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Pr. R. BENMANSOUR
introduction
• le terme foncier, vise tout ce qui est en relation
avec un fonds de terre, à son exploitation, à
son impôt. On parle ainsi d’assiette foncière,
d’impôt foncier, de taxe foncière…
• Le droit foncier a été élaboré pour règlementer
les rapports qui existent entre un individu ou
des groupes d’individus relativement à la terre.
• Il fait partie du droit privé et plus précisément,
du droit des biens, ne concerne que les
immeubles, les biens meubles en sont exclus
sauf en cas d’immobilisation.
• Il se distingue du droit immobilier qui ne
concerne que les biens bâtis, le droit foncier
règlemente toutes sortes de biens immeubles
bâtis ou non. Les règles du droit foncier
définissent ainsi la répartition des droits de
propriété sur les terres, les modalités de leur
utilisation, de leur transfert de propriété, ce
qui exige une certaine sécurité immobilière .
• Dans le but d’asseoir cette sécurité, le
législateur Marocain s’est doté dès 1913,
d’un régime moderne d’immatriculation
foncière aboutissant à l’établissement
d’un titre foncier. Ce régime évolue en
parallèle avec le régime du droit
musulman classique, ce qui crée une
dualité de régimes juridiques.
• Cette dualité de régime impacte de façon
négative le développement économique du pays.
• En effet, la contrainte foncière constitue parfois
un obstacle majeur à la promotion des
investissements et à la concrétisation des projets
( problème des 3 F décriés par les investisseurs)
• Pour rendre, le régime des livres fonciers plus
attractif , les autorités publiques multiplient les
campagnes de publicité et de sensibilisation aux
intérêts de l’immatriculation sur des livres
fonciers.
• En effet, le régime des titres fonciers présente de
nombreux avantages:
• 1– au niveau juridique
• Le titre foncier établit et consacre d’une façon
définitive et irrévocable le droit de propriété sur le
bien. Le propriétaire ne peut ainsi redouter ni
revendication, ni éviction puisque le titre foncier est
définitif et inattaquable.
• De même que la prescription ne peut faire acquérir
aucun droit réel sur un immeuble immatriculé à
l’encontre du propriétaire inscrit. Ni amener la
disparition d’aucun des droits réels inscrits sur le titre
• 2- Au niveau topographique
• Le titre foncier (TF) permet de déterminer la situation
exacte de l’immeuble, sa superficie, sa consistance et ce
au moyen de procédés techniques modernes.
• 3- Au niveau fiscal
• Le TF établi, facilite le calcul de la capacité contributive
des citoyen et amène l’Etat à asseoir d’une manière plus
équitable, les divers impôts
• immobiliers.
• 4- Au niveau économique
• Le TF. Donne à l’immeuble une visibilité et une sécurité
et facilite l’octroi de crédits, notamment à travers une
hypothèque
• 5- au niveau social
• Par la protection de l’intérêt individuel,
l’immatriculation préserve l’intérêt général et
met fin aux procès interminables nourris par
des litiges immobiliers.
• 6- constitue une plus-value de la propriété
immobilière
• Le paysan, propriétaire d’une terre
immatriculée s’y attache davantage, devient
sédentaire, ce qui permet une mise en valeur de
l’activité agricole et lutte contre l’exode rurale.
• Contrairement à cela, le régime traditionnel des
biens Melk présente un nombre considérable de
failles dues essentiellement à l’absence totale de
publicité, or publier c’est informer. Cette absence
de publicité entraine très souvent la
méconnaissance par les tiers notamment les ayants
droits du propriétaire de l’immeuble concerné de
sa situation, sa consistance et des droits qui s’y
exercent.
• De même que l’absence de précision quant aux
limites exactes des fonds fait l’objet de contestation
récurrentes entre riverains.
• Cette absence de publicité fait aussi que ce régime
traditionnel soit opaque, impropre à la circulation
des biens, à l’investissement et à la modernisation.
• C’est pourquoi le régime de l’immatriculation
foncière introduit au Maroc en 1913 pour lequel, le
législateur de l’époque s’était largement inspiré par
la loi Torrens mise en œuvre en Australie en 1858.
(ce texte a été modifié et complété par la loi N° 14-
07)
• Son but est de garantir le droit des propriété, d’en
préciser les limites et les charges qui peuvent
éventuellement le grever.
• En raison de la place qu’occupe le droit de
propriété et les droits réels en général,
plusieurs textes de lois ont été élaborés pour
les réglementer et les garantir.
• C’est le cas du code foncier de 1915 qui a été
abrogé par la loi N°39.08 du 22-11-2011
• La loi N° 18-00 relative au statut de la
copropriété des immeubles bâtis , telle qu’elle a
été modifiée et complété par la loi N° 106-12
• La loi N° 12-107 relative à la vente d’immeuble
en état futur d’achèvement(VEFA)
Chapitre préliminaire: régimes juridiques et
statuts particuliers des immeubles au Maroc
L’espace foncier au Maroc se caractérise
par une pluralité de statuts juridiques de la
terre qui se sont constitués tout au long de
l’histoire. En effet outrer la division entre
immeubles immatriculés et non
immatriculés, il existe des régimes
particuliers tels; les ha bous, les terres
collectives, les terres ghiches, les biens
relevant du domaine public ou privé de
l’Etat
• Section I les biens Melk
• L’immeuble Melk confère à son titulaire la pleine
propriété sur la chose, dans la mesure où le titulaire du
bien dispose du droit éminent de propriété et du droit
de jouissance .
• C’est une propriété privée qui peut être individuelle ou
collective.
• §1- régime juridique des biens Melk
• Ce régime trouve son essence dans les pratiques
ancestrales inspirées du droit musulman et des
pratiques locales.
• Malgré ses faiblesses, ce régime perdure et concerne
encore un nombre considérable de propriétés foncières
• A- la possession, fondement juridique des biens
Melk
• 1- définition et éléments constitutifs
• La possession est un rapport de fait entre une
personne et une chose, c’est un fait juridique qui
aboutit sous certaines conditions à faire acquérir
à une personne le droit de propriété sur un bien.
• Elle occupe une place centrale dans l’acquisition
du droit de propriété d’un bien Melk.
• Elle est réglementée par les dispositions des
articles 239 de la loi N° 39.08
• Elle suppose à la fois des faits matériels(corpus)
et une intention( animus).
• Le corpus
• Selon l’art. 239 la possession suppose une
maitrise matérielle. Posséder c’est se comporter
en maître sur la chose, effectuer des actes
similaires à ceux effectués par un propriétaire.
• Peut être originaire ou dérivée
• On peut posséder non seulement par soi-même
mais aussi par un autre( par un locataire ou un
fermier par ex.)
• L’animus
• Elle suppose un élément psychologique c à d la volonté
de se comporter à l’égard de la chose comme si on en
était propriétaire.
• Ne doit pas être confondu avec la bonne foi. Il est
parfaitement possible de posséder tout en étant de
mauvaise foi.
• Permet de distinguer entre la détention précaire d’une
chose et sa possession. Celui qui détient la chose d’une
autre personne en vertu d’un droit non translatif de
propriété n’est que détenteur précaire. Il ne peut pas
faire jouer la possession parce que l’animus lui fait
défaut.
• 2- les caractères de la possession( art. 245)
• Elles sont au nombre de 4
• Elle doit être paisible:
• Suppose que le possesseur est entré en
possession sans violence ni matérielle ni
morale ou qu’il se maintient en possession
sans voie de fait ni menaces ni crainte
révérencielle.
• Elle doit être publique
• La possession perd son efficacité du moment
où elle devient clandestine
• Elle ne doit pas être équivoque
• La possession est équivoque quand le
comportement du possesseur ne manifeste pas
clairement un animus possidendi. Son attitude est
ambiguë, on ne sait pas à quel titre il agit.
• Elle doit être continue
• Elle suppose une certaine durée qui doit être
continue sans toutefois qu’elle soit exercée sans
intermittence.
• La durée de la possession est de 10 ans pour les
tiers étrangers et de 40 ans entre membres d’une
même famille( art. 250 et 251)
• §2- preuve de la possession et transfert de
• propriété des biens Melk
• La preuve de la propriété d’un bien Melk s’opère par la
présentation d’une Moulkya c à d un acte adoulère en
vertu duquel 12 témoins confirment la possession
régulière de la personne qui revendique la propriété du
bien devant 2 Adels.
• La vente d’un bien Melk, peut se faire soit:
• Par un acte adoulère
• Dans ce cas les Adels peuvent procéder selon l’une des
deux formules suivantes:
• Avec vérification préalable du droit de propriété, ce qui
suppose une collecte d’informations
• Soit sans vérification préalable. Dans ce dernier cas les
Adels doivent mentionner expressément que l’acte a
été fait dans cette forme à la demande des parties.
L’acte devant être supervisé par cadi tawtiq.
• Soit par acte SSP
• La vente en droit Musulman est purement
consensuelle. Mais selon les dispositions du DOC, la
vente d’immeuble doit être faite par écrit et avoir date
certaine(art. 489)
• Par acte passé devant un notaire
• En effet le notaire devient compétent pour dresser tous
les actes comportant mutation d’immeubles Melk dès
le dépôt d’une réquisition d’immatriculation
• Les biens Melk ne sont pas figés, ils peuvent faire
l’objet d’opérations juridiques dont certaines ont
été règlementées par le code foncier. C’est le cas
notamment de la Mougharassa.
• C à d un contrat qui constitue une association du
travail et du capital, un bail à complant en vertu
duquel un propriétaire remet un terrain à un
preneur qui fournit des arbres, les plante, les
soigne jusqu’au moment où ils commencent à
produire ou qu’ils auront atteint un degré de
croissance déterminé.
• Le preneur n’aura aucun salaire mais à partir
du moment où les arbres arrivent à fructifier,
il acquiert un droit de propriété sur les
arbres et le terrain dans la proportion
convenue.
• Initialement dépourvue de toute
réglementation légale et régie uniquement
selon les usages et coutumes locales,
désormais ce contrat bénéficie des
dispositions des articles 265 à 272 du
nouveau code foncier marocain.
• Pour ce faire la Mougharassa suppose la réunion d’un
certain nombre de conditions.
• - l’établissement d’un contrat écrit
• L’art. 268 parle d’un acte formel qui précise la nature
des arbres à planter et la quotte- part qui sera réservée
au bénéficiaire.
• Ce dernier doit entamer ses plantations sans délai,
• Si dans l’année aucune plantation n’a eu lieu, le contrat
sera annulé.
• Si le nombre des plans est < au tiers de ce qui a été
convenu, le propriétaire de la terre peut soit maintenir
le contrat ou le résilier sous réserve d’indemniser le
mogharssi.
Si les plantations périssent par un cas de
force majeure, deux situations peuvent se
présenter:
-- si les fruits étaient arrivés à maturité, le
Mogharssi bénéficiera de tous ses droits
tels que précisés dans le contrat.
-- si les arbres avaient péris avant de
donner leurs fruits, le Mogharssi serait
indemnisé selon ce qui a été convenu ou
selon les usages
• Section II: Statuts particuliers de certains biens
immeubles:
• §1) les Habous:biens religieux représentant un patrimoine
considérable
• Le Habous est un acte juridique par lequel une personne,
en vue d’être agréable à Dieu, se dépouille d’un ou de
plusieurs de ses biens immeubles et les met hors du
commerce, en les affectant, à une œuvre pieuse ou sociale.
• Le Habous ou Wakf est une institution vivace en droit
marocain, tellement présente qu’elle a nécessité
l’intervention du législateur à plusieurs reprises. Cet
arsenal juridique a été couronné par le dahir N° 109.236
du 23 Février 2010 et qui s’ajoute aux dispositions du droit
musulman classique et aux règles coutumières .
• Il existe deux catégories de Habous: le Habous public et le
Habous privé.
• 1)- le Habous public:
• Le ministère des Habous dispose d’un patrimoine urbain et
rural important qui en fait un acteur incontournable du
foncier au Maroc.
• Le parc foncier Habous se compose d’immeubles, de fonds
de commerce urbains ainsi que des exploitations agricoles.
• Sont considérés d’office Habous toutes les mosquées,
zawyia, marabouts…
• Les biens constitués en Habous peuvent faire l’objet de
location ou d’échange, les fonds recueillis sont gérés par le
ministère.
• 2)- le Habous privé ou comment contourner les règles successorales