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• 35 fiches pour réviser tout le cours de Droit des contrats spéciaux : 2e édition
les définitions à connaître, les erreurs à éviter, les points essentiels à retenir
• des exercices corrigés pour vérifier ses connaissances
• des repères bibliographiques pour aller plus loin
• 1 index
2e éd.
le sommaire
1. Premiers aperçus de la matière 20. La formation du contrat de bail
2. Qualification des contrats spéciaux 21. Les obligations du bailleur
22. Les obligations du preneur
Première partie 23. Circulation et extinction du bail
spéciaux
7. Information et réflexion 28. Les dépôts spéciaux
8. Les avant-contrats
9. La chose vendue Seconde partie
10. Le prix de vente Les contrats portant sur les services
11. Le transfert de propriété 29. La qualification et la forme du mandat
et des risques 30. Les effets du mandat
12. L’obligation de délivrance 31. L’extinction du mandat
13. La garantie d’éviction 32. Identification et formation du contrat
14. La garantie des vices cachés d’entreprise
15. La garantie de conformité 33. Les obligations de l’entrepreneur
16. Les obligations de l’acheteur 34. Les obligations du maître de l’ouvrage
17. L’échange et l’extinction du contrat d’entreprise
18. Présentation et qualification 35. Le contrat d’entreprise de construction
du contrat de bail
19. L’articulation du droit commun du bail
et des statuts spéciaux
Johann Le Bourg
l’auteur le public
Johann Le Bourg est maître de conférences à • Licence 3 Droit
l’Université de Savoie Mont Blanc. • Master 1 Droit
-:HSMDOA=UXUVX]:
ISBN 9782340-053199
©Ellipses Édition Marketing S.A., 2019
32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15
Première partie
Les contrats portant sur les choses
Fiche 3 Présentation du contrat de vente................................................... 21
Fiche 4 Identification du contrat de vente.................................................. 27
Fiche 5 Qualification du contrat de vente................................................... 33
Fiche 6 La capacité et le consentement dans la vente.................................. 42
Fiche 7 Information et réflexion............................................................... 49
Fiche 8 Les avant-contrats....................................................................... 57
Fiche 9 La chose vendue.......................................................................... 68
Fiche 10 Le prix de vente........................................................................... 74
Fiche 11 Le transfert de propriété et des risques.......................................... 82
Fiche 12 L’obligation de délivrance.............................................................. 92
Fiche 13 La garantie d’éviction................................................................. 102
Fiche 14 La garantie des vices cachés........................................................ 109
Fiche 15 La garantie de conformité........................................................... 123
Fiche 16 Les obligations de l’acheteur....................................................... 129
Fiche 17 L’échange.................................................................................. 135
Fiche 18 Présentation et qualification du contrat de bail............................. 139
Fiche 19 L’articulation du droit commun du bail et des statuts spéciaux......... 146
Fiche 20 La formation du contrat de bail....................................................151
Fiche 21 Les obligations du bailleur...........................................................157
Fiche 22 Les obligations du preneur.......................................................... 166
Fiche 23 Circulation et extinction du bail...................................................173
Fiche 24 Le prêt à usage.......................................................................... 181
Fiche 25 Le prêt de consommation............................................................ 189
Fiche 26 Identification et formation du dépôt de droit commun.................... 199
Fiche 27 Les effets et l’extinction du dépôt de droit commun....................... 206
Fiche 28 Les dépôts spéciaux................................................................... 213
Index.......................................................................................................275
Définitions
Contrat nommé. Un contrat nommé est contrat auquel la loi accorde un nom et
un régime juridique.
Contrat innomé. Un contrat innomé est un contrat dont le régime juridique n’est
pas organisé par la loi.
Liberté contractuelle : principe suivant lequel chaque partie est libre de
contracter ou de ne pas contracter, de choisir son cocontractant, le contenu et
la forme du contrat.
Specialia generalibus derogant. Cette maxime est une règle permettant d’affirmer
que lorsqu’une règle générale et une règle spéciale semblent toutes deux appli-
cables, il convient de faire primer la règle spéciale.
Le droit français des contrats s’organise autour de deux types de règles : les règles
générales d’une part (le droit commun du contrat ou théorie générale du contrat)
et les règles spéciales (le droit spécial des contrats ou droit des contrats spéciaux)
d’autre part. Cette dualité de corps de règles n’a cependant pas toujours prévalu et
est le fruit d’une évolution historique.
Le droit romain ne connaissait en effet pas de droit commun des contrats :
il s’agissait d’un droit des contrats nommés formaliste et procédural. Les droits
n’existant alors véritablement qu’autant qu’ils étaient sanctionnés par une action
en justice, un contrat n’avait d’existence juridique qu’à la condition d’appartenir à
une catégorie à laquelle était attachée une action par la loi ou le prêteur. Ce n’est
que plus tard que le droit romain admit que toute convention, dès lors qu’elle avait
été exécutée, pouvait devenir obligatoire.
La consécration du système actuel opposant droit commun et droit spécial du
contrat est le fruit d’une lente évolution marquée par un double changement de
conception. Tout d’abord, l’idée même du droit a changé : le droit ne découle plus
de l’action, mais au contraire, c’est l’action qui découle du droit. Ensuite, l’idée du
Attention
Certains contrats spéciaux ont une telle importance qu’ils constituent désormais
de véritables matières à part entière (contrat de travail, d’assurance, de transport).
Ils ne seront donc pas étudiés dans le cadre de cet ouvrage.
Illustration
Illustration
Attention
Illustration
Attention
À l’heure où ces lignes sont écrites, les dispositions précédentes n’en sont qu’au
stade du projet. Elles ne constituent donc pas (encore ?) le droit positif.
A. Sources nationales
La principale source du droit spécial des contrats est le Code civil. Plus préci-
sément, le livre III réglemente différents contrats au titre desquels l’on retrouve
la vente, le bail, l’échange, les prêts, le dépôt, le mandat, le contrat d’entreprise…
Toutefois, le Code civil ne renferme pas toutes les règles applicables aux contrats
spéciaux. L’influence des textes hors du Code civil est susceptible de se retrouver
à plusieurs niveaux :
À retenir
10
POUR S’ENTRAÎNER
CORRIGÉ
Depuis le Code civil, le droit des contrats spéciaux a subi plusieurs mouvements :
désintérêt d’abord au profit de la théorie générale, regain d’intérêt et phénomène
de surspécialisation des contrats ensuite, retour à la théorie générale enfin.
Au lendemain du Code civil, les contrats spéciaux ne sont considérés que
comme de simples applications du droit commun ; au mieux, en assurent-ils
parfois l’adaptation.
Les bouleversements économiques (essor du capitalisme, révolutions
industrielles…) vont néanmoins modifier cette conception. De nouveaux
besoins apparaissant (développement du contrat d’assurance, importance
sociale du bail dans l’accès au logement…), le législateur va s’emparer de
nouveau des contrats spéciaux. Afin de limiter la marge de manœuvre des
parties (et donc restreindre la liberté contractuelle) sont créés des statuts
spéciaux (voire très spéciaux) dans et hors du Code civil (ainsi, le bail se
divise-t-il en bail de droit commun, bail rural, bail à usage d’habitation, bail
d’immeuble meublé, bail professionnel…).
Depuis le milieu des années 1980, l’on note toutefois un certain retour à la
théorie générale du contrat. Ce phénomène s’explique de différentes façons.
D’un point de vue politique, l’essor du libéralisme se traduit nécessairement
par un recul de l’interventionnisme étatique. D’un point plus juridique, la
volonté d’unification européenne semble conduire nécessairement à un regain
d’intérêt pour la théorie générale (là où il serait le plus simple de trouver des
principes communs entre les différents droits des États).
11
I. L’opération de qualification
II. Le résultat de la qualification
Définitions
12
I. L’opération de qualification
L’une des opérations primordiales du droit des contrats spéciaux est la qualifi-
cation. Cette opération consiste à mettre en lumière les éléments essentiels d’un
contrat afin de pouvoir le rattacher à une catégorie juridique. Une fois le contrat
qualifié, l’on pourra alors lui appliquer le régime juridique adéquat.
Attention
La qualification du contrat doit se fonder sur une étude objective des éléments
qui le composent et donc plus particulièrement des droits et obligations naissant
de cette convention.
À ce titre, il est important d’être en mesure de distinguer les différents éléments
du contrat. Le jurisconsulte Pothier dans son Traité des obligations (XVIIIe siècle)
propose d’opérer une distinction entre les éléments essentiels, naturels et accidentels
du contrat, la qualification du contrat dépendant alors des éléments essentiels :
Les éléments essentiels sont ceux sans lesquels le contrat ne peut exister.
À défaut de l’un de ces éléments, le contrat est nul ou doit être qualifié autrement.
Illustration
13
Les éléments naturels des contrats sont ceux qui sans être déterminants pour la
qualification (à défaut de leur présence, la qualification du contrat est maintenue),
mais qui sont sous-entendus. Autrement dit, si les parties ne les écartent pas (elles
peuvent donc les écarter sans que la qualification du contrat soit menacée), ces
éléments naturels s’imposeront à elles.
Illustration
Enfin, les derniers éléments contenus dans un contrat sont les éléments acciden-
tels. Ce sont ceux que les parties, sans y être tenues, ont volontairement ajoutés
à leur contrat.
Illustration
Attention
Il ne faut pas oublier que le juge n’est pas tenu par la qualification que les parties
ont pu donner au contrat. Si le contrat est mal qualifié, le juge devra requalifier
(art. 12 CPC).
14
A. La qualification exclusive
Illustration
15
Lorsqu’une qualification unique n’est pas appropriée, le juge, qui doit malgré tout
qualifier le contrat, peut se replier vers une qualification distributive (ou mixte).
Dans cette hypothèse, puisqu’il n’est pas possible d’affirmer que l’opération juri-
dique des parties correspond trait pour trait à telle ou telle catégorie de contrat,
le juge peut décider de soumettre chaque aspect de cette opération à un régime
juridique particulier.
Souvent le « dépeçage » du contrat s’effectue selon un critère temporel.
Illustration
Illustration
L’objectif des parties qui créent un contrat sui generis est d’écarter l’application
du régime légal spécial d’un contrat particulier.
Comment, dès lors, appliquer un régime juridique à ces contrats ?
En premier lieu, il ne faut pas oublier que le droit commun du contrat a voca-
tion à s’appliquer à toute convention… y compris donc les contrats sui generis. En
second lieu, le juge peut recourir à un raisonnement par analogie avec une situation
juridique connue.
16
POUR S’ENTRAÎNER
I. QCM
1. Sachant que le prêt à usage est un contrat essentiellement gratuit,
si Primus « prête » à Secundus et que Secundus en retour paie une
somme d’argent à Primus :
a : le contrat est nul ; b : le contrat peut être requalifié.
2. Un contrat sui generis est toujours un contrat innomé :
a : vrai ; b : faux.
3. Une clause par laquelle les parties retardent le transfert de propriété
au paiement du prix dans une vente (le transfert de propriété étant
un élément essentiel de ce contrat se produisant en principe dès
l’échange des consentements) est :
a : un élément essentiel ; b : un élément naturel ; c : un élément accidentel.
4. Un contrat sui generis ne peut être annulé pour défaut de contenu
licite et certain.
a : vrai ; b : faux.
5. Les parties ont conclu un contrat intitulé « contrat de vente ». Le
juge constate qu’aucun transfert de propriété n’est prévu et que
l’« acheteur » doit restituer la chose au bout d’un certain temps.
a : le juge doit requalifier le contrat ; b : le juge peut requalifier le contrat ;
c : le contrat est nul.
17
CORRIGÉS
I. QCM
1 : b. le contrat peut être requalifié (en contrat de bail).
2 : b. faux. Le contrat de multipropriété est un contrat nommé puisqu’il est régi
par le Code de la consommation (la réponse à cette question fait cependant
l’objet de débats en doctrine !).
3 : c. un élément accidentel. Il s’agit en effet d’une clause, dérogeant aux
dispositions du Code civil, que les parties peuvent, si elles le souhaitent,
insérer dans leur contrat.
4 : b. faux. Il peut être annulé pour défaut de contenu licite et certain puisque
le droit commun des contrats demeure applicable à ces conventions.
5 : a. le juge doit requalifier le contrat en vertu de l’article 12 du Code de
procédure civile (ici l’opération semble pouvoir être qualifiée de bail).
18
I. Rappel historique
II. Sources du contrat de vente
Définitions
Vente. Selon l’article 1582 du Code civil, « la vente est une convention par laquelle
l’un s’oblige à livrer une chose et l’autre à la payer ». La vente est définie comme
le contrat emportant le transfert de propriété d’un bien du vendeur à l’acheteur,
moyennant le paiement d’un prix par ce dernier.
I. Rappel historique
21
Illustration
L’évolution se poursuivit dans l’Ancien droit qui reprit en partie les dispositions
du droit romain en les teintant des principes du droit canon. C’est à cette époque
qu’apparut factuellement le transfert de propriété solo consensu et que le contrat
put être pleinement considéré comme étant synallagmatique (avec les conséquences
qui en résultent tels l’exception d’inexécution ou le jeu de la condition résolutoire).
Le Code civil constitue l’héritage de cette évolution. Néanmoins l’adoption du
Code ne marque pas l’arrêt de la transformation du contrat de vente. Les dispo-
sitions des articles 1582 et suivants n’ont que peu changé, mais la pratique et la
jurisprudence ont complété le droit applicable. De nombreuses clauses peuvent
désormais modifier les effets du contrat, en reportant le transfert de propriété ou
en réduisant les garanties dues par le vendeur. Les juges ont également œuvré en
transformant notamment le mécanisme de la rescision pour lésion ou en renforçant
les obligations du vendeur professionnel.
Les sources d’un contrat sont constituées par l’ensemble des règles applicable
à la convention en question. En ce qui concerne la vente, celles-ci peuvent être
d’origine nationale (A) ou internationale (B).
22
B. Sources communautaires
23
Attention
Il ne s’agit pour l’heure que d’une proposition de directive. N’ayant pas été
adoptée elle n’a pas encore à être transposée.
C. Sources internationales
24
Attention
En droit international, il ne faut pas confondre les règles de conflit, qui conduisent
à la détermination d’un droit national applicable au contrat en cause et les règles
de droit matériel qui régissent directement le contrat dont il est question.
À retenir
25
POUR S’ENTRAÎNER
Question de cours
Les sources du droit de la vente sont-elles uniquement nationales ?
CORRIGÉ
Les sources du droit de la vente sont pour l’essentiel d’origines nationales
(qu’il s’agisse de dispositions du Code civil, du Code de la consommation
ou du Code de commerce), mais l’on ne peut que constater qu’elles ne le
sont pas exclusivement. Le droit du commerce international propose, en
effet, par le biais de la Convention de Vienne sur la vente internationale de
marchandises de régir les ventes conclues entre des parties ressortissantes
d’États différents. Ce texte a alors vocation, dès lors que son application
n’est pas exclue par les parties, à se substituer aux dispositions issues des
droits nationaux de la vente (et donc notamment aux dispositions du Code
civil). En outre, le droit communautaire s’immisce également dans le droit de
la vente en régissant certains pans de ce contrat par le biais de directives
(touchant par exemple l’obligation de garantie du vendeur). La propension du
droit d’origine communautaire à s’intéresser au contrat de vente est d’ailleurs
croissante. La proposition d’établir un droit commun européen de la vente
en est le parfait exemple.
26
I. Un contrat consensuel
II. Un contrat synallagmatique
III. Un contrat à titre onéreux
IV. Un contrat commutatif
V. Un contrat translatif de propriété
Définitions
Attention
27
La vente est, en principe, consensuelle. Cela signifie qu’elle se forme par le seul
échange des consentements. Pour être valable aucune forme n’est exigée (ainsi, la
rédaction d’un écrit, ou la réalisation d’une formalité comme la remise de la chose,
ne sont pas des conditions de formation de ce contrat). C’est ce qu’exprime l’article
1583, qui dispose qu’« Elle est parfaite entre les parties […] dès qu’on est convenu
de la chose et du prix […] ».
Illustration
Attention
28
Illustration
La vente fait naître à la charge des parties des obligations réciproques. Le vendeur
doit transférer la propriété (si l’on considère qu’il peut s’agir d’une obligation) et
délivrer la chose. L’acheteur, pour sa part, doit payer le prix. Ces obligations se
servent mutuellement de cause, disait-on avant l’ordonnance de réforme du droit
des obligations du 10 février 2016 qui a supprimé cette notion. Ce caractère synal-
lagmatique est la raison pour laquelle l’on peut appliquer des mécanismes du droit
commun des contrats, telles la résolution pour inexécution, l’exception d’inexécution
et la théorie des risques.
Si le contrat est constaté par écrit dans un acte sous seing privé, il convient
d’appliquer l’article 1375 prévoyant qu’un tel acte contenant un contrat synallag-
matique « ne fait preuve que s’il a été fait en autant d’originaux qu’il y a de parties
ayant un intérêt distinct, à moins que les parties ne soient convenues de remettre
à un tiers l’unique exemplaire dressé ».
Attention
29
Illustration
30
Attention
Attention
Bien que l’article 1583 envisage la « chose », la vente opère en réalité transfert
du droit réel portant sur la chose. Elle peut donc porter aussi bien sur la propriété
que sur l’usufruit ou la nue-propriété, voire un éventuel droit de superficie.
Le transfert de propriété implique, selon l’article 1196 alinéa 3 du Code civil, que
les risques de la chose passent à l’acheteur dès ce transfert. Autrement dit, dès la
conclusion du contrat, la propriété et les risques sont transmis à l’acheteur. Partant,
si la chose vendue est détruite ou détériorée après la conclusion du contrat et même
si elle n’a pas encore été remise à l’acheteur, c’est ce dernier qui en supportera les
conséquences.
À retenir
31
POUR S’ENTRAÎNER
Cas pratique
Benjamin a vendu son appartement à Ariane par un contrat conclu le
2 janvier 2018. Néanmoins, ignorant les règles applicables en la matière,
les parties n’ont jamais consulté de notaire et la vente n’a pas été publiée.
Le 5 janvier Benjamin, sentant la bonne affaire a également vendu le bien
à Christophe, qui ignorait tout de la précédente vente. Juriste chevronné,
ce dernier a insisté pour que la vente soit réalisée par acte authentique,
ce qui fut fait. Le notaire a ensuite fait procéder à la publication de la
vente au fichier immobilier. Le jour de l’entrée dans les lieux, Christophe
est particulièrement surpris d’y trouver Ariane qui estime être la légitime
propriétaire de l’appartement. Qu’en pensez-vous (il n’est pas demandé
d’envisager les éventuels recours contre le vendeur) ?
CORRIGÉ
La vente de l’immeuble entre Benjamin et Ariane est valable (elle n’est donc
pas nulle), puisqu’elle est un contrat consensuel. Néanmoins, n’ayant pas
été publié, le contrat n’est pas opposable aux tiers. Ariane ne peut donc se
prétendre propriétaire à l’égard de Christophe dont le titre a, pour sa part
été publié et qui dispose donc d’un droit opposable.
La solution aurait pu être différente si les deux ventes avaient été publiées.
En ce cas, l’on aurait appliqué l’article 1198 al. 2 C. Civ. qui dispose que
« lorsque deux acquéreurs successifs de droits portant sur un même immeuble
tiennent leur droit d’une même personne, celui qui a, le premier, publié son titre
d’acquisition passé en la forme authentique au fichier immobilier est préféré,
même si son droit est postérieur, à condition qu’il soit de bonne foi ».
32
I. Vente et donation
II. Vente et échange
III. Vente et apport en société
IV. Vente et dation en paiement
V. Vente et bail
VI. Vente et prêts
VII. Vente et contrat d’entreprise
VIII. Vente et mandat
I. Vente et donation
Attention
Une « vente » réalisée moyennant un prix extrêmement modique peut être requa-
lifiée en donation à la condition de démontrer une intention libérale de celui
ayant transféré la propriété.
33
Si historiquement l’échange (qui est selon l’article 1702 du Code civil, « le contrat
par lequel les parties se donnent respectivement une chose pour l’autre ») a précédé
et a donné naissance à la vente, ces deux contrats doivent être distingués. Dans
l’échange, en effet, il n’y a pas de prix et un transfert de propriété réciproque s’opère.
Plus précisément, l’échange, les choses échangées par les parties se tiennent lieu
réciproquement de prix. Les choses échangées n’ayant pas toujours la même valeur,
une soulte (une somme d’argent) peut être versée pour compenser la différence.
Attention
Illustration
34
V. Vente et bail
La vente doit être distinguée du bail, car elle emporte un transfert définitif de la
propriété à l’acheteur. Le bail, pour sa part, n’emporte l’acquisition pour le locataire
que d’un droit personnel et temporaire de jouissance sur la chose louée. Ce contrat
n’accorde donc au preneur que le droit d’exiger du bailleur qu’il lui procure la jouissance
paisible de la chose pendant la durée du contrat, moyennant le paiement d’un loyer.
La distinction entre ces contrats est toutefois moins nette dans certains cas,
notamment la vente de fruits et la concession de carrière.
La vente de fruits (ou vente d’herbe) est le contrat par lequel le propriétaire
d’un fonds frugifère cède les fruits à un tiers. L’exemple classique est l’hypothèse
dans laquelle le propriétaire d’un fonds rural « vend les herbes » de ce terrain à un
tiers qui les fera brouter par ses animaux.
Afin de déterminer s’il s’agit d’un bail ou d’une vente de fruits, il convient
d’appliquer l’article L 411-1 al. 2 du Code rural qui présume que doit être qualifiée de
bail rural « toute cession exclusive des fruits de l’exploitation lorsqu’il appartient
à l’acquéreur de les recueillir ou de les faire recueillir ». Dès lors, si le propriétaire
se réserve le droit de continuer l’exploitation du fonds, l’on ne peut plus parler de
« cession exclusive » et la qualification de bail est écartée.
La concession de carrière est le droit d’exploiter une carrière moyennant le
paiement d’une redevance. L’exploitation d’une carrière consiste en la perception
par le concessionnaire des produits de celle-ci. La jurisprudence considère que ce
contrat n’est pas un bail et doit donc être considéré entre les parties comme une
vente de meubles par anticipation.
Illustration
35
Attention
Il faut bien distinguer les fruits (les revenus périodiques que peut procurer un
bien, sans que ledit bien ne se trouve altéré ni diminué significativement dans
sa substance) et les produits (qui consistent dans ce qui est retiré du capital
à intervalles irréguliers, et moyennant une altération de la valeur du bien : par
exemple des minerais extraits d’une carrière, les arbres abattus).
Le contrat d’entreprise (ou contrat de louage d’ouvrage) est défini comme celui
par lequel une personne s’engage à exécuter une prestation de façon indépendante
et moyennant rémunération. À la lecture de cette seule définition, la différence
entre ce contrat et la vente paraît nette : vendre et exécuter un travail sont deux
36
Illustration
Bien que le critère de la valeur de la prestation et des choses ne soit pas complè-
tement abandonné, la jurisprudence retient aujourd’hui un critère différent tiré du
caractère spécifique ou non de la prestation fournie. Si le contrat porte sur des
choses dont les caractéristiques sont déterminées à l’avance par l’entrepreneur, le
37
Illustration
Illustration
Attention
Les critères jurisprudentiels ont été nuancés par le législateur en ce qui concerne
la vente d’immeuble à construire. Les lois des 3 janvier et 7 juillet 1967 ont créé,
pour ce type d’opération, un nouveau contrat spécial, dont le régime juridique
est une combinaison du régime de la vente et du régime du contrat d’entreprise.
38
Le mandat est un contrat par lequel une personne donne à une autre le pouvoir
À retenir
39
QCM
1. Moyennant le paiement d’un prix, A. demande à B. de réaliser un
costume sur mesure avec des tissus que fournira B. Cette opération
doit être qualifiée :
a : de vente ; b : de contrat d’entreprise ; c : de contrat mixte
2. Moyennant le paiement d’un prix, A. « vend » à B. du matériel
informatique et accompagne cette cession d’une formation afin de lui
apprendre à se servir des différends logiciels. Cette opération doit
être qualifiée :
a : de vente ; b : de contrat d’entreprise ; c : de contrat mixte
3. A. conclut un contrat avec B. par lequel il permet à ce dernier, contre
le paiement d’un prix, de faire paître son bétail sur son fonds. A. se
réserve toutefois la possibilité d’exploiter le fonds. Cette opération
doit être qualifiée :
a : de bail ; b : de vente ; c : de prêt
4. La société A. conclut un contrat avec la société B. portant sur la cession
de fioul. Ce contrat comprend une clause par laquelle la société A.
met, en outre, gratuitement à la disposition de la société B. une cuve
qui devra être restituée lorsque l’utilisation du fioul sera terminée.
Cette mise à disposition est garantie par un chèque d’un montant de
2000 euros qui n’a pas été encaissé et qui doit être également restitué.
Cette opération doit être qualifiée :
a : de vente de fioul et de prêt à usage de la cuve ; b : de vente de fioul
assortie d’une promesse de rachat de la cuve ; c : de vente de fioul assortie
d’un bail de la cuve
5. A. devait la somme de 10 000 euros à B. Ne pouvant payer, il propose
de lui transférer la propriété de sa voiture en échange de sa libération,
ce que B. accepte. Cette opération doit être qualifiée :
a : de vente ; b : d’échange ; c : de dation en paiement
CORRIGÉ
1) – b) C’est un contrat d’entreprise. Le contrat emporte bien le transfert de
la propriété du costume réalisé, mais il s’agit d’un travail spécifique répondant
précisément au besoin du client.
2) – c) C’est un contrat mixte. L’on pourrait appliquer ici le critère de l’accessoire
et déterminer si telle ou telle prestation est principale. Toutefois rien ne
40
41
I. Capacité
II. Le consentement encadré
III. L’expérimentation
Définitions
L’article 1594 du Code civil dispose que « tous ceux auxquels la loi ne l’interdit
pas peuvent acheter ou vendre ». Cette disposition résonne comme un écho à la
formule de l’article 1102 affirmant la liberté contractuelle. Le principe est donc
clair, une vente peut être conclue avec le contractant de son choix et suivant les
conditions librement convenues. Tout le monde peut donc être vendeur ou acheteur.
Toutefois, pour pouvoir vendre ou acheter, encore faut-il être juridiquement
capable de le faire (I). Si les questions de capacité ne dérogent pas, dans l’ensemble
au droit commun, l’on peut constater que de nombreuses entorses à la liberté du
consentement peuvent être découvertes au gré d’aménagements légaux ou conven-
tionnels (II). En outre, il arrive que la loi permette au consentement de revêtir une
certaine qualité, celui-ci devant alors être particulièrement réfléchi (III).
Attention
42
La capacité de vendre est régie par les dispositions du droit commun. Ainsi, les
Illustration
Attention
Certains textes imposent parfois à une personne de vendre tel ou tel bien lui
appartenant. À titre d’exemple on peut citer l’article 11 de la loi du 1er juillet 1901
qui impose aux associations de vendre les immeubles qui ne sont pas nécessaires à
leur exploitation. De même en cas de redressement judiciaire d’une entreprise, le
juge peut ordonner la vente judiciaire de certains biens afin de permettre l’apurement
du passif. Toutefois ici, ce sont surtout les hypothèses du refus de vendre et des
droits de préemption qui attirent l’attention.
A. Refus de vendre
43
Illustration
Si le refus intervient dans le cadre d’une vente entre professionnels, celui-ci n’est
plus sanctionné en tant que tel. Depuis une ordonnance du 1er décembre 1986, un
tel refus ne constitue plus une infraction pénale (le texte maintenait la possibilité
d’engager automatiquement la responsabilité civile du vendeur, mais cette dispo-
sition a été supprimée par une loi du 1er juillet 1996). Le client pourrait toutefois
démontrer l’existence d’un abus de droit de la part du vendeur.
Attention
L’expropriation pour cause d’utilité publique est bien une hypothèse de cession
forcée de la propriété, mais elle ne constitue pas une vente : ce n’est pas un contrat.
44
III. L’expérimentation
45
Illustration
Attention
La vente à l’essai de l’article 1588 ne doit pas être confondue avec d’autres types
de ventes permettant une faculté d’expérimentation du bien. Ainsi, elle doit être
distinguée de la vente précédée d’un essai commercial (par exemple l’essai très
court d’une voiture avant de l’acheter), car dans cette hypothèse, la vente n’est
pas encore formée.
L’article 1587 du Code civil dispose qu’« À l’égard du vin, de l’huile, et des autres
choses que l’on est dans l’usage de goûter avant d’en faire l’achat, il n’y a point de
vente tant que l’acheteur ne les a pas goûtées et agréées ». Dans ces hypothèses,
la vente n’est alors formée qu’après la dégustation et l’agréage donné par l’acheteur.
La formation de la vente est alors laissée à la discrétion de l’acheteur. Elle dépend
donc d’un élément purement subjectif : son goût personnel.
La possibilité d’agréer le bien vendu doit être expressément stipulée par les
parties, à défaut, la vente obéit au régime de l’article 1583 du Code civil.
46
L’agréage ne doit pas être confondu avec l’agréation qui correspond à l’accep-
tation de la délivrance des marchandises et qui consiste en un contrôle de la
conformité de celles-ci.
À retenir
POUR S’ENTRAÎNER
Cas pratique
Callixte souhaite se séparer de son ancienne voiture afin de pouvoir en
acquérir une nouvelle. Il publie donc une annonce dans la presse. Robert
est intéressé par l’achat, mais avant de prendre sa décision, demande à
pouvoir essayer le véhicule. Callixte n’y voit pas d’opposition et propose
à son acheteur potentiel de faire un petit tour (le premier prenant bien
47
CORRIGÉ
En l’espèce, il ne peut s’agir d’une vente à l’essai puisque Robert n’a pas encore
donné son consentement. Il ne s’agit que d’un essai purement commercial.
La vente n’est donc pas formée, Callixte est resté propriétaire du véhicule.
Dans cette hypothèse, la Cour de cassation (Cass. civ. 2e, 19 mai 1969, Bull.
civ. II, n° 161) considère même que le vendeur qui supervisait l’essai avait
conservé sur la voiture les pouvoirs d’usage, de contrôle et de direction. Il
est donc non seulement propriétaire, mais également gardien de la chose,
et c’est lui qui doit être considéré comme étant le responsable de l’accident.
48
Définitions
Afin de protéger les volontés, et sans avoir recours à la théorie des vices du
consentement, le législateur a mis en place un système permettant d’assurer à
l’acheteur un consentement le plus éclairé possible. Ainsi, le vendeur doit une infor-
mation loyale et sincère (I) et l’acheteur bénéficie parfois de délais de réflexion ou
de rétractation (II).
L’alinéa premier de l’article 1602 du Code civil dispose que « Le vendeur est tenu
d’expliquer clairement ce à quoi il s’oblige ». En 1804, ce texte n’était pas considéré
comme ayant une grande valeur opératoire, il ne s’agissait que d’une règle de bon
sens, applicable à toute convention. Néanmoins, la jurisprudence a déduit de cette
disposition l’existence à la charge du vendeur d’une véritable obligation d’information
précontractuelle se prolongeant pendant l’exécution du contrat.
Le vendeur doit donc communiquer les informations dont il dispose sur la chose
vendue et que l’acheteur ignore.
L’obligation d’information est toutefois différente selon les qualités du vendeur
et de l’acheteur et selon la nature de la chose vendue.
Afin de présenter schématiquement les obligations d’information dues par le
vendeur, il peut être proposé de distinguer l’obligation précontractuelle (A) de
49
A. L’obligation précontractuelle
Illustration
50
Illustration
Attention
51
Illustration
Cass. civ. 1re 25 février 1997, Bull. civ. I, n° 75, pourvoi n° 94-19685 :
« […] celui qui est légalement ou contractuellement tenu d’une obligation parti-
culière d’information doit rapporter la preuve de l’exécution de cette obligation ».
L’information doit porter sur différents aspects du bien vendu, tels les risques
encourus, les éventuelles contre-indications, ou ses limites. À ce titre, le vendeur
doit au moins fournir à l’acquéreur une notice explicative.
L’intensité de cette obligation varie selon la qualité des parties. Un acheteur
profane mérite, en effet, une protection plus étendue qu’un acheteur professionnel
et averti connaissant les conditions ou précautions d’emploi.
Aussi, pour que le vendeur puisse transmettre à l’acheteur les informations
nécessaires, ce dernier doit-il également informer le premier de l’utilisation qu’il
entend faire du bien et des qualités attendues de celui-ci. Par exemple, l’acheteur
doit expliquer au vendeur les qualités ou performances qu’il attend de la chose.
À défaut d’une telle réciprocité de l’information, le vendeur pourrait être, au moins
en partie, déchargé de sa responsabilité.
Le vendeur non professionnel n’est pas dispensé d’obligation d’information. L’on
attend de lui moins que d’un vendeur professionnel, mais il est au moins tenu de
transmettre honnêtement les informations qu’il détient relativement à la chose vendue.
Attention
Dire que l’acheteur doit informer le vendeur de ses besoins, ne signifie pas qu’il
doit également lui transmettre des informations qu’il détiendrait sur la chose
et notamment sa valeur.
C. L’obligation de conseil
52
Attention
Si l’acheteur finance son acquisition à l’aide d’un prêt conclu avec un établis-
sement de crédit, la loi impose un délai de réflexion pendant lequel le prêteur est
tenu de maintenir son offre.
Par exemple, lorsqu’un prêt conditionne la conclusion d’une vente immobilière
doit ainsi être maintenue pendant trente jours par l’établissement de crédit et ne
peut être acceptée que dix jours après sa réception.
53
Illustration
Si le contrat est précédé d’une promesse, le même délai s’impose avant son
acceptation définitive (art. L271-1 al. 4).
Illustration
54
Illustration
Attention
À retenir
55
POUR S’ENTRAÎNER
Question de cours
L’acheteur a-t-il encore l’obligation de se renseigner ?
CORRIGÉ
Emptor debet esse curiosus : l’acheteur doit être curieux (adage issu du droit
romain : Dig. 15.3.3.9). Avant le développement exponentiel des différentes
obligations d’information à la charge du vendeur, l’on estimait que l’acheteur
devait avant tout se renseigner sur la chose qu’il entendait acquérir. Aujourd’hui
la logique s’est en partie inversée. C’est avant tout au vendeur de présenter
les informations nécessaires à son cocontractant. Désormais, la plupart des
obligations d’informer ne tiennent plus compte de la diligence de l’acheteur,
sauf dans l’hypothèse où le vendeur est lui-même confronté à un acheteur
professionnel. La limite de l’étendue de l’obligation d’information se trouve
en effet dans les connaissances que peut avoir l’acheteur. En outre, il ne faut
pas oublier que la transmission par le vendeur d’une information de qualité,
passe souvent par le fait que l’acheteur lui fasse également part de ses besoins
précis (notamment lorsque la vente porte sur du matériel complexe ou qu’il
entend en faire une utilisation très particulière).
56
I. La promesse unilatérale
II. La promesse synallagmatique
III. Le pacte de préférence
Définitions
57
Attention
La promesse unilatérale doit bien être distinguée de la simple offre, qui pour
sa part ne suppose par l’accord de son destinataire : l’offre n’est donc pas une
convention.
A. Formation
La promesse unilatérale est un contrat consensuel, qui peut être soit unilatéral
(dans ce cas seul le promettant s’engage à maintenir son offre de vente), soit
synallagmatique.
Pour être valable, la promesse unilatérale doit contenir les éléments essentiels
du contrat projeté. L’objet et le prix doivent donc y être déterminés. La capacité et
le pouvoir du promettant s’apprécient également au moment de la promesse (puisque
le consentement à la vente du promettant est d’ores et déjà donné).
La promesse peut fixer un délai d’option, mais cela n’est pas une condition de
validité. Si un délai est déterminé, le bénéficiaire ne pourra opter après ce délai. Si
aucun délai n’est fixé, le bénéficiaire perdra son droit d’option à l’issue d’un délai
raisonnable.
Parfois, les parties stipulent dans la promesse le versement par l’acheteur d’une
indemnité d’immobilisation. Le bénéficiaire paie alors une somme d’argent au
promettant qui correspond au prix de l’immobilisation du bien dont la vente est
projetée. Si le bénéficiaire lève l’option, dans ce cas l’indemnité d’immobilisation
s’impute sur le prix de vente. S’il ne lève pas l’option, il perd ces fonds et le promet-
tant peut les conserver.
Si, toutefois, le montant de l’indemnité d’immobilisation est tel qu’en réalité
l’existence de l’option (c’est-à-dire la liberté d’acheter ou non du bénéficiaire) devient
illusoire, la promesse sera requalifiée en promesse synallagmatique de vente.
58
B. Effets
Illustration
Cass. civ. 3e, 15 décembre 1993, Bull. civ. III, n° 174, pourvoi n° 91-10199 :
« […] tant que les bénéficiaires n’avaient pas déclaré acquérir, l’obligation de
la promettante ne constituait qu’une obligation de faire et […] la levée d’option,
postérieure à la rétractation de la promettante, excluait toute rencontre des volontés
réciproques de vendre et d’acquérir ».
59
Illustration
Cass. civ. 3e, 11 mai 2011, Bull. civ. III, n° 77, pourvoi n° 10-12875 :
« […] la levée de l’option par le bénéficiaire de la promesse postérieurement
à la rétractation du promettant excluant toute rencontre des volontés réciproques
de vendre et d’acquérir, la réalisation forcée de la vente ne peut être ordonnée ».
Attention
Attention
60
Illustration
61
Illustration
Une telle promesse peut alors prendre deux formes. Si l’événement dont dépend la
formation du contrat est une obligation, il s’agit alors d’un véritable avant-contrat
synallagmatique. Si, au contraire, l’événement en question n’est pas un engagement
ferme, dans ce cas, il n’y a pas véritablement de contrat, il ne s’agit que d’un projet,
dépourvu de force obligatoire.
Attention
62
Illustration
Dans le pacte de préférence, l’accord définitif du débiteur n’est pas donné. Celui-ci
ne s’engage qu’à proposer la conclusion du contrat en priorité au bénéficiaire dans
l’hypothèse où il entendrait vendre. Pendant la durée du pacte, le débiteur s’engage
donc à ne pas vendre le bien en question à un tiers. Le pacte de préférence est,
depuis l’ordonnance de réforme du droit des contrats du 10 février 2016, défini à
l’article 1123 du Code civil qui dispose que : « le pacte de préférence est le contrat
par lequel une partie s’engage à proposer prioritairement à son bénéficiaire de traiter
avec lui pour le cas où elle déciderait de contracter ». Puisque le pacte ne contient
pas d’offre de contrat, il n’a pas à déterminer le prix de la vente éventuelle.
Illustration
Cass. civ. 1re, 6 juin 2001, Bull. civ. I, n° 166, pourvoi n° 98-20673
« […] il n’est pas dans la nature du pacte de préférence de prédéterminer le
prix du contrat envisagé et qui ne sera conclu, ultérieurement, que s’il advient que
le promettant en décide ainsi ».
63
Attention
Illustration
Cass. civ. 3e, 24 mars 1999, Bull. civ. III, n° 80, pourvoi n° 96-16040.
« […] le pacte de préférence constitue une créance de nature personnelle ; […]
la cour d’appel, ayant retenu que le pacte de préférence avait été institué par (le
débiteur de la préférence) au profit (de la bénéficiaire), cette dernière ne disposait
d’aucun droit à l’encontre (du tiers acquéreur) pour l’inexécution de ce pacte auquel
il n’était pas partie ».
64
Attention
Une nuance existe entre la solution de la Chambre mixte du 26 mai 2006 et celle
retenue par le législateur à l’article 1123 al. 2. La conjonction de coordination
« et » (obtenir l’annulation et la substitution) a été remplacée par la conjonction
de coordination « ou ». Ce changement devrait notamment permettre au béné-
ficiaire d’obtenir l’annulation sans demander à être substitué afin de se ménager
la préférence pour plus tard.
Illustration
65
POUR S’ENTRAÎNER
QCM
1. Un avant-contrat intitulé « compromis de vente » est conclu et
contient la clause suivante : « la vente ne sera parfaite qu’à la suite
de la réitération des présentes par acte authentique ». Il s’agit :
a : d’une promesse synallagmatique valant vente ; b : d’une promesse
synallagmatique ne valant pas vente ; c : d’une promesse unilatérale
2. À l’occasion de ce même avant-contrat, le vendeur décide de ne pas
se présenter devant le notaire à la date fixée :
a : la promesse est caduque ; b : l’acheteur ne peut obtenir que des dommages
et intérêts ; c : l’acheteur peut obtenir l’exécution forcée en nature.
66
CORRIGÉ
1 : a. Une promesse synallagmatique valant vente. La qualification de
promesse unilatérale peut être exclue, car il n’est pas question ici de prévoir
un droit d’option pour l’une des parties. Celle de promesse synallagmatique
ne valant pas vente ne peut pas non plus être retenue, car la volonté des
parties d’essentialiser un élément supplémentaire de formation n’apparaît
pas clairement. Les parties ont simplement repoussé les effets du contrat à
la réitération par acte authentique.
2 : c. L’acheteur peut obtenir l’exécution forcée en nature. Puisque le contrat
est définitivement conclu au moment de la promesse, le vendeur qui ne se
présenterait pas devant le notaire inexécuterait une obligation. Il n’est donc
pas question de considérer le contrat comme caduc ni de limiter la sanction
de cette inexécution à la seule allocation de dommages et intérêts.
3 : b. Il peut obtenir des dommages et intérêts. Puisque la connaissance
de l’existence du pacte et de la volonté du bénéficiaire de s’en prévaloir ne
saurait être présumée, c’est au bénéficiaire de rapporter la preuve de cette
fraude. S’il ne le peut, il a la possibilité, comme le prévoit l’article 1123 du
Code civil, d’engager la responsabilité contractuelle du « promettant » afin
d’obtenir « la réparation du préjudice subi ». Puisqu’il y a eu méconnaissance
du pacte par son débiteur (donc inexécution d’une obligation), il n’est pas
question que le bénéficiaire ne puisse rien faire.
4 : b. La promesse est valable. La vente étant un contrat consensuel, le seul
accord sur la chose et le prix suffit à former le contrat. Le fait de passer
devant le notaire n’est donc pas (sauf stipulation contraire des parties dans
la promesse) une condition de validité de la vente, cela n’aura pour effet
que de permettre la publication du contrat et donc de rendre le droit de
l’acquéreur opposable aux tiers.
67
Définitions
L’article 1583 fait de la chose vendue l’un des éléments essentiels (avec le prix)
du contrat de vente. Or, pour pouvoir faire l’objet d’une vente, la chose vendue doit
présenter deux qualités : elle doit être aliénable (I) et déterminable (II).
Tous les biens compris dans le commerce juridique peuvent faire l’objet d’une
vente. C’est ce qu’affirme l’article 1598 du Code civil qui dispose que « Tout ce qui
est dans le commerce juridique peut être vendu lorsque les lois particulières n’en
ont pas prohibé l’aliénation ». Un contrat portant sur une chose illicite est nul.
Le principe est donc l’aliénabilité, l’inaliénabilité constitue l’exception. En principe,
seule la loi peut rendre une chose inaliénable. La loi répute ainsi certaines choses
inaliénables en raison de leur dangerosité ou de leur illicéité (drogues, animaux
atteints de maladies contagieuses, marchandises contrefaites).
68
Dire que les éléments ou produits du corps humain ne peuvent pas faire l’objet
de vente ne signifie pas qu’ils ne peuvent faire l’objet de convention : ils peuvent
faire l’objet de contrats conclus à titre gratuit et ne sont donc pas techniquement
hors du commerce juridique.
La vente peut également porter sur des biens corporels ou incorporels. Ainsi,
une créance, un droit d’usufruit, un fonds de commerce, ou un droit d’auteur peuvent
faire l’objet d’un tel contrat. Toutefois, la terminologie change quelque peu : l’on
parle en effet plus aisément de cession lorsque ces biens font l’objet d’une vente.
Parfois, des textes particuliers viennent régir ces opérations. C’est notamment le
cas de la cession de créance (visée aux articles 1321 et suivants du Code civil), de
la cession de créances professionnelles (régies par les articles L313-23 et suivants
du Code monétaire et financier) ou de la cession de fonds de commerce (à laquelle
il faut appliquer les articles L141-1 et suivants du Code de commerce).
Si pendant longtemps la clientèle civile (par exemple la clientèle d’un avocat
ou d’un médecin) ne pouvait être l’objet d’une cession, la jurisprudence admet
aujourd’hui un tel contrat, à la condition que la liberté de choix du client soit
préservée. Le fonds libéral fait donc désormais partie des choses dans le commerce
juridique susceptibles d’aliénation.
Illustration
Cass. civ. 1re, 7 novembre 2000, Bull. civ. I, n° 283, pourvoi n° 98-17731 :
« […] si la cession de la clientèle médicale, à l’occasion de la constitution ou
de la cession d’un fonds libéral d’exercice de la profession, n’est pas illicite, c’est à
la condition que soit sauvegardée la liberté de choix du patient ».
B. La propriété du vendeur
La vente peut porter sur une chose future. La vente de chose future est caractérisée
lorsque la chose qui fait l’objet du contrat n’existe pas encore. L’inexistence actuelle
69
Attention
70
Illustration
Cass. civ. 3e, 8 décembre 1999, Bull. civ. III, n° 241, pourvoi n° 98-12922 :
Dans cet arrêt la Cour de cassation casse l’arrêt de la Cour d’appel qui avait
annulé la vente de la chose d’autrui à la demande du vendeur en affirmant que :
« […] en prononçant ainsi la nullité de la vente […] à la demande (du vendeur)
alors que seul l’acheteur […] avait qualité pour invoquer cette nullité, la cour d’appel
a violé (l’article 1599 du Code civil) ».
Attention
Selon l’article 1163 du Code civil, « L’obligation a pour objet une prestation présente
ou future. Celle-ci doit être possible et déterminée ou déterminable ». L’exigence de
déterminabilité de la chose impose donc de distinguer entre les ventes portant sur
des corps certains ou sur des choses de genre.
Lorsque la chose vendue est un corps certain, sa seule description ou localisation
suffit à considérer qu’elle est déterminée.
Lorsque la chose vendue est une chose de genre, elle doit être au moins déter-
minée dans son espèce (du blé, un livre…), mais la quantité peut être simplement
déterminable au jour de la formation du contrat. La détermination de la chose
n’interviendra plus tard alors lorsqu’elle sera individualisée.
Dans la vente en bloc (telle, par exemple, la vente de stock), visée à l’article 1586,
la détermination de l’ensemble vendu est réalisée par l’indication de l’endroit où il
se trouve ou par l’établissement d’une liste des éléments compris dans cet ensemble.
71
Attention
Lorsque la chose vendue est une chose de genre, la détermination ne porte pas
sur ses qualités. Autrement dit, bien que les qualités ne soient pas envisagées
par les parties, le contrat n’est pas susceptible d’annulation.
À retenir
−− Que la vente porte sur un bien corporel ou incorporel, celui-ci doit être dans
le commerce juridique.
−− La vente de chose future est possible, mais peut modifier la qualification du
contrat : celui-ci peut alors être commutatif ou aléatoire.
−− La vente de la chose d’autrui est nulle, de nullité relative, dès lors que le
vendeur n’était pas propriétaire de la chose et que le contrat prévoit un
transfert de propriété immédiat.
−− La chose vendue doit être déterminée ou déterminable.
POUR S’ENTRAÎNER
QCM
1. La vente de la chose d’autrui n’est jamais valable.
a : vrai ; b : faux
2. Dans la vente de la chose d’autrui, le véritable propriétaire peut
obtenir la nullité.
a : vrai ; b : faux
3. La vente d’une chose dont le vendeur n’est pas encore propriétaire est
toujours nulle.
a : vrai ; b : faux
72
CORRIGÉ
1 : b. : faux. La vente de la chose d’autrui est parfois valable. C’est notamment
le cas lorsque le propriétaire a donné un mandat de vendre au vendeur, ou
lorsque le vendeur a lui-même acquis le bien sous clause de réserve de propriété.
2 : b. : faux. La nullité de la vente de la chose d’autrui n’est que relative. Seules
les parties au contrat peuvent obtenir la nullité. Dès lors, le propriétaire
véritable n’étant qu’un tiers à ce contrat, il ne peut agir en nullité.
3 : b. faux. Différentes techniques permettent de vendre un bien dont on
n’est pas encore propriétaire. C’est notamment le cas de la vente d’un bien
acquis sous clause de réserve de propriété, de vente réalisée sous condition
suspensive que le vendeur devienne propriétaire, ou encore de la vente de
chose future.
4 : a. vrai. Seule l’espèce de la chose doit être déterminée. La quantité, pour
sa part, peut n’être que déterminable.
5 : a. : vrai. Un organe étant un produit du corps humain, une telle vente
serait nulle en application de l’article 16-5 du Code civil.
73
I. La détermination du prix
II. La réalité et le sérieux du prix
III. La justesse du prix
Définitions
Le prix est, avec la chose, l’un des éléments essentiels du contrat de vente. C’est
la contrepartie financière, donc exprimée en argent, qui constitue l’objet de l’obli-
gation pécuniaire de l’acheteur. À défaut de prix, le contrat pourrait être annulé,
ou requalifié. Aussi, pour que la vente soit valablement formée, le prix doit-il être
déterminé ou déterminable (I), réel et sérieux (II) et enfin, juste (III).
I. La détermination du prix
Suivant les articles 1591 et 1592 du Code civil, le prix doit être déterminé ou
déterminable. Comme pour la chose, les parties doivent donc être d’accord sur le
prix. Un désaccord sur son montant paralyserait la formation de la vente. Dès lors,
si la vente ne comprend pas de prix déterminé ou déterminable, elle serait menacée
d’annulation.
Le prix doit, en principe, être déterminé par les parties. C’est ce qui résulte de
l’article 1591 qui dispose que « le prix de vente doit être déterminé et désigné par
les parties ». Il peut donc être le fruit de la négociation des contractants.
74
Le prix est parfois déterminé unilatéralement par l’une des parties (souvent le
vendeur). L’accord de l’autre partie forme alors la vente et, bien que l’une d’elles
Illustration
Attention
75
Illustration
Un contrat-cadre peut, par exemple avoir pour objet d’obliger l’une des parties
à se fournir uniquement chez l’autre partie pendant toute la durée de la relation
contractuelle. Les contrats d’application (les ventes successives) ne pourront donc
être passés qu’avec ce cocontractant. Est donc organisée conventionnellement
une obligation pour l’une des parties de conclure les contrats futurs avec l’autre.
Attention
Le contrat-cadre n’est donc pas la vente, il n’est, en quelque sorte, qu’un contrat
préparatoire (la vente n’est alors qu’un contrat d’application). Partant, après une
longue évolution, la jurisprudence, et depuis l’ordonnance de réforme du droit des
contrats du 10 février 2016, l’article 1164, affirment qu’un tel contrat-cadre n’est pas
soumis à l’exigence de détermination du prix fixée à l’article 1591. L’indétermination
du prix dans un contrat-cadre n’est donc pas une cause de nullité de cette conven-
tion. La jurisprudence et l’article 1164 al. 2 ménagent toutefois une hypothèse :
celle dans laquelle le fournisseur commettrait un abus dans la fixation ultérieure du
prix. Dans ce cas, la sanction ne serait pas la nullité, mais la résiliation du contrat
ou l’indemnisation du contractant subissant le prix abusif. La sanction ne touche
donc pas la formation du contrat, mais son exécution : en fixant un prix abusif, le
fournisseur commet donc une inexécution.
Illustrations
76
Attention
On peut noter une différence entre la formulation des arrêts d’Assemblée plénière
de 1995 et celle de l’article 1164 al. 1er du Code civil. La jurisprudence prévoyait
que le prix pouvait être indéterminé, alors que le nouveau texte dispose qu’il
peut être convenu que le prix soit déterminé unilatéralement… ce qui n’est pas
la même chose !
Attention
Pour que la vente soit valablement formée, le prix doit être réel et sérieux. Cela
se comprend aisément : si le prix ne revêtait pas de telles qualités, l’on pourrait
considérer que l’obligation du vendeur serait dépourvue de cause. La vente serait
alors susceptible d’être annulée.
A. Le prix réel
Lorsque le prix n’est pas réel, il est fictif (ou simulé) : c’est le prix dont les parties
sont convenues qu’il ne serait jamais payé. Plus précisément, les parties concluent
un contrat en stipulant un prix, mais au moyen d’une contre-lettre, le vendeur en
dispense l’acheteur.
Une telle convention n’est pas nécessairement annulée, elle peut, en effet, être
requalifiée en donation déguisée, à la condition toutefois de démontrer l’intention
libérale du donateur. La nullité ne doit être prononcée que lorsque le déguisement
contrevient à l’une des conditions de fond de la donation.
Le prix peut également être dissimulé : la contre-lettre prévoit alors un prix
supérieur à celui initialement stipulé dans le contrat. Ici encore, la simulation
n’emporte pas de plein droit la nullité de l’acte.
77
Attention
Lorsque le prix est dissimulé par le biais d’une contre-lettre en matière immobilière,
seule la contre-lettre est annulée. Le contrat de vente (l’acte ostensible) n’est
pas touché par la nullité. Le vendeur ne pourra donc obtenir que le paiement du
prix initialement convenu.
B. Le prix sérieux
Affirmer que le prix doit être sérieux, signifie qu’il ne doit pas être dérisoire ou
vil. On considère qu’un prix est dérisoire lorsqu’il n’existe pas ou lorsqu’il est ridi-
culement bas eu égard à la valeur de la chose. Dans ce cas, le montant du prix est
si faible qu’il équivaut à une véritable absence de prix. La vente est alors annulable,
la nullité n’étant ici que relative.
L’utilité du recours au caractère sérieux du prix apparaît pour l’essentiel lorsque
la vente n’est pas rescindable pour cause de lésion (notamment les ventes aléatoires
ou les ventes mobilières). Toutes les ventes consenties pour un prix faible ne sont
néanmoins pas annulables. Le prix peut être faible sans pour autant remettre en cause
la validité de la vente : un prix symbolique n’est donc pas nécessairement dérisoire.
Illustration
Affirmer que le prix doit être juste signifie qu’il doit être le plus proche possible
de la valeur de la chose vendue. Néanmoins, la liberté contractuelle permet en
78
Selon l’article 1674 du Code civil, « Si le vendeur a été lésé de plus de sept douzièmes
dans le prix d’un immeuble, il a le droit de demander la rescision de la vente […] ».
Aussi, la vente immobilière est-elle le seul contrat susceptible de fonder l’application
de l’article en question. Partant, une donation déguisée, un échange, un crédit-bail
immobilier ou une vente mobilière, ne sauraient ouvrir le bénéfice de la rescision pour
lésion. Attention toutefois, toutes les ventes immobilières ne sont pas susceptibles
d’être rescindées : les ventes aléatoires (par exemple les ventes dont le prix prend la
forme d’une rente viagère) ne sont pas concernées. On enseigne en effet que l’aléa
chasse la lésion. Il en est de même pour les ventes faites par autorité de justice.
Attention
L’action en rescision pour lésion, qui est enfermée dans un court délai de deux ans
à compter du jour de la vente, n’est donc admise que lorsque cette lésion est énorme :
lorsqu’elle est supérieure aux 7/12e de la valeur de l’immeuble. Le déséquilibre doit
s’apprécier au moment de la formation du contrat. Si la vente a été précédée d’une
promesse unilatérale, conformément à l’article 1675, c’est au moment de la levée
d’option qu’il est apprécié.
Attention
79
À retenir
80
POUR S’ENTRAÎNER
Cas pratique
Une promesse unilatérale de vente est conclue pour un immeuble situé
sur un terrain non constructible pour la somme de 900 000 euros. Le
bénéficiaire de la promesse s’était vu octroyer un délai de 6 mois pour
opter. 4 mois plus tard, le bénéficiaire lève l’option, alors que le terrain
vient de passer constructible. Sa valeur réelle est aujourd’hui estimée à
2 400 000 euros. La vente est toutefois conclue pour la somme initialement
convenue. Le vendeur vient vous consulter et vous demande s’il peut
obtenir un supplément du prix, l’acheteur, quant à lui, vous indique
que, quoi qu’il en soit, il ne renoncera pas à la vente (il ne vous est pas
demandé de calculer les éventuels intérêts qui pourraient être appliqués
au supplément de prix).
CORRIGÉ
Tout d’abord, pour apprécier s’il y a lésion ou non, il convient de se référer à
la valeur du bien au jour de la conclusion du contrat. C’est donc à la valeur
du terrain au jour de la levée d’option (2 400 000 euros) qu’il faut avoir égard.
Il faut ensuite calculer si le déséquilibre est tel que la lésion des 7/12 est
qualifiée.
Les 7/12 de 2 400 000 sont constitués par (2 400 000/12) x 7 = 1 400 000.
L’immeuble ayant été vendu 900 000 il y a bien lésion de plus des 7/12.
La valeur de rachat doit alors être calculée.
Il faut déterminer le supplément de prix :
2 400 000 (le prix réel) – 900 000 (le prix payé) = 1 500 000
Puis déduire de ce supplément le dixième du prix réel :
1 500 000 – (2 400 000/10) = 1 260 000.
Puisque l’acheteur n’entend pas restituer le bien (par là, il exerce son option),
il devra payer au vendeur la somme supplémentaire de 1 260 000 euros (au
total, l’immeuble aura coûté 900 000 + 1 260 000 = 2 160 000 euros à l’acheteur).
81
I. Le transfert de propriété
II. Le transfert des risques
Définitions
Clause de réserve de propriété. Régie par les articles 2367 et suivants du Code
civil, la clause de réserve de propriété peut se définir comme une clause par laquelle
le vendeur conserve la propriété d’un bien jusqu’à complet paiement du prix.
Opposabilité. L’opposabilité est le rayonnement d’un acte ou d’un droit à l’égard
des tiers, qui n’y ont donc pas été parties.
Risques de la chose. Lorsque les risques portent sur la disparition ou l’altération
de la chose, ils sont définis comme tous les accidents fortuits, qui atteignent
intrinsèquement la chose dans son existence matérielle, et par suite desquels
elle s’est détériorée ou a péri.
82
Le principe posé par le Code civil aux articles 1196 et 1583 est que la propriété
est transférée à l’acheteur dès la conclusion du contrat (A). Ce régime n’étant que
supplétif de volonté, il peut faire l’objet d’aménagements conventionnels par les
parties (B). Toutefois, si le transfert est parfait entre les parties par le seul accord
sur la chose et le prix, il ne faut pas oublier qu’il n’est, en vertu de la règle de l’effet
relatif des contrats, pas opposable en lui-même aux tiers (C).
Le principe posé par l’article 1583 du Code civil est que la propriété est transférée
à l’acheteur dès l’accord sur la chose et le prix : c’est le mécanisme du transfert de
propriété solo consensu (par le seul effet des consentements). Ce principe signifie
que la propriété peut être transférée à l’acheteur alors même que le vendeur ne lui a
pas encore matériellement transmis la chose et qu’il n’a pas encore payé le prix. Dès
l’échange des consentements, le transfert de propriété est automatique et immédiat.
Suivant la présentation retenue par le Code civil en 1804, le transfert de propriété
devait être considéré comme une obligation : celle de donner (dare). Toutefois, une
telle analyse pouvait être remise en cause, le transfert devant plutôt être considéré
comme un effet légal du contrat. En effet, l’exécution de cette obligation était
purement théorique : techniquement, l’accord des parties opérant le transfert, celles-
ci n’avaient donc rien à faire pour le réaliser. En outre, l’automaticité du transfert
s’accordait mal avec le concept d’obligation. Il est difficile de considérer que le
vendeur s’obligeait à transférer la propriété alors même que le transfert se réalisait
indépendamment de tout acte de volonté de sa part. S’opérant automatiquement
et immédiatement, le transfert n’était donc pas susceptible d’inexécution, l’analyse
en termes d’obligation de donner n’apparaissait donc pas efficiente. Ces critiques
ont été entendues par le législateur à l’occasion de l’ordonnance de réforme du
droit des contrats du 10 février 2016. Le nouvel article 1196 introduisant une sous-
section au contenu explicite – l’effet translatif – dispose désormais que : « Dans les
contrats ayant pour objet l’aliénation de la propriété ou la cession d’un autre droit,
le transfert s’opère lors de la conclusion du contrat ».
Attention
Affirmer que le transfert de propriété n’est pas une obligation, mais un effet légal
du contrat ne signifie pas que le vendeur n’est tenu d’aucune obligation. S’il n’est
83
Dès l’accord sur la chose et le prix, le vendeur n’est plus propriétaire de la chose
(il n’en est plus que détenteur précaire) et le bien sort donc de son patrimoine.
Corrélativement, la propriété passe à l’acheteur et intègre son patrimoine ; le bien
peut alors être saisi par les créanciers de ce dernier.
Le principe du transfert solo consensu ne vaut toutefois que pour les corps
certains. Lorsque la vente porte sur une chose de genre, ou une chose future, le
transfert peut être reporté.
Si la vente a pour objet une chose de genre (c’est-à-dire une chose interchan-
geable au sein d’une catégorie), le transfert instantané n’est pas possible. Ces choses
sont en quelque sorte des abstractions et l’absence d’individualisation paralyse le
transfert de la propriété du vendeur à l’acheteur.
L’individualisation permet à la chose vendue de devenir un corps certain. Elle a donc
pour objet d’isoler la chose vendue et de donner au droit de propriété une assiette.
Elle peut se réaliser par différentes techniques et notamment par le comptage, le
mesurage ou le pesage de la chose (art. 1585 C. civ.). À défaut de la réalisation d’un
de ces procédés, l’individualisation est réalisée au plus tard lors de la délivrance.
Illustration
Si la vente porte sur une tonne de blé située dans un silo en comprenant cinq
tonnes, au moment de l’accord sur la chose et le prix, il est impossible de savoir
précisément quels grains reviennent à l’acheteur. Ce n’est qu’au moment où ils
seront extraits du silo (individualisés) que le transfert de propriété se produira.
Si la vente a pour objet une chose future le transfert de propriété ne peut pas
non plus se réaliser solo consensu puisque, par définition la chose (objet du contrat)
n’existe pas encore. Le transfert est donc reporté au moment où la chose sera achevée
si la chose future est un corps certain, ou au moment de son individualisation si la
chose en question est une chose de genre.
La règle du transfert de propriété solo consensu posé par le Code civil n’est que
supplétive de volonté. Partant, il n’a vocation à s’appliquer que si les parties n’en
sont pas convenues autrement. Acheteur et vendeur ont donc la liberté de reporter
ou d’avancer le transfert de propriété. Les contractants peuvent ainsi subordonner
la réalisation du transfert à une condition suspensive ou à un terme suspensif. Il
est donc possible de reporter le transfert à l’obtention d’un prêt, à la remise de la
chose, ou à la signature du contrat par acte authentique.
84
Illustration
85
Pour être valable, la stipulation d’une vente avec faculté de rachat ne doit pas
être suspecte de dissimuler un pacte commissoire interdit.
Enfin, lorsque le bien est acheté par plusieurs personnes, celles-ci peuvent décider
de stipuler dans l’acte de vente une clause de tontine ou clause d’accroissement,
chacune d’elles acquérant sous condition suspensive de sa survie et sous condition
résolutoire de sa survie. Le dernier survivant des acquéreurs est alors rétroactivement
considéré comme ayant été le seul et unique propriétaire du bien acquis.
Attention
Pour que le transfert de propriété soit efficace, celui-ci doit être opposable
aux tiers.
Lorsque le bien vendu est un immeuble, l’opposabilité est assurée par l’application
des règles de la publicité foncière. Entre les parties, la vente transfère le droit de
propriété, mais à l’égard des tiers, l’acheteur ne peut se prétendre propriétaire qu’à
compter du jour où l’acte de vente est publié à la conservation des hypothèques. Dès
lors, si un bien est vendu deux fois par le même vendeur, le premier des acheteurs
qui aura publié l’acte de vente sera considéré, à l’égard des tiers comme le véritable
propriétaire.
Cette règle est toutefois tempérée par l’article 1998 al. 2 du Code civil par référence
à la bonne ou à la mauvaise foi de celui qui publie en premier. Si le second acquéreur
publie en premier, alors même qu’il connaissait l’existence de la précédente vente,
il ne pourra se prévaloir du bénéfice des règles de la publicité foncière.
Illustrations
86
Lorsque le bien vendu est un meuble corporel, la publicité foncière n’a pas
vocation à s’appliquer. La publicité est alors assurée par la possession. Il convient
alors d’appliquer l’article 1198 al. 1er du Code civil, qui prévoit que lorsqu’un bien a
été vendu deux fois par le même vendeur, il convient de préférer celui qui est entré
en possession (et non celui qui a conclu le contrat en premier), à la condition qu’il
soit de bonne foi (qu’il ait donc ignoré qu’il acquérait a non domino : le vendeur ayant
déjà vendu le bien, il n’en était plus le propriétaire). Il s’agit ici d’une application
de la règle de l’alinéa premier de l’article 2276 du Code civil, qui dispose qu’« en fait
de meubles, la possession vaut titre ».
Illustrations
Attention
Dire qu’un second acquéreur dans le temps sera préféré à un premier acquéreur, car
il publié son titre ou pris en possession en premier, ne signifie pas que l’acquéreur
lésé ne disposera d’aucun recours contre le vendeur. Il pourra notamment agir
sur le fondement de la garantie d’éviction.
Lorsque le bien vendu est un meuble incorporel, les règles d’opposabilité varient.
Les cessions de droits de propriété intellectuelle (marques, brevets…) doivent être
publiées sur un registre tenu par l’Institut National de la Propriété Industrielle
(INPI). Les cessions de parts sociales sont, enfin, considérées comme opposables
lorsqu’elles ont été notifiées à la société et publiées au Registre du Commerce et
des Sociétés (RCS).
87
A. Principe et exceptions
Attention
88
Dans une vente conclue sous réserve de propriété, bien que l’acheteur soit
entré en possession de la chose, il n’en n’est pas encore propriétaire. Si la chose
B. Aménagements conventionnels
Le régime légal du transfert des risques n’étant que supplétif de volonté, les
parties peuvent y déroger. Il est ainsi fréquent que les ventes conclues sous clause
de réserve de propriété comportent également une clause liant le transfert des
risques à la remise de la chose. Dans ce cas, l’acheteur, qui est entré en possession
de la chose sans en être encore propriétaire, est alors chargé des risques.
Il est de même en matière de vente internationale de marchandises. La
Convention de Vienne (CVIM), qui ne prend pas parti sur le moment du transfert de
propriété, prévoit un système particulier de transfert des risques.
Le principe, fixé à l’article 66 est que « la perte ou la détérioration des marchan-
dises survenue après le transfert des risques à l’acheteur ne libère pas celui-ci de
son obligation de payer le prix, à moins que ces événements ne soient dus à un fait
du vendeur ».
89
À retenir
90
QCM
CORRIGÉ
1 : b. faux. Le transfert de propriété se réalise dès l’accord sur la chose et le
prix. L’acheteur devient donc propriétaire alors même qu’il n’est pas entré en
possession de la chose.
2 : b. faux. Dans la vente en libre-service, la jurisprudence considère que le
transfert ne s’opère qu’au moment du paiement.
3 : b. faux. La vente immobilière est un contrat consensuel, le transfert de
propriété inter partes intervient donc dès l’accord sur la chose et le prix.
Toutefois, l’opposabilité du transfert est subordonnée à la publication de
l’acte à la conservation des hypothèques. Or, seuls les actes authentiques
peuvent y être publiés.
4 : a. vrai. Si la vente opère un transfert de propriété solo consensu et que la
chose périt par cas fortuit avant la délivrance, c’est bien l’acheteur qui est
chargé des risques. Dès lors, le vendeur pourra le contraindre à payer le prix.
5 : a. vrai. La vente opérant un transfert de propriété solo consensu emporte
également transfert des risques pour l’acheteur. Toutefois, si le vendeur
ne délivre pas le bien et que l’acheteur le met en demeure d’exécuter son
obligation, les risques sont alors retransférés au premier.
91
I. L’acte de délivrance
II. La conformité de la délivrance
III. Sanctions de la délivrance
Définitions
92
D’un point de vue matériel, la définition de la délivrance posée par l’article 1604
(« le transport de la chose vendue en puissance et possession de l’acheteur ») n’est
pas satisfaisante. Une telle définition amène, en effet, à considérer que délivrance
et remise de la chose sont synonymes ; or, tel n’est pas le cas. Le vendeur n’a pas
à remettre la chose, mais doit la mettre à la disposition de l’acheteur. Il doit
donc permettre à l’acheteur de la retirer ou de l’enlever. La délivrance consiste
donc essentiellement pour le vendeur à cesser d’exercer son emprise sur la chose et
permettre à l’acheteur de venir la saisir.
Dès lors, la délivrance ne doit pas être confondue avec la livraison, qui consiste
pour sa part en la remise directe du bien à l’acheteur ou au transporteur, ni avec le
transfert de propriété qui est une opération intellectuelle portant sur la transmission
du droit (la propriété) et non la chose.
Illustrations
S. Pufendorf, Le droit de la nature et des gens, 1732, T. I, liv. IV, Chap. IX, §VIII :
« La délivrance même n’est pas, à parler exactement, le dernier acte de propriété ;
mais un simple défaillement et un abandonnement corporel de la chose aliénée ».
Art. 5 al. 1er de l’Avant-projet de réforme du droit des contrats spéciaux :
« Le débiteur de la délivrance doit mettre le bien et ses accessoires à disposition
du créancier ».
93
Affirmer que mettre à disposition ce n’est pas remettre la chose, n’empêche pas
que la mise à disposition puisse se réaliser par la remise. La remise n’est qu’un
type de mise à disposition (qui peut donc être réalisée d’autres façons).
La délivrance porte donc sur la chose elle-même, mais également sur ses acces-
soires. Cela ressort de l’article 1615 du Code civil qui dispose que « l’obligation de
délivrer la chose comprend ses accessoires et tout ce qui a été destiné à son usage
perpétuel ». Les accessoires en question peuvent être de différentes natures :
−− il peut s’agir d’accessoires matériels, tels les fruits produits par la chose depuis
le transfert de propriété ou les biens nécessaires à l’utilisation de la chose
vendue (cordon d’alimentation, codes d’activation, emballages, immeubles
par destination si la vente est immobilière, documents administratifs telle
la carte grise d’un véhicule) ;
−− il peut également s’agir d’accessoires d’ordre juridique. Doivent ainsi être
transmis avec la chose les droits réels qui lui sont attachés (servitude atta-
chée au fond vendu), les contrats accessoires à la chose (ainsi du contrat de
bail relatif à l’immeuble vendu) et les actions en justice ;
−− il peut enfin s’agir d’accessoires intellectuels. Des renseignements et infor-
mations doivent être transmis avec la chose en complément de ceux qui ont
pu être fournis avant le contrat.
Enfin, la chose doit être délivrée dans l’état dans lequel elle se trouve au moment
de la vente (art. 1614 C. civ.). Cela signifie que lorsque la vente porte sur un bien
d’ores et déjà usé lors de la conclusion du contrat (hypothèse de la vente de bien
d’occasion), le vendeur n’a pas à la remettre en état pour la délivrer. De plus, si la
délivrance ne s’opère pas au jour de la conclusion de la vente, le vendeur supporte
une obligation de conservation du bien (art. 1196 C. civ.).
B. Modalités de la délivrance
Selon l’article 1609 du Code civil, « La délivrance doit se faire au lieu où était, au
temps de la vente, la chose qui en a fait l’objet, s’il n’en a été autrement convenu ».
La chose étant quérable et non portable, le lieu de la délivrance se situe au domicile
du vendeur. Cela se comprend : le vendeur n’a pas à remettre la chose, mais doit
simplement la mettre à disposition de l’acheteur. Le premier n’a pas à la porter chez
le second. Dès lors, sauf stipulation contraire des parties, c’est à l’acheteur d’aller
la chercher (la quérir) chez le vendeur.
La délivrance doit s’effectuer au temps convenu par les parties. À défaut de
stipulation contractuelle contraire, elle doit être réalisée au moment de la forma-
tion du contrat.
94
La chose délivrée doit être la chose vendue. Le défaut d’adéquation entre ces
choses constitue une hypothèse de non-conformité de la délivrance puisque le vendeur
doit délivrer une chose conforme en tout point aux stipulations contractuelles.
La conformité s’entend donc de la délivrance d’une chose identique à la chose
vendue. Si le vendeur devait délivrer tel corps certain, mais en délivre un autre, la
délivrance n’est pas conforme. L’identité doit s’apprécier objectivement (c’est-à-dire
en fonction du type, de la marque ou des caractéristiques techniques du bien vendu),
mais également subjectivement (c’est-à-dire en contemplation des stipulations
contractuelles particulières des parties).
Illustration
Si l’acheteur a acheté une voiture de couleur grise, mais se fait délivrer une
voiture de couleur noire, la délivrance n’est pas conforme.
La conformité s’entend tout d’abord d’un point de vue quantitatif. Selon l’article
1616 du Code civil, le vendeur est en effet « tenu de délivrer la contenance telle qu’elle
est portée au contrat […] ».
La différence de quantité peut être découverte dans une vente mobilière, notam-
ment dans les ventes au poids et à la mesure, mais également dans les ventes immo-
bilières en cas de différence entre la superficie stipulée au contrat et la superficie
réelle du bien délivré.
Dans les ventes immobilières, le régime mis en place par les articles 1617 et
suivants impose d’opérer une distinction.
−− si la vente a été conclue pour un prix global, l’article 1619 prévoit que la
différence de superficie ne peut être réparée que dans l’hypothèse où la
différence entre la mesure réelle et la mesure indiquée au contrat est d’un
vingtième en plus ou en moins. S’il s’agit d’un vingtième en plus, le vendeur
aura droit à une augmentation du prix ou à la résolution du contrat. S’il s’agit
d’un vingtième en moins, l’acquéreur aura droit à une diminution du prix ;
95
Illustration
96
Illustration
Il faut bien distinguer délivrance conforme et garantie des vices cachés. S’il
y a une différence entre la chose délivrée et la chose vendue, la conformité est en
jeu. Si, au contraire, il y a une différence entre l’usage attendu et l’usage réel, il
convient de se référer aux règles de la garantie des vices cachés. La frontière entre
les deux remèdes est parfois ténue.
Illustration
97
Attention
En cas de résolution unilatérale, le juge peut être saisi a posteriori (donc après
la résolution) pour déterminer si le critère de gravité était rempli.
Par ailleurs, l’acheteur peut, depuis l’ordonnance de réforme du droit des contrats
du 10 février 2016, en cas d’inexécution imparfaite de la délivrance (imaginons
une délivrance incomplète ou tardive) solliciter une réduction proportionnelle à
l’inexécution du prix de vente (art. 1223 C. civ.).
98
Si la délivrance est impossible en raison d’une perte de la chose par cas fortuit,
il convient d’appliquer la théorie des risques.
À retenir
99
QCM
1. La délivrance se réalise toujours par la remise de la chose.
a : vrai ; b : faux.
2. La délivrance est :
a : quérable et non portable ; b : portable et non quérable.
3. Le défaut de délivrance peut entraîner la nullité du contrat :
a : vrai ; b : faux.
4. La conformité de la délivrance a pour objet de permettre à l’acheteur :
a : d’avoir un bien en adéquation avec les stipulations contractuelles ; b :
d’avoir un bien dont l’usage est en adéquation avec ses attentes.
5. Un vendeur qui refuserait de délivrer le bien pourrait invoquer l’article
1142 du Code civil (relatif à l’inexécution des obligations de faire
pour ne pas être condamné à l’exécution forcée en nature :
a : vrai ; b : faux.
6. Une personne acquiert un terrain industriel afin de le réhabiliter et
d’y construire des maisons. Le contrat de vente prévoit que le terrain
a été dépollué. Il s’avère qu’en réalité le terrain est pollué aux métaux
lourds, ce qui lui interdit de réaliser les constructions prévues. Il doit :
a : agir sur le fondement de la garantie des vices cachés, car l’usage du
terrain est rendu impossible par la pollution ; b : agir sur le fondement de
la délivrance conforme, car le contrat n’a pas été respecté.
CORRIGÉ
1 : b. faux. La remise de la chose est un moyen d’exécuter la délivrance, mais
toute délivrance ne se réalise pas par la remise. La mise à disposition du bien
c’est-à-dire la cessation de l’emprise du vendeur sur la chose est suffisante.
2 : a. quérable et non portable. C’est à l’acheteur de venir prendre possession
du bien, le vendeur n’a pas à le lui porter.
3 : b ; faux. Le défaut de délivrance est une inexécution. Or, l’inexécution
n’entraîne jamais la nullité, qui, pour sa part, sanctionne un vice dans la
formation du contrat.
4 : a. d’avoir un bien en adéquation avec les stipulations contractuelles. La
référence à l’usage attendu de la chose par l’acheteur est un problème relevant
de la garantie des vices cachés.
5 : b. faux. L’article 1142 du Code civil, suivant lequel les obligations de faire
se résolvent en dommages et intérêts en cas d’inexécution n’a vocation à
100
101
Définitions.
La garantie d’éviction, régie par les articles 1626 et suivants du Code civil, est
la suite logique de la délivrance qui a pour objet de permettre l’entrée en posses-
sion de l’acheteur. Cette garantie assure ainsi la pérennité de la délivrance, en
octroyant à l’acheteur la possession paisible du bien. L’objectif est donc de garantir
l’acheteur contre les prétentions du vendeur lui-même (I), mais également contre
les prétentions des tiers (II).
102
Illustration
Ensuite, le vendeur doit également garantir tout trouble de fait. Le trouble de fait
suppose que le vendeur trouble la possession de l’acheteur par un acte matériel, sans
caractère juridique. Il s’agit donc d’une atteinte à la jouissance paisible de l’acheteur.
Souvent, c’est en matière de concurrence que le trouble de fait se produit : un vendeur
cède un fonds de commerce, puis tente de détourner la clientèle du cessionnaire.
Illustrations
Cass. com. 14 avril 1992, Bull. civ. IV, n° 160, pourvoi n° 89-21182 :
« […] le vendeur d’un fonds de commerce a l’obligation de s’abstenir de tout
acte de nature à détourner la clientèle du fonds cédé […] » ;
Attention
103
Attention
Affirmer que la garantie est d’ordre public ne signifie pas qu’aucune stipulation
à son égard n’est admise. Les parties peuvent en effet étendre la garantie.
Les effets de la garantie diffèrent selon que le trouble est de droit ou de fait :
−− si le trouble est de fait, c’est à l’acheteur d’agir en justice et d’assigner le
vendeur ou ses héritiers. Le vendeur, au titre de la garantie, doit alors y
mettre fin. Pour cela, il doit remettre la chose en l’état et éventuellement
réparer le préjudice subi par l’acheteur ;
−− si le trouble est de droit, l’acheteur peut opposer l’exception de garantie. Il
fait ainsi échec à l’action intentée contre lui.
104
105
Illustration
Attention
Lorsque l’éviction est partielle et que l’acheteur ne peut prétendre qu’à une
indemnité, celle-ci ne correspond pas à une fraction proportionnelle du prix
de vente, mais, selon l’article 1637, à la valeur de la partie dont il a été évincé
appréciée à l’époque de l’éviction.
106
POUR S’ENTRAÎNER
QCM
1. Le trouble de droit s’entend nécessairement de la présence d’un droit
réel invoqué par le vendeur ou un tiers.
a : vrai ; b : faux.
2. Le trouble de fait n’est garanti qu’en vertu de la garantie du fait
personnel.
a : vrai ; b : faux.
3. Dans la garantie du fait des tiers, l’acheteur ne peut invoquer cette
garantie qu’après le recours du tiers contre lui.
a : vrai ; b : faux.
4. Le vendeur peut devoir garantie, au titre de la garantie du fait des
tiers, si le trouble n’existait pas au moment de la vente.
a : vrai ; b : faux.
5. Les parties, quelles qu’elles soient, peuvent toujours exclure la garantie
du fait des tiers.
a : vrai ; b : faux.
107
108
Définitions
109
II. Le vice
Afin que puisse être mise en œuvre efficacement la garantie des vices cachés,
la chose vendue doit bien entendu être atteinte d’un vice. Cependant, tout vice ne
permet pas le déclenchement de la garantie, s’il doit exister, il doit, en outre, être
inhérent à la chose (A), caché (B) et antérieur à la vente (C).
110
Illustration
De la même façon si le défaut est causé par une mauvaise utilisation de la chose
par l’acheteur, il ne permettra pas à l’acheteur d’intenter une action sur le fondement
de la garantie des vices cachés.
Illustration
De manière générale, pour que la garantie puisse être mise en œuvre, le vice doit
rendre la chose impropre à son usage ou diminuer l’usage de la chose. On enseigne
dès lors que peut recevoir la qualification de vice, le défaut qui compromet l’usage
de la chose.
Attention
111
Illustration
112
B. Un vice caché
Illustration
113
Illustration
Seul le vice qui existait avant la conclusion de la vente (ou avant le transfert
de propriété si celui-ci a été retardé) est susceptible de fonder la garantie des vices
cachés. Cela se comprend, la garantie est un mécanisme d’allocation des risques, or,
après la vente en application de l’adage res perit domino, c’est l’acheteur, devenu
propriétaire qui en est chargé. La situation est donc différente si le vice existait
avant la vente.
Le vice peut n’être qu’en germe avant la vente, mais ne se révéler qu’après (ainsi
un défaut de fabrication peut ne produire ses conséquences, ou n’apparaître aux
yeux des acheteurs que plusieurs mois après la livraison du bien).
114
Illustration
115
La question qui peut se poser est de savoir si l’acheteur peut agir contre le
vendeur sur un autre fondement que la garantie des vices cachés.
Ainsi, l’acheteur bénéficie d’une option entre plusieurs actions : s’il n’entend pas
agir sur le fondement de la garantie des vices cachés et que les conditions sont
réunies, il peut choisir d’actionner le vendeur sur le fondement de la responsabilité
du fait des produits défectueux. S’il est consommateur et que le bien vendu est
un meuble corporel, il peut également agir en vertu de la garantie de conformité.
À l’opposé, il ne peut agir sur le fondement un défaut de délivrance conforme,
ni sur celui de l’erreur.
Illustration
Néanmoins, la jurisprudence estime que l’action pour dol ou plutôt pour réticence
dolosive demeure ouverte à l’acheteur.
Illustration
Attention
116
Attention
117
Illustration
B. Le recours du sous-acquéreur
Souvent, le vendeur de la chose n’est pas lui-même le fabricant. Dès lors, après
avoir été poursuivi sur le fondement des vices cachés par l’acheteur, il exercera une
action récursoire contre son propre vendeur (le vendeur du vendeur), qui lui-même
agira contre son vendeur, et ainsi de suite jusqu’au fabricant de la chose. De même,
le vendeur peut, lorsqu’il est actionné, appeler son propre vendeur en garantie. Un
tel système peut toutefois présenter certains inconvénients, le risque qu’un vendeur
intermédiaire soit insolvable est en effet grand. La chaîne des actions récursoires
pourrait alors être bloquée.
Aussi, la jurisprudence permet à l’acquéreur d’exercer une action directe contre
n’importe lequel des vendeurs de la chaîne de contrats, y compris, donc, contre
le fabricant. Le mécanisme de l’action directe est également admis pour d’autres
actions, notamment la délivrance conforme ou la garantie d’éviction et pour des
chaînes composées d’autres contrats dès lors que cette chaîne est acquisitive de
propriété (l’action directe n’est donc pas admise dans l’hypothèse d’une vente suivie
d’un contrat d’entreprise qui n’emporterait pas acquisition de la propriété du bien
au maître de l’ouvrage).
Illustration
118
La conclusion d’une garantie contractuelle des vices cachés n’exclut pas pour
l’acheteur la possibilité d’agir sur le fondement de la garantie légale. La première
ne se substitue donc pas à la seconde, mais s’y ajoute.
Les articles 1641 et suivants du Code civil étant supplétifs de volonté, le vendeur
peut également, selon les circonstances, stipuler une limitation de garantie (prévoir
que seuls certains défauts feront l’objet de la garantie) ou exclure tout simplement
toute garantie.
Lorsque le vendeur n’est pas un professionnel, de telles clauses sont valables,
mais seraient privées d’effet en cas de mauvaise foi. C’est le principe qui s’évince
de l’article 1643 du Code civil.
Illustration
Il peut en outre être relevé que le vendeur profane est parfois traité comme un
professionnel quand il a des compétences particulières relativement au bien vendu,
ou qu’il a participé à sa construction.
119
Attention
Il peut en outre être noté que le vendeur professionnel ne pourrait, par le biais
d’une clause limitative ou élusive de responsabilité, s’exonérer des conséquences
pécuniaires de sa faute (la faute étant ici tirée de la connaissance présumée du
vice). Il ne peut donc exclure par une clause l’application de l’article 1645 du
Code civil.
120
À retenir
−− Pour que la garantie s’applique, le vice doit être caché, inhérent à la chose
et antérieur à la vente.
−− L’action en garantie des vices cachés doit être intentée dans un délai de deux
ans à compter de la découverte du vice.
−− La garantie des vices cachés donne lieu à une action estimatoire ou rédhibi-
toire et/ou à une action en dommages et intérêts.
−− Le vendeur professionnel, lorsqu’il ne contracte pas avec un professionnel de
la même spécialité est irréfragablement présumé connaître l’existence du vice.
−− La garantie ne peut faire l’objet de clause limitative que lorsque le vendeur
est non professionnel ou lorsqu’il est un professionnel contractant avec un
professionnel de même spécialité.
POUR S’ENTRAÎNER
Cas pratique
Paul a acheté un bateau d’occasion auprès de Jacques, vendeur de navires
d’occasions, pour un prix très important. Les parties étaient toutefois
convenues que la vente ne serait définitive qu’après une expertise réalisée
121
CORRIGÉ
Les premières questions qu’il faut se poser ici consistent à se demander si le
vice en question était apparent, connu de l’acheteur et s’il était antérieur à la
vente. Le vice apparent est celui que l’acheteur lorsqu’il n’est pas professionnel
(ce qui est le cas en l’espèce) peut déceler après un examen élémentaire. Paul
a ici essayé le bateau (qui a manifestement démarré), mais on ne pouvait ni
lui reprocher de n’avoir pas démonté le moteur, ni de ne pas avoir convié un
expert lors de l’essai. Le vice n’était pas donc décelable. Il n’était pas non
plus connu de l’acheteur (le premier dysfonctionnement n’affectant pas le
moteur aujourd’hui défaillant). Enfin, le fait que le problème ait été remarqué
quelques jours après la vente constitue un indice suffisant pour réputer le
vice antérieur à la vente. Le vice était donc bien caché.
Il faut ensuite se demander de quels recours dispose Paul. L’acheteur pourra ici
agir sur le fondement d’une action estimatoire (pour obtenir une réduction du
prix de vente) ou sur celui de l’action rédhibitoire s’il entend résoudre la vente.
En outre, il pourra demander des dommages et intérêts à Jacques sans avoir
à rapporter la preuve de la connaissance par ce dernier du vice. Le vendeur
étant un professionnel, il est, en effet, présumé irréfragablement connaître
l’existence du vice.
122
I. Le champ d’application
II. La notion de conformité
III. Les effets de la garantie
Définitions
123
Attention
Enfin, la garantie est applicable pour les ventes conclues après l’entrée en vigueur
de l’ordonnance, c’est-à-dire à compter du 19 février 2005.
124
Attention
Attention
125
Illustration
À retenir
126
POUR S’ENTRAÎNER
QCM
1. La garantie de conformité remplace, dans les ventes faites aux
consommateurs, la garantie des vices cachés et la délivrance conforme.
a : vrai ; b : faux.
2. Dans la garantie de conformité, l’acheteur peut toujours demander la
résolution du contrat
a : vrai ; b : faux.
3. Si l’acheteur entendait faire une utilisation inhabituelle du bien, qu’il
n’en a pas informé le vendeur, et que le bien ne répond pas à cet usage,
il peut demander l’application d’un des remèdes.
a : vrai ; b : faux.
4. En cas de retard dans la livraison, l’acheteur doit invoquer :
a : la garantie de conformité ; b : l’inexécution de l’obligation de délivrance ;
c : la garantie des vices cachés.
5. Si le défaut intervient dans les 24 mois de la délivrance, l’acheteur
n’a pas à prouver qu’il lui était antérieur.
a : vrai ; b : faux.
127
128
I. L’obligation de retirement
II. L’obligation de payer le prix
Définitions.
Les obligations de l’acheteur se trouvent aux articles 1650 à 1657 du Code civil
et constituent en quelque sorte la contrepartie des obligations du vendeur. Ainsi,
l’acheteur doit-il non seulement retirer la chose (I), c’est-à-dire, s’en saisir maté-
riellement et payer le prix (II).
I. L’obligation de retirement
129
Attention
Le retirement n’est pas une simple faculté à la discrétion de l’acheteur, c’est une
véritable obligation. Dès lors son inexécution est susceptible de sanctions.
−− le vendeur peut obtenir l’exécution forcée du retirement. Cela consiste en la
condamnation de l’acheteur à venir retirer la chose sous astreinte ;
−− le vendeur peut également, en matière mobilière uniquement, résoudre de
plein droit et sans sommation de la vente (art. 1657 C. civ.) si l’acheteur
ne retire pas la chose délivrée dans le délai imparti par le contrat. Cette
solution est dérogatoire au droit commun de l’article 1224 C. civ. (qui prévoit
que la résolution peut être unilatérale, mais s’opère alors par notification
du créancier au débiteur) et s’explique par le risque dépérissement rapide
de certains biens et la nécessité de permettre au vendeur de les revendre
rapidement à un tiers si l’acheteur ne vient pas s’en saisir. La résolution est
alors automatique, le vendeur n’a pas à mettre l’acheteur en demeure de venir
retirer, ni à intenter une action en justice.
Attention
L’acheteur doit payer le prix convenu au contrat. Cette obligation est essentielle (en
ce sens que faute de stipulation d’un prix le contrat ne pourrait être qualifié de vente).
130
Le prix que doit payer l’acheteur est celui fixé par le contrat. Si le prix, lors de
Illustration
Selon l’article 1593, l’acheteur doit également payer les accessoires du prix et
notamment les frais de la vente (honoraires du notaire, charges fiscales relatives
au transfert de propriété…). Cette disposition n’est toutefois pas d’ordre public, les
parties peuvent donc s’entendre pour modifier la répartition des frais accessoires.
L’article 1650 dispose que le paiement doit avoir lieu « au jour et au lieu réglés par
la vente ». Les parties peuvent donc librement déterminer ces modalités de paiement.
À défaut de stipulation des parties, l’article 1651 précise que l’acheteur doit payer
au lieu et au moment de la délivrance : le paiement donc en principe être effectué
comptant. Le prix est alors exigible à la délivrance.
Une difficulté peut, toutefois, naître en combinant cet article à l’article 1612 qui
dispose que « le vendeur n’est pas tenu de délivrer la chose si l’acheteur n’en paie
pas le prix ». En effet, le vendeur pourrait refuser de délivrer tant que l’acheteur ne
paie pas et corrélativement l’acheteur pourrait refuser de payer tant que le vendeur
131
Illustration
Cass. civ. 1re, 19 novembre 1996, Bull. civ. I, n° 411, pourvoi n° 94-18502 :
« […] sauf convention particulière, l’obligation, pour l’acheteur, de payer le prix de
vente résulte de l’exécution complète, par le vendeur, de son obligation de délivrance ».
C. La preuve du paiement
La façon d’administrer la preuve du paiement varie selon que la vente porte sur
un bien mobilier ou immobilier.
−− en matière de vente de meuble au comptant, puisqu’il n’est pas d’usage
d’exiger une quittance du vendeur, la jurisprudence estime en principe
que la remise du bien vaut présomption de paiement. Il ne s’agit toutefois
que d’une présomption simple, dont la force probante n’est que celle d’une
présomption de l’homme ;
−− en matière immobilière, l’acte notarié vise généralement le paiement. Toutefois,
la force probante attachée à cet acte varie. Si le paiement a été fait « en
la vue du notaire », la force probante est celle d’un acte authentique. Si au
contraire, il a été réalisé « hors la vue du notaire », le paiement donne lieu
à une quittance, susceptible de souffrir la preuve contraire.
132
À retenir
133
QCM
1. Le vendeur peut obtenir la résolution de plein droit du droit si l’acheteur
refuse de retirer, car il constate un vice apparent de la chose.
a : vrai ; b : faux.
2. La résolution de plein droit signifie que le vendeur n’a pas à intenter
d’action en justice pour voir le contrat résolu.
a : vrai ; b : faux.
3. Par principe, dans une vente immobilière, le vendeur supporte les
frais de notaire.
a : vrai ; b : faux.
4. Un acompte permet à chacune des parties de revenir sur son engagement.
a : vrai ; b : faux.
5. L’acte authentique de vente immobilière ne constitue pas toujours
une preuve irréfutable de paiement.
a : vrai ; b : faux.
CORRIGÉ
1. faux. L’article 1657 ne saurait être appliqué que si le vendeur a lui-même
exécuté convenablement ses obligations. Si la chose est viciée, il ne bénéficie
donc pas de la possibilité d’invoquer la résolution de plein droit.
2. vrai. La résolution de plein droit liée à l’inexécution du retirement par
l’acheteur est automatique. Le vendeur n’a donc pas à agir en justice pour
la faire constater.
3. faux. Selon l’article 1653, c’est à l’acheteur de supporter les frais accessoires
à la vente. Toutefois, ce texte n’est que supplétif de volonté, les parties
peuvent donc aménager conventionnellement la répartition de ces frais.
4. faux. L’acompte est une partie du prix dont le versement est anticipé par
rapport à la délivrance. Le contrat est néanmoins définitivement formé. Les
arrhes, au contraire, permettent à chacune des parties de revenir sur leur
engagement.
5. vrai. Lorsque le paiement a été réalisé hors la vue du notaire (et non en
sa présence) il ne donne lieu qu’à une quittance et la preuve contraire peut
être rapportée.
134
I. Qualification
II. Régime juridique
Définitions
Échange. L’échange est défini comme « le contrat par lequel les parties se donnent
respectivement une chose pour une autre » (art. 1702 C. civ.). Les parties au
contrat d’échange sont appelées copermutants, coéchangistes ou échangistes.
Soulte. Dans un échange, la soulte est le versement d’une somme d’argent (ou
la réalisation d’une prestation à nature) destinée à compenser la différence de
valeur entre les choses échangées.
Le Code civil ne consacre que six articles à l’échange, ce faible intérêt des
codificateurs à l’égard de ce contrat traduit en réalité une désaffection générale de
la pratique. En effet, si l’échange semble avoir historiquement précédé la vente,
ce contrat ne se voit aujourd’hui reconnaître qu’un rôle secondaire, notamment en
raison de sa forme parfois jugée archaïque. Pour autant, une partie de la doctrine
relève un véritable renouveau de l’échange, en droit interne, mais également en droit
international. En droit interne, c’est notamment le cas en droit bancaire en raison
de la pratique des « swaps », technique particulière d’échange de monnaies scriptu-
rales. En droit international, l’échange prend la forme des opérations de « switch »,
opérations permettant de surmonter les doutes liés à la fluctuation des changes.
I. Qualification
135
Attention
L’article 9 de la loi du 6 juillet 1989 sur les baux à usages d’habitation permet aux
locataires de locaux d’habitation d’échanger leurs logements (cela est également
permis entre preneurs de biens agricoles). Dans ces cas toutefois, la qualification
d’échange est discutable puisque c’est un ensemble de droits et d’obligations qui
fait l’objet du transfert. Il s’agit plutôt d’une cession de contrat.
Attention
Affirmer que l’échange ne comporte pas de prix ne signifie pas qu’il ne saurait
jamais porter sur de l’argent. Plus précisément, un échange de monnaie est bien
un échange. Ainsi, lorsque deux personnes s’échangent un billet de banque contre
des pièces de monnaie, l’opération est bien qualifiée d’échange.
Il est fréquent cependant que les choses échangées soient d’inégales valeurs,
afin de compenser cette différence de valeur les parties peuvent stipuler que l’une
d’elles versera à l’autre une soulte, c’est-à-dire une somme d’argent compensant la
différence de valeur entre la chose qu’un échangiste transmet et celle qu’il reçoit
(la soulte peut, parfois, consister non dans le versement d’une somme d’argent, mais
dans la réalisation d’une prestation).
136
Fiche 17 • L’échange
sur la qualification et interpréter la volonté des parties. Il est alors classiquement
admis que le contrat demeure un échange tant que la soulte n’apparaît pas, en fait,
comme le principal objet du contrat.
Dans une très large mesure, l’échange est soumis au régime de la vente.
Ainsi, selon l’article 1703, l’échange est un contrat consensuel, le seul échange
des consentements (l’accord sur les choses à échanger et éventuellement sur la
présence d’une soulte) forme donc le contrat, et comme dans la vente, le trans-
fert de propriété s’opère solo consensu. De la même façon, selon les articles 1704
et 1705, les coéchangistes bénéficient d’une garantie contre l’éviction analogue
à celle présente dans la vente.
La communauté de régime juridique entre l’échange et la vente est d’ailleurs
particulièrement marquée par la formule de l’article 1707 qui dispose que « Toutes les
autres règles prescrites pour le contrat de vente s’appliquent d’ailleurs à l’échange ».
Illustration
Cass. civ. 3e, 23 mai 2002, Bull. civ. III, n° 106, pourvoi n° 00-17604. Dans cet
arrêt, la Cour de cassation applique le régime de la nullité de la vente de la chose
d’autrui à un échange consenti par un usufruitier sans l’accord du nu-propriétaire :
« […] l’échange d’un bien par l’usufruitier sans l’accord du nu-propriétaire est
entaché d’une nullité relative dont seul le coéchangiste peut se prévaloir et qu’en
engageant leur action aux fins de voir déclarer parfait l’échange […], les […] nus-
propriétaires, avaient ratifié cet acte et par voie de conséquence, couvert la nullité
dont il était affecté avant que celle-ci n’eût été invoquée ».
137
À retenir
POUR S’ENTRAÎNER
Question de cours
La requalification du contrat d’échange en contrat de vente.
CORRIGÉ
Pour que la qualification d’échange soit retenue, aucun prix ne doit avoir été
stipulé. Néanmoins, lorsque la valeur des choses échangées est, aux yeux des
coéchangistes inégale, les parties peuvent s’entendre sur le fait que celle qui
recevra la chose ayant la valeur la plus importante devra verser une soulte.
Or, la stipulation d’une soulte peut, dans certaines hypothèses, perturber la
qualification initialement retenue du contrat. En effet, si la soulte est d’un
montant tel qu’elle devient la principale prestation à laquelle est tenu le
copermutant, le contrat risque d’être requalifié en vente : l’objet principal de
l’obligation de ce dernier n’est alors plus le transfert de propriété d’un bien,
mais plutôt le paiement d’une certaine somme d’argent. Afin de procéder à
la requalification, les juges doivent cependant avoir égard à l’intention des
parties. Pour certains auteurs d’ailleurs, seul mériterait la requalification en
contrat de vente, l’échange qui masquerait en réalité une intention frauduleuse
constituée par la volonté de se soustraire au régime de la vente (notamment
l’application des droits de préemption).
138
Définitions
Bail. Le bail ou louage de chose est défini à l’article 1709 du Code civil comme
le « contrat par lequel l’une des parties (le bailleur) s’oblige à faire jouir l’autre (le
preneur) d’une chose pendant un certain temps, et moyennant un certain prix que
celle-ci s’oblige de lui payer »
Conformément à la définition posée par l’article 1709, l’objet du bail consiste pour
le bailleur à mettre un bien – meuble ou immeuble – à la disposition d’un preneur
pendant un certain temps et moyennant le versement d’un loyer. Il s’agit donc d’un
contrat permettant au preneur de retirer pendant un temps les utilités d’une chose
dont il n’est pas propriétaire : il opère donc une dissociation entre la propriété de
la chose louée, et la jouissance de celle-ci. Il s’agit donc d’un contrat consensuel,
synallagmatique (en principe bilatéral), commutatif, à titre onéreux et à exécution
successive. Il présente, en outre, trois éléments essentiels à sa qualification : l’octroi
d’un droit personnel de jouissance sur la chose au preneur (I), pendant un certain
temps (II) et moyennant le paiement d’un loyer (III).
139
A. Bail et vente
Le bail doit, tout d’abord être distingué de la vente. La vente opère un transfert de
propriété du bien faisant l’objet du contrat, alors que le bail, pour sa part, n’octroie
que la jouissance du bien (temporaire de surcroît) au preneur.
Illustration
B. Bail et usufruit
Ces opérations se ressemblent, mais la différence tient dans le fait que l’usufruit
est un démembrement de la propriété qui accorde un droit réel à l’usufruitier. Ce
dernier ne peut alors rien exiger du nu-propriétaire, contrairement au preneur, qui
exerce son droit de jouissance contre le bailleur.
C. Bail et dépôt
Le bail doit aussi être distingué du dépôt. À première vue, la frontière entre ces
contrats est claire. Le bail permet de jouir de la chose, alors que le dépôt porte sur la
140
Illustration
Si, suivant les termes du Code civil, le contrat d’entreprise est également un
louage (de services), la différence est en principe nette entre ces contrats : le
contrat d’entreprise oblige un entrepreneur à réaliser une prestation pour le maître
d’ouvrage, alors que le bail oblige le bailleur à procurer la jouissance paisible d’un
bien au preneur. Toutefois, il est des hypothèses dans lesquelles la frontière se
brouille, essentiellement lorsque le contrat mêle fourniture de services et mise à
disposition d’un bien.
• Parfois c’est la règle de l’accessoire qui permettra de déterminer si le
contrat est un bail ou un louage d’ouvrage. Par exemple la « location d’une
place de théâtre » est en réalité un contrat d’entreprise, puisque si la
prestation comprend bien la mise à disposition d’un siège, elle n’est que
le moyen de réaliser la prestation principale constituée par la fourniture
d’un service culturel.
• Parfois, la jurisprudence fait appel au critère de l’indépendance, ou
de la maîtrise sur la chose mise à disposition. Il convient alors de se
référer à l’indépendance du créancier dans la jouissance de la chose mise
à disposition. Si cette jouissance se réalise en toute indépendance, le
contrat peut être qualifié de bail.
141
Illustration
L’article 1709 prévoit que le bailleur doit procurer la jouissance au preneur « pendant
un certain temps ». Il en ressort que le bail est un contrat à exécution successive
conclu pour une durée limitée (les engagements perpétuels étant prohibés). Cette
durée peut toutefois indistinctement être à durée déterminée ou indéterminée.
Cette exigence de durée du contrat permet au preneur de jouir d’une certaine
sécurité liée à la stabilité du contrat : le bail ne peut être révoqué ad nutum par
le bailleur. Le preneur sait donc qu’il ne peut être contraint de restituer la chose
pendant une certaine durée.
142
Le bail est un contrat conclu à titre onéreux et suppose le paiement par le preneur
d’un prix appelé « loyer ».
L’exigence d’un prix permet de distinguer le bail du prêt à usage, qui confère
également la jouissance temporaire d’un bien (bien que les prérogatives de l’emprun-
teur soient moins étendues que celles du locataire). Dès lors un « bail gratuit »,
pourrait être requalifié en prêt à usage.
Illustration
143
POUR S’ENTRAÎNER
QCM
1. Un contrat de location de voiture avec chauffeur doit être qualifié :
a : de bail ; b : de contrat d’entreprise.
2. Un contrat comportant la mise à disposition payante d’un téléphone
et la fourniture de la ligne doit être qualifié :
a : de bail – b : de contrat d’entreprise.
3. Une convention d’occupation précaire ne dure jamais longtemps.
a : vrai ; b : faux.
4. Un bail conclu à titre gratuit serait nécessairement nul.
a : vrai ; b : faux.
5. Dans le contrat de bail, le preneur a :
a : un droit réel exercé sur la chose louée ; b : un droit réel exercé contre
le bailleur ; c : un droit personnel exercé sur la chose louée ; d : un droit
personnel exercé contre le bailleur.
144
145
Définitions
Statut spécial. Un statut spécial est un corps de règles ayant vocation à régir un
contrat en particulier. Ce statut peut déroger au droit commun ou le compléter.
Si un contrat réuni les conditions d’application du statut spécial, celui-ci doit
être appliqué en lieu et place du droit commun, en application de l’adage specialia
generalibus derogant.
Le Code civil consacre au bail plus de soixante articles (1713 à 1778) qui demeurent
pratiquement inchangés depuis 1804. Cette stabilité n’est toutefois qu’apparente. Les
articles 1713 et suivants n’ont en effet vocation à s’appliquer qu’à défaut de texte
concurrent. Or, en la matière, les statuts spéciaux ont proliféré (essentiellement
depuis 1945) et ont créé autant de baux spéciaux aux régimes impératifs. Le droit
du bail dans le Code civil est divisé en trois catégories : le droit commun du bail (art.
1714 à 1751), le bail à loyer (art. 1752 à 1762) et le bail à ferme (art. 1763 à 1778).
Cette classification est aujourd’hui en grande partie dépassée tant les dispositions
du Code civil sont concurrencées par des textes spéciaux hors du Code, créant des
statuts généralement protecteurs du preneur.
Schématiquement, l’on peut dire que le droit commun du bail s’applique lorsqu’aucun
texte spécial n’a vocation à s’appliquer. De même, ces dispositions communes aux
différents baux peuvent être appliquées ponctuellement, alors même qu’un texte
spécial crée un statut spécifique à tel ou tel bail, en cas de carence de ce texte sur
un point particulier. Le droit commun du bail a donc vocation à s’appliquer à un
certain nombre de contrats tant en matière mobilière qu’immobilière.
146
147
Attention
En troisième lieu, certains baux ruraux, sont également soumis à des statuts
spéciaux. Ainsi, du bail à ferme, régi par les articles L. 411-1 et suivants du Code rural
et de la pêche maritime, qui se définit comme la mise à disposition d’un immeuble
rural à un fermier qui en assure l’exploitation agricole à son profit moyennant le
paiement d’une contrepartie. C’est également le cas du métayage (art. L. 417-1 et s.
C. rur.) qui est le contrat « par lequel un bien rural est donné à bail à un preneur qui
s’engage à le cultiver sous la condition d’en partager les produits avec le bailleur ».
Lorsque le bail conclu par les parties ne réunit pas les conditions d’application des
textes spéciaux, le droit commun s’applique alors. Toutefois, elles peuvent décider
de soumettre conventionnellement leur contrat à un statut spécial (notamment
le statut du bail commercial ou le statut du bail d’habitation).
À retenir
148
POUR S’ENTRAÎNER
QCM
1. Les parties à un bail d’habitation peuvent exclure l’application de la
loi du 6 juillet 1989 pour appliquer le droit commun du bail.
a : vrai ; b : faux
2. Le bail commercial est un bail qui porte :
a : sur un local ; b : sur un fonds de commerce
3. Le bail professionnel ne bénéficie pas d’un statut protecteur spécial.
a : vrai ; b : faux.
4. Lorsqu’un statut spécial est applicable à un contrat de bail, le droit
commun ne s’applique en aucun cas.
a : vrai ; b : faux.
5. Quel bail permet au preneur, après le terme du contrat, de demeurer
dans le local et l’occuper sans limitation de durée ?
a : le bail commercial ; b : le bail d’habitation ; c : le bail de la loi de 1948.
CORRIGÉ
1 : b. faux. L’application des statuts spéciaux est impérative, les parties ne
peuvent donc en exclure conventionnellement l’application.
2 : a. sur un local. Le bail commercial porte sur un immeuble. Le bail de fonds
de commerce est pour sa part régit par des dispositions particulières, aux
articles art. L. 114-1 et s. du Code de commerce.
3 : a. vrai. Le bail professionnel ne fait pas encore l’objet d’un statut spécial.
Seul un article (l’article 57A ajouté à la loi du 23 décembre 1986 par la loi du
6 juillet 1989) lui est destiné et entend assurer une certaine stabilité au preneur.
4 : b. faux. Le droit commun a toujours vocation à s’appliquer au moins de
façon résiduelle, c’est-à-dire lorsque le texte spécial ne régit pas un point
particulier visé par le droit commun.
149
150
Définition
A. Quant au bailleur
151
Illustration
B. Quant au preneur
152
Le bail de droit commun est un contrat consensuel qui se forme par le seul échange
des consentements des parties. Aucune condition de forme n’est donc requise. Certains
baux spéciaux tels le bail rural ou le bail à usage d’habitation doivent cependant
être passés par écrit (art. L411-4 C. rural ; art. 3 de la loi du 6 juillet 1989).
Comme la vente, le bail peut faire l’objet d’une promesse unilatérale ou synal-
lagmatique.
Des difficultés peuvent toutefois naître quant à la preuve du bail, celles-ci
peuvent concerner la preuve de l’existence du bail ou de son contenu.
Concernant l’existence du bail, aucun problème ne se pose si le contrat a été
passé par écrit. Si, au contraire, il s’agit d’un bail oral, il faut distinguer :
−− si le bail n’a reçu aucune exécution, quel que soit le montant du bail (inférieur
ou supérieur à 1 500 €), l’on déroge à l’article 1359 : la preuve testimoniale
est donc écartée par l’article 1715. Seuls sont admissibles comme mode de
preuve l’aveu et le serment ;
Attention
153
Attention
Il ne faut pas confondre l’écrit en tant que preuve et l’écrit en tant que condition
de formation du contrat.
A. La chose louée
Le bail peut porter, suivant l’article 1713, « sur toutes sortes de biens meubles
ou immeubles ». L’on doit toutefois ici ajouter que, bien entendu, seules les choses
dans le commerce peuvent faire l’objet d’un tel contrat.
La chose doit être déterminée dans le contrat (la détermination de l’objet ne
peut donc être laissée à la seule discrétion du bailleur) et exister. Le bail d’une
chose future est toutefois envisageable et rien ne s’oppose à sa conclusion : un tel
contrat prendrait alors effet au jour où la jouissance de la chose deviendra possible.
Une attention particulière doit être apportée à la destination du bien loué.
En effet, le bail ne permet au preneur de jouir de la chose que dans la mesure de
l’usage prévu au contrat. Les parties peuvent donc restreindre la jouissance de la
chose à tel ou tel usage.
Illustration
154
Attention
C. Le prix du bail
Le prix du bail est le loyer. Lorsque le bail est de droit commun, les parties
sont libres d’en fixer le montant (dans les statuts spéciaux, le montant du loyer est
souvent encadré notamment suite à un renouvellement). Au jour de la conclusion
du contrat, son montant doit être déterminé ou au moins déterminable.
À retenir
155
QCM
1. Un bail conclu pour la vie entière du locataire est un bail perpétuel.
a : vrai ; b : faux.
2. Un bail conclu sans écrit est nul.
a : vrai ; b : faux.
3. La preuve de la durée du bail peut être rapportée :
a : par écrit ; b : par tous moyens ; c : par expertise ; d : par le serment du
bailleur.
4. Le bail conclu par un usufruitier peut être annulé :
a : si le bail excède neuf ans ; b : lorsqu’il comprend un droit au renouvellement
pour le preneur ; c : lorsqu’il comprend un droit au renouvellement pour le
preneur et que le nu-propriétaire n’a pas donné son accord.
5. Lorsque le bien mis à bail est indivis, un indivisaire peut, agissant
seul, délivrer au locataire un commandement de quitter les lieux :
a : vrai ; b : faux
CORRIGÉ
1 : b. faux. Le bail conclu pour la vie entière est considéré comme un bail
conclu pour une durée déterminée (V. par exemple, Cass. civ. 3e, 18 janvier
1995, pourvoi no 92-17702).
2 : b. faux. Le bail (de droit commun) est consensuel, il peut donc être conclu
par oral.
3 : a. par écrit. L’écrit est le seul moyen de preuve admissible pour la preuve
de la durée du bail. À défaut d’écrit, le bail sera considéré comme étant à
durée indéterminée.
4 : c. lorsqu’il comprend un droit au renouvellement pour le preneur et que
le nu-propriétaire n’a pas donné son accord.
5 : a. vrai. La délivrance d’un commandement de quitter les lieux, qui intervient
après la résiliation ou le terme du bail, est un acte conservatoire, en ce
qu’elle constitue une mesure nécessaire à la conservation du bien indivis. Or
de tels actes ne nécessitent pas le consentement de tous les indivisaires ni
la majorité des 2/3 de l’article 815-3 C. civ.
156
Définition
Les obligations du bailleur sont détaillées dans le Code civil aux articles 1719 et
suivants, parfois complétés par les dispositions issues des statuts spéciaux. L’objet du
bail est la mise à disposition du bien au preneur. Toutefois, cette mise à disposition
ne saurait se limiter au seul fait de conférer une emprise sur la chose au preneur.
Bien au contraire, l’idée générale est d’accorder une jouissance d’une certaine qualité.
L’on enseigne classiquement que l’ensemble des obligations du bailleur se résume
dans l’idée qu’il doit conférer la jouissance paisible de la chose louée au locataire.
Par ailleurs, il est important de rappeler que le bail n’oblige en aucun cas le bailleur
à transférer un quelconque droit réel au locataire. Le fait de procurer la jouissance
paisible au locataire se résume donc à un rapport d’obligations entre les parties.
Le bailleur doit tout d’abord délivrer la chose, il s’agit d’une obligation essen-
tielle. Il doit donc mettre la chose à la disposition du preneur afin que ce dernier
puisse en devenir détenteur (remise de la chose elle-même, remise des clefs). Comme
l’obligation de délivrance dans le cadre d’un contrat de vente (V. fiche n° 12), celle
issue du bail doit être conforme à sa destination, et permettre au preneur d’user
de la chose comme le contrat le prévoit.
Par rapport à l’obligation de délivrance du vendeur, celle du bailleur présente
deux spécificités :
157
Illustration
Illustration
Illustration
159
Néanmoins, le bailleur n’a pas à assurer toutes les réparations. L’article 1720
prévoit, en effet, que les réparations locatives ne sont pas à sa charge.
Attention
Illustration
160
Comme dans la vente, le bail met à la charge du bailleur une obligation de sécu-
rité, la garantie des vices cachés et la garantie d’éviction.
A. L’obligation de sécurité
Illustration
Cass. civ. 3e, 28 février 1990, Bull. civ. III, n° 63, pourvoi n° 88-14028 :
« […] la cour d’appel, qui a relevé que la société propriétaire ne s’était pas
assurée que toutes les précautions relatives à la sécurité des locataires avaient été
prises en raison de l’échafaudage qui constituait pour les voleurs un mode d’accès
facile protégé par des bâches, qu’elle n’avait donné aucune information aux habi-
tants de l’immeuble ni aucun conseil de prudence et de vigilance et qu’elle aurait
dû organiser un gardiennage spécial au moins de nuit, compte tenu de la période de
l’été où les appartements sont vides de toute occupation, a pu décider que la société
propriétaire avait manqué à son obligation d’assurer à la locataire une jouissance
paisible des lieux loués ».
La garantie des vices cachés est prévue à l’article 1721 qui dispose qu’« il est dû
garantie au preneur pour tous les vices ou défauts de la chose louée qui en empêchent
l’usage, quand même le bailleur ne les aurait pas connus lors du bail. S’il résulte de ces
vices ou défauts quelque perte pour le preneur, le bailleur est tenu de l’indemniser ».
L’on retrouve ici les mêmes conditions que pour la vente : le vice doit empêcher
l’usage de la chose, être caché et ignoré du locataire lors de la conclusion du contrat.
La principale différence avec le régime de la garantie dans la vente tient au fait que
le bail est un contrat à exécution successive : le vice n’a donc pas à être antérieur
161
C. La garantie d’éviction
Illustration
162
Illustration
À retenir
163
POUR S’ENTRAÎNER
Cas pratique
Pauvre Jacqueline ! Depuis qu’elle loue son studio elle va de désillusion
en désillusion. Une fissure dans la toiture cause des infiltrations d’eau
sur tout le plafond de son salon, celui-ci commence d’ailleurs à moisir.
Le chauffe-eau électrique ne fonctionne plus et cela fait maintenant
quinze jours qu’elle prend des douches glacées. Enfin, la porte d’entrée
donnant dans le hall de l’immeuble ne fermant pas, les intrusions sont
nombreuses la nuit dans l’immeuble. Les intrus faisant beaucoup de bruit,
Jacqueline ne ferme plus l’œil ! Le bailleur ne veut rien savoir, il lui a
d’ailleurs rappelé qu’une clause du bail à usage d’habitation le dispense
de tout entretien du studio. Jacqueline vous demande donc si elle peut
arrêter de payer les loyers afin de contraindre son cocontractant à mettre
un terme à son calvaire.
CORRIGÉ
Tout d’abord il faut s’interroger sur le point de savoir si la locataire peut
suspendre le paiement des loyers, autrement dit, invoquer l’exception
d’inexécution. En l’espèce, si les troubles apportés à la jouissance paisible
sont manifestes, le studio n’est pas totalement inutilisable. L’exceptio non
adimpleti contractus ne peut donc être invoquée.
Ensuite, il convient de se demander si d’autres remèdes existent.
Dans un premier temps, l’on doit remarquer que la clause invoquée par le
bailleur n’est pas valable. En effet, dans un bail à usage d’habitation, le
bailleur ne peut s’exonérer de son obligation d’entretien (art. 6 c. de la loi
du 6 juillet 1989).
Dans un deuxième temps, l’on peut constater que la réparation de la fissure
dans la toiture relève bien des grosses réparations (le clos et le couvert). Le
bailleur pourra alors être contraint, par une action en justice, à réparer cette
fissure et à pallier les conséquences qui en sont découlées (le remplacement
du plafond par exemple).
Concernant le chauffe-eau, la question se pose de savoir si son remplacement
relève d’une grosse réparation ou d’une réparation locative. La jurisprudence
considère en principe qu’une telle réparation relève de la préservation de
164
165
I. Le paiement du loyer
II. L’usage de la chose
III. La conservation et la restitution
Définition
Privilège mobilier. Un privilège mobilier est une sûreté réelle (en ce qu’elle accorde
un droit de préférence sur des biens) d’origine légale. En cas de non-paiement de
sa dette par le débiteur, le créancier privilégié peut saisir les biens compris dans
l’assiette de son privilège sans avoir à subir le concours des autres créanciers.
Les obligations du preneur sont prévues aux articles 1728 à 1735 puis aux
articles 1752 à 1755. Naturellement, le contrat étant un contrat onéreux, le locataire
doit tout d’abord payer le loyer. Puisque le bail est nécessairement limité dans le
temps, le preneur doit en outre conserver et restituer la chose. Enfin, est mise à sa
charge une obligation d’user du bien loué en bon père de famille et en respectant
la destination de la chose.
I. Le paiement du loyer
Le paiement que doit effectuer le preneur comprend plusieurs facettes. Il doit ainsi
non seulement payer le loyer convenu, mais également différentes charges (telles
dans le cadre d’un bail à usage d’habitation, les charges relatives à la copropriété
et la taxe d’enlèvement des ordures ménagères). Il peut également, spécialement
en matière de bail immobilier, être tenu de fournir au bailleur un dépôt de garantie
(qui ne peut être supérieur à un mois de loyer).
Attention
166
Illustration
Attention
167
Suivant l’article 1728 1°, le preneur doit non seulement user de la chose raison-
nablement, mais également respecter la destination prévue.
Illustration
Les abus de jouissance peuvent aussi bien être le fait du locataire lui-même
que des personnes vivant avec lui. Cela se comprend quand on sait que le bailleur,
puisqu’il est propriétaire de la chose, peut voir sa responsabilité engagée par les
voisins, sur le fondement des inconvénients anormaux du voisinage, alors même que
les troubles seraient le fait du locataire.
Attention
Le locataire n’a pas à répondre des comportements préjudiciables causés par ses
visiteurs ou ses clients ou patients.
La destination de la chose peut être déterminée par le contrat, elle est alors
expresse, ou résulter des circonstances, elle est alors tacite. Le respect de la desti-
nation signifie que, sans l’accord du bailleur, le locataire ne saurait user de la chose
autrement que suivant l’usage prévu. Le changement de destination unilatéralement
décidé par le preneur peut être sanctionné par la résiliation judiciaire du contrat
(mais également par les différents remèdes offerts par le droit commun : exécution
forcée, responsabilité contractuelle…).
Par exemple, si le bien est loué en tant que local à usage d’habitation, le preneur
ne peut y développer une activité commerciale sans l’accord bailleur. De la même
168
169
Attention
170
Illustration
À retenir
171
Cas pratique
Le docteur Michey, médecin généraliste, loue un appartement qu’il a
transformé en cabinet médical. Les voisins sont cependant excédés par
le fait que nombreux sont ses patients qui laissent dans l’escalier des
seringues et des sachets de drogue vides. Ayant été prévenu par le syndic
de l’immeuble, son bailleur entend donc résilier le bail. Ce dernier vous
informe également que l’appartement avait été loué en tant que local à
usage d’habitation (il comprenait une clause ainsi rédigée : « le locataire
s’interdit toute occupation autre que bourgeoise dans le local loué ») et
qu’il n’a jamais donné son accord pour que son locataire puisse y exercer
la médecine. Qu’en pensez-vous ?
CORRIGÉ
Deux questions se posent. Celle de savoir si le bailleur peut reprocher au
preneur le fait que ses patients dégradent l’immeuble et celle de savoir si le
locataire pouvait exercer une activité libérale dans l’appartement.
En ce qui concerne la première question, l’on sait que le preneur doit jouir en
bon père de famille du bien loué. Il doit donc éviter tout abus de jouissance.
Il répond également des agissements des personnes vivant avec lui. Toutefois,
il n’est pas responsable des agissements des personnes qui n’ont pas cette
qualité. Ainsi, les troubles créés par ses patients ne peuvent-ils lui être
reprochés (V. par ex. Cass. civ. 3e, 19 novembre 2008, Bull. civ. III, n° 174,
pourvoi n° 07-15508).
En ce qui concerne ensuite l’exercice de son activité libérale, il convient
d’analyser la clause d’habitation bourgeoise. Or, celle-ci est formulée de
façon exclusive, puisqu’elle interdit tout autre usage que celui d’habitation.
En exerçant son activité professionnelle sans l’accord du bailleur et en
contravention avec la clause du contrat, le locataire a modifié unilatéralement
la destination des lieux. Sur ce fondement, le bailleur pourra donc demander
la résiliation judiciaire du contrat de bail.
172
I. Circulation du bail.
II. Extinction du bail.
Définition
I. Circulation du bail
L’on appelle circulation du bail le fait que ce contrat est susceptible de voir ses
parties changer pendant son exécution, par le fait d’une cession, d’une transmission,
ou par la conclusion d’un contrat de sous-location.
A. Changement de bailleur
Attention
173
Illustration
B. Changement de preneur
174
Attention
Le bail peut s’éteindre pour plusieurs raisons, certaines sont naturelles, d’autres
accidentelles.
Au titre des causes naturelles d’extinction du bail, doit être citée l’arrivée
du terme dans un bail à durée déterminée. Le bail prend alors fin sans qu’il soit
nécessaire de donner congé.
Si les parties ne souhaitent pas mettre un terme à la mise à disposition, trois
techniques permettent de la prolonger :
−− la prorogation permet aux parties de reporter le terme initialement prévu.
Le même contrat se poursuit alors, mais son extinction est reportée dans
le temps ;
175
Attention
Si la perte partielle de la chose est causée par le cas fortuit, le locataire ne peut
pas contraindre le bailleur à procéder aux réparations. Par contre, si la perte
partielle est causée par le défaut d’entretien du bailleur, le locataire pourra le
contraindre à réaliser les réparations.
176
Le bail peut aussi être résilié en cas d’inexécution de leurs obligations par les
parties.
La résiliation en droit français est, depuis l’ordonnance de réforme du droit des
contrats, judiciaire ou unilatérale (art. 1224 C. civ.) : l’inexécution doit alors être
suffisamment grave et persister au jour du jugement.
Les parties peuvent écarter l’appréciation de la gravité de l’inexécution et
insérer une clause résolutoire dans le contrat. La mise en œuvre de la clause est
toutefois encadrée puisqu’elle doit notamment laisser au débiteur un temps suffisant
pour régulariser la situation. Avant de pouvoir invoquer le bénéfice de la clause, il
convient donc de mettre en demeure le débiteur. En outre la clause doit être mise
en œuvre de bonne foi.
Illustration
L’extinction du bail entraîne la restitution du bien loué dans l’état dans lequel
il a été délivré au preneur (V. fiche précédente). La restitution peut d’ailleurs être
prononcée sous astreinte.
En matière immobilière, si le preneur ne restitue pas, donc demeure dans les lieux
sans droit ni titre, le bailleur peut agir en expulsion du locataire (dans un bail à usage
d’habitation, l’expulsion ne peut toutefois être prononcée entre le 1er novembre et
le 15 mars, à moins que le relogement des locataires ne soit assuré).
177
Attention
L’indemnité d’occupation due par le preneur qui se maintient indûment dans les
lieux loués a une nature quasi délictuelle et non contractuelle puisque le contrat a
pris fin. Une clause de solidarité entre copreneurs limitée aux obligations contrac-
tuelles (rendant débiteurs solidaires les preneurs pour le paiement des loyers, des
charges ou réparations locatives) ne s’étend donc pas à l’indemnité d’occupation.
À retenir
POUR S’ENTRAÎNER
I. Question de cours
L’anéantissement du bail pour défaut d’exécution des obligations peut-il
être rétroactif ?
CORRIGÉ
En l’espèce, le bail a été résilié (le maintien dans les lieux de Luc n’est donc
pas la conséquence d’un renouvellement, d’une prorogation ou d’une tacite
reconduction). Le paiement que demande la SCI n’est donc pas celui de loyers,
mais d’une indemnité d’occupation. Cette indemnité est due en raison de la
faute (non-contractuelle) de l’ancien preneur qui reste dans les lieux sans
179
Définitions
Contrat réel. Un contrat réel est un contrat qui se forme par la remise de la chose.
Le seul échange des consentements ne suffit donc pas à former un tel contrat.
Choses consomptibles. Les choses consomptibles sont celles qui se consomment
par le premier usage telles les denrées alimentaires ou la monnaie que l’on utilise
en la dépensant.
Le prêt à usage ou commodat (le terme de commodat a été supprimé par la loi
de simplification du droit du 12 mai 2009) est un contrat par lequel une partie,
l’emprunteur, reçoit un bien de l’autre partie, le prêteur, pour s‘en servir, à charge
de le restituer en nature. Il est régi par les articles 1875 à 1891 du Code civil.
Initialement conçu comme un contrat de bienfaisance conclu entre amis, le prêt à
usage voit aujourd’hui son domaine d’application quelque peu bouleversé. Il est, en
effet, devenu un contrat ayant parfois pour vocation de s’insérer dans les relations
d’affaires ou commerciales. Ses applications sont donc diverses : qu’un étudiant en
droit prête son Code civil à l’un de ses camarades, qu’une grande surface prête à ses
clients des chariots afin d’y entreposer leurs achats, ou qu’une compagnie pétrolière
prête à son cocontractant les cuves destinées à stocker du carburant, l’essence du
contrat est toutefois inchangée.
181
Attention
Une chose consomptible peut faire l’objet d’un prêt à usage lorsque l’usage prévu
par le contrat n’est pas la consommation de la chose (par exemple le prêt de
pièces de monnaie en vue d’être exposées).
L’emprunteur se voit remettre la chose pour qu’il s’en serve pendant un certain
temps. Plusieurs conséquences découlent de cette affirmation.
Tout d’abord, le prêt usage est conclu dans l’intérêt de l’emprunteur, ce qui permet
de distinguer ce contrat du dépôt (contrat conclu dans l’intérêt du remettant : le
déposant) dans lequel celui qui reçoit la chose doit en assurer la garde. Ensuite, l’usage
prévu est temporaire (le contrat peut être à durée déterminée ou indéterminée). Au
terme du contrat, l’emprunteur doit donc restituer le bien, le prêt à usage n’étant
pas translatif de propriété.
Le prêt à usage est un contrat essentiellement gratuit. Sa nature gratuite
permet notamment de distinguer d’un contrat de bail. La stipulation d’un prix (un
loyer par exemple), d’une contrepartie à l’usage de la chose, entraîne en principe
la requalification du contrat.
La gratuité n’exclut toutefois pas que le prêt puisse être intéressé. Cela signifie
que le prêteur peut retirer un avantage du contrat (ainsi, lorsqu’un supermarché
prête des chariots à ses clients, il n’est pas totalement désintéressé). Rechercher
la gratuité du prêt à usage, revient donc à analyser l’absence de contrepartie. Le
prêt à usage peut donc conserver sa nature gratuite sans pour autant être animé
par un esprit de bienfaisance.
Illustration
182
Le prêt à usage est un contrat réel, pour être valablement formé, les parties
Attention
C’est à celui qui invoque le prêt à usage d’en rapporter la preuve (en pratique, il
s’agit souvent du prêteur qui entend se faire restituer la chose). Il convient alors de
rapporter non seulement la preuve de la remise (par tous moyens), mais également
la preuve du titre. Le droit commun de la preuve (un écrit est nécessaire au-delà
de 1 500 €) et ses exceptions (notamment l’impossibilité morale de préconstituer
un écrit) s’appliquent alors.
Enfin, le commodat est, pour le prêteur et l’emprunteur, un simple d’acte d’admi-
nistration.
A. La situation de l’emprunteur
L’emprunteur jouit d’un droit personnel d’usage de la chose (il n’a donc pas de
droit réel). L’usage peut être limité (art. 1880 C. civ.) par la nature de la chose (ne
pas utiliser un véhicule de tourisme pour une compétition automobile) et par la
convention qui peut prohiber tel ou tel usage particulier.
183
Illustration
Cass. civ. 1re 6 février 1996, Bull. civ. I, n° 68, pourvoi n° 94-13388 :
« […] en cas de perte d’une chose ayant fait l’objet d’un prêt à usage ou
commodat, l’emprunteur peut s’exonérer en rapportant la preuve de l’absence de
faute de sa part ou d’un cas fortuit ».
En vertu de l’adage res perit domino (V. fiche n° 11) le prêteur supporte le risque
de perte ou de détérioration de la chose par cas fortuit. Le Code prévoit cependant
trois exceptions :
−− si la chose a été employée pour un autre usage ou pour un temps plus long
qu’elle ne le devait (art. 1881 C. civ.) ;
−− si l’emprunteur a préféré sauver ses propres biens et non le bien prêté (art.
1882 C. civ.) ;
−− si la chose a fait l’objet d’une estimation lors du prêt (art. 1883 C. civ.).
Ensuite, puisque la mise à disposition de la chose n’est que temporaire, l’emprunteur
est tenu d’une obligation de restitution, c’est l’obligation essentielle du contrat.
La restitution doit être réalisée en nature : l’emprunteur doit restituer la chose
même qui lui a été prêtée ainsi que ses accessoires (mais il peut en conserver les
fruits).
184
Illustration
Cass. civ. 3e, 19 janvier 2005, Bull. civ. III, n° 12, pourvoi n° 03-16623 :
« […] l’obligation pour le preneur de rendre la chose prêtée après s’en être servi
est de l’essence du commodat ; […] lorsqu’aucun terme n’a été convenu pour le prêt
d’une chose d’un usage permanent, sans qu’aucun terme naturel soit prévisible, le
prêteur est en droit d’y mettre fin à tout moment, en respectant un délai de préavis
raisonnable ».
B. La situation du prêteur
Attention
185
Attention
Pour obtenir le paiement des sommes dues au titre des dépenses extraordinaires
et nécessaires de conservation, l’emprunteur ne dispose d’aucun droit de réten-
tion sur la chose.
Illustration
Enfin, le prêteur est tenu d’une garantie des vices cachés atténuée, puisqu’il
est tenu de réparer les dommages causés par les vices non apparents, mais connus
de lui de la chose prêtée (art. 1891). La jurisprudence se montre cependant moins
indulgente avec le prêteur lorsque le prêt est intéressé ou s’insère dans une relation
d’affaires.
À retenir
186
POUR S’ENTRAÎNER
I. Question de cours
Le terme du prêt à usage à durée indéterminée.
CORRIGÉ
Le prêt à usage peut ne pas stipuler de terme précis ni comprendre de terme
naturel. Il peut donc être conclu pour une durée indéterminée l’usage n’a pas
en lui-même (naturellement) vocation à cesser (tel est par exemple le cas du
prêt d’un immeuble destiné à l’habitation de l’emprunteur). Toutefois se pose
alors la question de savoir à quel moment l’emprunteur doit restituer la chose
prêtée. Cette question délicate a fait l’objet d’une évolution jurisprudentielle
quelque peu particulière. En principe, le droit commun des contrats à durée
indéterminée devrait s’appliquer, permettant à chaque partie d’y mettre un
terme à tout moment, moyennant le respect d’un délai de préavis. Cependant,
dans un arrêt rendu le 19 novembre 1996 (n° 94-20446), la première chambre
civile a pu affirmer que « le prêteur à usage ne peut retirer la chose prêtée
qu’après que le besoin de l’emprunteur a cessé ». Particulièrement protectrice
des intérêts de l’emprunteur (notamment lorsque le bien prêté lui sert de
logement), une telle solution heurtait manifestement les droits du prêteur (en
187
CORRIGÉ
Le prêt à usage est par essence gratuit (art. 1876 C. civ.), cette caractéristique
permettant de le distinguer du bail. Pour autant cette gratuité n’est pas
exclusive du paiement par l’emprunteur de certaines sommes, notamment
si celles-ci correspondent à des charges qui incombent à l’occupant privatif
d’un immeuble (taxe d’habitation, charges locatives…). L’emprunteur peut
donc avoir à assumer des dépenses de fonctionnement liées à l’usage du
bien, comme celles dont le paiement est demandé par Maxime (en ce sens,
V. Cass. Civ. 1re, 17 janvier 2018, n° 16-15233), tant qu’elles n’équivalent pas
au paiement d’un loyer.
188
Définitions
Chose fongible. Les choses fongibles sont celles qui ne sont déterminées qu’en
quantité et qualité. On les oppose aux corps certains.
Chose consomptible. Une chose consomptible est une chose qui se consomme par
le premier usage, que l’on ne peut utiliser qu’en la consommant ou en la détruisant.
A. Distinctions
Tel que défini par l’article 1892 du Code civil, le prêt de consommation est celui
qui porte sur une chose consomptible et fongible. Si la chose prêtée n’a pas ce
caractère, le contrat doit alors être qualifié de prêt à usage. En effet, dans cette
hypothèse, l’emprunteur ne devrait pas restituer une chose « de même espèce et
189
Attention
Dans sa première partie, l’article 1893 dispose que « par l’effet de ce prêt, l’emprun-
teur devient le propriétaire de la chose prêtée ». Puisque le prêt de consommation
permet non seulement d’user de la chose, mais également de la consommer, ce contrat
190
Illustration
191
Par principe, le prêt de consommation est un contrat réel. Cela signifie que la
remise de la chose prêtée à l’emprunteur est une condition de formation du contrat.
Avant la remise de la chose, le contrat n’est pas formé. Dès lors, le seul échange
des consentements ne constitue qu’une promesse de prêt de consommation, qui,
pour sa part, est un contrat consensuel. Néanmoins, la promesse n’est pas le contrat
définitif. Partant, sa violation ne permet pas à l’emprunteur d’obtenir l’exécution
forcée en nature, le bénéficiaire de la promesse ne pourra se voir allouer que des
dommages et intérêts.
Illustration
Illustration
Illustration
192
Illustration
Attention
Dans l’avant-projet de réforme du droit des contrats spéciaux, l’article 115 qualifie
systématiquement le « prêt translatif » de contrat consensuel. Le prêt consenti
par un non-professionnel ne se verrait donc plus accorder la qualification de
contrat réel.
Illustration
193
Illustration
Cette solution ne vaut néanmoins qu’autant que le prêt est qualifié de contrat
réel. S’il s’agit d’un prêt d’argent consenti par un professionnel du crédit, la logique
change. La Cour de cassation affirme en effet que c’est alors au prêteur de prouver
la remise des fonds, s’il entend que l’emprunteur les lui restitue.
Illustration
194
Suivant l’article 1902, « l’emprunteur est tenu de rendre les choses prêtées, en même
195
POUR S’ENTRAÎNER
I. QCM
1. La remise de la chose n’est jamais une obligation à la charge du prêteur.
a. Vrai ; b : Faux.
2. Le prêteur a qui la chose prêtée n’a pas été restituée peut exercer une
action en revendication
a : Vrai ; b : Faux.
3. Dès qu’un prêt porte sur une chose fongible et consomptible, il ne
peut s’agir que d’un prêt de consommation.
a : Vrai ; b : Faux.
4. En matière de preuve, quelle qualification retenue pour le prêt de
consommation est la plus avantageuse pour l’emprunteur ?
a : la qualification en contrat réel ; b. la qualification en contrat consensuel.
5. Après la remise de la chose, celle-ci a été détruite par un incendie,
l’emprunteur doit-il malgré tout exécuter son obligation de restitution ?
a : oui ; b : non.
196
CORRIGÉ
La question du moment du transfert de propriété est pour le moins épineuse.
Le nouvel article 1196 al. 1er du Code civil dispose que « Dans les contrats ayant
pour objet l’aliénation de la propriété ou la cession d’un autre droit, le transfert
s’opère lors de la conclusion du contrat », ce qui conduirait à considérer que
le transfert s’opère au moment de la conclusion du contrat. Pour autant, à
proprement parler, le prêt de consommation consensuel n’est pas un contrat
translatif de propriété. Le transfert s’opérant plus de façon accidentelle
qu’en raison de la volonté des parties de le réaliser. Aussi, conviendrait-il
d’appliquer le deuxième alinéa de l’article 1196 qui précise que « Ce transfert
peut être différé par la volonté des parties, la nature des choses ou par l’effet
de la loi ». La nature de chose fongible et consomptible de l’objet du prêt de
consommation dicterait donc de retenir un autre moment pour le transfert
de propriété. En l’occurrence, le transfert ne pourrait donc intervenir qu’au
moment de l’individualisation des biens objet du prêt. La position de la Cour
de cassation n’est pas des plus claire en la matière. Dans un arrêt rendu le
197
198
I. Identification du dépôt
II. Formation du dépôt
Définition
Conçu par les rédacteurs du Code civil comme un contrat d’ami, le dépôt de droit
commun, également appelé « dépôt volontaire » est, suivant l’article 1915 du Code
civil (« le dépôt, en général, est un acte par lequel on reçoit la chose d’autrui, à la charge
de la garder et de la restituer en nature »), un contrat par lequel une personne, le
dépositaire, reçoit une chose qui lui est confiée par son cocontractant, le déposant,
en vue de la garder et de la restituer lorsque ce dernier la lui réclame. Ce contrat
connaît un régime de droit commun et différents régimes spéciaux.
I. Identification du dépôt
Le contrat de dépôt ne peut porter que sur un bien meuble corporel. Les
immeubles et à plus forte raison les personnes ne peuvent donc faire l’objet d’un
tel contrat. Dès lors, un contrat portant sur la garde d’un immeuble, ne recevra pas
la qualification de dépôt, mais de contrat de gardiennage, assimilable à un contrat
d’entreprise (du moins si ce contrat est conclu à titre onéreux, si ce n’est pas le cas
il s’agira d’un contrat innomé).
Lorsque le dépôt porte sur une chose fongible ou consomptible, il devient un
dépôt spécial et est qualifié de dépôt irrégulier (V. fiche n° 28).
199
Il n’est pas toujours facile de découvrir un dépôt. L’article 1921 du Code civil
dispose que « le dépôt se forme par le consentement réciproque de la personne qui
fait le dépôt et de celle qui le reçoit ». Partant, pour qu’un tel contrat soit qualifié,
il convient de s’assurer de la volonté des parties d’assumer les obligations qui en
découlent ; plus particulièrement, c’est parfois la volonté de celui qui reçoit la chose
d’assumer les obligations de garde et de surveillance qui peut poser problème. Toutes
les situations dans lesquelles une personne dépose une chose chez un tiers ne sont
donc pas nécessairement des dépôts.
Le dépôt est un contrat. Aussi, lorsqu’une personne accepte de garder la chose
uniquement à titre de complaisance, la relation ne peut-elle être qualifiée de dépôt.
La frontière n’est pas toujours nette entre la complaisance et le dépôt conclu à titre
amical qui, pour sa part, est un véritable contrat.
Illustration
Les juges doivent alors déterminer si les parties ont, ou non, eu la volonté de
conclure un tel contrat.
Ainsi, la Cour de cassation estime que la SNCF ne conclut pas un contrat de dépôt
avec les passagers lorsqu’elle leur impose de déposer leurs bagages sur les étagères
prévues pour les recevoir. De même, il a pu être jugé que le restaurateur, ou le
gérant d’une salle de spectacle, qui permet à ses clients de déposer leur vêtement
sur un portemanteau n’en devient pas le dépositaire s’il a porté à la connaissance
de ses clients sa volonté de ne pas conclure un tel contrat, notamment par le biais
d’un panneau.
200
Illustration
201
Dans le même sens, la jurisprudence (Cass. civ. 21 mai 1957, Bull. civ. I, n° 226)
refuse de voir dans le contrat de coffre-fort un contrat de dépôt, arguant du fait
que le banquier, qui met le coffre à disposition du client pour qu’il y entrepose des
biens, ne connaît pas les objets qui sont déposés dans le coffre. L’assimilation avec
le dépôt est pourtant tentante, car pèse sur le banquier une obligation de garde et
de surveillance de résultat.
Enfin, le contrat de dépôt-vente, n’est pas non plus un contrat de dépôt, car celui
qui reçoit les biens ne les reçoit pas afin d’en assumer la garde et la conservation,
mais pour les vendre. Ce contrat est alors assimilable à un mandat ou à une vente
conditionnelle conclue sous la condition suspensive de la vente des biens remis.
Le dépôt est un contrat réel qui ne se forme donc que par la remise de la chose.
Avant cette remise, le dépôt n’est pas formé, le seul échange des volontés ne peut
alors former qu’une promesse de dépôt.
202
La preuve du dépôt doit être administrée selon le droit commun. Celui qui se
prévaut de l’existence du dépôt ou de telle ou telle obligation doit donc en rapporter
la preuve.
Une règle particulière est édictée en matière de dépôt verbal (qui n’a donc jamais
fait l’objet d’un écrit). L’article 1924 du Code civil prévoit en effet que « lorsque le
dépôt étant au-dessus du chiffre prévu à l’article 1341, n’est point prouvé par écrit, celui
qui est attaqué comme dépositaire en est cru sur sa déclaration, soit pour le fait même
du dépôt, soit pour la chose qui en faisait l’objet, soit pour le fait de sa restitution ».
Dès lors, dans ce cas particulier, la déclaration du dépositaire fait foi par rapport
au déposant (mais n’est pas opposable aux tiers).
Illustration
203
204
205
Définitions
Le dépôt étant par nature (et non par essence) un contrat conclu à titre gratuit, seul
le dépositaire est, en principe, tenu d’obligations ; il s’agit donc d’un contrat unilatéral.
Cette qualification est cependant susceptible de varier. Il peut en effet arriver que le
déposant se trouve tenu de certaines obligations (outre l’obligation de payer le prix du
dépôt si celui-ci a été conclu à titre onéreux), le contrat devient alors synallagmatique
imparfait (car les obligations du dépositaire naissent à titre accidentel).
Attention
206
Selon l’article 1927 du Code civil, le dépositaire doit apporter, dans la garde de
Attention
Selon la jurisprudence (V. par ex., Civ. 1re, 18 octobre 1954, Bull. civ. I, no 289),
en l’absence de prévisions contractuelles ou d’usages en ce sens, le dépositaire
n’est pas tenu d’assurer la chose gardée.
Illustration
207
Attention
B. L’obligation de restitution
Le dépositaire est également tenu de restituer la chose qui lui a été transmise
au lieu du dépôt ou au lieu convenu.
La première question qui se pose alors est de déterminer à qui doit être faite
la restitution. L’article 1937 du Code civil dispose à cet effet que « le dépositaire ne
doit restituer la chose déposée qu’à celui qui la lui a confiée ou à celui au nom duquel
le dépôt a été fait, ou à celui qui a été indiqué pour le recevoir ».
Par conséquent, la restitution ne s’opère pas nécessairement entre les mains du
propriétaire de la chose. Le dépositaire ne saurait d’ailleurs exiger du déposant la
preuve de sa qualité de propriétaire (art. 1938 C. civ.).
Si, pendant le dépôt, le dépositaire découvre que la chose déposée a été volée,
il doit alors dénoncer le dépôt au véritable propriétaire et lui demander de réclamer
la chose. Si ce dernier ne réclame pas la chose, le dépositaire peut alors se libérer
dans les mains du déposant (art. 1938 al. 2 C. civ.).
La deuxième question qui se pose est de savoir ce qui doit être restitué.
À l’exception du dépôt irrégulier (qui porte sur des choses fongibles), la restitution
doit s’opérer en nature. Autrement dit, c’est la chose même qui a été déposée qui
doit être restituée : la restitution par équivalent est donc proscrite. Le dépositaire
doit ainsi restituer la chose remise (le principal) et les fruits produits par celle-ci
(l’accessoire).
Attention
La troisième question qui se pose est de savoir comment la chose doit être
restituée. L’article 1933 du Code civil apporte une réponse claire : la chose ne doit
être restituée « que dans l’état où elle se trouve au moment de la restitution ». Le
texte va plus loin en affirmant que les détériorations qui ne sont pas dues au fait
du dépositaire sont à la charge du déposant.
208
Enfin se pose la question de savoir quand restituer. L’article 1944 fixe le prin-
cipe suivant lequel « le dépôt doit être remis au déposant aussitôt qu’il le réclame ».
Le dépositaire peut donc être contraint de restituer à première demande, à moins
qu’il n’ait un doute sur le titre du déposant.
Affirmer que le déposant est tenu d’obligation peut surprendre puisqu’il a été
dit que le contrat est en principe unilatéral et réel. Pourtant, les exceptions sont
nombreuses, le déposant pouvant être tenu de certaines obligations.
Bien entendu, si le dépôt est salarié (et donc synallagmatique) il doit payer le
prix du dépôt (art. 1928 2°).
À titre exceptionnel, le déposant peut également être tenu d’autres obligations
envers le dépositaire (le contrat devient alors synallagmatique imparfait).
Ainsi, le déposant peut être tenu de rembourser au dépositaire les dépenses
exposées pour la conservation de la chose.
Attention
Seules les dépenses nécessaires et utiles doivent être remboursées. Les dépenses
voluptuaires ne donnent droit à aucun remboursement.
209
Attention
Si le dépôt est à durée déterminée et qu’à l’échéance le déposant n’a pas récupéré
la chose (hors hypothèse d’inexécution de son obligation de restitution par le
dépositaire), l’on peut considérer que le dépositaire doit toujours restituer, mais
est déchargé de son obligation de conservation.
À retenir
210
CORRIGÉ
Il importe de ne pas confondre le champ d’application de l’obligation de
restitution et celui de l’obligation de conservation. Si la chose est perdue
ou détruite, la chose ne peut être restituée. C’est toutefois sur le fondement
de l’inexécution de l’obligation de conservation que la responsabilité du
dépositaire peut être recherchée (si la chose est perdue ou détruite, c’est
bien la preuve que le déposant n’a pas correctement exécuté l’obligation de
conservation). Si la chose est détériorée, le déposant peut la rendre dans cet
état et exécute alors l’obligation de restitution. Ici encore, sa responsabilité
sera engagée sur le fondement de la conservation. Au final, ce n’est donc que
lorsque le dépositaire refuse de restituer que l’inexécution de l’obligation de
restitution peut être invoquée.
CORRIGÉ
Il convient tout d’abord de s’interroger sur la qualification du contrat
d’hivernage. Trois qualifications peuvent alors s’appliquer. On peut exclure
d’emblée la qualification de contrat de prêt à usage, car la mise à disposition
du terrain n’est pas réalisée à titre gratuit. On peut ensuite hésiter entre
la qualification de bail ou de dépôt. Pour trancher, il faut rechercher la
commune intention des parties. On peut ici se référer aux mesures qui sont
211
212
I. Le dépôt irrégulier
II. Le dépôt nécessaire
III. Le dépôt hôtelier
IV. Le dépôt hospitalier
V. Le séquestre
Définitions
I. Le dépôt irrégulier
Lorsque le dépôt porte sur une chose fongible, comme l’argent, il prend alors le
nom de dépôt irrégulier, car le dépositaire n’a pas à restituer la chose même qui a
fait l’objet du contrat. Il pourra donc en restituer l’équivalent. Puisque la chose est
fongible, l’on considère que le dépositaire devient, dans le cas particulier du dépôt
irrégulier, propriétaire de la chose qui lui a été transmise.
213
Qualifier un dépôt de « dépôt irrégulier » ne signifie pas que ce contrat est atteint
d’une cause de nullité. Il est parfaitement valable, mais voit son régime quelque
peu modifié par rapport au droit commun.
Illustration
Le dépôt nécessaire est selon l’article 1949 du Code civil « celui qui a été forcé
par quelque accident, tel qu’un incendie, une ruine, un pillage, un naufrage ou autre
événement imprévu ».
Le dépôt nécessaire est donc le dépôt forcé par une contrainte imprévue, forçant
une personne à mettre ses biens à l’abri dans les mains d’une autre personne.
La liste des événements visés à l’article 1949 comme étant susceptibles de fonder
un dépôt nécessaire n’est pas limitative. Toutefois, la jurisprudence se montre rela-
tivement stricte dans la qualification d’un tel contrat.
Illustration
214
Le dépôt hôtelier est celui portant sur les vêtements, bagages ou divers biens
du client logeant dans un hôtel ou une auberge. Ce contrat, selon l’article 1952 du
Code civil « doit être regardé comme un dépôt nécessaire » (il ne s’agit toutefois pas
d’un véritable dépôt nécessaire faute de contrainte pour le client).
Le dépôt hôtelier est conçu comme un accessoire du contrat d’hôtellerie. Le
voyageur doit donc impérativement loger dans l’hôtel en question.
Les articles 1953 et 1954 prévoient un régime de responsabilité de plein droit
de l’hôtelier d’ordre public. Ce dernier répond donc des vols et détériorations
causés aux biens du client par ses employés et les étrangers (clients ou non) allants
et venants dans l’hôtel, sans que sa faute n’ait à être démontrée. Seules la force
majeure et la faute du client (par exemple laisser la fenêtre ouverte) permettent de
l’exonérer de sa responsabilité.
L’intensité de la responsabilité de l’hôtelier varie selon les circonstances :
−− lorsque les objets ont été déposés « entre les mains de l’hôtelier » (c’est-à-dire
dans un coffre ou à la réception), sa responsabilité est illimitée (art. 1953
al. 2 C. civ.) ;
−− lorsque les objets ont été introduits dans l’hôtel, mais n’ont pas été confiés
à l’hôtelier, sa responsabilité est limitée à cent fois le prix de la location par
journée, sauf faute de sa part (art. 1953 al. 3). On vise ici les biens laissés
dans la chambre ou les véhicules stationnés sur le parking de l’hôtel ;
−− lorsque des objets ont été laissés dans les véhicules stationnés en un lieu
dont l’hôtelier a la jouissance privative (le parking privé de l’hôtel), la
responsabilité de l’hôtelier est plafonné à cinquante fois le montant de la
location par journée.
Attention
215
Les véhicules stationnés sur le parking de l’hôtel et les biens laissés dans ce
véhicule ne sont pas soumis au même régime de responsabilité.
Attention
Si un dépôt n’a pas été effectué entre les mains d’un préposé, la responsabilité
de l’établissement de santé ne peut être engagée que pour faute.
Comme pour le dépôt hôtelier, une responsabilité de plein droit pèse sur l’éta-
blissement de santé en raison des vols et dégradations des biens déposés. La respon-
sabilité est toutefois limitée ou double du plafond mensuel de la sécurité sociale.
L’établissement de santé pourra s’exonérer de sa responsabilité en démontrant que
la perte résulte d’un vice de la chose ou a été rendue indispensable pour exécuter
l’acte médical.
Les biens abandonnés par le patient à sa sortie ou suite à son décès doivent être
déposés par le personnel entre les mains d’un préposé commis à cet effet ou entre
216
Le séquestre est défini par l’article 1956 du Code civil comme « le dépôt fait
par une ou plusieurs personnes d’une chose contentieuse entre les mains d’un tiers
qui s’oblige de la rendre, après la contestation terminée, à la personne qui sera jugée
devoir l’obtenir ».
L’idée générale du séquestre est donc qu’une chose faisant l’objet d’un litige
est remise à tiers en attendant que le litige soit tranché.
Attention
À retenir
−− Le dépôt est irrégulier lorsqu’il porte sur chose fongible, le dépositaire devient
alors propriétaire de la chose déposée et doit en restituer l’équivalent.
−− Le dépôt nécessaire est celui dont la conclusion est forcée par une contrainte
imprévue.
−− Dans le dépôt hôtelier, la responsabilité de l’hôtelier peut être engagée de
plein droit, mais l’étendue de cette responsabilité est variable.
217
POUR S’ENTRAÎNER
QCM
1. Une personne déjeune dans le restaurant d’un hôtel dans lequel elle
le ne loge pas. Pendant le repas, elle se fait dérober sa valise placée
dans le coffre de sa voiture garée sur le parking de l’hôtel. Ce client
peut engager la responsabilité de l’hôtelier sur le fondement du dépôt
hôtelier.
a : vrai ; b : faux.
2. Si le client d’un hôtel se fait voler sa voiture stationnée sur le parking
de l’établissement, la responsabilité de l’hôtelier est :
a : illimitée ; b : limitée à cinquante fois le prix de la chambre par journée ;
c : limitée à cent fois le prix de la chambre par journée
3. Le dépositaire, dans un dépôt irrégulier, n’est pas tenu d’une obligation
de restitution, car il devenu propriétaire de la chose.
a : vrai ; b : faux.
4. Une personne a été hospitalisée en urgence et le chirurgien, pour
pratiquer l’opération a dû déchirer son pantalon. Le patient peut
engager la responsabilité de l’établissement de santé sur le fondement
du dépôt hospitalier.
a : vrai ; b : faux.
CORRIGÉ
1 : b. faux. La jurisprudence estime que pour donner naissance à un dépôt
hôtelier, il faut au préalable qu’un contrat d’hôtellerie ait été conclu. Si le
client ne fait que déjeuner dans l’hôtel, un tel contrat n’existe pas.
2 : c. limitée à cent fois le prix de la chambre par journée, car il s’agit d’un
bien introduit dans l’hôtel.
3 : b. faux. Il est tenu d’une obligation de restitution par équivalent.
4 : b. faux. Il s’agit ici d’une cause d’exonération de responsabilité du
dépositaire : la détérioration du pantalon est justifiée par la nécessité de
pratiquer l’acte médical.
5 : a. il ne s’agit pas d’un dépôt nécessaire. Il n’y a pas de contrainte imprévue
le poussant à tenter de protéger ses biens en les remettant à un tiers (V.
Cass. civ. 24 juillet 1929, DH, 1929, p. 474).
219
Définition
Attention
223
Attention
Dire que le mandat ne peut porter à titre principal sur des actes matériels ne
signifie pas que ceux-ci ne peuvent être exigés du mandataire à titre accessoire.
Ils doivent toutefois être réalisés afin d’accomplir des actes juridiques. Par
exemple, un mandataire peut devoir se déplacer ou réaliser certaines démarches
(actes matériels) pour conclure un contrat (acte juridique).
Illustration
224
Attention
C. L’indépendance du mandataire
Le mandat est en principe un contrat conclu à titre gratuit, mais les parties
peuvent convenir d’une rémunération pour le mandataire. Cela ressort de l’article
1986 C. civ. suivant lequel « le mandat est gratuit, s’il n’y a convention contraire ».
Lorsque le mandat est passé avec une personne qui en a fait sa profession, il est
alors présumé être stipulé à titre onéreux : dans cette hypothèse, c’est donc à celui
qui prétend avoir conclu un mandat gratuit de rapporter la preuve de cette gratuité.
225
A. Règles de fond
Illustration
226
Illustration
Lorsque le mandat est salarié, le prix n’a pas à être déterminé (à l’exception
de certains mandats spéciaux tels le contrat d’agent immobilier). Autrement dit,
l’accord des parties sur le montant de la rémunération du mandataire n’est pas une
condition de validité du mandat. En cas de désaccord des parties sur le montant de
la rémunération, le juge pourra le fixer.
B. Règles de forme
Selon l’article 1985 C. civ., « le mandat peut être donné par acte authentique ou
par acte sous seing privé, même par lettre. Il peut aussi être donné verbalement ». Il
convient donc d’affirmer que le mandat n’est pas soumis à un quelconque formalisme
ad validitatem : il est donc consensuel.
Le mandat peut même être tacite et ne résulter que de son exécution par le
mandataire ou de l’absence d’opposition du mandant à l’exécution de sa mission
par le mandataire.
Attention
Entre les parties, la preuve du mandat et de son contenu obéit aux règles du
droit commun (y compris les exceptions telle l’impossibilité morale de se procurer
227
À retenir
−− Le mandat est contrat dont l’objet est la passation d’actes juridiques par le
mandant au nom et pour le compte du mandataire.
−− Le mandataire doit agir en toute indépendance.
−− Le mandat peut être général ou spécial et exprès ou conçu en des termes
généraux.
POUR S’ENTRAÎNER
I. QCM
1. Le mandat est la seule technique de représentation présente dans le
Code civil.
a : vrai ; b : faux.
2. Dans la représentation imparfaite :
a : le tiers contractant sait que le représentant n’est pas la partie avec
laquelle il s’engage ; b : le représentant agit en son nom propre.
3. L’hypothèse type de représentation dans le mandat est :
a : une représentation parfaite ; b : une représentation imparfaite.
4. La gratuité participe :
a : de l’essence du mandat ; b : de la nature du mandat.
5. Le mandat conclu avec un mandataire incapable :
a : peut être annulé ; b : ne peut pas être annulé.
228
CORRIGÉ
Le mandat peut être général et conçu en des termes généraux : c’est par
exemple le cas d’un mandat de gérer tous les biens du mandant.
Il peut être général et exprès : c’est le cas du mandat portant sur l’aliénation
de tout ou partie des meubles du mandataire.
Il peut être spécial et exprès : il portera alors par exemple sur l’aliénation de
tel ou tel bien du mandataire.
Il peut être spécial et conçu en des termes généraux : son objet peut alors
être de gérer tel ou tel bien appartenant au mandataire.
229
Définition
La particularité du mandat tient au fait que s’il est bien conclu entre deux
parties – le mandant et le mandataire – sa finalité est la conclusion d’un acte avec
un troisième protagoniste : le tiers contractant. Bien que bilatéral, le mandat produit
donc des effets entre trois personnes.
230
Illustration
231
232
Depuis la réforme du droit des contrats, l’article 1158 C. civ. prévoit qu’un tiers qui
doute de l’étendue du pouvoir du mandataire « peut demander par écrit au représenté
de lui confirmer, dans un délai qu’il fixe et qui doit être raisonnable, que le représenté
est habilité à conclure cet acte ». Cette nouvelle disposition instaure une action
interrogatoire dont les conditions et le régime sont strictement fixés. La demande
doit être adressée par écrit, enfermée dans un délai raisonnable et préciser qu’à
défaut de réponse, le représentant est réputé habilité à conclure l’acte en question.
Aux termes de l’article 1998 « le mandant est tenu d’exécuter les engagements
contractés par le mandataire, conformément au pouvoir qui lui a été donné ; il n’est
tenu de ce qui a pu être fait au-delà, qu’autant qu’il l’a ratifié expressément ou
tacitement ».
Si l’acte a été accompli conformément au pouvoir transmis au mandataire,
par l’effet de la représentation, le mandant est alors engagé avec le tiers comme
s’il avait lui-même pris part à la conclusion du contrat (par exemple, si le mandat
portait sur la conclusion d’une vente, que celle-ci a été conclue, le mandant sera
tenu de toutes les obligations du vendeur). Tous les actes accomplis par le mandataire
seront donc opposables au mandant.
Le principe s’efface en cas de collusion frauduleuse entre le mandataire et le
tiers : l’idée est que ces deux parties auraient conclu un acte dans le but de nuire au
mandant (en négociant par exemple un taux d’intérêt extrêmement haut). Dans ce cas,
la représentation ne joue pas et le mandant n’est pas engagé par l’acte du mandataire.
En cas de dépassement de pouvoir par le mandataire, le mandant n’est pas
engagé par les actes conclus avec le tiers. L’acte passé est alors menacé.
Depuis l’ordonnance de réforme du droit des contrats, l’article 1156 C. civ. prévoit
que l’acte passé par un représentant sans pouvoir ou au-delà de ses pouvoirs est inop-
posable au représenté (alinéa 1er). Le tiers contractant qui ignorait le dépassement
ou l’absence de pouvoir peut, pour sa part, demander la nullité de l’acte (alinéa 2).
Attention
233
Attention
Illustration
À retenir
234
POUR S’ENTRAÎNER
QCM
1. Dans le cadre d’un mandat gratuit portant sur la gestion d’un portefeuille
de valeurs mobilières, un conseil peu judicieux du mandataire a fait
perdre de l’argent au mandant.
a : La responsabilité du mandataire peut être engagée ; b : la responsabilité
du mandataire ne peut être engagée.
2. Il est possible de faire peser sur le mandataire les pertes liées à la
gestion :
a : Si les pertes sont dues à la faute du mandataire ; b : par convention ;
c : jamais.
3. Le mandataire est partie au contrat dont la conclusion était l’objet
de la mission.
a : vrai ; b : faux.
4. Dans le cadre d’un mandat apparent, le mandataire peut être responsable
à l’égard du mandant :
a : sur le terrain délictuel ; b : sur le terrain contractuel ; c : il ne peut être
responsable à son égard.
5. Dans le cadre d’un mandat apparent, le tiers aura du mal à rapporter
la preuve de la croyance légitime dans l’étendue des pouvoirs du
mandataire.
a : vrai ; b : faux.
CORRIGÉ
1 : b. la responsabilité du mandataire ne peut pas être engagée : un simple
conseil peu judicieux n’est pas assimilable à une faute lourde ou grave.
2 : a. et b. si les pertes sont dues au mandataire, il peut en être comptable. En
outre, la jurisprudence admet que les parties puissent renoncer aux dispositions
de l’article 2000 C. civ. par clause dès lors du moins que la stipulation est
claire et dépourvue d’ambiguïté.
235
236
Définition
Le mandat peut être conclu pour une durée déterminée ou indéterminée, mais ne
peut bien entendu être perpétuel. Partant, le mandat est susceptible de s’éteindre
au bout d’un certain temps. L’extinction peut alors être le fruit de l’application du
droit commun des contrats et résulter par exemple de l’exécution ou d’une résolu-
tion. Elle peut également intervenir par le fait des causes spécifiques d’extinction
du mandat prévues aux articles 2003 et suivants du Code civil.
A. La révocation
237
Illustration
Attention
Illustration
238
Tout mandat salarié n’est pas d’intérêt commun, car bien que percevant un salaire
le mandataire ne poursuit pas nécessairement un intérêt lui étant propre.
Selon l’article 2003 C. civ., plusieurs causes involontaires peuvent mettre fin
au mandat.
Il peut tout d’abord s’agir du décès de l’une des parties. Toutefois, en cas de
décès du mandant, le mandataire est tenu d’achever sa mission s’il y a « péril en la
demeure » (art. 1991 C. civ.). De même, si le mandataire ne sait pas que le mandant
est décédé, les actes passés dans cette ignorance sont valables. Les héritiers du
mandant peuvent également décider de poursuivre le contrat en laissant le manda-
taire terminer sa mission.
Il peut ensuite s’agir de l’incapacité (mise sous tutelle ou sous curatelle) frap-
pant l’une des parties.
Attention
Le fait que l’incapacité du mandataire mette fin au mandat n’est pas en contradiction
avec l’article 1990 C. civ. prévoyant qu’un incapable peut être mandataire. Dans
l’article 2003, la situation est différente : initialement, le mandant a contracté
avec une personne capable qui a ensuite été frappée par une mesure d’incapacité.
239
L’ouverture d’une procédure collective à l’égard d’une des parties n’emporte pas
la résiliation de plein droit du mandat. L’administrateur judiciaire a en effet
la possibilité d’exiger le maintien des contrats en cours au jour du jugement
d’ouverture de la procédure.
À retenir
POUR S’ENTRAÎNER
I. Question de cours
La rupture du mandat d’intérêt commun.
CORRIGÉ
L’objet poursuivi par la création de la notion de mandat d’intérêt était
d’exclure la possibilité de révocation du contrat offerte au mandant. Partant
du principe que le mandat n’est pas nécessairement conclu dans l’unique intérêt
du mandant, le mandat d’intérêt commun encadre grandement le pouvoir de
révocation. La situation est alors proche de celle dans laquelle les parties
se trouvent en cas de stipulation d’une clause d’irrévocabilité. À défaut d’un
accord entre les parties, d’une faute du mandataire ou d’une cause légitime
reconnue en justice (telle la réorganisation de l’entreprise du mandant), si
le mandant entend révoquer le contrat, il doit indemniser le mandataire du
préjudice subi. Une stipulation expresse du contrat peut cependant prévoir
que la rupture ne donne lieu à aucune indemnité.
240
CORRIGÉ
En principe le mandant peut révoquer le mandat ad nutum. Néanmoins, ce
principe s’efface lorsque le mandat est qualifié de mandat d’intérêt commun.
En l’espèce, l’un des indivisaires est mandataire, il agit donc autant dans ses
intérêts que dans ceux des autres indivisaires. Il est donc possible de qualifier
le contrat de mandat d’intérêt commun (d’ailleurs cette qualification s’impose
dans les indivisions successorales). Est-ce à dire pour autant que la révocation,
opérée par un autre indivisaire, est inefficace ? Non. Dans le mandat d’intérêt
commun, la révocation est efficace (sûrement, car cette révocation est fondée
par la perte de confiance du mandant envers le mandataire), mais fautive.
Cette faute contractuelle donnera lieu à des dommages et intérêts, mais ne
remettra pas en cause la disparition du mandat. En l’espèce, le mandat a donc
bien été révoqué, la réitération de la promesse ne pourra donc être ordonnée.
241
I. La prestation matérielle
II. L’indépendance de l’entrepreneur
III. La rémunération de l’entrepreneur
IV. La formation du contrat d’entreprise
Définitions
242
I. La prestation matérielle
A. Entreprise et vente
243
Illustration
Illustration
Le seul fait que le travail fourni soit un travail spécifique et conforme aux
exigences du marché ne suffit pas à qualifier l’opération de contrat d’entreprise.
Dès lors, pour qualifier le contrat de contrat d’entreprise, il faut démontrer que le
bien cédé est un produit individualisé, façonné en vertu d’indications particulières
qui rendent impossible la substitution du produit commandé à un autre équivalent.
B. Entreprise et bail
244
Illustrations
C. Entreprise et dépôt
La confusion entre les deux contrats peut intervenir lorsqu’une personne remet
une chose à son cocontractant afin que celui-ci exerce une prestation (on pense par
exemple au garagiste à qui le client remet son véhicule en vue de sa réparation).
Ici encore, si une prestation principale se dégage nettement, il convient d’appli-
quer le critère du principal et de l’accessoire.
Toutefois, la jurisprudence recourt souvent à une qualification distributive,
chaque partie de la convention reçoit alors une qualification propre.
Illustrations
245
L’élément fondamental de distinction entre ces conventions tient au fait que leur
objet est fondamentalement différent : alors que le mandataire doit exécuter des
actes juridiques, l’entrepreneur doit pour sa part réaliser une prestation matérielle.
En outre, le contrat d’entreprise n’accorde à l’entrepreneur aucun pouvoir de
représentation. Cette caractéristique permet de distinguer ce contrat du mandat.
Si la frontière entre ces opérations paraît claire en théorie, elle est en pratique
parfois relativement délicate à déterminer. Il n’est pas rare qu’une personne doive,
pour exécuter le contrat, réaliser des actes matériels et des actes juridiques.
Par exemple, l’avocat est un entrepreneur en ce qu’il doit procurer des conseils juri-
diques à son client, mais agit comme un mandataire au regard des actes de procédure.
Le contrat d’entreprise portant sur l’exécution d’un travail (souvent rémunéré) par
l’entrepreneur, le rapprochement avec le contrat de travail est inévitable. C’est alors
le critère de l’indépendance ou de l’absence de subordination juridique qui permet
de distinguer ces contrats. Alors que le salarié est subordonné à son employeur,
l’entrepreneur exécute sa prestation indépendamment du maître de l’ouvrage.
Le lien de subordination peut être défini comme l’exécution d’un travail accompli
sous l’autorité d’un employeur et emportant la possibilité pour ce dernier de donner des
ordres, directives et de contrôler l’exécution de la prestation (Cass. soc. 13 novembre
1996, pourvoi n° 94-13187).
Illustration
246
Illustration
Parfois cependant, l’importance du travail est telle que les parties, avant la
conclusion définitive du contrat, s’accordent sur un devis. Celui-ci contient l’énu-
mération, la spécification et le prix des travaux à effectuer. Sa nature juridique
(véritable contrat, offre, promesse, accord de principe) dépend toujours de la volonté
des parties. Il est parfois gratuit, parfois rémunéré (lorsqu’il est rémunéré, il est
alors tentant d’y voir un contrat d’entreprise indépendant du contrat définitif).
Parfois également, les maîtres de l’ouvrage réalisent une procédure d’appel d’offre
(obligatoire en matière de marché public). Ici encore, la nature dépend du point de
savoir si son auteur s’engage ou non à contracter définitivement avec l’entrepreneur
(le soumissionnaire) ayant procédé à la meilleure offre.
De même que le prix n’est pas nécessairement déterminé par le contrat, l’étendue
de la prestation de l’entrepreneur n’a pas non plus à être déterminée avec précision.
Cela permettra notamment au maître de l’ouvrage d’imposer, pendant l’exécution du
contrat, des modifications à l’entrepreneur.
247
−− Le contrat d’entreprise est contrat par lequel une partie (le maître de l’ouvrage)
charge une autre partie (l’entrepreneur) de réaliser une prestation matérielle
en toute indépendance et moyennant, en principe, une rémunération.
−− Le prix du contrat d’entreprise n’a pas à être déterminé dès la conclusion
du contrat.
POUR S’ENTRAÎNER
Cas pratique
Qualifiez la situation suivante : une personne demande à son bijoutier
d’enlever une pierre de peu de valeur sur l’une de ses bagues pour la
remplacer par un diamant.
CORRIGÉ
Ici se pose la question de savoir si le contrat est une vente ou un contrat
d’entreprise. Le contrat comprend deux éléments : le travail à opérer sur le bijou
(dessertir l’ancienne pierre et sertir le diamant) et le transfert de propriété du
diamant. Le bijoutier (l’entrepreneur) fournit le travail (la prestation sur le
bijou) et la matière (le diamant). Ici, il ne saurait s’agir d’une fabrication en
série. Bien au contraire, il s’agit d’un travail répondant au besoin spécifique
d’un client. En appliquant ce critère dégagé par la jurisprudence, on peut
donc affirmer que l’opération est un contrat d’entreprise.
248
Définition
249
Un entrepreneur qui livrerait au maître de l’ouvrage, dans les délais, un bien non
achevé, ne serait en aucun libéré de son obligation. Cette livraison ne serait
donc pas libératoire.
Illustration
Illustration
250
Attention
Pour rappel lorsque l’obligation est de résultat le débiteur ne peut s’exonérer qu’en
démontrant la force majeure. Lorsque l’obligation est de moyens renforcée (ou de
résultat atténuée) le débiteur peut s’exonérer en démontrant son absence de faute.
Lorsqu’enfin l’obligation est de moyens, c’est alors au créancier de démontrer que
le débiteur n’a pas tout mis en œuvre pour exécuter correctement l’obligation.
Illustration
251
Le maître de l’ouvrage qui se verrait transférer une chose viciée qui aurait elle-
même été achetée par l’entrepreneur auprès d’un fournisseur pourrait agir contre
l’entrepreneur (qui se retournera ensuite contre son fournisseur), ou directement
contre le fournisseur sur le fondement de l’action directe accordée au destinataire
final de la chose.
252
Illustration
Attention
253
Attention
Illustration
254
A. L’obligation de conseil
Attention
Illustrations
255
B. L’obligation de sécurité
L’entrepreneur est tenu d’assurer la sécurité de ses clients, que la prestation porte
sur une chose (l’entrepreneur doit exécuter un travail sans vice et doit réparer tous
les dommages corporels ou matériels causés par les malfaçons) ou sur une personne
(l’entrepreneur doit ainsi assurer la sécurité des personnes qu’il reçoit dans ses
locaux : on vise ici par exemple le coiffeur, le gérant de discothèque ou encore le
médecin recevant dans son cabinet).
Illustration
256
À retenir
POUR S’ENTRAÎNER
I. QCM
1. L’obligation de réaliser la prestation par l’entrepreneur est :
a : une obligation de faire ; b : une obligation de donner ; c : toujours une
obligation de moyens.
257
CORRIGÉ
1 : a. une obligation de faire et non une obligation de donner. Il peut s’agir
d’une obligation de moyens (lorsque la prestation est intellectuelle), mais
elle constitue parfois également une obligation de résultat ou une obligation
de moyens renforcée.
2 : b. faux. Le transfert de la propriété opère soit à la réception (pour les
meubles), soit en vertu de la règle superficies solo cedit (pour les immeubles).
3 : b. il peut demander le paiement de sa prestation à l’entrepreneur. N’ayant
pas été agréé, il ne bénéficie pas d’une action directe en paiement contre le
maître de l’ouvrage. Il peut résilier le contrat le liant à l’entrepreneur, mais
ne peut en aucun demander la résiliation du contrat liant l’entrepreneur
principal et le maître de l’ouvrage (il est tiers à ce contrat).
4 : a. à l’entrepreneur principal. Il n’est pas contractuellement lié au maître
de l’ouvrage (même si ce dernier l’a agréé).
5 : a. un préposé de l’entrepreneur.
258
259
Définitions
Prise de livraison. La prise de livraison est un acte matériel par lequel le maître
de l’ouvrage prend possession du bien délivré par l’entrepreneur.
Réception. La réception est l’acte juridique par lequel le maître de l’ouvrage
approuve les travaux de l’entrepreneur, les juge conformes au contrat et les
accepte (avec ou sans réserves).
260
Attention
Ne sont des travaux supplémentaires que ceux qui ont été agréés par le maître
de l’ouvrage et qui procurent au résultat final une amélioration. N’est donc pas
un travail supplémentaire le travail nécessaire à la réalisation de la prestation
initialement convenue.
Illustrations
Un entrepreneur doit installer une piscine dans le jardin de son client. Pendant
l’exécution du contrat, il propose à son client, qui l’accepte, de carreler les bords de
la piscine. Il s’agit de travaux supplémentaires qui justifient un supplément de prix.
Un entrepreneur doit poser une cuisine aménagée chez un client. Durant
l’installation, il sectionne un conduit de gaz. La réparation de ce conduit emporte
un coût supplémentaire pour l’entrepreneur, mais il ne peut demander au maître
de l’ouvrage de le supporter.
La technique du marché sur devis (ou sur série de prix) permet de fixer le prix
en fonction du coût d’exécution de chaque prestation (x euros le mètre carré). Le
prix total sera calculé en additionnant les différentes prestations et leur quantité
après l’achèvement de l’ouvrage.
La technique du tarif horaire permet de calculer le prix en fonction du temps
passé pour la réalisation de la prestation (x euro de l’heure).
Si le prix a été fixé à l’avance, le juge peut en réviser le montant dans deux
hypothèses :
−− lorsque les honoraires fixés sont excessifs par rapport à la prestation fournie
(cette exception ne touche que les honoraires des prestataires exerçant une
profession libérale (par exemple un généalogiste). Le juge refusera néan-
moins de réviser le montant des honoraires s’il a été accepté par le maître
de l’ouvrage après la réalisation de la prestation ;
−− lorsque l’exécution est défectueuse, c’est-à-dire lorsque la prestation n’a
pas été correctement exécutée. À cet égard, on peut noter qu’en application
261
Attention
La règle de la révision des seuls honoraires pourrait être étendue à tous les
contrats d’entreprise dans lesquels le prix a fait l’objet d’un accord avant la
réalisation de la prestation par l’article 72 de l’avant-projet de réforme du droit
des contrats spéciaux. Son alinéa 2 dispose en effet que : « Lorsque le prix est
fixé d’un commun accord, chaque partie peut en demander la révision au juge s’il
est manifestement dérisoire ou excessif, à moins qu’il n’ait été convenu qu’il était
fixé forfaitairement ».
Si le prix n’a pas été fixé à l’avance, que l’entrepreneur (en application de l’article
1165 C. civ.) le fixe unilatéralement après la réalisation de la prestation, le juge
ne peut intervenir qu’en cas d’abus dans la fixation du prix. Dans cette hypothèse
le juge ne pourra pas réduire le prix, mais simplement octroyer des dommages et
intérêts ou prononcer la résolution du contrat.
Illustration
262
Attention
Le maître peut réceptionner en émettant des réserves s’il estime que la prestation
n’est pas conforme au contrat. Il peut même refuser de réceptionner dès lors que ce
refus est justifié par l’insuffisance de la qualité de la prestation.
Lorsque des réserves sont émises, le maître de l’ouvrage peut demander la mise
en conformité des travaux ou une diminution du prix.
Les effets de la réception sont particulièrement importants :
−− elle rend le prix exigible ;
−− elle purge la livraison de tout vice apparent et de tout défaut de conformité
dès lors que ceux-ci n’ont pas fait l’objet de réserves ;
−− elle emporte transfert de propriété et des risques de la chose au maître de
l’ouvrage (sauf stipulation contraire ou jeu de l’accession) ;
−− en matière de construction, elle constitue le point de départ des garanties
biennale ou décennale (V. fiche n° 34).
En cas d’inexécution de l’obligation de réception, l’entrepreneur peut demander
à ce qu’elle soit prononcée judiciairement.
263
À retenir
264
POUR S’ENTRAÎNER
QCM
1. La réception pure et simple (sans réserves) empêche le maître de
l’ouvrage d’agir par la suite en garantie des vices cachés.
a : vrai ; b : faux.
2. Dans un marché à forfait, le maître de l’ouvrage devra payer un travail
supplémentaire réalisé par l’entrepreneur :
a : s’il est nécessaire à la bonne réalisation de la prestation ; b : s’il a été
agréé par le maître de l’ouvrage ; c : s’il a été agréé par l’entrepreneur ; d :
s’il apporte une amélioration à l’ouvrage.
3. Le maître de l’ouvrage qui empêche les préposés de l’entrepreneur
d’accéder au chantier contrevient :
a : à son obligation de coopération ; b : à son obligation de s’abstenir de
gêner la réalisation de la prestation ; c : à son obligation de prendre livraison.
4. Le maître de l’ouvrage peut refuser de réceptionner :
a : si la qualité de la prestation est insuffisante ; b : s’il ne veut plus du
contrat.
5. Si le maître de l’ouvrage résilie unilatéralement un marché à forfait,
il doit payer la totalité de ce qui aurait été dû à l’issue des travaux.
a : vrai ; b : faux.
265
266
Définition
Vices intermédiaires. Les vices intermédiaires sont ceux permettant d’intenter une
action en responsabilité contractuelle contre le constructeur, mais qui n’entrent
dans le champ d’application d’aucune des garanties légales.
Cette garantie est visée à l’article 1792-6 C. civ. aux termes duquel « la garantie
de parfait achèvement, à laquelle l’entrepreneur est tenu pendant un délai d’un an, à
compter de la réception, s’étend à la réparation de tous les désordres signalés par le
267
Attention
B. La garantie biennale
Attention
C. La garantie décennale
268
Attention
Les sous-traitants ne sont pas concernés par la garantie décennale, mais sont
soumis au droit commun de la responsabilité (à l’exception près que les délais
de prescription de l’action en responsabilité sont calqués sur la prescription de
l’action en garantie dirigée contre le constructeur).
Dès lors qu’un dommage est couvert par la garantie légale ou décennale, le maître
de l’ouvrage ne peut intenter à l’égard du constructeur une action en responsabilité
contractuelle.
Si un dommage n’est toutefois pas couvert par l’une des garanties, l’action en
responsabilité contractuelle est alors ouverte pendant un délai de dix ans.
Sont ici visés les « vices intermédiaires ». Pour être qualifiés de la sorte, ces
vices doivent toucher la construction elle-même (et non un équipement), mais ne
doivent pas être apparents lors de la réception, ne pas compromettre la solidité de
l’immeuble et ne pas le rendre impropre à sa destination.
Illustration
269
À retenir
POUR S’ENTRAÎNER
QCM
1. Le maître de l’ouvrage constate 13 mois après la réception que
l’ascenseur de l’immeuble construit ne fonctionne pas correctement.
Il doit invoquer :
a : la garantie biennale ; b : la garantie décennale.
2. Six ans après la réception d’un immeuble, le maître de l’ouvrage se
rend compte que les canalisations sont abîmées en raison de la forte
corrosion liée à une composition anormale de l’eau.
a : il peut agir contre le constructeur sur le fondement de la garantie
décennale ; b : il ne peut pas agir sur le fondement de la garantie décennale.
3. Une infiltration d’eau dans la toiture inonde le grenier d’une maison
réceptionnée il y a cinq ans. La société ayant procédé à la construction
d’un immeuble a fait faillite et n’existe aujourd’hui plus.
270
CORRIGÉ
1 : a. la garantie biennale, puisqu’il s’agit d’un élément d’équipement qui ne
touche pas à proprement parler à la construction.
2 : b. il ne peut pas agir, car la composition anormale de l’eau sera retenue comme
élément de force majeure déchargeant le constructeur de sa responsabilité.
3 : a et c. l’article 1792-1 assimile au constructeur les architectes et le vendeur
ayant fait construire l’immeuble vicié. Les recours sont donc envisageables
contre ces personnes. Le sous-traitant ne peut cependant être poursuivi sur
le fondement de la garantie décennale.
4 : c. par la responsabilité contractuelle, puisqu’il s’agit d’une obligation sans
rapport direct avec les défauts de construction faisant l’objet des garanties
décennales et biennales.
5 : b. faux. Les autres garanties courent également dès la réception de
l’immeuble. Elles peuvent donc dès ce moment être actionnées.
271
273
Index
Les numéros renvoient au numéro des fiches
A. Chose :
−− vente : 9
Acompte : 16
Clause :
Acte de complaisance : 26
−− élusive de garantie : 14
Action directe :
−− inaliénabilité : 9
−− contrat d’entreprise : 33
−− limitative de garantie : 14
−− vente : 14
−− réserve de propriété (de) : 11
Action estimatoire : V. Garantie des vices
Classification : 2
cachés
Concession de carrière : 5
Action rédhibitoire : V. Garantie des vices
cachés Conformité :
Agréage : 5 −− délivrance (de la) : 12
Appel d’offre : 32 −− garantie (de) : 15
Apport en société : 5 Conseil (obligation de) : 7 - 33
Arrhes : 16 Contrat
−− aléatoire : 4
−− cadre : 10
B. −− commutatif : 4
Bail : −− consensuel : 4
−− droit commun – droit spécial : 19 −− déménagement (de) : 2
−− chose d’autre (de) : 20 −− nommé : 1
−− circulation : 23 −− innomé : 1
−− extinction : 23 −− réel : 24 – 25 - 26
−− formation : 20 −− spécial (définition) : 1
−− garanties : 21 −− sui generis : 2
−− obligations du bailleur : 21 −− synallagmatique 4
−− obligations du preneur : 22 −− titre gratuit : 24 - 25
−− preuve : 20 −− titre onéreux (à) : 4
−− prix : 18 Contrat d’entreprise :
−− qualification : 18 −− extinction : 34
−− formation : 32
−− garantie : 33
C.
−− obligation de l’entrepreneur : 33
Capacité : −− obligation du maître de l’ouvrage : 34
−− vente : 5 −− qualification : 32
−− bail : 20 −− sous-traitance : 33
275
D.
L.
Dation en paiement : 5
Dégustation (vente à la) : 6 Logement décent : 21
Délivrance (obligation de) : Louage d’ouvrage (V. contrat d’entre-
−− vente : 12 prise)
−− bail : 21 Loyer (paiement du) : 22
Dépeçage (du contrat) : 2 Lésion : 10
Dépôt : 26 - 27
Dépôts spéciaux : 28 M.
Détermination
Mandat :
−− chose : 9
−− apparent : 30
−− prix : 10 - 34
−− effets : 30
Devis : 32
−− extinction : 31
Donation : 5
−− forme : 29
Droit commun (articulation avec droit
−− intérêt commun (d’) : 31
spécial) : 1 – 19
−− qualification : 29
Droit commun spécial des contrats : 1
−− révocation : 31
Droit européen de la vente : 1
Mise à disposition : 12
E.
O.
Échange : 5 - 17
Option (délai d’) : 8
Éléments du contrat : 2
Entretien (obligation de) : 21
Essai : 6 P.
Pacte de préférence : 8
G. Paiement :
−− bail : 22
Garantie biennale : 35
−− vente : 16
Garantie d’éviction : 13
Préemption (droit de) : 6
Garantie décennale : 35
Prêt à usage : 24
Garantie de conformité : 15
Prêt de consommation : 25
Garantie de parfait achèvement : 35
Prise de livraison : 34
Garantie des vices cachés :
Privilège
−− bail : 21
−− du bailleur : 22
−− contrat d’entreprise : 33
−− du vendeur : 16
−− prêt à usage : 24
276
Index
−− vente : 10
Promesses : 8 Transfert de propriété :
−− contrat d’entreprise : 33
−− dépôt irrégulier : 28
Q. −− prêt de consommation : 25
Qualification : 2 −− vente : 4 – 9 – 11
Quittance : 16 Transfert des risques :
−− prêt de consommation : 25
−− vente : 11
R.
Trouble : V. Garantie d’éviction.
Ratification : 30
Réception (obligation de) : 34
Réflexion (délai de) : 7 U.
Refus de vendre : 6 Usufruit : 18
Représentation : 29
Responsabilité :
V.
−− bail : 22
−− contrat d’entreprise : 33 Vente :
−− contrat de construction : 35 −− capacité : 6
−− vente : 12 −− chose d’autrui 9
Res perit domino : 11 - 24 −− chose future : 9 - 11
Restitution (obligation de) : −− consentement : 6
−− bail : 22 −− dégustation (à la) : 6
−− dépôt : 27 −− délivrance : 12
−− prêt à usage : 24 −− essai : 6
−− prêt de consommation : 25 −− évolution : 3
Rétention (droit de) : 16 −− fruits (de) : 5
Retirement (obligation de) : 16 −− garantie d’éviction : 13
Rétractation (délai de) : 7 −− garantie de conformité : 15
−− promesse : 8 −− garantie des vices cachés : 14
Risques (transfert) : V. ce mot −− information : 7
−− libre service (en) : 11
−− prix : 10
S. −− promesse (de) : 8
Sécurité (obligation de) : 13 – 21 – 33 −− qualification : 5
Service : 32 −− retirement (obligation de) : 16
Séquestre : 28 −− sources : 3
Soulte : 17 −− transfert de propriété : 4 – 9 – 11
Sources −− transfert des risques : 11
−− des contrats spéciaux : 1 Vice caché (notion) : 14
−− vente : 3 Vice intermédiaire : 35
Sous-traitance : 33
277
2e éd.
le sommaire
1. Premiers aperçus de la matière 20. La formation du contrat de bail
2. Qualification des contrats spéciaux 21. Les obligations du bailleur
22. Les obligations du preneur
Première partie 23. Circulation et extinction du bail
spéciaux
7. Information et réflexion 28. Les dépôts spéciaux
8. Les avant-contrats
9. La chose vendue Seconde partie
10. Le prix de vente Les contrats portant sur les services
11. Le transfert de propriété 29. La qualification et la forme du mandat
et des risques 30. Les effets du mandat
12. L’obligation de délivrance 31. L’extinction du mandat
13. La garantie d’éviction 32. Identification et formation du contrat
14. La garantie des vices cachés d’entreprise
15. La garantie de conformité 33. Les obligations de l’entrepreneur
16. Les obligations de l’acheteur 34. Les obligations du maître de l’ouvrage
17. L’échange et l’extinction du contrat d’entreprise
18. Présentation et qualification 35. Le contrat d’entreprise de construction
du contrat de bail
19. L’articulation du droit commun du bail
et des statuts spéciaux
Johann Le Bourg
l’auteur le public
Johann Le Bourg est maître de conférences à • Licence 3 Droit
l’Université de Savoie Mont Blanc. • Master 1 Droit
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