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Le principe de l’autonomie de la
convention d’arbitrage
2023/2024
Réalisé par :
Kainza Bensedik
Saad Zeroual
C'est la question à laquelle nous tenterons de répondre dans cet exposé en identifiant d'abord
la substance de la règle d'autonomie matérielle de la convention d'arbitrage (Première partie),
puis nous étudierons l’étendue matérielle de la convention d’arbitrage dans le temps et dans
l’espace ainsi que ses limites et ses implications (Deuxième partie). La première hypothèse
sera examinée indépendamment de la seconde, bien que l'analyse de l'impact sur le
phénomène de l'extension de la convention d'arbitrage y soit étroitement scrutée.
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Plan
Introduction
Conclusion
Le droit de l'arbitrage s'éloigne de plus en plus de la maxime connue en droit des contrats, le
principe «accessorium sequitur principale» ou « l’accessoire suit le principal ». Le principe
d'autonomie matérielle de la clause compromissoire renvoie aux mécanismes
d'indépendance, de séparabilité et de validité de la clause compromissoire. La séparabilité
implique que le sort d'une clause compromissoire puisse être dissocié du reste du contrat
lorsque des raisons valables le justifient, bien que cela ne soit pas toujours le cas.
Dans le droit de l'arbitrage international, la convention entre les parties en arbitrage est
juridiquement autonome et a force de loi indépendamment de toute législation étatique.
Cette analyse engendre une autre règle matérielle, dérivée de l'autonomie, qui vise à garantir
une efficacité étendue de la clause compromissoire envers toutes les parties impliquées dans
un litige arbitral, même si elles n'ont pas signé la convention contenant ladite clause. Pour
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cela, il est nécessaire de se référer au consentement, envisagé sous la forme d'une
présomption de consentement implicite, car, bien que non exprimé formellement, l'arbitrage
ne peut avoir lieu que par le consentement des parties.
Dans un arrêt daté du 14 juillet 2014, la Cour d'appel de commerce de Casablanca a adopté
cette formulation en statuant que « Il est de doctrine et de jurisprudence constante en droit
comparé que la clause compromissoire figurant dans un contrat international bénéficie d'une
autonomie et d'une efficacité indépendantes permettant d'étendre ces effets à toutes les
parties concernées directement par l'exécution du contrat et plus précisément à tous les
litiges nés du contrat, même si les parties ne l'ont pas expressément prévu », cela, même si
ces parties n'ont pas été signataires du contrat qui la stipulait.
Selon cette règle désormais applicable aussi bien en droit de l'arbitrage français que marocain,
le juge du contrôle de la sentence peut admettre qu'une partie non-signataire du contrat
principal soit soumise à l'arbitrage, dans la mesure où les circonstances permettent de
présumer son consentement à l'arbitrage, conformément aux usages du négoce international
concerné.
• D'un point de vue du droit contractuel, le phénomène est facilement justifiable dans
la mesure où il est possible que la partie non-signataire ait, en fait, adhéré
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implicitement au contrat principal et, par conséquent, accessoirement, à la clause
compromissoire.
• D'un point de vue juridique en matière d'arbitrage, la question est technique et
nécessite que l'arbitre et, par extension, le juge se prononce sur la possibilité
d'inclure dans la procédure arbitrale ce que quelques juristes désignent comme les
« contractants médians». Ces acteurs ne sont pas signataires du contrat, mais ne sont
pas non plus de simples tiers, car ils sont étroitement impliqués dans le processus
contractuel.
En France, La jurisprudence était initialement réticente à reconnaître une telle immunité face
à une novation. Un changement de position de la jurisprudence a été nécessaire pour conclure
que les clauses compromissoires présentes dans les contrats d'origine n'avaient aucune raison
de survivre aux obligations éteintes auxquelles elles étaient initialement liées. À cet égard, M.
Ancel estime que, bien que le principe de l'autonomie de la clause compromissoire puisse
expliquer la survie de la clause après l'extinction de l'obligation initiale, il ne justifie pas
nécessairement que cette clause s'applique à une nouvelle relation impliquant des personnes
différentes. Mais peut-on se demander si dans ce cas la volonté des nouvelles parties peut
dupliquer la nouvelle obligation sur l'ancienne ce qui trouve son fondement dans le principe
de l'effet relatif des contrats ?
En ce qui concerne la novation résultant d'un changement d'obligation entre les mêmes
parties, il est clair que nous sommes en présence de deux contrats distincts en termes de
modalités d'exécution.
Le premier constitue le contrat initial, tandis que le deuxième est un nouveau contrat qui n'a
aucune incidence sur le cadre du premier contrat. Deux situations peuvent se présenter :
• soit la transaction n'a pas pour effet de modifier le contrat initial, auquel cas la clause
compromissoire qui y est incluse n'est pas affectée,
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• soit elle entraîne une telle modification, soulevant alors la question de l'effet extinctif
de cette novation sur la clause compromissoire.
Dans le cas où la novation ne modifie pas le contrat initial, le principe de l'autonomie de la
clause compromissoire n'a pas d'impact, et la clause compromissoire continue de s'appliquer
aux litiges découlant du contrat initial avant la novation.
Cependant, si la novation entraîne une modification substantielle du contrat, la clause
compromissoire ne s'appliquera plus aux litiges du nouveau contrat. En effet, l'effet novatoire
de la modification du contrat crée de nouvelles obligations et de nouveaux droits d'action qui
n'ont pas été soumis à un accord d'arbitrage, à moins que les parties n'aient explicitement
prévu une nouvelle clause compromissoire. Malgré cela, la clause compromissoire demeure
applicable aux litiges du contrat initial avant sa novation.
Cette conclusion renforce l'idée qu'il est important de régir la convention d'arbitrage par une
loi différente de celle régissant la convention de fond.
L'effet de l'autonomie de la clause compromissoire lui confère la capacité de perdurer dans le
temps et de générer des obligations au-delà de la période contractuelle. Cette persistance
temporelle se manifeste particulièrement à la fin de la vie du contrat principal. Peu importe la
raison de l'extinction de ce dernier, le mécanisme d'autonomie permet à la clause
compromissoire de demeurer intacte.
Enjeux Potentiels :
1. Choix de la Loi Applicable : Il peut être crucial de déterminer la loi applicable à la clause
compromissoire, en particulier si elle est censée s'appliquer à des contrats distincts.
2. Coordination Procédurale : En cas de litiges multiples liés à différents contrats, la
coordination entre les procédures arbitrales peut être un défi.
3. Clarté Rédactionnelle : La rédaction de la clause compromissoire doit être claire et
précise pour éviter toute ambiguïté sur son champ d'application.
Conclusion :