Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Par ailleurs, les mesures restrictives toujours en place en vue de contrôler la pandémie
de Covid-19 (notamment celles existantes en Chine), sont source d’une instabilité
pouvant affecter les rapports contractuels.
Dès lors, à l’effet d’assurer la continuité de leurs relations et de préserver leurs intérêts
respectifs, les parties sont parfois forcées de renégocier les termes et conditions
d’exécution du contrat initialement convenus. Or, en l’absence de reconnaissance de la
théorie de l’imprévision en droit marocain et en l’absence de clause de révision (i), cette
renégociation peut s’avérer parfois difficile et présuppose, à tout le moins, le
consentement préalable de chacune des parties (ii).
Le droit des contrats marocain repose sur le principe de la force obligatoire des contrats.
A ce titre, l’article 230 du Dahir des Obligations et des Contrats (le « DOC ») dispose
que : « Les obligations contractuelles valablement formées tiennent lieu de loi à ceux qui
les ont faites, et ne peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel ou dans
les cas prévus par la loi ».
Ce principe repose sur le fait que les parties à un contrat s’accordent sur les termes et
conditions d’exécution de ce dernier. Une fois ces termes et conditions formalisées,
chaque contractant est tenu de respecter ses engagements contractuels. Dès lors, les
parties à un contrat ne sont autorisées à modifier le champ ou l’étendue de leurs
obligations contractuelles que si elles y consentent (notamment par le biais d’un
avenant) ou si ce dernier le prévoit expressément, à travers une clause de révision
spécifique.
Par ailleurs, contrairement au droit privé français qui, depuis la réforme du droit des
contrats intervenue en 2016, admet la révision du contrat lorsque survient
un (x) changement de circonstances imprévisible lors de la conclusion de la
convention, (y) rendant son exécution excessivement onéreuse, (z) pour une partie qui
n’avait pas accepté d’en assumer le risque, le législateur marocain n’a pas encore
consacré la théorie de l’imprévision. En effet, en droit marocain, aucune disposition
spécifique permettant ou fixant les modalités de révision d’un contrat n’est prévue.
Toutefois, à l’effet de parer toute difficulté, les parties peuvent avoir recours à des
mécanismes contractuels leur permettant de procéder, en cas de changement de
circonstances imprévisible lors de la conclusion du contrat, à la révision de leurs accords
initiaux.
Il en est ainsi des clauses dites de révision (qui peuvent prendre la forme de clauses
d’indexation ou de clause de « hardship »). Ces clauses permettent, selon le cas, soit
une modification automatique du contrat (il en est ainsi de la clause d’indexation), sans
qu’il ne soit nécessaire pour les parties d’engager des négociations ou de modifier le
contrat par avenant, soit une renégociation des termes du contrat (dans l’hypothèse
d’une clause de hardship).
En l’absence de clause de révision, c’est aux parties d’engager, sur une base amiable,
une renégociation adéquate et nécessaire à la prospérité des relations qu’elles
entretiennent.
Ceci étant dit, en pratique, force est de constater, qu’en l’absence de clauses de révision
ou d’imprévision, cette renégociation amiable ne s’avère pas souvent aisée, les parties
s’engageant, dans ce cas, dans un véritable bras de fer pour tenter de préserver leurs
intérêts propres.
Ainsi, et à l’effet de limiter le risque de litige et les aléas judiciaires, il est fort souhaitable
que les parties prennent le soin, en amont de la conclusion d’une convention, d’intégrer
des clauses de révision, et veillent particulièrement à leur rédaction.
L’insertion d’une clause de médiation peut être également utile dans ce contexte et
contribuer à faciliter une renégociation de leurs accords. A ce titre, la loi n° 95.17 relative
à l’arbitrage et à la médiation conventionnelle, publiée au bulletin officiel du 13 juin 2022,
inclut des dispositions spécifiques permettant aux parties de recourir, sous réserve des
dispositions des articles 1099 à 1104 du DOC, à la médiation comme modalité de
règlement des différends et la possibilité de désigner un médiateur afin de régler un
différend survenu ou susceptible de survenir ultérieurement.
Sources :
Dahir du 9 ramadan 1331 (12 août 1913) formant Code des obligations et des
contrats.
Dahir n°1-22-34 du 23 chaoual 1443 (24 mai 2022) portant promulgation de la loi
n°95-17 relative à l’arbitrage et à la médiation conventionnelle.
Ahlam BOUTAYBI et Karim ZAOUACQ, « Temps de crise : la renégociation
amiable des contrats au Maroc et dans les pays de l’OHADA », Revue du droit
des affaires en Afrique, Regard Juillet 2020, n°2.
Younes OUBEJJA, « Théorie de l’imprévision à l’épreuve de la pandémie de
Covid 19 », Maroc diplomatique, 26 mai 2020.
MENTIONS LÉGALES
POLITIQUE DE PROTECTION DES DONNÉES PERSONNELLES