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Université Mohamed V

Faculté des Sciences Juridiques

Economiques et Sociales RABAT Agdal

Master : Sciences Juridiques, Section Française


Droit des affaires
(Temps Aménagé)
Semestres : 3

Thème : Le principe
compétence-compétence

Module : L’arbitrage international


Encadré par : Pr. Mme HAMDAI

Réalisé par : KTAMI BOUCHRA

Miloud ECH-CHAMALI

Année universitaire : 2021/2022


Table des matières
Liste des abréviations...................................................................................................................................2
Introduction ................................................................................................................................................3
I- L’effet positif du principe compétence-compétence ..................................................................................7
A- La signification du principe compétence-compétence sur son effet positif ........................................8
B- Les limites de l’effet positif du principe compétence-compétence .....................................................9
II- L’effet négatif du principe compétence-compétence............................................................................ 10
A- Sens de l’effet négatif du principe compétence-compétence ............................................................ 11
B- Les exceptions du principe compétence-compétence sur son effet négatif....................................... 12
Conclusion ................................................................................................................................................ 13

Bibliographie ................................................................................... 14

1
Liste des abréviations
CPC : Code de procédure civile

NCPC : Nouveau Code de procédure civile (français)

CIRDI : Centre international pour le règlement des différends relatifs aux


investissements.

CNUDCI : Commission des Nations-Unies pour le développement du commerce


international.

2
Introduction

En droit moderne de l’arbitrage, tant interne qu’international, les arbitres sont compétents
pour apprécier leur propre compétence, c’est le principe compétence-compétence. Ainsi, le juge
doit se déclarer incompétent lorsqu’un arbitre est déjà saisi. Il en est de même lorsque l’arbitre
n’est pas encore saisi, à moins que la convention d’arbitrage ne soit manifestement nulle.

Ce principe fondateur du droit d’arbitrage1, est l'un des plus importants mais également l'un
des plus délicats de l'arbitrage interne et international. Il a donné lieu à de nombreuses
controverses et à de nombreux malentendus 2.

Longtemps rendue au nom de Dieu, puis rendue au nom de la Nation ou du Peuple, la


justice se conçoit comme un bien public contrôlée par la puissance publique. On a peine alors à
imaginer que la justice puisse être rendue de façon privative par un tiers.

Le principe compétence-compétence est affirmé par l’article 41 de la convention de


Washington pour le règlement des différends relatifs aux investissements entre Etats et
ressortissants d’autres Etats.

Il s’agit, en effet, d’une règle matérielle solidement ancrée dans le droit de l’arbitrage. Il se
définit comme étant la faculté reconnue à l’arbitre de se prononcer prioritairement sur sa propre
compétence.

Le principe compétence-compétence a connu une évolution en droit de l’arbitrage. Il


découle de l’expression allemande « Kompetenz-Kompetenz », or, cette dernière désigne un
sens différent de celui de la première, puisque dans la terminologie allemande, cette expression
impliquerait le pouvoir des arbitres de juger en dernier ressort, et sans aucun contrôle judiciaire
de leur compétence 3. La Kompetenz-Kompetenz allemande a en effet été initialement créée
pour permettre aux juges de statuer sur leur compétence sans qu’une autorité extérieure, et
notamment administrative, ne puisse les contrôler, gage de l’indépendance du pouvoir
judiciaire.

1
4 J.-P. ANCEL, « La Cour de cassation est les principes fondateurs de l’arbitrage international », in Le juge entre deux millénaires,
Mélanges offerts à Pierre DRAI, Dalloz, 2000, p. 161
2
GAILLARD (E.), « Arbitrage commercial international », juris- clas. D.I.P, Fasc. 586-5, p.8
3
MAYER(P.), art. précité, R.C.A.D.I 1989, t 217 n°9 p.339. 3
Ce principe a évolué en un mécanisme de résolution des conflits de compétence, reposant
sur la coordination d’un pouvoir commun que juges et arbitres détiennent, celui de juger de leur
compétence.

L’évolution de la jurisprudence a permis au principe compétence-compétence de s’affirmer


et de venir en renfort à une justice arbitrale, devenue justice de droit commun en droit des
affaires internationales.

Le principe de compétence-compétence dont bénéficie l'arbitre résulte de la nature


contractuelle de l’arbitrage 4. Il jouit de ce fait d'une grande liberté vis-à-vis du juge, puisqu’il
statue lui-même sur sa propre compétence. Outre, ce fondement contractuel, le principe de
compétence-compétence est consacré dans plusieurs instruments internationaux et nationaux5.
En revanche, aucune disposition ne régit la question dans des systèmes traditionnels notamment
ceux du Qatar, Libye et Koweït.

Le droit marocain consacre ce principe dans l’article 327-9 du code de procédure civile qui
dispose que « Préalablement à tout examen au fond, il appartient au tribunal arbitral de statuer,
soit d'office, soit sur la demande de l'une des parties, sur la validité ou les limites de ses
compétences ou sur la validité de la convention d'arbitrage… ».

Le principe compétence-compétence revêt un grand intérêt dans la mesure où il donne le


pouvoir à un tiers privé, la possibilité d’apprécier sa compétence en dehors de toute
« Intervention étatique ». Ainsi, le principe compétence-compétence va permettre à l’arbitre
d’exercer sa mission et de statuer au fond, même si cela n’ôte pas aux juges étatiques le pouvoir
de contrôler l’appréciation portée par l’arbitre sur sa compétence au moment des recours exercés
contre la sentence ou contre l’ordonnance d’exequatur, puisque de la validité de la clause,
dépend la compétence de l’arbitre pour juger du litige. Le juge vérifiera si l’arbitre a statué sans
convention d’arbitrage, et la continuité de la justice arbitrale et de la justice étatique sera ainsi
assurée.

4Mohamed El Mehdi Najib « L’intervention du juge dans la procédure arbitrale », ED N°41, 2016, p 140
5 P. Lalive, « Le juge et l’arbitrage : Les problèmes spécifiques de l’arbitrage international », Rev. arb., 1980, p. 358.

4
Toutefois, ce principe dont jouit l’institution de l’arbitrage quant à son autonomie par
rapport aux juridictions étatiques, trouve certaines limites notamment lorsque la clause
compromissoire est jugée manifestement nulle. Cette situation, en plus de la soumission de la
sentence arbitrale au contrôle du juge de l’Etat, risquerait de mettre en cause le principe de
l’autonomie de la clause compromissoire, qui est la raison d’être du principe compétence-
compétence.

En effet, ce principe est en lien avec l’arbitrabilité, mais aussi avec l’autonomie, puisque
compétence-compétence et autonomie convergent. L’autonomie protège « ainsi la clause
d’arbitrage contre les causes d’inefficacité procédurale liées à une contestation de la compétence
arbitrale » 6

Ce qui nous amène à la question suivante : Dans quelle mesure le principe compétence-
compétence garantit une ample autonomie de l’arbitre par rapport au juge étatique ?

Le principe de compétence-compétence revêt deux aspects : l'un positif visant à


reconnaître à l'arbitre le pouvoir de statuer sur sa compétence (I), le second, négatif, qui
dessaisissant les juridictions étatiques, donne à l'arbitre une appréciation prioritaire de sa
compétence (II)

63 J.-B. RACINE, « Réflexions sur l’autonomie de l’arbitrage commercial international », in Journée d’hommage et d’études à la mémoire
de Philippe Fouchard, Comité français de l’arbitrage, Rev. arb., 2005, n° 2, p. 314.

5
Plan

I- L’effet positif du principe compétence-compétence


A- La signification du principe compétence-compétence sur son effet positif
B- Les limites de l’effet positif du principe compétence-compétence
II-L’effet négatif du principe compétence-compétence
A- Sens de l’effet négatif du principe compétence-compétence
B- Les exceptions du principe compétence-compétence sur son effet négatif

6
I- L’effet positif du principe compétence-compétence
L’aspect positif du principe de compétence-compétence fait l’objet d’une adhésion
massive en droit comparé de l’arbitrage de sorte qu’il ne peut être sérieusement envisagé de le
contester. Malgré l’acceptation quasi-universelle du principe en droit comparé de l’arbitrage7, il
connaît, pourtant, des exceptions notamment en droit conventionnel.

S’agissant du droit marocain, celui-ci a adopté l’aspect positif dudit principe en vertu de
l’article 327-9, relatif à l’arbitrage interne, du CPC qui dispose au premier alinéa que :
« Préalablement à tout examen au fond, il appartient au tribunal arbitral de statuer, soit d'office,
soit sur la demande de l'une des parties, sur la validité ou les limites de ses compétences ou sur
la validité de la convention d'arbitrage, et ce par ordonnance qui n'est susceptible de recours que
dans les mêmes conditions que la sentence au fond et en même temps qu'elle ». Or en matière
internationale il est fait renvoie aux conventions internationales l’ayant ratifié.

En droit français, l’aspect positif du principe de compétence-compétence est consacré en


arbitrage interne par l’article 1466 ancien du code de procédure civile selon lequel : « Si, devant
l'arbitre, l'une des parties conteste dans son principe ou son étendue le pouvoir juridictionnel de
l'arbitre, il appartient à celui-ci de statuer sur la validité ou les limites de son investiture ». Le
nouvel article 1465, adopté par le décret n° 2011-48 du 13 janvier 2011 portant réforme de
l’arbitrage, quant à lui, dispose que « Le tribunal arbitral est seul compétent pour statuer sur les
contestations relatives à son pouvoir juridictionnel ». Ainsi apparaît-il clairement que le nouvel
article met en évidence l’aspect positif du principe de compétence-compétence. Cet article
s’applique désormais, également en matière internationale par le biais du renvoie prévu à
l’article 1506/3, nouveau du NCPC.

C’est ainsi que la cour d’appel8de Casablanca a rejeté, une ordonnance du président du
tribunal de commerce9de Casablanca ayant refusé d’accorder l’exéquatur d’une sentence
internationale de la chambre de commerce internationale, au motif que le juge d’exécution « a

violé le principe de compétence-compétence, en vertu duquel le tribunal arbitral est compétentde


statuer sur la validité de la convention d’arbitrage et sur sa propre compétence… ».

7 POUDRET (J.F) et BESSON (S), droit comparé de l’arbitrage international, op.cit, p.406.
8 C.A.com, Casablanca, 15/01/2015, n°220, RG n° 2669/8224/2013, disponible sur : http://www.mahkamaty.com/, consulté le 29/11/2021.
9
T.C, Casablanca, Ordonnance n°3921, rendue le 28/12/2012, RG n° 2426/1/2011, in : ibidem.
7
Concernant les dispositions conventionnelles, la convention de New-York de 1958
pour la reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères ne contient aucune
disposition reconnaissant l’aspect positif du principe. Se contentant d’assurer la reconnaissance
de la convention d’arbitrage par le juge étranger, ladite convention conclue entre Etats s’adresse
principalement aux juridictions étatiques et non pas aux tribunaux arbitraux, et qu’elle prévoit
les dispositions régissant les sentences arbitrales, et non pas la procédure arbitrale10.

Cependant, l’article V, chapitre 3 de la convention de Genève de 1961, reconnaissant à


l’arbitre dont la compétence est contestée « le pouvoir de statuer sur sa compétence », dispose
que « sous réserve des contrôles judiciaires ultérieurs prévus par la loi du for, l'arbitre dont la
compétence est contestée, ne doit pas se dessaisir de l'affaire; il a le pouvoir de statuer sur sa
propre compétence et sur l'existence ou la validité de la convention d'arbitrage ou du contrat
dont cette convention fait partie ». De même, la convention de Washington de 1965 instituant le
CIRDI, à l’article 41, prévoit une règle analogue.

La loi-type de la CNUDCI, précise en son article 16, paragraphe 3, que « le tribunal


arbitral peut statuer sur l’exception (d’incompétence du tribunal arbitral), soit en le traitant
comme une question préalable, soit dans sa sentence sur le fond ». En cas de recours en
annulation contre la sentence partielle rendue sur la compétence, le texte ajoute que « le tribunal
arbitral est libre de poursuivre la procédure arbitrale et de rendre une sentence ».

A- La signification du principe compétence-compétence sur son effet positif

L’effet positif, c’est le pourvoir de l’arbitre de statuer en premier. Ainsi, le principe


compétence-compétence va permettre à l’arbitre d’exercer sa mission et de statuer au fond. En
vertu de cette règle, il revient aux arbitres et à eux seuls de se prononcer sur leur compétence.
Par conséquent, si un litige survient à propos du principe de l’investiture des arbitres (validité de
la clause d’arbitrage…)

10
Voir : BEGUIN (J,) BOURDAUX (G), MENJUCQ (M), RUIZ FABRI (H), SOREL (J.M), SERAGLINI (Ch), LE BARS (B) et
MAINGUY (D), droit du commerce international, op.cit, p.908 ; JACQUET (J.M), DELEBECQUE (Ph) et CORNELOUP (S), droit du
commerce international, op.cit, p.387.

8
Ce principe de compétence-compétence illustre l’idée selon laquelle l’arbitre est le « juge
naturel » du litige tant sur le fond que sur la compétence8311. Le pouvoir de l’arbitre ne doit pas

être dénié par le juge étatique car c’est un pouvoir légitime que lui confère la convention
d’arbitrage.

L’arbitre possède toute légitimité car des parties ont décidé au moment de la conclusion de leur
contrat ou au moment de la survenance de leur litige de faire appel à lui afin de résoudre leur
différend. Ce principe de compétence-compétence vient accorde une sorte d’immunité à l’arbitre
afin qu’il puisse mettre en œuvre
efficacement la convention d’arbitrage.

Le juge aura le pouvoir de contrôler la compétence de l’arbitre a posteriori une fois que la
sentence sera rendue et qu’un potentiel recours en annulation ou un appel contre l’ordonnance
d’exequatur sera formé. Même si l’arbitre s’est prononcé sur sa propre compétence en priorité,
ça ne sera jamais le dernier maillon de la chaîne dans la résolution du litige. Malgré cette forte
acceptation de l’effet positif en droit français il faut souligner qu’on ne reconnaît jamais à
l’arbitre le pouvoir de trancher définitivement la question de la compétence.

B- Les limites de l’effet positif du principe compétence-compétence

La liberté du tribunal arbitral de déterminer s’il statue immédiatement sur l’exception


d’incompétence ou joint l’incident au fond, liberté admise au profit de toute juridiction, connait
cependant une limite : la volonté des parties.

L’effet positif du principe de compétence-compétence pourrait reposer sur le fondement de la


volonté des parties contractantes. En effet, on pourrait penser que du fait de la volonté des
parties à conclure la convention d’arbitrage, l’effet positif du principe de compétence-
compétence donnerait légitimement à l’arbitre le pouvoir de statuer sur sa propre compétence.

L’aspect positif du principe de compétence-compétence serait donc un simple effet de la


convention d’arbitrage. Il existerait donc un rattachement entre l’effet positif du principe de
compétence-compétence et la convention d’arbitrage.

11 Note J-B Racine dans Revue de l’arbitrage 2005 N°3, p.680


9
II- L’effet négatif du principe compétence-compétence

Il convient de noter que l’aspect négatif du principe de compétence-compétence n’est pas


reconnu de façon universelle, et notamment par les droits allemandes, belges, hollandais, anglais
et suédois, lesquelles ne reconnaissent aucune priorité à l’arbitre pour statuer sur sa propre
compétence12.
En d’autres termes, l’aspect négatif du principe, loin de présenter un caractère universel, est une
spécificité française.
L’effet négatif du principe de compétence-compétence confère une « priorité chronologique à la
décision de l’arbitre par rapport à celle du juge étatique »13 ; la compétence arbitrale pour juger
de sa compétence n’est donc que temporairement exclusive, et in fine concurremment exercée par
les juridictions d’État.
Contrairement à l’aspect positif du principe de compétence-compétence, l’aspect négatif
s’adresse aux juridictions étatiques. Il interdit aux juridictions étatiques saisies par une partie du
fond du litige, malgré l’existence, au moins prima facie, d’une convention d’arbitrage, de statuer
sur les contestations relatives à l’existence ou la validité de celle-ci avant que les arbitres eux-
mêmes n’aient eu la possibilité de se prononcer sur ces questions.

Le droit marocain n’adopte l’aspect négatif du principe que pour l’arbitrage interne,
conformément à l’article 327 du CPC qui dispose que : « Lorsqu'un litige soumis à un tribunal
arbitral en vertu d'une convention d'arbitrage, est porté devant une juridiction, celle-ci doit,
lorsque le défendeur en fait la requête avant de statuer sur le fond, prononcer l'irrecevabilité
jusqu'à épuisement de la procédure d'arbitrage ou annulation de la convention d'arbitrage ».

En revanche, le droit français consacre aujourd’hui sans ambages l’aspect négatif du principe
de compétence-compétence. Depuis l’entrée en vigueur du décret n° 2011-48 du 13 janvier 2011
portant réforme de l’arbitrage, l’aspect négatif du principe de compétence-compétence appliqué
à l’arbitrage international a été consacré par l’actuel article 1448 applicable par renvoi de

12
V. pour une étude du principe de compétence-compétence en droit comparé : POUDRET (J. –F.), BESSON
13
E. GAILLARD, « La reconnaissance, en droit suisse, de la seconde moitié du principe d’effet négatif de la compétence-compétence »,
op. cit., p. 317.

10
l’article 1506 nouveau du code de procédure civile qui dispose que « lorsqu’un litige relevant
d’une convention d’arbitrage est porté devant une juridiction de l’État, celle-ci se déclare
incompétente sauf si le tribunal arbitral n’est pas encore saisi et si la convention d’arbitrage est
manifestement nulle ou manifestement inapplicable. La juridiction de l’Etat ne peut relever
d’office son incompétence »14.

Pour mieux appréhender ces deux articles, et montrer le pourquoi on les fait apparaitre, il
convient de prime abord de dégager le véritable sens de l’effet négatif du principe compétence-
compétence(A), ensuite soulever le cas des ses exceptions(B).

A- Sens de l’effet négatif du principe compétence-compétence

Dans un sens négatif, le principe compétence-compétence vise les juridictions étatiques en leur
interdisant de statuer prima facie sur des questions relatives à la compétence, à la validité ou
l’existence de la convention d’arbitrage avant que ne se soit prononcé l’arbitre. Il s’agit en
quelques sorte d’une interdiction du juge étatique de se mêler sur les affaires du juge arbitral,
notamment sur sa compétence.

Ce principe permet à l’arbitre de statuer sur sa compétence lorsque celle-ci est contestée, tout en
limitant le juge, s’il est saisi en dépit d’une convention d’arbitrage, à un contrôle prima facies
sur cette compétence en définitive, le juge intervient que lorsque l’arbitre se sera prononcé, et ce
dans le cadre d’un contrôle a posteriori, qui lui permet d’annuler ou de confirmer la sentence.

Il est très important de retenir que l'aspect négatif du principe consiste à réserver aux arbitres,
non pas « une compétence exclusive » pour statuer sur leur propre compétence, mais la
possibilité «de se prononcer en premier ». C'est ce qui fait du principe de compétence-

14 Cette réforme reflète l’attitude jurisprudentielle française ayant adopté ce principe. Deux arrêts de principe ont été rendus en la matière,
dégageant ainsi le principe de compétence-compétence en droit français de l'arbitrage international. Il s'agit des arrêts de la cour d'appel de
Paris redus le 29 mars 1991 (arrêt Ganz, C.A Paris, 1re ch. Suppl., 29 mars 1991, Rev.arb, 1991, note Idot.) et le 19 mai 1993 (arrêt
Labinal, C.A Paris, 1re ch. Suppl., 19 mai 1993, Rev.arb. 1993.645, note Jarrosson). On peut évoquer par ailleurs trois arrêts par lesquels la
cour de cassation française a appliqué ce principe en l’occurrence (Civ.1re, 11/2/2009, n° 08-10.341, Sté Afitex, Rev.arb, 2009, note Train
; (Com, 10/11/2009, n° 07-21-866, inédit), (Civ, 1re, 8/4/2009, n° 08-17.548, Sté Gefu Kuchenboss, inédit).
Voir à ce sujet : CLAY (Th), Arbitrage et modes alternatifs de règlement des litiges, Recueil Dalloz, 2009, p.2959.

11
compétence « une règle de priorité entendue au sens chronologique et non au sens hiérarchique
».15

Cette règle néanmoins pas absolue, l’effet négatif du principe compétence-compétence connait
certaines exceptions.

B- Les exceptions du principe compétence-compétence sur son effet négatif

Le juge étatique ne peut intervenir dans une convention d’arbitrage qu’elle soit une clause
compromissoire ou un compromis sauf si la convention d’arbitrage soit nulle ou inapplicable, ou
si le tribunal arbitral n’est pas encore constitué.

En vertu de l’article 327 du CPC, lorsqu’un litige soumis à un tribunal arbitral en vertu d’une
convention d’arbitrage, est porté devant une juridiction, celle-ci doit, lorsque le défendeur en fait
la requête avant de statuer sur le fonds, prononcer l’irrecevabilité jusqu’à épuisement de la
procédure d’arbitrage ou annulation de la convention d’arbitrage.

L’effet négatif de la compétence-compétence, si son efficacité reste à améliorer, est une règle de
droit valable, relativement bien assise en droit français. Il constitue le pré-requis au caractère
pluraliste de la règle de conflit instaurée par le principe compétence-compétence.

Ce premier rouage ouvre ainsi le dialogue avec la justice privée sur la frontière commune
qu’elles partagent. Deuxième acte de cette scène qui se joue en trois temps, la parole est alors au
tribunal arbitral.

L’effet négatif de la convention d’arbitrage interdit aux juridictions étatiques de se prononcer


sur les litiges tombant dans son champ d’application alors que son effet positif donne
compétence au tribunal arbitral, ce qui postule l’altérité de la justice arbitrale16.

Nous voyons par-là, les cas où le juge étatique a le droit de briser l’effet positif du principe
compétence-compétence qui garantit une autonomie à l’arbitre pour s’interférer dans les affaires
de ce dernier.

15 Philippe FOUCHARD, Emmanuel GAILLARD et Berthold GOLDMAN, op. cit. , p. 413


16 B. OPPETIT, « Justice Etatique et justice arbitrale », in études offertes à P. BELLET, Litec, p. 416.
12
Conclusion

Nous avons pu comprendre que le principe compétence-compétence du tribunal arbitral


garantit une autonomie au juge arbitral et joue par ailleurs le rôle d’un bouclier pour ce dernier
vis-à-visdu juge étatique.

Le principe compétence-compétence supprime certains ambigüités ou confusions qui


pourraient naitre entre la compétence de l’arbitral lors d’une convention d’arbitrage et celle du
juge étatique.

Le principe compétence-compétence rend plus simple la mission du juge arbitral en supprimant


sur son chemin l’intervention du juge étatique. Celui-ci, dans le sens négatif du principe
compétence-compétence est interdite de s’interférer dans la compétence du juge arbitral.

13
Bibliographie :
Ouvrages :

 J.-P. ANCEL, « La Cour de cassation est les principes fondateurs de l’arbitrage


international », in Le juge entre deux millénaires, Mélanges offerts à Pierre DRAI,
Dalloz, 2000, p. 161
 BÉGUIN (Jacques) : L'arbitrage commercial international, Centre de recherche en droit
privé et comparé du Québec, Montréal, 1987, 293 p.

 BOUDAHRAIN(Abdellah) : L’arbitrage commercial interne et international au regard


du Maroc, édition Almadariss, Casablanca, 1999, 366 p.

 GAILLARD (E.), L’effet négatif de la compétence-compétence, Études de procédure et


d'arbitrage en l'honneur de Jean-François POUDRET, Lausanne 1999, pp. 387-402.
 MAYER (Pierre) et HEUZE (Vincent) : Droit international privé, Montchrestien, Paris, 9ème
éd, 2007, 798 p.
 MEYER (Pierre), OHADA droit de l'arbitrage, Bruylant, 2002, 296 p.

 POUDRET (J.F) et BESSON (S), droit comparé de l’arbitrage international, op.cit,


p.406.
 RBIHA (Mohammed) : Autonomie de la clause compromissoire, mémoire pour
l’obtention du D.E.S.A en droit des affaires, faculté des sciences juridiques,
économiques et sociales, université sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, 2006, 154 p.
 ZAHER (Khalid) : Le contrôle post-arbitral des sentences arbitrales internationales en
droit marocain, colloque de Tunis vingtième anniversaire du code tunisien de
l’arbitrage sous thème : le juge et l’arbitrage, Pedone, 2014, pp.287-302.

-Le nouveau droit marocain de l’arbitrage interne et international, Revue marocaine de


droit économique, n°3, 2010, pp.26-91.

‫ مجلة المحاكم التجارية ال عدد ال ثا لث والرابع فبرا ي ر‬،‫ قرا ءة في ال قانون المغربي الجد يد للو ساطة والتحكيم‬،‫إبراهيم األي سر‬ -
‫ منشورات ن شر المعلومة ال قانون ية والقضا ئ ية‬2009

.2004 ‫ دور مؤسسة ال تحكيم في فض النزاعات سلسلة ندوات محكمة الر ماني ال عدد ال ثالث‬،‫رحال بوعنا ني‬ -
.2008 ‫ دجنبر‬/ ‫ نونبر‬117 ‫ م جلة المحاكم المغرب ية عدد‬،"‫ مشتما لته وتقن ياته‬،‫ "الحكم التحك يمي‬:‫رضوان الح سوسي‬ -

‫ندوة تحت عنوان ال طرق البديلة ل ت سو ية المناز عات التي نظمتها كل ية العلوم ال قانون ية واالقتصادية وا الجتم ا ع ية ب فاس ب شراك ة‬ -
، ‫ منشورات جمعية ن شر المعلومة ا ل قانون ية والقضا ئ ية‬،2003 ‫ سنة‬5‫ و‬4 ‫مع وزارة العدل وهيئة المحامين بفاس يومي‬
.2004 ،‫ الطب عة األولى‬،2 ‫ عدد‬،‫سلسلة الندوات واأليام الدرا س ية‬

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THESES
 Julie CLAVEL, Le Déni de Justice Economique dans L’arbitrage International : L’effet négatif du
principe de compétence-compétence, thèse pour l’obtention du doctorat soutenance en date du 12
décembre 2011
 Mohamed El Mehdi Najib. L’intervention du juge dans la procédure arbitrale,

université de Bordeaux, thèse pour l’obtention du doctorat soutenue publiquement le 9 juin


2016.
 Magali BOUCARON, université de Nice – Sophia Antipolis, thèse pour l’obtention du
doctorat en droit soutenue publiquement le 26 novembre 2011

Web graphie :
 https://tel.archives-ouvertes.fr consulté le 25/11/2021
 https://mahkamaty.com/blog/2015/01/28/%d8%a7%d9%84%d8%aa%d8%ad%d9%83%d9%8a%d9%85-
%d8%a7%d9%84%d8%af%d9%88%d9%84%d9%8a-
%d8%a7%d8%aa%d9%81%d8%a7%d9%82%d9%8a%d8%a9-
%d9%86%d9%8a%d9%88%d9%8a%d9%88%d8%b1%d9%83-
%d8%aa%d9%85%d8%af%d9%8a%d8%af/ consulté le 22/11/2021

 http://www.juris.courdecassation.ma/ consulté le 30/11/202















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