Vous êtes sur la page 1sur 9

Lexis MA ®

Recours dans le cadre d’une garantie autonome

Type Contenu pratique

Droit d'origine Maroc

Date de fraîcheur 8 octobre 2021

Thématique Garantie autonome

Lien vers le document : https://www.lexisma.com/pratique/maroc/MA600

www.lexisma.com
Recours dans le cadre d’une garantie autonome

Table des matières


1. Aperçu rapide ............................................................................................................................................................................. 3
1.1. Éléments-clés .............................................................................................................................................................. 3
1.2. Textes .......................................................................................................................................................................... 3
1.3. Bibliothèque LexisNexis .............................................................................................................................................. 3
2. Préparation ................................................................................................................................................................................ 3
2.1. Informations préalables .............................................................................................................................................. 3
2.1.1. Conditions d'ouverture des recours ..................................................................................................................................... 3
2.1.2. Aménagement contractuel des recours ............................................................................................................................... 3
2.1.3. Impact des procédures collectives sur les recours ............................................................................................................... 4
2.1.4. Diversité des recours ........................................................................................................................................................... 4
2.2. Inventaire des solutions et éléments de décisions ...................................................................................................... 4
2.2.1. Recours personnel du garant contre le donneur d’ordre ..................................................................................................... 4
2.2.2. Recours subrogatoire du garant contre le donneur d’ordre ................................................................................................. 5
2.2.3. Recours du garant contre le bénéficiaire ............................................................................................................................. 5
2.2.4. Recours ouverts au contre-garant ....................................................................................................................................... 5
2.2.5. Recours du donneur d’ordre contre le bénéficiaire ............................................................................................................. 6
2.2.6. Recours du donneur d’ordre contre le garant ou le contre-garant ...................................................................................... 6

3. Mise en œuvre ............................................................................................................................................................................ 6


3.1. Vérifier les conditions d’ouverture du recours ............................................................................................................ 6
3.2. Prendre des mesures conservatoires ........................................................................................................................... 6
3.3. Vérifier les clauses du contrat de garantie .................................................................................................................. 6
3.4. Opérer un choix entre le recours personnel et le recours subrogatoire ....................................................................... 7
3.5. Si vous êtes donneur d’ordre, vérifiez si le bénéficiaire a indûment appelé la garantie .............................................. 7
3.6. Si vous êtes donneur d’ordre, assurez-vous qu’il y a une cause légitime pour agir contre le garant ou le contre-
garant ................................................................................................................................................................................. 7
3.7. Déclarer la créance si le donneur d’ordre est soumis à une procédure collective ........................................................ 7
4. Outils ......................................................................................................................................................................................... 7
4.1. Check-list .................................................................................................................................................................... 7
Auteur ............................................................................................................................................................................................ 8

2 www.lexisma.com
Recours dans le cadre d’une garantie autonome

1. Aperçu rapide
1.1. Éléments-clés

La garantie autonome n’est pas réglementée par le législateur marocain et n’a pas donné lieu à une jurisprudence de nature à
clarifier le régime juridique des recours possibles. Généralement, il y a lieu d’appliquer les règles de droit commun et
éventuellement, par analogie, certaines règles relatives au cautionnement tant qu’elles s’adaptent au caractère indépendant
de l’engagement du garant autonome.
Bien que la garantie autonome se caractérise par son caractère non-accessoire dans la mesure où le garant paye sa dette
personnelle pour laquelle il s’est engagé, il n’en demeure pas moins qu’elle reste un mécanisme qui remplit la fonction d’une
sûreté personnelle. Aussi, une fois que le garant désintéresse le bénéficiaire, il pourra exercer son recours contre le donneur d’
ordre à savoir le débiteur principal. Si l’admission du recours personnel ne pose aucune difficulté, l’admission d’un recours
subrogatoire se heurte au caractère indépendant de la garantie autonome si bien que la doctrine est partagée à son propos.
La garantie autonome implique la présence de trois personnes au moins : un donneur d’ordre (le débiteur principal), le
bénéficiaire (le créancier) et le garant. Parfois, un contre-garant s’ajoute à ce schéma simple. Par conséquent, les recours
possibles sont multiples. À côté du recours naturel que le garant peut exercer contre le donneur d’ordre pour se faire
rembourser, d’autres recours peuvent être envisagés particulièrement lorsqu’il y a un appel de garantie irrégulier ou injustifié
ou lorsqu’il y a un manquement ayant conduit à un paiement indu.

1.2. Textes

DOC, art. 214 et 1141


C. com, art. 555, 686, 690, 719, 723
CPC, art. 149
Loi n° 103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés, art. 3

1.3. Bibliothèque LexisNexis

M. Cabrillac, S. Cabrillac, Ch. Mouly, Ph. Pétel, Droit des sûretés : LexisNexis, 10e éd., 2015
P. Ancel, O. Gout, Droit des sûretés : LexisNexis, 8e éd., 2019
Ph. Simler, Cautionnement, garanties autonomes et garanties indemnitaires : LexisNexis, 5e éd., 2015
J. Rbii, « Former une garantie autonome » : Fiche pratique, Lexis MA, 2021
J. Rbii, « Mettre en œuvre une garantie autonome » : Fiche pratique, Lexis MA, 2021
J. Rbii, « Recours de la caution » : Fiche pratique, Lexis MA, 2020

2. Préparation
2.1. Informations préalables
2.1.1. Conditions d'ouverture des recours

Le garant ne dispose de recours contre le donneur d’ordre que lorsqu’il effectue un paiement en faveur du bénéficiaire. Malgré
son caractère non-accessoire, la garantie autonome demeure une sûreté impliquant l’existence d’une dette principale.
En matière de cautionnement, l’article 1141 du DOC admet la possibilité pour la caution d’agir de manière préventive contre le
débiteur avant le paiement. La doctrine est partagée à propos de l’extension de cette possibilité au garant. Néanmoins, il est
prudent de préciser que cet article est réservé expressément à la caution et ne peut être interprété de manière extensive. Il faut
admettre que le recours du garant est conditionné par le paiement de la garantie. Cela dit, le garant a la possibilité de prendre
des mesures conservatoires contre le donneur d’ordre avant même qu’il paye le bénéficiaire.
En outre, le garant doit payer en respectant les instructions du donneur d’ordre indiquées dans la lettre qui lui a été adressée.
Toute modification unilatérale sans l’accord du donneur d’ordre des modalités de la garantie serait de nature à priver le garant
de ses recours.

2.1.2. Aménagement contractuel des recours

La garantie autonome est régie par la liberté contractuelle. Sous réserve de respecter les règles d’ordre public, rien n’interdit
que des aménagements contractuels soient prévus pour encadrer les recours possibles que ce soit au niveau de la juridiction
compétente ou éventuellement le recours à un mode alternatif de règlement des litiges. Parfois, la qualité des parties doit être
prise en considération pour apprécier la licéité de ces clauses.

www.lexisma.com 3
Recours dans le cadre d’une garantie autonome

De surcroît, les recours peuvent être impactés par le type de la garantie autonome. Ainsi, lorsque la garantie est assortie d’une
clause de paiement à première demande, certainement les raisons d’exercer un recours se réduisent puisque le bénéficiaire n’a
pas à respecter des modalités spécifiques comme l’énonciation d’un motif ou la production d’un ou de plusieurs documents.

2.1.3. Impact des procédures collectives sur les recours

La réforme du livre V du Code de commerce relatif aux procédures de difficultés de l’entreprise a amélioré la situation de la
caution afin d’encourager les dirigeants, souvent cautions de leurs sociétés, à solliciter des mesures de prévention voire de
traitement de manière précoce. Mais le législateur n’a pas réservé le même sort aux garants bien que leur situation soit plus
défavorable en raison de l’indépendance de la garantie autonome. Par conséquent, le garant peut être poursuivi par le
bénéficiaire même si le donneur d’ordre est soumis à une procédure collective. Une fois qu’il s’acquitte de sa dette, il subira en
revanche les effets de cette procédure comme tout autre créancier.
Si le garant est soumis à une procédure collective, ce qui est très rare étant donné que très souvent ce sont les établissements
de crédit qui se portent garants, le bénéficiaire doit déclarer sa créance conformément aux articles 719 et suivants du Code de
commerce. À défaut d’une déclaration dans le délai, la dette sera éteinte en l’absence d’un relevé de forclusion (C. com, art.
723). Si malgré l’extinction, le garant désintéresse le bénéficiaire, il perdrait son recours contre le donneur d’ordre mais peut
tenter de poursuivre le bénéficiaire en intentant éventuellement une action en répétition de l’indu ou une action en
enrichissement sans cause. Toutefois, les conditions de ces actions ne semblent pas remplies en l’espèce puisque le garant a
payé sa dette pour laquelle il s’est contractuellement engagé.
Si le donneur d’ordre est soumis à une procédure de conciliation, l’ordonnance qui prononce la suspension provisoire des
poursuites lui interdit, à peine de nullité, de désintéresser les garants qui acquitteraient des créances nées antérieurement à l’
ordonnance. Toutefois, le président du tribunal peut autoriser un tel remboursement (C. com, art. 555).
Le garant, qui a payé la garantie avant le jugement d’ouverture d’une procédure de sauvegarde ou de redressement judiciaire à
l’encontre du donneur d’ordre, subit les effets de ce jugement. Aussi, il sera soumis à la suspension ou l’interdiction des
poursuites individuelles si bien qu’il ne pourra pas exercer ses recours contre le donneur d’ordre (C. com, art. 686). En outre, ce
dernier sera interdit de rembourser le garant si la créance de celui-ci est antérieure au jugement d’ouverture et ce
conformément aux dispositions de l’article 690 du Code de commerce.
Toutefois, pour apprécier le caractère antérieur de la créance, il faut déterminer sa date de naissance. Or en l’occurrence, la
réponse n’est pas facile. L’on peut estimer que la créance prend naissance à la date de paiement fait par le garant au
bénéficiaire ou au contraire à la date de formation du contrat de garantie. Les conséquences de la réponse sont importantes
puisque le choix de la première option offre au garant le privilège des créances postérieures. Cela dit, cette problématique ne
concerne que le recours personnel dans la mesure où, dans le recours subrogatoire, le garant demande le remboursement de la
créance du subrogeant à savoir le bénéficiaire. La date de cette créance correspond à la naissance de la créance garantie.
Le garant qui a désintéressé le bénéficiaire doit par ailleurs déclarer sa créance comme tout créancier conformément aux
articles 719 et suivants du Code de commerce. À défaut de déclaration, sa créance sera éteinte. Toutefois, si le délai de
déclaration a expiré, l’admission d’un recours subrogatoire conduit à dire que la créance ne serait pas éteinte si elle a été
déclarée préalablement par le bénéficiaire.

2.1.4. Diversité des recours

La garantie autonome suppose la présence de trois personnes au moins : le donneur d’ordre, le garant et le bénéficiaire. Dans
certains cas, une quatrième personne est sollicitée pour se porter contre-garant. Par voie de conséquence, plusieurs recours
sont possibles en fonction de l’auteur et du destinataire du recours.
Bien sûr, dans sa fonction de sûreté, la garantie autonome donnerait naturellement lieu à un recours fréquent exercé par le
garant ou le contre-garant contre le donneur d’ordre pour se faire rembourser.
En pratique, très souvent, ce sont les établissements de crédit qui se portent garants ou contre-garants. Ces derniers, après
paiement du bénéficiaire, débitent automatiquement le compte du donneur d’ordre conformément aux stipulations
contractuelles. Aussi, en cas de contestation, ce dernier peut exercer un recours contre l’établissement de crédit.
Le donneur d’ordre peut l’exercer également contre le bénéficiaire après avoir payé le garant s’il estime que le paiement de la
garantie a été injustifié.
Par ailleurs, le garant ou le contre-garant peut exceptionnellement exercer un recours en remboursement contre le
bénéficiaire sur le fondement de la responsabilité civile délictuelle.

2.2. Inventaire des solutions et éléments de décisions


2.2.1. Recours personnel du garant contre le donneur d’ordre

Bien que le garant s’engage à payer sa propre dette, la garantie autonome demeure une sûreté qui joue la même fonction que n’
importe quelle garantie. Par conséquent, le garant n’est pas censé supporter le poids final de la dette principale. Pour cette
raison, il dispose d’un recours personnel contre le donneur d’ordre.
En pratique, le garant est souvent un établissement bancaire qui effectue une opération de crédit conformément aux
dispositions de l’article 3 de la loi n° 103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés. Selon ce dernier, «

constitue une opération de crédit tout acte, à titre onéreux, par lequel une personne : (…) prend, dans l’intérêt d’une autre

4 www.lexisma.com
Recours dans le cadre d’une garantie autonome

constitue une opération de crédit tout acte, à titre onéreux, par lequel une personne : (…) prend, dans l’intérêt d’une autre
personne, un engagement par signature sous forme d’aval, de cautionnement ou de toute autre garantie ».

Remarque
Lorsque le garant est un établissement de crédit, après avoir payé le bénéficiaire, l’établissement débite le compte du
donneur d’ordre selon les instructions de leur accord initial ou même en l’absence d’une telle précision dans l’accord.
Le recours du garant contre le donneur d’ordre peut se transformer en un contentieux lorsque ce dernier se prévaut du
caractère manifestement abusif ou frauduleux de l’appel de garantie ou lorsqu’il prétend que le paiement n’a pas respecté
la lettre des instructions. Ces seules possibilités de s’opposer au recours nécessitent une appréciation judiciaire pour
trancher le différend entre le garant et le donneur d’ordre.

2.2.2. Recours subrogatoire du garant contre le donneur d’ordre

L’article 214 du DOC précise que la subrogation a lieu de droit dans les cas suivants : (…) « 3. Au profit de celui qui a payé une
dette dont il était tenu avec le débiteur, ou pour lui, comme débiteur solidaire, caution, cofidéjusseur, commissionnaire ». Cet
article ne s’applique pas de manière expresse à la garantie autonome puisque le garant s’engage à payer sa propre dette. Or, l’
article vise les débiteurs d’une même dette.
Cependant, bien que le garant paye sa dette personnelle, ce paiement libère le donneur d’ordre vis-à-vis de leur créancier
commun à savoir le bénéficiaire et donne au garant un recours de remboursement contre le débiteur principal. Par conséquent,
le recours subrogatoire semble être justifié en l’occurrence. Une partie de la doctrine se prononce dans ce sens mais la
jurisprudence marocaine n’a pas eu l’occasion de se positionner sur ce problème.
Cela dit, ce recours sera rarement emprunté puisqu’il permet au donneur d’ordre d’opposer au garant les exceptions tirées du
contrat principal.

2.2.3. Recours du garant contre le bénéficiaire

Le garant peut exercer un recours contre le bénéficiaire si deux conditions sont remplies : d’une part, il n’a pas été remboursé
par le donneur d’ordre ; d’autre part, le bénéficiaire a indûment appelé la garantie. Etant donné que le garant a payé la somme
d’argent pour laquelle il a été engagé dans le contrat de garantie, les fondements relatifs à la répétition de l’indu et à l’
enrichissement sans cause devraient être écartés.
La seule possibilité qui demeure réside dans la responsabilité délictuelle si le garant parvient à prouver que les conditions de la
mise en œuvre de la garantie n’ont pas été remplies. En plus de cette première preuve, le garant doit prouver un préjudice,
lequel peut résider en l’occurrence dans l’impossibilité d’obtenir un remboursement par le donneur d’ordre en raison de son
insolvabilité. Or, le garant doit en principe assumer ce risque en vertu de sa qualité même de garant. Mais en raison du
comportement du bénéficiaire qui a appelé indûment la garantie, ce recours deviendrait plausible sur le fondement du droit
commun de la responsabilité délictuelle. Cela dit, ce fondement semble faible et ses conditions sont difficiles à réunir.

Remarque
En plus de cette action directe, le garant en tant que créancier du donneur d’ordre peut exercer, en droit français, une
action oblique contre le bénéficiaire. Mais cette institution est méconnue par le DOC.

2.2.4. Recours ouverts au contre-garant

Le schéma simple d’une garantie autonome implique trois personnes : le donneur d’ordre, le garant et le bénéficiaire. Pour
plus d’efficacité, la conclusion d’une contre-garantie est envisageable notamment dans les relations internationales. Dans ce
cas, un contre-garant interviendra pour rembourser le garant de premier rang si ce dernier est amené à payer le bénéficiaire.
Dans ce deuxième schéma, le contre-garant bénéficie d’un recours contre le donneur d’ordre. À l’instar du garant de premier
rang, le contre-garant bénéficie d’un recours personnel et d’un recours subrogatoire.
En plus du recours contre le donneur d’ordre, le contre-garant semble pouvoir agir directement contre le bénéficiaire.
Néanmoins, en l’absence d’un lien contractuel entre les deux, la seule possibilité envisageable reste un recours sur le
fondement de la responsabilité délictuelle. Aussi, il faut réunir les conditions de celle-ci à savoir une faute, un préjudice et un
lien de causalité.
Il n’est pas facile en l’occurrence de prouver la faute du bénéficiaire sauf dans le cas éventuel où il appelle indûment la
garantie. Quant au préjudice, il est généralement la conséquence de l’insolvabilité du donneur d’ordre. Or, le mécanisme de
toute garantie est de faire assumer le risque de cette insolvabilité par le garant et le contre-garant. Il s’ensuit que cette voie
serait largement vouée à l’échec.

www.lexisma.com 5
Recours dans le cadre d’une garantie autonome

Remarque
Comme le garant, le contre-garant en tant que créancier du donneur d’ordre peut exercer, en droit français, une action
oblique contre le bénéficiaire.
Mais cette institution est méconnue par le DOC.

2.2.5. Recours du donneur d’ordre contre le bénéficiaire

Lorsque l’appel de la garantie est injustifié parce que le donneur d’ordre a exécuté correctement ses engagements dans le délai
ou parce que l’inexécution du contrat est due à la faute du bénéficiaire ou encore parce que le contrat principal est nul, le
donneur d’ordre, après avoir remboursé le garant ou le contre-garant le cas échéant, peut intenter un recours en
remboursement contre le bénéficiaire.
Ce recours sera fondé sur un grief lié au contrat principal entre le donneur d’ordre et le bénéficiaire selon lequel le premier ne
doit rien au second. Aussi, les règles de droit commun s’appliquent en l’occurrence et notamment celles relatives à la charge
de la preuve, laquelle incombe au donneur d’ordre.

2.2.6. Recours du donneur d’ordre contre le garant ou le contre-garant

Il y a des situations où le donneur d’ordre aura la possibilité d’exercer un recours contre le garant ou le contre-garant.
Généralement, les situations correspondent aux cas où ce dernier paye une garantie après l’expiration du délai convenu, ou
paye une garantie alors qu’il ne pouvait pas ignorer que l’appel de garantie est manifestement abusif ou frauduleux. Ces
situations doivent être combinées à une condition sine qua none à savoir : le compte bancaire du donneur d’ordre doit être
débité par le garant ou le contre-garant.
À côté de ces situations, le donneur d’ordre peut poursuivre le garant ou le contre-garant si ce dernier n’a pas respecté ses
instructions. Ainsi par exemple, si le garant ou le contre-garant a accordé une prorogation de la garantie sans l’accord du
donneur d’ordre, ou encore si la garantie a été appelée pour un montant supérieur à celui prévu par le contrat.
La preuve de l’inobservation des instructions doit être rapportée par le donneur d’ordre. Pour se prémunir contre ce recours, le
garant ou le contre-garant peut établir un écrit précisant les différentes instructions en le soumettant à l’approbation du
donneur d’ordre afin de se pré-constituer une preuve.

3. Mise en œuvre
3.1. Vérifier les conditions d’ouverture du recours

Avant d’exercer un recours, il faut vérifier si ses conditions d’ouverture sont remplies. La condition principale réside dans l’
exécution de son engagement par le garant à l’égard du bénéficiaire. C’est cette condition qu’il faut remplir avant de
poursuivre le donneur d’ordre pour le remboursement. Aussi, aucun recours n’est possible avant le paiement de la garantie.

3.2. Prendre des mesures conservatoires

Si le garant a des raisons légitimes de craindre qu’il ne puisse obtenir le remboursement de la part du donneur d’ordre, il peut
prendre des mesures conservatoires de nature à protéger son droit au remboursement. Pour ce faire, il doit saisir le président
du tribunal compétent pour obtenir par exemple une saisie conservatoire. En cas d’urgence, le juge des référés peut ordonner
toute mesure conservatoire que le litige soit ou non engagé devant le juge du fond (CPC, art. 149).

3.3. Vérifier les clauses du contrat de garantie

Afin de pouvoir exercer le recours conformément aux éventuels aménagements contractuels, il est important de vérifier les
clauses du contrat de garantie notamment les clauses relatives au contentieux.
Il n’est pas rare qu’une clause attributive de compétence soit insérée dans le contrat et qui confère la compétence territoriale à
un tribunal déterminé. De même, il faut vérifier la présence probable d’une clause compromissoire qui ôte la compétence aux
juridictions étatiques et impose le recours à l’arbitrage.
Par ailleurs, dans le but de mesurer l’opportunité d’un recours quelconque, il faut vérifier si l’appel de garantie a été conforme
aux modalités contractuelles particulièrement lorsque le contrat exige l’énonciation d’un motif ou la production d’un
document. Egalement, la vérification de la date de l’appel de garantie et son formalisme est de nature à évaluer les chances de
succès d’un recours éventuel.

6 www.lexisma.com
Recours dans le cadre d’une garantie autonome

3.4. Opérer un choix entre le recours personnel et le recours subrogatoire

Le garant peut choisir entre le recours personnel et le recours subrogatoire. Chaque recours a des avantages et des
inconvénients. Le recours subrogatoire permet au garant de se prévaloir des garanties dont disposait le bénéficiaire. Mais son
inconvénient majeur est qu’il permet au donneur d’ordre d’opposer au garant les exceptions tirées du contrat principal. Par
prudence et au vu de l’état actuel du droit positif, il est recommandé d’opter pour le recours personnel.

3.5. Si vous êtes donneur d’ordre, vérifiez si le bénéficiaire a indûment appelé la garantie

Pour que le donneur d’ordre puisse poursuivre le bénéficiaire pour obtenir le remboursement, il doit d’abord rembourser lui-
même le garant ou le contre-garant.
À cette condition préalable, le donneur d’ordre doit pouvoir prouver un grief fondé sur le contrat principal. Il doit pouvoir
établir qu’il a exécuté correctement ses obligations dans le délai convenu, ou que le contrat n’a pas été exécuté à cause d’une
raison inhérente au bénéficiaire, ou encore que le contrat principal est nul. L’appréciation de ces conditions permet de
mesurer l’opportunité d’un recours contre le bénéficiaire.

3.6. Si vous êtes donneur d’ordre, assurez-vous qu’il y a une cause légitime pour agir contre le
garant ou le contre-garant

Lorsque le donneur d’ordre envisage d’exercer un recours contre le garant ou le contre-garant, il doit prouver que son compte
bancaire a été débité par ce dernier et qu’un manquement a été constaté. Pour ce faire, il doit vérifier d’abord si le garant ou le
contre-garant a respecté les instructions qui lui ont été adressées.
Ensuite, si le donneur d’ordre estime que l’appel de garantie est manifestement abusif ou frauduleux, il doit s’assurer que le
garant ou le contre-garant était en mesure de connaître ce caractère et que, malgré cela, il a payé la garantie.
Enfin, la vérification de la date de l’appel de garantie s’impose chaque fois que le donneur d’ordre estime que cet appel a été
fait en dehors de la durée d’efficacité de la garantie autonome.

3.7. Déclarer la créance si le donneur d’ordre est soumis à une procédure collective

Lorsque le garant paye la garantie en faveur du bénéficiaire, il doit déclarer sa créance si le donneur d’ordre est soumis à une
procédure collective. Cette déclaration doit être faite au syndic dans un délai de deux mois conformément aux dispositions de l’
article 720 du Code de commerce. La déclaration doit contenir les mentions obligatoires prévues par l’article 721 du même
Code.

4. Outils
4.1. Check-list

Vérifier que le paiement de la garantie a été correctement réalisé conformément aux instructions du donneur d’ordre
L’auteur du recours doit vérifier si l’appel de garantie a été conforme aux stipulations contractuelles
Examiner les clauses du contrat de garantie pour identifier la juridiction compétente
Déclarer la créance chaque fois que le destinataire du recours en remboursement est soumis à une procédure collective
Le donneur d’ordre doit vérifier s’il y a un grief relatif au contrat principal de nature à justifier un recours contre le
bénéficiaire
Si son compte bancaire a été débité par le garant ou le contre-garant, le donneur d’ordre doit vérifier s’il existe une
raison interdisant à ce dernier de payer la garantie avant de diriger un recours à son encontre
Demander des mesures conservatoires s’il y a une crainte de non-remboursement de la part du destinataire du recours

www.lexisma.com 7
Recours dans le cadre d’une garantie autonome

Auteur

Jamal RBII
Professeur de droit privé - Université Mohammed V de Rabat

Principaux domaines d'expertise

Droit des obligations


Droit du travail
Les principaux contrats de l’entreprise : le bail commercial, les sûretés, les contrats portant sur le fonds de commerce,
le contrat de société, les contrats de distribution, les contrats de consommation
Droits réels et droit foncier
Procédure civile

Formation
Docteur en droit privé de l’Université des Sciences Sociales Toulouse I Capitole

Expérience professionnelle

Depuis 2010 : professeur de droit privé à l’Université Mohammed V de Rabat


2008/2010 : attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche (ATER) à l’Université des Sciences Sociales Toulouse I
Capitole

Bibliographie

« L’obligation de motivation en droit des contrats », thèse de doctorat (Toulouse 1 Capitole) sous la direction de M.
Louis Rozès reproduite en microfiche (2009, 590 pages) : Réf ANRT : 61287
« L’acte unilatéral réceptice », in Métamorphoses de l’acte juridique, (sous dir.) M. Nicod : LGDJ 2011, p. 87
« Le plafonnement du loyer révisé en matière de bail commercial » : Revue marocaine de droit, numéro spécial 3, 2011,
p. 130
« La condition suspensive d’obtention d’un prêt dans les promesses de vente immobilière » : REMALD, n° 108, janv.-
févr. 2013, p. 113
« Le droit de rétractation dans la loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur » : Ouvrage collectif
sous la direction de M. Riad Fakhri, Publication de la FSJES de Settat, Ennajah El Jadida, 2013, p. 5
« Le recours au contrat de travail à durée déterminée. À propos de l’arrêt de la chambre sociale du 15 septembre
2011 » : REMALD n° 111, juillet-août 2013, p. 193
« Le financement des projets de partenariat public-privé par le mécanisme de la cession de créance », in Vers un cadre
juridique des contrats de PPP au Maroc : éd. Bouregreg, 2014, p. 97
« Le sort de la démission signée par le salarié pendant sa garde à vue suite à une plainte de son employeur. À propos de
l’arrêt de la chambre sociale n° 1244 du 26 septembre 2013 » : REMALD, n° 119, nov.-déc. 2014, p. 341
« À quel moment faut-il se placer pour calculer le délai de 48 heures pour la notification du licenciement
disciplinaire ? » : REMALD, n° 122, 2015
« L’incidence de la maladie du salarié survenue pendant le congé annuel payé » : REMALD, n° 122, 2015
« La loi n° 78-12 modifiant et complétant la loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes » : Revue Droit et stratégie des
affaires au Maroc, n° 5, sept. 2015, act. 12
« Le droit à l’exécution forcée en nature » : Revue marocaine de droit, d'économie et de gestion (revue de la FSJES de
Casablanca), n° 54, 2016, p. 83
« L’abus de faiblesse et d’ignorance dans la loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur », in La
protection juridique du consommateur : Laboratoire Droit et société, Faculté de droit d'Agadir (série Colloques), 2016,
p. 1
« Les banques participatives au Maroc » (avec le professeur A. Allali) : The MENA Business Law Review, n° 2, 2016

8 www.lexisma.com
Recours dans le cadre d’une garantie autonome

« Les banques participatives au Maroc » (avec le professeur A. Allali) : The MENA Business Law Review, n° 2, 2016
« L’Homme du DOC », in Les changements économiques et leurs impacts sur le dahir des obligations et des contrats :
éd. RabatNet, 2016, p. 31
« Loi n° 19-12 fixant les conditions d’emploi et de travail des travailleurs domestiques » : Revue Droit et stratégie des
affaires au Maroc, n° 6, nov.-déc. 2016, 6
« Le contrat de travail des salariés étrangers au Maroc » : The MENA Business Law Review, n° 2, 2017, p. 49
« La loi n° 98-15 : l'assurance maladie obligatoire (AMO) des travailleurs indépendants » : Revue Droit et stratégie des
affaires au Maroc, n° 4, juill. 2017, act. 12
« L’immutabilité des motifs du licenciement disciplinaire » : REMALD, n° 137, 2017, p. 5
« La loi 73-17 réformant le livre V du Code de commerce relatif aux difficultés de l’entreprise » : Revue Droit et
stratégie des affaires au Maroc, n° 1, juill. 2018, étude, p. 24
« La protection du consommateur par le délai de réflexion » : REMALD, n° 142, 2018, p. 17
« La protection du consommateur par le délai de réflexion » : REMALD, n° 142, 2018, p. 17

www.lexisma.com 9

Vous aimerez peut-être aussi