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Chapitre III : LA CONCLUSION DU CONTRAT DE TRANSPORT

I. LES CONDITIONS OBLIGATOIRES POUR UN CONTRAT

L’Article 1108 du Code civil énumère les conditions essentielles pour la validation du contrat.
Tout contrat est valablement conclu s’il y a consentement, la capacité, l’objet et la cause.
Le contrat de transport n’échappe pas à cette règle.

a) Le consentement

Il doit exister et être intègre (absent de vice, erreur, violence ou dol : manœuvres frauduleuses
destinées à tromper). On peut dire qu’un devoir de sincérité pèse sur le chargeur, notamment
en matière maritime, des textes imposent au chargeur se devoir, et l’absence de sincérité
(fausse déclaration) du chargeur est sanctionnée par l’absence de responsabilité du
transporteur.

L’erreur est le fait de se tromper sur la qualité de la marchandise transportée, l’annulation du


contrat en cas d’erreur est possible mais elle n’existe quasi jamais. Si le vice du consentement
(Il ne peut y avoir d'engagement valable que si, à l'instant où il s'engage, celui qui contracte,
se trouve libre de toute contrainte. La validité de toute obligation suppose d'abord que le
consentement ait été donné par une personne apte à exprimer une volonté lucide.
L'erreur, le dol ou la violence sont des vices du consentement. Si le consentement de l'auteur
de l'engagement est jugée viciée, l'acte juridique, qu'il soit unilatéral ou synallagmatique est

susceptible d'être annulé) est retenu, le contrat est nul.

b) La capacité

En matière de transport de marchandise la question ne se pose pas vraiment. En matière de


transport de passager ça peut se passer mais c’est une question théorique qui ne se pose pas.

c) L’objet

La marchandise doit être déterminée ou déterminable. La chose doit être licite. Le


transporteur ne peut même pas exercer un droit de rétention sur une marchandise contrefaite,
la nullité sera une nullité absolue.

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d) Le prix

Le contrat de transport est un contrat à titre onéreux.

En principe les prix sont fixés librement pour respecter les barèmes du droit de la
concurrence. Pour la détermination du prix, des décisions de la Cass du 1 er décembre 1995
(article 1129 du Code civil) déclarent qu’on peut en principe fixer unilatéralement le prix,
sauf à ne pas abuser de ses prérogatives dans la fixation du prix. Dans certains contrats, il faut
respecter ce que disent les textes.

La limite de l’abus, un prix abusif est un prix fixé de manière tellement haute qu’elle mettra le
cocontractant dans une situation intenable, cela n’est pas concevable en transport maritime, il
pourra être excessif mais pas abusif, l’abus traduisant l’intention de nuire.
La limite des textes, ici aucun texte ne prévoit de prix déterminé, donc le transporteur peut le
déterminer comme il le souhaite.

e) La cause

Elle doit être licite. Ici aussi c’est une question assez théorique au stade de la conclusion du
contrat.

II. LE CONTENU DU CONTRAT DE TRANSPORT

a) LES OBLIGATIONS DU TRANSPORTEUR

Il y a d’abord la prise en charge de la marchandise, ensuite le chargement, l’arrimage, puis il y


aura le transport proprement dit, les soins apportés à la marchandise, le désarrimage,
déchargement et la remise de la marchandise entre les mains du destinataire (livraison de la
marchandise).

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Le chargement :

Quand ce n’est pas de la messagerie, la prestation et la responsabilité incombera au chargeur


au-delà de 3,5 T (dans les transports routiers). Dans le transport maritime, ça incombera au
transporteur.

La prise en charge :

C’est prendre la responsabilité de la marchandise, on peut la définir par convention (ex : sous
palans). Elle peut être faite par le transporteur ou son représentant.

L’arrimage :
C’est une obligation distincte du chargement, il y a une dimension de sécurité, le transporteur
ne peut pas se décharger de cette obligation, elle relève de sa mission.

Le transport :

Le transporteur déplace la marchandise, il doit accomplir de bonne foi cette obligation de


manière raisonnable en tenant compte des exigences de sécurité.

En matière maritime il peut se dérouter notamment pour porter assistance à un autre navire.

Les soins :

Il a une obligation de soins, il doit soigner la marchandise (ex : pour des sacs de riz, il lui
appartient d’assurer la bonne ventilation des cales…).

Déchargement / livraison :

Cette obligation pèse normalement sur le transporteur mais on peut concevoir qu’elle soit
transférée au chargeur dans les mêmes conditions que pour le chargement.

Le droit est de plus en plus exigent au regard de la livraison et adopte une conception de plus
en plus stricte.

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En matière maritime il y a une JP importante sur la conception de la livraison, depuis 1992, on
conçoit cette obligation d’une manière matérielle, il faut que « le destinataire soit mis en
possession de la marchandise ou ait la possibilité d’être mis en possession », a défaut la
livraison n’est pas accomplie.

b) LES OBLIGATIONS DU COCONTRACTANT DU TRANSPORTEUR

Il a une obligation de sincérité, donner les éléments nécessaires à l’établissement des


documents de transports et respecter les règles sur les marchandises dangereuses.

Le chargeur a une responsabilité de plein droit si sa marchandise dangereuse cause un


dommage au navire.

Le chargeur a l’obligation de remettre une marchandise appropriée au transport (empotage,


emballages…), et si à cette occasion, il cause un dommage à autrui, il peut engager sa
responsabilité.

Cela dit, la responsabilité du chargeur est une responsabilité qui ne peut être engagée qu’en
cas de faute du chargeur (mis à part pour les marchandises dangereuses).
Et d’autre part, la responsabilité du chargeur n’est pas limitée, on est en droit commun.

Payer le prix :

Le chargeur à l’obligation de payer le fret, toutes les modalités sont concevables, elles sont
déterminées par les parties elles-mêmes (par avance, à l’arrivée, en plusieurs fois…), mais en
matière maritime généralement la totalité ou les ¾ du fret sont payés d’avance.

Il y a le droit à des garanties de paiement, le transporteur a une créance de prix, elle est
garantie par des systèmes de cautions.

Quand apparemment rien n’est prévu dans le contrat, la loi prévoit que le transporteur ait 2
garanties.

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- Un droit de rétention

C’est le droit offert à un créancier non payé de retenir la chose qu’il a entre ses mains, ça
suppose la détention et qu’on ait une créance à garantir.

Le transporteur impayé peut retenir des marchandises entre ses mains, même si ce sont des
marchandises périssables.

Néanmoins, il y a deux limites à ce droit de rétention, la première est une préoccupation


commerciale car il se peut que le client se détourne de lui pour les prochains transports, la
seconde est que si la marchandise est toujours à bord du navire, la loi interdit au commandant
(agent du transporteur) d’exercer son droit de rétention, mais si elle est déchargée on pourra.
Le droit de rétention est opposable à tous les autres créanciers, même si une procédure
collective est ouverte.

- Un privilège

La loi accorde au transporteur un privilège sur la marchandise qu’il a transporté, c’est une
sureté légale qui a pour assiette la marchandise faisant l’objet du contrat de transport.
C’est une sûreté comportant un droit de préférence et le cas échéant, un droit de suite.
Le droit de privilège, le transporteur qui n’a pas payé, pourra faire vendre la marchandise et se
faire payer par priorité au prix de vente.

En matière terrestre il existe d’autres garanties légales, L132-8 du Code de commerce dispose
« ….. » que le transporteur peut exercer une action en paiement contre l’expéditeur ou contre
le destinataire.

Et dans l’hypothèse où le commissionnaire ne paye pas le prix, l’expéditeur et le destinataire


sont garant du paiement du prix (il existe entre eux une solidarité).

Le destinataire étant celui qui est indiqué sur le connaissement.

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