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Répertoire de droit international

Transports routiers

Jean-Pierre TOSI
Professeur à la Faculté de Droit de Montpellier

décembre 1998

Table des matières

Sect. 1 - Transport international routier de marchandises 1 - 73

Art. 1 - Champ d'application de la CMR 5 - 15


§ 1 - Transport 5 - 10
§ 2 - Caractère international 11 - 12
§ 3 - Transport multimodal 13 - 14
§ 4 - Préposé, Substitué 15
Art. 2 - Conclusion et exécution du contrat de transport 16 - 42
§ 1 - Document de transport : lettre de voiture 16 - 22
§ 2 - Opérations de transport 23 - 40
§ 3 - Prix du transport 41 - 42
Art. 3 - Responsabilité du transporteur en cas de perte, avarie ou retard 43 -
73
§ 1 - Conditions 43 - 53
§ 2 - Montant 54 - 62
§ 3 - Procès 63 - 73

Sect. 2 - Transport international routier de personnes 74 - 77

Art. 1 - CVR 74 - 75
Art. 2 - Conflits de lois 76 - 77
Bibliographie

HILL, MESSENT, CMR, Contracts for the International Carriage of Goods by Road,
1987, Londres. – IDIT, Guide juridique et pratique du contrat de transport routier
de marchandises intérieur et CMR, 1994, Rouen. – MUTH, GLÖCKNER, Leifaden
zur CMR, 1983. – PESCE, Il contratto di trasporto internazionale di merci su
strada, 1984, Pedone. – J. PUTZEYS, Le contrat de transport routier de
marchandises, 1981, Bruylant. – Varii auctores, International Carriage of Goods
by Road (CMR), Londres, 1987, Theunis.
LIBOUTON, chron. jurisprudence, dans Journ. des trib. et Rev. gén. ass. et resp.,
Bruxelles.
LOEWE, Note explicative sur la CMR, Dr. eur. transp. 1976. 407 et s. – RODIERE,
La CMR, Bull. transp. 1974, extrait. – Lamy transport, sous la direction de
P. Brunat, Paris, 1995.
ACTUALISATION
Bibliographie. - LEGROS, Les conflits de normes juridictionnelles en matière
de transports internationaux de marchandises, JDI 2007. 799 et JDI
2007. 1080.

re
Section 1 - Transport international routier de marchandises

1. Les documents utilisés, les opérations de transport et la responsabilité civile du


transporteur sont régis par certaines dispositions matérielles de droit international
établies par la Convention relative au contrat de transport international de
marchandises par route (CMR), signée à Genève le 19 mai 1956 et entrée en
vigueur le 2 juillet 1961 (JO 12 juill.) (elle a été modifiée depuis, sur un point
o
uniquement technique, par un protocole du 5 juillet 1978 : V. infra, n 55). Ce
texte (rédigé en français et en anglais), inspiré de la Convention de Berne,
relative aux transports internationaux ferroviaires (COTIF) du 9 mai 1980 (JO
3 sept. 1987), sert lui-même de modèle à une révision en cours de cette dernière
(V. Transports ferroviaires [Internat.] ).

2. Ordre public international. - Les contrats entrant dans le champ


d'application de la CMR y sont soumis impérativement : les juges sont tenus d'y
appliquer la CMR, même si les parties n'y font pas référence (Cass. com., 25 mai
1993, Quot. jur. 18 janv. 1994) ; les parties ne peuvent pas déroger aux
dispositions de la convention (CMR, art. 41).

ACTUALISATION
2, 5 s. Transport de marchandises : application d'office de la CMR. - La
Convention de Genève du 19 mai 1956 relative au contrat de transport
international de marchandises par route (CMR) est un texte d'ordre public.
Elle exclut le droit national (sauf sur les points où elle s'y réfère ou sur ceux
qu'elle ne règle pas) et le juge national est tenu de l'appliquer d'office. Les
parties ne peuvent y déroger hors les cas qu'elle prévoit (Com. 30 juin 2009,
o
n 08-15.026 , D. 2009. AJ 1963, obs. Delpech ).

3. CMR et droit national français. - Le plus simple serait de disposer d'une loi
uniforme s'appliquant identiquement aux transports nationaux et internationaux.
Telle est, en France, la solution de principe en aérien (C. aviation, art. L. 321-3),
et celle qui prévaut en maritime par suite de divers textes d'harmonisation (DMF
1988. 18, obs. P. Bonassies). Rien de tel en routier : la CMR s'applique
uniquement à l'international, le trafic national restant soumis aux articles 103 et
suivants du code de commerce et aux contrats types. Cette solution a cependant
vocation à évoluer (suivant les exemples de l'Autriche et de la Norvège qui
appliquent la CMR à leurs transports nationaux : MERCADAL, dans Liber
amicorum J. Putzeys, 1996, Bruylant, p. 245 et s.).

ACTUALISATION
3. Harmonisation. - L'Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit
des affaires (OHADA) a adopté en mars 2003 un Acte uniforme relatif au
er
transport des marchandises par route, en vigueur au 1 janvier 2004 et
applicable à tous les contrats de transport de marchandises par route dont le
lieu de départ et/ou la destination sont situés dans un pays membre de
l'OHADA. Cet acte régit le contrat et les documents de transport, l'exécution
du contrat, la responsabilité du transporteur et le contentieux lié au contrat
o
(RD aff. int. 2003, n 4, p. 440).

Réglementation communautaire. Entrée en vigueur le 11 avril 2007 de la


nouvelle réglementation communautaire sur les temps de conduite et de
o
repos des conducteurs européens (Règl. n 561/2006/CE du 15 mars 2006,
o o
JOUE, n L. 102, 11 avr.). Le décret n 2007-751 du 9 mai 2007 (JO 10 mai)
modifie les décrets du 30 août 1999 relatifs respectivement aux transports
routiers de marchandises et à l'exercice de la profession de commissionnaire
de transport.

4. On examinera successivement le champ d'application de la CMR, la conclusion


et l'exécution du contrat de transport, et la responsabilité du transporteur pour
perte, avarie ou retard.
er
Art. 1 - Champ d'application de la CMR

er
§1 - Transport

5. La CMR s'applique « à tout contrat de transport de marchandises par route à


er er
titre onéreux au moyen de véhicules » (art. 1 , § 1 ), par quoi il faut entendre
« les automobiles, les véhicules articulés, les remorques et semi-remorques (…) »
er
(art. 1 , § 2).

ACTUALISATION
2, 5 s. Transport de marchandises : application d'office de la CMR. - La
Convention de Genève du 19 mai 1956 relative au contrat de transport
international de marchandises par route (CMR) est un texte d'ordre public.
Elle exclut le droit national (sauf sur les points où elle s'y réfère ou sur ceux
qu'elle ne règle pas) et le juge national est tenu de l'appliquer d'office. Les
parties ne peuvent y déroger hors les cas qu'elle prévoit (Com. 30 juin 2009,
o
n 08-15.026 , D. 2009. AJ 1963, obs. Delpech ).

6. Elle s'applique « même si les transports sont effectués par des États, par des
er
institutions ou par des organisations internationales » (art. 1 , § 3).

7. Certains transports sont expressément exclus de la CMR : ceux effectués sous


l'empire de conventions postales internationales, les transports funéraires et de
er
déménagement (art. 1 , § 4).

8. Location. - La CMR est sans application aux contrats qui n'ont pas pour objet
de réaliser un transport, un déplacement. Ainsi, elle ne s'applique pas au contrat
de location, dont l'objet est la simple fourniture du moyen de transport. En
l'absence d'écrit sans équivoque, c'est à celui qui invoque la location de la
prouver, le transport étant présumé ; la jurisprudence française retient
notamment l'existence d'un transport en cas d'émission d'une lettre de voiture
CMR mentionnant l'entreprise comme transporteur (par ex. : Cass. com., 17 déc.
1980, Bull. transp. 1981. 155).

9. Commission de transport. - De même, la CMR est sans application au


contrat de commission, qui a pour objet non de réaliser un transport mais de le
faire réaliser. Dans ses rapports avec son commettant, le commissionnaire de
transport ne peut donc pas se prévaloir de la CMR lorsqu'il répond de sa faute
personnelle (sauf si la CMR a été rendue conventionnellement applicable) ; en
revanche, il en bénéficie indirectement lorsque sa responsabilité est engagée en
qualité de garant. Dans ses rapports avec le transporteur routier, il est partie à
un contrat de transport et il peut invoquer la CMR (même s'il a commis une faute
personnelle : Cass. com., 14 mars 1995, BTL 1995. 248).

ACTUALISATION
9 s. Contrat de commission de transport. Loi applicable. - En
er
application de l'article 4, paragraphe 1 , de la Convention de Rome du
19 juin 1980, le contrat est régi par la loi du pays avec lequel il présente les
liens les plus étroits ; il résulte de la combinaison des paragraphes 2 et 5
que, pour déterminer la loi la plus appropriée, le juge saisi doit procéder à
une comparaison des liens existant entre le contrat et, d'une part, le pays où
la partie qui doit fournir la prestation caractéristique a, au moment de la
conclusion du contrat, sa résidence habituelle, et, d'autre part, l'autre pays
en cause, et rechercher celui avec lequel il présente les liens les plus étroits
o
(Sté Danzas c/ Tapiola : Com. 19 déc. 2006, n 05-19.723 , D. 2008.
Pan. 1240, note Kenfack ; JCP 2006. IV. 1229. – Sur l'inapplication de la
os
CMR à ce type de contrat, V. infra, n 11 s.).

Commissionnaire de transport : obligation de résultat à l'égard du


commettant. La CMR étant inapplicable à la commission de transport, la
cour d'appel a violé par défaut d'application l'article L. 132-1 du code de
commerce et par fausse application l'article 11, paragraphe 2, de la CMR. Le
commissionnaire de transport, tenu d'une obligation de résultat et qui ne
peut, sous réserve d'une stipulation contraire, s'exonérer de la responsabilité
qui pèse sur lui que par la preuve d'une cause étrangère, ne peut exiger de
son commettant, ainsi qu'un mandataire pourrait l'exiger de son mandant en
application de l'article 1999 du code civil, le remboursement des frais
consécutifs à sa mission si l'affaire n'a pas réussi. Pour accueillir la demande,
l'arrêt retient que la société commissionnaire est en droit, sur le fondement
de l'article 1999 du code civil, de réclamer à son mandant le remboursement
des frais imprévus qu'elle a été conduite à exposer. Il appartient au
commissionnaire de transport, qui s'est engagé en cette qualité à accomplir,
pour le compte de son commettant, les actes juridiques nécessaires au
déplacement d'une marchandise, et qui, en cette qualité, a reçu toute latitude
pour organiser librement le transport par les voies et les moyens de son
choix, de prendre toutes les mesures appropriées pour faire en sorte que la
marchandise soit acheminée jusqu'à la destination prévue
o
(Com. 11 déc. 2007, n 06-18.192 , D. 2008. AJ 82, obs. Delpech ).

Transport international par route et crédit documentaire. L'obligation


pour un commissionnaire de transport, chargé en cette qualité d'organiser un
transport, de transmettre à son commettant, vendeur de la marchandise, les
documents nécessaires à l'exécution par la banque émettrice d'un crédit
documentaire, constitue pour ce commissionnaire un mandat distinct de son
contrat de commission (cassation pour violation de l'article 1998 du code civil
et des articles L. 132-4 et L. 132-5 du code de commerce). L'obligation, pour
le transporteur, chargé de l'acheminement d'une marchandise, de
transmettre à l'expéditeur les documents nécessaires à l'exécution par la
banque émettrice d'un crédit documentaire, constitue pour celui-ci un mandat
distinct du contrat de transport (cassation pour violation des articles 1998 du
er
code civil et de l'article 1 de la Convention de Genève du 19 mai 1956
o
relative au transport international par route. – Com. 14 mai 2008, n 07-
11.158 , D. 2008. AJ 1476, note Delpech ).

Différenciation des responsabilités du transporteur et du


commissionnaire en matière de transport international. Ne peut
bénéficier de la limitation d'indemnisation prévue par la Convention de
Genève du 19 mai 1956, dite CMR, ainsi qu'il résulte de l'article L. 132-5 du
er
code de commerce et de l'article 1 de cette convention, le commissionnaire
qui a commis une faute personnelle, à savoir le défaut d'information du
voiturier sur le risque particulier de vol que courent les marchandises
transportées afin que les mesures nécessaires à leur sécurité soient prises. Le
transporteur, lui, ne commet pas de faute lourde lorsqu'il n'a pas été prouvé
qu'il connaissait la nature ou la valeur de la marchandise transportée (Com.
o
13 juill. 2010, n 09-15.472 ).

Faute lourde du transporteur. La Cour de cassation juge qu'un accident


ayant pour cause la vitesse estimée excessive du camion sur une route
rendue glissante par la pluie et le non-respect par le chauffeur de
l'interdiction de circulation des véhicules de transport de marchandises après
22 heures constitue une faute lourde du transporteur et non une simple
négligence fautive. Il s'agit en effet d'une « négligence d'une extrême gravité
confinant au dol et dénotant l'inaptitude du transporteur à l'accomplissement
de la mission contractuelle qu'il a acceptée » selon les termes de la Cour dans
un précédent arrêt. La faute lourde étant admise, le plafond de
l'indemnisation à la charge du transporteur est écarté. Cependant le montant
doit être raisonnable car seul le dommage prévisible donne lieu à réparation
o
(Com. 16 oct. 2012, n 11-10.071 , D. 2012. 2512 ).

Faute du transporteur : livraison non conforme. La Cour de cassation


juge que ne peut se prévaloir des causes d'exonération de l'article 17 de la
convention CMR le transporteur à l'origine d'un défaut d'étiquetage ayant eu
pour conséquence le refus de la marchandise, son non-paiement et
o
l'application d'une pénalité (Com. 30 oct. 2012, n 11-18.287 , Dalloz
actualité, 15 nov. 2012, obs. Delpech).

10. Une « Convention des Nations unies sur le transport multimodal de


marchandises », signée à Genève le 24 mai 1980, soumet le commissionnaire et
le transporteur à un régime unique, celui de l'« entrepreneur de transport
multimodal », mais elle n'a pas été ratifiée par un nombre suffisant d'États pour
entrer en vigueur.

§ 2 - Caractère international

11. Peu importe le domicile et la nationalité des parties. La CMR régit de façon
très large tout contrat de transport qui, dans l'intention des parties, doit
er
s'exécuter entre deux pays dont l'un au moins est partie à la Convention (art. 1 ,
er
§ 1 ), ce qui est le cas de la France (JO 12 juill. 1961) et de la plupart des États
européens. Elle doit impérativement recevoir application lorsque cette condition
est remplie (par ex., pour un transport entre la France et Monaco : CA Paris,
19 juin 1990, BTL 1991. 13), même en cas de pré- ou post-acheminement
purement interne (ex., CA Paris, 28 nov. 1989, Bull. transp. 1990. 378).

ACTUALISATION
11 s. Champ d'application de la Convention internationale de
transport routier de marchandises par route (dite CMR) - Selon une
lettre de voiture internationale, une société de transport avait, à la demande
d'une société commissionnaire de transport expéditrice, acheminé des
marchandises depuis l'Italie jusqu'en France pour le compte d'une société
destinataire. Faute d'avoir été payé par l'expéditeur, le transporteur avait
assigné le destinataire en paiement d'une provision. Sur l'action directe du
transporteur à l'encontre du destinataire, la Cour de cassation admet
l'application du droit français, car la Convention internationale de transport
routier de marchandises par route du 19 mai 1956, dite CMR, qui régit le
transport litigieux, était muette sur cette action directe. Dès lors, par
application de la Convention de Rome du 19 juin 1980 (art. 4), le contrat de
transport est présumé avoir les liens les plus étroits avec le pays dans lequel
le transporteur a son établissement principal et où est situé le lieu de
chargement ou de déchargement. Le transporteur ayant son siège en France
et la livraison devant avoir lieu en France, il convenait d'appliquer l'article
L. 132-8 du code de commerce. Pourtant les juges, qui ont déclaré cette
action prescrite par application de l'article L. 133-6 du code de commerce,
ont appliqué à tort le droit français, car la prescription de l'action directe en
paiement des prestations du transporteur à l'encontre du destinataire est
soumise aux dispositions de l'article 32 de cette convention CMR (SA
o
Transports Collomb Muret : Com. 24 mars 2004, n 02-16.573 , Bull.
o
civ. IV, n 63 ; JCP 2004. Actu. 196 ; www.dalloz.fr rubrique Actualité, obs.
Chevrier).
Applicabilité. – Vol. L'arrêt retient à bon droit qu'eu égard aux
circonstances du vol, à la nature et à la valeur de la marchandise volée et
aux conditions de stationnement du véhicule, il y a lieu de reconnaître au
commissionnaire de transport le bénéficie de l'article 17-2 de la Convention
de Genève du 19 mai 1956, relative au contrat de transport international de
marchandise par route (Com. 11 juil. 2006, JCP 2006. I. 372).

Primauté de la CMR sur la Convention de Bruxelles. L'article 57,


paragraphe 2 a), de la Convention de Bruxelles (modifiée par Règles de la
Haye/Visby) doit être interprété en ce sens que la juridiction d'un État
contractant, devant laquelle est attrait le défendeur, domicilié dans un autre
État contractant, peut fonder sa compétence sur une convention spéciale à
laquelle est également partie le premier État et qui comporte des règles
spécifiques sur la compétence judiciaire, même lorsque le défendeur, dans le
cadre de la procédure en cause, ne se prononce pas sur le fond (CJCE
28 oct. 2004, D. 2005. 547, note Brière ).

Articulation entre la CMR et la Convention de Bruxelles du 25 août


1924 (Règles de La Haye/Visby) Un arrêt décide que le dommage
résultait d'un péril de mer, d'un événement particulièrement pénible né de la
conjonction des éléments particulièrement démontés (Reims, 22 janv. 2007,
BTL 2007. 95). Si le dommage est dû par transport de mer, la CMR s'applique
car elle prévoit le cas où un autre mode de transport intervient en
complément du transport routier sans une rupture de charge. D'après son
article 2, si des avaries ou pertes surviennent du fait du voiturier durant le
transport maritime ou si la cause du dommage est indéterminée, la CMR
s'applique (V. également Transports maritimes [Internat.]).

Inapplicabilité à la commission de transport. La Convention du 19 mai


1956, dite CMR, qui ne régit pas la commission de transport, ne peut justifier
la compétence du tribunal saisi de l'action en responsabilité intentée par le
donneur d'ordre à l'encontre d'un commissionnaire de transport, à la suite de
la perte des marchandises transportées au cours de l'acheminement (Com.
o
18 sept. 2007, n 06-13.097 , D. 2007. AJ 2468, note Delpech . – Com.
o
11 déc. 2007, n 06-18.192 , D. 2008. Pan. 1240, note Kenfack ).

Conflit de juridictions et CMR. Pour déclarer une cour d'appel


territorialement incompétente au profit du tribunal de première instance
belge, un arrêt relève que s'il est constant que la marchandise devait être
livrée en France, en revanche, à défaut d'indication plus précise sur les lettres
de voiture, les assureurs ne peuvent valablement soutenir que l'adresse de
livraison est celle qui correspond à l'adresse du destinataire et que la prise en
charge des marchandises ayant eu lieu en Belgique et le transporteur ayant
au surplus son siège principal en Belgique, le tribunal de première instance
de l'arrondissement judiciaire du lieu du siège social doit être déclaré
compétent pour connaître du litige. En statuant ainsi, alors qu'aux termes de
l'article 31-1 de la Convention de Genève du 19 mai 1956, relative au contrat
de transport international de marchandises par route, dite CMR, le
demandeur peut saisir les juridictions du pays sur le territoire duquel le lieu
prévu pour la livraison est situé et que cette disposition doit s'interpréter
comme permettant la saisine de l'ordre juridictionnel national du lieu de cette
livraison, sans que l'application subséquente des règles de compétence
territoriale interne à cet ordre puisse avoir pour effet d'écarter la compétence
générale expressément voulue par le traité international, la cour d'appel a
violé le texte précité. Pour statuer comme il fait, l'arrêt retient que, s'il est
constant que la marchandise devait être livrée en France, en revanche, à
défaut d'indication plus précise sur les lettres de voiture, les assureurs ne
peuvent valablement soutenir que l'adresse de livraison est celle qui
correspond à l'adresse du destinataire, que si l'article 6 de la CMR fait
obligation de mentionner sur la lettre de voiture à la fois le lieu prévu pour la
livraison et le nom et l'adresse du destinataire, c'est parce que la livraison
peut être effectuée dans un lieu distinct de l'adresse du destinataire et que
les premiers juges ne pouvaient donc retenir que le tribunal de commerce
français, tribunal dans le ressort duquel est simplement située la filiale
française, avait un lien suffisant avec le litige. En se déterminant ainsi, sans
expliquer pourquoi l'implantation du siège social de la société française,
destinataire de la livraison des marchandises, ne constituait pas un lien
suffisant avec le litige soumis à cette juridiction et sans rechercher s'il existait
un critère de rattachement pertinent avec une autre juridiction française, la
cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision (Com. 8 janv. 2008,
o
n 06-15.999 , D. 2008. AJ 289, note Delpech ).

L'action directe du transporteur n'est pas une loi de police. La Cour de


cassation a estimé que l'article L. 132-8 du code de commerce, qui confère
au transporteur une action directe en paiement de ses prestations à
l'encontre de l'expéditeur et du destinataire, tous les deux garants du
paiement du prix de transport, n'est pas une loi de police. Elle retient à cet
effet une définition classique de la loi de police, selon laquelle celle-ci est une
« loi dont l'observation est nécessaire pour la sauvegarde de l'organisation
politique, sociale et économique du pays » au point de régir impérativement
la situation quelle que soit la loi applicable. En l'espèce, le transporteur
impayé devra donc se référer à la loi applicable au contrat de transport
o
international en cause (Com. 13 juill. 2010, n 10-12.154 , D. 2010. 1863,
obs. Delpech ).

12. Application conventionnelle. - Jugé qu'il est possible d'étendre


conventionnellement l'application de la CMR à un transport terrestre purement
interne et d'écarter ainsi l'application du contrat type concerné (Cass. com.,
er
1 juill. 1997, D. 1998. 143, note B.M.-F.L.), mais seulement dans la mesure
où les dispositions de la CMR « ne sont pas contraires aux règles d'ordre public
régissant le contrat de transport national », et sans pouvoir « écarter celles de
ses prescriptions auxquelles, si la Convention était applicable de plein droit, il ne
saurait être dérogé à peine de nullité » (Cass. com., 4 févr. 1992, Rev. crit. DIP
1992. 445, note P. Lagarde ).

§ 3 - Transport multimodal

13. L'article 2 fixe un régime impératif « si le véhicule contenant les


marchandises est transporté par mer, chemin de fer, voie navigable intérieure ou
air sur une partie du parcours, sans rupture de charge (…) ». Deux précisions :
o
1 la prise en charge initiale doit être routière, sinon on est hors CMR (l'art. 2
s'applique aux transports route-mer, ou route-fer, pas aux transports mer-route
o
ou fer-route) ; 2 il y a rupture de charge, ici, lorsque la marchandise (ou l'unité
de transport intermodal qui la contient) est extraite du « véhicule » qui la
transportait (conséquence : il y a nécessairement rupture de charge en cas de
transport par caisse mobile, il n'y en a pas dans le trafic ro-ro [roll-on-roll-off]).

14. Lorsque ces conditions sont réunies, la CMR s'applique pour l'ensemble du
transport s'il n'est pas possible d'établir l'origine du dommage. En revanche, s'il
est prouvé que celui-ci est survenu pendant la partie non routière du transport,
qu'il n'est pas imputable au transporteur routier, et qu'il n'a pu se produire qu'en
raison du transport non routier, la responsabilité du transporteur routier
organisateur du transport multimodal est régie par les dispositions impératives
(J. PUTZEYS, BTL 1991. 87 ; par ex., transport en pontée : Cass. com., 5 juill.
o
1988, Bull. civ. IV, n 234, DMF 1989. 219, doctr. R. Achard et 1990. 157, obs.
P. Bonassies), applicables au transporteur dans le mode de transport en cause
(par ex. : il peut se prévaloir du plafond de responsabilité du transport maritime,
dont le montant est moins élevé que celui de la CMR ; sur l'art. 2, V. Dr. eur.
o
transp. 1990, n 2 ; BONASSIES, Le transport multimodal transmaritime, Annales
IMTM 1988).

§ 4 - Préposé, Substitué

15. Le premier est visé expressément, le second par une périphrase à portée plus
large (art. 3 et 29 : « toutes autres personnes aux services desquelles il
recourt », entrepreneur de manutention, commissionnaire en douane ; V. CA
Paris, 4 juill. 1984, Bull. transp. 1985. 158 pour une application au transporteur
substitué, lequel est cependant le plus souvent transporteur successif), pas
seulement pour marquer qu'ils engagent, évidemment, la responsabilité civile du
transporteur (lorsqu'ils « agissent dans l'exercice de leurs fonctions » : art. 3),
mais aussi pour les faire bénéficier personnellement de l'essentiel du statut CMR
si leur responsabilité est recherchée : ils peuvent se prévaloir des causes
d'exonération ou du plafond de responsabilité (art. 28, § 2), sauf en cas de faute
intentionnelle ou dolosive (art. 29, § 2).

Art. 2 - Conclusion et exécution du contrat de transport

er
§1 - Document de transport : lettre de voiture

A - Rôle

16. La CMR prévoit l'établissement d'une lettre de voiture. Ce n'est ni une


condition de formation du contrat, qui est consensuel, ni une condition
d'application de la CMR, qui est impérative dès qu'il y a transport routier
international : « L'absence, l'irrégularité ou la perte de la lettre de voiture
n'affectent ni l'existence, ni la validité du contrat de transport qui reste soumis
aux dispositions » de la CMR (art. 4).

ACTUALISATION
16 s. Lettre de voiture électronique. - Le décret du 3 janvier 2017 porte
publication du protocole additionnel à la convention relative au contrat de
transport international de marchandises par route (CMR) concernant la lettre
o
de voiture électronique, signé à Genève le 20 février 2008 (Décr. n 2017-1
du 3 janv. 2017, JO 4 janv.). Grâce à ce protocole, une lettre de voiture
électronique conforme à ce dernier est considérée comme équivalente à celle
visée par la convention CMR et a donc la même force probante et produit les
mêmes effets (art. 2, § 2).

17. Cependant, en l'absence de lettre de voiture l'exercice du droit de disposition


devient incertain (art. 12), ainsi que le jeu du plafond de réparation (V. infra,
o
n 61). Et le sous-traitant du premier transporteur ne peut pas devenir partie au
contrat unique de transport et donc être considéré comme un transporteur
successif au sens de l'article 34 de la CMR (Queen's Bench Division, 6 nov. 1990,
Dr. eur. transp. 1991. 6. 798 ; contra : CA Paris, 28 nov. 1989, Bull. transp.
1990. 378 ; CA Nancy, 29 nov. 1994, BTL 1995. 17).

18. Le rôle de la lettre de voiture est probatoire : elle « fait foi, jusqu'à preuve du
contraire, des conditions du contrat et de la réception de la marchandise par le
er
transporteur » (art. 9, § 1 ; par ex., Cass. com., 29 oct. 1991, Bull. civ. IV,
o os
n 326 ; adde : n 47 et s.).

B - Établissement

19. Il peut être créé une lettre de voiture par véhicule ou lot distinct (art. 5, § 2).
Elle « est établie en trois exemplaires originaux » destinés respectivement à
l'expéditeur, au destinataire (il accompagne la marchandise) et au transporteur,
er
signés tous par les deux parties (art. 5, § 1 ), ce qui leur rend opposables ses
mentions.

20. Mentions. - Elles sont énumérées par l'article 6, et doivent être portées par
l'expéditeur (art. 7, § 2 a contrario ; CA Grenoble, 13 mars 1980, Bull. transp.
1981. 306) à l'exception de l'une d'entre elles (art. 7, § 3). Certaines sont
obligatoires dans tous les cas : indication des parties (il n'y pas de lettre au
porteur), des lieux et dates de chargement et livraison, nature de la marchandise,
er
nombre et marques des colis, prix et frais du transport… (art. 6, § 1 ). D'autres
ne le sont que « le cas échéant » : délai du transport, valeur déclarée… (art. 6,
§ 2), avis en cas de remise de marchandises dangereuses (art. 22). Enfin, les
parties sont libres de porter toutes mentions qu'elles jugent utiles (art. 6, § 3).
er
Toutes font foi « jusqu'à preuve du contraire » seulement (art. 9, § 1 ; par ex.,
sur l'identité du transporteur, notion non définie dans la CMR : Cass. com.,
o er
29 oct. 1991, préc. supra, n 18, et 1 déc. 1992, BTL 1992. 806, Dr. eur.
transp. 1993. 745).

21. Irrégularités ou omissions. - « L'expéditeur répond de tous frais et


dommages que supporterait le transporteur en raison de l'inexactitude ou de
l'insuffisance » de certaines mentions (art. 7), même si elles ont été portées pour
lui par le transporteur (art. 7, § 2). Ce dernier est responsable de tous « frais et
dommages » que subirait l'ayant droit à la marchandise en raison de l'omission
de l'indication que le transport est soumis à la CMR (art. 7, § 3 ; un arrêt en
déduit de façon critiquable que la responsabilité est déplafonnée en l'absence de
lettre de voiture : CA Aix-en-Provence, 22 mars 1990, Bull. transp. 1990. 796).

22. Marchandises dangereuses. - L'expéditeur qui remet des marchandises


dangereuses au transporteur doit lui en donner avis ; il s'en ménage une preuve
er
aisée s'il le fait sur la lettre de voiture (art. 22, § 1 ). À défaut d'apporter cette
preuve, il est « responsable de tous frais et dommages résultant de leur remise
au transport ou de leur transport » (art. 22, § 2).

§ 2 - Opérations de transport
A - Opérations au départ

23. Chargement et arrimage de la marchandise. - La CMR n'indiquant pas à


qui ces opérations incombent, on se réfère pour le savoir à la convention des
parties ou à défaut, en cas d'absence de stipulation sur ce point, à la loi du
contrat (celle du lieu de sa conclusion). Le transporteur est débiteur d'une
obligation de moyens lorsque l'arrimage est opéré par l'expéditeur (Cass. com.,
o
22 juill. 1986, Bull. civ. IV, n 187).

24. Prise en charge. - C'est l'acte à la fois matériel et juridique par lequel le
transporteur accepte la marchandise au transport (par ex. : CA Lyon, 5 mai 1995,
BTL 1995. 451, en déduit que le transporteur dont le chauffeur était absent des
lieux n'avait pas pris en charge la marchandise que les préposés du
commissionnaire étaient en train de charger au moment du vol).

25. Vérification extérieure de l'envoi. - « Lors de la prise en charge de la


marchandise, le transporteur est tenu de vérifier : l'exactitude des mentions de la
lettre de voiture relatives au nombre de colis, ainsi qu'à leurs marques et
er
numéros ; l'état apparent de la marchandise et de son emballage » (art. 8, § 1 ).
La jurisprudence lui impose en outre de vérifier le chargement (il ne peut pas
invoquer le « risque particulier » résultant du mauvais chargement fait par
l'expéditeur lorsqu'il n'a pas émis de réserves face à un défaut apparent : Cass.
er
com., 14 juin 1976, Bull. transp. 1976. 342 et 1 déc. 1992, Dr. eur. transp.
e
1993. 618 ; A. SERIAUX, La faute du transporteur, 2 éd., 1997, Economica,
os
n 224 et s.).

26. Autres vérifications. - Le transporteur n'est tenu de vérifier le poids, la


quantité de la marchandise, ou le contenu des colis que dans le cas où
l'expéditeur l'exige et prend en charge les frais de vérification (art. 8, § 3).

27. Réserves. - Le transporteur doit inscrire sur la lettre de voiture des réserves
« motivées » s'il lui est raisonnablement impossible de vérifier (par ex.,
enlèvement par un tractionnaire d'une semi-remorque plombée : CA Paris, 5 avr.
1990, Bull. transp. 1991. 223), ou s'il constate des défectuosités. « Ces réserves
n'engagent pas l'expéditeur si celui-ci ne les a pas expressément acceptées sur la
lettre de voiture » (art. 8, § 2).

B - Opérations en cours de route

28. Déplacement de la marchandise. - Le délai convenu doit être mentionné


sur la lettre de voiture (art. 6, § 2 f). À défaut, la durée effective de transport ne
doit pas dépasser « compte tenu des circonstances et, notamment, dans le cas
d'un chargement partiel, du temps voulu pour assembler un chargement complet
dans des conditions normales, le temps qu'il est raisonnable d'allouer à des
transporteurs diligents » (art. 19), sinon il y a retard (par ex. : CA Versailles,
17 déc. 1986, Gaz. Pal. 1987. 2. somm. 315).

29. Formalités de douane. - La CMR est muette sur le dédouanement de la


marchandise. Elle prévoit seulement que l'expéditeur doit fournir au transporteur
les documents et renseignements nécessaires en vue de l'accomplissement des
er
formalités en douane (art. 11, § 1 ; Cass. com., 26 févr. 1991, D. 1991, IR 87
), que le transporteur n'est pas tenu d'examiner leur exactitude (art. 11, § 2) et
qu'il est responsable en cas de perte ou d'utilisation inexacte de ces documents
(art. 11, § 3).

30. Droit de disposition de la marchandise. - C'est la faculté de modifier, en


cours de transport, les instructions données au transporteur quant à
l'acheminement ou la livraison : arrêter en cours de route, renvoyer au point de
départ, modifier la destination ou changer de destinataire. La CMR le réglemente
minutieusement dans son article 12.

31. L'expéditeur est investi de ce droit sauf mention contraire sur la lettre de
voiture (art. 12, § 3), tant que le destinataire n'a pas reçu le deuxième
exemplaire de celle-ci (qui accompagne la marchandise), ou fait valoir son droit
après l'arrivée à destination (art. 12, § 2). La personne désignée par le
destinataire pour recevoir livraison ne peut céder elle-même son droit à un tiers
(art. 12, § 4).

32. L'exercice du droit de disposition est subordonné aux conditions suivantes :


o
1 produire le premier exemplaire de la lettre de voiture et dédommager le
o
transporteur ; 2 l'exécution doit être possible et ne porter préjudice ni au
o
transporteur, ni aux autres expéditeurs ; 3 elle ne doit pas avoir pour effet de
diviser l'envoi (art. 12, § 5).

33. Le transporteur engage sa responsabilité dans les termes du droit commun


s'il n'exécute pas les instructions données dans les conditions de l'article 12, ou
s'il les exécute sans exiger la présentation du premier exemplaire de la lettre de
voiture (art. 12, § 7).

34. Empêchement au transport. - « Si, pour un motif quelconque, l'exécution


du contrat dans les conditions prévues à la lettre de voiture est ou devient
impossible avant l'arrivée de la marchandise au lieu prévu pour la livraison, le
transporteur est tenu de demander des instructions à la personne qui a le droit de
er
disposer de la marchandise (…) » (art. 14, § 1 ), sauf à prendre « les mesures
qui lui paraissent les meilleures dans l'intérêt de cette personne » (…) « si les
circonstances permettent l'exécution du transport dans des conditions
différentes » et s'il n'a pu obtenir ces instructions en temps utile (art. 14, § 2 ;
par ex. : CA Paris, 27 mai 1980, Bull. transp. 1980. 435).

35. En contrepartie, le transporteur jouit de diverses protections : il a droit au


er
remboursement des frais (art. 16, § 1 ), il peut décharger immédiatement la
marchandise pour le compte de l'ayant droit, ce qui met fin au transport (sic :
art. 16, § 2), ou la faire vendre si sa nature ou son état le justifie, ou à défaut de
recevoir des instructions (art. 16, § 3), en se conformant aux règles applicables
au lieu où se trouve la marchandise (art. 16, § 5), il reste créancier des frais
grevant la marchandise (art. 16, § 4).

C - Opérations à l'arrivée

36. « Après l'arrivée de la marchandise au lieu prévu pour la livraison, le


destinataire a le droit de demander que le deuxième exemplaire de la lettre de
voiture lui soit remis et que la marchandise lui soit livrée, le tout contre
er
décharge » (art. 13, § 1 ).

37. Contrôle de l'identité. - Dans le silence de la CMR, la jurisprudence


française fait peser sur le transporteur l'obligation de s'assurer de la qualité du
réceptionnaire (à peine de faute lourde : Cass. com., 12 déc. 1989, Dr. eur.
transp. 1991. 359).

38. Livraison. - Bien qu'elle mette un terme à la responsabilité du transporteur


o
et ouvre le délai de prescription (V. infra, n 71), elle n'est pas définie par la CMR
(qui la distingue simplement de l'« arrivée à destination » : art. 13 et 15, ainsi,
implicitement, que du déchargement : art. 17, § 4 c). Il faut donc rechercher la
volonté des parties, ou à défaut se référer à la loi du pays avec lequel le contrat
présente les liens les plus étroits (en application de la Convention de Rome du
19 juin 1980 sur la loi applicable aux obligations contractuelles, JO 3 mars 1981).
En France, la Cour de cassation a jugé, en matière maritime, que la livraison est
« l'opération par laquelle le transporteur remet la marchandise à l'ayant droit qui
l'accepte », ce qui suppose que le destinataire ou son mandataire manifeste son
« acceptation de la marchandise qui lui (est) présentée, en étant mis en mesure
d'en vérifier l'état et le cas échéant d'assortir son acceptation de réserves, puis de
prendre effectivement possession de la chose livrée » (Cass. com., 17 nov. 1992,
BTL 1993. 50 et 1993. 29, obs. Chao et P. Bonassies, DMF 1994. 108 ; 5 juill.
1994, BTL 1994. 690). La même solution prévaut en matière routière (il peut y
avoir livraison sans retrait effectif et total des marchandises des mains du
transporteur : Cass. com., 10 déc. 1991, BTL 1992. 522).

ACTUALISATION
38 s. Loi applicable au contrat de transport. - La cour d'appel a énoncé,
à bon droit, qu'à défaut de choix des parties, la loi applicable devait être
déterminée selon l'article 4.5 de la Convention de Rome du 19 juin 1980
ratifiée par la France et l'Allemagne, qui prévoit que les présomptions de
l'article 4.4 de cette convention relatif au contrat de transport de
marchandises sont écartées lorsqu'il résulte de l'ensemble des circonstances
que le contrat présente des liens plus étroits avec un autre pays. Tel était le
cas en l'espèce avec la France où devaient être livrées les marchandises par
un transporteur allemand à l'issue d'un transport du Mexique vers la France
via les États-Unis et la Belgique, ce qui rend la loi française applicable au
contrat de transport et le contredit mal fondé. Dès lors qu'il ne résulte
d'aucun texte de droit interne que le porteur du connaissement, en acceptant
la livraison de la marchandise, succède aux droits et obligations du chargeur
découlant de la clause attributive de juridiction acceptée par celui-ci, la cour
d'appel a légalement justifié sa décision en retenant que la clause n'était pas
opposable aux assureurs subrogés dans les droits du destinataire, porteur du
connaissement, faute d'avoir été acceptée au plus tard lors de la livraison
o
(Com. 4 mars 2003, n 01-01.046 , Rev. crit. DIP 2003. 285, note
Lagarde ; JCP 2004. II. 10071. – V. Contrats [Internat.]).

Compétence territoriale et livraison transitaire. Aux termes de


l'article 46, alinéa 2, du nouveau code de procédure civile étendu à l'ordre
international, en matière contractuelle, le demandeur peut saisir à son choix,
outre la juridiction du domicile du défendeur, la juridiction du lieu de la
livraison effective de la chose ou du lieu d'exécution de la prestation de
services. Ayant relevé que le bon de commande litigieux portait sur la vente
de mobilier et stipulait que la livraison serait effectuée entre les mains d'un
transitaire à Paris, la cour d'appel a décidé à bon droit que s'agissant d'un
contrat de vente, le tribunal de grande instance de Paris, lieu de livraison,
re o
était territorialement compétent (Civ. 1 , 23 janv. 2007, n 04-12.760 ,
D. 2007. AJ 586 ).
o
Législation. Le décret n 2007-1226 du 20 août 2007 adapte l'ensemble des
contrats types aux nouvelles règles de prix du transport de marchandises
fixées par le législateur en 2006 et complète de manière significative le
contrat type de sous-traitance (JO 22 août).

39. Empêchement à la livraison. - Le transporteur doit alors demander des


er
instructions au titulaire du droit de disposition (art. 15, § 1 ). Jusqu'à réception
de celles-ci, le destinataire (ou l'« autre personne » désignée par lui) peut
demander livraison, même s'il avait commencé par refuser la marchandise
(art. 15, § 2 et 3). La protection du transporteur est la même qu'en cas
o
d'empêchement au transport (art. 16, V. supra, n 35 ; par ex. : à propos de
laissé pour compte injustifié, CA Versailles, 5 janv. 1995, BTL 1995. 1996).

40. Livraison contre remboursement. - La lettre de voiture doit indiquer,


éventuellement, « le montant du remboursement à percevoir lors de la livraison
de la marchandise » (art. 6, § 2 c). Si le transporteur livre sans exiger le
paiement (« qui implique un paiement en espèces ou par titre immédiatement
exigible » : CA Paris, 23 juin 1994, BTL 1994. 692) du remboursement qui grève
l'envoi, il devient personnellement débiteur de son montant (c'est un plafond et
non un forfait : Bundesgerichtsof, 10 oct. 1991, Dr. eur. transp. 1992. 262)
envers l'expéditeur, sauf son recours contre le destinataire (art. 21, que la
jurisprudence applique aussi à la livraison contre documents : Cass. com., 6 juin
1995, BTL 1995. 474). Si le transporteur laisse le destinataire essayer la
marchandise avant d'avoir encaissé le prix, ou sans avoir reçu instruction en ce
sens, il engage sa responsabilité (T. com. Bobigny, 5 mai 1994, BTL 1994. 735).

§ 3 - Prix du transport

41. Montant. - Il ne fait l'objet d'aucune disposition dans la CMR, qui précise
seulement que la lettre de voiture doit indiquer les « frais afférents au transport
(prix de transport, frais accessoires, frais de douane et autres frais survenant à
er
partir de la conclusion du contrat jusqu'à la livraison) » (art. 6, § 1 i) ainsi que
« les frais que l'expéditeur prend à sa charge » (art. 6, § 2 b).

42. Droit de rétention. - Pour obtenir livraison, le destinataire « est tenu de


payer le montant des créances résultant de la lettre de voiture. En cas de
contestation à ce sujet, le transporteur n'est obligé d'effectuer la livraison de la
marchandise que si une caution lui est fournie par le destinataire » (art. 13, § 2).

Art. 3 - Responsabilité du transporteur en cas de perte, avarie ou retard

er
§1 - Conditions

43. Présomption de responsabilité. - « Le transporteur est responsable de la


perte totale ou partielle, ou de l'avarie, qui se produit entre le moment de la prise
en charge de la marchandise et celui de la livraison, ainsi que du retard à la
er
livraison » (art. 17, § 1 ). Il « répond (…) des actes et omissions de ses préposés
et de toutes autres personnes aux services desquelles il recourt pour l'exécution
du transport lorsque ces préposés ou personnes agissent dans l'exercice de leurs
fonctions » (art. 3). Le demandeur en réparation doit donc seulement établir
l'existence d'un dommage survenu pendant le transport.

A - Cas de responsabilité

44. Il en existe quatre : l'avarie, la perte totale, ou partielle, et le retard. La perte


et le retard sont définis par la CMR.

45. Perte. - L'ayant droit peut s'en prévaloir « sans avoir à fournir d'autre
preuve » en cas de non-livraison dans un certain délai : trente jours après
l'expiration de celui convenu, ou soixante jours après la prise en charge (art. 20,
er
§ 1 ). Si la marchandise est retrouvée dans l'année qui suit le paiement de
l'indemnité, l'ayant droit peut en exiger la livraison s'il s'est réservé cette
possibilité par écrit en recevant l'indemnité, contre remboursement de celle-ci et
paiement des frais du transport (art. 20, § 2 à 4).

46. Retard. - L'ayant droit doit prouver qu'un dommage en est résulté (art. 23,
§ 5). La responsabilité du transporteur est présumée en cas de stipulation d'un
délai. Sinon, il n'est débiteur que d'une obligation de moyens, et il faut prouver sa
faute (prouver que « la durée effective du transport dépasse (…) le temps qu'il
est raisonnable d'allouer à des transporteurs diligents », « compte tenu des
circonstances, et notamment, dans le cas d'un chargement partiel, du temps
voulu pour assembler un chargement complet dans des conditions normales » :
art. 19).

B - Preuve du rattachement du dommage au transport

47. Réserves du transporteur. - « En l'absence d'inscription sur la lettre de


voiture de réserves motivées du transporteur », il y a présomption que la
marchandise et son emballage étaient en bon état apparent lors de la prise en
charge et les énonciations de la lettre de voiture relatives au nombre de colis,
ainsi que leurs marques et numéros, font foi jusqu'à preuve du contraire (art. 9,
§ 2 ; par ex., conteneur plombé : CA Paris, 7 oct. 1993, BTL 1993. 741), à
l'exclusion, donc, de celles relatives aux marchandises contenues dans les colis.

48. Réserves du destinataire. - Le destinataire est présumé, jusqu'à preuve


contraire (par ex., CA Toulouse, 12 avr. 1994, BTL 1994. 714), avoir reçu la
marchandise dans l'état décrit dans la lettre de voiture s'il en a pris livraison sans
adresser au transporteur des réserves indiquant la nature générale de la perte ou
de l'avarie au plus tard : « au moment de la livraison s'il s'agit de pertes ou
avaries apparentes » (ce qui est le cas lorsqu'au moment de la délivrance « le
réceptionnaire peut s'en rendre compte par un examen rapide, à l'aide des sens
dont chacun dispose, éventuellement complété par des moyens normaux » : CA
Paris, 9 juill. 1959, DMF 1959. 680) ; ou bien : dans les 7 jours de la livraison,
dimanches, jours fériés et jour de la livraison non compris s'il s'agit de pertes ou
er
avaries non apparentes (art. 30, § 1 et 4).

ACTUALISATION
48 s. Règles de réclamation. - En l'espèce, la Cour de cassation juge
l'action en indemnisation du chargeur contre le transporteur conforme aux
règles de réclamation de l'article 30, paragraphe 3, de la convention CMR
selon lequel, à défaut de réserves écrites dans un délai de sept à vingt et un
jours, la réclamation est irrecevable en cas de retard dans la livraison alors
que les factures du chargeur indiquent un défaut de livraison. Il y a donc eu
o
mauvaise application de cet article (Com. 27 sept. 2011, n 10-24.649 ,
Dalloz actualité, 6 oct. 2011, obs. X. Delpech. – V. infra, Mise à jour,
os
n 69 s.).

Présomption simple de livraison conforme en l'absence de réserves.


er
La règle énoncée par l'article 30, § 1 , de la CMR, selon laquelle en l'absence
de réserves ou de constat contradictoire le destinataire est réputé avoir reçu
la marchandise dans l'état décrit par la lettre de voiture, n'institue qu'une
présomption simple de livraison conforme, présomption qui peut être
combattue par la preuve contraire, et non une fin de non-recevoir à son
o
action (Com. 22 mars 2016, n 14-12.335 , D. 2016. 781 ).

49. Constat contradictoire. - Les réserves du destinataire ne sont pas


nécessaires s'il constate contradictoirement avec le transporteur l'état de la
er
marchandise au moment de la livraison (art. 30, § 1 ). Dans ce cas, « la preuve
contraire au résultat de cette constatation ne peut être faite que s'il s'agit de
pertes ou avaries non apparentes et si le destinataire a adressé des réserves
écrites au transporteur dans les sept jours (…) à dater de cette constatation »
(art. 30, § 2).

50. Dans tous les cas, les parties doivent se donner « toutes facilités raisonnables
pour les constatations et vérifications utiles » (art. 30, § 5).

C - Causes d'exonération

51. Faits dont le lien de causalité avec le dommage doit être prouvé par
le transporteur. - Cette exonération joue dans tous les cas de responsabilité
(perte, avarie et retard). Le transporteur s'exonère s'il prouve que le dommage
er
« a eu pour cause » (art. 18, § 1 ) l'un des faits prévus limitativement par
l'article 17, § 2 : – faute de l'ayant droit ou ordre de celui-ci ne résultant pas
d'une faute du transporteur ; – vice propre de la marchandise ; – circonstances
que le transporteur ne pouvait pas éviter et aux conséquences desquelles il ne
pouvait pas obvier, ce qui correspond à la force majeure sans l'imprévisibilité
(Cass. com., 27 janv. 1981, D. 1982. 110, note A. Sériaux ; la jurisprudence est
sévère, par ex., non-exonération du transporteur dont le chauffeur est agressé
par cinq hommes armés alors qu'il dort sur une aire publique non gardée en
Italie : Cass. com., 14 mai 1991, BTL 1992. 11). Il est précisé que ne sont
exonératoires ni les défectuosités du véhicule utilisé, ni les fautes du sous-traitant
loueur ou de ses préposés (art. 17, § 3).

ACTUALISATION
51 s. Absence de faute inexcusable du transporteur et limitation de
responsabilité. - Selon l'article 29 de la Convention de Genève du 19 mai
1956 (convention CMR), le transporteur n'a pas le droit de se prévaloir des
dispositions qui excluent ou limitent sa responsabilité si le dommage provient
de son dol ou d'une faute qui lui est imputable et qui, d'après la loi de la
juridiction saisie, est considérée comme équivalente au dol. Il en est de
même si le dol ou la faute est le fait des préposés du transporteur ou de
toutes autres personnes aux services desquelles il recourt pour l'exécution du
transport lorsque ces préposés ou ces autres personnes agissent dans
l'exercice de leurs fonctions. La cour d'appel a retenu que si le transporteur
avait commis une faute dolosive en ayant recours, pour l'exécution de la
prestation de transport de marchandises, à un sous-traitant, malgré son
engagement de ne pas y recourir, le seul fait de ne pas respecter
l'interdiction de sous-traitance n'induisait pas en lui-même la survenance du
dommage. La Cour de cassation juge qu'elle en a exactement déduit que le
lien de causalité entre cette faute et le vol de la marchandise transportée
n'était pas démontré, de sorte que les limitations d'indemnité étaient
applicables. De plus, aux termes de l'article L. 133-8 du code de commerce,
auquel renvoie l'article 29, § 1, de la convention CMR, est inexcusable la
faute délibérée qui implique la conscience de la probabilité du dommage et
son acceptation téméraire sans raison valable. L'arrêt de la cour d'appel a
retenu que le vol du chargement a été perpétré de nuit pendant le sommeil
du chauffeur, lequel a été contraint de s'arrêter pour respecter les temps de
repos obligatoires en cours de transport et a garé son poids lourd sur une
aire de stationnement le long d'une autoroute, particulièrement visible des
véhicules passant sur la route fréquentée et que de l'autre côté du poids
lourd, il y avait un mur haut rendant peu concevable la venue de personnes
ou de véhicules de cet endroit. Par ailleurs, seule la nature de la marchandise
a été mentionnée sur la lettre de voiture et la confirmation d'affrètement de
sorte que la preuve de la connaissance, par le transporteur, de la valeur de
cette marchandise et des risques engendrés par le transport n'est pas
démontrée. Par conséquent, la cour d'appel a pu justement déduire
qu'aucune faute inexcusable n'était caractérisée et que dès lors, le
transporteur était fondé à opposer à la compagnie d'assurances la limitation
de responsabilité sur le fondement de la convention CMR (Com. 13 sept.
o
2017, n 16-10.596 , D. 2017. 1759 ).

52. Risques dont le lien de causalité avec le dommage est présumé. -


Cette exonération joue seulement en cas de perte ou d'avarie. Le transporteur
s'exonère s'il établit que le dommage « a pu résulter » (art. 18, § 2 ; Cass. com.,
31 janv. 1995, BTL 1995. 106) d'un ou plusieurs risques particuliers, car il y a
alors présomption qu'il en résulte, sauf preuve par l'ayant droit « que le
dommage n'a pas eu l'un de ces risques pour cause totale ou partielle ». Ces
risques particuliers sont inhérents à l'un des faits suivants (art. 17, § 4) :
– emploi de véhicules ouverts et non bâchés, s'il a été convenu avec l'expéditeur
et mentionné sur la lettre de voiture (T. com. Toulouse, 25 juin 1980, Bull.
transp. 1980. 518), étant précisé que la présomption ne joue pas « s'il y a
manquant d'une importance anormale ou perte de colis » (art. 18, § 3) ;
– absence ou défectuosité de l'emballage pour les marchandises qui en
nécessitent un (par ex. : CA Orléans, 18 janv. 1995, BTL 1995. 129) ; – (défaut
non apparent de) manutention, chargement, arrimage ou déchargement de la
o
marchandise par l'expéditeur ou le destinataire (V. supra, n 23) ; – nature de
certaines marchandises, étant précisé que le transporteur qui effectue le
transport au moyen d'un véhicule spécialement aménagé doit prouver sa
diligence (art. 17, § 4 d et art. 18, § 4) ; – insuffisance ou imperfection des
marques ou des numéros de colis ; – transports d'animaux vivants, étant précisé
que le transporteur doit prouver qu'il a pris toutes les mesures lui incombant
normalement et qu'il s'est conformé aux instructions (art. 18, § 5).

53. Quelle que soit la cause d'exonération, elle opère en cas de réclamation
extra-contractuelle (art. 28), ne joue pas en cas de faute au sens de l'article 29
o
(V. infra, n 62), et la responsabilité du transporteur « n'est engagée que dans la
proportion où les facteurs dont il répond (…) ont contribué au dommage »
(art. 17, §5).

§ 2 - Montant

A - Plafonnement

1° - Indemnité plafonnée

er er
54. L'indemnité pour perte (art. 23, § 1 ) ou avarie (art. 25, § 1 ) est calculée
d'après la valeur « départ » (« la valeur de la marchandise au lieu et à l'époque
er
de la prise en charge » : art. 23, § 1 , et non d'après le prix de vente ; par ex. :
o
Cass. com., 27 mai 1981, Bull. civ. IV, n 254). L'estimation de cette valeur se
fait « d'après le cours en bourse, ou à défaut d'après le prix courant sur le
marché, ou à défaut de l'un et de l'autre, d'après la valeur usuelle des
marchandises de même nature et qualité » (art. 23, § 2).

ACTUALISATION
54 s. Calcul de l'indemnisation en cas de destruction de la
marchandise. - Selon la convention de Genève du 19 mai 1956 relative au
contrat de transport international de marchandises par route, dite CMR
(art. 23 et 25), l'indemnité mise à la charge du transporteur pour perte ou
avarie doit être calculée d'après la valeur de la marchandise au lieu et à
l'époque de la prise en charge, et non d'après le prix de vente de la
marchandise au lieu de sa livraison et au temps de celle-ci (Com. 12 mars
o
2013, n 09-12.854 , D. 2013. 767 ).

55. En toute hypothèse, « l'indemnité ne peut dépasser 8,33 unités de compte


par kilogramme de poids brut manquant » ou avarié (art. 23, § 3, réd. Protocole
modificatif du 5 juill. 1978, entré en vigueur le 28 déc. 1980, JO 30 juill. 1982, D.
1982. 370, et art. 25), c'est-à-dire 8,33 DTS (art. 23, § 7 à 9), y compris en cas
de réclamation extra-contractuelle (art. 28) d'une partie au contrat, toute clause
er
contraire étant nulle (art. 41, § 1 ; par ex., Cass. com., 17 mai 1983, Bull.
o
civ. IV, n 147). Chaque élément de l'envoi doit être considéré isolément pour
l'application de cette limite (contra : CA Paris, 15 juin 1984, Bull. transp. 1984.
o
545 et 25 févr. 1987, cité dans Lamy transport 1, n 527).

56. Avarie. - Si la totalité de l'expédition est dépréciée, l'indemnité ne peut


dépasser le chiffre qu'elle aurait atteint en cas de perte totale ; si une partie
seulement de l'expédition est dépréciée, elle ne peut dépasser celui qu'elle aurait
atteint en cas de perte de la partie dépréciée (art. 25, § 2), sauf si l'ensemble de
l'envoi est rendu inutilisable (par ex. : CA Aix-en-Provence, 25 sept. 1990, BTL
1991. 340).

57. Retard. - Le transporteur est tenu de payer pour le préjudice résultant du


retard (Bundesgerichtshof, 14 juill. et 30 sept. 1993, Dr. eur. transp. 1993. 917
et 1994. 97) une indemnité qui ne peut dépasser le prix du transport (art. 23,
§ 5, le prix de la totalité du transport, et non celui effectué par les seuls véhicules
o
en retard : Cass. com., 26 juin 1984, Bull. civ. IV, n 207). L'avarie provoquée
par un retard est indemnisée au titre de l'avarie, non du retard (Cass. com.,
5 déc. 1989, Dr. eur. transp. 1990. 310).
58. Déclaration de valeur. - Elle permet à l'expéditeur de substituer au plafond
la valeur déclarée sur la lettre de voiture (art. 23, § 6, et art. 24) pour la
réparation du dommage matériel.

59. « L'ayant droit peut demander les intérêts de l'indemnité », calculés à raison
de 5 % l'an à compter du jour de la réclamation adressée par écrit au
er
transporteur, ou, à défaut, du jour de la demande en justice (art. 27, § 1 ).

2° - Remboursements hors plafond

60. Le prix du transport, les droits de douane et les autres frais encourus à
l'occasion du transport de la marchandise sont remboursés « en outre », en
totalité (perte totale) ou en partie (perte partielle) (art. 23, § 4), et cela même en
er
cas d'avarie (art. 25, § 1 ). Des intérêts complémentaires pour retard dans le
règlement de l'indemnité peuvent également être alloués (CA Poitiers, 23 août
1990, Bull. transp. 1990. 586).

3° - Éléments de préjudice non indemnisés

61. Tous les dommages autres que matériels sont exclus en cas de perte ou
d'avarie (art. 23, § 4 in fine : manque à gagner, préjudice industriel ou
commercial ; CA Amiens, 23 nov. 1990, BTL 1991. 292), frais financiers,
pénalités de retard, etc., sauf en cas de faute intentionnelle ou lourde du
transporteur (art. 29). L'expéditeur peut seulement racheter cette exclusion en
souscrivant une déclaration d'intérêt spécial à la livraison, qui permet d'être
indemnisé du « dommage supplémentaire dont la preuve est apportée », à
concurrence du montant de l'intérêt déclaré (art. 23, § 6 et art. 26).

B - Déplafonnement

62. Le plafond de responsabilité ne joue pas si le dommage provient du dol du


transporteur (ou d'un de ses préposés, ou de toutes autres personnes aux
services desquelles il recourt et agissant dans l'exercice de leurs fonctions), ou
d'une faute équivalente au dol (art. 29), c'est-à-dire en droit français d'une faute
lourde (par ex., livraison à une personne non identifiée : Cass. com., 12 déc.
1989, Bull. transp. 1990. 283 ; précautions insuffisantes contre le vol : Cass.
com., 14 nov. 1989, Bull. transp. 1990. 256 ; heurt d'un pont : Cass. com.,
17 nov. 1992, Dr. eur. transp. 1993. 308), ou de l'absence de l'avis prévu par
er o
l'article 6, § 1 k (selon CA Aix-en-Provence, 22 mars 1990, préc. supra, n 21).
Pour une interprétation restrictive de l'article 29, V. CA Paris, 22 avr. 1992, BTL
1992. 362.
§ 3 - Procès

A - Parties

63. Demandeur. - La CMR ouvre largement le droit d'action aux parties au


contrat de transport. Ont qualité pour agir : l'expéditeur, le destinataire (art. 13),
mais aussi, en cas d'intervention d'un commissionnaire de transport, l'expéditeur
réel (sur le fondement du C. com., art. 101) ou le destinataire réel, ainsi que
l'assureur subrogé dans leurs droits (ex. CA Paris, 7 avr. 1994, BTL 1994. 410).

ACTUALISATION
63 s. Parties au procès. - Sur l'action directe d'une partie, voir supra,
o
n 11 s.

64. Transporteurs successifs. - « Si un transport régi par un contrat unique


est exécuté par des transporteurs routiers successifs, chacun de ceux-ci assume
la responsabilité de l'exécution du transport total, le second transporteur et
chacun des transporteurs suivants devenant, de par leur acceptation de la
marchandise et de la lettre de voiture, partie au contrat, aux conditions de la
lettre de voiture » (art. 34), et le demandeur peut porter son action soit contre le
premier transporteur, soit contre le dernier, soit contre celui « qui exécutait la
partie du transport au cours de laquelle s'est produit le fait ayant causé la perte,
l'avarie ou le retard » (art. 36 ; V. décis. préc. in BTL 1991. 599 et s. ;
MARCHAND, La pluralité des transporteurs routiers selon la CMR, Dr. eur. transp.
1995. 577). La jurisprudence applique largement cette disposition : peu importe
que le transporteur intervenant après coup ne porte pas son nom sur la lettre de
voiture (alors que cela est prévu par l'art. 35 : Cass. com., 11 déc. 1990, Bull.
o
civ. IV, n 323, p. 223) ; et le transporteur substitué est un transporteur
intermédiaire au sens de l'article 36 même s'il n'intervient pas matériellement
dans le déplacement (Cass. com., 3 mai 1994, DMF 1994. 641, note Y. Tassel).

65. Recours entre transporteurs. - Ils doivent respecter les mêmes règles de
compétence et de délai que l'action principale (art. 39 ; par ex. : Cass. com.,
o
11 déc. 1990, Bull. civ. IV, n 323). En revanche, la contribution au dommage ne
fait l'objet que de règles (art. 37 et 38) purement supplétives (art. 40). Toutes
s'appliquent aux recours entre tous transporteurs, et pas seulement entre
transporteurs successifs (selon « Queen's bench division », 30 juill. 1992, Dr. eur.
transp. 1993. 747).

B - Juridiction
66. Compétence. - Le demandeur peut saisir (art. 31) « les juridictions des pays
contractants désignées d'un commun accord entre les parties » (sous réserve du
NCPC, art. 48), ou bien la juridiction compétente soit du pays (et non du lieu :
Cass. com., 17 janv. 1995, BTL 1995. 90) où le défendeur a son domicile, soit du
pays du lieu de prise en charge ou de livraison. En France, les juridictions
répressives sont matériellement incompétentes pour connaître de l'action en
o
réparation (Cass. crim., 7 avr. 1987, Bull. crim., n 160).

ACTUALISATION
66. Compétence du tribunal du lieu de prise en charge de la
marchandise. - Dans un litige régi par la convention CMR, plus précisément
une action en indemnisation du chargeur, celui-ci en tant que demandeur
dispose d'une option de compétence en vertu de l'article 31-1 de ladite
Convention. En l'espèce, les défendeurs étant de nationalités différentes, le
tribunal compétent peut être celui du lieu de prise en charge de la
o
marchandise (Com. 11 oct. 2011, n 10-25.813, Dalloz actualité, 21 oct.
2011, obs. X. Delpech).

67. Clause compromissoire. - Il est possible de prévoir dans le contrat de


transport la compétence d'un tribunal arbitral à condition qu'il applique la CMR
(art. 33 ; CA Paris, 27 juin 1979, Bull. transp. 1979. 440).

68. Exécution des décisions judiciaires. - Tout jugement rendu par un


tribunal d'un pays contractant et devenu exécutoire dans ce pays (à l'exception
des jugements exécutoires par provision et des condamnations à dommages-
intérêts prononcées contre un demandeur débouté) l'est également dans les
autres pays contractants après accomplissement des formalités de l'exequatur
(art. 31, § 3 et 4).

C - Délais

1° - Fin de non-recevoir

69. Retard. - Toute action contre le transporteur est impossible en cas de retard
à la livraison à défaut de réserve adressée par écrit au transporteur dans les 21
jours à dater de la mise de la marchandise à la disposition du destinataire
(art. 30, § 3), non compris le jour de celle-ci (art. 30, § 4), mais y compris les
er
dimanches et jours fériés (art. 30, § 1 a contrario). Et cela même en cas de
faute lourde (l'art. 29 ne renvoyant pas au même chapitre).

ACTUALISATION
69 s. Règles de réclamation. - En l'espèce, la Cour de cassation juge
l'action en indemnisation du chargeur contre le transporteur conforme aux
règles de réclamation de l'article 30, paragraphe 3, de la convention CMR
selon lequel, à défaut de réserves écrites dans un délai de sept à vingt et un
jours, la réclamation est irrecevable en cas de retard dans la livraison alors
que les factures du chargeur indiquent un défaut de livraison. Il y a donc eu
o
mauvaise application de cet article (Com. 27 sept. 2011, n 10-24.649 ,
Dalloz actualité, 6 oct. 2011, obs. X. Delpech. – V. supra, Mise à jour,
os
n 48 s.).

70. Il n'y a pas de fin de non-recevoir en cas de perte et d'avarie. Cependant, les
dommages apparents non mentionnés au constat contradictoire ne sont plus
indemnisables en pratique.

2° - Prescription

71. « Les actions auxquelles peuvent donner lieu les transports soumis à la CMR
sont prescrites dans le délai d'un an », porté à trois ans en cas de dol ou de faute
lourde (art. 32 ; par ex. : Cass. com., 12 déc. 1989, Bull. transp. 1990. 284).
Toutes le sont, celle de l'ayant droit contre le transporteur (fût-elle extra-
contractuelle : art. 28) comme celle de ce dernier contre l'un de ses
cocontractants (par ex., en paiement du prix du transport : Cass. com., 8 juin
o
1983, Bull. civ. IV, n 169), l'action principale en responsabilité comme l'action en
o
garantie (Cass. com., 11 déc. 1990, préc. supra, n 65) ou la demande
o
reconventionnelle en compensation (Cass. com., 8 janv. 1985, Bull. civ. I, n 16).

72. Point de départ de la prescription. - En cas d'avarie, de perte partielle ou


de retard, il s'agit du jour où la marchandise a été livrée. En cas de perte totale,
c'est le trentième jour après l'expiration du délai convenu, ou, à défaut, le
soixantième jour après la prise en charge. Dans tous les autres cas, la
prescription court à partir de l'expiration d'un délai de trois mois à dater de la
conclusion du contrat de transport. Le dies a quo n'est jamais compris (art. 32,
er
§ 1 ).

73. Interruption et suspension. - Leurs causes sont celles prévues par la loi du
for (art. 32, § 3). En outre, la CMR prévoit que l'envoi d'une réclamation écrite
(CA Toulouse, 22 nov. 1989, Bull. transp. 1990. 437) au transporteur suspend la
prescription (Bundesgerichfetshof, 24 oct. 1991, Dr. eur. transp. 1992. 839)
jusqu'au jour où il la repousse par écrit et restitue les pièces qui y étaient jointes
(art. 32, § 2 ; « Queen's Bench Division », 14 mars 1991, Dr. eur. transp. 1992.
118). S'il reconnaît sa responsabilité et en évalue le montant, il y a interversion
de la prescription (CA Paris, 7 mars 1990, BTL 1991. 118).
ACTUALISATION
73. Suspension de la prescription de l'action en indemnisation du
chargeur. - En matière de suspension de l'action en indemnisation du
chargeur victime d'une avarie contre le transporteur, la Cour de Cassation
juge qu'une télécopie de l'expert de l'assureur du transporteur repousse
valablement la réclamation du chargeur (l'expert agissant en qualité de
mandataire du transporteur) et suspend donc la prescription (Com. 11 oct.
o
2011, n 10-21.913 , Dalloz actualité, 24 oct. 2011, obs. X. Delpech).

Section 2 - Transport international routier de personnes

er
Art. 1 - CVR

74. Une « Convention relative aux transports internationaux de voyageurs par


er
route » (CVR), conclue à Genève le 1 mars 1973 (texte dans Unidroit 1974. II.
69), est entrée en vigueur le 12 avril 1994 (dans six États : Lettonie, Yougoslavie,
Bosnie-Herzégovine, Croatie, République tchèque, Slovaquie). Elle a été modifiée
par un protocole du 5 juillet 1978 (texte dans Unidroit 1978. I. 212) non encore
en vigueur.

75. Même si la France n'est pas partie à ce texte, cela n'exclut pas qu'il puisse
s'appliquer à des transporteurs ou voyageurs établis en France car son champ
d'application est très large : il suffit, comme pour la CMR, que le point de départ
ou de destination soit situé sur le territoire d'un État contractant « quels que
er
soient le domicile et la nationalité des parties » (art. 1 ). Cette éventualité reste
cependant marginale en l'état des ratifications de la CVR. On en négligera donc
l'étude ici.

Art. 2 - Conflits de lois

76. En l'absence de texte international applicable, il faut déterminer la juridiction


compétente (V. Compétence internationale : matière civile et commerciale
[Internat., Pr. civ.] ). Il faut également déterminer le droit applicable, et pour
cela se référer à la loi choisie par les parties, ou à défaut à celle du pays avec
lequel le contrat présente les liens les plus étroits. Ce pays est présumé être celui
où le transporteur a son principal établissement ou l'établissement qui fournit la
prestation, sauf « lorsqu'il résulte de l'ensemble des circonstances que le contrat
présente des liens plus étroits avec un autre pays » (Convention de Rome sur la
er er
loi applicable aux obligations contractuelles, art. 3, § 1 et art. 4, § 1 , 2 et 5).

77. En toute hypothèse, diverses dispositions doivent être appliquées dans tous
les États membres de l'Union européenne : – exigence d'un titre de transport
o
(Règl. n 684-92 du Conseil, 16 mars 1992, établissant des règles communes
pour les transports internationaux de voyageurs effectués par autocars et
o
autobus, JOCE, n L 74/1, 20 mars, art. 14) ; – exigence, lorsque le contrat est
écrit, que ses clauses soient rédigées de façon claire et compréhensible (Dir.
o
n 93-13 du Conseil, 5 avr. 1993, concernant les clauses abusives dans les
o
contrats conclus avec les consommateurs, JOCE, n L 95/29, 21 avr.) ;
– protection des acheteurs de prestations de transport incluses dans un forfait
o
(Dir. n 90-314 du Conseil, 13 juin 1990, concernant les voyages, vacances et
o
circuits à forfait, JOCE, n L 158/59, 23 juin, transposée en droit français par L.
o o
n 92-644, 13 juill. 1992, D. 1992. 373 , et Décr. n 94-490, 15 juin 1994, D.
1994. 326 ). Il est notamment prévu que l'organisateur du forfait et/ou la
personne qui le vend est personnellement responsable à l'égard du
consommateur des dommages corporels et autres que celui-ci subit, le
dédommagement pouvant être cependant limité (Dir. 13 juin 1990, art. 5).

Index alphabétique

■Animaux vivants 52

■Arrimage 23

■Assureur

qualité pour agir 63

■Avarie 44

apparente 48

non apparente 48

cause d'exonération 51 s.

délai pour agir 70

indemnités et remboursements 54, 56, 60

prescription 72

■Avis CMR 22, 62

■Causes d'exonération 51 s.
V. Responsabilité

■Caution 42

■Chargement 23

défaut non apparent 52

■Clause compromissoire 67

■CMR
V. Convention de Genève relative au contrat de transport international de
marchandises par route (CMR) (19 mai 1956)

■Commission 9

■Commissionnaire de transport 9

qualité pour agir 63

■Compensation 71

■Constat contradictoire 49

■Conteneur 47

■Contrat de transport
V. Lettre de voiture CMR

■Contrat type

non-application 12

■Convention de Berne relative aux transports internationaux ferroviaires


(COTIF) (9 mai 1980) 1

■Convention de Genève relative au contrat de transport international de


marchandises par route (CMR) (19 mai 1956) 1

■Convention des Nations unies sur le transport multimodal (24 mai 1980) 10
■Convention relative aux transports internationaux de voyageurs par route
er
(CVR) (1 mars 1973) 74 s.

■Convention de Rome sur la loi applicable aux obligations contractuelles


(19 juin 1980) 38

■CVR
V. Convention relative aux transports internationaux de voyageurs par route
er
(CVR) (1 mars 1973)

■Déchargement

défaut non apparent 52

empêchement au transport 35

■Déclaration d'intérêt spécial à la livraison 61

■Déclaration de valeur 58

■Défaut non apparent 52

■Délai pour agir 69 s.

■Déménagement 7

■Destinataire

caution 42

changement 30

déchargement, défaut non apparent 52

droit de disposition 31

identité, contrôle 37

livraison, droit à 31

prix du transport, paiement 42

qualité pour agir 63
■Destination

modification 30

■Disposition
V. Droit de disposition

■Dol 62

prescription 71

■Douane

droits de 60

formalités 29

■Droit d'action 63

■Droit de disposition 17, 30 s., 39

■Emballage

absence de défectuosité 52

■Empêchement à la livraison 39

■Empêchement au transport 34 s.

conditions d'exercice 32

frais, remboursement 35

marchandise, déchargement 35

transporteur, protection 35

■Exequatur 68

■Expéditeur

déchargement, défaut non apparent 52

droit de disposition de la marchandise 30 s.

définition 30

exercice 31 s.

qualité pour agir 63

responsabilité
V. ce mot

■Faute

intentionnelle 61

lourde 61 s.

prescription 71

sous-traitant 51

■Fin de non-recevoir 69 s.

■Force majeure 51

■Frais et dommages 21 s.

■Imprévisibilité 51

■Indemnités et remboursements 54 s.

avarie 54, 56, 60

déclaration d'intérêt spécial à la livraison 61

déclaration de valeur 58

déplafonnement 62

dol 62

droits de douane 60

exclusions 61

faute intentionnelle 61

faute lourde 61

intérêts 59 s.

montant 54

perte 45, 54, 60

plafonnement 54 s.

prix du transport 60

remboursement hors plafond 60

retard 57, 60

■Juridiction compétente 66

■Laissé pour compte 39

■Lettre de voiture CMR



effets 16 s.

établissement 19 s.

expéditeur, responsabilité 21

force probatoire 18

irrégularité 21

marchandise dangereuse 22

mentions 20

réserves 27

vérifications 25

omission 21 s.

plafond de réparation 17

prix du transport 41 s.

remboursement, montant 40

transport, présomption 8

transporteur, responsabilité 21

■Livraison 36, 38 s.

définition 38

destinataire, caution 42

empêchement 39

prix du transport 41 s.

contre remboursement 40

rétention, droit 42

■Location 8

■Manutention

défaut non apparent 52

■Marchandises 1 s.

dangereuses 22
■Opérations de transport 23 s.

arrimage 23

à l'arrivée 36 s.

chargement 23

en cours de route 28 s.

au départ 23 s.

déplacement de la marchandise 28

douane, formalités 29

droit de disposition de la marchandise 30 s.

conditions d'exercice 32

empêchement à la livraison 39

empêchement au transport
V. ce mot

envoi, vérifications 25 s.

livraison 36, 38 s.

définition 38

contre remboursement 40

marchandise, acceptation 38

prise en charge 24

réceptionnaire, contrôle de l'identité 37

réserves

réceptionnaire 38

transporteur 27

vérifications au départ 25 s.

■Ordre public 2, 12

■Personnes 74 s.

conflit de lois 76 s.

Union européenne 77

■Perte 45

délai pour agir 70

exonération 52

indemnités et remboursements 45, 54, 62

prescription 72

réceptionnaire 38

■Poste 7

■Préjudice 46

corporel 77

indemnités et remboursements
V. ce mot

rattachement au transport, preuve 47 s.

risques, lien de causalité 51 s.
V. Responsabilité
■Préposé 15

■Prescription (de l'action en justice) 71 s.



avarie 72

dol 71

faute lourde 71

interruption 73

interversion 73

point de départ 72

réclamation écrite 73

suspension 73

■Prise en charge 24

■Procès 63 s.

qualité pour agir 63

■Qualité pour agir 63

■Réceptionnaire

identité, contrôle 37

réserves 38
V. Destinataire

■Réclamation écrite 73

■Remboursements
V. Indemnités et remboursements

■Réserves

du destinataire 48 s.

du transporteur 47

■Responsabilité

action en justice

délais 69 s.

prescription 71 s.
V. ce mot

avarie 44

apparente 48

non apparente 48

cause d'exonération 51 s.

délai pour agir 70

cause d'exonération 15

clause compromissoire 67

commissionnaire 9

compensation, demande reconventionnelle en 71

compétence juridictionnelle 66

dol 71

douane, formalités 29

exequatur 68

exonération 15, 51 s.

de l'expéditeur 21, 29

faute 53

de l'ayant droit 51

dolosive 15, 61

intentionnelle 15

lourde 61 s., 71

du sous-traitant 51

du transporteur 51

force majeure 51

frais et dommages 21 s.

indemnité 54 s.
V. Indemnités et remboursements

lettre de voiture, mentions 21 s.

marchandise, vice propre 51

marques, insuffisance ou imperfection 52

numéro de colis, insuffisance ou imperfection 52

ordre public 12

perte 45

délai pour agir 70

exonération 52

prescription 72

réceptionnaire 38

totale 44

plafond de responsabilité 15

préjudice
V. ce mot

prescription
V. ce mot

présomption 43, 47 s., 52

recours entre transporteurs 65

réserves

du destinataire 48 s.

du transporteur 47

retard 46

délai pour agir 69

indemnités et remboursements 57, 60

préjudice, preuve 46

prescription 72

réceptionnaire 38

statut CMR 15

transport

d'animaux vivants 52

interne 12

multimodal 14

du transporteur 12, 21, 29, 33, 40, 43 s.

transporteurs successifs 64

vol 62

■Retard 46

délai pour agir 69

indemnités et remboursements 57, 60

préjudice, preuve 46

prescription 72

réceptionnaire 38

■Rétention (droit) 42

■Rupture de charge 13

■Subrogé

qualité pour agir 63

■Substitué 15

■Transport

durée 28

empêchement au transport 34 s.

funéraire 7

de marchandises 1 s.

obligation, caractère 46

de personnes 74 s.

prix 41

retard 28
V. Opérations de transport

■Transport interne 12

■Transport multimodal 10, 13 s.



prise en charge 13

responsabilité 14

rupture de charge 13

définition 13

■Transporteur

dol 62

droit de rétention 42

faute intentionnelle 61

faute lourde 61 s.

préjudice 46 s.
V. ce mot, Responsabilité

responsabilité
V. ce mot

successif 64

vérifications au départ 25 s.

■Union européenne

transport de personnes 77

■Unité de transport intermodal (UTI) 13

■UTI
V. Unité de transport intermodal (UTI)

■Véhicule

défectuosité 51

ouvert et non bâché 52

■Vice propre 51

■Vol 62
Actualisation

Bibliographie. - LEGROS, Les conflits de normes juridictionnelles en matière de


transports internationaux de marchandises, JDI 2007. 799 et JDI 2007. 1080.
2, 5 s. Transport de marchandises : application d'office de la CMR. - La
Convention de Genève du 19 mai 1956 relative au contrat de transport
international de marchandises par route (CMR) est un texte d'ordre public. Elle
exclut le droit national (sauf sur les points où elle s'y réfère ou sur ceux qu'elle ne
règle pas) et le juge national est tenu de l'appliquer d'office. Les parties ne
o
peuvent y déroger hors les cas qu'elle prévoit (Com. 30 juin 2009, n 08-
15.026 , D. 2009. AJ 1963, obs. Delpech ).

3. Harmonisation. - L'Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des


affaires (OHADA) a adopté en mars 2003 un Acte uniforme relatif au transport
er
des marchandises par route, en vigueur au 1 janvier 2004 et applicable à tous
les contrats de transport de marchandises par route dont le lieu de départ et/ou
la destination sont situés dans un pays membre de l'OHADA. Cet acte régit le
contrat et les documents de transport, l'exécution du contrat, la responsabilité du
o
transporteur et le contentieux lié au contrat (RD aff. int. 2003, n 4, p. 440).

Réglementation communautaire. Entrée en vigueur le 11 avril 2007 de la


nouvelle réglementation communautaire sur les temps de conduite et de repos
o
des conducteurs européens (Règl. n 561/2006/CE du 15 mars 2006, JOUE,
o o
n L. 102, 11 avr.). Le décret n 2007-751 du 9 mai 2007 (JO 10 mai) modifie les
décrets du 30 août 1999 relatifs respectivement aux transports routiers de
marchandises et à l'exercice de la profession de commissionnaire de transport.

9 s. Contrat de commission de transport. Loi applicable. - En application de


er
l'article 4, paragraphe 1 , de la Convention de Rome du 19 juin 1980, le contrat
est régi par la loi du pays avec lequel il présente les liens les plus étroits ; il
résulte de la combinaison des paragraphes 2 et 5 que, pour déterminer la loi la
plus appropriée, le juge saisi doit procéder à une comparaison des liens existant
entre le contrat et, d'une part, le pays où la partie qui doit fournir la prestation
caractéristique a, au moment de la conclusion du contrat, sa résidence habituelle,
et, d'autre part, l'autre pays en cause, et rechercher celui avec lequel il présente
o
les liens les plus étroits (Sté Danzas c/ Tapiola : Com. 19 déc. 2006, n 05-
19.723 , D. 2008. Pan. 1240, note Kenfack ; JCP 2006. IV. 1229. – Sur
os
l'inapplication de la CMR à ce type de contrat, V. infra, n 11 s.).

Commissionnaire de transport : obligation de résultat à l'égard du


commettant. La CMR étant inapplicable à la commission de transport, la cour
d'appel a violé par défaut d'application l'article L. 132-1 du code de commerce et
par fausse application l'article 11, paragraphe 2, de la CMR. Le commissionnaire
de transport, tenu d'une obligation de résultat et qui ne peut, sous réserve d'une
stipulation contraire, s'exonérer de la responsabilité qui pèse sur lui que par la
preuve d'une cause étrangère, ne peut exiger de son commettant, ainsi qu'un
mandataire pourrait l'exiger de son mandant en application de l'article 1999 du
code civil, le remboursement des frais consécutifs à sa mission si l'affaire n'a pas
réussi. Pour accueillir la demande, l'arrêt retient que la société commissionnaire
est en droit, sur le fondement de l'article 1999 du code civil, de réclamer à son
mandant le remboursement des frais imprévus qu'elle a été conduite à exposer. Il
appartient au commissionnaire de transport, qui s'est engagé en cette qualité à
accomplir, pour le compte de son commettant, les actes juridiques nécessaires au
déplacement d'une marchandise, et qui, en cette qualité, a reçu toute latitude
pour organiser librement le transport par les voies et les moyens de son choix, de
prendre toutes les mesures appropriées pour faire en sorte que la marchandise
o
soit acheminée jusqu'à la destination prévue (Com. 11 déc. 2007, n 06-18.192
, D. 2008. AJ 82, obs. Delpech ).

Transport international par route et crédit documentaire. L'obligation pour


un commissionnaire de transport, chargé en cette qualité d'organiser un
transport, de transmettre à son commettant, vendeur de la marchandise, les
documents nécessaires à l'exécution par la banque émettrice d'un crédit
documentaire, constitue pour ce commissionnaire un mandat distinct de son
contrat de commission (cassation pour violation de l'article 1998 du code civil et
des articles L. 132-4 et L. 132-5 du code de commerce). L'obligation, pour le
transporteur, chargé de l'acheminement d'une marchandise, de transmettre à
l'expéditeur les documents nécessaires à l'exécution par la banque émettrice d'un
crédit documentaire, constitue pour celui-ci un mandat distinct du contrat de
transport (cassation pour violation des articles 1998 du code civil et de
er
l'article 1 de la Convention de Genève du 19 mai 1956 relative au transport
o
international par route. – Com. 14 mai 2008, n 07-11.158 , D. 2008. AJ 1476,
note Delpech ).

Différenciation des responsabilités du transporteur et du


commissionnaire en matière de transport international. Ne peut bénéficier
de la limitation d'indemnisation prévue par la Convention de Genève du 19 mai
1956, dite CMR, ainsi qu'il résulte de l'article L. 132-5 du code de commerce et de
er
l'article 1 de cette convention, le commissionnaire qui a commis une faute
personnelle, à savoir le défaut d'information du voiturier sur le risque particulier
de vol que courent les marchandises transportées afin que les mesures
nécessaires à leur sécurité soient prises. Le transporteur, lui, ne commet pas de
faute lourde lorsqu'il n'a pas été prouvé qu'il connaissait la nature ou la valeur de
o
la marchandise transportée (Com. 13 juill. 2010, n 09-15.472 ).

Faute lourde du transporteur. La Cour de cassation juge qu'un accident ayant


pour cause la vitesse estimée excessive du camion sur une route rendue glissante
par la pluie et le non-respect par le chauffeur de l'interdiction de circulation des
véhicules de transport de marchandises après 22 heures constitue une faute
lourde du transporteur et non une simple négligence fautive. Il s'agit en effet
d'une « négligence d'une extrême gravité confinant au dol et dénotant l'inaptitude
du transporteur à l'accomplissement de la mission contractuelle qu'il a acceptée »
selon les termes de la Cour dans un précédent arrêt. La faute lourde étant
admise, le plafond de l'indemnisation à la charge du transporteur est écarté.
Cependant le montant doit être raisonnable car seul le dommage prévisible donne
o
lieu à réparation (Com. 16 oct. 2012, n 11-10.071 , D. 2012. 2512 ).

Faute du transporteur : livraison non conforme. La Cour de cassation juge


que ne peut se prévaloir des causes d'exonération de l'article 17 de la convention
CMR le transporteur à l'origine d'un défaut d'étiquetage ayant eu pour
conséquence le refus de la marchandise, son non-paiement et l'application d'une
o
pénalité (Com. 30 oct. 2012, n 11-18.287 , Dalloz actualité, 15 nov. 2012, obs.
Delpech).

11 s. Champ d'application de la Convention internationale de transport


routier de marchandises par route (dite CMR) - Selon une lettre de voiture
internationale, une société de transport avait, à la demande d'une société
commissionnaire de transport expéditrice, acheminé des marchandises depuis
l'Italie jusqu'en France pour le compte d'une société destinataire. Faute d'avoir
été payé par l'expéditeur, le transporteur avait assigné le destinataire en
paiement d'une provision. Sur l'action directe du transporteur à l'encontre du
destinataire, la Cour de cassation admet l'application du droit français, car la
Convention internationale de transport routier de marchandises par route du
19 mai 1956, dite CMR, qui régit le transport litigieux, était muette sur cette
action directe. Dès lors, par application de la Convention de Rome du 19 juin
1980 (art. 4), le contrat de transport est présumé avoir les liens les plus étroits
avec le pays dans lequel le transporteur a son établissement principal et où est
situé le lieu de chargement ou de déchargement. Le transporteur ayant son siège
en France et la livraison devant avoir lieu en France, il convenait d'appliquer
l'article L. 132-8 du code de commerce. Pourtant les juges, qui ont déclaré cette
action prescrite par application de l'article L. 133-6 du code de commerce, ont
appliqué à tort le droit français, car la prescription de l'action directe en paiement
des prestations du transporteur à l'encontre du destinataire est soumise aux
dispositions de l'article 32 de cette convention CMR (SA Transports Collomb
o o
Muret : Com. 24 mars 2004, n 02-16.573 , Bull. civ. IV, n 63 ; JCP 2004.
Actu. 196 ; www.dalloz.fr rubrique Actualité, obs. Chevrier).

Applicabilité. – Vol. L'arrêt retient à bon droit qu'eu égard aux circonstances du
vol, à la nature et à la valeur de la marchandise volée et aux conditions de
stationnement du véhicule, il y a lieu de reconnaître au commissionnaire de
transport le bénéficie de l'article 17-2 de la Convention de Genève du 19 mai
1956, relative au contrat de transport international de marchandise par route
(Com. 11 juil. 2006, JCP 2006. I. 372).

Primauté de la CMR sur la Convention de Bruxelles. L'article 57,


paragraphe 2 a), de la Convention de Bruxelles (modifiée par Règles de la
Haye/Visby) doit être interprété en ce sens que la juridiction d'un État
contractant, devant laquelle est attrait le défendeur, domicilié dans un autre État
contractant, peut fonder sa compétence sur une convention spéciale à laquelle est
également partie le premier État et qui comporte des règles spécifiques sur la
compétence judiciaire, même lorsque le défendeur, dans le cadre de la procédure
en cause, ne se prononce pas sur le fond (CJCE 28 oct. 2004, D. 2005. 547, note
Brière ).

Articulation entre la CMR et la Convention de Bruxelles du 25 août 1924


(Règles de La Haye/Visby) Un arrêt décide que le dommage résultait d'un péril
de mer, d'un événement particulièrement pénible né de la conjonction des
éléments particulièrement démontés (Reims, 22 janv. 2007, BTL 2007. 95). Si le
dommage est dû par transport de mer, la CMR s'applique car elle prévoit le cas
où un autre mode de transport intervient en complément du transport routier
sans une rupture de charge. D'après son article 2, si des avaries ou pertes
surviennent du fait du voiturier durant le transport maritime ou si la cause du
dommage est indéterminée, la CMR s'applique (V. également Transports
maritimes [Internat.]).
Inapplicabilité à la commission de transport. La Convention du 19 mai 1956,
dite CMR, qui ne régit pas la commission de transport, ne peut justifier la
compétence du tribunal saisi de l'action en responsabilité intentée par le donneur
d'ordre à l'encontre d'un commissionnaire de transport, à la suite de la perte des
marchandises transportées au cours de l'acheminement (Com. 18 sept. 2007,
o o
n 06-13.097 , D. 2007. AJ 2468, note Delpech . – Com. 11 déc. 2007, n 06-
18.192 , D. 2008. Pan. 1240, note Kenfack ).

Conflit de juridictions et CMR. Pour déclarer une cour d'appel territorialement


incompétente au profit du tribunal de première instance belge, un arrêt relève
que s'il est constant que la marchandise devait être livrée en France, en
revanche, à défaut d'indication plus précise sur les lettres de voiture, les
assureurs ne peuvent valablement soutenir que l'adresse de livraison est celle qui
correspond à l'adresse du destinataire et que la prise en charge des marchandises
ayant eu lieu en Belgique et le transporteur ayant au surplus son siège principal
en Belgique, le tribunal de première instance de l'arrondissement judiciaire du
lieu du siège social doit être déclaré compétent pour connaître du litige. En
statuant ainsi, alors qu'aux termes de l'article 31-1 de la Convention de Genève
du 19 mai 1956, relative au contrat de transport international de marchandises
par route, dite CMR, le demandeur peut saisir les juridictions du pays sur le
territoire duquel le lieu prévu pour la livraison est situé et que cette disposition
doit s'interpréter comme permettant la saisine de l'ordre juridictionnel national du
lieu de cette livraison, sans que l'application subséquente des règles de
compétence territoriale interne à cet ordre puisse avoir pour effet d'écarter la
compétence générale expressément voulue par le traité international, la cour
d'appel a violé le texte précité. Pour statuer comme il fait, l'arrêt retient que, s'il
est constant que la marchandise devait être livrée en France, en revanche, à
défaut d'indication plus précise sur les lettres de voiture, les assureurs ne
peuvent valablement soutenir que l'adresse de livraison est celle qui correspond à
l'adresse du destinataire, que si l'article 6 de la CMR fait obligation de mentionner
sur la lettre de voiture à la fois le lieu prévu pour la livraison et le nom et
l'adresse du destinataire, c'est parce que la livraison peut être effectuée dans un
lieu distinct de l'adresse du destinataire et que les premiers juges ne pouvaient
donc retenir que le tribunal de commerce français, tribunal dans le ressort duquel
est simplement située la filiale française, avait un lien suffisant avec le litige. En
se déterminant ainsi, sans expliquer pourquoi l'implantation du siège social de la
société française, destinataire de la livraison des marchandises, ne constituait pas
un lien suffisant avec le litige soumis à cette juridiction et sans rechercher s'il
existait un critère de rattachement pertinent avec une autre juridiction française,
la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision (Com. 8 janv. 2008,
o
n 06-15.999 , D. 2008. AJ 289, note Delpech ).

L'action directe du transporteur n'est pas une loi de police. La Cour de


cassation a estimé que l'article L. 132-8 du code de commerce, qui confère au
transporteur une action directe en paiement de ses prestations à l'encontre de
l'expéditeur et du destinataire, tous les deux garants du paiement du prix de
transport, n'est pas une loi de police. Elle retient à cet effet une définition
classique de la loi de police, selon laquelle celle-ci est une « loi dont l'observation
est nécessaire pour la sauvegarde de l'organisation politique, sociale et
économique du pays » au point de régir impérativement la situation quelle que
soit la loi applicable. En l'espèce, le transporteur impayé devra donc se référer à
la loi applicable au contrat de transport international en cause (Com. 13 juill.
o
2010, n 10-12.154 , D. 2010. 1863, obs. Delpech ).

16 s. Lettre de voiture électronique. - Le décret du 3 janvier 2017 porte


publication du protocole additionnel à la convention relative au contrat de
transport international de marchandises par route (CMR) concernant la lettre de
o
voiture électronique, signé à Genève le 20 février 2008 (Décr. n 2017-1 du
3 janv. 2017, JO 4 janv.). Grâce à ce protocole, une lettre de voiture électronique
conforme à ce dernier est considérée comme équivalente à celle visée par la
convention CMR et a donc la même force probante et produit les mêmes effets
(art. 2, § 2).

38 s. Loi applicable au contrat de transport. - La cour d'appel a énoncé, à


bon droit, qu'à défaut de choix des parties, la loi applicable devait être
déterminée selon l'article 4.5 de la Convention de Rome du 19 juin 1980 ratifiée
par la France et l'Allemagne, qui prévoit que les présomptions de l'article 4.4 de
cette convention relatif au contrat de transport de marchandises sont écartées
lorsqu'il résulte de l'ensemble des circonstances que le contrat présente des liens
plus étroits avec un autre pays. Tel était le cas en l'espèce avec la France où
devaient être livrées les marchandises par un transporteur allemand à l'issue d'un
transport du Mexique vers la France via les États-Unis et la Belgique, ce qui rend
la loi française applicable au contrat de transport et le contredit mal fondé. Dès
lors qu'il ne résulte d'aucun texte de droit interne que le porteur du
connaissement, en acceptant la livraison de la marchandise, succède aux droits et
obligations du chargeur découlant de la clause attributive de juridiction acceptée
par celui-ci, la cour d'appel a légalement justifié sa décision en retenant que la
clause n'était pas opposable aux assureurs subrogés dans les droits du
destinataire, porteur du connaissement, faute d'avoir été acceptée au plus tard
o
lors de la livraison (Com. 4 mars 2003, n 01-01.046 , Rev. crit. DIP 2003. 285,
note Lagarde ; JCP 2004. II. 10071. – V. Contrats [Internat.]).

Compétence territoriale et livraison transitaire. Aux termes de l'article 46,


alinéa 2, du nouveau code de procédure civile étendu à l'ordre international, en
matière contractuelle, le demandeur peut saisir à son choix, outre la juridiction du
domicile du défendeur, la juridiction du lieu de la livraison effective de la chose ou
du lieu d'exécution de la prestation de services. Ayant relevé que le bon de
commande litigieux portait sur la vente de mobilier et stipulait que la livraison
serait effectuée entre les mains d'un transitaire à Paris, la cour d'appel a décidé à
bon droit que s'agissant d'un contrat de vente, le tribunal de grande instance de
re
Paris, lieu de livraison, était territorialement compétent (Civ. 1 , 23 janv. 2007,
o
n 04-12.760 , D. 2007. AJ 586 ).
o
Législation. Le décret n 2007-1226 du 20 août 2007 adapte l'ensemble des
contrats types aux nouvelles règles de prix du transport de marchandises fixées
par le législateur en 2006 et complète de manière significative le contrat type de
sous-traitance (JO 22 août).

48 s. Règles de réclamation. - En l'espèce, la Cour de cassation juge l'action


en indemnisation du chargeur contre le transporteur conforme aux règles de
réclamation de l'article 30, paragraphe 3, de la convention CMR selon lequel, à
défaut de réserves écrites dans un délai de sept à vingt et un jours, la
réclamation est irrecevable en cas de retard dans la livraison alors que les
factures du chargeur indiquent un défaut de livraison. Il y a donc eu mauvaise
o
application de cet article (Com. 27 sept. 2011, n 10-24.649 , Dalloz actualité,
os
6 oct. 2011, obs. X. Delpech. – V. infra, Mise à jour, n 69 s.).

Présomption simple de livraison conforme en l'absence de réserves. La


er
règle énoncée par l'article 30, § 1 , de la CMR, selon laquelle en l'absence de
réserves ou de constat contradictoire le destinataire est réputé avoir reçu la
marchandise dans l'état décrit par la lettre de voiture, n'institue qu'une
présomption simple de livraison conforme, présomption qui peut être combattue
par la preuve contraire, et non une fin de non-recevoir à son action (Com.
o
22 mars 2016, n 14-12.335 , D. 2016. 781 ).

51 s. Absence de faute inexcusable du transporteur et limitation de


responsabilité. - Selon l'article 29 de la Convention de Genève du 19 mai 1956
(convention CMR), le transporteur n'a pas le droit de se prévaloir des dispositions
qui excluent ou limitent sa responsabilité si le dommage provient de son dol ou
d'une faute qui lui est imputable et qui, d'après la loi de la juridiction saisie, est
considérée comme équivalente au dol. Il en est de même si le dol ou la faute est
le fait des préposés du transporteur ou de toutes autres personnes aux services
desquelles il recourt pour l'exécution du transport lorsque ces préposés ou ces
autres personnes agissent dans l'exercice de leurs fonctions. La cour d'appel a
retenu que si le transporteur avait commis une faute dolosive en ayant recours,
pour l'exécution de la prestation de transport de marchandises, à un sous-
traitant, malgré son engagement de ne pas y recourir, le seul fait de ne pas
respecter l'interdiction de sous-traitance n'induisait pas en lui-même la
survenance du dommage. La Cour de cassation juge qu'elle en a exactement
déduit que le lien de causalité entre cette faute et le vol de la marchandise
transportée n'était pas démontré, de sorte que les limitations d'indemnité étaient
applicables. De plus, aux termes de l'article L. 133-8 du code de commerce,
auquel renvoie l'article 29, § 1, de la convention CMR, est inexcusable la faute
délibérée qui implique la conscience de la probabilité du dommage et son
acceptation téméraire sans raison valable. L'arrêt de la cour d'appel a retenu que
le vol du chargement a été perpétré de nuit pendant le sommeil du chauffeur,
lequel a été contraint de s'arrêter pour respecter les temps de repos obligatoires
en cours de transport et a garé son poids lourd sur une aire de stationnement le
long d'une autoroute, particulièrement visible des véhicules passant sur la route
fréquentée et que de l'autre côté du poids lourd, il y avait un mur haut rendant
peu concevable la venue de personnes ou de véhicules de cet endroit. Par
ailleurs, seule la nature de la marchandise a été mentionnée sur la lettre de
voiture et la confirmation d'affrètement de sorte que la preuve de la
connaissance, par le transporteur, de la valeur de cette marchandise et des
risques engendrés par le transport n'est pas démontrée. Par conséquent, la cour
d'appel a pu justement déduire qu'aucune faute inexcusable n'était caractérisée
et que dès lors, le transporteur était fondé à opposer à la compagnie
d'assurances la limitation de responsabilité sur le fondement de la convention
o
CMR (Com. 13 sept. 2017, n 16-10.596 , D. 2017. 1759 ).

54 s. Calcul de l'indemnisation en cas de destruction de la marchandise. -


Selon la convention de Genève du 19 mai 1956 relative au contrat de transport
international de marchandises par route, dite CMR (art. 23 et 25), l'indemnité
mise à la charge du transporteur pour perte ou avarie doit être calculée d'après la
valeur de la marchandise au lieu et à l'époque de la prise en charge, et non
d'après le prix de vente de la marchandise au lieu de sa livraison et au temps de
o
celle-ci (Com. 12 mars 2013, n 09-12.854 , D. 2013. 767 ).
o
63 s. Parties au procès. - Sur l'action directe d'une partie, voir supra, n 11 s.

66. Compétence du tribunal du lieu de prise en charge de la marchandise.


- Dans un litige régi par la convention CMR, plus précisément une action en
indemnisation du chargeur, celui-ci en tant que demandeur dispose d'une option
de compétence en vertu de l'article 31-1 de ladite Convention. En l'espèce, les
défendeurs étant de nationalités différentes, le tribunal compétent peut être celui
o
du lieu de prise en charge de la marchandise (Com. 11 oct. 2011, n 10-25.813,
Dalloz actualité, 21 oct. 2011, obs. X. Delpech).

69 s. Règles de réclamation. - En l'espèce, la Cour de cassation juge l'action


en indemnisation du chargeur contre le transporteur conforme aux règles de
réclamation de l'article 30, paragraphe 3, de la convention CMR selon lequel, à
défaut de réserves écrites dans un délai de sept à vingt et un jours, la
réclamation est irrecevable en cas de retard dans la livraison alors que les
factures du chargeur indiquent un défaut de livraison. Il y a donc eu mauvaise
o
application de cet article (Com. 27 sept. 2011, n 10-24.649 , Dalloz actualité,
os
6 oct. 2011, obs. X. Delpech. – V. supra, Mise à jour, n 48 s.).
73. Suspension de la prescription de l'action en indemnisation du
chargeur. - En matière de suspension de l'action en indemnisation du chargeur
victime d'une avarie contre le transporteur, la Cour de Cassation juge qu'une
télécopie de l'expert de l'assureur du transporteur repousse valablement la
réclamation du chargeur (l'expert agissant en qualité de mandataire du
o
transporteur) et suspend donc la prescription (Com. 11 oct. 2011, n 10-
21.913 , Dalloz actualité, 24 oct. 2011, obs. X. Delpech).

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