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Commentaire d’arrêt

Phase introductive

Approche :

Dans toute société, Il arrive que le contrat légalement formé ne soit pas exécuté
du fait des parties tout comme indépendamment de leur volonté. Cette dernière
entraine toujours des conséquences juridiques inhérentes aux rapports
d’obligations. C’est l’étude de l’inexécution du contrat. C’est dans sens que la
cour suprême Sénégalaise en date du 16 janvier 2008 a cassé et annulé la
décision rendue par la cour d’appel suite à l’arrêt N- 21 rendu le 15 janvier 2004
sur une affaire de violation d’inexécution d’un contrat conclu entre la BIAO et
la société EXPRESSE TRANSIT.

Faits :

En l’espèce, il s’agit d’un protocole d’accord signé en Mai 1991 par la BIAO
acceptant de céder les titres fonciers qui lui ont été adjugés le 8janvier 1991 par
le tribunal régional de Dakar a la société Transit Express, moyennant le
versement au comptant du prix de cession fixé à 47.502.000fr. Par lettre du 10
octobre 1991, Express Transit ayant adressé quatre chèques certifiés du montant
total de la somme qui était convenue mais la BIAO refuse cette somme sous
prétexte que cet accord n’est plus d’actualités puisqu’ils étaient convenus à un
règlement immédiat du prix.

Procédures

Attendu que, l’arrêt commenté ne précise pas le sens de la décision du tribunal


régional de Dakar saisi en première instance en date du 8 janvier 1991, mais la
décision ainsi rendue a été frappée d’appel devant la cour. Ladite cour a infirmé
la demande formulée en première instance par la société EXPRESS TRANSIT
en considérant que l’obligation qui pèse sur la BIAO devenue CBAO est une
obligation de faire et non une obligation de donner. Attendu que la cour d’appel
a violé les articles 3,4 et 5 du COCC, le pourvoi en cassation formé à l’encontre
de cet arrêt résulte d’une constatation d’erreur de droit. Par ces motifs, la cour
suprême casse et annule l’arrêt N-21 rendu par la cour d’appel de Dakar.

Arguments et prétention des parties :

Dans un procès verbal, la société Express Transit assigne la BIAO à


perfectionnement de la vente, en validation de la pré notation et en paiement de
dommages et intérêts, entre temps la BIAO devenue CBAO, de son coté à
assigner Express Transit en expulsion des immeubles litigieux.

Sur ce en date du 22 octobre 1991, la BIAO lui a retournés une lettre lui
indiquant que les termes de leur accord n’était plus d’actualité puisqu’était
convenu un règlement immédiat du prix, et qu’elle n’a pas effectué.

Problème juridique :

Le juge devrait répondre à la question de savoir : La promesse de contrat


entraine-t-elle une obligation de faire pouvant aboutir à un transfert de propriété
promise ?

Réponse du juge :

Le juge de cassation répond par la négative car casse et annule la décision


rendue par la cour d’appel de Dakar en rétorquant que la diligence à effectuer
porte sur obligation de donner, la Cour d’appel a violé les textes susvisés et
renvoie les parties devant la ladite cour d’appel autrement composée.

Annonce du plan :

Pour mieux appréhender ce sujet, nous étudierons d’une part la violation de


l’exécution de l’obligation de donner (I) et d’autre part la sur la non-conformité
de la sanction appliquée à l’égard de la BIAO II)

I - La violation de l’exécution de l’obligation de donner

L’étude de la violation de l’exécution de l’obligation de donner nous amènera à


mettre l’accent sur la confusion de l’obligation de faire à l’obligation de donner
(A) et l’absence de transfert de la propriété des immeubles promis à la vente (B).

A - La confusion de l’obligation de faire à l’obligation de


donner

Il existe (3) trois sortes d’obligations selon l’article 3 du code des obligations
civiles et commerciales. Il s’agit de l’obligation de donner, de faire ou de ne pas
faire.

Tout d’abord, l’obligation de faire consiste pour le débiteur à fournir une


prestation, un service autre que le transfert d’un droit réel. Elle consiste aussi
l’accomplissement d’un fait positif ou d’une action. Quant à l’obligation de
donner, elle consiste pour le débiteur à transférer au créancier un droit réel
principalement au moyen de la délivrance au titulaire.

« L’arrêt attaqué considère que l’obligation de la CBAO, consistant à transférer


la propriété d’immeuble promis à la vente à la société EXPRESS TRANSIT est
une obligation de faire ».

En effet, dans cet arrêt, il ne s’agit pas d’une obligation de faire mais plutôt
d’une obligation de donner. Dans la mesure où il s’agit d’un transfert de
propriété d’immeuble. Alors, on est en présence d’un transfert d’un droit réel.

Cependant, dans cet arrêt, le juge d’appel a fait une confusion car la diligence de
cette action porte sur une obligation de donner et par conséquent ce dernier a
violé l’article 195 du code des obligations civiles en considérant que « la
promesse d’un contrat ne fait peser sur la tête des parties qu’une obligation de
faire »

« Toute obligation de faire se résout en dommage et intérêt en cas d’inexécution


de la part du débiteur ».

Cependant, la confusion de l’obligation a entrainé l’absence de transfert de la


propriété.

B - L’absence de transfert de la propriété des immeubles promis à


la vente

Le Code des obligations civiles et commerciales dispose en son article 1 :


« l’obligation lie un débiteur à son créancier en donnant à celui-ci le droit
d’exiger une certaine prestation ou abstention ».

En effet, en matière contractuelle, les obligations naissent entre les parties et


dont les ces dernières sont tenues à les exécuter. L'acquéreur n'acquiert, en
principe, un droit de propriété sur la chose qu'au moment de la délivrance
dispose l’article 276 du COCC. Mais les parties peuvent décider que l'acquéreur
deviendra propriétaire immédiatement dès l'échange de consentements c'est le
principe solo consens.

Dans cet arrêt, il y a une absence de transfert de propriété due au non respect de
l’accord convenu et qui consistait en un règlement immédiat du prix. Ce qui
constitue un manquement à l’obligation de donner. Cela constitue une atteinte
grave au principe de l'effet obligatoire du contrat.
Les contractants sont tenus d'exécuter de bonne foi toutes les obligations
stipulées ainsi que leurs « suites naturelles ».

Toute défaillance constitue un manquement contractuel : qu’il s'agisse non


seulement d'une inexécution totale ou partielle, mais encore d'une exécution
défectueuse, soit au regard de la qualité soit au regard des délais.

Toutefois, force est de constater que, la sanction appliquée à l’égard de BIAO


n’est pas conforme au droit.

II - La non-conformité de la sanction appliquée à l’égard de la BIAO

L’étude de la non- conformité de la sanction appliquée à l’égard de la BIAO


nous amènera à mettre l’accent sur l’inadéquation de l’allocation de dommage et
intérêts au bénéficiaire de l’offre (A) d’une part et d’autre part sur l’exécution
forcée de l’obligation (B).

A - L’inadéquation de l’allocation de dommages et intérêts au


bénéficiaire de l’offre.

Selon l’arrêt rendue par la cour d’appel « l’inexécution de l’obligation du


promettant doit être sanctionnée par l’allocation de dommages et intérêts au
bénéficiaire de l’offre. Apres un pourvoi en cassation par l’une des parties la
cour considère que cette sanction est inappropriée et constitue à ce titre une
violation de l’article 195du COCC qui dispose a son alinéa 2 et 3 : « Le juge
peut également ordonner l'exécution d'une obligation de donner par le débiteur
ou par un tiers aux frais du débiteur.
Il peut aussi ordonner aux frais du débiteur l'exécution par un tiers d'une
obligation de faire pour laquelle la personnalité du débiteur n'a pas été
déterminante. »
Précisons ici que l’allocation de dommages et intérêts est constituée de somme
d’argent versée au créancier pour compenser le préjudice qu’il subit du fait de
l’inexécution ou du retard dans l’exécution. De par cette considération de la cour
suprême nous pouvons dire que l’allocation de dommages et intérêts doit
répondre nécessairement a l’idée d’une réparation du dommage causée par
l’inexécution, ce qui pourrait justifiée une possibilité de recours a la notion de
responsabilité contractuelle classiquement admis.

Cependant, en cas d’inexécution par un débiteur lors d’un contrat, le créancier


peut recourir à une exécution forcée.

B) L’exécution forcée de l’obligation

En cas d’inexécution par le débiteur, la première démarche à laquelle se


livrera le créancier est l’envoie d’une mise en demeure, après il essaiera
d’obtenir l’exécution en nature ou par équivalent. Dans une telle hypothèse nous
rappelons que la décision rendue en première instance par le tribunal régional de
Dakar, le juge avait obligé le conservateur de la propriété foncière de procéder à
la mutation des immeubles litigieux au profit de la société Express Transit, au
cas ou la CBEAO ne s’exécuterait pas après la signification du jugement. Ainsi
il faut souligner que le premier juge a recouru à l’idée d’une possible exécution
forcée si la CBEAO ne respectait pas ses engagements. A ce titre, conformément
à l’article 194 du COCC qui dispose « Tout débiteur mis en demeure qui ne
s'exécute pas peut y être contraint par les voies de droit », le juge du tribunal
régional de Dakar soutient de ce fait qu’il y a existence de transférer de droit
réel qui doit se faire impérativement dans le but de rétablir la société Express
Transit dans ses droits.

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