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UNIVERSITÉ MOHAMED V

– RABAT –
FACULTÉ DES SCIENCES JURIDIQUES,
ÉCONOMIQUES ET SOCIALES SOUISSI

Master spécialisé juriste d’affaires (M2)


Semestre 3
Module : Droit foncier
Thème :
Le rôle du conservateur pendant et après
l'immatriculation et la création du titre foncier.
Préparé par :
SECK SERIGNE MODOU
COULIBALIY TIEMOKO Pr. BENTAHAR Mustapha
SALMA BENHADOU

Année universitaire :2023/2024


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Sommaire

Partie 1 : le conservateur de la propriété foncière, une institution centrale et


omniprésente dans le processus d’immatriculation foncière

Chapitre 1 : le conservateur de la propriété foncière, une institution


indispensable et omniprésente dans la procédure d’immatriculation

Chapitre 2 : le rôle central du conservateur dans la conception du titre foncier

Partie 2 : Les attributions du conservateur foncier dans les opérations afférentes


au titre foncier

Chapitre 1 : Les pouvoirs de contrôle du conservateur en matière d’inscription

Chapitre 2 : le rôle du conservateur en matière de radiation et dans certains cas


particuliers d’inscription

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Introduction

« La possession immobilière est perçue comme une


assurance de premier ordre, un facteur d’estime sociale et
un investissement sans risque. C’est une source de richesse
et un respect ancestral envers la terre qui abrite les
hommes1.»
Tout développement passe par une stabilité sociale et un climat de développement économique
favorable2. Partout dans le monde, le régime foncier joue un rôle prépondérant dans l'essor de
l'activité économique. Le régime foncier fait référence aux conditions dans lesquelles des terres
et des ressources naturelles foncières sont occupées, accessibles, utilisées, gérées et protégées,
par qui, pour quelle durée, dans quel but, de quelle manière et avec quelles responsabilités3. La
terre est une ressource indispensable pour mener à bien le développement économique des pays.
Elle est aussi le contour des relations sociales et l’enceinte des droits sur la terre. La sécurisation
de ces droits réels fonciers est une étape cruciale dans le maintien de la paix sociale et dans la
préparation de l’assiette foncière pour la réalisation des différents projets de développement4.
Ainsi, la possession immobilière constitue une source de richesse et une condition essentielle
pour la réussite de tout investissement. Elle constitue dés lors, un point d’attractivité du
législateur marocain qui l’a organisé selon les spécificités de la société, mais dans le but
d’établir une sécurisation des opérations foncières, par conséquent mener un essor économique
considérable5.
Au Maroc à la veille de l’indépendance, la situation foncière s’est confrontée à une diversité
des statuts de terres, aussi à un double régime foncier fondé d’une part sur le droit musulman
pour les propriétés non immatriculées et sur le régime facultatif d’immatriculation des
immeubles par leur inscription sur le livre foncier. Dans le cadre de cette étude, c’est le dernier
qui nous intéresse donc le régime d’immatriculation foncière ou le régime des livres fonciers
qui joue un rôle primordial en matière de la sécurisation de la propriété foncière et la
stabilisation des transactions immobilières.
Ainsi, au Maroc, afin d'assurer les souhaits des propriétaires, les autorités de tutelles ont instauré
l’Agence nationale de la conservation foncière du cadastre et de la cartographie (ANCFCC).

1
M. M’Hassni, M. Feljy, H. Khalali, Le Système foncier au Maroc : une sécurité et un facteur de développement
durable, TS1 Urbain-Rural Relationship in Land Management, 2nd FIG Regional Conference, Marrakech,
Morocco, December 2-5, 2003
2
ID-RAIS Abderrahim, SEMLALI EL Hassan, ETTARID Mohamed, EL IDRISSI Abdelwahed, Sécurisation foncière en
Afrique Les cas du Maroc, la Tunisie et le Rwanda, African Journal on Land Policy and Geospatial Sciences, Vol.3
No.1 (May 2020), P2
https://revues.imist.ma/index.php/AJLP-GS/article/view/18230/
3
Brent Swallow, SÉCURITÉ FONCIÈRE : POURQUOI EST-ELLE SI IMPORTANTE ?, JSTOR,2021,
https://www.jstor.org/
4
Kaoutar BERJAOUI, Fondements juridiques de la responsabilité du conservateur de la
propriété foncière au Maroc, p1. Disponible sur : https://academia-arabia.com/
5
Mounia RHOMRI MOUNIR, L’impact du régime foncier Sur l’investissement Au Maroc,
RERJ- n°3, 2019, p1

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L’agence est un établissement public, doté de la personnalité morale et de l’autonomie
financière, placée sous la tutelle du ministère chargé de l’Agriculture. Elle est régie par la loi
n°58-00 portant création de l’ANCFCC. Cette dernière a pour mission principale d’exercer au
profit de l’Etat, les attributions reconnues par la législation et la réglementation en vigueur la
puissance publique en matière d’immatriculation de la propriété foncière, de cadastre et de
cartographie. Son directeur est nommé par Dahir. Son organigramme englobe les conservations
foncières décentralisées relevant toutes de l'agence centrale.
A la tête de chaque conservation foncière au Maroc se trouve un agent public appelé
conservateur de la propriété foncière dont les attributions sont fixées par l'article 4 de l'arrêté
viziriel du 4 juin 1915, et il est nommé par arrêté du ministre de l'agriculture en vertu de la loi
14-07 dans son article 9 :
« Il est nommé dans le ressort de chaque préfecture ou province un ou plusieurs conservateurs
de la propriété foncière. Le conservateur de la propriété foncière est chargé de la tenue du
registre foncier relatif à la circonscription relevant de sa compétence territoriale et de
l'exécution des formalités et des procédures prescrites pour l'immatriculation foncière ».
A côté du conservateur foncier il y a le conservateur général résidant à Rabat, dont le rôle et les
attributions sont fixés par le dahir du 29 décembre 1953 (B.O du 12 février 1954), abrogeant,
le dahir du 24 juin 1942, assure l'unité de doctrine administrative dans l'application des textes
relatifs au régime foncier de l'immatriculation.
A cet effet :
-Il contrôle les conservateurs dans l'exercice de leurs fonctions, telles qu'elles ont été énumérées
à l'article 4 de l'arrêté viziriel du 4 juin 1915;
- Il donne aux conservateurs, qui doivent lui soumettre toutes les questions et affaires
importantes nécessitant une décision de principe, toutes instructions générales ou particulières
;
-Il peut évoquer, aux fins de décision, toutes affaires d'immatriculation ou d'opérations
subséquentes, soit d'office à la requête des intéressées.
S’il est vrai que ces institutions sont les principaux intervenants dans la mise en œuvre du droit
foncier marocain, il va sans dire que celui qui joue le rôle fondamental dans la garantie de la
sécurité foncière est le conservateur de la propriété foncière puisque la procédure
d’immatriculation est placée sous son autorité donc, chargé de la rédaction des titres de
propriété et de l’inscription de ces titres dans des registres fonciers. Ainsi il est habilité à
intervenir durant toute le processus de l’immatriculation et la conception du titre foncier sans
omettre son omniprésence dans les opérations d’inscription sur le titre foncier ainsi que ses
missions tenant à la publication des droits réels et les charges foncières qui grèvent la propriété,
la conservation des archives et les documents fonciers et enfin à la communication des
renseignements fonciers au public.
Eu égard à la pluralité des missions du conservateur foncier la question qu’il convient
néanmoins de poser est : quels sont les principaux rôles du conservateur dans la mise en œuvre
du titre foncier et les opérations y afférentes à même de garantir la sécurité foncière au Maroc
?

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Pour mieux cerner le sujet, nous allons suivre une méthodologie qui traite notre thématique
selon deux partie :
Nous exposerons, dans un premier lieu, les différentes phases d’intervention du conservateur
foncier dans le processus d’immatriculation allant de l’introduction de la réquisition
d’immatriculation à l’établissement du titre de propriété(partie1). Dans la deuxième partie, nous
présenterons les attributions du conservateur après l’établissement du titre foncier(partie2).

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Partie 1 : le conservateur de la propriété foncière, une institution
centrale et omniprésente dans le processus d’immatriculation
foncière
Le conservateur foncier est le chef d’orchestre de la procédure d’immatriculation des
immeubles par la loi 14-076. En effet, le conservateur de la propriété foncière est chargé de
plusieurs missions, il veille au déroulement rapide de la procédure d’immatriculation foncière,
aux inscriptions des actes et droits que la loi soumet à la publicité et aux radiations
correspondantes. Nous constaterons une omniprésence du conservateur tout au long de la
procédure d’immatriculation aboutissant à l’établissement du titre foncier.

Chapitre 1 : le conservateur de la propriété foncière, une institution


indispensable et omniprésente dans la procédure d’immatriculation
Le conservateur de la propriété foncière est chargé de la tenue du registre foncier relatif à la
circonscription relevant de sa compétence territoriale et de l’exécution des formalités et des
procédures prescrites pour l’immatriculation foncière7.
Le conservateur foncier joue un rôle capital pour les immeubles en cours d’immatriculation que
ça soit du dépôt de la réquisition près de lui , la délivrance d’un récépissé , des vérifications a
effectuées , il s’assure de l’exactitude des informations fournies par les requérants , procéder à
une large publicité , prévoir la date et heure du bornage , récit les oppositions et procède à une
conciliation entre les parties présentes , enregistrer les droits réels sur le bien , publication d’un
avis de clôture de bornage. Nous retiendrons donc le rôle joué par le conservateur foncier dans
la réquisition d’immatriculation, l’exécution des opérations de bornages, le procès-verbal du
bornage, les oppositions.
-Le rôle du conservateur dans la réquisition de l’immatriculation
La procédure d’immatriculation est suivie par le conservateur foncier. Le dépôt d’une
réquisition est fait auprès de l’autorité de la conservation foncière. Le conservateur foncier
s’assure de l’exactitude des informations données par le requérant. Il relevé que le dépôt d’une
réquisition demande une certaine information de la part du requérant dont le conservateur
foncier suit l’exactitude. Le dépôt d’une réquisition donne lieu à la délivrance d’un récépicé de
la part du conservateur. Le principe qui domine l’organisation de la procédure est celui d’une
large publicité ayant pour but de permettre à tous les droits prétendus ou régulièrement
constitués sur l’immeuble de se révéler. Outre la publication au bulletin officiel, le conservateur
doit adresser, des exemplaires de l’extrait de la réquisition et de l’avis de bornage avec accusé
de réception, vingt jours avant la date fixée pour le bornage, au président du tribunal de première
instance, au représentant de l'autorité locale et au président du conseil communal du territoire
où se situe l’immeuble concerné.
Plusieurs propriétaires peuvent convenir de provoquer l'immatriculation simultanée de leurs
immeubles si ces derniers sont contigus ou simplement séparés par des portions du domaine
public. Le conservateur de la propriété foncière saisi de cette demande donne aux réquisitions
d’immatriculation conjointes la suite ordinaire, en ayant soin, toutefois, de les maintenir

6
Fatma afkir, les décisions du conservateur de la propriété foncière a la lumière de l’article 37 et 96 bis de la loi
14-07, Maroc droit
7
Article 9 de la loi 14-07

6|Page
rigoureusement au même point d’avancement : les publications prévues sont faites en même
temps ; les opérations de bornage sont fixées à une même date et confiées à son délégué, qui y
procédera en une seule fois ou autant de fois consécutives qu’il sera nécessaire. Le conservateur
de la propriété foncière saisit en même temps, s’il y a lieu, le tribunal de première instance, en
la forme prescrite à prescrite par la loi, des dossiers des réquisitions d’immatriculation
conjointes ayant donné lieu à des oppositions et établit des titres fonciers conjointement pour
celles non grevées d’oppositions8. Le conservateur foncier fixe la date et l’heure du bornage.
-L’exécution des opérations de bornage
Le conservateur de la propriété foncière dirige les opérations de bornage dont l’exécution est
déléguée à un ingénieur géomètre topographe assermenté du cadastre, inscrit au tableau de
l’ordre national des ingénieurs géomètres topographes. L’ingénieur géomètre topographe
délégué procède au bornage, sous sa responsabilité, en présence du requérant. Le conservateur
de la propriété foncière convoque personnellement à cette opération soit par un agent de la
conservation foncière, soit par la poste, sous pli recommandé, soit par l’intermédiaire de
l’autorité locale soit par n’importe quel autre moyen de notification aux requérants, aux
riverains, aux intervenants et les titulaires de droits réels et charges foncières9 .
Un procès- verbal de bornage est dressé par le topographe délégué du conservateur auquel sont
annexés le plan de bornage provisoire et les pièces produites par les parties. Le conservateur
une fois en possession du procès-verbal de bornage et après contrôle de ses énonciations, doit
dans les quatre mois qui suivent le bornage publier au bulletin officiel un avis de clôture de
bornage, qui fixe le point de départ du délai de deux mois pendant lequel les oppositions
pourront encore être reçues. Une fois le plan de bornage reçu et à condition que le procès-verbal
atteste de la réalisation des opérations requises selon l'article 21, le conservateur procède à la
publication d'un avis de clôture de bornage dans le Bulletin Officiel. De plus, cet avis est affiché
aux sièges du Tribunal de Première Instance, de l'autorité locale et du conseil communal dans
la zone où se situe la propriété concernée.
-Le rôle joué par le conservateur dans la procédure d’opposition
Le conservateur de la propriété foncière reçoit les oppositions formées contre les réquisitions
d’immatriculations. Il en réfère aux requérants dans un bref délai. Notons également que le
conservateur de la propriété foncière peut scinder la réquisition d’immatriculation et établir un
titre foncier pour la partie de la propriété non contestée après le bornage complémentaire.
Pendant tout le cours de la procédure et tant que le dossier n’a pas été transmis au tribunal le
conservateur de la propriété foncière a le pouvoir de concilier les parties et de dresser procès-
verbal de conciliation signée par les intéresses. Les conventions des parties insérées ont ce
procès-verbal eu force d’obligation privée.
La décision appartient, dans tous les cas au conservateur suivant que le conservateur prononce
l’immatriculation ou la refuse, sa décision présente des particularités : le conservateur prononce
l’immatriculation après clôture de la procédure, quand il a constaté d’une part, que cette
procédure a été régulièrement suivie et n’a pas été entachée de clandestinité et d’autre part, que
le contentieux est éteint. La décision d’immatriculation n’a pas à être motivée, elle n’a pas été

8
Article 16 de la loi 14-07
9
Article 18 de la loi 14-07

7|Page
susceptible de recours, elle ne met en jeu la responsabilité du conservateur que pour dol ou faute
lourde, ce qui est le droit commun de la responsabilité des fonctionnaires10.
Le conservateur refuse l’immatriculation quand il constate l’irrégularité de la demande ou
l’insuffisance des titres. Le refus peut intervenir à tout moment de la procédure, il doit être
motivé, il est susceptible de recours devant le tribunal de 1ere instance.
Dans les trois mois qui suivent l ’ expiration du délai d ’ opposition, le conservateur de la
propriété foncière procède à l’immatriculation de l’immeuble après s’être assuré de
l’accomplissement de toutes les formalités prévues par la présente loi, de la régularité de la
demande, que les documents produits sont suffisants et qu’aucune opposition n ’ a été formulée.
Par ailleurs, il faut noter les différentes missions assignées au conservateur en matière
d’immatriculation rime avec une grande responsabilité. De ce fait, la moindre erreur de sa part
peut mettre en cause sa responsabilité. D’ailleurs, dans la jurisprudence immobilière, on
trouve ainsi des décisions sur la responsabilité du conservateur en matière d’approbation ou
de rejet de l’immatriculation d’un bien. En effet, si la décision du conservateur est définitive
et insusceptible de recours, sa responsabilité peut être engagée en cas de faute grave et si elle
cause un dommage à autrui.
Ainsi à titre d’exemple dans l’affaire « Zoubair11 », le conservateur a été condamné à verser des
indemnités au demandeur d’une immatriculation après fixation par un expert des dommages
subis par le requérant. Dans ce cas d’espèces, le conservateur avait permis l’immatriculation du
bien au profit d’un tiers qui avait commis des falsifications de documents au détriment du
demandeur propriétaire légitime.
Autre composante du contentieux de l’immatriculation, celui de la purge juridique;
l’immatriculation donne lieu en effet à l’établissement d’un titre inscrit sur un livre foncier et
purge tout droit antérieur qui n’y serait pas mentionné. Ce qui soulève des difficultés lorsque
l’immatriculation a été effectuée par des manœuvres dolosives à l’encontre de propriétaires «
fragiles », mineurs ou incapables par exemple, ou simples héritiers dans de nombreux cas.
On peut citer à titre d’exemple l’affaire dite des « héritiers Zerhani Houcine Ben Anibarek12».
La cour a rejeté l’inscription de droits successoraux nés avant l’établissement du titre foncier.
Monsieur Houcine, copropriétaire, oncle et tuteur de ses neveux, avait fait immatriculer
l’ensemble d’un terrain à son nom seulement, alors que la moitié appartenait à ses neveux
héritiers de leur père décédé. Cet arrêt nous montre que la purge des droits antérieurs produit
des effets même à l’égard de mineurs ou d’incapables et ne comporte pas de restriction si le
droit du mineur ou de l’incapable n’a pas été défendu préalablement à l’immatriculation. La
Cour suprême aborde dans le même sens: « Le titre de propriété est définitif et inattaquable, et
aucun recours ne peut être exercé sur l’immeuble à raison d’un droit lésé par suite d’une
immatriculation13. »

10
Article 80 du DOC
11
Décision rendue par le tribunal de Première instance de Témara en 1992 et confirmée par la
cour d’appel de Rabat en 1994.
12
Arrêt de la cour d’appel de Rabat du 29 avril 1950.
13
Décision du 25 juillet 2001.
8|Page
Chapitre 2 : le rôle central du conservateur dans la conception du titre
foncier
Il va sans dire, qu’en droit marocaine, la décision d’immatriculation et la confection du titre
foncier, sont l’œuvre exclusive du conservateur.
L'immatriculation donne lieu à l'établissement du titre foncier. Lorsque le conservateur décide
l'immatriculation, il dépose immédiatement le dossier de la procédure au registre de dépôt,
registre ou le conservateur constate par numéro d'ordre au fur et à mesure qu'elles s'effectuent,
outre les immatriculations, les réquisitions de formalités subséquentes...et les remises de pièces
qui lui sont faites pour opérer ces formalités14.
Le registre de dépôt assigne un numéro, à la suite, à chaque immatriculation. C'est sous ce
numéro et sous le nom que le requérant a donné à l'immeuble, à la réquisition d'immatriculation,
que le titre foncier va être établi. Ce numéro et ce nom seront les principales caractéristiques de
l'immeuble. C'est sur l'immeuble ainsi individualisé que va être réalisée la publicité du droit de
propriété, de ses transferts et de ses démembrements. Après le dépôt, le conservateur rédige le
titre foncier sur un cahier. L'article 52 du dahir indique ce que doit comporter le titre foncier :
- La description détaillée de l'immeuble avec ses limites, ses tenants et aboutissants, sa nature
et sa contenance.
- l'indication du domicile et de l'état civil du propriétaire.
- Les droits réels existant sur l'immeuble.
Le plan de l'immeuble est annexé au titre, le titre reste déposé dans les archives de la
conservation. Il est enliassé dans les livres fonciers, dans l'ordre que lui assigne son numéro.
Un duplicata de ce titre, dont la conformité avec l'original est certifiée par le conservateur, est
remis au propriétaire ou à l'un des copropriétaires lorsque l'immeuble appartient à plusieurs
dans l'indivision.
Ainsi, toute personne sans avoir à justifier d'un intérêt, peut emprunter des livres fonciers les
renseignements qu'ils contiennent, soit par consultation à l'agence foncière, soit par réquisition
adressée au conservateur de délivrer une copie de la totalité ou de partie d'un titre foncier, ou
encore un certificat des droits réels et charges foncières inscrits sur le titre.
L’ensemble des titres fonciers appelés aussi titres de propriétés forment ce qu’on appelle « le
titre foncier », ce dernier reflète la situation juridique intégrale des immeubles, tant au point de
vue de la propriété que des droits réels qui grèvent.
Lorsqu’un immeuble est divisé par suite de partage ou autrement, il est procèdé au bornage de
chacun des lots par un ingénieur géomètre topographe assermenté du cadastre, inscrit au tableau
de l’ordre national des ingénieurs géomètres topographes, qui rapporte cette opération sur le
plan. Il est établi un titre et un plan distincts pour chacune des divisions de l’immeuble.
Le titre foncier originel peut être maintenu pour la portion de l’immeuble restant entre les mains
du propriétaire. Dans ce cas, le conservateur de la propriété́ foncière y inscrit toute mention
utile et rectifie le plan en conséquence.

14
article 76 code foncier
9|Page
Lorsque le titre foncier est établi, ou qu’un droit réel y est inscrit au nom d’un mineur ou d’un
incapable, l’âge du mineur ou la nature de l’incapacité́ sont indiquées sur le titre foncier.
Lorsque l’état de minorité́ ou d’incapacité́ a pris fin, le mineur devenu majeur ou l’incapable
devenu capable, peut obtenir, à cet effet, la rectification de son titre foncier.
Le propriétaire, à l’exclusion de tous autres, a le droit d’obtenir un duplicata du titre foncier et
du plan qui y est annexé. Le conservateur de la propriété́ foncière en certifie l’authenticité́ en y
apposant sa signature et le cachet de la conservation foncière. En cas d’indivision, il n’est
délivré qu’un seul duplicata au copropriétaire mandaté à cet effet
Toute mention inscrite par le conservateur de la propriété́ foncière sur le titre foncier est
reproduite par lui sur le duplicata qui lui est présenté́. Il certifie la conformité́ du duplicata avec
le titre foncier.
Le conservateur de la propriété́ foncière délivre, lorsqu’il en est requis, un état général ou
spécial des mentions inscrites sur le titre foncier, et des copies des documents déposés.
Mais en cas de perte, de vol ou de destruction du duplicata du titre foncier ou d’un certificat
spécial d’inscription, le titulaire doit présenter au conservateur de la propriété́ foncière les
pièces justificatives et faire une déclaration contenant son identité́, les circonstances de la perte,
du vol ou de la destruction et tous les renseignements qu’il possède de l’affaire.
Le conservateur de la propriété́ foncière peut, si la déclaration lui paraît sincère, délivrer à
l’intéressé́ un nouveau duplicata du titre foncier ou une copie du certificat spécial d’inscription,
quinze jours après publication d’un avis à cet effet au « Bulletin officiel ».
Cependant, il est seul compétent pour prononcer une décision de refus de l’immatriculation
d’un bien, ainsi que le refus de l’inscription d’un droit réel ou sa radiation. Ses décisions sont
par excellence des décisions administratives qui sont soumises à un contrôle juridictionnel
administratif exceptionnellement exercé par les juridictions civiles.

10 | P a g e
Partie 2 : Les attributions du conservateur foncier dans les
opérations afférentes au titre foncier
Après l’établissement du titre de propriété le conservateur assure des missions importantes
quant aux inscriptions et mises à jour continues sur le titre foncier. Cela inclut l'enregistrement
des changements de propriété, des droits réels, des hypothèques et des radiations entre autres.
Dans cette partie seront exposés les pouvoirs de contrôle du conservateur en matière
d’inscription (chapitre 1), chemin faisant nous nous attèlerons à mettre la lumière sur ses
pouvoirs de contrôle dans les cas particuliers d’inscription et en matière de radiation (chapitre
2).

Chapitre 1 : Les pouvoirs de contrôle du conservateur en matière


d’inscription
En règle générale, toute inscription doit être requise, le conservateur n'y procède jamais d'office,
et ce qui est à inscrire sur les livres fonciers est strictement réglementé. Le conservateur joue
un rôle très important à ce stade, il ne consiste pas à recevoir des documents et à les classer,
mais doit analyser les pièces qui lui sont soumises et en extraire ce qu'il doit inscrire.
L'inscription peut se définir comme un fait juridique, condition nécessaire de toute création,
aliénation ou modification de droit réel immobilier, consistant en la mention sur le titre foncier
du droit que l'examen du conservateur a révélé non suspect. Il s'agit essentiellement des
inscriptions opérées postérieurement à l'établissement du titre foncier au cours de la vie
juridique de l'immeuble immatriculé.
Les droits pouvant être inscrits sont déterminés par la loi à l’article 65 de la loi 14-07. Ce sont
donc :tous faits, dispositions et conventions entre vifs, à titre gratuit ou à titre onéreux, tous
procès-verbaux et ordonnances de saisie immobilière, tous jugements passés en force de chose
jugée ayant pour objet de constituer, transmettre aux tiers, reconnaître, modifier ou éteindre un
droit réel immobilier, ainsi que tous baux d'immeubles excédant trois années, toute quittance
ou cession d'une somme équivalente à plus d'une année de loyers non échus, doivent être rendus
publics par une inscription sur le titre foncier.
De même, à s’en tenir aux dispositions de la loi susmentionnée, tout droit réel relatif à un
immeuble immatriculé n’existe, à l'égard des tiers, que par le fait et du jour de son inscription
sur le titre foncier par le conservateur de la propriété foncière15. Toutefois, l'annulation de cette
inscription ne peut, en aucun cas, être opposée au tiers de bonne foi.
Toute personne demandant une inscription, mention ou prénotation sur le titre foncier, doit
déposer auprès du conservateur de la propriété foncière une réquisition datée et signée par ses
soins ou par le conservateur dans le cas où elle ne saurait ou ne pourrait signer16.
Dans le cas ou les documents produits sont rédigés en langue étrangère le conservateur de la
propriété foncière peut demander la traduction de ces documents par un traducteur
assermenté17.

15
Art 66 de la loi 14-07
16
Article 69 de la loi 14-07
17
Article 71

11 | P a g e
Les inscriptions sont effectuées au moyen d'énonciations sommaires, portant date certaine et
signées par le conservateur, sous peine de nullité18.
En matière d’inscription l’intervention du conservateur foncier est primordiales puisque ce
dernier est vu comme garant de la sécurité foncière. A cet égard, le conservateur procède à des
contrôles avant l’inscription et pendant l’inscription.
En ce qui concerne les vérifications avant l'inscription le Conservateur est tenu, sous sa
responsabilité d'effectuer un certain nombre de vérifications19.
Le conservateur est d'abord tenu de vérifier la régularité des actes qui lui sont soumis aux fins
de mentions sur les livres fonciers. Cependant, il est à noter que le Conservateur n'est pas à
même de déceler toutes les anomalies pouvant affecter un acte. S'il s'agit d'acte authentique, la
responsabilité de la régularité de ce dernier incombe au notaire ; le Conservateur n'en vérifiera
que la forme, notamment la signature du notaire. En cas d'actes sous-seing privé, le
Conservateur est tenu de vérifier les signatures et l'identité et la capacité des parties.
Il doit d'abord vérifier l'identité du disposant (dans le cas de la vente, c'est le vendeur), parce
que c'est justement ce dernier qui figure sur le titre foncier en tant que propriétaire. Le
conservateur va donc vérifier que les deux noms sont identiques.
Pour la vérification de l'identité des personnes physiques ne demande pas beaucoup d'efforts,
car il suffit de lire sur les cartes d'identité puis comparer mais pour les personnes morales, la
tâche n'est pas aussi facile. Le Conservateur doit alors vérifier l'identité du représentant de la
personne morale et voir s'il est habilité à céder les biens de celle-ci. Or, il existe une variété de
sociétés où les attributions des représentants sont différentes d'une société à une autre. Pour dire
finalement que le Conservateur doit nécessairement avoir une connaissance juridique assez
approfondie en la matière. Si par exemple il s'agit de société anonyme, il faut d'emblée savoir
est-ce qu'il s'agit d'une S.A avec un conseil d'administration ou au contraire il s'agit d'une S.A
avec un directoire et un conseil de surveillance ; car s'il s'agit du dernier cas, le Directeur général
doit, pour céder un bien de la société, avoir d'abord l'autorisation du conseil de surveillance.
Cela d'une part, mais d'autre part, le problème pourrait être plus important, notamment lorsqu'on
sait que les représentants des sociétés peuvent changer à tout moment. C'est donc pour cela que
le Conservateur exige qu'on lui présente une copie récente du registre de commerce.
Le Conservateur est tenu également de vérifier si la chaîne des différents propriétaires qui se
sont succédés au fil du temps n'a pas été rompue. On l'appelle d'ailleurs le principe de la
continuité des inscriptions. C'est l'exemple notamment de l'héritier qui n'a pas déposé son acte
d'héritage à la conservation, pour que son nom soit porté sur le titre foncier, et qui malgré cela
procède à la vente du bien dont il a hérité ; comment le Conservateur pourrait procéder à
l'inscription de l'acte qui porte le nom de l'héritier, alors que le titre foncier mentionne encore
le nom du de cujus.
Le Conservateur doit également vérifier les dates des demandes d'inscription. A cet égard il faut
préciser que tous les actes susceptibles d'être inscrits, doivent d'abord être inscrits sur un registre
appelé "Registre des dépôts"20, pour que justement il leur soit donné une date et un numéro.

18
Art 75 de la loi14-07
19
article 72 de la loi 14-07
20
Art 76 de la loi 14-07

12 | P a g e
L'intérêt à travers cette démarche est de procéder aux inscriptions en fonction de ces dates, c'est-
à-dire que le premier acte qui a été inscrit sur le registre de dépôt sera le premier à être inscrit
sur le titre foncier. C'est le cas notamment lorsqu'en une même journée plusieurs actes ont été
déposés aux fins d'inscription, comme le cas d'une pluralité d'hypothèques.
Toutefois, si deux actes ont été déposés en même temps, le Conservateur en fait mention au
registre des dépôts et les actes seront ainsi "inscrits en concurrence"21 (ex: deux contrats
d'hypothèque portant sur le même immeuble). Cependant, lorsque qu'il s'agit par exemple de
deux actes de vente qui portent sur un seul et même immeuble et qui sont déposés en même
temps, le Conservateur les refusera tous les deux, parce que chacun des deux actes porte
exclusivement sur un droit qui ne peut faire l'objet d'un autre acte en même temps22.
Là, s'arrête l'obligation de vérification du Conservateur. Car, concernant la régularité de l'acte
en ce qui concerne le fonds, il pourra notamment relever quelques nullités absolues, comme la
vente d'un immeuble agricole à un étranger sans autorisation, mais il lui sera difficile de relever
des nullités relatives, comme par exemple celles résultant d'un consentement vicié.
En outre, pendant l'inscription et au moment de passer à la phase d'inscription le Conservateur
doit d'abord choisir, sur l'acte qui lui est soumis, les mentions qui doivent figurées sur le titre
foncier. Le Conservateur n'inscrit pas tous les renseignements figurant sur l'acte. Il doit donc
en choisir quelques-uns devant être mentionnés sur le titre foncier. A cet égard l’article 74 de
la loi 14-07 prévoit que : « le conservateur de la propriété foncière est tenu de s’assurer que
l’inscription, objet de la réquisition, n’est pas en opposition avec les énonciations du titre
foncier et les dispositions de la présente loi et que les pièces produites autorisent l’inscription.
A ce niveau, le Conservateur doit faire très attention, surtout à l'égard de certaines clauses
figurant sur les contrats, comme le cas des clauses résolutoires ou restrictives de disposer.
Celles-ci doivent être portées sur le titre foncier, pour justement avertir les tiers de leur
existence, car seules les inscriptions figurant sur le titre foncier sont opposables aux tiers;
l'acquéreur d'un bien doit en être averti. (Ex: en cas de vente d'un bien par l'Etat, le contrat de
vente peut contenir une clause résolutoire, ou une clause de valorisation, etc.).
Le Conservateur se trouve ainsi tenu, sous sa responsabilité, de déceler les clauses devant
absolument être mentionnées sur le titre foncier. C’est effectivement en ce sens s’inscrit la
décision du tribunal de première instance de Rabat en date du 01/04/1992 concernant le dossier
n°90/22.
Les faits peuvent être récapitulés en ce que le demandeur, M. Zoubir Khalid a acheté un bien
immobilier dont le titre foncier porte le n° 45566 et dont la superficie est de 450m² de M. Zoubir
Abderrahim après avoir connu plusieurs aliénations.
Ledit titre est extrait du titre mère n° 19553 mais après avoir immatriculé cet achat, le
propriétaire a découvert que d’autres personnes y ont construit des bâtiments. Il s’est alors
retourné vers le Conservateur de Temara. Ce dernier a ordonné qu’on établisse une nouvelle
délimitation du morceau de terrain appartenant au demandeur.
Il a été établi, par la suite, du rapport réalisé les services topographiques en date du 10/03/1990
qu’un autre titre foncier a été créé pour ledit morceau de terre sous le n°74383 puisque le

21
Article 76 de la loi 14-07
22
ibidem

13 | P a g e
propriétaire originaire de l’ensemble du titre foncier mère avait offert en donation au fils de
Madame Almassi Debergean un morceau de terre dont la superficie est fixée à 360m² réduite
dudit titre foncier précité. Le contrat de donation ne mentionne ni les limites de ce morceau de
terre ni sa localisation. Le Conservateur avait donc établi un nouveau titre foncier en réduisant
la superficie de 360m² du titre foncier n°45566.
Le demandeur voulait alors, en s’adressant au Conservateur de Temara, qu’il radie le titre
foncier n°74383. Ce dernier a déclaré que l’opération de délimitation a mis en évidence que la
superficie du bien immobilier du demandeur est de 90m² au lieu de 450m² inclue dans le titre
foncier ainsi présenté.
Le demandeur avait présenté une requête de radiation du titre foncier n°73483 et éventuellement
obliger le Conservateur à lui verser une indemnité après avoir évalué, à l’aide d’un expert, le
dommage subi à l’occasion de sa privation de sa propriété en raison de la faute professionnelle
du Conservateur.
Le tribunal de première instance avait statué que le demandeur avait droit seulement à des
dommages-intérêts en considérant que le Conservateur Foncier était responsable du dommage
et dès lors qu’il devait verser à la partie lésée la somme de 76500.00 de dirhams. La base de
cette décision est le fait que le Conservateur a bien commis une faute lourde en établissant un
titre foncier pour un morceau de terre ayant déjà un autre et qu’il devait automatiquement
vérifier que la superficie concernée ne faisait pas encore l’objet d’un titre foncier existant ; un
bien immobilier ne peut avoir qu’un seul titre foncier.
Cette décision a été confirmée par la Cour d’appel de Rabat en date du 08/03/1994 dans le
dossier n°92/4175
Ainsi, le Conservateur peut rejeter toute demande d'inscription qui lui paraît irrégulière ou dont
le dossier est incomplet.
Il n'hésitera donc pas à le faire puisqu'il engage sa propre responsabilité.
Les décisions de rejet qui émanent du Conservateur peuvent faire l'objet de recours. Ainsi, le
demandeur dispose d'abord d'un recours gracieux auprès du Conservateur Général. Il dispose
également d'un recours judiciaire auprès du T.P.I avec possibilité d'interjeter appel puis de
pourvoir en cassation.
Par ailleurs, il existe des cas où la décision du conservateur peut être remise en cause. C’est le
cas notamment lorsqu'il s'agit d'une erreur matérielle. Il peut être procédé à des rectifications,
soit d'office soit sur la demande des intéressés, des irrégularités, des omissions ou des erreurs
commises lors des inscriptions subséquentes. Ex: Le cas où le Conservateur a mal transcrit les
informations contenues dans l'acte objet de l'inscription, il par exemple écrit 1300 hectares au
lieu de 10300 hectares.
En sus, dans le cas de non-respect du délai d’inscription visés à l'article 65 bis de la loi 14-07
qui est à trois mois, le Conservateur ne peut pas refuser l'inscription d'un acte qui lui est
régulièrement demandée ; il ne peut même pas imposer au demandeur la prescription de droit
commun qui est de 15 ans (art.387 DOC), car en fait cette prescription n'est valable qu'en
matière d'action en justice. Ex: si après 15 ans on revient pour inscrire, le conservateur ne peut
pas refuser cette demande d'inscription pourvu, toutefois, qu'il n'y ait pas eu de charges inscrites
entre temps.

14 | P a g e
Toutefois, il existe des cas où l'inscription est assortie d'un certain délai imposé par la loi :
Des fois il faut respecter certains délais pour l'inscription de droits particuliers comme par
exemple les hypothèques forcées23 en faveur des créanciers et légataires d'une personne
décédée. En effet, l'art. 117 du dahir de 02/06/1915 exige, dans pareils cas, que l'inscription soit
demandée par les créanciers dans les 3 mois qui suivent l'ouverture de la succession. Si
quelqu'un s'adresse au juge pour obtenir une hypothèque forcée, il doit courir à la Conservation
foncière pour inscrire ses droits sur le titre foncier, car passé le délai de trois mois cette
hypothèque n'aura plus d'effet.
Par ailleurs, l’article 87 prévoit que toute saisie ou commandement à fin de saisie immobilière,
doit être signifié au conservateur de la propriété foncière qui l’inscrit sur le titre foncier. A partir
de la date de cette inscription, il ne peut être pris sur l’immeuble saisi aucune inscription
nouvelle pendant le cours de la procédure de la vente forcée.
Le conservateur doit aussi porter sur le duplicata du titre foncier toute inscription, mention ou
prénotation figurant sur le titre foncier24.
Si la réquisition se rapporte à un droit dont la constitution suppose le consentement du
propriétaire inscrit, détenteur du duplicata, le conservateur de la propriété foncière doit se
refuser à l’inscription à défaut de production du duplicata du titre foncier.
Dans les autres cas, le conservateur de la propriété foncière procède à l’inscription et la notifie
au détenteur du duplicata, avec sommation d’avoir à le déposer dans un délai de vingt jours à
compter de la date de l’inscription.
Le conservateur de la propriété foncière peut procéder d’office à cette concordance, chaque fois
que l’occasion se présente.
Le duplicata non déposé à l’expiration du délai de la sommation est dépourvu de toute valeur
jusqu’à ce que la concordance avec le titre foncier ait été établie.
Cette situation temporaire est portée à la connaissance du public par un avis sommaire affiché
sur un tableau à la conservation foncière et par tous les moyens disponibles25.

23
1 L'hypothèque forcée est prononcée, sans le gré du débiteur, par ordonnance du président du tribunal de
première instance, dans les cas prévus par la loi dont par exemple : le syndic sur les meubles du copropriétaire
qui ne paye pas ses charges etc.
24
Article 88
25
Article 89

15 | P a g e
Chapitre 2 : le rôle du conservateur dans certains cas particuliers
d’inscription et en matière de radiation

Le législateur a prévu une procédure spéciale pour protéger les titulaires de certains droits qui
ne peuvent pas être inscrits. Cette procédure s'appelle "La prénotation"
Le Conservateur rejette un acte qui lui est soumis aux fins d'inscription pour cause
d'irrégularité et, de ce fait, le demandeur se trouve obligé d'attendre la régularisation de sa
situation, dans ce cas ce dernier sera en droit de demander une prénotation. C'est une mention
provisoire portant sur certains droits susceptibles d'être inscrits par la suite.
Si on prend le cas de la prénotation prise en vertu d’un titre, la prénotation est accordée par le
conservateur lui-même, en vertu d’un titre dont une irrégularité d’ordre mineur empêche
l’inscription (l’état civil d’une partie portée à l’acte est incomplet et cette lacune ne peut être
réparée sur le champ, une signature portée sur un acte SSP n’est pas légalisée etc…) La partie
requérante peut demander au Conservateur, sur le vu de l’acte, une prénotation ; à l’appui de sa
requête, elle devra produire le duplicata du titre foncier intéressé. La prénotation ainsi obtenue
est valable 10 jours26 .
Dans ce délai de dix jours, aucune autre inscription ne peut être requise du consentement des
parties27, cette disposition doit d’ailleurs s’appliquer quelle que soit l’origine de la prénotation,
même si elle est d’origine judiciaire, l’inscription sur prénotation ne vaut.
Si, à l’expiration dudit délai, l’inscription n’a pas été prise, la prénotation devient nulle et doit
être radiée d’office. Toutefois, ce délai se trouve prorogé si, au cours des dix jours, la partie
intéressée obtient une prénotation en vertu d’une ordonnance du président du tribunal de
première instance, ou suite au dépôt d’une requête introductive d’instance.
Le conservateur intervient également dans le cadre de la prénotation de l’hypothèque différée.
Celle-ci trouve son fondement juridique dans les articles 184 à 186 et on y lit, que l’hypothèque
différée de courte durée ralentit l’inscription sur le titre foncier sans que cela ne dépasse 90
jours et sans que ce retard ne provoque la perte du créancier de son rang.
Cette inscription suppose en outre que le créancier a déposé l’origine de propriété ou une copie
avec le duplicata avec une réquisition écrite au conservateur qui inscrit ce droit en prénotation.
Dans ce cas le conservateur sera tenu de préserver le duplicata et ne pas procéder à une autre
inscription, étant bien noté que ladite inscription sera valable pour une durée de 90 jours et sera
inscrite sur le titre foncier sans en faire mention sur le duplicata.
Le créancier détenant une hypothèque gardera la faculté de l’inscription de l’hypothèque par
ordre avant la fin l’écoulement des 90 jours pour garantir son rang. Il faut noter que l’effet de
la prénotation de l’hypothèque différée prend fin automatiquement et en procédant à sa
radiation dans le cas où la prénotation définitive ne s’effectue pas durant la période prévue.

26
Article 85 de la loi n°14-07 promulguée dans le cadre de la réforme des textes juridiques régissant le Foncier
au Maroc
27
Article 86, alinéa 1 de la loi n°14-07

16 | P a g e
En outre, le conservateur est aussi présent en matière de radiation. A cet égard, la loi 14-07
énonce que «les inscriptions, mentions et prénotations faites sur le titre foncier peuvent être
rayées en vertu de tout acte ou tout jugement passé en force de chose jugée constatant, au regard
des personnes intéressées, la non existence ou l’extinction du droit auquel elles se rapportent»28.
De ce fait, la partie qui désire opérer une radiation doit déposer auprès du conservateur de la
propriété foncière une réquisition datée et signée29.
Le conservateur de la propriété́ foncière est tenu de s’assurer que la radiation, objet de la
réquisition, n’est pas en opposition avec les énonciations du titre foncier et des dispositions de
la loi et que les pièces produites autorisent la radiation30.
La radiation est une déclaration sommaire, une contre inscription sui generis qui, en exprimant
que telle énonciation est rayée lui enlève pour l'avenir, toute valeur juridique. Elle est datée et
porte la signature du conservateur de la propriété foncière, sous peine de nullité31.
Il y a lieu à radiation, lorsqu'il est constaté que la cause d'une inscription a cessé d'exister ou n'a
jamais existé. La radiation a pour but de mettre le titre foncier en harmonie avec la condition
de l'immeuble qui en fait l'objet.
La radiation de l’inscription peut être spontanée et le conservateur y procède sans attendre ni
jugement ni acte. On cite :
-le cas de la prénotation requise sur titre (art 86 dahir).
-le cas de l'hypothèque différé.
-le cas de l'expropriation pour cause d'utilité publique.
Le Conservateur peut également annuler une inscription en vertu d'une décision judicaire
définitive. Mais à condition toutefois, qu'entre temps, aucune autre inscription n'ait été opérée
régulièrement en faveur d'un tiers. Ex: un acte de vente d'un immeuble a été conclu puis inscrit,
ensuite le vendeur obtient gain de cause pour dol : s'il y a eu, entre le moment de l'inscription
et le moment du jugement, une autre inscription concernant une autre vente ou hypothèque qui
s'est opérée en faveur d'un tiers, le Conservateur ne peut radier cette dernière (c'est justement
pour cette raison que le législateur a prévu une procédure spéciale dite de "prénotation").
Le Conservateur peut également radier quelques inscriptions en vertu de certains actes. Ex: En
matière d'hypothèque, le Conservateur peut radier celle-ci en vertu d'une main levée délivrée
par le créancier.
En matière d'expropriation, le Conservateur procède à la radiation de toutes les hypothèques
inscrites sur le titre foncier objet de l'expropriation, car l'expropriation pour utilité publique
purge le titre foncier de toutes les hypothèques.
En ce qui concerne la radiation de la prénotation, elle peut aussi être d’office et de plein droit
par le conservateur de la propriété foncière conformément à l’article 92 du dahir de

28
Article 91
29
Article 93 de la loi 14-07
30
Article 94 de la loi 14-07
31
Article 95 de la loi 14-07

17 | P a g e
l’immatriculation à l’expiration des délais fixés aux articles 85 et 86 du même dahir et ce dans
le cas où l’inscription n’est pas opérée dans lesdits délais ou si la prénotation n’a pas été validée.

Conclusion

A la lumière de notre modeste réflexion et la lecture de différentes dispositions nous pouvoir


que l’institution de la conservation foncière tient une place indispensable et omniprésente dans
toute la procédure d’immatriculation du prélude à l’épilogue. Cette omniprésence se remarque
par sa présence au niveau de la réquisition de l’immatriculation , du déroulement de la
procédure du bornage , dans sa présence dans les oppositions formées au cours de cette
procédure, il joue même le rôle de conciliateur dans la procédure d’opposition avant que le
tribunal n’ait connaissance du dossier , accepte ou rejette la réquisition d’immatriculation,
procède à la création du titre foncier .Notons également que tout au long de la vie du titre foncier
, il est fait constamment recours au conservateur foncier pour ce qui est des inscriptions des
droits réels , tenir compte des modifications qui peuvent venir au cours de la vie du titre .

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Bibliographie :
Ouvrages
Aissam zine-dine « la reforme apportée par la loi 14-07 face aux dysfonctionnements du régime
de l’immatriculation foncière », imprimerie NAJAH AL JADIDA Casablanca, 1 ère Edition
2014
DECROUX Paul, “DROIT FONCIER MAROCAIN”, ED, LA PORTE, RABAT, 1997
Articles
Abdelwahed, Sécurisation foncière en Afrique Les cas du Maroc, la Tunisie et le Rwanda,
African Journal on Land Policy and Geospatial Sciences, Vol.3 No.1 (May 2020)
BOUDERBALA NAJIB, “LE SYSTEME DE PROPRIETE FONCIERE AU MAGHREB, LE
CAS DU MAROC”, CAHIER OPTIONS MEDITERRANENNES
Brent Swallow, SÉCURITÉ FONCIÈRE : POURQUOI EST-ELLE SI IMPORTANTE ?,
JSTOR,2021
Fatma afkir, les décisions du conservateur de la propriété foncière a la lumière de l’article 37
et 96 bis de la loi 14-07, Maroc droit
Kaoutar BERJAOUI, Fondements juridiques de la responsabilité du conservateur de la
propriété foncière au Maroc
Mounia RHOMRI MOUNIR, L’impact du régime foncier Sur l’investissement Au Maroc,
RERJ- n°3, 2019
Stéphane Gignoux. Appréhender le droit marocain de l’immobilier : une approche transversale
“ droit privé -droit public ”essai sur le droit foncier marocain, collection électronique « les
études et essais du centre jacques Berque n° 30 – avril 2015 – rabat – Maroc, www.cjb.ma
M. M’Hassni, M. Feljy, H. Khalali, Le Système foncier au Maroc : une sécurité et un facteur
de développement durable, TS1 Urbain-Rural Relationship in Land Management, 2nd FIG
Regional Conference, Marrakech, Morocco, December , 2003
Textes de loi et règlementaires
-loi n°58-00 portant création de l’ANCFCC
-Arrêté viziriel du 4 juin 1915
-Dahir du 29 décembre 1953 (B.O du 12 février 1954), abrogeant, le dahir du 24 juin 1942
-Dahir des obligations et des contrats
-la loi n° 14-07 modifiant tous les articles sans exception et gardant la première date de
publication et la structure du dahir du 9 Ramadan 1331 (12 Août 1913) relatif à
l'immatriculation foncière
-loi n° 39-08 relative au code des droits réels

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Jurisprudence
Jugement du tribunal de Première instance de Témara en 1992 et confirmée par la cour
d’appel de Rabat en 1994.
Arrêt de la cour d’appel de Rabat du 29 avril 1950.
Arrêt de la cour de cassation du 25 juillet 2001.
Arrêt de la Cour d’appel de Rabat du 08/03/1994, n°92/4175
Jugement du tribunal de première instance de Rabat du 01/04/1992, n°90/22.

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Table des matières
Sommaire ............................................................................................................................................... 2
Introduction ........................................................................................................................................... 3
Partie 1 : le conservateur de la propriété foncière, une institution centrale et omniprésente dans
le processus d’immatriculation foncière .............................................................................................. 6
Chapitre 1 : le conservateur de la propriété foncière, une institution indispensable et
omniprésente dans la procédure d’immatriculation ...................................................................... 6
Chapitre 2 : le rôle central du conservateur dans la conception du titre foncier ........................ 9
Partie 2 : Les attributions du conservateur foncier dans les opérations afférentes au titre foncier
............................................................................................................................................................... 11
Chapitre 1 : Les pouvoirs de contrôle du conservateur en matière d’inscription ..................... 11
Chapitre 2 : le rôle du conservateur dans certains cas particuliers d’inscription et en matière
de radiation ...................................................................................................................................... 16
Conclusion ............................................................................................................................................ 18
Bibliographie : ..................................................................................................................................... 19

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