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INTRODUCTION GENERALE
1. Définition et Domaine
Le droit des transports est le droit qui étudie les opérations de transport entendues au sens
des actions par lesquelles se trouvent organisés les déplacements des personnes et des
marchandises par les professionnels utilisant des engins spécialisés et adaptés à cette fonction.
Le droit des transports se préoccupe de réguler des activités essentiellement économiques.
Depuis le siècle dernier, les modes de transport ont beaucoup évolué du fait de l’innovation
technologique. En effet, depuis le navire à voile l’on a connu le train à vapeur, le véhicule
automobile, l’avion, le train à grande vitesse, l’aéroglisseur, les pipes lines, les silots, etc.
Malgré cette diversité apparente du point de vue des modes de transport, nous assistons
aujourd’hui à l’harmonisation des règles régissant chacun de ces types de transport.
2. Sources
La tendance à l’harmonisation des règles n’exclut pas cependant une diversification de leurs
sources.
A. Source communautaire
Le droit commun des transports tire sa source au niveau sous régional à travers les
dispositions du code de la Marine Marchande de la CEMAC, pour ce qui est du transport
maritime. Depuis le 1er janvier 2004, l’acte uniforme relatif aux contrats de transport de
marchandises par route « s’applique à tout contrat de marchandises par route lorsque le lieu de
prise en charge de la marchandise et le lieu prévu pour la livraison, tels qu’ils sont indiqués au
contrat, sont situés soit sur le territoire d’un Etat membre de l’OHADA, soit sur le territoire de
deux Etats différents dont l’un au moins est membre de l’OHADA. L’acte uniforme s’applique
quels que soient le domicile et la nationalité des parties au contrat de transport. »
B. Sources internationales
Pour le transport routier international, la Convention de Genève signée le 19 mai 1956 est
applicable au Gabon. Cependant, un conflit est possible entre cette Convention et l’Acte
uniforme.
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S’agissant du transport aérien, il y a la Convention de Varsovie du 12 oct. 1929 amendée par une
série de protocoles : en 1955, La Haye ; en 1961, Guatemala-City ; et en 1971, Montréal. De
plus, une seconde source complète le système depuis que les Etats ont pris l’habitude de déléguer
à l’IATA (Association Internationale des Transports) le soin de gérer les difficultés de droit privé
sur lesquelles ils butent.
Quant au transport maritime, les transports internationaux de marchandises sont principalement
régis par la Convention de Bruxelles de 1924 - influencée l’ordre maritime d’obédience
britanique - révisée en 1968 et en 1979. Mais depuis le 1er novembre 1992, cette Convention
cohabite avec une autre Convention – d’origine onusienne - appelée les règles de Hambourg. Le
Gabon a ratifié cette dernière et du coup a dénoncé la Convention de Bruxelles amendée.
Une autre Convention d’origine onusienne, relative au transport multi modal ne connaîtra pas le
même succès. Adoptée en 1980, à un moment où la pratique cherchait encore ses marques dans
ce domaine, elle n’est toujours pas entrée en vigueur.
Enfin, deux Conventions sur les transports de passagers complètent le dispositif : Bruxelles
1961 et Athènes 1990.
Ainsi que nous l’avons relevé tout au début on constate une harmonisation du régime du
contrat de transport : un seul contrat peut parfois suffire pour plusieurs modes de transport. Le
mouvement est amorcé depuis longtemps. Pour le transport aérien, la communauté internationale
s’est directement inspirée en 1929 de la Convention de Bruxelles de 1924 au point d’y transposer
la faute nautique ; les mêmes plafonds de responsabilité furent longtemps retenus. S’agissant du
transport de marchandises par route, l’OHADA a aussi tenu compte de ce mouvement mondial
d’harmonisation du régime du contrat de transport en instituant par exemple un plafond de
responsabilité, des cas exceptés de responsabilité ou en donnant la possibilité d’engager la
responsabilité du premier ou dernier transporteur en cas de transports successifs.
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L'existence d'une législation spécifique et particulière au contrat de transport pose le
problème de la nécessaire distinction entre ce contrat et les conventions voisines avec lesquelles
il peut être confondu. Le risque de confusion est d'autant plus grand que ces conventions voisines
s'intègrent très souvent dans l'opération de transport pour former un ensemble contractuel. Il est
important de souligner, de mettre en exergue les principaux éléments caractéristiques du contrat
de transport (chapitre I), et d'étudier les règles relatives aux différentes parties concernées par le
contrat de transport et l'exécution de ce contrat (chapitre II).
Outre les caractéristiques générales qui relèvent du droit des contrats, il résulte de cette
définition trois principaux éléments ou critères qui permettent de distinguer le contrat de
transport des autres conventions voisines.
- L'élément matériel : le déplacement,
- L'élément intellectuel : rôle actif et indépendant du transporteur,
- L'élément économique : le caractère intéressé de l'opération.
Au sens propre du terme, déplacer c’est faire parcourir une distance à une chose ou à une
personne, peu importe la distance à parcourir. Le déplacement est considéré comme le critère
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essentiel et décisif du contrat de transport. Il se trouve en effet que c'est le critère qui permet de
le distinguer avec certaines conventions voisines qui ont tendance à s'intégrer dans l'opération de
transport. Il s'agit du déménagement, du dépôt et de la commission de transport.
§ 1 : Transport et déménagement
Tantôt le déménageur va essayer de convaincre le juge que le contrat de base qu'il a passé
est un véritable contrat de déménagement. Ce sera par exemple le cas s'il veut profiter d'une
clause de non responsabilité insérée dans le contrat de base, clause qui serait interdite s'il s'agit
d'un contrat de transport. Le cocontractant du déménageur ou son client peut en retour avoir les
mêmes prétentions et plaider en faveur du déménagement ou du transport. Comme il est interdit
au juge de se fier absolument à la qualification des parties, il y a lieu de rechercher des éléments
formels de distinction entre transport et déménagement : entreprise assurément difficile d'où
plusieurs tâtonnements et controverses aussi bien en doctrine qu'en jurisprudence.
Mais on finit par se rallier au seul et unique critère relatif à l'importance du déplacement
dans l'opération litigieuse. L'opération de déménagement sera considérée comme un véritable
contrat de transport de marchandises si la prestation principale, c'est-à-dire l'objet principal du
contrat consiste dans le déplacement de la chose déménagée. Pour savoir si le déplacement est ou
non l'objet principal du contrat de base, l'analyste devra prendre en compte différents éléments
comme l'importance comparée du déplacement et des autres prestations (emballage, mise en
caisse, déballage, remontage...), la nature des objets transportés, les soins particuliers que
requiert le déplacement.
Si les opérations d'emballage et de remontage sont plus importantes ou coûtent plus chers
que le déplacement à proprement parler, le contrat sera considéré dans sa totalité comme un
contrat de louage d'industrie ou de déménagement. La cour de Paris s'est prononcée dans ce sens
(21 mars 1976, Bull. des transports, 1976, p. 284).
Mais l’analyste doit aussi se préoccuper de rechercher les conditions dans lesquelles le
déplacement, prestation principale du contrat, a été effectué. Si par exemple l'entreprise chargée
d'exécuter l'opération a confié la totalité ou une partie du déplacement à un autre voiturier ou aux
chemins de fer, l’opération ne sera plus un contrat de transport mais un contrat de commission de
transport.
§ 2 : Transport et dépôt
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transporteur avec l'objectif pour ce dernier de la conserver et de la rendre avec interdiction de
l'utiliser pour son propre compte.
Une autre hypothèse est celle où l'expéditeur des marchandises demande au transporteur
de les garder dans ses entrepôts parce que les marchandises livrées ont été refusées par le
destinataire. Ici, la jurisprudence ne trouve pas de différence pour faire cette distinction.
Le commissionnaire de transport n'est pas en vérité un mandataire parce qu'il traite avec
le transporteur en son nom propre. S'il précise au transporteur qu'il n'agit pas en son nom mais au
nom de l'expéditeur, le contrat qui le lie à ce dernier devrait être analysé comme un mandat pur
et simple et non comme un contrat de commission de transport.
Si cette définition est claire en théorie, il reste qu'en pratique la confusion est fréquente entre
commission de transport et contrat de transport surtout dans les contrats successifs. Exemple : un
expéditeur qui désire faire acheminer ses marchandises en un point d'accès difficile peut décider
de s'adresser à un commissionnaire sérieux. Ce dernier peut à son tour s'adresser à un autre
commissionnaire plus spécialisé que lui ainsi de suite jusqu'à ce qu'un transporteur proprement
dit soit chargé d'exécuter l'opération. Quelle est alors la position du 2, du 3 et n ième.
Commissionnaire? Sont-ils des commissionnaires ou des voituriers?
Il arrive très souvent qu'il soit très difficile de répondre parce que par exemple, il n'existe
aucun écrit permettant de dire avec précision les obligations assurées par toutes les différentes
parties. Pour s'y retrouver, il faut simplement retenir que le commissionnaire se charge
d'opérations juridiques et accessoirement de soins matériels. Il peut assurer lui-même, par ses
propres engins, une partie du déplacement; ce qui importe c'est ce qui le lie au commettant; c'est
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la promesse d'acheminer les marchandises à destination avec les moyens qu'il se chargera lui-
même de mettre en œuvre. Si, par exemple, il remet les marchandises à un second
commissionnaire qui à son tour se charge d'amener les marchandises à destination, il y a un
second contrat de commission liant le 1er commissionnaire devenu commettant à un autre
commissionnaire substitut.
Ces questions présentent des intérêts pratiques considérables car les opérations peuvent
être extrêmement imbriquées alors que le commissionnaire n'est pas tenu, en principe, au même
régime de responsabilité que le transporteur. Par-exemple, pour engager la responsabilité du
transporteur en cas d'avaries de marchandises, le demandeur doit à peine d'irrecevabilité de son
action émettre toute protestation motivée dans les 5 jours qui suivent la réception ; mais cette
règle ne vaut qu'en faveur du transporteur. Le commissionnaire ne saurait s'en prévaloir et sa
responsabilité personnelle peut être mise en cause aussi bien par l’expéditeur que par le
destinataire au titre du contrat de transport, sauf si le commissionnaire bénéficie du régime de
responsabilité du transporteur.
§ 1 : L'affrètement maritime
C'est une convention que l'on rencontre couramment en matière maritime par laquelle une
personne appelée fréteur met tout ou partie d’un navire en état de navigabilité à la disposition
d'une autre personne appelée affréteur.
Les parties à un contrat d'affrètement choisissent librement le type d'affrètement qui leur
convient. Ce choix tient généralement compte du désir du propriétaire du navire de contrôler
entièrement la gestion ou de s'en débarrasser en tout ou partie et de la capacité de l'affréteur à
exporter ou à importer périodiquement ou continuellement des marchandises.
En fonction du choix fait par les parties, le propriétaire conservera soit la gestion
nautique et la gestion commerciale du navire (affrètement au voyage), soit la gestion nautique
uniquement (affrètement à temps). Il peut aussi transmettre la totalité de la gestion nautique et
commerciale à l’affréteur : c'est le cas dans l'affrètement coque-nue.
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§ 2 : Le contrat de remorquage
Le contrat de transport concerne au premier plan les deux contractants que sont d'une part
le transporteur et d'autre part l'expéditeur ou le voyageur. Mais, très souvent à ces parties
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nécessaires s'ajoutent d'autres intervenants à l'exécution du contrat. Ce qui justifie une étude
séparée des parties nécessaires et des autres parties intervenantes.
§ 1 : Le transporteur
Il doit être un professionnel. Celui qui, dans un contrat, prendrait le rôle de transporteur
sans bénéficier d'aucune habilitation particulière sous la forme d'une licence ou d'une
autorisation se rendrait coupable d'une infraction. La personnalité du transporteur peut jouer un
rôle important dans la détermination du régime juridique de l'opération de transport.
Le rapport contractuel à former sera en effet différent selon que l'expéditeur ou le voyageur se
trouve en face d'un transporteur libre ou d'un transporteur réglementé, par exemple bénéficiant,
d'une concession de service public et soumis à ce titre à des régies précises dans l'exercice de son
activité.
L'opération de transport effectuée dans le cadre d'une entreprise est un acte de commerce
objectif et le professionnel qui le fait à titre de profession habituelle est considéré comme un
commerçant. Lorsqu'il contracte avec un expéditeur qui n'a pas la qualité de commerçant, le
transport est considéré comme un acte mixte de nature commerciale pour le professionnel et civil
pour l'expéditeur.
§ 2 : L'expéditeur ou le voyageur
A) L'expéditeur
Appelé en pratique chargeur, l'expéditeur peut être une personne physique ou morale
publique ou privée. Concernant les personnes privées, la seule difficulté qui est soulevée est
ladétermination de l'expéditeur. C'est une difficulté de preuve. Cette difficulté se présente
lorsque le propriétaire de marchandises demande à un tiers de les expédier pour son propre
compte. La question se pose alors de savoir si le propriétaire peut contracter avec le transporteur
alors que son nom ne figure pas dans la lettre de voiture. La réponse, pendant longtemps
controversée en droit français, est réglée de manière assez précise en droit OHADA .L'AU
relatif au droit commercial dispose en effet : «tout détenteur du récépissé devient
automatiquement créancier des obligations du transporteur.»
B) Le voyageur
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Il s'agit du destinataire des marchandises et du commissionnaire.
§2 : Le commissionnaire
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Du contrat de transport, découle un certain nombre d'obligations à la charge
dutransporteur, d'une part, et à la charge de l'expéditeur ou du destinataire, d'autre part.
A) La réception
B) Le Chargement
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§ 2 : L'exécution du déplacement
A) La mise en route
La mise en route est le fait du transporteur qui prend sa décision librement en tenant
compte du délai qui lui est imparti. Dans certains contrats, les parties préfèrent insérer des
clauses obligeant le transporteur à respecter un délai précis de mise en route. Dans tous les cas, la
responsabilité du transporteur serait engagée si les avaries causées aux marchandises sont
imputables à une mise en route tardive ; il ne pourra s’exonérer qu’en prouvant que la faute est
due à une cause étrangère à sa volonté. La détermination de l’itinéraire varie selon le mode de
transport et les contrats.
En matière de transport aérien, rares sont les cas où l'expéditeur a la possibilité de fixer
l'itinéraire au transporteur. En revanche, dans le transport routier à la commande par exemple, il
est fréquent que l'expéditeur fixe lui-même l'itinéraire. Mais ce choix soulève une difficulté
lorsque par exemple le transporteur est amené à changer l'itinéraire pour des raisons de force
majeure. Le problème est de savoir s'il peut demander un complément de prix lorsque l'itinéraire
qu'il a finalement emprunté s'avère plus long que celui initialement prévu.
Si l'on retient que le transporteur est assujetti à une obligation de résultat, il est difficile
d'admettre sa demande de complément de prix puisqu'il est tenu, sauf impossibilité absolue,
d'assurer le transport par tous les moyens nécessaires. Mais cette solution peut s'avérer
défavorable au transporteur. Et puisqu'il sait qu'il ne sera pas rétribué pour le supplément de
route, il peut refuser d'allonger l'itinéraire. C'est pourquoi les tribunaux admettent que si
l'allongement a été opéré – par exemple pour éviter des avaries – dans le seul intérêt d'une bonne
exécution de l'opération, que le transporteur puisse bénéficier d'une rétribution des frais
supplémentaires que le détournement lui impose.
La solution la plus fréquente est celle où les parties conviennent de fixer un délai de
transport précis, le transporteur restant responsable de tout retard. Mais, il peut arriver que ce
délai ne soit pas fixé. Dans ce cas, la solution légale (art. 13 de AU/CTMR) est de retenir que le
transport ou la livraison doit être fait dans un délai raisonnable compte tenu du mode de transport
utilisé.
Il y a difficulté lorsque le transport est effectué avant l'écoulement du délai stipulé. La
question est de savoir si le destinataire peut refuser de recevoir les marchandises arrivées à
l'avance. La jurisprudence lui refuse cette faculté. Il a été jugé que le destinataire doit supporter
les droits de stationnement et de magasinage à partir du moment où il aurait pu procéder au
déchargement du wagon ou à l'enlèvement des marchandises (Com. 17 oct. 1962,1963, p. 20).
C) Les soins aux marchandises en cours de transport (next)
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C'est une obligation, le transporteur qui reçoit la marchandise doit en assurer la garde et
doit lui donner en particulier les soins appropriés à sa conservation : c’est l’obligation de due
diligence. Cependant les tribunaux ont eu à préciser que cette obligation de soins ne couvre que
les soins généraux et ordinaires qui sont compatibles avec les moyens et les nécessités du service
(Paris 29 mars 1968, JCP 1968-1-15609).
Cette obligation de soins ne cesse qu'à la livraison des marchandises, donc à partir du
moment où le transporteur les remet au destinataire. Les dégâts causés aux marchandises pour
défaut de soins de conservation sont présumés imputables au transporteur. Mais, ce dernier peut
s'exonérer en invoquant par exemple les vices de la chose.
Toutefois, l’emballage est, en principe, sous la responsabilité de l’expéditeur. Dès lors, le
transporteur qui accepte la marchandise après vérification de l’état de l’emballage devra en cas
de bris d’emballage, faire réparer ou descendre les marchandises et confier la garde à un tiers
lorsque celles-ci présentent « un risque pour la sécurité ou l’intégrité des personnes ou des
marchandises » (art 7 AU/CTMR).
En cas d'incident en cours de route imputable au transporteur, celui-ci peut procéder soit
à un transbordement, soit à un changement de destination.
a) Le transbordement
b) Le changement de destination
Il n'y a pas de difficulté lorsque les parties s'accordent sur le changement de destination.
Dans ce cas, il y a simple modification du contrat initial.
En revanche, il y a problème si le transporteur est obligé d'accepter le changement de destination
des marchandises en cours de route que lui impose l'expéditeur. Cette solution est admise par
l’art 11 AU/CTMR. L'expéditeur conserve le droit de disposer de la marchandise en cours de
route soit en changeant le destinataire ou la destination ou en faisant revenir la marchandise au
point de départ. Il conserve ce droit tant qu'il n'a pas transmis le récépissé au destinataire. Il peut
également partager ce droit avec le destinataire s’il en est fait mention dans la lettre de voiture
(art 11–2° AU/CTMR). Le transporteur peut conséquemment réclamer une révision du prix
initial.
c) Saisie en cours
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C'est une question qui n'est pas explicitement réglée par le législateur. Cependant, rien ne
s'oppose à la possibilité de pratiquer une saisie sur les marchandises en cours de transport.
La question à résoudre est quels sont les créanciers qui peuvent être admis à pratiquer cette
saisie. En droit français, la solution est simple : ce sont les créanciers des propriétaires des
marchandises. Il peut en être déduit que seuls les créanciers du détenteur du récépissé peuvent
être admis à pratiquer une saisie arrêt sur les marchandises en cours de transport. Mais, c'est une
solution qui peut présenter des inconvénients et notamment être source de fraude parce qu'en cas
de saisie par les créanciers du destinataire, il suffira à celui-ci de retourner le récépissé à
l'expéditeur pour ensuite réclamer et obtenir une mainlevée de la saisie.
§3 : La livraison
A- L'exécution de la livraison
La livraison est définie comme étant l'acte juridique par lequel le transporteur accomplit
son obligation principale au lieu et dans les délais convenus en remettant la chose transportée au
destinataire qui l'accepte. Plusieurs intérêts s'attachent à l'acte de livraison. Cette livraison doit
s'effectuer selon des modalités qu'il convient de préciser et ne produit ses effets juridiques
qu'après acceptation par le destinataire.
1- Les formalités
Pour qu'il y ait livraison, la marchandise doit être mise à la disposition du destinataire qui
doit être informé par la notification d'un avis d'arrivée. Une fois qu'il est informé, le destinataire
doit se rendre au lieu de livraison tel qu'il est fixé dans le contrat, les usages et les tarifs. En
principe, le déchargement des marchandises incombe au transporteur mais il arrive que cette
obligation soit assumée par le destinataire, le transporteur se contentant seulement de lui indiquer
le wagon ou le conteneur utilisé pour le transport.
2- Le bénéficiaire de la livraison
La livraison est faite au profit du bénéficiaire nommément désigné dans le titre de
transport nominatif. Lorsque le titre est au porteur, la livraison doit être faite au détenteur du
titre.
Le transporteur doit vérifier l'identité du réclamant. Si le destinataire avait donné à un
tiers un mandat permanent de retirer pour son compte les colis qui lui sont destinés, il ne saurait
se plaindre d'une livraison faite à cette personne s'il avait révoqué le mandat sans en informer ou
aviser le transporteur. Il est aussi admis qu'en livrant les marchandises au détenteur d'un
récépissé ou d'un titre au porteur, le transporteur ne commet aucune faute.
Mais, si le destinataire est désigné ou connu, le transporteur commet une faute lourde en livrant
les marchandises à un tiers sans qualité (Com. 09 décembre 1965, JCP 1966-1-14619).
b) L'acceptation
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Pour que le transporteur soit définitivement libéré, il faut que le destinataire accepte les
marchandises livrées. Le destinataire doit en effet manifester son acceptation en signant une
décharge et en procédant à l'enlèvement de la marchandise contre remise de la copie de la lettre
de voiture ou sur présentation de l’original du connaissement ou d’une lettre de garantie
maritime. Mais, comme au moment de la prise en charge, le destinataire n'acceptera les
marchandises qu'après vérification. Cette vérification de l'état, de la quantité ou de la qualité des
marchandises peut l'amener à émettre des réserves ou à formuler une protestation motivée s'il
souhaite engager la responsabilité du transporteur.
a) Le non-paiement du prix.
Si le transport est effectué en port dû, le non-paiement par le destinataire peut justifier un
refus du transporteur d’exécuter la livraison. Il s’agit d’une exception d’inexécution consacrée.
Le refus d’exécution va permettre au transporteur d’exécuter le privilège que lui accorde les
articles 112 de l’acte uniforme organisant les sûretés et 15 AU/CTMR : « Le transporteur
(terrestre) a un privilège sur la chose transportée pour tout ce qui lui est dû à condition
qu’il y ait un lien de connexité entre la marchandise transportée et la créance ».
Ces obligations portent essentiellement sur la présentation des marchandises et sur le paiement
du prix de transport.
C'est une obligation qui doit être assumée par l'expéditeur ; la marchandise présentée doit
être conforme à celle prévue lors de la conclusion du contrat. Cette présentation peut être
effectuée en gare, au domicile ou dans les magasins du transporteur. Les marchandises sont
présentées dans un état d'emballage correct permettant d'effectuer leur transport sans dommage.
Si le transporteur estime que la présentation ou l'emballage ne présente pas des garanties
suffisantes, il y a deux solutions : soit refuser la prise en charge, soit émettre des réserves. Les
réserves expresses doivent être acceptées par l'expéditeur pour faire preuve ; à défaut, le
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transporteur est admis à établir le lien de causalité entre les avaries et les défaillances constatées
au moment de la présentation de la marchandise.
Les parties peuvent également solliciter une expertise dans les hypothèses. Cette
expertise peut en particulier vérifier l'état des marchandises et leur conditionnement mais les
conclusions de l'expert ne lient pas le juge à moins que les parties n’aient décidé à l'avance de
s'en tenir entièrement aux conclusions de l'expert.
Lorsque l'envoi ou l'expédition est en port payé, le prix est stipulé payable au départ par
l'expéditeur dans cette hypothèse, le transporteur doit refuser d'exécuter son obligation tant que
le prix ne lui a pas été payé. Il peut également choisir de commencer l'exécution et d'exercer par
la suite son droit de rétention sur la cargaison.
En revanche, si le prix est stipulé payable en port dû, son paiement incombe au
destinataire. C'est le cas dans les expéditions contre remboursement. Dans certains modes de
transport, le prix est fixé en maxima par les tarifs. Il appartient le plus souvent aux parties de
s'accorder sur le montant du prix de fret. En cas d'avarie causée aux marchandises du fait du
transporteur, le destinataire doit tout de mêmepayer le port dû. Il appartient par la suite au juge
d'équilibrer les prestations par allocation de dommages et intérêts.
Qu'en est-il en cas d'interruption du voyage? Dans ce cas, une jurisprudence s'est prononcée pour
le réajustement du prix. Mais, la doctrine l'a vivement critiquée en se fondant sur le principe de
l'intégrité du prix: soit on paye tout, soit on ne paye rien du tout.
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TITRE II : LA RESPONSABILITE DU TRANSPORTEUR
Le transporteur terrestre c'est celui qui assure le déplacement par route, chemin de fer ou
fleuve soit des marchandises soit des personnes d'un point à un autre. L’acte uniforme de
l’OHADA ne concerne que les contrats de transports de marchandises par route. La définition
donnée plus haut distingue deux catégories de transporteurs : le transporteur de marchandises et
celui de personnes.
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§1 : Les conditions de mise en œuvre
Les parties peuvent avoir recours à une expertise en cas de contestation de quelque nature
qu'elle soit sur la formation ou l'inexécution du contrat de transport ou en cas d'incidents
survenus pendant le transport. La règle en la matière est la liberté des preuves puisqu'il s'agit
d'établir avant tout des faits juridiques.
Le destinataire doit se faire établir un reçu de livraison ou faire porter une mention sur le
récépissé pour ne pas se voir opposer une présomption de livraison conforme à son attente.
Les réserves émises par le transporteur au moment de la prise en charge peuvent constituer un
obstacle à la preuve du demandeur ; mais lorsqu’elles sont précises et motivées, ces réserves ne
constituent qu’un commencement de preuve qui ne dispense nullement le transporteur de la
preuve de l’intervention d’une cause étrangère.
Il faut noter que cause étrangère ne signifie pas à coup sûr intervention d’un tiers. En
effet, l’article 16 – 4 de l’AU/CTMR dispose : « Le transporteur est responsable, comme de ses
propres actes ou omissions, des actes ou omissions de ses préposés ou mandataires agissant dans
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l’exercice de leurs fonctions et de ceux de toute autre personne aux services desquels il recourt
pour l’exécution du contrat de transport, lorsque cette personne agit aux fins de l’exécution du
contrat ». Ce texte fait référence à l’intervention des commissionnaires de transport, des
manutentionnaires chargés du chargement et du déchargement et des personnes assurant la garde
des marchandises durant la période du transport.
En plus des trois causes d’exonération que sont : la force majeure, le vice propre de la
chose transportée et le fait de l’ayant droit (expéditeur ou destinataire) prévues par la plupartdes
textes, l’article 17 de l’AU/CTMR ajoute un certain nombre de cas exceptés à l’instar des
Conventions en matière de transport maritime.
A- La force majeure
C'est le vice qui touche à la nature intrinsèque de la chose sans qu'il soit nécessairequ'elle
présente un défaut particulier ou qu'elle soit d'une qualité inférieure à la normale. Oncite
l'exemple des fruits qui peuvent se gâter par l'effet normal de la maturité ou encore deschoses qui
s'évaporent sous l'effet de la chaleur...
La responsabilité du transporteur n'est écartée que si les circonstances de fait excluenttout doute
sur l'intervention du vice propre de la chose.Il appartiendra au transporteur d'apporter une preuve
précise et concordante. La preuvesera admise même s'il n'avait pas émis de réserves au moment
de la prise en charge.
On assimile au vice propre de la chose les défections ou insuffisances des emballagesou
du conditionnement des marchandises.Dans tous les cas le transporteur qui cherche l'exonération
de responsabilité doit établirl'existence de vice et la relation causale avec le dommage.
C- Le fait de l'expéditeur
Le transporteur n'est responsable des avaries causées aux marchandises que s'ilapparaît
que ces avaries ne sont pas le fait de l'expéditeur (art. 16 al. 1 AU/CTMR). Si le fait
del'expéditeur est la cause exclusive du dommage, le transporteur sera entièrement exonéré
àdéfaut, il peut y avoir partage de responsabilité et le transporteur n'aura à réparer qu'une
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partiedu dommage. Le transporteur peut également être exonéré s'il établit que l'expéditeur a
omisde lui donner un certain nombre d'informations ou lui a fourni des indications inexactessur
laquantité ou la qualité des marchandises.
§ 3 : La réparation
L’accent sera mis sur les modes de réparation et l’étendue et l’évaluation de la réparation.
a - Etendue
En droit commun, la réparation doit, en principe, indemniser l’intégralité du préjudice
subi (perte subie et gain manqué). Le juge attachera une grande importance en cas de perte ou
d'avaries à la valeur de la marchandise perdue ou diminuée. Toutefois, l’article 18 de
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l’AU/CTMR institue en cas de perte ou avarie la limitation de responsabilité comme principe et
l’indemnisation sur la base de la déclaration de valeur ou de la déclaration d’intérêt spécial
comme l’exception. L’indemnité ne peut excéder 5000 fcfa par kilogramme de poids brut de
la marchandise.
Mais en cas retard, une indemnité ne pouvant dépasser le prix du transport pourrait être
versée par le transporteur s’il est établi qu’un dommage supplémentaire a résulté du retard.
Si la valeur de la marchandise avait été déclarée au départ, la réparation ne saurait excéder cette
valeur. Il en est de même en cas de déclaration d’intérêt spécial à la livraison.
Mais dans ce dernier cas, si la preuve d’un dommage supplémentaire n’est pas faite, il est
appliqué le principe de la limitation de responsabilité évoqué plus haut.
b- Evaluation
La règle est celle de l'évaluation souveraine par les juges du fond qui apprécient en toute
liberté des éléments et indices qui leur sont soumis de manière à assurer à la victime une
indemnisation correcte en fonction du plafond de responsabilité institué ou non.
La volonté des parties peut avoir une influence sur l'évaluation de la réparation. Les clauses
pénales par exemple peuvent être admises si elles n'aboutissent pas à rendre la réparation
illusoire ou à exonérer totalement le transporteur.
Les clauses limitatives de responsabilité sont valables au même titre que les
clausespénales.
Pour cela il faut qu'elles aient été connues et acceptées de l'expéditeur. On peut doncsupposer
que seul un écrit signé des deux parties pourrait servir de preuve.
A la différence de la clause pénale, le montant fixé par la clause limitative n'est pas
unforfait mais plutôt un plafond. Dès lors, pour avoir droit au montant fixé, il appartient
audemandeur de prouver que son préjudice atteint au moins le plafond, sinon il recevra
unmontant inférieur à celui-ci.
Toutefois, la clause limitative de responsabilité saute quand l'inexécution du débiteurqui
s'en prévaut est due à son dol ou à sa faute lourde et qu'elle est établie contre lui.
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Il en va de même pour les dols et les fautes lourdes de ses préposés.
SECTION 3 : LE CONTENTIEUX
Une première distinction est à faire entre les affaires relevant des tribunauxadministratifs
et celles relevant des tribunaux judiciaires. Lorsqu’une entreprise de transportfonctionnant avec
les règles de droit public est mise en cause, ce sont les tribunauxadministratifs qui sont
compétents. Et lorsqu’il s’agit d’appliquer les règles de droit privé, cesont les tribunaux
judiciaires qui sont compétents.
Une seconde distinction est ensuite à faire. Sommes-nous en présence d’une affairecivile
ou mixte ? Si la cause est commerciale, ce sont les tribunaux de commerce qui sontcompétents.
Et si c’est le contraire, ce sont les tribunaux civils qui sont compétents.
Certes, le transport est un acte de commerce, mais l’expéditeur ou le destinataire peut être
non-commerçant. Là, il faut appliquer la théorie des actes mixtes.
B/ Compétence territoriale
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25 – 2 de l’AU/CTMR est de 60 jours si une réclamation est faite au premier ou audernier
transporteur après la livraison de la marchandise et, à défaut de livraison, 6 mois aprèsla prise en
charge de la marchandise.
En cas de refus de prendre livraison de la marchandise ou de contestation sur la natureou
l’exécution du contrat de transport ou encore à raison de tout incident survenu pendant
letransport ou à l'occasion de celui-ci, le requérant doit faire vérifier et constater l’état desobjets
par un expert nommé par le président du tribunal départemental compétent.
Le requérant doit appeler à cette expertise toutes les personnes susceptibles d’êtremises en cause
(expéditeur, transporteur, destinataire) par lettre recommandée ou partélégramme. En cas
d’urgence, le président du T.D. pourra dispenser expressément lerequérant de tout ou partie de
ces formalités (art. 667 COCC).
La forclusion éteint toute action du destinataire ou de l’expéditeur sans discussion surle fond.
Elle le serait de même, si elle se présentait comme une action incidente ou unedemande
reconventionnelle.
La forclusion concerne directement les seuls rapports des usagers avec le voiturier,mais elle peut
avoir une incidence sur les rapports entre l’expéditeur et le destinataire lorsquele premier a vendu
la chose transportée au second, car la négligence du destinataire peutinterdire au vendeur de se
retourner utilement c/ le voiturier si le manquant ou l’avarieengageait la responsabilité du
transporteur (application de la théorie des risques).
Paragraphe 3 : La prescription
Selon l’article 25 de l’AU/CTMR : “Toute action découlant d’un transport régi par le
présent AU se prescrit par un an à compter de la date de livraison ou à défaut de livraison, de la
date à laquelle la marchandise aurait dû être livrée.’’
Cette disposition s’applique donc aux actions en paiement des frais principaux
oucomplémentaires, aux actions en remboursement de frais, à la restitution de frais
demagasinage dus en vertu du contrat de transport, aux actions en remboursement des frais
demanutention etc.
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Née en matière maritime, la règle vaut pour tous les transporteurs professionnels
Selon l’article 645 al. 2 “l’obligation de sécurité pèse sur le transporteur dès l’instant où le
voyageur accède au véhicule ou, le cas échéant, aux installations spécialement aménagées par le
transporteur en vue du transport. Elle cesse lorsque le voyageur est descendu du véhicule et, le
cas échéant, sorti des installations.”
Pour que cette obligation de sécurité puisse jouer, il faut, non seulement, que le voyageur
paiesa place, mais il faut surtout qu’il occupe cette place. Peu importe que le véhicule soit à
l’arrêt ou en marche. Du moment où le voyageur descende du véhicule à celui où il remonte pour
prendre sa place, le contrat se trouve suspendu. Par conséquent, l’obligation de sécurité ne joue
pas durant cette période.
A l’occasion d’accident survenu sur les quais et couloirs intérieurs des gares ou gares
routières, la Cour de Cass. Française a estimé “qu’en dehors de l’exécution du contrat de
transport à l’égard du voyageur, la responsabilité du transporteur est soumise aux règles de la
responsabilité délictuelle” (Civ. 7 mars 1989, bull. trpt. 1989, 334, note A. CHAO ; JCP 1989,
IV, 176).
L’obligation contractuelle de sécurité n’existe, en principe, qu’au bénéfice des contractants des
voituriers unis par un contrat de transport. Toutefois, les militaires, gendarmes et policiers
voyageant en période de réquisition peuvent s’en prévaloir.
Par ailleurs, depuis 1932 (civ. 6 dec. 1932 et 24 mai 1933, DP 1933, I, 137, note
Josserand), la jurisprudence estime que les proches parents et alliés du défunt pouvaient exciper
à titre personnel du contrat, parce que lors de la conclusion du contrat, le voyageur était censé
avoir stipulé en leur faveur. Ainsi le voiturier promettait la sécurité du voyageur, d’une part, à
lui-même, d’autre part, à ses parents et alliés. Mais ces derniers pouvaient renoncer à cette
stipulation pour se placer sur le terrain délictuel afin d’éviter une éventuelle clause de limitation
de responsabilité. Afin de mieux comprendre cette solution, voyons à présent le contenu et la
portée de l’obligation de sécurité.
Aux termes de l’article 645 al. 1 “Tout transporteur est tenu de conduire le voyageur, sain
et sauf, à destination”. Ceci est la consécration légale d’une jurisprudence constante depuis 1911.
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Le transporteur n’est pas seulement tenu d’une obligation de moyens ; il est aussi tenude
l’obligation de prendre des mesures pour assurer la sécurité du voyageur, il doit assurer le
résultat (cad une obligation déterminée de sécurité).
Le voiturier doit, par suite de son obligation déterminée de sécurité, prouver que l’inexécution de
cette obligation provient d’une cause étrangère qui ne peut lui être imputée.
Cette présomption étant une présomption forte, le fait et la faute d’un tiers ou de la victime ne
sont pris en compte que lorsqu’ils présentent les caractéristiques de la force majeure;
Toute clause qui tendrait à écarter la responsabilité du transporteur fondée sur l’obligation de
sécurité est nulle.
Lorsque le transporteur prend en charge des bagages ceux-ci doivent voyager en même temps
que le voyageur.
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S’agissant d’une présomption simple de responsabilité, le transporteur peut, aux termes
de l’article 20, se libérer de la présomption de responsabilité qui pèse sur lui “s’ilprouve que lui
et ses préposés ont pris toutes les mesures nécessaires pour éviter le dommage ou qu’il leur est
impossible de les prendre”. L’obligation qui pèse sur lui n’est pas aussi forte que celle qui pèse
sur le transporteur terrestre. La preuve de la faute de la victime le libère aussi (art. 21).
Par ailleurs, toute clause, par laquelle le transporteur tendrait à se libérer alors que sa
responsabilité est engagée selon la Convention de Varsovie ou, tendrait à réduire la réparation
fixée par cette même Convention, est considérée comme nulle (art. 23).En revanche, celles qui
aggraveraient la condition du transporteur sont valables (art. 22).
La Convention de Varsovie complétée et amendées par la Convention de Guadalajara, et les
Protocoles de La Haye 1955, Guatemala 1961, de Montréal n° 1 à 4 devenant de plus en plus
complexe et inéquitable pour les passagers, elle a vu naître la nouvelle Convention de Montréal,
signée le 28 mai 1999 et entrée en vigueur le 4 novembre 2003.
Aux termes de l’article 17 de cette nouvelle Convention : « Le transporteur est
responsable du préjudice survenu en cas de mort ou de lésion corporelle subie par un passager,
par cela seul que le fait qui a causé la mort ou la lésion s’est produit à bord de l’aéronef ou au
cours de toutes opérations d’embarquement ou de débarquement ».
Complétée par l’article 20, cette Convention fixe une double responsabilité :
- une responsabilité objective de plein droit, la responsabilité du transporteur aérien étant
automatiquement engagée jusqu’à concurrence de 100.000 DTS, soit 76.091.012 FCFA environ ;
- une responsabilité de plein droit fondée sur la faute dès que le montant de la réparation dépasse
les 100.000 DTS, le transporteur aérien est tenu de réparer à hauteur du préjudicesubi par le
passager.
SECTION 2 : LA REPARATION
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Une des principales caractéristiques de cette Convention est la réparation illimitée du
transporteur aérien du fait de sa responsabilité pour faute en cas de dommages corporels si le
transporteur aérien n’est pas en mesure de prouver qu’il n’a commis aucune faute, lui et ses
préposés. Cela signifie que pour s’exonérer c’est au transporteur de prouver qu’il n’a commis
aucune faute.
Mais dans les cas où sa responsabilité objective de plein droit est envisagée, le montant
de la réparation est plafonné à 100.000 DTS, soit 76.091.012 FCFA. Cela veut dire qu’il paye
moins si le préjudice est inférieur à cette somme.
En cas de dommage subi par des passagers résultant d’un retard, la responsabilité du transporteur
est limitée à la somme de 4.150 DTS, soit 3.157.777 FCFA environ. Mais pour les bagages
(enregistrés ou non) la responsabilité du transporteur en cas de destruction, perte, avarie ou retard
est limitée à la somme de 1.000 DTS, soit 760.910 FCFA. Tout transporteur aérien peut, par
ailleurs, fixer des limites de responsabilités plus élevées ou ne pas en fixer.
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chose transportée (art. 23). Seraient également nulles les clauses de nonresponsabilité pour retard
(art. 19 et 23 al.1).
La différence fondamentale qui existe entre la Convention de Varsovie complétée et
amendée et la Convention de Montréal réside dans le fait que cette dernière énumère un certain
nombre de cas exceptés pouvant exonérer le transporteur aérien de marchandise.
C’est dire que la Convention de Montréal obéit à cette logique onusienne d’harmonisation des
principes directeurs des différentes Conventions Internationales en matière de transport énoncée
plus haut.
SECTON 2 : LA REPARATION
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CHAPITRE I : ETENDUE ET NATURE DE LA RESPONSABILITE
La loi française du 18 juin 1968 a tenté de rétablir l’unité juridique du contrat detransport en
posant le principe que “le transporteur est responsable des pertes ou dommagessubis par la
marchandise depuis la prise en charge jusqu’à la livraison” (art. 27 al. 1). Maisconvient-il de
noter que cette unité juridique n’interdit pas le sectionnement conventionnel carselon l’article 38
al.1 du décret d’application du 31 décembre 1966, le transporteur est tenu,nonobstant toute
clause contraire, de procéder “de façon appropriée et soigneuse auchargement, à la manutention,
à l’arrimage, au transport, à la garde et au déchargement de lamarchandise”. Donc, rien ne lui
interdit de stipuler qu’il ne prendra la marchandise en chargequ’au moment du chargement et
qu’il la délivrera dès la fin des opérations de déchargement.
Selon les Règles de Hambourg - ratifiées par le Sénégal et entrées en vigueur le 1er
novembre 1992 (par cet acte le Sénégal dénonce la Convention de Bruxelles) – letransporteur est
responsable tant que la marchandise est sous sa garde (art. 4-1). Mais quelleest la durée de la
garde
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L’article 4-1 énonce que le transporteur est responsable durant la période “pendantlaquelle les
marchandises sont sous sa garde au port de chargement, durant le transport et auport de
déchargement”. Cela signifie concrètement que le critère du chargement audéchargement retenu
par la Convention de 1924 a été écarté ici et que la responsabilité dutransporteur part désormais
de la réception des marchandises avant leur embarquement à leurlivraison au destinataire.
B/ Période de la garde
Les systèmes de responsabilité exprimés par les Règles de La Haye et les Règles deHambourg ne
sont pas, dans le principe, fondamentalement différents. Ce sont l’un et l’autredes systèmes
fondés sur une présomption de responsabilité du transporteur ou, pour mieuxdire, des systèmes
exprimant un principe de responsabilité de plein droit du transporteur.
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exonératoires de la responsabilité du transporteur qui atténuent celle-ci. Parmiles causes
exonératoires nous avons : négligence ou défaut du capitaine dans la navigation
oul’administration du navire (référence à la faute nautique), incendie, périls, danger ou
accidentsde la mer (référence à la fortune de mer), etc.
C’est bien une responsabilité de plein droit, une responsabilité “prima facie” qui pèsesur le
transporteur, même si les termes énoncés à l’article 4 le sont de façon négative à lamanière
anglo-saxone.
L’article 5-1 pose le principe de la responsabilité en ces termes : “Le transporteur estresponsable
du préjudice résultant des pertes ou dommages subis par les marchandises ainsique du retard à la
livraison, si l’événement qui a causé la perte, le dommage ou le retard a eulieu pendant que les
marchandises étaient sous sa garde au sens de l’article 4, à moins qu’il neprouve que lui-même,
ses préposés ou mandataires ont pris toutes les mesures qui pouvaientraisonnablement être
exigées pour éviter l’événement et ses conséquences”.
Les Règles de Hambourg paraissent substituer au régime de responsabilité
antérieur(responsabilité de plein droit atténué par un certain nombre de cas exceptés précis) un
régimelargement fondé sur la présomption de faute, où le transporteur ne pourra se décharger de
saresponsabilité qu’en faisant la preuve de sa bonne foi. Cette analyse est d’ailleurs confirméepar
les rédacteurs des Règles de Hambourg dans le document de consensus adopté par la
Conférence sur le transport de marchandises par mer en ces termes : “il est entendu que
laresponsabilité du transporteur, en vertu de la présente convention, est fondée sur le principede
la faute ou de la négligence présumée…. Cela signifie qu’en règle générale, la charge de
lapreuve incombe au transporteur…, exception faite de certains cas où elle revient au chargeur”.
Il faut relever que ce consensus n’a pas de valeur normative, il traduit simplement unaccord
général, non soumis au vote et, à l’encontre duquel, aucune opposition n’a étédéclarée. Ce texte a
été annexé à la Convention à la demande des pays socialistes dont lesystème juridique ignore la
responsabilité objective (jugée beaucoup trop lourde) afin qu’ilsoit clairement entendu que la
Convention institue une responsabilité non objective àl’encontre du transporteur.
Une telle solution est satisfaisante dans la mesure où elle s’harmonise ainsi avec lesautres
Conventions internationales en matière de transport aérien, routier, ferroviaire etmultimodal.
Cependant, il demeure que les rédacteurs donnent aussi expressément leur adhésion àun régime
de responsabilité fondé sur la présomption de faute. Or cette déclaration estsurprenante car le fait
de s’engager dans des qualifications de type doctrinal est tout à faitcritiquable. Elle est aussi
dangereuse, car elle affaiblit le système de responsabilité : toutsystème fondé sur la faute ou sur
la présomption de faute est par essence moins rigoureuxqu’une présomption de responsabilité de
plein droit faisant peser sur le transporteur uneobligation de résultat, car ce dernier ne promet pas
un résultat (la parfaite arrivée de lamarchandise), il promet simplement de faire de son mieux.
Mais, la présomption de responsabilité du transporteur a, d’ores et déjà, suscité unecontroverse
au niveau de la doctrine. En effet, certains auteurs voient tout simplement dansl’article 5
l’équivalent d’une responsabilité objective. Les tribunaux qui auront la mêmelecture
appliqueront les Règles de Hambourg dans toute leur rigueur et sauront rendre letransporteur
responsable de tout dommage d’origine inconnue.
Il convient, en définitive, de retenir que les deux systèmes, Règles de La Haye etRègles de
Hambourg, sont plus proches qu’il n’y paraît, établissant toutes deux uneresponsabilité
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automatique pour le transporteur dès lors que la marchandise reçue par lui, enbon état, est
délivrée, endommagée, au destinataire.
Partant l’une et l’autre d’un principe de responsabilité de plein droit, la Convention dela Haye et
celle de Hambourg, se séparent apparemment dans la suite du processus juridique.
En effet, la Convention ou Règles de La Haye institue, à côté de la responsabilité dutransporteur,
un nombre élevé de 18 exceptions, alors que celle de Hambourg n’en retient quedeux de
manières spécifiques (Incendie et assistance en mer), et une, de manière générale,consistant pour
le transporteur qui souhaite s’exonérer à faire la preuve que “lui-même et sespréposés et
mandataires ont pris toutes les mesures qui pouvaient raisonnablement êtreexigées pour éviter
l’événement et ses conséquences” (voir “Lamy transport” au centre dedocumentation).
Mais, au-delà de cette apparente divergence, les Règles de La Haye et celles deHambourg se
rapprochent singulièrement dans leur mise en œuvre concrète, notamment par lerôle considérable
que joue, aussi bien dans le premier système que dans le second, ladiligence du transporteur
appelée la “due diligence”.
Par ailleurs, les Règles de Hambourg ont réintégré, dans le cadre général dutransporteur
maritime, deux catégories de marchandises qui en avaient été exclues par laConvention de 1924,
à savoir les animaux vivants et les marchandises en pontée, tout enprévoyant pour chacune des
règles particulières tout à fait justifiées par rapport au contexteactuel.
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