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Cours droit des contrats spéciaux

Le contrat de vente

L’article 478 du DOC définit « la vente est un contrat par lequel l’une des parties transmet la propriété d’une chose ou
d’un droit à l’autre contractant, contre un prix que ce dernier s’oblige à payer ». Traditionnellement, la vente peut
avoir un caractère civil ou commercial. Elle a un caractère commercial dès lors que le vendeur est commerçant. Les
principales dispositions applicables en matière de la vente se retrouvent dans le titre deuxième du livre deuxième du
dahir formant code des obligations et des contrats sous les articles 478 à 618-20, dans les lois et les règlements
spéciaux mais aussi dans les usages du commerce. En premier lieu, dès lors que l'acheteur est un consommateur, c’est
le droit de la consommation qui impose ces règles. En second lieu, la majorité des ventes entre professionnels sont
soumises aux impératifs du droit de la concurrence. La formation de la vente commerciale obéit à un certain nombre
de règles dont le respect permet de réaliser le transfert de la propriété.

A. La formation du contrat de vente :

1. Les caractères du contrat de vente :

C’est un contrat consensuel : il se forme par la réunion, d’une part, de l’offre qui peut être générale et impersonnelle
ou faite à une personne déterminée, et d’autre part de l’acceptation peut être expresse ou tacite. C’est un contrat
synallagmatique car il met à la charge des parties des obligations réciproques : payer le prix pour l’acheteur et livrer
la chose pour le vendeur. C’est un contrat à titre onéreux, ce qui le différencie de la donation ou du prêt ; C’est un
contrat translatif car il a pour objet le transfert d’un droit de propriété.

2. Les éléments constitutifs du contrat de vente :

Quatre éléments constitutifs conditionnent la licéité du contrat de vente. Premièrement, le consentement des
parties doit être exprimé et manifesté par l’absence de tout vice à savoir l’erreur, le dol ou la violence.
Deuxièmement, les parties doivent avoir la capacité d’aliéner le bien objet du contrat. Troisièmement, l’objet
du contrat concerne la chose et peut présenter différentes natures à savoir un corps certain qui est
identifiable à la conclusion du contrat, une chose future qui n’existe pas encore au moment de la conclusion du
contrat mais qui est identifiable, une chose de genre qui est déterminable au moment de son individualisation entre
les mains de l’acheteur, il s’agit de la vente en bloc, vente au poids, au compte ou à la mesure, une chose licite et dont
la vente est autorisé par la loi. Dernièrement, le prix doit être déterminé et connu dès la conclusion du contrat ou
au moins « déterminable » sous peine de nullité absolue du contrat de vente.

B. Les effets du contrat de vente :

Aux termes de l’article 487 du DOC, la vente est parfaite entre les parties, dès qu’il y a consentement des contractants,
l’un pour vendre, l’autre pour acheter, et qu’ils sont d’accord sur la chose, sur le prix et sur les autres clauses du
contrat.

1. Les transferts de propriété et des risques :

L’article 491 du DOC fait naître, d’un seul et même acte qu’est le contrat de vente, une double fonction de
création d’obligations et de transfert de propriété « L’acheteur acquiert de plein droit la propriété de la chose
vendue, dès que le contrat est parfait par le consentement des parties. ». La propriété de la chose vendue est ainsi
transférée « solo consensu », c'est-à-dire par le seul échange des consentements. Selon les dispositions de l’article
493, dès la perfection du contrat, l’acheteur va supporter les impôts, contributions et autres charges qui pèsent sur la
chose vendue et les frais de conservation. Néanmoins, l’article 494 du DOC prévoit que si la vente est faite « à la
mesure, au compte, à l’essai, sur dégustation ou sur simple description » tant que la chose vendue n’a pas été «
comptée, mesurée, jaugée, essayée, dégustée, examinée ou agréée par l’acheteur ou par son représentant »,
c’est le vendeur qui supporte les risques liés à la chose, même si la chose est déjà entre les mains de l’acheteur. La
chose vendue voyage aux risques du vendeur jusqu’à sa réception par l’acheteur, ce qui revient à dire que le vendeur
supporte le risque du transport (article 496 du DOC). Le contrat de vente est donc translatif des droits du
vendeur vers l’acquéreur. Le transfert de propriété a lieu dès le consentement des parties même s’il n’y a encore eu
ni livraison, ni paiement. Son application facile pour un corps certain, l’est moins pour une chose de genre. Il
n’interviendra que lorsque cette dernière sera affectée précisément à l’acheteur. Il peut être retardé par l’expression
de la loi ou par la volonté des parties lesquelles peuvent introduire dans le contrat une clause de réserve de
propriété.

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La clause de réserve de propriété :

Grâce à la clause de réserve de propriété, si le débiteur ne paie pas à la date d’échéance indiquée , On dispose de
deux actions à savoir une action en revendication qui consiste à faire reconnaître au vendeur le droit de propriété
sur les marchandises et à lui les faire restituer si elles se trouvent toujours dans les locaux ou le patrimoine du
débiteur, et une action sur le prix auprès de l’acquéreur ou des sous-acquéreurs, pour exiger le paiement du reliquat
du prix. Si un bien vendu est détruit ou abîmé, en principe, le dommage subi par la chose vendue est à la charge de
l’acquéreur. Mais cette règle est parfois inadaptée et les parties peuvent convenir d’insérer dans le contrat une
clause de dissociation selon laquelle le transfert de risques se fera après le transfert de propriété quand la
livraison du bien a lieu après la signature du contrat sur une chose future. Le vendeur assume toujours le risque
alors que le transfert de propriété est déjà intervenu, ou le transfert de risques se fera avant le transfert de
propriété dans l’hypothèse où une clause de réserve de propriété a été introduite dans le contrat. L’acquéreur
qui est en possession du bien mais qui n’en est pas encore propriétaire supporte le risque.

2. Les obligations réciproques : (art 499 à 531)

Les obligations du vendeur :

Le vendeur a deux obligations principales, l’une de délivrer la chose vendue et l’autre de garantir.

1.La délivrance (articles 499 à 531)

Le vendeur doit livrer la chose conforme, pour la quantité et la qualité, à la convention. L’article 512 dispose que « la
chose doit être délivrée dans l’état où elle se trouvait au moment de la vente», ce qui revient à dire que le
vendeur ne peut pas modifier l’état de la chose vendue. S’agissant de la quantité, les usages déterminent valablement
la valeur des unités employées. Concernant la qualité, en principe le vendeur n’est tenu que de livrer une qualité
loyale, sauf si le contrat est plus précis. Tel est le cas des ventes sur échantillon, des ventes subordonnées à l’agréage
ou à l’essai par l’acheteur. La délivrance doit porter sur les accessoires de la chose vendue tels que par exemple les
manuels d’utilisation et de maintenance d’une machine, les documents administratifs, voir les droits et actions
attachés à la chose vendue (art. 516 DOC). L’article 502 du DOC prévoit que la délivrance doit s’effectuer au lieu où
la chose vendue se trouvait au moment du contrat, sauf convention contraire des parties. Quant à la date de
délivrance, le principe est posé par l’article 504 du DOC « aussitôt après le conclusion du contrat ». Toutefois, il
faut distinguer selon que la vente est faite « en disponible » et dans ce cas les usages ne permettent qu’un bref délai,
ou que la vente est dite « à livrer » c'est-à-dire que la délivrance sera différée jusqu’au moment où la chose vendue
parvient à l’acheteur. La délivrance s’effectue par le délaissement de la chose vendue par le vendeur et sa prise de
possession par l’acheteur. L’article 500 du DOC détermine les différentes modalités du délaissement.

Si le vendeur ne délivre pas la chose vendue à l’époque convenue, ou s’il délivre une chose non conforme ou ne délivre
aucune chose, il manque à son obligation de résultat et l’acheteur pourra alors mettre en œuvre plusieurs actions à
savoir opposer au vendeur l’exception d’inexécution (article 504 alinéa 2) ou demander au juge l’exécution forcée
de la vente, on peut aussi demander la réfaction du contrat c’est à dire sanctionner une inexécution partielle d’une
obligation par une révision du contrat qui consiste à diminuer de façon proportionnelle l’obligation réciproque. enfin
on peut demander la résolution du contrat à ne pas confondre avec la résiliation du contrat.

2- La garantie (articles 532 à 575) :

La garantie que le vendeur doit à l’acheteur a un double objet, l’une de garantir la jouissance et la possession paisible
de la chose vendue, c’est la garantie dite pour cause d’éviction, l’autre de garantir que la chose vendue est exempte
de défaut qui rendrait la chose impropre à son usage, c’est la garantie dite pour les vices rédhibitoires, cette
garantie est, selon les termes de l’article 532 du DOC, due de plein droit, c'est à dire qu’elle n’a pas à être stipulée dans
le contrat.

S’agissant de la garantie pour cause d’éviction, le vendeur doit faire en sorte que l’acheteur ne souffre d’aucune
éviction de son fait mais également de tout fait de tiers. Pour permettre à l’acheteur d’invoquer la mise en jeu de
cette garantie, trois conditions doivent être réunies; d’abord, le trouble doit être actuel et non pas seulement
éventuel, ensuite, le trouble doit consister en une éviction telle que définie par l’article 534 du DOC, il y a éviction;
lorsque l’acquéreur est privé en tout ou en partie de la possession de la chose, lorsqu’il ne réussit pas à en
obtenir la possession contre un tiers détenteur; Ou lorsqu’il est obligé de faire un sacrifice pour la délivrer. Enfin, le
trouble doit avoir une cause antérieure à la vente. Selon l’article 538 du DOC, l’acheteur qui a souffert d’éviction a
le droit de se faire restituer le prix qu’il a déboursé et les loyaux coûts du contrat, les dépens judiciaires qu’il a fait
sur la demande en garantie, les dommages et intérêts qui sont la suite directe de l’éviction. Les parties peuvent
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convenir que le vendeur ne sera soumis à aucune garantie (article 544 DOC) mais cette clause n’affranchit le
vendeur que des dommages et intérêts mais ne le libère pas de restituer le prix qu’il a reçu.

La garantie des défauts de la chose vendue, dite aussi garantie des vices cachés, peut être appelée si les défauts non
apparents de la chose vendue la rende impropre à l’usage, l’acheteur peut soit rendre la chose au vendeur et se faire
restituer le prix au moyen de l’action rédhibitoire, soit conserver la chose vendue et se faire restituer une partie du
prix versé au moyen de l’action dite estimatoire. Le DOC a précisé la condition dans laquelle la garantie peut
être appelée, qui consiste à ce que le défaut soit d’une gravité suffisante, l’article 549 du DOC dispose que le vice
doit diminuer sensiblement la valeur ou rendre la chose vendue impropre à son usage et c’est le juge en cas de
litige qui apprécie cette gravité. Ainsi que le défaut ne soit pas apparent conformément à l’article 553 du DOC
met à la charge de l’acheteur une obligation d’examen « de l’état de la chose aussitôt après l’avoir reçue et de notifier
dans les 7 jours suivants la réception au vendeur tout défaut constaté, et l’article 569 du DOC énonce que « le
vendeur n’est point tenu des vices apparents, ni de ceux dont l’acheteur a eu connaissance ou qu’il aurait pu
facilement connaître. ». Il faut que le défaut soit antérieur à la vente, en effet selon les dispositions de l’article
552 du DOC, n’est garanti par le vendeur que le vice qui existait au moment de la vente s’il s’agit d’un corps
déterminé ou au moment de la délivrance s’il s’agit d’une chose fongible.

Comparer les dispositions de l’article 553 du DOC avec les dispositions de l’alinéa 3 de l’article 65 de la loi n° 31-08
édictant des mesures de protection du consommateur, qui dispose : « Par dérogation aux dispositions des
articles 573 et 553 du dahir du 9 ramadan 1331 (12 août 1913) formant code des obligations et des contrats, toute action
en justice découlant des défauts nécessitant la garantie ou du fait que l’objet vendu est dépourvu des qualités
promises, doit être intentée dans les délais suivants, à peine de forclusion; pour les immeubles, dans les deux ans
après la livraison; pour les biens meubles, dans l’année suivant la livraison. Ces délais ne peuvent être réduits par
accord entre les contractants ».

L’article 573 a fixé les délais d’exercice de l’action; pour les choses immobilières dans les 365 jours qui suivent la
délivrance; pour les choses mobilières et les animaux dans les 30 jours après la délivrance.

Les parties peuvent, toutefois, prolonger ou réduire contractuellement ces délais. Il faut en outre savoir que l’action
en garantie des vices cachés est transmise, en cas de revente, au sous acquéreur qui peut agir, à son choix, contre son
vendeur ou le vendeur initial ; les clauses limitatives de garantie sont nulles, sauf si la vente est conclue entre
deux professionnels de même spécialité.

B- Des obligations de l’acheteur : (articles 576 à 584)

L'acheteur a deux obligations principales, l'une de payer le prix et l’autre de prendre livraison de la chose.

1. Le paiement du prix :

Concernant le paiement du prix, l’acquéreur doit se libérer du prix de vente entre les mains du vendeur lui même
ou à la personne qu’il a mandatée ; mais le mandat ne se présumant pas, il incombe à l’acheteur qui paie entre les
mains d’un tiers de s’assurer que ce tiers a bien qualité ou pouvoir de recevoir le paiement. Le paiement porte sur le
prix convenu et ses accessoires puisqu’au terme de l’alinéa 2 de l’article 577 du DOC les frais du paiement sont à
la charge de l’acheteur. Selon les termes du contrat, le prix peut également comporter d’autres composantes telles que
les frais de transport, les droits de douane etc. L’alinéa 1er de l’article 577 du DOC dispose que « l’acheteur est tenu
de payer le prix à la date et de la manière établie au contrat; à défaut de convention, la vente est censée être
faite au comptant et l‘acheteur doit payer au moment même de la délivrance. » Ainsi, sauf clause contraire
dans le contrat, délivrance et paiement doivent s’exercer simultanément. Ce qui permet au vendeur de
bénéficier d’une double garantie en cas de non paiement du prix, la première à travers son droit de
revendication des choses mobilières en vertu des dispositions de l’article 582 du DOC qui énonce que le vendeur
qui n’a pas accordé de délai peut aussi, à défaut de paiement du prix, revendiquer les choses mobilières qui se
trouvent au pouvoir de l’acheteur, ou en arrêter la vente. La deuxième à travers le droit de rétention qui sur la base
de l’article 583 du DOC octroie à l’acheteur qui est troublé ou qui se trouve en danger imminent et sérieux, en vertu
d’un titre antérieur à la vente la possibilité de retenir le prix tant que le vendeur n’a pas fait cesser le trouble.

Dans le cadre des ventes à crédit où délivrance et paiement sont différés dans le temps, lorsque l’acheteur ne paie pas
le prix à l’échéance, le vendeur peut soit agir selon les modes de contrainte de droit commun, soit demander la
résolution de la vente puisqu’en application des dispositions de l’article 581 du DOC, si les parties l’ont convenu
dans le contrat, celui-ci peut être résolu de plein droit par le seul fait du non paiement dans le délai convenu.

2. L’obligation de retirement :
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L’obligation de retirement est le complément de l’obligation de délivrance et ses modalités correspondent aux
modalités de cette dernière. Ainsi, si la chose vendue doit être délivrée sur place, il appartient à l’acheteur d’aller la
retirer par lui-même ou par un tiers mandaté à cet effet. Si la chose vendue doit être livrée chez l’acheteur, il doit
désigner au vendeur le lieu de livraison ou de déchargement.

A défaut de retirement, le vendeur pourra demander l’exécution forcée ou la résolution de la vente.

Chapitre 2 – Les spécificités de certains types de contrat de vente

Certains types de contrat de vente présententdes spécificités particulières :

● Le contrat de vente commercial,


● La vente à réméré (articles 585 à 600 du DOC)
● La vente à option (articles 601 à 612 du DOC)
● La vente selem (articles 613 à 618)
● La vente d’immeuble en l’état futur d’achèvement (articles 618-1 à 618-20 du DOC).

1) Les spécificités de la vente commerciale :

La vente peut avoir un caractère civil ou commercial. Elle a un caractère commercial dès lors que le vendeur est
commerçant. La vente commerciale est l’acte de commerce le plus courant de la vie des affaires. Elle constitue le cœur
même de de l’activité commerciale qui consiste essentiellement à acheter des marchandises pour les revendre. Au
niveau de la production, elle permet aux industriels de s’équiper et au niveau de la distribution elle assure
l’écoulement des biens produits. Le code de commerce ne réglemente pas directement ce contrat. Les principales
dispositions applicables à la matière se retrouvent aux articles du DOC, dans les lois et les règlements spéciaux mais
aussi dans les usages du commerce. En premier lieu, dès lors que l’acheteur est un consommateur, c’est le droit de la
consommation qui impose ces règles. En second lieu, la majorité des ventes entre professionnels sont soumises aux
impératifs du droit de la concurrence et de la distribution. La formation de la vente commerciale obéit à un certain
nombre de règles dont le respect permet de réaliser le transfert de la propriété.

a-La forme du contrat

L’écrit n’est pas obligatoire, même pour les ventes importantes, le contrat n’est rédigé qu’en vue de ménager une
preuve. En outre, en matière commerciale, il existe très souvent des contrats préétablis dans lesquels figurent « les
conditions générales de vente ». Un écrit est toutefois exigé, il s’agit de la facture depuis la promulgation de la loi
n°6/99 et ceci essentiellement pour des raisons fiscales. La facture doit contenir un certain nombre de mentions
obligatoires.

b- Le consentement

L’offre de vente effectuée par un commerçant est normalement impersonnelle et à durée indéterminée.
Toutefois, la loi sur la concurrence a fixé un certain nombre de règles relatives à la publicité et à la protection du
consommateur. Ainsi parfois, la simple proposition de contracter est aussi réglementée en cas d’offre à distance par
un vendeur professionnel : informations permettant d’identifier le vendeur, obligation de renseignement renforcé.

Par ailleurs, la proposition de contracter fait par exposition prend la forme d’une offre ferme dans les limites des
quantités offertes. Il faut aussi préciser que l’offre n'est pas seulement réglementée dans son contenu et son
expression mais elle peut l’être également dans la durée. L’acceptation de l’acheteur ne peut résulter de son silence
comme dans le droit commun.

Le régime de l’acceptation de la vente commerciale entraîne souvent des difficultés car elle est ralentie par un délai
de réflexion donné dans certains cas à l’acheteur et notamment par l’exercice du droit de rétractation.

La pratique commerciale a introduit des conditions résolutoires ou suspensives au profit de l’acheteur. C’est par
exemple le cas de la vente par dépositaire dans laquelle l’acheteur achète pour revendre et se réserve le droit de
restituer les marchandises invendues, l’acheteur ne paie donc pas le prix immédiatement, il ne paiera que ce qu’il a
vendu ; on rencontre ce type de contrat dans le commerce de journaux ou les librairies.

Attention toutefois à ce que le contrat ne change pas de qualification et soit assimilé à un dépôt. C’est aussi le cas de
la vente dite à l’essai dans laquelle l’acheteur se réserve la faculté de tester les marchandises afin de juger si elles lui
conviennent, son appréciation ne pourra porter que sur les qualités objectives des marchandises. Si le vendeur prouve

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que l’essai est satisfaisant, l’acheteur doit procéder à l’acquisition et il devient propriétaire rétroactivement au jour de
la conclusion du contrat.

c- l’objet :

La vente commerciale peut porter sur tout objet pouvant être dans le commerce. Dans les contrats de vente
commerciale, il sera utilement précisé la qualité ou l’ensemble des qualités de la chose objet du contrat, en l’absence
de définition de ces qualités, la marchandise devra être de qualité « loyale et marchande ».

La vente d’un corps certain emporte transfert de propriété dès la conclusion du contrat et les risques sont donc à la
charge de l’acheteur. Si la chose vient à périr avant la livraison sans qu’il y ait faute du vendeur et l’acheteur devra
tout de même payer le prix. La vente de chose future implique quant à elle que le risque pèse sur le vendeur qui a
l’obligation de satisfaire la livraison à son client dans les termes et conditions prévus au contrat.

S’agissant de la vente de chose de genre, il faut distinguer le cas de la vente en bloc pour laquelle le transfert de
propriété s’effectue lors de la conclusion du contrat, et la vente au poids, au compte ou à la mesure dans laquelle
le transfert de propriété ainsi que des risques a lieu dès que les opérations spéciales de comptage, de mesurage ou de
pesage permettent l’individualisation de l’objet de la vente.

d-Les obligations :

La jurisprudence et la doctrine ont admis une troisième obligation à la charge du vendeur en sus de l’obligation de
délivrance et de celle de garantie, c’est l’obligation de renseignement.

En effet, le vendeur doit renseigner l’acheteur sur le produit vendu, ses conditions d’utilisation et les dangers que
l’usage ou la consommation peuvent présenter. Cette obligation entre dans le souci de la protection du
consommateur compte tenu de la diversité et de la technicité croissante des produits ainsi que devant les nouvelles
formes de distribution.

Cette obligation de renseignement et ce devoir de conseil à la charge du vendeur sont basés sur le consensualisme du
contrat de vente. Ainsi, pour accepter, l'acheteur doit avoir une connaissance suffisante de la chose.

2) La vente à réméré (articles 585 à 600 DOC)

L’article 585 du DOC la définit comme étant « la vente par laquelle l’acheteur s’oblige, après la vente parfaite, à
restituer la chose au vendeur contre remboursement du prix », il s’agit donc d’une vente avec faculté de
rachat.

La faculté de rachat est limitée dans le temps pour une durée maximale de 3 ans (art. 586 DOC). Ce délai de 3 ans est
d’ordre public, même le juge ne peut prolonger ce délai. Toutefois, si c’est par la faute de l’acheteur que le vendeur n’a
pu exercer la faculté de rachat, l’expiration du délai fixé ne l’empêche pas d’exercer son droit. Pendant la durée du
délai, l’acheteur peut jouir de la chose vendue à titre de propriétaire, il en perçoit les fruits et exerce toutes les actions
relatives à la chose pourvu que ce soit sans fraude.

Le vendeur peut exercer son action de rachat contre un second acquéreur quand bien même la faculté de rachat
n’aurait pas été déclarée dans le second contrat. Si le vendeur n’exerce pas son droit de rachat dans le délai stipulé au
contrat, il perd son droit. Si au contraire, le vendeur exerce son droit de rachat, la chose vendue est censée n’avoir
jamais cessé de lui appartenir.

La faculté de réméré s’exerce par notification faite par le vendeur à l’acquéreur de sa volonté d’effectuer le rachat ; le
vendeur doit en même temps faire une offre de prix.

Le vendeur qui use du pacte de rachat ne peut rentrer en possession de la chose vendue qu’après avoir remboursé le
prix qu’il a touché et les dépenses qui ont augmenté la valeur de la chose. L’acheteur doit restituer la chose ainsi
que tous ses accroissements depuis la vente et les fruits qu’il a perçus depuis le jour où le prix a été payé. L’acheteur a
un droit de rétention du chef des remboursements qui lui sont dus.

3-La vente à option: (sous condition suspensive en faveur de l’une des parties au contrat) régie par les
articles 601 à 612 du DOC.

Dans ce cadre, la vente est faite sous la condition que l’acheteur ou le vendeur ait le droit de se départir du contrat
dans un délai déterminé soit 60 jours pour les immeubles, ou 5 jours pour les choses mobilières. Pendant le délai

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d’option, le droit aux fruits, accroissements et accessions de la chose demeure en suspens ; il passe avec la chose
elle-même à la partie qui acquiert définitivement la propriété. Si la partie opte affirmativement dans le délai imparti,
la vente devient pure et simple et la chose est réputée avoir appartenu à l’acheteur dès le jour du contrat.

Si la partie qui s’est réservé le droit d’option laisse passer le délai sans faire connaître sa décision, elle est présumée,
de plein droit, avoir accepté. L’acheteur perd le droit de refuser la chose par tout fait impliquant son intention de faire
acte de propriétaire tel que hypothéquer, gager, vendre, louer la chose, dégrader volontairement ou transformer la
chose vendue. Au contraire, le vendeur est présumé avoir opté négativement et perd le droit d’exiger l’exécution de la
vente dans les cas prévus ci-dessus.

Lorsque la partie opte négativement, le contrat est réputé non avenu et les parties doivent se restituer
réciproquement ce qu’elles ont reçu l’une de l’autre. L’acheteur qui ne peut restituer la chose ou la restituer détériorée
pour une cause non imputable à son fait ou à sa faute n’est tenu d’aucune responsabilité.

4-La vente Selem (à livrer avec avance de prix) réglementée par les articles 613 à 618 du DOC.

La vente « selem » est un contrat par lequel l’une des parties avance une somme déterminée en numéraire à l’autre
partie, qui s’engage de son côté à livrer une quantité déterminée d’objets mobiliers dans un délai convenu. Ce contrat
ne peut être prouvé que par écrit. Le prix doit être payé au vendeur intégralement dès la conclusion du
contrat. Lorsque dans une vente dite à livrer, les vendeurs ne se sont pas exécutés dans les délais et que le produit de
la vente n’existe plus, l’acheteur peut demander la résolution du contrat ou la restitution du prix.

Ce type de contrat est souvent utilisé au Maroc en matière de vente de récoltes, notamment de céréales. Ainsi, les
choses qui font l’objet de ce type de contrat de vente doivent être déterminées par qualité, poids et mesure selon
leur nature.

Si le débiteur est empêché, pour cause de force majeure, de livrer ce qu’il a promis, sauf faute de sa part, le créancier
peut choisir d’attendre la prochaine récolte (article 618 DOC). Si au plus tard l’année suivante la totalité des
produits de la vente est enfin disponible, l’acheteur est tenu de le recevoir et n’a plus la faculté de résoudre le contrat.
Si au contraire, le produit n’existe pas, le créancier peut demander la résolution du contrat.

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