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elle en a exactement déduit que, les consentements des parties s'étant rencontrés lors de la
levée de l'option par les bénéficiaires, la vente était parfaite. 14. Le moyen n'est donc pas
fondé.PAR CES MOTIFS, la Cour : REJETTE le pourvoi ».
Si cette solution de la troisème chambre civile de la Cour de cassation va opérer un
profond revirement de jurisprudence sur la nature juridique de la promesse unilatérale de
vente (I) ; Il va également consacrer la possible exécution forcée de la vente (II).
Par cet arrêt, la Cour de cassation va mettre en lumière la nature juridique ainsi que la
portée de la promesse unilatérale de vente. En effet, la jurisprudence civile s’est montrée
parfois floue ou du moins incohérente sur le sujet. C’est donc par cet arrêt que la troisième
chambre civile de la Cour de cassation va mettre fin aux émulsions de la doctrine et enfin
clarifier sa position sur la promesse unilatérale de vente. Elle mettra en exergue une
promesse de vente associée à une obligation de faire (A) ; puis fera la démonstration d’une
certaine homogénéisation entre la promesse de vente et le contrat de vente.
La Cour de cassation énonce dans cet arrêt qu’elle « jugeait jusqu'à présent, que, tant que
les bénéficiaires n'avaient pas déclaré acquérir, l'obligation du promettant ne constituait
qu'une obligation de faire. ». En statuant ainsi sur la nature de la promesse unilatérale de
vente, la Cour explique que cette notion juridique est régie par les anciens articles 1101 et
1134 du Code civil. Par ces articles, la Cour entend que la promesse unilatérale de vente
serait régie par les dispositions générales de l’effet des obligations, à savoir que « les
conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites » (article 1134
ancien du Code civil). Par voie de conséquence, le promettant serait tenu d’une obligation de
faire à l’égard du bénéficiaire auquel il aurait consenti de lui vendre son bien. Jusque-là le
développement de la Cour de cassation semble édicter parfaitement la situation dans
laquelle se sont engagées les parties.
Cependant, il semble que lorsqu’on observe plus attentivement les relations qui régissent le
promettant et le bénéficiaire, ainsi que la nature même de la promesse unilatérale de vente,
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cette qualification soit une peu trop rapide. En effet, certains membres de la doctrine
comme Léa Molina, vont faire état d’une nature juridique tout à fait différente de la
promesse unilatérale de vente. Celle-ci énoncera dans un article qu’« On sait depuis la thèse
d'Ibrahim Najjar que le droit d'option se caractérise comme un droit potestatif. Ainsi, ni le
promettant ni le bénéficiaire n'est créancier d'une prestation en vertu de la promesse
unilatérale. L'épure de ce contrat est même dépourvue de tout contenu obligationnel »
(L’unité contractuelle de la promesse et de la vente ; Recueuil Dalloz 2021 p.1574).
En effet, il semble qu’à regarder de plus près la subtsance de la promesse unilatérale de
vente, le promettant n’est pas titulaire d’une obligation de faire, ou du moins, il est tenu
d’une obligation bien différente qui fait de la promesse unilatérale de vente, un contrat
propre à lui-même. Dans une convention, le contractant est tenu d’une obligation, donc il
joue un rôle actif dans la réalisation du contrat. Dans le cas de la prommesse de vente, le
promettant joue un rôle diamétralement opposé, un rôle tout à fait passif. En effet, celui-ci
dépend entièrement de la volonté du bénéficiaire de la promesse, qui décide de l’avenir de
la vente, lui et lui seul. C’est donc sur ce point précis que la Cour de cassation semble avoir
eu recours à une qualification bien trop large de la promesse unilatérale de vente, en lui
confiant la nature d’une convention lambda et en insérant le promettant dans le rôle d’une
personne titulaire d’une prestation.
Ceci posera également un problème au niveau de la rétractation du promettant. En effet, s’il
est titulaire d’une obligation de faire, alors celui-ci devrait pouvoir s’en extirper selon la
disposition de l’article 1142 ancien du Code civil, sur lequel la Cour de cassation fonde son
analyse. Or, avec son revirement de jurisprudence, à savoir l’impossibilité pour le
promettant de se rétracter de la promesse unilatérale de vente, la Cour semble piocher
aléatoirement dans le Code civil que ce qui lui intéresse sans prendre en compte la réalité de
la nature de ma promesse de vente. C’est donc en ce sens que le raisonnement de la Cour,
même s’il semble pertinent, comporte des lacunes au niveau de son explication de son
revirement et devient capillotracté.
Par cet arrêt, la Cour de cassation va trancher en faveur d’une vision de la promesse
unilatérale de vente qui consiste à supprimer la distinction entre le contrat de vente établi
en amont, et le contrat de vente conclu postérieurement, pour arriver à une certaine
interdépendance des deux contrats.
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Avant cette solution du 23 juin 2021, la promesse de vente avait certainement une utilité
beaucoup plus pratique pour le promettant que ce qu’elle est devenue aujourd’hui. En effet,
l’hostilité au déploiement de l’exécution forcée en nature de la vente permettait une
certaine force au contrat de promesse de vente. Cette vision fut la position de la Cour de
cassation durant plusieurs décennies comme le prouve la jurisprudence dans de nombreux
arrêts ; comme dans l’arrêt Consorts Cruz, en date de 15 décembre 1993, érigé en un arrêt
de principe par la Cour (Civ. 3e, 15 déc. 1993, Consorts Cruz, n° 91-10.199), et confirmé par
la chambre commerciale plus récemment (Com. 13 sept. 2011, n° 10-19.526). Mais sous
l’impulsion de la doctrine, et notamment de Denis Mazeaud, qui critiquait de façon virulente
l’impossibilité d’avoir recours à l’exécution forcée en nature de la vente, et par la réforme du
10 février 2016 qui a créé l’article 1124 du Code civil, la Cour de cassation a dû se plier à
abandonner sa jurisprudence constante. Les conséquences de cet abandon influeront sur
l’intégrité de la promesse de vente pour certains auteurs. En effet, avant ce revirement, il
était possible de constater deux échanges des consentements pour la vente, l’un lors de la
promesse de vente et l’autre lors de la vente, car il y avait la possibilité pour le promettant
de se rétracter. Ainsi, la promesse unilatérale de vente pouvait se distinguer aisément de la
conclusion de la vente.
Aujourd’hui c’est la vision de Denis Mazeaud qui s’applique comme il l’a fortement
développé en 1995 (CP 1995, II, 22366, note D. MAZEAUD). Ce faisant, l’impossibilité de
procéder à l’exécution forcée en nature de la vente, laisse la place à un seul et unique
consentement qui s’établira lors de la conclusion du contrat de promesse unilatérale de
vente. Par voie de conséquence, le promettant sera pieds et poings liés après l’échange de
ce consentement et n'aura plus aucune marge de manœuvre. C’est donc en ce sens que la
promesse de vente et la conclusion de la vente sont désormais homogénéisé, l’un dépend
forcément de l’autre, ils sont unifiés.
Le point le plus critiquable de ce revirement de jurisprudence réside dans le fait que
la qualification d’avant-contrat semble perdre de son sens dans la mesure où la conclusion
de la promesse de vente est en réalité la conclusion du contrat de vente par anticipation. La
solution antérieure respectait le fait qu’il y ait deux contrats distincts, même s’ils sont liés.
L’intérêt de la promesse unilatérale de vente résiderait dans le fait qu’une partie promet de
réserver son bien en attente de son financement par l’autre partie cocontractante. Il y a une
suppression de cet intérêt car on ne fait plus la distinction entre les deux types de contrats.
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Par cet arrêt la Cour de cassation va établir un revirement fortement attendu par la
doctrine et va radicalement bouleverser le champ d’action du promettant au sein de la
promesse unilatérale de vente. En effet, elle va ériger une promesse de vente qui va
cloisonner l’action du promettant (A) ; et redéfinira ainsi le champ de la sécurité juridique de
la promesse unilatérale de vente (B).
Avant cet arrêt du 23 juin 2021, la promesse unilatérale de vente laissait pour le
promettant la possibilité de se rétracter et ainsi stopper la vente en cas de levée d’option. La
Cour de cassation établira cette ligne durant plusieurs décennies. En effet l’arrêt consorts
Cruz marquera ce principe au sein de la Cour de cassation. Pour donner suite à cette
jurisprudence constante, le législateur, sous l’influence forcenée de la doctrine, donnera
naissance à l’article 1124 du Code civil, durant la réforme du 10 février 2016.
L’originalité de cet arrêt est qu’il va établir une. Certaine rétroactivité de l’article 1124
nouveau, à des conventions qui étaient régis par le droit ancien. Certains s’en inquiéteront
et d’autre se réjouiront de cette uniformisation du droit de la promesse unilatérale de vente.
Toujours est-il que dans cette affaire la Cour de cassation rend un arrêt par anticipation. En
effet dans cette affaire, la promesse de vente avait eu lieu en 1999. Ce faisant, il y avait
possibilité pour le promettant de se rétracter sans pour autant assister à une exécution
forcée de la vente par nature. En effet, la Cour affirmera dans son arrêt Consorts Cruz, et
rappelé dans cet arrêt dans le moyen au pourvoi que « la levée d'option par le bénéficiaire
de la promesse, postérieurement à la rétractation du promettant, excluait toute rencontre
des volontés réciproques de vendre et d'acquérir ». Néanmoins, le promettant ne se voyait
pas pour autant exclu de toute sanction à son égard car un arrêt de la troisième chambre
civile en date du 28 octobre 2003 rappelle que la rétractation du promettant engendre le
versement de dommages et intérêts (Civ. 3e, 28 octobre 2003, n°02-14459).
Une première étape fut franchie dans un arrêt de 2008 (Civ. 3 e, 27 lars 2008 n°07-11721). En
effet, la Cour dans cet arrêt viendra énoncer que l’exécution forcée de la vente en nature
pourra être envisagée lorsque les parties au contrat ont prévu dans la convention que la
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Après avoir constaté que la Cour de cassation a lentement glissé vers l’acceptation de
l’exécution forcée en nature, il est essentiel d’analyser les conséquences pratiques de cette
décision au niveau de la sécurité juridique du promettant et du bénéficiaire (B).
Cette décision de la Cour de cassation ne sera pas sans conséquences sur l’engagement
du promettant mais aussi du bénéficiaire. En effet, si cette promesse unilatérale de vente
semble avoir retrouvée une utilité pratique, elle peut porter atteinte à certains intérêts.
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Il n’est donc pas aussi sûr que l’article 1124 du Code civil survive à un contrôle de
constitutionnalité après une QPC.
Par ailleurs, cet arrêt peut se voir critiquable dans le sens où la qualification d’avant contrat
n’a plus de sens car la réalisation de celui-ci est en réalité la conclusion de la vente par
avance.
Il n’y aurait donc même plus la peine d’aller chez le notaire une nouvelle fois car l’échange
des consentements a déjà eu lieu.
Néanmoins, cet arrêt préserve une certaine flexibilité pour les parties au contrat de
promesse unilatérale de vente. En effet les parties peuvent se concerter et décréter dans la
rédaction du contrat une éventuelle rétractation du promettant, en ne la sanctionnant pas
par une exécution forcée par nature de la vente, mais simplement par des dommages et
intérêts. Le caractère rigide de cette décision et l’atteinte à la sécurité juridique du
promettant est donc à tempérer.