens de preuve ainsi
que les renseignements dont il dispose qui sont nécessaires pour l’exercice des droits cédés.
En outre, le cédant doit assumer une obligation de garantie à l’égard du cessionnaire. A cet
effet, l’article 203 du D.O.C distingue entre la cession à titre gratuit et celle à titre onéreux.

Ainsi donc, le cédant à titre onéreux doit garantir au cessionnaire sa qualité de créancier ou
ayant droit, l’existence de la créance au moment de la cession ainsi que son droit de disposer de
ladite créance. Il doit également garantir l’existence des accessoires et les autres droits attachés à
la créance. Quand au cédant à titre gratuit, l’article 203 a précisé que le créancier cédant n’est
pas tenu à garantir l’existence de la créance ou du droit objet de la cession, mais il doit répondre
des suites de son dol.

En ce qui concerne la solvabilité du débiteur, l’article 204 prévoit que le cédant n’est tenu à
garantir cette solvabilité que si le débiteur cédé était insolvable au moment de la formation de la
cession. Cependant, le cédant cesse d’être tenu de cette garantie si le défaut du paiement provient
soit du fait ou de la négligence du cessionnaire, ou si ce dernier a accordé au débiteur une
prorogation du terme après l’échéance de la dette.

B. Les effets de la cession à l’égard du débiteur cédé :

La simple cession de la créance entre le créancier cédant et le cessionnaire n’est pas à elle-
même suffisante pour produire ses effets vis-à-vis du débiteur cédé. En effet, selon des
dispositions de l’article 195 du D.O.C il existe deux moyens permettant d’assurer le transfert de
la créance au cessionnaire, soit en informant le débiteur par une signification du transport de la
créance ou à travers l’acceptation du débiteur de cette cession dans un acte ayant date certaine.

De là, tant que la cession n’a pas été signifiée au débiteur d’une manière légale ou n’a pas
été acceptée par ce dernier dans un acte ayant date certaine, elle demeure sans effet à l’égard du
débiteur cédé ainsi qu’à l’égard des tiers et par conséquence le débiteur n’est pas tenu à payer le
cessionnaire.

Cependant, cette règle n’est pas absolue dans la mesure où le législateur marocain a précisé
dans les dispositions de l’article 209 du D.O.C que la cession d’une hérédité est valable dès sa
formation sans accomplir aucune formalité. Cette cession produit ses effets à l’égard des parties
ainsi qu’à l’égard des tiers par force de la loi.
D’autre part, l’article 196 du D.O.C énonce que lorsque la cession porte sur des baux ou
loyers d’immeubles ou autres objets susceptibles d’hypothèque ou rente périodique constituées
sur cet objet, elle n’a pas d’effet à l’égard des tiers que si elle est constatée par écrit ayant date
certaine si elle est faite pour une durée excédant une année.

Vous aimerez peut-être aussi