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Chapitre 6 – L’exécution du contrat

Éléments du programme du concours traités dans ce chapitre :


- Term STMG- Thème 5- Quel est le rôle du contrat ?

Table des matières


Introduction............................................................................................................................................. 2
Partie 1 : Le respect du contrat ............................................................................................................... 2
I) Les effets du contrat entre les parties......................................................................................... 2
A) Le principe de la force obligatoire des contrats ...................................................................... 2
B) Les limites à la force obligatoire du contrat ............................................................................ 2
II) Les effets du contrat à l’égard des tiers ...................................................................................... 4
A) L’effet relatif du contrat .............................................................................................................. 4
B) L’opposabilité du contrat aux tiers .......................................................................................... 4
C) La stipulation pour autrui ........................................................................................................ 5
III) L’inexécution du contrat ......................................................................................................... 5
A) Le préalable aux sanctions : la mise en demeure.................................................................... 5
B) L’exception d’inexécution ....................................................................................................... 6
C) L’exécution forcée en nature .................................................................................................. 6
D) La réduction du prix................................................................................................................. 6
E) La résolution du contrat .......................................................................................................... 7
F) La responsabilité contractuelle ............................................................................................... 8
G) La force majeure...................................................................................................................... 8
Partie 2 : La durée du contrat.................................................................................................................. 9
I)La prohibition des engagements perpétuels .................................................................................... 9
II) Les règles propres aux contrats à durée déterminée.................................................................. 9
III) Les règles propres aux contrats à durée interminés ............................................................... 9
Introduction
Si le Code civil consacre une large place à la formation du contrat, depuis sa rédaction en 1804, les
règles encadrant l’exécution de l’obligation ont été toujours moins importantes. Néanmoins, il est
nécessaire de revenir sur la force du lien contractuel. La question de l’exécution du contrat interroge
deux éléments principaux :
- Les individus concernés par le contrat
- La durée du lien contractuel.

• Les individus concernés par le contrat

Dans un contrat, il est important de distinguer les individus qui se sont engagés, les parties, et les
autres appelés en droit les tiers. Au regard des dispositions du Code civil, seules les parties vont être
concernées par l’exécution du contrat alors que les tiers n’auraient aucune incidence dans l’exécution
du contrat. Cette vision simpliste sera remise en question au cours de la première partie de ce chapitre.
En effet, la distinction entre le statut de tiers ou de partie est moins nette que celle présentée

Partie 1 : Le respect du contrat


I) Les effets du contrat entre les parties

A) Le principe de la force obligatoire des contrats

Le contrat ne peut être révoqué que par le consentement mutuel des parties ou pour les causes que
la loi autorise : « les contrats légalement formés tiennent lieu de loi à ceux qui les ont fait » (art 1103
al 1er ). Il faut comprendre cette disposition comme posant la règle fondamentale selon laquelle, dès
lors que le contrat est valablement conclu, il est créateur de normes.
Or la principale caractéristique d’une norme est qu’elle est obligatoire, de sorte qu’elle s’impose aux
parties sous peine de sanctions.

Le principe de la force obligatoire du contrat est également régi par l’article 1193 du code civil : « Les
contrats ne peuvent être modifiés ou révoqués que du consentement mutuel des parties, ou pour les
causes que la loi autorise ». Le contrat ne peut en principe, être ni écartée, ni modifier ou réviser
individuellement. Cela veut donc dire qu’il s’impose aux parties et au juge.

B) Les limites à la force obligatoire du contrat

La force obligatoire du contrat a été atténuée par la possibilité de modifier ou révoquer le contrat,
mais surtout désormais par la possibilité de le renégocier.

• La modification ou la révocation du contrat

- La modification ou la révocation d’un commun accord : Selon l'article 1193 du code civil « Les
contrats ne peuvent être modifiés ou révoqués que du consentement mutuel des parties ou
pour les causes que la loi autorise ». Le contrat peut donc être modifié ou révoqué par
consentement mutuel.
- La modification ou la révocation unilatérale du contrat : Au moment de la conclusion du
contrat, Les parties ont pu s'accorder pour reconnaître à l'une d'elles le pouvoir de révoquer
le contrat par sa seule volonté. De plus, la loi donne parfois la faculté aux parties de révoquer
unilatéralement le contrat (ex : contrat à durée indéterminée comme le contrat de travail ou
le contrat de bail). La Cour de cassation a admis peu à peu la faculté de rompre unilatéralement
un contrat dans dire circonstances spécifiques et limitées : « La gravité du comportement
d'une partie à un contrat peut justifier que l'autre partie y mette fin de façon unilatérale à ses
risques et périls »1 Peu importe que le contrat soit à durée déterminée ou pas. L'ordonnance
du 10 février 2016 a confirmé la possibilité d'une résolution unilatérale du contrat dans l'article
1226 du code civil : « Le créancier peut, à ses risques et périls, résoudre le contrat par voie de
notification. Sauf urgence, il doit préalablement mettre en demeure le débiteur défaillant de
satisfaire à son engagement dans un délai raisonnable. »

• La renégociation du contrat

La théorie de l'Imprévision veut que le juge modifie le contrat en tenant compte des circonstances.
Lorsque les circonstances qui accompagnant l'exécution du contrat ont changé par rapport à celle qui
existaient au moment de sa conclusion et qu'elles rendent plus difficile l'exécution du contrat par l'une
des parties, la jurisprudence civile refusait traditionnellement de modifier le contrat. Cette
jurisprudence provenant du fameux arrêt « Canal de Crapone »2.

Pourtant, dans un arrêt du 29 juin 2010 la Cour de cassation3 a dans un premier temps tempéré sa
position historique qu'elle tenait depuis 1876. En effet, elle a admis que le juge doit rechercher « si
l’évolution des circonstances économiques (…) a eu pour effet (…) de déséquilibrer l’économie
générale du contrat tel que voulu par les parties lors de la signature de l’acte et de priver de toute
contrepartie réelle». Néanmoins, Cette vision de la théorie de l'imprécision était très restreinte.

L'ordonnance du 10 février 2016 rompt avec l'arrêt canal de Craponne. Et introduit l'imprévision dans
le droit des contrats à l'article 1195 du code civil en permettant une révision où renégociation du
contrat dans des conditions strictement organisée. En effet. Une partie peut désormais demander à
l'autre une renégociation du contrat à 3 conditions : Un changement de circonstances « imprévisible »,
qui rend l'exécution « excessivement onéreuse » pour une partie, et dont cette partie « n'avait pas
accepté d'en assumer le risque ».

Désormais, lorsqu'un parti renégocier un contrat. Elle doit demander à l'autre une renégociation. Si
c'est trop négociation échoue alors la partie a deux solutions : La résolution du contrat ou demander
au juge de procéder à l'adaptation du contrat.

• La prévision contractuelle

Enfin, les cocontractants peuvent prévoir d'insérer dans le contrat une clause d'indexation qui permet
de faire varier le prix de l'une des prestations en fonction d'un indice prédéterminé.

• L’interprétation du contrat par le juge

L’interprétation est l’opération qui consiste à dégager le sens et la portée d’une disposition
contractuelle ambiguë, imprécise, ou en contradiction avec une autre clause du contrat ou un autre
document contractuel. Le Code civil propose plusieurs techniques d’interprétation à travers une série
de nouveaux articles issue de l’ordonnance du 10 février 2016. L’article 1188 qui renvoie à la
« commune intention des parties » pose le principe de l’interprétation subjective qui consiste à

1
Cass 13 octobre 1998
2
Cass 6 mars 1876 : « « Dans aucun cas, il n’appartient aux tribunaux (…) de prendre en considération le temps
et les circonstances pour modifier les conventions des parties et substituer des clauses nouvelles à celles qui
ont été librement acceptées par les contractants »
3
Cass com 29 juin 2010
rechercher la volonté des parties. L’article 1191 du code civil pose lui le principe de l’interprétation
objective qui consiste à se reporter au standard de la personne raisonnable placée dans la même
situation. Toutefois, et c’est là une importante limite qui permet de protéger le principe de force
obligatoire, la Cour de cassation n’admet pas que les juges du fond, sous prétexte d’une interprétation,
procèdent à la dénaturation d’une cause claire et précise.

II) Les effets du contrat à l’égard des tiers

Le contrat est théoriquement d'effet qu'entre les parties, il n'intéresse pas, attire, mais ceux-ci ne
peuvent néanmoins ignorer totalement, notamment en cas de Stipulation pour autrui.

A) L’effet relatif du contrat

Selon l'article 1199 du code civil « Le contrat ne crée d'obligation qu'entre les parties ». Ce principe
interdit d'une part l'extension des effets du contrat au-delà des parties, c'est à dire au tiers. Et d'autre
part, la possibilité de Conclure des contrats pour autrui. De plus « Les tiers ne peuvent ni demander
l'exécution du contrat, ni se voir contraint de l'exécuter ». Ainsi, les tiers n’ont pas la qualité pour
demander l’exécution forcée d’un contraint pour agir en responsabilité contractuelle. Ils ne sont pas
non plus contractuellement tenus de l’exécution des obligations stipulées par le contrat

Cette règle n'est pas absolue. : Les tiers peuvent être intéressés aux contrats qui leurs sont opposables.

B) L’opposabilité du contrat aux tiers

• L’opposabilité par les parties aux tiers

Selon l’article 1200 alinéa 1 du code civil : « Les tiers doivent respecter la situation juridique créée par
le contrat ». Ils ne peuvent totalement ignorer le contrat. Ils ne sont pas obligés par le contrat mais
doivent le respecter.
En effet, le tiers engage sa responsabilité s'il se rend complice d'une inexécution par une partie.
Exemple : L'acquéreur, qui achète un bien au mépris d'une promesse de vente, engage sa
responsabilité.4

• L’opposabilité du contrat par les tiers aux parties.

Les tiers peuvent se prévaloir du contrat, notamment pour apporter la preuve d'un fait (art 1200, al.2).
Ex : un locataire n'a pas fait d'état des lieux, peut prouver la défectuosité de l'endroit en faisant
référence à un contrat de bail plus ancien.

Lorsqu'un tiers subit un préjudice du fait de la mauvaise exécution du contrat, il peut chercher la
responsabilité délictuelle du contractant, sur le fondement de l’article 1240 du code civil « tout fait
quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par qui la faute duquel il est
arrivé à le réparer ». Il ne peut pas demander exécution du contrat, mais indemnisation d'un préjudice.
Cette règle est d'origine jurisprudentielle. L'arrêt le plus marquant en la matière est celui de la Cour de
cassation du 6 octobre 2006 qui a énoncé : « le tiers à un contrat peut invoquer, sur le fondement de
la responsabilité délictuelle, un manquement contractuel dès lors que ce manquement lui a causé un
dommage ». Cette règle juridique est aujourd'hui codifiée à l'article 1200 Alinéa 2 du code civil.

4
Cour de cassation 8 juillet 1975
C) La stipulation pour autrui

Elle peut se définir comme l’opération juridique par laquelle une personne (le stipulant) obtient d’une
autre (le promettant) l’engagement d’exécuter une prestation quelconque au profit d’une troisième
(le tiers bénéficiaire). Depuis l’ordonnance du 10 février 2016 la stipulation pour autrui et par principe
admise. Le Code civil affirme sans détour on peut stipuler pour autrui (article 1205 alinéa 1). Elle était
avant tacitement admise.
L’acceptation du tiers bénéficiaire n’est pas une condition nécessaire à la formation de la stipulation
pour autrui. Entre le stipulant et le promettant les rapports sont ceux de contractants ordinaires. Entre
le promettant et le tiers bénéficiaire, le bénéficiaire peut exiger directement du promettant qui
respecte son engagement. Et entre le stipulant et le tiers bénéficiaire, il n’y a normalement aucun
rapport contractuel. La stipulation pour autrui est donc une situation juridique ou la catégorie de tiers
et de parties devient trouble.

On peut également mettre dans cette catégorie et la promesse de porte fort (voir chapitre 5 sur la
formation des contrats)

III) L’inexécution du contrat

La réforme du 10 février 2000 16A permis de compléter, de rassembler au sein d'une même section
l'ensemble des dispositions relatives à une exécution du contrat, jusque-là éparses.
L'article 1217 du code civil prévoit désormais que la partie qui n'a pu bénéficier de l'exécution a
bénéficié que d'une exécution imparfaite peut :
- Refuser d'exécuter où suspendre l'exécution de sa propre obligation (consacré par la réforme)
- Poursuivre l'exécution forcée en nature de l'obligation (la réforme ouvre cette sanction à
toutes les obligations)
- Obtenir une réduction du prix.
- Provoquer la résolution du contrat
- Demander réparation des conséquences de l'exécution.
Cette liste n'entend pas établir de lien entre la sanction proposée : Le créancier insatisfait, dispose d'un
choix.
Ces sanctions peuvent se cumuler dès lors qu'elles ne sont pas incompatibles et les dommages et
intérêts s'y ajouter dès lors que sont remplies les conditions de la responsabilité contractuelle. Le
débiteur peut être libéré et exonéré de toute responsabilité en cas de force majeur.

A) Le préalable aux sanctions : la mise en demeure

On appelle mise en demeure l’acte par lequel le créancier demande au débiteur en situation
d’inexécution de satisfaire à ses obligations. Ses formes ne sont pas rigides : ce peut être une
sommation, un acte portant une interpellation suffisante comme un courrier. La mise en demeure
remplit deux fonctions principales : caractériser le retard du débiteur et offrir à celui-ci une ultime
occasion de s’exécuter.
En référence au code civil, la mise en demeure est aujourd'hui un préalable obligatoire à la mise en
œuvre de l'exécution forcée en nature, de la résolution du contrat et de la réduction du prix.
B) L’exception d’inexécution

L'exception d'inexécution permet à une partie de ne pas exécuter son obligation, alors même que
celles-ci est exigible, lorsque l'autre n’exécute pas la sienne, à condition que cette inexécution soit
suffisamment grave (art 1219)

L’inexécution ne peut concerner que des obligations à exécution simultanée. Elle ne s'applique donc
qu’aux contrats synallagmatiques, qui sont caractérisés par L'interdépendance des obligations
réciproques.

Le recours à l'exception d'inexécution, est également possible en cas de risque d'inexécution, c’est-à-
dire , lorsqu'il « est manifeste que son cocontractant ne s’exécutera pas à l'échéance », à condition
que les conséquences de cette inexécution soient suffisamment graves (article 1220 du code civil).

L'exception d'inexécution a pour conséquence de suspendre l'exécution de l'obligation de celui qui


invoque ce mécanisme. Exception d'inexécution, est opposable aux tiers. Le contrat subsiste : lorsque
le créancier à qui l’inexécution était imputable s'exécute, l'autre doit faire de même.

C) L’exécution forcée en nature

L'exécution forcée en nature consiste pour le créancier à forcer le débiteur à exécuter l'obligation qu’il
s'est obligé à fournir.
Selon l’article 1221 du Code civil, « le créancier d’une obligation peut, après mise en demeure, en
poursuivre l’exécution en nature ». En d’autres termes, l’exécution forcée en nature, par laquelle le
débiteur est condamné à fournir la prestation même qui était convenue, est par principe accessible à
9 tout créancier. Cette ouverture à tous les créanciers est un changement majeur intervenu par la
réforme de 2016. L'exécution forcée en nature comporte deux avantages : Elle n'est pas subordonnée
à la preuve d'un préjudice et elle ne nécessite pas une inexécution suffisamment grave.

Le texte prévoit deux types d'exceptions, à la possibilité de demander une exécution en nature :
- Conformément à la jurisprudence, la demande d'exécution en nature est exclue si celle-ci est
impossible. Cela peut être le cas d’une inexécution définitivement consommée, car devenue
matériellement irréalisable ou juridiquement illicite. La responsabilité contractuelle est alors
l’unique sanction possible.
- Il est impossible de demander l'exécution nature s'il existe une disproportion manifeste entre
son coût pour le débiteur et son intérêt pour le créancier.

Cette exécution forcée en nature peut prendre 2 formes :


- Le créancier peut faire exécuter l'obligation lui-même : Il peut faire faire à un tiers, ce qui
devait l'être par le débiteur et cela aux frais de ce dernier
- Sur autorisation du juge, il peut détruire ce qui a été fait en violation de l'obligation.

D) La réduction du prix

Le créancier à la possibilité de proposer à son cocontractant en cas d'exécution imparfaite du contrat


une réduction proportionnelle du prix (article 1223 du code civil).

En cas d'inexécution imparfaite de la prestation 2 hypothèses doivent être distinguées :


- soit créancier n'a pas encore payé tout ou partie de la prestation : il peut, après mise en
demeure, notifier dans les meilleurs délais au débiteur sa décision de réduire le prix. Le
débiteur doit accepter la réduction du prix par écrit.
- soit le créancier a déjà payé : à défaut d'accord avec le débiteur il peut demander au juge la
réduction du prix

La réduction du prix permet une révision du contrat proportionnelle à la gravité de l'exécution ; elle
aboutit à un rééquilibrage du contrat.

E) La résolution du contrat
La résolution est la plus grave des sanctions de l’inexécution puisqu'elle met fin au contrat.
La résolution pour inexécution peut résulter : d'une clause résolutoire, d'une notification du créancier
au débiteur ou d'une décision de justice.

• La clause résolutoire

La clause résolutoire est la clause par laquelle les parties prévoient que le contrat soit résolu
automatiquement en cas d'inexécution. Cette clause doit définir en amont les engagements dont
l’inexécution entraînera la résolution du contrat et donc être dépourvue d’ambiguïté. En revanche,
aucune condition de gravité de l’inexécution n'est exigée.
Le créancier doit mettre le débiteur en demeure.

• La résolution par notification du créancier

L'une des principales innovations de l'ordonnance du 10 février 2016 en matière d'inexécution du


contrat réside dans la possibilité de donnée au créancier de résoudre unilatéralement le contrat.
La résolution peut résulter d'une notification du créancier au débiteur à condition que l’inexécution
soit suffisamment grave.
La Cour de cassation avait récemment admis la faculté de rompre unilatéralement un contrat en
affirmant que « « la gravité du comportement d’une partie à un contrat peut justifier que l’autre partie
y mettre fin de façon unilatérale à ses risques et périls, peu important que le contrat soit à durée
déterminée ou non »5. L'ordonnance du 10 février 2016 reprends à l'article 1216 du code civil en partie
les mêmes termes que la jurisprudence en énonçant que « le créancier peut à ses risques et périls
résoudre le contrat par voie de notification ».
Le débiteur conteste la résolution, il peut saisir le juge à tout moment et il incombera au créancier de
prouver la gravité de l’inexécution.

• La résolution judiciaire du contrat

Souvent l'article 1227 du code civil « la résolution peut en toute hypothèse être demandée en justice »
et cela même s'il existe une clause résolutoire insérée au contrat ou si une procédure par notification
a été engagée. L’inexécution doit être suffisamment grave.

• Les effets de la résolution

Sous l’empire du droit antérieur, il était classiquement admis que la résolution judiciaire ou unilatérale
entraînait l’anéantissement rétroactif du contrat (à l’inverse de la résiliation qui n’entraine pas d’effet
rétroactif). Cela impliquait, pour les parties, de revenir au statu quo ante, soit de faire comme si le
contrat n’avait jamais existé. La résolution avait ainsi pour conséquence d’anéantir l’acte, tant pour
ses effets passés, que pour ses effets futurs.

5
Cass 13 octobre 1998
Depuis la réforme du droit des contrats de 2016, si l’anéantissement rétroactif du contrat n’est pas
érigé comme principe gouvernant les effets de la résolution, il n’est pas non plus écarté par
l’ordonnance qui dorénavant opère une distinction fondée sur le critère de l’utilité des prestations
échangées :

- Lorsque les prestations échangées ne pouvaient trouver leur utilité que par l’exécution
complète du contrat résolu, la résolution est assortie d’un effet rétroactif
- Lorsque les prestations échangées ont trouvé leur utilité au fur et à mesure de l’exécution
réciproque du contrat, la résolution ne produit aucun effet rétroactif

F) La responsabilité contractuelle

La responsabilité contractuelle s’entend de la réparation sous forme de dommages-intérêts du


préjudice subi par une partie du fait de l’inexécution du contrat. Ce mécanisme sera étudié dans le
chapitre

G) La force majeure

Préalablement à l'exposé des différentes sanctions de l'inexécution, les textes du code civil tel qu'il
découle de l'ordonnance du 10 février 2016 définissent la force majeure dont l'existence libère
exonère le débiteur de toute responsabilité. Cette définition est donnée par l'article 1218 du code
civil : « il y a force majeure en matière contractuelle lorsqu'un événement échappant au contrôle du
débiteur, qui ne pouvait être raisonnablement prévues lors de la conclusion du contrat et dont les
effets ne peuvent être évités par des mesures appropriées, empêche l'exécution de son obligation par
le débiteur ».

Les 3 caractères traditionnels de la force majeure sont :


- L’imprévisibilité : l'événement ne pouvait être raisonnablement prévu lors de la conclusion du
contrat
- L’irrésistibilité : il s'agit d'un événement dont les effets ne peuvent être évités par des mesures
appropriées
- L’extériorité : l'événement doit échapper au contrôle du débiteur

Lorsque l’inexécution est définitive en raison de la force majeure le contrat est résolu de plein droit.
Partie 2 : La durée du contrat
I) La prohibition des engagements perpétuels

L’article 1210 alinéa 1 du Code civil considère que les engagements perpétuels sont prohibés et qu’ils
peuvent être résolus comme un contrat à durée indéterminé. Cet article est apparu avec la réforme
du 10 février 2016 et vient reprendre un principe général du droit qui n’était jusque-là pas écrit de
manière générale mais qui avait déjà été consacré par le conseil constitutionnel6 en affirmant qu’un
CDI de droit privé doit pouvoir être rompu unilatéralement par l’une ou l’autre des parties.

II) Les règles propres aux contrats à durée déterminée

Le CDD est terminé est un contrat qui contient un terme extinctif.

• L’obligation d’exécuter le contrat jusqu’à son terme

Le contrat à durée déterminée obligé celui qui s’est engagé à l'exécuter jusqu'à son terme : l'un des
contractants ne peut y mettre fin unilatéralement. Cela veut dire que la rupture unilatérale d'un
contrat à durée déterminée constitue une faute. La sanction de cette inexécution prendra la forme de
dommages-intérêts leur montant étant apprécié par les juges.

• Les effets de l’arrivée du terme

A l’arrivée du terme, le contrat à durée déterminée cesse de produire ses effets pour l’avenir ; et ceci
de façon automatique, sans que les parties n’aient à manifester leur volonté ou à s’adresser au
tribunal.
Si à l’échéance du terme, les parties sont d’accord pour poursuivre leur relation contractuelle, trois
techniques s’offrent à elles :
- La prorogation : est l’opération qui consiste à repousser le terme extinctif à une date ultérieure
afin de prolonger la durée du contrat. C’est dans ce cas, le contrat initial qui se maintient entre
les parties. Il n’y a donc pas de formation d’un nouveau contrat ce qui conduit à ne pas devoir
accomplir les formalités pour la conclusion du contrat et à poursuivre sous l’empire de la
même loi.
- Le renouvellement : il conduit à la naissance d’un nouveau contrat, identique au précédent dans son
contenu, mais à durée indéterminée.
- La tacite reconduction : les contractants continuent à exécuter leurs obligations comme si le
contrat n’était pas expiré. L’admission de cette tacite reconduction peut être facilitée par la
présence dans le contrat d’une clause l’ayant spécialement envisagée. La tacite reconduction
suit le même régime que le renouvellement : nouveau contrat

III) Les règles propres aux contrats à durée indéterminés

Le contrat à durée indéterminée n'est pas défini par le code civil mais attendu généralement comme
celui qui n'est pas affecté d'un terme. Chacun des cocontractants peut librement mettre fin au contrat
à durée indéterminée sous réserve de respecter le délai de préavis contractuellement prévu ou à
défaut un délai raisonnable. Cette faculté de résiliation unilatérale est aujourd'hui codifiée à l'article
1211 du code civil.
Sauf cas où un texte en dispose autrement, la partie qui met fin à un contrat à durée indéterminée n’a
pas à justifier d’un quelconque motif.

6
9 novembre 1999

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