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SEMINAIRE DE DROIT DES CONTRATS APPROFONDI

SOMMAIRE

INTRODUCTION............................................................................... 3
I-L ’affirmation de l’irrégularité du contrat de bail par la CCJA ......... 6
A-L ’absence d’une condition de forme substantielle .......................... 6
B-Les conséquences de l’irrégularité du contrat de bail ...................... 7
II-La réformation de la décision de la Cour d’appel par la CCJA ........ 8
A-Le rejet des acceptions soulevées par l’intiméErreur ! Signet non
défini.
B-Le rejet des demandes formulées par l’appelanteErreur ! Signet
non défini.

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SEMINAIRE DE DROIT DES CONTRATS APPROFONDI

SIGLES ET ABREVIATIONS

- Al. : Alinéa
- Art. : Article
- AUDCG : Acte Uniforme portant Droit Commercial Général
- CCJA : Cour Commune de Justice et d’Arbitrage
- C.Civ : Code Civil
- UCAO : Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest
- UUA : Unité Universitaire d’Abidjan
- V. : Voir

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INTRODUCTION
Le contrat ne tient pas aux mots mais aux pensées 1. En d’autres
termes, qui dit contrat dit volonté. C’est en ce sens que les rédacteurs
du code civil définissent le contrat aux termes de l’article de 1101
comme une convention par laquelle deux ou plusieurs personnes
s’obligent l’une envers l’autre à donner, à faire ou à ne pas faire quelque
chose. Autrement dit, le contrat nait donc d’un accord de volonté entre
au moins deux personnes, lequel contrat aura pour objet de régir les
rapports les liant. Cependant, il arrive bien souvent qu’une partie au
contrat désire le modifier bien que le cocontractant ne soit pas d’avis.
C’est dans ce sens que s’inscrit l’arrêt no 04 du 09 Mars 2006 rendue
par la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage de l’OHADA en sa 2e
chambre opposant Mme Aka Belinda à la Société ivoirienne de
Promotion de Supermarchés dite PROSUMA.
Il ressort des faits de l’espèce que Mme AKA Belinda a hérité d’un
terrain non bâti ayant fait l’objet de protocoles d’accord entre ses
ascendants et la société de promotion de supermarchés dite PROSUMA
dans lequels la PROSUMA préfinancera la construction d’un immeuble
à usage commercial et d’habitation et qu’en contrepartie cette dernière
bénéficiera d’un bail dont les protocoles fixent le montant du prix des
loyers et le mode de révision de ceux-ci. Mme AKA Belinda réclamait
par des courriers infructueux adressés à la société PROSUMA
occupante des lieux, une révision à la hausse du montant des loyers.

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Dictionnaire des sentences et proverbes (1892)
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Elle saisit par voie d’assignation le juge des référés du tribunal de


Première instance aux fins d’obtenir la révision du loyer du contrat de
bail. Le juge l’ayant débouté par une ordonnance de référés, elle
interjette appel devant la Cour d’Appel d’Abidjan, laquelle rend un arrêt
confirmatif de l’ordonnance du juge des référés. Elle se pourvoit par
conséquent en Cassation.
En effet, Madame AKA Belinda soutient que la Cour d’Appel a violé
l’article 84 de l’acte uniforme portant Droit commercial général en
reconnaissant le caractère révisable des loyers sans toutefois
l’appliquer. En outre, elle soutient que la Cour d’Appel a confirmé la
décision du premier juge en acceptant ses motifs et en les rejetant par
substitution d’autres motifs. Enfin, elle reproche à la Cour qu’en plus
de ne pas appliquer les dispositions de l’article 84 AUDCG alinéa 2,
rejeta sa demande en la déclarant non fondée.
La Cour d’Appel, quant à elle, confirme la décision du premier juge.
Dès lors, les juges de la CCJA devaient répondre au problème de droit
suivant : Une partie au contrat de bail peut-elle unilatéralement
demander la révision dudit contrat ?
A ce problème, les juges de la CCJA répondent par la négative en
rappelant la règle selon laquelle les conventions légalement formées ne
peuvent être modifiées que d’un commun accord des parties.
Le raisonnement suivi par les juges dans la résolution de ce problème
de droit précité se décline en deux points. Ils ont dans une première
partie procéder à l’affirmation du principe de la force obligation du

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contrat (I), avant, dans une seconde partie, de dégager les conséquences
(II).

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I-L’AFFIRMATION DU PRINCIPE DE LA FORCE


OBLIGATOIRE DU CONTRAT PAR LA CCJA

Les juges de la CCJA, pour confirmer la décision des premiers


juges, ont effectuer un raisonnement partant sur la base de la liberté
contractuelle (A), avant de se prononcer sur l’impossibilité de révision
unilatérale du contrat de bail (B).

A-La liberté contractuelle des parties

Selon les juges de la CCJA, le principe de la liberté contractuelle


applicable permet aux parties de fixer un loyer adapté à l’état de
l’immeuble loué ou en mettant sur pied des conditions de révision qui
leur sont convenables, ce qui se justifie par la reconnaissance et la
validité des protocoles d’accord.
Cette solution s’entend de ce pour les juges de la juge de la CCJA,
les parties à un contrat de bail doivent eux-mêmes, en vertu de la liberté
contractuelle, fixer les modalités de révision de leur contrat.
La solution des juges de la CCJA selon laquelle les parties
peuvent librement fixer les modalités de révision de leur contrat de bail
se justifie au regard de notre droit positif. Ainsi comme le précise
l’important article 1134 du code civil, les contrats ne peuvent
valablement être modifiés que d’un commun accord des parties.
L’arrêt rendu par la CCJA en ce sens s’accorde et se justifie au
regard de la jurisprudence. Elle apparait ainsi comme un renforcent du
principe de la liberté contractuelle dans un système juridique ou l’on

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assiste de plus en plus à l’intervention du juge dans les relations


contractuelles.

B- Impossibilité de révision unilatérale du contrat de bail

Pour répondre à la demande de madame Aka Belinda de réviser


les loyers du contrat de bail existant entre elle et son cocontractant, la
société Prosuma, le juge de la CCJA, rappelle en amont de sa décision
le principe de la force obligatoire par ces termes « les conventions
légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites ».
Autrement dit, le contrat lie les parties, les oblige mutuellement
relativement au contenu. Il peut y être mis fin ou modifié que par leur
consentement mutuel. Par conséquent, le contrat le contrat notamment
le bail commercial existant entre madame Aka Belinda et La Société
Prosuma ne pourra être révisé qu’avec l’accord des deux parties. Cela
résulte du fait que le contrat naît d’une harmonie de volontés,
parallèlement sa modification ou sa disparition devrait résulter d’une
harmonie de volontés.
Ce raisonnement opéré par le juge de la CCJA trouve un écho
favorable à notre égard en ce qu’il procède d’une application stricte et
conforme de la loi notamment l’article 1134 du code civil ivoirien.

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II-L’INTERDICTION FAITE AU JUGE D’INTERVENIR DANS


LE CONTRAT

Les juges de la CCJA pour rejeter la demande de Dame AKA


BELINDA relativement à la révision des loyers, ont affirmé que le juge
ne peut pas modifier une convention. Cette interdiction faite au juge de
modifier le contrat résulte du fait que, selon les termes de la décision,
le juge ne peut pas compléter (A), ni retirer (B) des clauses dans le
contrat.

A- Une interdiction faite au juge de compléter le contrat

Les juges de la CCJA affirment qu’il n’appartient pas aux


tribunaux de compléter une clause de révision au contrat des parties.
Cela signifie que la convention étant la loi des parties, le juge qui
est tiers à cette convention ne peut donc intervenir. Cette interdiction se
perçoit au sens des dispositions de l’article 1165 du code civil. Selon
cette disposition les conventions n’ont d’effet qu’entre les parties
contractantes, et qu’elles ne peuvent être modifiées que de leur commun
accord.
Cette interdiction faite au juge de compléter le contrat se justifie
au regard de notre droit positif. En effet, selon le principe de la force
obligatoire du contrat consacré par l’article 1134 du code civil de 1804,
un principe né des idées révolutionnaires de 1789 en vertu duquel les
hommes sont égaux dans la négociation et dans la conclusion des

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contrats2 . En conséquences, seules les parties peuvent d’un commun


accord réviser leur contrat. Ce principe interdit tous les tiers de
s’immiscer dans le contrat même y compris le juge. Le contrat étant
fondé sur le principe de la liberté contractuelle, un tiers notamment le
juge ne saurait s’immiscer dans les rapports contractuels à moins qu’il
ne soit invité par les parties au contrat en cause3.
Cette solution est d’ailleurs d’actualité jurisprudentielle. C’est en
ce sens que nous pouvons citer le célèbre arrêt interdisant le juge à
réviser le contrat même en cas d’imprévision. Il s’agit de l’arrêt « canal
de Craponne »4 . La majeure partie de la jurisprudence n’admet pas que
les juges puissent intervenir dans la convention des parties. Cela se
justifie par le fait que laisser le juge intervenir dans la convention des
parties peut provoquer la dénaturalisation de la volonté des parties.

B- Une interdiction relative au retrait de clauses du contrat

Les juges de la CCJA affirment qu’il n’appartient pas aux


tribunaux de compléter ni de modifier la clause de révision des parties,
cette interdiction renferme également la notion de retrait de clauses.

2
LETARTRE (Y.), Révision judiciaire du contrat, https://adekwa-
avocats.com/révision-judiciaire-contrat/, consulté le 11 décembre 2021 à 13h52.
3
BAMANGA DAGA (G.), Le juge et le contrat de société en droit OHADA :
Que reste-t-il de l’intangibilité du contrat de société face à l’emprise du juge ?
www.Ohada.com, p 6.
4
Chambre civile de la cour de cassation, arrêt du 6 mars 1876, De Galliffet c/
commune de Pelissanne
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Le retrait peut s’analyser comme le fait d’enlever, de retrancher


une clause de la convention des parties. Cette interdiction de retrait peut
s’expliquer par le principe de la force obligatoire du contrat.
Cette solution se justifie au niveau de notre droit positif. En effet,
selon la force obligatoire du contrat, les parties s’obligent à ce qu’elles
ont convenu et elles ont le pouvoir de le modifier ce qui interdit au juge
de modifier ou de réviser une clause du contrat des parties. Ce dernier
ne dispose que d’un pouvoir d’interprétation qui lui a été consacrée par
le Code Civil de 1804 ; c’est ce qui ressort en son article 1156 en ces
termes « On doit dans les conventions rechercher quelle a été la
commune intention des parties contractantes, plutôt que de s’arrêter au
sens littéral des termes ».
Ce pouvoir d’interprétation est néanmoins limité dans la mesure
ou les termes du contrat sont claires et précises, c’est ce qui ressort de
l’arrêt de la Cour de Cassation française rendu le 15 Avril 1872 qui
interdit aux juges de modifier les stipulations du contrat lorsqu’elles
sont claires et précises sous peine de dénaturer le contrat, l’altérer dans
son sens.
C’est donc à bon droit que les juges de la CCJA ont rejeté la demande
de Mme Aka Belinda sur la révision des loyers5.

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Article 1156 du Code Civil
Aurelienbamde.com ; l’interprétation du contrat et le juge ; consulté le 13
décembre 2021 à 11H00

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Bibliographie
Textes de loi :

-Acte Uniforme portant Droit Commercial Général


-Code bleu
-Code civil
-Code de procédure civile, commerciale et administrative ivoirien

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