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Royaume du Maroc ‫المملكة المغربية‬

Université Mohammed V de Rabat ‫جامعة محمد الخامس بالرباط‬


‫كلية العلوم القانونية واالقتصادية‬
Faculté des Sciences Juridiques,
‫ السويسي‬- ‫واالجتماعية‬
Economiques et Sociales - SOUISSI

Master : Marketing Stratégique, Management Commercial et


d’Entreprise

Module : Droit de la concurrence, de la consommation et de la


distribution

Le contrat de la concession exclusive

Réalisé par : Encadré par :


CHERKAOUI Karima Pr. Mohammed BOUZIT

SOUFIANI Achraf

FARSI Fatima Ezzahra

NAIT EL HAJ Mohammed

HACHCHOUCH Mourad

Année Universitaire :

2023 - 2024
INTRODUCTION GENERALE

Le contrat de concession commerciale exclusive traduit l’évolution des techniques


contractuelles prépondérantes dans le domaine de la distribution des produits et des services.
En effet, la relation entre l’entreprise et le client ne se conçoit plus conformément à l’image
classique que représente la vente directe. Elle est le couronnement d’un long processus dans
lequel interviennent des intermédiaires professionnels. Ce constat s’explique par la prise de
conscience croissante que l’intérêt économique réside dans la fidélisation de la clientèle autour
de l’image de marque développée par l’entreprise, plutôt que par référence à la personne du
commerçant ou l’entreprise personne morale. Cela est en effet possible grâce aux moyens de
captation de la clientèle, ces derniers traduisent une conception économique de la propriété.
Plus précisément, le contrat de concession commerciale exclusive constitue une technique
contractuelle permettant de mobiliser les signes distinctifs et le concept économique développés
par le concédant, et ce, en vue de la constitution de réseaux de distribution. En effet, ce contrat
se défini comme étant celui par lequel « le concessionnaire met son entreprise de distribution à
la disposition d’un concédant pour assurer exclusivement sur une région géographique précise
la distribution de produits dont le monopole lui est attribué ». Dans un premier temps, il
convient de souligner que la pratique du contrat de concession commerciale exclusive au Maroc
se développe sous l’emprise de la théorie générale du contrat. La nature de ce contrat et la
complexité des obligations auxquelles il donne lieu, sont des facteurs qui conduisent à
interroger l’adaptabilité des règles générales, ces dernières étant traditionnellement conçues
afin de régir des relations contractuelles moins complexes. En deuxième lieu, le contrat de
concession commerciale exclusive illustre une relation contractuelle dans laquelle les parties
ne sont pas forcément égales sur le plan économique. Le déséquilibre économique qui domine
le rapport contractuel risque de compromettre l’égalité juridique que prônent les textes du droit
commun. En l’absence d’une réglementation spéciale, il est utile de s’interroger si les règles de
droit commun sont adaptées au contrat de concession commerciale exclusive, et de quelle
manière le législateur peut-il intervenir afin d’encadrer l’impact des pouvoirs économiques
déséquilibrés sur la partie faible au contrat, en l’occurrence le concessionnaire commercial
exclusif.

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Problématique de la recherche

Comment les contrats de concession exclusive influencent-ils la


concurrence sur le marché dans le cadre du droit de la concurrence ?

Questions de la recherche

Cette problématique pourrait explorer divers aspects :

➢ Qu'est-ce qu'un contrat de concession exclusive et quel est son rôle sur le marché ?
- Définir les termes clés liés aux contrats de concession exclusive.
- Examiner les principaux éléments et caractéristiques de ces contrats.
➢ Quelle est la nature du droit de la concurrence et quel est son objectif principal ?
- Explorer les fondements théoriques du droit de la concurrence.
- Analyser les objectifs du droit de la concurrence en termes de promotion de la
concurrence et de protection des consommateurs.
➢ Comment les contrats de concession exclusive peuvent-ils influencer la concurrence sur
le marché ?
- Examiner les mécanismes par lesquels ces contrats peuvent restreindre la
concurrence.
- Étudier les effets potentiels sur l'accès au marché pour d'autres acteurs.
➢ Quels sont les avantages et les inconvénients des contrats de concession exclusive du
point de vue des parties contractantes ?
- Analyser les incitations économiques pour les entreprises à conclure de tels contrats.
- Évaluer les bénéfices potentiels pour les entreprises et les conséquences sur la
concurrence.

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Hypothèses de la recherche
Dans le cadre de cette problématique, plusieurs hypothèses peuvent être formulées pour
orienter la réflexion et la recherche. Ces hypothèses constituent des suppositions qui peuvent
être testées ou analysées pour mieux comprendre les relations entre les concessions exclusives,
la concurrence sur les marchés et les mesures réglementaires. Voici quelques hypothèses
possibles :
1. Les concessions exclusives favorisent la concentration du pouvoir économique :
• Hypothèse : Les entreprises bénéficiant de concessions exclusives ont tendance
à accumuler un pouvoir économique disproportionné, ce qui peut entraîner une
diminution de la concurrence sur le marché.
2. Les concessions exclusives peuvent agir comme des barrières à l'entrée :
• Hypothèse : Les concessions exclusives créent des barrières à l'entrée pour
d'autres acteurs sur le marché, limitant ainsi la diversité des fournisseurs et
restreignant la concurrence.
3. L'impact des concessions exclusives sur la concurrence varie selon les secteurs :
• Hypothèse : L'influence des concessions exclusives sur la concurrence dépend
du secteur économique, certains secteurs étant plus sensibles à ces pratiques que
d'autres

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Sommaire

INTRODUCTION GENERALE .................................................................................................................... 2


CHAPITRE I : Généralités sur le droit de la concession exclusive .............................................. 6
1. Définition de la concession exclusive : ............................................................................................ 6
2. Modèles de la concession exclusive ................................................................................................ 7
CHAPITRE II : Réglementation et législation ................................................................................ 8
1. Législation nationale et internationale ........................................................................................... 8
2. Evolution de la législation sur la concession exclusive.................................................................. 11
CHAPITRE III : Les aspects contractuels de la concession exclusive ....................................... 14
1. Les parties impliquées dans un contrat de concession exclusive : .............................................. 14
2. Obligations des parties contractants et litiges contractuels : ....................................................... 16
3. Résiliation et litiges contractuels :................................................................................................. 19
CHAPITRE IV : Impact économique de la concession exclusive ............................................... 22
1. Avantages et inconvénients pour les parties impliquées .............................................................. 23
2. Effet de la concession exclusive sur la concurrence sur le marché............................................... 30
CHAPITRE IV : Le contrat de la concession exclusive au regard de la concurrence ............ 33
1. Conflits potentiels avec les lois antitrust....................................................................................... 33
2. Cas de pratiques anticoncurrentielles ........................................................................................... 34
Etude de cas : Convention de concession entre la Sodep SA et l’ANP....................................... 35
Conclusion ............................................................................................................................................. 43
Bibliographie ......................................................................................................................................... 44
ANNEXES ............................................................................................................................................... 45

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CHAPITRE I : Généralités sur le droit de la concession exclusive
1. Définition de la concession exclusive :

La définition du contrat de concession est donnée dans la réglementation française, plus


précisément dans la circulaire Fontanet du 31 mars 1960.
« C’est un engagement réciproque : le fournisseur s’engage à ne vendre ses produits
qu’au(x) distributeur(s) en question sur un certain territoire alors que ce distributeur s’engage à ne
vendre ces produits que sur le territoire défini au contrat de concession. Dans ce type de relation, le
fournisseur est appelé concédant et les commerçants sont appelés concessionnaires. »

Une concession exclusive se réfère à un accord commercial dans lequel une entreprise (le
concédant) accorde à une autre entreprise (le concessionnaire) le droit exclusif de distribuer, vendre
ou fournir des produits ou services dans une région géographique spécifique ou sur un marché
particulier. Ce droit exclusif signifie que le concessionnaire est le seul autorisé à exercer ces
activités dans la zone ou le secteur désigné, excluant ainsi d'autres concurrents. Cette relation
contractuelle vise souvent à créer un avantage concurrentiel pour le concessionnaire, renforçant sa
position sur le marché grâce à une exclusivité territoriale.

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2. Modèles de la concession exclusive

Il existe différents types de contrats de concession en fonction de la nature de la concession et du


secteur concerné. Voici quelques-uns des principaux types de contrats de concession :
1. Concession de services publics : Ce type de contrat de concession permet au concessionnaire de
fournir des services publics tels que l'eau, l'électricité, les transports publics, les services de santé, etc.
Le concessionnaire est généralement responsable de la construction, de la gestion et de l'exploitation
des installations nécessaires pour fournir ces services.
2. Concession de travaux publics : Dans ce cas, le concessionnaire est chargé de la construction
d'infrastructures publiques telles que des routes, des ponts, des aéroports, des hôpitaux, etc. Une fois
la construction terminée, le concessionnaire peut également être responsable de l'exploitation de ces
infrastructures pour une durée spécifiée.
3. Concession de services publics sociaux : Ces concessions concernent des services sociaux tels que
l'éducation, la culture, le sport, etc. Le concessionnaire peut être chargé de gérer et de développer des
installations ou des programmes liés à ces services.
4. Concession de biens publics : Dans ce type de concession, le concessionnaire se voit accorder le droit
d'exploiter un bien public tel qu'un parc national, une plage, un monument historique, etc. L'objectif
est généralement de développer le site tout en préservant son caractère public.
5. Concession de licence de propriété intellectuelle : Il s'agit d'une concession accordée pour
l'utilisation de droits de propriété intellectuelle tels que des brevets, des marques, des licences
logicielles, etc. Le concessionnaire peut utiliser ces droits pour fabriquer, commercialiser ou vendre
des produits ou services spécifiques.
6. Concession de franchise : Les concessions de franchise sont courantes dans le secteur de la
restauration rapide, de la vente au détail et d'autres secteurs. Le concessionnaire (franchisé) obtient le
droit d'utiliser une marque, un modèle commercial, un soutien opérationnel et d'autres avantages du
franchiseur en échange de paiements et de conformité aux normes de la franchise.
7. Concession minière : Les concessions minières accordent au concessionnaire le droit d'explorer,
d'extraire et d'exploiter des ressources minières telles que les minéraux, les métaux, le pétrole, le gaz,
etc. Cela peut impliquer des opérations d'extraction à long terme.
8. Concession de transport : Cela peut inclure des contrats pour l'exploitation de lignes de transport en
commun, de ports, d'aéroports, d'autoroutes, de chemins de fer, de lignes de bus, etc.
Chacun de ces types de contrats de concession peut avoir des termes et des conditions spécifiques, y
compris la durée de la concession, les paiements, les obligations du concessionnaire, les responsabilités de la
partie publique et d'autres aspects qui varient en fonction du secteur et des réglementations locales.

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CHAPITRE II : Réglementation et législation
1. Législation nationale et internationale

❖ Législation nationale :
Nous introduisons ce chapitre en présentant un extrait d'un article rédigé par Loubna NOURI,
docteure en Droit Privé et avocate au Barreau de Casablanca. L'article en question a été publié dans
le numéro 8 de la revue "Droit et Société" en janvier/mars 2023.Haut du formulaire
« Le contrat de concession commerciale suscite précisément l’attention en raison de sa vive
présence sur la scène économique marocaine. Malgré ce constat, le législateur marocain ne lui
consacre pas un cadre légal spécial.
Le contrat de concession commerciale exclusive illustre une relation contractuelle dans
laquelle les parties ne sont pas forcément égales sur le plan économique. Le déséquilibre économique
qui do-mine le rapport contractuel risque de compromettre l’égalité juridique que prônent les textes
du droit commun. En l’absence d’une réglementation spéciale, il est utile de s’interroger si les règles
de droit commun sont adaptées au contrat de concession commerciale exclusive, et de quelle manière
le législateur peut-il intervenir afin d’encadrer l’impact des pouvoirs économiques déséquilibrés sur
la partie faible au contrat, en l’occurrence le concessionnaire commercial exclusif.
En l’absence d’un cadre juridique spécial, il est nécessaire de soulever l’inadaptation des
règles de droit commun à régir la période précontractuelle relative au contrat de concession
commerciale exclusive. De même, la théorie générale du contrat est nettement insuffisante pour
encadrer efficacement la formation de ce contrat, notamment face aux nouveaux aspects issus de la
pratique des contrats de la distribution au Maroc. »

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La complexité de la réglementation marocaine sur la concession exclusive découle de
l'absence d'un cadre légal spécial d'une part, et de sa dépendance aux lois sectorielles régissant des
domaines tels que l'énergie, les télécommunications, l'eau et les transports d'autre part. Les lois et
régulations régissant les concessions exclusives au Maroc peuvent évoluer, voici quelques points
généraux qui peuvent s'appliquer dans le contexte marocain :
1. Cadre Juridique : La législation marocaine régissant les concessions exclusives peut être
définie par des lois spécifiques à chaque secteur. Par exemple, le secteur de l'énergie, des
télécommunications ou des transports peut avoir ses propres lois et réglementations
spécifiques.
2. Procédure d'Attribution : La procédure pour l'attribution d'une concession exclusive peut
varier en fonction du secteur. En général, elle implique souvent un processus d'appel d'offres
ou une négociation directe avec l'autorité compétente.
3. Durée de la Concession : La durée de la concession exclusive est généralement fixée dans le
contrat de concession. Elle peut varier en fonction de la nature de l'activité et des exigences
spécifiques du secteur.
4. Obligations et Responsabilités : Les concessions exclusives sont souvent assorties
d'obligations et de responsabilités spécifiques pour la partie concessionnaire. Cela peut inclure
des investissements dans les infrastructures, le respect de normes de qualité, le respect des
droits des consommateurs, etc.
5. Révision et Résiliation : Les contrats de concession peuvent prévoir des clauses de révision ou
de résiliation en cas de non-respect des termes du contrat, de changements dans la
réglementation ou d'autres circonstances spécifiées.

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❖ Législation internationale :
La concession exclusive dans le contexte international peut être abordée à travers divers accords,
conventions et réglementations qui varient en fonction des domaines spécifiques, tels que le
commerce, les investissements, les services, etc. Il n'y a pas de législation internationale unique
régissant toutes les concessions exclusives, mais plutôt une combinaison de règles et d'accords
internationaux. Voici quelques points généraux à considérer :
1. Commerce international : Dans le cadre du commerce international, des accords tels que
l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) de l'Organisation mondiale
du commerce (OMC) peuvent jouer un rôle. Ces accords visent à promouvoir le libre-échange
en éliminant les barrières tarifaires et non tarifaires. Certains accords commerciaux peuvent
également inclure des dispositions liées à l'accès exclusif à certains marchés ou secteurs.
2. Investissements : Les accords bilatéraux d'investissement (ABI) et les traités multilatéraux sur
les investissements peuvent traiter de questions liées aux concessions exclusives. Ces accords
établissent souvent les droits et obligations des investisseurs étrangers et peuvent inclure des
dispositions sur la protection des investissements, y compris le droit d'opérer exclusivement
dans certains secteurs.
3. Services : Dans le domaine des services, des accords tels que l'Accord général sur le commerce
des services (AGCS) de l'OMC peuvent être pertinents. L'AGCS cherche à libéraliser le
commerce des services en éliminant les obstacles et en favorisant un accès plus large aux
marchés de services.
4. Concessions dans des domaines spécifiques : Des accords internationaux peuvent également
être élaborés pour des secteurs spécifiques tels que les télécommunications, l'énergie ou les
transports. Ces accords peuvent établir des règles particulières pour l'attribution et la gestion
des concessions exclusives.
5. Organisations régionales : Dans certaines régions du monde, des organisations régionales
peuvent élaborer des accords spécifiques régissant les concessions exclusives. Par exemple,
l'Union européenne (UE) a des règles spécifiques sur la concurrence et les marchés publics
qui peuvent affecter les concessions exclusives.
Il est important de noter que la nature et la portée de la concession exclusive dans le contexte
international peuvent varier considérablement en fonction des accords spécifiques et des domaines
concernés.

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2. Evolution de la législation sur la concession exclusive
❖ Historique de la concession exclusive :
L'histoire de la concession exclusive remonte à plusieurs siècles et est étroitement liée au
développement du commerce, de l'industrie et des relations commerciales. Voici un aperçu de son
évolution au fil du temps :

1. Moyen Âge : Les premières formes de concessions exclusives sont apparues au Moyen Âge,
lorsque les souverains accordaient à certaines personnes ou entreprises le droit exclusif de
commercer dans certaines régions ou de produire certains biens. Cela a favorisé la croissance
des guildes et des corporations, qui détenaient souvent des monopoles sur la production et la
distribution de certains produits.

2. Époque coloniale : Pendant la période de l'exploration et de la colonisation, de nombreuses


concessions exclusives ont été accordées par les puissances coloniales à des sociétés
commerciales pour exploiter des territoires lointains. Par exemple, la British East India
Company a reçu une concession exclusive pour le commerce avec l'Inde au XVIIe siècle.

3. Révolution industrielle : Au XIXe siècle, la Révolution industrielle a vu l'émergence de


nombreuses entreprises dotées de concessions exclusives pour l'exploitation de ressources
naturelles, telles que les mines, les forêts et les terres agricoles. Ces accords ont joué un rôle
clé dans la croissance économique.

4. Développement des franchises : Au XXe siècle, le concept de franchise a gagné en


popularité. Les franchises sont un type de concession exclusive où une entreprise (le
franchiseur) accorde à des entrepreneurs indépendants (les franchisés) le droit d'exploiter une
entreprise sous sa marque et selon son modèle commercial.

5. Accords de licence : Les accords de licence ont également prospéré au XXe siècle,
notamment dans les domaines de la technologie, des logiciels, de la musique et de la propriété
intellectuelle. Les détenteurs de droits accordent des licences exclusives à des tiers pour
utiliser leurs créations ou leurs inventions.

6. Concessions territoriales : Dans le contexte de la distribution, de nombreuses entreprises


accordent des concessions territoriales exclusives à des distributeurs ou des détaillants pour
vendre leurs produits dans des régions spécifiques.

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7. Concessions gouvernementales : Les gouvernements accordent souvent des concessions
exclusives dans des secteurs tels que les télécommunications, l'énergie, les transports et les
jeux de hasard. Ces accords peuvent être assortis de conditions et de réglementations strictes.

8. Évolution moderne : Aujourd'hui, les concessions exclusives sont courantes dans de


nombreux secteurs, de la vente au détail à la technologie, en passant par les services. Elles
sont souvent régies par des contrats complexes et sont sujettes à des règles et réglementations
spécifiques dans de nombreux pays.

L'histoire de la concession exclusive est marquée par une évolution constante en réponse aux besoins
économiques et commerciaux changeants. Elle a joué un rôle important dans le développement
économique, la distribution de biens et de services, et la croissance des entreprises à travers les âges.

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❖ Les facteurs influençant l’évolution de la concession exclusive :

L'évolution de la législation sur la concession exclusive peut être influencée par plusieurs facteurs,
notamment :

• Concurrence : Les lois antitrust et la réglementation de la concurrence peuvent influencer la


manière dont les concessions exclusives sont traitées. Si les autorités de régulation estiment
que les concessions exclusives nuisent à la concurrence, elles peuvent intervenir pour les
limiter ou les interdire.
• Protection des consommateurs : Les lois visant à protéger les droits des consommateurs
peuvent également influencer la législation sur la concession exclusive. Si les concessions
exclusives sont considérées comme préjudiciables aux consommateurs, des mesures
peuvent être prises pour les encadrer.
• Évolution des marchés : Les changements dans les modèles commerciaux, l'évolution des
marchés et les nouvelles technologies peuvent influencer la législation sur la concession
exclusive. Par exemple, l'essor du commerce en ligne a conduit à des réflexions sur la manière
dont les concessions exclusives sont traitées dans ce contexte.
• Pression des acteurs économiques : Les entreprises et les groupes de pression peuvent
influencer la législation sur la concession exclusive en fonction de leurs intérêts
économiques. Les entreprises qui souhaitent obtenir ou maintenir des concessions exclusives
peuvent exercer une pression politique pour influencer la réglementation.
• Jurisprudence : Les décisions des tribunaux dans des affaires liées aux concessions exclusives
peuvent également contribuer à l'évolution de la législation. Les tribunaux peuvent établir
des précédents qui influencent la manière dont les contrats de concession sont interprétés
et appliqués.

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CHAPITRE III : Les aspects contractuels de la concession exclusive
1. Les parties impliquées dans un contrat de concession exclusive :
Toute concession faite naitre une relation contractuelle particulière ou se rencontrent deux
protagonistes : le concédant qui est le fournisseur, ainsi que le concessionnaire qui est le
distributeur,
L’étude du rôle du concédant au sein du contrat nous conduira à envisager dans un premier temps
la notion, puis dans un deuxième temps, sa liberté quant au choix de son concessionnaire
➢ La personne du concédant :
Généralement le concédant est un commerçant, fabricant ou un grossiste, dans tous les cas, son
rôle essentiel sera de fournir exclusivement son concessionnaire au sein d’un territoire qu’il aura
pris soin de déterminer préalablement à la conclusion du contrat
- Le choix du concessionnaire :

Le choix de son concessionnaire par le concédant est important dans la mesure où il sera le seul à
commercialiser ses produits sur le territoire.

C’est pourquoi le concessionnaire choisi doit être à la hauteur. En effet, ce dernier aura la
responsabilité de préserver l’image de marque des produits, c’est là l’essence d’exclusive. Dès
lors, le concédant recherchera un concessionnaire ( ayant du ressort, de l’expérience sans routine,
le sens de l’initiative mais sachant accepter une certaine discipline, de l’ambition mais tempérée
par le respect de la parole donnée, de la persévérance sans entêtement, le gout du risque raisonné,
du bon sens, permettant de discerner entre le vrai et le faut, l’excessif et le mesuré, les rêves et la
réalité… ; en un mot distributeur est un homme de caractère) .Cela est d’autant plus vrai en ce qui
concerne la distribution des produits de luxe ou la clientèle qui pénètre dans le magasin s’attend à
un certain standing.

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➢ La personne du concessionnaire :
Afin de mieux cerner la place du concessionnaire au sein du contrat, nous nous intéressons
d’abord à la notion (A), puis, à son rôle (B).

La notion de concessionnaire :
Le concessionnaire est celui qui bénéficie de l’exclusivité conférée par le concédant. Il s’agit
d’un commerçant juridiquement indépendant, propriétaire de son fonds de commerce qui achète
les produits de son concédant pour les revendre à ses propres clients. Dès lors, le concédant est un
vendeur et le concessionnaire est un revendeur, il peut être une personne physique, mais rien ne
s’oppose au fait qu’il soit une société, cela est très fréquent en pratique. En effet, ces sociétés ont
généralement comme seul objet social, L’exploitation de la concession.

Le rôle du concessionnaire :
A travers le contrat, le concessionnaire s’engage de façon exclusive à acheter les produits du
concédant, afin de les commercialiser uniquement sur le territoire. De la mem façon que le
concédant il est tenu d’une obligation de loyauté

L'intérêt pour notre concessionnaire est l'assurance d'un chiffre d’affaires dans la mesure où il est
le seul sur le territoire à pouvoir commercialiser un type de produit.

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2. Obligations des parties contractants et litiges contractuels :
Même si les prestations des parties à la concession commerciale peuvent sembler déséquilibrées,
il n'en est pas moins certains que chacune d'elle doit remplir un certain nombre d'obligations à
l'égard de l'autre : le concédant envers le concessionnaire (section1), et, le concessionnaire envers
le concédant (section 2).

❖ Les obligations du concédant


L'obligation principale du concédant résulte de l'exclusivité de revente qu'il réserve à son
concessionnaire (paragraphe 1). Les autres obligations découlent de son obligation d'assistance
envers son cocontractant (paragraphe 2), ainsi que de son rôle dans la politique des prix de vente
des produits (paragraphe 3).
➢ L'obligation de respecter l’exclusivité de fourniture

Le concédant met à la disposition du concessionnaire une exclusivité territoriale (A), dans le


cadre de laquelle il s'engage à livrer le concessionnaire (B).

A) L'exclusivité territoriale.
Il s'agit d'étudier tout d'abord la nature du territoire concédé (1), ainsi que les conséquences de
l'exclusivité (2).

1) La nature du territoire concédé :


L'exclusivité est dite simple quand le concédant s'est engagé à ne vendre dans une zone déterminée
qu'à un seul concessionnaire. Il conserve la liberté de commercer avec n'importe qui, du moment
que c'est en dehors du territoire concédé, ou même au sein de ce lieu, avec ses clients personnels.

L'exclusivité est dite renforcée, soit, lorsque le concédant s'engage à ne pas vendre dans le secteur
protégé, soit, lorsque le concessionnaire s'interdit de quelque façon que ce soit à ne pas empiéter
sur le territoire des autres membres du réseau. Cependant, ce type d'exclusivité qualifiée d'absolue
est rigoureusement condamné par les autorités de la concurrence. Le concessionnaire bénéficie
alors d'une exclusivité territoriale limitée qui le protège contre les ventes opérées par le concédant,
et contre les ventes actives (ventes réalisées par d'autres concessionnaires avec l'utilisation de
promotions ou à partir d'un établissement sur le territoire concédé).

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2) Les conséquences de l’exclusivité :
Le concédant à l'obligation de respecter le secteur géographique qu'il a confié à son cocontractant,
il ne doit pas lui faire de concurrence. S’il ne respecte cet engagement, soit en fournissant à des
tiers non-membres du réseau, soit en s'introduisant dans le territoire concédé, sa responsabilité
contractuelle pourrait être engagée, le contrat rompu et, une éventuelle condamnation au versement
de dommages et intérêts.

B) L'obligation de livrer
Le concédant est obliger de fournir les marchandises selon les modalités et conditions prévues
contractuellement avec le concessionnaire. Il est également tenu de respecter les délais et le volume
d'achat convenus, car si le concessionnaire ne peut pas honorer les exigences de ses clients, cela
lui causerait un préjudice certains.
➢ L’obligation d’assister le concessionnaire

Le concédant doit aider, conseiller et diriger le concessionnaire dans sa politique de vente des
produits, sous peine de voir sa responsabilité engagée.
➢ L'indétermination du prix des ventes des produits

Il est strictement interdit au concédant d'imposer un prix de revente de ses produits au


concessionnaire, mais ce dernier est implicitement tenu de se référer aux « prix catalogue » .
➢ L'interdiction d'imposer un prix de revente.

Le concessionnaire est totalement libre de déterminer les prix de revente de ses produits et sa marge
bénéficiaire, c'est un commerçant indépendant.

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❖ LES OBLIGATIONS DU CONCESSIONNAIRE :
En plus de son absence d'autonomie totale quant à la commercialisation des produits, les
obligations du concessionnaire tiennent d'une part, dans le respect de l'exclusivité
d'approvisionnement, et d'autre part, dans le respect de la délimitation territoriale dans la
commercialisation de se produits
➢ L'obligation de respecter l’exclusivité d’approvisionnement

Le concessionnaire s'engage à acheter exclusivement les produits du concédant afin de les revendre
en respectant un objectif minimum en termes de chiffre d’affaires
➢ L’obligation de respecter la délimitation territoriale quand a la commercialisation des
produits

Le concessionnaire doit respecter les limites du territoire qui lui a été concédé et ne pas empiéter
sur la zone des autres concessionnaires du même réseau (i), en revanche, le concédant dispose d'une
certaine liberté dans la vente de ses produits (B).

i. Les rapports entre concessionnaires du même réseau :

Le problème ici est celui du respect de sa zone par le concessionnaire. En général, chaque contrat
comporte une clause qui engage le concessionnaire à respecter l'exclusivité territoriale des autres
et oblige-le concédant à s'assurer du respect de cet engagement par tous les concessionnaires. Il
s'agit en quelque sorte d'un « contrat collectif » auquel adhèrent tous les concessionnaires et que le
concédant s'engage à faire respecter.

ii. Les prérogatives du concédant.


Parfois le concédant se réserve le droit d'effectuer lui-même et directement, la vente de ses produits
à certains de ses clients appartenant au territoire concédé, c'est pourquoi, il prend soin de stipuler
contractuellement que la clause d'exclusivité ne pourra être invoquée pour ce type de vente. Il arrive
également que le concédant se réserve le droit de vendre ses produits aux clients de quelque origine
géographique qu'ils soient, quand ces derniers se présentent à son siège central ou à un magasin
d'exposition.

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3. Résiliation et litiges contractuels :

La mise en œuvre du droit de résiliation unilatérale :


Pour sauvegarder la sécurité juridique du lien contractuel, la résiliation étant unilatérale, seule une
manifestation expresse ou tacite et non équivoque de la volonté de son auteur est nécessaire pour
anéantir le lien contractuel. La notification du préavis doit être faite d’une manière claire et non
équivoque s’il n’est pas défini dans le contrat les modalités pour y procéder. Il est conseillé, dans ce
dernier cas, de recourir aux modalités de notifications citées dans le Code de la Procédure Civile.
Le délai de préavis se définit comme le délai d'attente légal ou d'usage qui doit être observé entre
le moment où la personne est informée de la rupture du contrat et la date à laquelle celle-ci
s'appliquera.
La suppression ou la diminution de ce délai engage la responsabilité de son auteur et l'oblige à
verser au cocontractant une indemnité souverainement déterminée par les juges du fond. Cette
indemnité ne saurait cependant être due en cas de force majeure ou d'irrespect total par l'une des
parties de ses obligations justifiant un désengagement immédiat.
Quand le contrat ne mentionne rien sur les conditions de la rupture, l’une des parties qui se prétend
lésée par les agissements de l’autre partie, peut demander directement devant le juge la
prononciation de la nullité du contrat pour inexécution. Cette résolution judiciaire est possible
même si le contrat inclut une clause résolutoire ou une clause pénale. Cette dernière prévoit que le
débiteur verse, en cas d'inexécution, une somme forfaitaire à titre de dommages-intérêts.
Les contrats à exécution successive sont résiliés et non pas résolus puisque les effets des relations
passées avant la rupture subsistent. Cependant, en absence de délai défini c’est au juge de décider
de la date d'effet de la résiliation à retenir (date de la défaillance du cocontractant, date de la
demande en justice ou jour de l'arrêt qui prononce la résiliation). Le juge peut accorder des
dommages-intérêts seuls ou en même temps qu'il décide la résolution du contrat.

19
Les restrictions à la liberté de rompre unilatéralement :
Le droit de rompre unilatéralement un contrat à durée indéterminée n'est pas un droit absolu. En
effet, le juge contrôle le caractère de cette résiliation s’il est sollicité par la partie la plus diligente
(A) tout en sanctionnant son exercice abusif (B).

A) Le contrôle de la faculté de résiliation unilatérale :


La faculté de résiliation unilatérale constitue l'exercice légitime d'un droit contractuel.
Exceptionnellement, il peut devenir illégitime.
En l’espèce, le concédant a utilisé la faculté qui lui a été donnée par le contrat qui le lie au
concessionnaire (lettre du 06/10/1987) à savoir l’envoi préalable d’une lettre notifiant le délai de
préavis stipulé dans le contrat pour l’informer de la fin de leurs relations commerciales.
L’article 942 dispose que : « Lorsque le mandant ou le mandataire résout le contrat brusquement,
à contretemps et sans motifs plausibles, il peut être tenu des dommages-intérêts envers l'autre
contractant, s'il n'en est autrement convenu.
L'existence et l'étendue du dommage sont déterminées par le juge d'après la nature du mandat, les
circonstances de l'affaire et l'usage des lieux ».
La résolution brusque et à contretemps d’un contrat de mandat, sans motif plausible, donne matière
à dommages-intérêts (Trib. Rabat 26 mars 1952 : Gaz. Trib. Maroc 10 octobre 1952,
p.130).
Lorsque le contrat ne prévoit pas au moins un délai de préavis, le juge doit se référer, à défaut de
disposition conventionnelle expresse sur ce point, aux usages.
Les concessions sont fréquemment conclues à durée indéterminée, ce qui explique qu'on puisse y
mettre fin unilatéralement à tout moment. En recourant à la théorie de l'abus de droit, les juges ne
sanctionnent que les abus évidents : intention de nuire, légèreté blâmable, faux motif invoqué par
le concédant.

La théorie de l'abus de droit ne joue que pour contrôler les circonstances de la rupture et non les
motifs à part dans certaines législations spéciales comme le droit de travail où il est essentiel pour
les juges de contrôler la cause réelle et sérieuse en cas de licenciement par exemple.

20
B) La sanction de la rupture unilatérale abusive

En matière contractuelle, l'abus de droit est très largement sanctionné. La rupture des pourparlers
est abusive lorsqu'elle est animée par une intention de nuire, lorsqu'elle s'opère de mauvaise foi ou
avec une légèreté blâmable.
Aussi, le refus de contracter est parfois légalement prohibé. Tel est le cas du refus de vente ou du
refus de contracter pour certaines professions jouissant d'un monopole.
En fin de contrat, la faculté de résiliation unilatérale, reconnue à tout contractant d'un contrat à
durée indéterminée, n'est pas un Droit discrétionnaire et toute résiliation doit nécessairement être
précédée d'un préavis.
Même en présence d’une clause résolutoire, sa mise en œuvre doit s'opérer de bonne foi, sans
intention malveillante. Lorsqu’il est établi, l'abus de Droit peut aboutir à l'octroi de dommages et
intérêts et dans l'hypothèse d'une clause résolutoire à la non-reconnaissance judiciaire de la
résolution. La rupture du contrat de concession ne doit pas compromettre, pour l'une des parties, la
continuation de son activité économique. Cette conception finaliste de l'abus, nécessitant
l'appréciation de la situation du concessionnaire au moment de la rupture, a été retenue dans l’arrêt
étudié par la Cour suprême puisqu’elle cite parmi les conditions requises pour avoir droit aux
dommages intérêts à ce que la rupture tend à l’accaparement des résultats escomptés.

L'exercice abusif du droit de rupture unilatérale engage la responsabilité de son auteur et le


contraint généralement au versement de dommages-intérêts. L'existence et l'étendue du dommage
sont déterminées par le juge d'après la nature du mandat, les circonstances de l'affaire et l'usage
des lieux (article 942 du DOC).
En l’espèce, la Cour Suprême reproche à la Cour d’appel que pour conclure à la résiliation
abusive ouvrant droit aux dommages intérêts, elle devrait démontrer que toutes les conditions
requises soient réunies à savoir que la résiliation est brusque et imprévisible ou qu’elle
intervienne sans préavis et revêtant le caractère abusif qui consiste dans l’intention de nuire à
l’autre contractant ou que l’intérêt poursuivi à travers la résiliation n’est pas légitime ou tend à
l’accaparement des résultats escomptés.

21
CHAPITRE IV : Impact économique de la concession exclusive

La concession exclusive est un type de contrat qui donne à une entité le droit exclusif
de fournir un service, une ressource ou une activité dans une zone spécifique.

Cela engendre des conséquences économiques importantes. Les effets de ce système de


concession, qui a été mis en place dans divers domaines tels que les télécommunications, les
transports, les ressources naturelles et les infrastructures, sont toujours discutés. En examinant
attentivement les avantages et les inconvénients de la concession exclusive, il est envisageable
de percevoir les différentes conséquences économiques qu'elles entraînent. Ce système peut
stimuler le développement de l'infrastructure et générer des investissements à long terme, mais
il peut également limiter la concurrence, avoir un impact sur les prix, la qualité des services et
les dynamiques économiques.

L'objectif de cette partie est d'examiner en profondeur les effets économiques de la concession
exclusive, soulignant les différences entre les avantages qu'elle apporte en termes
d'investissements et de stabilité, ainsi que les inquiétudes concernant la limitation de la
concurrence et ses effets sur l'innovation et l'efficacité économique.

22
1. Avantages et inconvénients pour les parties impliquées

La concession exclusive est un type de contrat qui a un impact direct sur les parties impliquées,
qu'elles soient des gouvernements, des consommateurs ou des entreprises. Ce système suscite
un débat persistant sur les avantages et les inconvénients pour chacune des parties concernées,
tout en accordant des droits exclusifs dans des secteurs particuliers. Cette partie portera sur les
avantages et les inconvénients de la concession exclusive pour les parties impliquées en
examinant comment ce modèle peut influencer la rentabilité, l'accès aux services et les relations
entre les acteurs économiques et les autorités régulatrices.

A) Les avantages de la concession exclusive

Les avantages de la concession pour le concessionnaire :

- Exclusivité territoriale :
Le concessionnaire dispose, sur le territoire géographique défini au contrat, d’une exclusivité
de vente des produits du concédant. En effet, il s’agit de l’essence même du contrat de
concession : le concédant assure au concessionnaire l’exclusivité de ses produits sur le territoire
choisi. Cela signifie que, sur l’espace géographique en question (un département par exemple,
une ville, une région), le concessionnaire est le seul à pouvoir vendre les produits du concédant.
Il s’agit en quelque sorte d’un monopole de vente des produits en question sur un territoire
défini dans le contrat.

- Absence de recherche de nouveaux fournisseurs :


Grâce au contrat de concession, le concessionnaire bénéficie d'une stabilité
d'approvisionnement. Parce que la durée du contrat garantit la réception des stocks nécessaires,
il n'a pas besoin de chercher constamment de nouveaux fournisseurs. Le concessionnaire peut
anticiper la fin d'un contrat à durée connue. La relation à long terme élimine le besoin de
nouveaux fournisseurs, même pour un contrat à durée indéterminée. Le préavis permet au
concessionnaire de trouver de nouveaux fournisseurs en cas de rupture. Par conséquent, le
concessionnaire an un approvisionnement constant, ce qui empêche les ruptures soudaines de
fournisseurs.

23
- Notoriété de la marque :
Le concessionnaire jouit de la reconnaissance de la marque concédé. Ainsi, il bénéficie de sa
popularité, de sa notoriété, ce qui lui permet d’accroître ses ventes. Il peut ainsi bénéficier du
renom d’une marque sans que celle-ci lui appartienne. En effet, la mise à disposition de de la
marque ou de tout élément distinctif permettant au public de reconnaître les produits est un
élément fondamental du contrat. C’est une obligation du concédant que de permettre un droit
d’usage de ces éléments distinctifs des produits par le concessionnaire.

- Monopole de marché :
La concession exclusive offre au concessionnaire une position de monopole dans un secteur
spécifique ou dans une région déterminée, lui garantissant une absence de concurrence directe.
Cela peut favoriser une rentabilité plus élevée, car le concessionnaire peut contrôler les prix et
les services sans la pression des concurrents.

- Stabilité et sécurité d'investissement :


Une concession exclusive au Maroc peut offrir une stabilité et une sécurité d'investissement,
incitant les entreprises à investir dans des projets à long terme, tels que des infrastructures ou
des services essentiels.

Les avantages de la concession pour le concédant :

- Absence de recherche de nouveaux distributeurs :


Tout comme le concessionnaire qui n’a pas à rechercher sans cesse de nouveaux fournisseurs,
le concédant n’a lui pas à rechercher en permanence des nouveaux distributeurs car le
concessionnaire distribue ses produits tout au long de la vie du contrat de concession. Ainsi, le
concédant doit simplement veiller à ce que le concessionnaire ait en permanence des produits à
distribuer. Il doit s’assurer de la disponibilité de ses produits chez le concessionnaire et le
réapprovisionner le cas échéant. Il peut donc compter sur le concessionnaire tout au long du
contrat de concession. C’est pour lui un distributeur certain.

24
- Exclusivité des produits :
Le concédant bénéficie sur le marché concerné d’une exclusivité de ses produits, ce qui
constitue un avantage certain sur ses concurrents. En effet, le concessionnaire étant soumis à
une clause d’approvisionnement exclusif, il ne peut se fournir que chez le concédant. Ainsi,
seuls les produits du concédant sont vendus par le concessionnaire et le concédant jouit donc
d’une sorte de monopole. Il évite, par le biais du contrat de concession, la concurrence d’autres
produits similaires ou de même type. La concurrence n’est donc pas supprimée mais elle est
tout de même bien diminuée.

- Le développement économique
Il peut être amélioré grâce à des concessions exclusives qui peuvent stimuler la croissance
économique et l'infrastructure dans certaines régions du Maroc. Les concessionnaires sont
fréquemment encouragés à participer à des projets à long terme, ce qui améliorera
l'infrastructure.

- Amélioration des services publics :


Parce que les concessionnaires sont incités à maintenir des normes élevées pour conserver leurs
droits exclusifs, l'octroi d'une concession exclusive pour des services publics spécifiques, tels
que l'eau, l'électricité ou les transports, peut garantir une meilleure qualité des services pour les
citoyens

25
B) Les inconvénients de la concession exclusive

Les inconvénients pour le concessionnaire :

- L’assistance limitée du concédant :


Dans un contrat de concession, le concédant doit au concessionnaire une assistance technique
et matérielle. Cependant, dans la réalité, cette assistance est rarement mise en pratique ou elle
est peu importante. Ainsi par exemple, le concédant peut se voir obligé de former le
concessionnaire. Toutefois, ces modalités sont souvent délaissées et l’assistance reste une
notion plus théorique que concrète. Ceci constitue un inconvénient pour le concessionnaire
puisque, si la théorie lui reconnaît cette assistance comme un droit, dans la pratique ce droit est
renié. Ainsi, si l’on continue avec l’exemple de la formation, ce droit à être formé par le
concédant tombe à l’eau concrètement alors même que ce droit est offert par le contrat.

- Exclusivité d’approvisionnement :
L’un des inconvénients majeurs du contrat de concession pour le concessionnaire est
l’obligation de s’approvisionner chez le concédant. Le pendant de cette obligation est donc, en
toute logique, l’interdiction de se ravitailler en produits chez un concurrent du concédant. Il est
donc interdit au concessionnaire de vendre des produits similaires concurrents. Il doit se limiter
aux produits du concédant. Cela peut donc constituer un inconvénient majeur puisque le
concessionnaire est alors limité aux produits du concédant : il ne peut multiplier les fournisseurs
et donc les quantités de marchandises. Le concessionnaire a l’obligation de se ravitailler de
manière exclusive chez le concédant avec qui il a conclu le contrat de concession. Toute vente
de produits identiques concurrents est strictement interdite.

26
- Rachat de marchandises non écoulées :
Lorsque le concessionnaire ne parvient pas à écouler la totalité des marchandises provenant du
concédant au cours de la vie du contrat, il peut être contraint de racheter les marchandises non
écoulées. Ainsi, par exemple, un concessionnaire automobile qui achète 30 véhicules au
concédant mais n’en a vendu que 25 à la fin du contrat doit racheter les 5 véhicules restants au
concédant. Cela entraîne évidemment pour le concessionnaire un coût important, d’autant que
ce type de contrat est surtout utilisé pour les produits de grandes marques, les véhicules
automobiles et tous types de produits coûteux. Il est donc préférable de s’assurer de ses
capacités de vente avant de conclure un contrat de concession et de veiller à ce que les quotas
imposés ne soient pas trop importants, voire irréalisables.

- Risque de stagnation et manque de pression concurrentielle :


L'absence de concurrence peut entraîner une stagnation en termes de qualité des services, de
technologies et d'innovation, et le concessionnaire peut ne pas être motivé pour améliorer ses
offres ainsi le monopole résultant de la concession exclusive peut réduire la pression pour
innover, améliorer les services ou réduire les coûts, car l'absence de concurrence directe peut
entraîner une certaine complaisance.

Les inconvénients pour le concédant :

- Dépendance envers le concessionnaire :


En cas d'incapacité du concessionnaire à atteindre ses objectifs ou à fournir des services de
haute qualité, le concessionnaire peut être confronté à une dépendance envers cet acteur pour
garantir la prestation des services, sans avoir de solution alternative immédiate.

- Non maîtrise des prix de vente :


Dans le contrat de concession, le concédant n’a pas la mainmise sur les prix de vente de ses
produits. En effet, le prix de vente de chacun des produits est fixé par le concessionnaire,
professionnel de la vente. Ainsi, le concédant est tenu par le prix fixé par le concessionnaire et
n’a pas son mot à dire. Si le concessionnaire décide d’un prix trop faible, le concédant sera donc
perdant puisqu’il fera moins de profit. Il est donc sur ce point soumis à la volonté du
concessionnaire. Par exemple, pour un concessionnaire automobile, ce n’est pas le constructeur
qui fixe le prix de vente du véhicule mais le vendeur (dit concessionnaire automobile). Cela
peut donc être désavantageux pour le concédant.
27
- Non maîtrise des processus de communication et de distribution :
Les prix ne sont pas le seul élément que le concédant ne maîtrise pas. En effet, le processus de
communication ou de publicité mis en place par le concessionnaire lui échappe totalement. Le
concédant ne décide pas des moyens mis en place pour faire la publicité de ses produits. C’est
le rôle du seul concessionnaire et le concédant n’a pas son mot à dire. Ainsi, même si le
concédant n’est pas d’accord, peu importe. Par exemple, si le concessionnaire décide de faire
la publicité d’un produit via des affiches publicitaires alors que le concédant aurait préféré une
publicité à la télévision, c’est le choix des affiches publicitaires qui prime. De la même façon,
le processus de distribution reste entièrement au libre choix du concessionnaire. Le concédant
doit donc s’incliner alors même que les produits concernés sont les siens. C’est donc le
concessionnaire qui décide des modes de transport des produits par exemple, de leur emballage
ou encore de leur stockage. Ce sont donc des points importants où le concédant ne prend pas
les décisions.

- Risque de détérioration de la marque :


L’essence du contrat de concession est le droit d’usage de la marque ou de l’enseigne du
concédant par le concessionnaire. Ceci peut constituer un inconvénient pour le concédant. C’est
le cas notamment lorsque le concessionnaire, pour diverses raisons, mènerait mal ses affaires.
Comme les produits sont vendus à l’effigie ou sous l’enseigne du concédant, c’est cette marque
ou cette enseigne qui subirait alors les conséquences de cette mauvaise gestion. Cela peut donc
conduire à une détérioration de l’image de la marque ou de l’enseigne dans l’esprit du public.
Cela peut donc ternir l’image du concédant et nuire à sa réputation. C’est donc à risque que le
concédant accepte de prendre en signant un contrat de concession. D’où l’intérêt pour lui de ne
signer un tel contrat qu’après avoir mûrement réfléchi et s’être renseigné sur le concessionnaire
(chiffres de vente par exemple, méthodes commerciales, etc.).

- Nécessité d'une régulation stricte


La réglementation stricte est nécessaire pour les concessions exclusives afin de garantir que le
concessionnaire respecte les conditions de la concession et fournit des services de haute qualité.
Cela peut nécessiter des ressources et une surveillance constante du concessionnaire.

28
- Limitation de la concurrence :
La concession exclusive peut entraver la compétition sur le marché dans le secteur spécifique
couvert par la concession, réduisant ainsi les alternatives pour les consommateurs et limitant
les opportunités pour de nouveaux acteurs économiques.

29
2. Effet de la concession exclusive sur la concurrence sur le marché

En accordant à une entité un droit de monopole pour exploiter des services, des ressources ou
des activités dans un secteur particulier, les concessions exclusives ont un impact significatif
sur la dynamique concurrentielle d'un marché.

Cette disposition suscite des inquiétudes quant à son influence sur la concurrence. Dans cette
section, nous examinons l'impact des concessions exclusives sur la concurrence en examinant
comment ces contrats entravent la concurrence entre les acteurs économiques, ce qui engendre
un impact sur les prix, la qualité des services et l'innovation dans certains secteurs.

• Réduction de la concurrence :

Monopole ou oligopole : Une concession exclusive accorde à une seule entreprise ou à un


petit groupe d'entreprises le droit exclusif d'exploiter un service ou une activité dans une
zone définie. Cela limite naturellement la concurrence en créant un monopole ou un
oligopole, réduisant ainsi le nombre d'acteurs concurrents sur le marché.

Barrières à l'entrée : La concession exclusive peut créer des barrières à l'entrée pour d'autres
entreprises souhaitant pénétrer le marché. Les coûts, les réglementations ou les contraintes
légales pour obtenir une concession similaire peuvent être élevés, limitant ainsi la possibilité
pour de nouvelles entreprises de concurrencer.

• Effets sur la qualité des services et les prix :

Qualité des services : En l'absence de concurrence, l'entreprise en situation de


concession peut manquer d'incitation à améliorer la qualité des services. Sans
pression concurrentielle, la motivation pour innover ou améliorer les services peut
diminuer.

Prix : Un marché sans concurrence peut entraîner des prix plus élevés pour les
consommateurs. L'absence d'alternatives peut permettre à l'entreprise en situation
de concession de fixer des prix plus élevés sans craindre de perdre des parts de
marché.

30
• Influence sur l'innovation et l'efficacité :

Innovation : La concurrence est souvent un moteur d'innovation. En l'absence de


concurrence, il peut y avoir moins de pression pour innover ou introduire de
nouvelles technologies et méthodes de travail.

Efficacité : La concurrence pousse les entreprises à améliorer leur efficacité. En


l'absence de concurrence, l'entreprise bénéficiant de la concession pourrait être
moins incitée à opérer de manière efficiente.

❖ Régulation et surveillance nécessaires :

Pour atténuer les effets négatifs sur la concurrence, une régulation adéquate est cruciale. Les
organismes de réglementation doivent surveiller étroitement les concessions exclusives pour
s'assurer qu'elles servent l'intérêt public, qu'elles offrent des services de qualité à des prix
raisonnables et qu'elles ne favorisent pas des pratiques monopolistiques abusives.

Bien que les concessions exclusives puissent offrir des avantages tels que des investissements
à long terme et une stabilité pour les entreprises, elles peuvent également réduire la
concurrence, ce qui peut affecter la qualité, les prix et l'innovation sur un marché particulier.
Une réglementation efficace est nécessaire pour équilibrer les avantages et les inconvénients
de ces concessions sur la concurrence.

En résumé, les concessions exclusives peuvent restreindre la concurrence sur le marché, ce qui
peut avoir des effets négatifs sur l'innovation, la variété des produits et services, ainsi que sur
les prix et la qualité pour les consommateurs. Cependant, une régulation adéquate est essentielle
pour équilibrer les avantages de la concession exclusive avec la nécessité de maintenir une
concurrence saine et bénéfique pour le marché.

Sur le plan juridique, la question de l'abus de position dominante est cruciale dans le contexte
des concessions exclusives. Les autorités de régulation doivent surveiller de près les entreprises
qui détiennent une position dominante sur le marché, afin de prévenir tout comportement
anticoncurrentiel. L'abus de position dominante implique généralement l'exploitation injuste de
la puissance économique d'une entreprise pour éliminer la concurrence, restreindre l'accès au
marché ou imposer des conditions défavorables aux concurrents.

31
De plus, les ententes entre entreprises peuvent également jouer un rôle dans le contexte des
concessions exclusives. Les accords qui visent à restreindre la concurrence, tels que les ententes
de fixation des prix ou de répartition des marchés, peuvent avoir des effets néfastes sur la libre
concurrence. Les autorités compétentes en matière de concurrence doivent donc surveiller de
près de telles pratiques et prendre des mesures pour prévenir les ententes illicites qui pourraient
compromettre le bon fonctionnement du marché.

En résumé, une approche juridique appropriée, axée sur la prévention de l'abus de position
dominante et la répression des ententes anticoncurrentielles, est essentielle pour garantir que
les concessions exclusives ne compromettent pas la concurrence saine, l'innovation et le bien-
être des consommateurs sur le marché.

32
CHAPITRE IV : Le contrat de la concession exclusive au regard
du droit de la concurrence
1. Conflits potentiels avec les lois antitrust
Les comportements des opérateurs économiques qui utilisent leur liberté pour se livrer à des
pratiques anticoncurrentielles peuvent avoir un impact sur la concurrence et le libre
fonctionnement du marché. Voici quelques points à considérer :

Règles de concurrence déloyale : La loi marocaine sur la concurrence interdit les pratiques
déloyales et les ententes qui ont pour objet ou pour effet de restreindre la concurrence. Les
accords qui limitent indûment la liberté d'exercice d'une activité économique peuvent être
considérés comme contraires à cette loi.

Aux termes de L’article 6 de LOI N° 06-99, prohibe les ententes lorsqu’elles ont pour objet ou
pour effet d’empêcher de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur un marché
lorsqu’elles tendent à :

- Limiter l’accès au marché ou le libre exercice de la concurrence par d’autre


entreprise ;
- Faire obstacle à la fixation des prix par le libre jeu du marché en favorisant
artificiellement leur hausse ou leur baisse ;
- Limiter ou contrôler la production, les débouchés, les investissements ou le progrès
technique ;

Autorisation : Il est possible que, dans certains cas, une concession exclusive soit autorisée par
les autorités de la concurrence si elle est considérée comme bénéfique pour le marché et les
consommateurs. Cependant, il est important que de telles concessions soient examinées
attentivement pour s'assurer qu'elles ne créent pas des situations de monopole ou ne restreignent
pas indûment la concurrence.

Le conseil de la concurrence base son jugement sur une évaluation de l'impact de la clause
d'exclusivité sur le jeu de la concurrence et sur l'intérêt de la clientèle. Il est difficile de justifier
l'exclusivité lorsque le produit en question n'a aucune particularité de distribution. En revanche,
la clause est justifiée si la vente de ce produit nécessite des connaissances et des installations
spéciales, à condition qu'elle laisse subsister la concurrence, comme la distribution de produits
de luxe 22.

33
Évaluation au cas par cas : Les autorités de la concurrence évaluent souvent au cas par cas les
accords et les pratiques commerciales pour déterminer s'ils sont conformes aux lois antitrust.
Cela inclut l'examen des impacts sur la concurrence, les consommateurs et l'économie en
général.

2. Cas de pratiques anticoncurrentielles

Le choc entre la concession exclusive et les pratiques anticoncurrentielles peut survenir lorsque
la concession exclusive est mise en œuvre de manière à restreindre indûment la concurrence
sur le marché. Les pratiques anticoncurrentielles vont à l'encontre des principes fondamentaux
du droit de la concurrence en cherchant à manipuler ou à limiter la concurrence de manière à
favoriser un acteur économique au détriment des autres. Voici comment ce choc peut se
manifester :

Restrictions excessives : Si une concession exclusive est trop restrictive et empêche d'autres
entreprises de concurrencer équitablement sur le marché, elle pourrait être considérée comme
une pratique anticoncurrentielle. Par exemple, si la concession exclut toutes les autres
entreprises de la fourniture de biens ou services similaires dans une région donnée, cela pourrait
entraver la concurrence.

Ententes anticoncurrentielles : Si la concession exclusive découle d'une entente ou d'une


coordination entre les parties pour éliminer la concurrence plutôt que d'une simple attribution
de droits exclusifs, cela pourrait être considéré comme une pratique anticoncurrentielle. Les
autorités de la concurrence cherchent à prévenir les accords entre concurrents qui limitent la
concurrence.

Abus de position dominante : Si l'entreprise bénéficiant de la concession exclusive abuse de


cette position pour éliminer ou entraver indûment la concurrence, cela peut également être
considéré comme une pratique anticoncurrentielle. Les autorités de la concurrence surveillent
les situations où une entreprise détient une position dominante sur un marché et peut abuser de
cette position pour éliminer la concurrence.

Exclusivité excessive : Si la concession exclusive est accordée de manière excessive, par


exemple, en excluant toute possibilité de concurrence sur le marché, cela pourrait être perçu
comme une pratique anticoncurrentielle, car cela limite les choix disponibles pour les
consommateurs.

34
Etude de cas : Convention de concession entre la Sodep SA et
l’ANP

PRESENTATION DE MARSA MAROC


Le Groupe Marsa Maroc est le leader national de la gestion de terminaux portuaires,
avec une présence significative dans l’ensemble des ports de commerce du Maroc.
Mu par le souci permanent de la qualité de service, et grâce à ses ressources humaines
qualifiées et à son parc d’équipements performants, le Groupe s’emploie à offrir aux
importateurs, exportateurs et compagnies maritimes des prestations aux meilleurs standards
internationaux dans l’ensemble de ses sites opérationnels.
Gouvernance du groupe :
Marsa Maroc SA est une société à structure dualiste. Ce mode de gouvernance est à
l’origine d’une répartition entre, d’une part, le pouvoir de surveillance et de contrôle dévolu
au Conseil de Surveillance et, d’autre part, le pouvoir de gestion dévolu au Directoire.
Cette structure permet une meilleure répartition des responsabilités et suit la
recommandation formulée par le Code Marocain de Bonnes Pratiques de Gouvernance
d’Entreprise et le Code Marocain de Bonnes Pratiques de Gouvernance des Entreprises et
Établissements Publics, en ce qui concerne la dissociation des fonctions de direction et de
surveillance.

35
Historique du groupe :
Marsa Maroc a été créée en 2006 en tant qu'entreprise publique suite à la fusion de
deux entités portuaires marocaines, à savoir l'Office d'Exploitation des Ports (ODEP) et la
Société d'Exploitation des Ports (SEAP).
Marsa Maroc a commencé ses activités au début de l’année 2007 en tant qu'opérateur
portuaire national, assumant la responsabilité de la gestion et de l'exploitation de plusieurs
ports marocains.
Depuis sa création, Marsa Maroc a entrepris plusieurs projets d'expansion et de
modernisation dans les ports sous sa gestion. Cela comprenait des investissements dans les
infrastructures portuaires, l'acquisition d'équipements modernes, et la mise en œuvre de
technologies avancées pour améliorer l'efficacité opérationnelle.
Marsa Maroc a participé activement à des projets stratégiques visant à renforcer la
compétitivité des ports marocains, tels que le développement de zones logistiques et la
modernisation des services portuaires.
Au fil des années, Marsa Maroc a également exploré des opportunités de partenariat
public-privé (PPP) dans le cadre de certaines initiatives, cherchant à tirer parti de l'expertise
du secteur privé pour améliorer davantage ses services.
Marsa Maroc a montré un engagement envers le développement durable en mettant en
œuvre des initiatives visant à réduire l'impact environnemental de ses opérations portuaires.
Présence Régionale
En plus de son rôle en tant qu'opérateur portuaire national, Marsa Maroc a exploré des
opportunités pour étendre sa présence régionale et renforcer les relations avec d'autres acteurs
du secteur maritime.

36
PRESENTATION DE L’AGENCE NATIONALE DES PORTS

L’Agence Nationale des Ports (ANP) est l’organe d’autorité et de régulation du


nouveau système portuaire marocain mis en place par la Loi 15-02.
Acteur fort du paysage portuaire marocain, l’Agence fédère l’ensemble de la
communauté portuaire autour d’objectifs communs ; elle œuvre à la création d’un
environnement portuaire compétitif, favorisant un développement équitable et durable,
caractérisé par une concurrence saine, par l’efficacité, la transparence et la bonne
gouvernance, et assurant des services sûrs et de qualité.
Statut juridique :
L’Agence Nationale des Ports est un « Etablissement Public doté de la personnalité
morale et de l’autonomie financière ». La tutelle technique de l’Agence est assurée par le
Ministère de l’Equipement et de l’Eau.
L’Agence est soumise au contrôle financier de l’Etat applicable aux établissements
publics conformément à la législation en vigueur.

37
Périmètre et champ d’intervention de l’Agence :
L’Agence exerce ses attributions sur l’ensemble des ports du Royaume à l’exception
du port de Tanger Méditerranée (37 ports).
L’Agence s’est fixé huit priorités stratégiques :
- La poursuite de la réalisation des grands chantiers portuaires ;
- La préservation du patrimoine portuaire ;
- La contribution à la mise en œuvre de la stratégique nationale de compétitivité
logistique
- La simplification et facilitation des procédures de transit portuaire ;
- La poursuite de la mise en œuvre de la réforme portuaire objet de la loi 15-02 ;
- La régulation des activités et des opérateurs portuaires ;
- L’amélioration de la compétitivité du secteur portuaire ;
- La police, la sécurité et la protection de l’environnement dans le milieu portuaire.

Développement du secteur portuaire :


L’Agence Nationale des Ports assure le développement, la maintenance et la
modernisation des ports pour traiter les navires et les marchandises transitant par les ports,
dans les meilleures conditions de gestion, de coûts, de délais et de sécurité ; les
investissements matériels, le renforcement des compétences de l’ensemble des personnels de
la communauté et l’usage pertinent des Nouvelles Technologies de l’Information et de la
Communication y contribuent de manière décisive.
Dans un objectif d’optimisation de la compétitivité de l’économie nationale en général
et des ports en particulier, l’Agence œuvre à l’amélioration de la qualité des services, à la
sécurité des opérations portuaires et à la réduction des coûts de passage et des coûts
logistiques.
Il vise :
- La préservation et la mise à niveau du patrimoine portuaire ;
- L’augmentation des capacités et l’amélioration de la productivité ;
- L’encouragement des investissements privés et le développement d’activités con-
nexes
- La reconversion de certains ports et leur intégration dans leur environnement ;La
facilitation des procédures du commerce extérieur et la professionnalisation de la
communauté portuaire.
38
Nature et durée de la concession
La convention en question revêt une importance significative, étant une Convention de
concession d’exploitation des quais et terminaux dans plusieurs ports maritimes stratégiques
du Maroc. Cette entente s'étend sur une période initiale de 30 ans à compter de 2006, avec la
possibilité d'une prolongation de 20 années supplémentaires, dénotant ainsi un engagement à
long terme entre les parties impliquées.

L'objectif principal de cette convention englobe plusieurs aspects cruciaux liés à


l'activité portuaire. Tout d'abord, elle concerne la concession d'exploitation des quais et
terminaux dans les ports de Nador, Al Hoceima, Mohammedia, Casablanca, Jorf Lasfar, Safi,
Agadir, Laayoune et Dakhla. Cette concession confère aux bénéficiaires le droit exclusif
d'opérer et de gérer les installations portuaires dans ces emplacements stratégiques,
impliquant ainsi la responsabilité de maintenir des normes élevées de sécurité et d'efficacité
dans les opérations portuaires.

Par ailleurs, la convention autorise également l'exercice du pilotage et du remorquage


dans certains ports spécifiques, à savoir Nador, Al Hoceima, Mohammedia, Safi, Agadir,
Laayoune et Dakhla. Cette autorisation met en évidence l'importance de la coordination et de
la sécurité des mouvements maritimes, garantissant un accès sans heurts aux quais et
terminaux sous concession.

Un autre volet essentiel de la convention concerne la concession de la manutention sur


les quais qui ne font pas partie du périmètre de la concession d'exploitation. Cela signifie que,
en plus de la gestion des quais et terminaux spécifiquement inclus dans la concession
d'exploitation, les parties concernées peuvent également assurer la manutention sur d'autres
quais, élargissant ainsi leur champ d'activité dans les ports désignés.

39
Gare maritime de Nador :
Marsa Maroc opère 3 terminaux au port de Nador qui constitue la principale porte d’entrée et de
sortie des marchandises pour la région de l’Oriental. Elle met à la disposition des opérateurs écono-
miques de la région d’importantes installations polyvalentes et spécialisées notamment pour le trai-
tement des minerais, du TIR et des hydrocarbures ainsi que le transit des passagers.

40
Gare maritime du port d’Al Hoceima :
Marsa Maroc opère la gare maritime du port d’Al Hoceima. Elle met à la disposition
des passagers transitant par la gare maritime, des halls d’accueil et des surfaces ombragées
pour un transit dans les meilleures conditions de confort et de sécurité.
Marsa Maroc offre également aux navires accostant au port de l’Hoceima des services
maritimes (pilotage et remorquage principalement).

41
Port de Mohammadia :

Les installations de Marsa Maroc au port de Mohammedia constituent l’un des


principaux points d’entrée des vracs liquides au Royaume. Dotées d’un important tirant d’eau
et d’un grand réseau de pipes, elles peuvent accueillir des navires de grande capacité.

42
Conclusion
La problématique des contrats de concession exclusive et de leur impact sur la concurrence
dans le cadre du droit de la concurrence est complexe et multidimensionnelle. Après avoir
exploré les différentes facettes de cette question, il est possible de tirer certaines conclusions
clés.

Premièrement, il est évident que les contrats de concession exclusive peuvent jouer un rôle
significatif dans la configuration du paysage concurrentiel. Ces contrats, bien que conçus pour
favoriser la stabilité des relations commerciales, peuvent également entraîner des effets
anticoncurrentiels en restreignant l'accès au marché pour d'autres acteurs. Les parties
contractantes, en quête de sécurité et de rentabilité, peuvent être tentées de favoriser leurs
intérêts au détriment de la concurrence.

Deuxièmement, le droit de la concurrence, en tant que régulateur visant à préserver la


concurrence et à protéger les consommateurs, doit jouer un rôle essentiel dans la supervision
des contrats de concession exclusive. Les autorités de la concurrence doivent être vigilantes
pour détecter et remédier aux pratiques anticoncurrentielles, tout en reconnaissant la légitimité
des contrats qui contribuent réellement à l'efficacité économique.

Troisièmement, il est nécessaire de trouver un équilibre entre la protection de la concurrence et


la reconnaissance des intérêts légitimes des parties contractantes. La régulation doit être flexible
et adaptative pour tenir compte des spécificités de chaque secteur tout en évitant la création de
barrières injustifiées à l'entrée sur le marché.

En conclusion, la gestion des contrats de concession exclusive dans le contexte du droit de la


concurrence nécessite une approche équilibrée et nuancée. Les régulateurs, les entreprises et les
juristes doivent travailler de concert pour promouvoir des pratiques contractuelles justes et
équitables tout en préservant la dynamique concurrentielle essentielle à l'innovation, à la qualité
des produits et services, et à la protection des intérêts des consommateurs. Une régulation
intelligente et proactive peut contribuer à créer un environnement où la concurrence saine
prospère, bénéficiant à l'ensemble de l'économie.

43
Bibliographie

• M. DRISSI ALAMI MACHICHI, Droit commercial instrumental au Maroc,


édition ImprimElite, 2011, p. 60. V.
• Dahir n° 1-00-225 du 2 rabii I 1421 (5 Juin 2000) portant sur la liberté des
prix et de la concurrence, article 7.
• Loi n° 06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence (promulguée par
Dahir n° 1-00-225 du 2 rabii I 1421 (5 juin 2000)) - Article 6.
• Loi n° 15-02 relative aux ports et portant création de l'Agence nationale
des ports et de la Société d'exploitation des ports, promulguée par le Dahir
n° 1-05-146 du 20 chaoual 1426 (23 Novembre 2005).
• NOURI, Loubna. "Réflexions sur l'application du droit commun au contrat
de concession commerciale exclusive." Droit et Société N°8 (Janvier-Mars
2023)
• Rapport Spécial des commissaires aux comptes - Exercice du 1er janvier
2022 au 31 décembre 2022

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ANNEXES

Annexe 1

45
Annexe 2

46

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