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Gérer les délais de prescription en matière de contrats d’assurance

Type Fiche pratique

Droit d'origine Maroc

Date de fraîcheur 4 décembre 2023

Thématiques Assurance, Banque, Finance - Général ; Contrat d'assurance

Lien vers le document : https://www.lexisma.com/pratique/maroc/MA78

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Gérer les délais de prescription en matière de contrats d’assurance

Table des matières


1. Aperçu rapide ........................................................................................................................................................................... 3
1.1. Éléments clés ............................................................................................................................................................. 3
1.2. Textes ......................................................................................................................................................................... 3
2. Préparation .............................................................................................................................................................................. 3
2.1. Informations préalables ........................................................................................................................................... 3
2.1.1. Vérification de l’existence d’une clause contractuelle ................................................................................................. 3
2.1.2. L’action doit dériver du contrat d’assurance ................................................................................................................. 4
2.1.3. Vérification du point de départ ...................................................................................................................................... 4
2.1.4. Interrompre le délai de prescription .............................................................................................................................. 5
2.2. Inventaire des solutions et éléments de décisions ................................................................................................ 5
3. Mise en œuvre .......................................................................................................................................................................... 6
3.1. Inopposabilité du délai de prescription ................................................................................................................. 6
3.2. Vérifier si l’action dérive du contrat d’assurance ................................................................................................. 6
3.3. Vérification du point de départ ............................................................................................................................... 7
3.4. Interrompre le délai de prescription ...................................................................................................................... 7
4. Outils ......................................................................................................................................................................................... 8
4.1. Check-list ................................................................................................................................................................... 8
Auteur ............................................................................................................................................................................................ 9

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1. Aperçu rapide

1.1. Éléments clés

Dans le cadre des contentieux en matière d’assurance, la gestion de la prescription peut se révéler fort utile tant pour celui qui
s’en prévaut que pour celui qui souhaiterait en contester l’acquisition.
La prescription est un mode d’extinction d’un droit à action établi par la loi.
L’article 371 du DOC la définit en ces termes : « La prescription pendant le laps de temps fixé par la loi éteint l'action naissant
de l'obligation ».
Autrement dit, l’inaction de la partie titulaire d’un droit d’action pendant un certain délai déterminé par la loi entraîne la
perte, pour celle-ci, de son droit d’action.
L’effet de la prescription étant décisif dans le cadre d’une procédure, il est indispensable de la maîtriser afin de protéger son
droit à action ou encore de contester l’existence de ce droit à action.
Il existe des règles générales applicables en matière de prescription résultant du DOC mais également des règles spéciales
applicables dans certaines matières et notamment en droit des assurances.
En matière d’assurance, le Dahir n° 1-02-238 du 25 rejeb 1423 portant promulgation de la loi n° 17-99 portant code des
assurances (CdA) prévoit des règles spéciales en matière de prescription, notamment en termes de délai.
Ainsi, le délai de prescription en matière d’assurance non-vie est de deux ans pour les actions dérivant du contrat d’assurance
à compter de l’événement qui donne naissance à l’action, sauf cas particuliers (CdA, art. 36).
Le délai de prescription est porté à cinq ans concernant les actions dérivant d’un contrat d’assurance de personnes et à dix ans
pour les contrats d’assurance vie et de capitalisation lorsque le bénéficiaire est une personne distincte du souscripteur.
En outre, lorsque l’action de l’assuré trouve son fondement dans le recours d’un tiers (par exemple en cas d’accident ou de
mise en jeu de la responsabilité de l’assuré), le délai de la prescription ne court que du jour où ce tiers a exercé une action en
justice contre l'assuré ou a été indemnisé par ce dernier (CdA, art. 36).
Le délai de prescription ne peut pas être réduit contractuellement (CdA, art. 37), les règles en la matière sont donc impératives.
En revanche, il peut être interrompu ou suspendu dans différents cas de figures et par différentes méthodes (telle que l’envoi d’
une lettre recommandée avec accusé de réception).
La prescription, dans le cadre de litiges, n’est pas automatique, elle ne peut donc pas être soulevée d’office par un juge (DOC,
art. 372).
Ainsi, il appartient à la personne qui entend s’en prévaloir de la soulever avant toute discussion au fond du litige.

1.2. Textes

DOC, art. 371 et suivants, 381 et suivants


CdA, art. 13, 36, 37, 38 et 247
Instruction du 24 juillet 2019 relative à la mise en œuvre des dispositions de l’article 247 de la loi 17-99 portant Code
des assurances

2. Préparation

2.1. Informations préalables

Afin de gérer le risque de prescription d’une action dérivant d’un contrat d’assurance, plusieurs vérifications et actions doivent
être entreprises.
Celles-ci peuvent mener à la sauvegarde des droits du créancier de l’obligation.

2.1.1. Vérification de l’existence d’une clause contractuelle

Le contenu du contrat d’assurance est réglementé par le Code des assurances.


Certaines clauses sont impératives.
Parmi celles-ci, l’on trouve la clause rappelant les dispositions portant sur la prescription des actions dérivant des contrats
d'assurance (CdA, art. 13).

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Cette insertion, qui est donc obligatoire aux termes du Code des assurances, vise à informer le souscripteur du contrat/l’assuré
de l’existence d’un délai d’action circonscrit dans le temps et ainsi lui permettre d’exercer ses droits dans ledit délai sans
risquer d’en perdre le bénéfice.
L’assureur est donc tenu de le stipuler clairement dans le contrat.
À défaut, le délai de prescription peut être considéré comme inopposable à l’assuré qui voit donc son action déliée de toute
limite dans le temps. Il peut donc engager son action à tout moment.

Remarque
En pratique, il est rare qu’un contrat d’assurance ne prévoie pas un rappel des dispositions relatives à la prescription dans
la mesure où les projets de contrats sont soumis (i) à une vérification interne par le département du contrôle interne de l’
assureur avant leur première mise sur le marché et (ii) à l’ACAPS dans les dix jours suivant leur émission pour approbation.
Dans certains cas, les contrats sont soumis à l’ACAPS avant leur mise sur le marché (CdA, art. 247 et Instruction du 24
juillet 2019 relative à la mise en œuvre des dispositions de l’article 247 de la loi 17-99 portant Code des assurances).
Ainsi, le défaut de stipulation de cette clause devrait être soulevé soit par le contrôle interne de l’assureur soit par l’ACAPS
(soit avant la mise sur le marché soit juste après, ce qui permettrait une rectification rapide).
Toutefois, il n’est pas impossible de se retrouver dans une telle situation.

2.1.2. L’action doit dériver du contrat d’assurance

Il conviendra de vérifier que l’action envisagée dérive bien d’un contrat d’assurance avant d’appliquer les dispositions du Code
des assurances.
En effet, seules ces actions sont soumises aux délais de prescriptions de deux, cinq ou dix ans prévus par l’article 36 du Code
des assurances qui prévoit :
« Toutes actions dérivant d'un contrat d'assurance sont prescrites par deux (2) ans à compter de l'événement qui y donne
naissance. […]
Par dérogation aux dispositions du premier alinéa ci-dessus, les actions dérivant d'un contrat d'assurance de personnes sont
prescrites par cinq (5) ans à compter de l'événement qui y donne naissance.
La prescription est portée à dix (10) ans dans les contrats d'assurance en cas de vie et de capitalisation lorsque le bénéficiaire
est une personne distincte du souscripteur ».
Ainsi, dérivent du contrat d’assurance les actions de l’assureur contre l’assuré en paiement de la prime, les actions de l’assuré
contre l’assureur en règlement de l’indemnité en cas de sinistre, mais également l'action de l'assuré contre l'assureur ayant
pour cause le recours d'un tiers.
Les actions ne dérivant pas du contrat d’assurance se prescrivent selon le droit commun.
Il s’agit notamment des actions reposant sur la responsabilité délictuelle ou quasi-délictuelle de l’assureur ou de l’assuré telles
que l’action directe de la victime contre l’assureur de l’auteur d’un dommage ou l’action du subrogé dans les droits de la
victime après indemnisation.
Une analyse minutieuse de la situation doit être menée car le délai de prescription en matière d’assurance est généralement
plus court que le délai de prescription de droit commun qui est de quinze ans aux termes de l’article 387 du DOC sauf les cas
particuliers visés aux articles 388 et suivants du DOC ou ceux prévus par des lois spéciales.

Attention
La base de l’action est très importante à identifier afin de ne pas se retrouver prescrit pour cause de méconnaissance d’un
délai de prescription spécial plus court par rapport au délai de prescription de droit commun.

2.1.3. Vérification du point de départ

Sauf cas particulier, le délai de prescription court à compter de l’événement qui donne naissance à l’action.
Cette vérification est très importante et elle revêt une complexité non négligeable.
En effet, le point de départ peut varier en fonction de la situation dans laquelle le demandeur à l’action se trouve.
Il y a tout d’abord les cas particuliers visés à l’article 36 du CdA pour lesquels le point de départ est précisé, à savoir :

en cas d'omission ou de fausse déclaration sur le risque encouru, du jour où l'assureur en a eu connaissance ;
en cas de non-paiement de primes ou d'une fraction de primes, du 10ème jour de l'échéance de celles-ci ;
en cas de sinistre, du jour où les intéressés en ont eu connaissance, s'ils prouvent qu'ils l'ont ignoré jusque-là.

Pour le reste une analyse au cas par cas sera souvent requise si les faits sont complexes.

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Pour le reste une analyse au cas par cas sera souvent requise si les faits sont complexes.
À noter également qu’il est précisé au même article que lorsque l'action de « l'assuré contre l'assureur a pour cause le recours
d'un tiers, le délai de la prescription ne court que du jour où ce tiers a exercé une action en justice contre l'assuré ou a été
indemnisé par ce dernier ».

Exemple
En matière de paiement de prime d’assurance, la jurisprudence rappelle que le délai de prescription court à compter de la
date d’exigibilité des sommes dues (C. Supr., 20 mai 1984, n° 922), à savoir la date d’échéance (CA Com. Casablanca, 3 juin
2002, n° 1498/2002).

Exemple
En cas de désignation d’un expert, c’est la date de fin de mission qui fait courir le délai de prescription et non la date de
nomination de l’expert (C. Cass., 29 avr. 2015, n° 113).

2.1.4. Interrompre le délai de prescription

Dès lors qu’une action est envisagée dans le cadre d’un contrat d’assurance, afin de sauvegarder les droits du créancier de l’
obligation, il conviendra de mettre en œuvre toute action visant à interrompre le délai de prescription.
En effet, lorsque la prescription est valablement interrompue, un nouveau délai de prescription commence à courir à partir du
moment où l'acte interruptif de prescription a cessé de produire son effet (DOC, art. 383).
Il s’agit bien d’un nouveau délai intégral, contrairement à une suspension de délai qui ne permet que d’arrêter
temporairement le temps ou d’en décaler le point de départ (tel que rappelé à l’article 36 du CdA).
Plusieurs actes permettent d’interrompre la prescription (CdA, art. 38) :

la désignation d'experts à la suite d'un sinistre ;


toutes causes ordinaires d'interruption de la prescription conformément aux règles de droit commun, et notamment
l'envoi d'une lettre recommandée avec accusé de réception adressée par l'assureur à l'assuré en ce qui concerne l'action
en paiement de la prime et par l'assuré à l'assureur en ce qui concerne le règlement de l'indemnité.

Rappelons que les causes ordinaires d’interruption de la prescription sont prévues aux articles 381 et 382 du Dahir formant
Code des Obligations et des Contrats.
Il s’agit :

de toute demande judiciaire ou extra-judiciaire ayant date certaine qui constitue le débiteur en demeure d'exécuter son
obligation, même lorsqu'elle est faite devant un juge incompétent ou que l'acte est déclaré nul pour vice de forme ;
de la demande d'admission de la créance à la faillite du débiteur ;
d’un acte conservatoire ou d'exécution entrepris sur les biens du débiteur, ou pour toute requête afin d'être autorisé à
procéder à un acte de ce genre ;
de tout acte par lequel le débiteur reconnaît le droit de celui contre lequel il avait commencé à prescrire.

La diversité des actes permettant d’interrompre le délai de prescription permet à tout assuré, même non assisté, de
sauvegarder ses droits à titre conservatoire.
Il est donc essentiel, à titre conservatoire et préliminaire dans tout dossier, de s’assurer d’interrompre le délai de prescription,
afin de s’aménager un temps supplémentaire permettant de traiter ledit dossier.

2.2. Inventaire des solutions et éléments de décisions

Au regard de la réglementation applicable et de la spécificité du droit des assurances qui déroge ainsi au droit commun en
matière de prescription, il convient de procéder aux vérifications suivantes dès le commencement d’un dossier (même si
aucune action judiciaire n’a encore été intentée) :

vérifier que la clause rappelant les dispositions applicables en matière de prescription est bien présente dans le contrat
d’assurance ;
si c’est bien le cas, vérifier :
si l’action envisagée dérive ou non d’un contrat d’assurance et en conséquence le délai de prescription
applicable. Rappelons que le délai de prescription en matière de droit des assurances étant plus court que le
délai de prescription de droit commun, la vérification du délai est essentielle pour ne pas se retrouver prescrit,

vérifier le point de départ du délai de prescription et, le cas échéant, s’il existe un point de départ différé eu

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vérifier le point de départ du délai de prescription et, le cas échéant, s’il existe un point de départ différé eu
égard aux faits de l’espèce,
à titre conservatoire, réaliser tout acte visant à interrompre le délai de prescription.

Ces vérifications peuvent et doivent être réalisées non seulement par la personne qui entend se prévaloir de la prescription
mais également par la personne qui entend s’y opposer.
En effet, comme nous l’indiquions précédemment, la prescription ne se présume pas et n’est pas automatique.
Il convient donc de l’invoquer dans le cadre d’une action judiciaire ceci avant toute défense au fond.
Les juges ne peuvent suppléer à la carence des parties dans ce cas de figure.
À défaut d’avoir invoqué la prescription en temps utile, la personne qui aurait pu s’en prévaloir perd son droit et la discussion
au fond du dossier pourra être initiée.
Concernant la personne qui entend s’y opposer, elle doit procéder aux mêmes vérifications afin de pouvoir soulever de son
côté tout argument visant à contrarier la stratégie du demandeur et ainsi à faire rejeter la reconnaissance de la prescription.
Tous les critères ci-dessus visés sont importants car comme indiqué précédemment, l’analyse doit être menée au cas par cas.

Remarque
Comme indiqué dans notre exemple 2 concernant le point de départ de la prescription en cas de désignation d’un expert, il
faut se placer à la fin de la mission pour calculer le délai de prescription et non au moment de la désignation.
En effet, l’acte interruptif de la prescription est la désignation d’un expert (cas de figure visé au CdA, art. 38) mais cette
interruption dure pendant toute la mission de l’expert.
Un nouveau délai de prescription commence donc à courir à partir de la fin de la mission de l’expert qui correspond au
moment où l'acte interruptif de prescription a cessé de produire son effet (DOC, art. 383).

3. Mise en œuvre

Remarque
L’invocation de la prescription devra être réalisée avant toute discussion au fond du litige.
En effet, s’il s’avérait que l’argument de l’acquisition de la prescription était accueilli par la juridiction saisie, le débat
serait alors clos car il ne serait plus possible d’engager une action fondée sur le contrat d’assurance concerné.
Comme rappelé, la prescription doit être spécifiquement invoquée, elle ne peut être soulevée d’office par le juge et n’est
pas automatique.
À défaut de l’invoquer donc, elle ne pourra pas être examinée par la juridiction saisie et, le cas échéant, permettre de
mettre un terme à l’action engagée dès le stade initial et sans discussion du dossier au fond.

En fonction de la situation dans laquelle vous vous trouverez, plusieurs conséquences pourraient découler de la prescription et
de l’absence de respect du formalisme imposé par le Code des assurances.

3.1. Inopposabilité du délai de prescription

Après avoir vérifié le contenu du contrat d’assurance, s’il s’avère que la clause relative au délai de prescription est manquante,
alors le créancier de l’obligation pourra invoquer cette absence afin d’opposer à l’assureur l’inopposabilité du délai de
prescription qui ne lui aura pas été rappelé dans les conditions prévues par le Code des assurances.
Cette disposition étant d’ordre public, il ne sera pas possible de justifier l’absence de cette clause.
Ainsi, le créancier de l’obligation disposera d’un délai d’action plus long, ce qui pourrait être fort utile dans le traitement de
son cas.

3.2. Vérifier si l’action dérive du contrat d’assurance

Il conviendra de vérifier si l’action dérive du contrat d’assurance.


Pour ce faire, il conviendra de s’interroger sur l’origine de l’action : est-elle contractuelle (et donc s’agit-il d’une obligation
prévue au contrat qui n’aurait pas été respectée) ou alors est-elle délictuelle voire quasi-délictuelle (et donc sans lien avec le
contrat d’assurance) ?
Dans le dernier cas, c’est le délai de prescription de droit commun qui s’appliquera (sauf existence d’un autre délai spécifique
applicable à la situation).

Dans le premier cas, afin de déterminer si l’action dérive du contrat d’assurance, il est possible de se poser quelques questions

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Dans le premier cas, afin de déterminer si l’action dérive du contrat d’assurance, il est possible de se poser quelques questions
et notamment les suivantes :

mon action découle-t-elle d’une inexécution contractuelle : par exemple défaut de paiement de la prime d’assurance,
défaut de paiement de l’indemnité, défaut de garantie alors que celle-ci est prévue au contrat… ;
mon action découle-t-elle d’une garantie dont je bénéficie : par exemple en matière de responsabilité : si ma
responsabilité est garantie par le contrat et qu’elle est mise en jeu par un tiers,…

Si la réponse est oui, alors le délai de prescription applicable en matière d’assurance devrait s’appliquer.

3.3. Vérification du point de départ

Une fois le délai de prescription applicable déterminé, il conviendra de vérifier le point de départ de ladite prescription afin de
savoir si celle-ci est acquise ou non.
Pour ce faire, là encore, plusieurs questions peuvent être posées telles que notamment :

de quand date le sinistre ?


quand l’évaluation de mon sinistre (par un expert par exemple) s’est-elle terminée ?
quand ai-je eu connaissance du sinistre ?
quand ma responsabilité a-t-elle été engagée ?
de quand date l’échéance de la prime ?...

Il existe autant de questions que de situations qu’il est possible de rencontrer, même si, en matière d’assurance, les questions
listées ci-avant reviennent souvent.
Il convient d’insister de nouveau sur le fait que la détermination du point de départ du délai de prescription peut avoir des
conséquences non négligeables sur l’acquisition (ou non) de la prescription.
L’analyse est complexe et elle devra être menée de manière précise et minutieuse car, en matière de prescription, chaque jour
compte.

3.4. Interrompre le délai de prescription

Afin d’interrompre la prescription, il conviendra de mettre en œuvre tout acte utile visant à interrompre le délai de
prescription tel que prévu à l’article 37 du Code des assurances.
Ces actes, comme nous avons pu le voir, sont nombreux et peuvent être très coûteux ou beaucoup moins ou encore nécessiter l’
assistance d’un conseil ou à un stade préliminaire ne pas en nécessiter.
Cette palette variée permet au créancier de l’obligation de sauvegarder son droit seul et à moindre coût.
Le plus simple et le moins coûteux étant l’envoi d’une lettre recommandée avec accusé de réception dans laquelle vous
exposerez votre situation et mettrez en demeure formellement l’autre partie d’exécuter son obligation (par exemple soit de
vous indemniser soit encore de régler le montant de la prime pour les situations les plus classiques).
Cette méthode, au tout début du litige, est fortement recommandée car elle permet de stopper l’écoulement du temps pendant
un temps plus ou moins long (l’interruption dure jusqu’à ce que l’acte interruptif cesse de produire ses effets – par exemple
jusqu’à ce que l’assureur ai rejeté votre demande).

Conseil
Il n’y a pas de limitation en termes de nombre de lettres recommandées qui peuvent être envoyées.
Toutefois, au-delà d’un nombre raisonnable, les juridictions auront tendance à considérer que la lettre recommandée ne
produit plus d’effet interruptif et que le créancier de l’obligation disposait d’autres moyens d’action pour faire valoir ses
droits.

Il est également possible d’introduire une action en justice (même si cela est plus long et plus coûteux).
À noter que l’article 381 du DOC précise que même si l’action est introduite devant un juge incompétent ou bien si l’acte
introductif d’instance est déclaré nul pour vice de forme, alors l’interruption sera quand même acquise.
Ces précisions sont importantes.
En effet, même s’il est indispensable de s’assurer de la régularité de l’acte introductif d’instance et de la compétence de la
juridiction saisie, il est possible que l’un ou l’autre de ces éléments soit contesté et que la contestation soit accueillie par la
juridiction saisie.

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Dans une telle situation, malgré le vice de forme et/ou l’incompétence de la juridiction saisie, l’acte introductif d’instance aura
permis d’interrompre la prescription de l’action.
La désignation d’un expert dans le cadre d’un sinistre sera également interruptive de prescription.
C’est d’ailleurs souvent la pratique en matière d’assurance de désigner un expert pour évaluer un sinistre (en fonction du
montant de celui-ci).
Dans ce cas de figure, la prescription est interrompue, elle ne repartira qu’à compter de la fin de la mission de l’expert ainsi
désigné.
En outre, la reconnaissance de l’existence de l’obligation par le débiteur de l’obligation constitue également un moyen valable
d’interrompre la prescription.
Cela peut être obtenu avant toute action en justice mais également pendant l’action en justice aux cours des échanges de
conclusions portant sur la prescription.
En effet, si le débiteur de l’obligation reconnaît l’existence de l’obligation alors la prescription est interrompue et il ne pourra
donc pas se prévaloir de l’acquisition de la prescription.

4. Outils

4.1. Check-list

Vérifier l’existence de la clause contractuelle


Vérifier si l’action dérive du contrat d’assurance
Vérifier le point de départ de la prescription
Réaliser un acte interruptif de prescription
Soulever la prescription avant tout débat au fond du litige
Le cas échéant, tenter d’obtenir la reconnaissance de l’existence de l’obligation par l’autre partie pour contrer l’
acquisition de la prescription

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Auteur

Souâde MESSAOUDI
Avocat au barreau de Paris

Principaux domaines d'expertise

Droit des assurances


Droit des affaires
Droit commercial
Droit du travail
Énergie

Biographie
Souâde Messaoudi est avocate inscrite au barreau de Paris.
Elle intervient notamment en qualité de collaboratrice au sein de l’équipe Moyen-Orient et Afrique francophone basée à
Casablanca et Paris du cabinet d’affaires international Norton Rose Fulbright.
Souâde conseille des sociétés françaises, marocaines et internationales lors de leurs opérations de fusions-acquisitions, de
partenariats, de restructuration ainsi que lors de leurs opérations courantes, principalement en Afrique francophone.
Elle assiste également de nombreux courtiers, assureurs et réassureurs internationaux sur les questions réglementaires, la
mise en place de nouveaux produits, de chaines de distribution ainsi que dans leurs contentieux et arbitrages.
Elle a également pu conseiller l’ACAPS sur certaines problématiques assurantielles.
Souâde a travaillé un an au sein de l’équipe dédiée au droit corporate du secteur de l’assurance et a été détachée plus de six
mois au département juridique d’un des leaders mondiaux du secteur de l’assurance.
Elle est diplômée de l’Université de Paris I - La Sorbonne où elle a obtenu un Master I en Droit international des affaires et un
Master II en Droit comparé.
Elle est admise au barreau de Paris depuis 2010 et parle français et anglais.
Avant d’être avocate, elle a travaillé au sein de la direction juridique et fiscale du groupe AG2R-La Mondiale.

Bibliographie
Lexis MA :

Synthèses (doctrine)

Agent d’assurance
Aspects règlementaires des sociétés d'assurance
Caractéristiques du contrat d'assurance
Contrat d'assurance-vie
Contrat d'assurance non-vie
Convention d'assistance
Portefeuille de courtage en assurance
Contrôle dans le cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme
Distribution du contrat d'assurance et de réassurance
Formation du contrat d'assurance
Portefeuille d'agent d'assurance
Société d'assurance et de réassurance : dissolution et liquidation
Sociétés d'assurance et de réassurance : fusion et scission
Sociétés d'assurance et de réassurance : opérations sur le capital social

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Sociétés d'assurance et de réassurance : opérations sur le capital social


Sociétés d'assurance et de réassurance : règles de constitution
Sociétés de courtage en assurance
Transfert de portefeuille de contrats d'assurance et de sinistres

Revue DSAM - Cahiers pratiques

« Procédures et conditions d’obtention du statut CFC » : DSAM juill. 2016, n° 4, Cahiers pratiques
« Quel régime pour la couverture des conséquences catastrophiques ? » : DSAM nov. 2016, n° 6, Cahiers pratiques

Revue DSAM – Dossier

« Le transfert de portefeuille de contrats d’assurance et de sinistres en droit marocain » : DSAM sept. 2015, n° 5,
Dossier « Assurances et sociétés d’assurances et de réassurances »

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