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Master spécialisé Juriste d’affaires

Module : Partenariat public-privé

La procédure de passation des marchés publics par voie de


concours et la procédure négociée

Soumis sous l’appréciation de :


Mr. ZOUBAA Abdelhamid

Réalisé par :
Labrahimi Nouhaila

Année universitaire : 2022/2023


Plan :
Chapitre I : Le concours : une procédure spécifique de passation
des marchés publics
Section 1: les traits distinctifs de la procédure de concours
Section 2 : Le déroulement du concours

Chapitre II : La procédure négociée : une exception aux


procédures concurrentielles
Section 1 : Les règles de passation du marché négocié
Section 2 : Les hypothèses de passation de marché négocié
Conclusion
Introduction :
''Qui conclut un marché doit l'exécuter''. 1
La notion de contrat de marchés publics issus de code des marchés publics du 20/03/2013
indique q’un marché est un contrat conclu à titre onéreux entre un ou plusieurs maître d'ouvrage
est un opérateur économique, basé sur des principes généraux classiques et qui repose sur un
critère organique, c'est-à-dire un contrat passer par une personne publique avec des critères
matériels dans l'objet du marché est la définition des besoins qu'il est essentiel de définir.2
D'emblée, il est opportun de dévoiler que les marchés publics sont considérés comme un
domaine à risque élevé et à forts enjeux économiques, financiers, politiques et sociaux étant
donné qu'ils mettent en jeu des sommes colossales et constituent sans équivoque un outil
incontournable par lequel l'Etat met en application sa politique nationale. 3 D'ailleurs, ils
représentent une part importante des dépenses publiques : entre 15 et 17 % du PIB au Maroc.4
Cependant, il parait sensé d'élucider qu’une meilleure gestion des marchés s'impose afin
d'accroitre la rentabilité et de renforcer l'efficience du secteur public qui se trouve en étroite
interaction avec le secteur privé et éventuellement de consolider la confiance des citoyens. Par
ailleurs, le royaume du Maroc témoigne d'une multitude de textes juridiques régissant les
marchés publics mais il n'en demeure pas moins que le texte principal reste sans doute le décret
n° 2-12-349 du 20 mars 2013 sur les marchés publics qui a été adopté en vue de remédier aux
insuffisances et aux dysfonctionnements relevées au niveau de l’ancien décret n° 2-06-388 du
5 février 2007. Force est de constater que ce texte s'applique principalement à l'Etat5 mais dans
le cadre de la consécration de l'unicité de la règlementation des marchés publics, il a été pour
autant étendu aux collectivités territoriales tout en prenant en considération les particularités de
cette gestion publique locale surtout avec l’option pour la régionalisation avancée, et le
développement de la décentralisation territoriale au niveau des autres collectivités. Attendu
qu'aucun texte n'a vu le jour malgré les prémices de préparation d'un décret spécifique des
marchés publics des collectivités territoriales. En ce sens, il parait judicieux de déceler que le
décret de 2013 comporte les principes à valeur constitutionnelle intégrée dans la constitution

1
Le dictionnaire comique, satyrique et critique (1718)
2
Mohammed nabih,Droit des marchés publiques ,aspects juridique
3
Monsieur Mohamed Abdelmouhcine HANINE, La procédure de passation des marchés publics au Maroc : Etude
analytique et réflexions à la lumière du code français des marchés publics (et des directives européennes) et des
directives de la Banque Mondiale [en ligne], Monsieur le Professeur Gabriel ECKERT, Mémoire, Droit, Ecole
nationale d'administration, 2007/2008, p 11.
4
OCDE, Guide sur l’intégrité dans les marchés publics au Maroc, page 2
5
Dans le cadre du décret du 2013 relatif aux marchés publics, il y a des dispositions communes aux marchés de
l’Etat, des établissements publics, ainsi qu’aux collectivités territoriales et aussi des dispositions particulières aux
régions, aux provinces et préfectures et aux communes.
marocaine de 2011 entant que loi suprême de la nation, et qui sont notamment la transparence,
l’efficacité et l’égalité de traitement. 6
Partant, quel que soit le montant du marché et quelle que soit la procédure utilisée, la passation
des marchés doit obéir aux principes 7 imposées par l'article 1 du décret ci-dessus et qui sont
recensés comme suit : la liberté d'accès à la commande publique qui présume que tout opérateur
économique peut se porter candidat à l’attribution d’un marché public excepté ceux exclus de
la participation aux marchés publics selon les termes de l'article 24 dudit décret, l'égalité de
traitement des concurrents qui repose sur un traitement égalitaire sans favoritisme sur le marché,
la garantie des droits des concurrents et la transparence dans le choix du maitre d'ouvrage qui
doit se faire sans aucune discrimination. De toute évidence, ces principes doivent être mis en
œuvre en se conformant aux règles prévues dans ce décret qui a pour objet de fixer les règles et
modalités de passation des marchés de l'Etat.
Cependant, l’étude du droit des marchés publics décèle outre la sphère stricto juridique,
l’importance de la réalité économique de cette activité de l'Etat communément appelée « l’achat
public » et qui recouvre les marchés publics passées en conformité avec le décret des marchés
publics au Maroc. Dans cette perspective, la préservation de l'intégrité dans les marchés publics
entant que socle de la gouvernance stratégique et pilier des prestations de service pour les
pouvoirs publics demeure une préoccupation notable 8 qui s'établit par la consécration des
procédures de passation des marchés. Etant bien entendu que le processus d’achat se trouve au
cœur de la passation des marchés. 9 Par ailleurs, le droit des marchés public est désormais
appréhendée entant qu'il constitue la synthèse des régimes de passation des marchés publics10
et qui sont selon les termes de l’article 16 du décret régissant les marchés publics : l’appel
d’offre, le concours, la procédure négociée. Dans cette étude, une intention particulière sera
apportée à ces deux dernières procédures de passation des marchés. Cependant, quels sont les
particularités de ces modalités de passation des marchés publics ?

6
Article 154 dispose que : Les services publics sont organisés sur la base de l'égal accès des citoyennes et citoyens,
de la couverture équitable du territoire national et de la continuité des prestations. Ils sont soumis aux normes de
qualité, de transparence, de reddition des comptes et de responsabilité, et sont régis par les principes et valeurs
démocratiques consacrés par la Constitution.
7
Ces principes ont carrément été repris par la banque mondiale et la réglementation française ayant exigé d'obéir
à 4 conditions : respecter les bonnes conditions d’économie, d’efficacité, d’égalité, de transparence et d’égalité
des candidats.
8
OCDE, Guide sur l’intégrité dans les marchés publics au Maroc, page 2
9
Sidibe Bourama, Audit des procédures de passation des marchés : cas de l’ASECNA représentation auprès de la
république de Mali [en ligne], Monsieur le Professeur BA AMADOU, Mémoire, économie, CESAG exécutive
éducation, 2013/2014, p 2.
10
El Houssaine AZOUR, procédures de passation des marchés publics : quelles exceptions aux procédures
concurrentielles
Pour répondre à cette question, il convient de s’attarder dans un premier temps sur la procédure
de passation des marchés par voie de concours pour se pencher dans un second temps sur la
procédure négociée.

Chapitre I : le concours : une procédure spécifique de passation des


marchés publics
Le concours fait partie des différents modes de passation des marchés publics prévus
par le décret n° 2-12-349 du 20 mars 2013, il s’agit d’une modalité de sélection des candidats
basée sur l’aspect concurrentiel au même titre que l’appel d’offre.

Pour traiter ce mode spécial il convient ainsi d’étudier en premier lieu les traits distinctifs de la
procédure de concours (section 1) afin de se pencher de façon détaillée sur la phase de son
déroulement (section 2).

Section 1 : les traits distinctifs de la procédure de concours


De prime abord, le concours est un mode de passation des marchés 11 qui confère au
maitre d'ouvrage la possibilité de choisir après avis du jury de concours la conception du projet
qui prévoit les prestations pouvant être éventuellement sollicitées à titre de marché. Dans ce
contexte, il parait judicieux de remémorer que les prestations susceptibles de faire l'objet d’un
concours et qui doivent répondre exclusivement à la nature et à l’étendue des besoins à satisfaire
ont été précisément délimitées par l'article 63 du décret. Ces dernières ont concerné des
domaines bien déterminés mais également très diversifiés tel : l'aménagement du territoire,
l'urbanisme, l'ingénieure et encore les prestations qui font l'objet de marché de conception
réalisation.
Force est d'admettre que le concours est recommandé lorsque motifs techniques,
esthétiques, économiques ou artistiques justifiant des recherches particulières sont attestées. 12
Par ailleurs, il peut porter conformément aux termes de l’article 63 du décret régissant les
marchés publics au Maroc :
- Soit sur la conception d’un projet
- Soit à la fois sur la conception d’un projet et la réalisation de l’étude y afférente

11
ZOUBAA (A.), Le système de gestion des marchés publics – Conclusion, Exécution, Contrôle et Contentieux,
Rabat, Edition 2019, page 125.
12
ZOUBAA (A.), Le système de gestion des marchés publics – Conclusion, Exécution, Contrôle et Contentieux,
Rabat, Edition 2019, page 125.
- Soit à la fois sur la conception d’un projet et la réalisation de l’étude y afférente et le
suivi et le contrôle de sa réalisation
- Soit la conception et la réalisation du projet lorsqu’il s’agit d’un marché de conception-
réalisation prévu à l’article 10 ci-dessus
En outre, le concours comporte un appel à la concurrence par lequel il met en compétition
plusieurs concurrents en privilégiant une mise en concurrence 13 optimal fondé sur le respect de
la concurrence et dès lors l'attribution du marché à celui qui présente l'offre la plus favorable
techniquement et économiquement pas la moins disante. D'ailleurs, la réglementation
marocaine a exigé que ce mode de passation des marchés publics doit remplir cette règle et n’a
pas prévu de cas où le marché sur concours peut être passé sans publicité et sans mise en
concurrence.
Force est de constater que, le décret des marchés publics au Maroc permet de consacrer le
recours à la concurrence autant que possible pour l'octroi des marchés publics. Un tel procédé
est également perçu dans la procédure d'appel d'offre ouvert qui reste pour sur la procédure la
plus adaptée et qui est érigée en règle de base étant bien entendu que la plupart des marchés
publics sont passés sous forme d’appels d’offre ouverts. D'autant plus, la concurrence ne relève
pas de la discrétion de maitre d'ouvrage mais elle a été énoncée expressément dans l'article 63
du décret. Cependant, le décret sur les marchés publics établi les conditions de participation aux
marchés sur concours et le maitre d'ouvrage ne peut aucunement interdire une personne d'y
participer étant donné le libre accès aux marchés publics. Ce libre accès à la commande
publique se concrétise notamment par le fait que tous les candidats peuvent déposer une
demande d'admission pour participer au marché sur concours toutefois ils doivent disposer des
capacités et qualités requises pour être admis à y participer selon l'article 68 du décret. Dans ce
cas, une séance d'admission est tenue conformément à l'article 53 du décret régissant les
marchés publics et un procès-verbal est dressé séance tenante en conformité avec les
dispositions de l'article 54 du présent décret. À l'issue de la séance d'admission, le jury de
concours retient les candidats qui peuvent déposer leurs projets dans les conditions fixées dans
l'article 71 du décret sur les marchés publics au Maroc. Ainsi, les projets proposés par ces
concurrents sont classés et soumis à l'examen du jury de concours selon des critères d'évaluation
bien définis dans l'article 66 du décret. En revanche les candidats évincés sont informés des

13
Monsieur Mohamed Abdelmouhcine HANINE, La procédure de passation des marchés publics au Maroc : Etude
analytique et réflexions à la lumière du code français des marchés publics (et des directives européennes) et des
directives de la Banque Mondiale [en ligne], Monsieur le Professeur Gabriel ECKERT, Mémoire, Droit, Ecole
nationale d'administration, 2007/2008
motifs de leur élimination par le maitre d'ouvrage et ceux par tout moyen de communication
pouvant donner date certaine notamment par lettre recommandée avec accusé de réception dans
un délai n'excédant pas 5 ans dès l'achèvement de la séance d'admission.
En outre, le concours est organisé sur la base d'un programme conçu par le maitre
d'ouvrage14 et qui comporte un ensemble d'indication notamment :
- L'identification des besoins en respectant la règle de base qui consiste en la définition
préalable des besoins à satisfaire 15et la détermination de la consistance prévisionnelle
que la prestation doit satisfaire et qui doit être établi avec précision en tenant compte
des exigences du développement durable et, en particulier, les exigences sociales et
environnementales. Dans le cas échéant, le programme détermine l'ordre de grandeur
ou le maximum de la dépense prévue pour l'exécution de la prestation.
- L'énoncé du but poursuivi par le concours et l'exposé des aspects principaux à considérer
- L'indication des conditions dans lesquelles les auteurs de projets seront appelés à
exécuter les projets
- La définition des composantes du projet et de sa consistance
D’autant plus, le programme de concours prévoit l'allocation de primes, d'avantage, récompense
accordée aux auteurs des projets les mieux classés 16 en fixant le nombre maximal à primer
Le concours doit faire l’objet d’un avis de concours. D’après l’article 65 du décret, ce
dernier doit absolument comporter un ensemble d’informations qui permettent aux candidats
de bien se renseigner sur le marché. Ces informations doivent obligatoirement être contenues
dans l’avis. Il s’agit en l’occurrence de :

- L’objet du concours et le cas échéant du lieu d'exécution

- L’autorité qui procède au concours

- Le bureau ou les bureaux du maître d’ouvrage et l'adresse où peut être retiré le dossier
du concours et où les dossiers d'admission peuvent être adressées ou déposées

- Le lieu, le jour et l’heure de déroulement de la séance d'admission et les pièces


justificatives à fournir par les concurrents.

14
ZOUBAA (A.), Le système de gestion des marchés publics – Conclusion, Exécution, Contrôle et Contentieux,
Rabat, Edition 2019, page 125.
15
L’article 5 du décret n° 2-12-349 du 20 mars 2013
16
ZOUBAA (A.), Le système de gestion des marchés publics – Conclusion, Exécution, Contrôle et Contentieux,
Rabat, Edition 2019, page 126.
La méconnaissance de ces exigences entraîne l’irrégularité de toute la procédure. Par
ailleurs, cet avis doit être publié dans deux journaux au moins, dont un en langue arabe, à
diffusion nationale et éventuellement dans le portail des marchés publics. Il peut aussi être
publié dans des publications spécialisées et par tout autre moyen notamment par voie
électronique dans le cadre de la dématérialisation des procédures de passation des marchés
publics.

Durant toute l'opération de passation du marché public, le respect de la publicité s'impose. 17


Cette règle fondamentale présente l'utilité de garantir le libre accès à la commande publique à
l’ensemble des candidats intéressées qui se concrétise à travers l'information des secteurs
économiques du lancement d’une procédure d’achat. En sus, elle permet l'obtention d'une
variété des offres, ce qui accroit les chances d’opter pour celle la plus avantageuse
économiquement et par la même occasion d’assurer un bon usage des deniers publics et de
permettre une transparence dans la gestion de l'argent public. 18

Section 2 : Le déroulement du concours


Dans l’ordre français, le code a prévu deux types de concours : le concours ouvert et le
concours restreint à la différence du Droit marocain qui ne parle que du concours19. Ce dernier
comme tout mode de passation des marchés publics se déroule suivant une procédure qui lui
est particulière. Celle-ci est divisée en pratique en deux étapes à savoir l’admission et
l’évaluation.
Toutefois, avant le lancement de l’appel à concurrence; le maître d’ouvrage doit préparer un
certain nombre de pièces et documents afférents à cette procédure constituant le dossier du
concours qui comprend selon l’art.67 du décret de 2013 : une copie de l'avis de concours publié,
sauf que cette publication doit intervenir 15 jours au moins avant la date fixée pour la séance
d’admission ; le programme du concours ; le modèle de la demande d'admission ; le modèle de
la déclaration sur l'honneur ; et un règlement du concours. Donc font partie de la phase
préparatoire deux documents essentiels à établir qui ne sont aucuns autre que le programme et
le règlement du concours.

17
Monsieur Mohamed Abdelmouhcine HANINE, La procédure de passation des marchés publics au Maroc : Etude
analytique et réflexions à la lumière du code français des marchés publics (et des directives européennes) et des
directives de la Banque Mondiale [en ligne], Monsieur le Professeur Gabriel ECKERT, Mémoire, Droit, Ecole
nationale d'administration, 2007/2008, p 27.
18
OCDE, Guide sur l’intégrité dans les marchés publics au Maroc, page 10
19
Mohamed Abdelmouhcine HANINE, La procédure de passation des marchés publics au Maroc :
Etude analytique et réflexions à la lumière du code français des marchés
En effet, la procédure du concours s’organise sur la base d’un programme établi préalablement
par le maitre d’ouvrage et qui doit indiquer, entre autres, les besoins et la consistance
prévisionnels auxquels doit répondre la prestation et fixer le maximum de la dépense prévue
pour l'exécution de ladite prestation, ainsi que de définir les besoins et la consistance du projet,
le plafond du budget qui lui est affecté et les primes à allouer aux auteurs des cinq meilleurs
projets retenus20. Quant au règlement du concours, ce dernier a pour objet principal de définir
l’étendue des engagements réciproques entre le MO et les concurrents ; il précise ainsi les
critères d’appréciation des capacités des candidats, celles relatives à l’évaluation et le
classement des projets et la liste des pièces à fournir. A cet effet, l’art. 66 du C.M.P prévoit la
liste des pièces à fournir par les concurrents à savoir les dossiers administratif, technique et
additif21, et indique de même les critères sur lesquelles se base le maitre d’ouvrage afin de
sélectionner les candidats, il prend ainsi en compte les garanties et capacités juridiques,
techniques et financières et les références professionnelles des concurrents, le cas échéant. Ces
critères s’apprécient en fonction des éléments et documents contenus dans les dossiers
susmentionnés, le maitre d’ouvrage se base ainsi sur ces critères qui doivent être objectifs, non
discriminatoires et non disproportionnés par rapport à la consistance de la prestation et avoir un
lien direct avec l'objet du concours.
Par ailleurs, le même article distingue entre deux cas de figures par rapport l’évaluation des
projets et ce est lié au concours s’il porte uniquement sur la conception d’un projet ou bien il
porte sur cette dernière et la réalisation de l’étude y afférente et / ou sur le suivi ou le contrôle
de la réalisation dudit projet ou sur un marché conception-réalisation22 ; toutefois, les critères
relatifs au coût prévisionnel du projet ; caractère innovant du projet ; degré de transfert de
connaissances ; les qualités esthétiques et fonctionnelles ; les performances liées à la protection
de l’environnement ; le développement des énergies propres sont omniprésents dans les deux
cas. Une note s’attribue à chaque critère et il est à préciser que le MO dans ce règlement exige
l’obtention d’une note technique minimale et globale pour l’admission et éventuellement une
note minimale d’admission par critère. Et finalement ce règlement doit être signe avant le
lancement de la procédure de passation du marché, cette signature prend la forme d’une
signature scannée ou électronique en ce qui concerne le règlement du concours publié dans le
portail des marchés publics23.

20
ZOUBAA Abdelhamid, « Le système de gestion des marchés publics », édition 2019, p : 126
21
Article 50 du décret n°2.12.349 relatif aux marchés publics.
22
Article 66 du décret de 2013
23
Ibid, paragraphe e.
De surcroît, concernant les deux étapes de la procédure par voie de concours ; il existe deux
comme on l’a déjà indiqué : l’étape d’admission (paragraphe 1), et celle de jugement des
projets (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Etape d’admission


Tout d’abord, il est à signaler en ce sens que le contenu, le dépôt et le retrait des demandes
d’admission 24
sont effectués dans les conditions prévues à l’article 51 du décret de 2013, en
l’espèce, les pièces du dossier seront mises dans un pli qui doit être remis dans les conditions
fixées par l'article 31. Ce pli contenant le dossier d'admission doit être fermé et doit porter ainsi
certaines indications et ne peut être retiré qu’après avoir rempli les conditions de l’article 32.
De ce fait, l’examen des demandes d’admission est de la compétence d’un jury constitué dans
la même manière exigée que celle de la commission d’AO (Art. 35), ces membres diffèrent
selon que le marché est de l’Etat, ou des établissements publics ainsi que leur présence est
obligatoire ; Les deux représentants du maître d’ouvrage doivent disposer de la qualification
professionnelle se rapportant à l’objet du concours, à défaut, le jury doit comprendre en plus
deux experts ayant ces qualifications désignés par l’ordonnateur, son délégué ou le sous
ordonnateurs. En outre, le MO convoque un représentant du département ministériel concerné
par le domaine objet du concours, toutefois, en cas d'absence de ce dernier, la séance se tient
valablement25.
Concernant l’aspect procédural, la commission opère une analyse objective et impartiale de
tous les dossiers remis pour en vérifier la recevabilité au regard des exigences annoncées dans
l’avis et prévues par la réglementation, en respectant toutes les formalités applicables à
l’examen des demandes d’admission : tenue de la réunion d’admission à la date et au lieu fixés
dans l’avis de concours, l’ouverture des plis des candidats en séance publique, l’examen
approfondi des dossiers à huit clos … etc.
Cette commission aura donc pour mission d’évaluer les dossiers et écarter les candidats qui ne
présentent pas les conditions nécessaires pour soumissionner ou dont les capacités financières
ou techniques sont jugées insuffisantes. Avant de se prononcer sur les demandes d’admission,
le jury possède le droit de consulter tout expert ou technicien, qui pourrait l’éclairer sur des
points particuliers, comme il peut charger une sous-commission pour l’analyse des dossiers
présentés26.

24
Les mêmes dispositions que celles exigées pour la procédure d’appel d’offres avec présélection.
25
ZOUBAA Abdelhamid, « Le système de gestion des marchés publics », édition 2019, p : 128
26
Mohamed Abdelmouhcine HANINE, op.cit., p : 71
A l’issue de la séance d’admission27, la commission arrête la liste des candidats admis et dresse
un PV séance tenante. Par conséquent les travaux débouchent sur deux situations à savoir
l’élimination des candidats qui ne remplissent pas les conditions requises et la sélection des
candidats admis. Il est à noter que ce PV ne peut être ni rendu public ni communiqué aux
concurrents, il doit en fait enregistrer les observations ou protestations présentées au cours de
la séance d'admission par les membres ou par les concurrents ainsi que le point de vue de la
commission sur lesdites observations, et préciser aussi les motifs d’éviction des candidats
éliminés. Il fait ensuite l’objet d’une signature et d’un affichage dans les locaux du maître
d'ouvrage dans les vingt-quatre heures qui suivent la date d'achèvement des travaux de la
commission, et ce pendant une période de quinze (15) jours au moins. Et se publie également
au portail des marchés publics28.
En outre, suite à cet évènement le MO informe les concurrents éliminés dans un délai de 05
jours à compter de la date d'achèvement de la séance d’admission, et il informe également, dans
le même délai les concurrents admis par lettre recommandée avec accusé de réception, par fax
confirmé ou par tout moyen de communication pouvant donner date certaine. Cette lettre, qui
doit être adressée aux concurrents admis au moins quarante (40) jours avant la date fixée pour
la séance d’ouverture des plis, doit ainsi indiquer le lieu de réception des projets et
éventuellement des offres ainsi que la date, l’heure et le lieu de la réunion du jury de concours29.
En dernier lieu, il est à noter que le MO invite également les concurrents admis à retirer le
dossier de concours et à déposer:
o Leurs projets appuyés d’une estimation du coût global desdits projets ;
o Leurs offres financières, lorsque le concours porte sur la conception d'un projet et la
réalisation de l’étude y afférente et / ou sur le suivi ou le contrôle de la réalisation dudit
projet ou sur un marché de conception-réalisation ;
o Les pièces du dossier administratif complémentaires.
Puis, de son côté il met à leur disposition tout document jugé utile pour l’établissement dudit
projet.

Paragraphe 2 : Etape d’évaluation


Selon les termes de l’article 79 du décret du 20 mars 2013, A huis clos le jury de
concours procède dans ce cadre à l’évaluation des projets et des offres proposés par les
concurrents (seuls les concurrents admis dans la 1ère étape). Avant d’émettre son avis, ce jury a

27
Article 53 du décret n°2.12.349 relatif aux marchés publics.
28
Article 54 du décret n°2.12.349 relatif aux marchés publics.
29
ZOUBAA Abdelhamid, op.cit., p :129
la possibilité de faire convoquer les concurrents par écrit ou par tout autre moyen jugé approprié
afin d'obtenir tout éclaircissement sur leurs projets, il peut aussi demander à un ou plusieurs
concurrents d'apporter certaines modifications à leurs projets qu’il juge nécessaires. Ces
modifications peuvent se rapporter à la conception et / ou à l'exécution des projets avec,
éventuellement, les différences de coût qui en découlent sauf qu’il existe une règle
fondamentale à respecter celle de la non divulgation des procédés et coûts proposés par les
concurrents au cours de la discussion aux autres concurrents.
Tel qu’il a été indiqué auparavant au niveau de la première étape d’admission, le jury peut dans
ce cas aussi recourir à la consultation de tout expert ou technicien qui pourrait l'éclairer sur des
points particuliers des projets proposés. Il peut également, avant de se prononcer, charger une
sous-commission pour analyser lesdits projets ; Par conséquent, le jury écarte tout projet dont
le coût de réalisation excède le maximum de la dépense prévue par le programme de concours
pour l'exécution du projet et procède ensuite, à l’évaluation et au classement des projets sur la
base des critères figurant au règlement du concours30 établi dans la phase de préparation comme
suit :
En l’espèce, on distingue entre trois principaux cas. Prime abord, lorsque le concours porte
uniquement sur l’établissement d’un projet, le jury de concours va procéder a la notation du
projet en fonction des critères fixés par le règlement du concours en attribuant une note sur cent
(100) à chaque critère. Puis ce sera le tour de la notation de l’estimation du coût du projet
proposé, en attribuant une note de cent (100) points à celle la moins-disante et des notes
inversement proportionnelles à leur montant aux autres estimations.
Dans un objectif de classement des meilleurs offres ce jury procède ainsi à la pondération des
notes obtenues par chaque concurrent en fonction du projet propose et de l’estimation du cout
global31. La note globale sera obtenue par l’addition de la note technique et la note de
l’estimation du coût global du projet après application d’une pondération de 80 % pour le projet
proposé et 20 % pour le coût global proposé dudit projet.
D’autre part, lorsque le concours porte sur la conception d'un projet et la réalisation de l’étude
y afférente et / ou le suivi ou le contrôle de sa réalisation, après l’accomplissement des mêmes
étapes cites dans le premier cas le jury procède à une évaluation et notation des offres
financières lui présentées, il doit attribuer ainsi une note de cent (100) points à l’offre « la
moins-disante » et des notes inversement proportionnelles aux autres offres. Néanmoins, pour
ce qui est du calcul de la note globale, il convient d’ajouter la note technique à celle de

30
ZOUBAA Abdelhamid, op.cit., p: 130
31
Ibid, p : 131
l’estimation du coût global du projet et une note financière après introduction d'une
pondération. La pondération appliquée est de 70 % pour le projet proposé ; 20 % pour le coût
global proposé du projet; et 10 % pour l’offre financière.
Par ailleurs, lorsque le concours porte sur la conception réalisation prévue à l’article 10, la note
globale sera obtenue par l'addition de la note technique et de la note financière après
introduction d'une pondération de 70 % pour le projet proposé ; 30 % pour l’offre financière.
En application des pourcentages et pondérations relatives à chaque critère le jury procède au
classement des concurrents en fonction de l’offre la plus avantageuse, celui ayant obtenu la note
globale la plus élevée est classé premier donc il sera invité à produire les pièces du dossier
administratif , confirmer les rectifications des erreurs matérielles relevées et régulariser les
discordances constatées ; Le jury lui fixe à cet effet un délai qui ne peut être inférieur à sept
(07) jours à compter de la date d’achèvement des travaux d’évaluation des projets.
Apres l’écoulement dudit délai, le jury se réunit au jour et à l'heure fixés, et s'assure de
l’existence du support ayant servi de moyen d’invitation du concurrent concerné et procède à
la vérification des réponses et des pièces reçues. Et après l’examen des pièces et des réponses
reçues, le jury décide soit de proposer au maître d’ouvrage de retenir le concurrent concerné ou
de l’écarter. Si ce dernier est écarté le juge est tenu d’inviter dans ce cas le concurrent dont
l’offre s’est classée la suivante et reproduit avec lui les mêmes procédures. Enfin, le jury arrête
le classement définitif des projets retenus et fait ses propositions au maître d’ouvrage d’allouer
les primes et d’attribuer le marché au concurrent retenu, dans le même contexte, un PV doit etre
dressé comportant les résultats définitifs du concours, et doit être publié au portail des MP
pendant une période de 15 jours minimum32.
En tant que dernière idée, il parait judicieux de déceler les situations dans lesquelles un concours
peut être déclaré comme infructueux ou peut-être même annulé. En l’espèce, l'autorité
compétente peut sans encourir aucune responsabilité à l'égard des concurrents et quel que soit
le stade de la procédure, annuler le concours dans les cas suivants : lorsque les données
économiques ou techniques des prestations objet du concours ont été fondamentalement
modifiées ; lorsque des circonstances exceptionnelles ne permettent pas d'assurer l'exécution
normale du marché ; lorsqu'un vice de procédure a été décelé ; ou en cas de réclamation fondée
d'un concurrent33. En outre, d’après l’art. 80, le jury peut se baser sur quelques raisons pour
déclarer un concours comme infructueux, si aucune offre n’a été présentée ou déposée ; Aucun
concurrent n’a été retenu à l’issue de la séance d’admission ; Si le coût global proposé pour

32
ZOUBAA Abdelhamid, op.cit., p: 132-133
33
Art 83 du décret n°2.12.349 relatif aux marchés publics.
chaque projet excède le maximum de la dépense prévue pour l'exécution de la prestation ; Si
toutes les offres financières excèdent le maximum de la dépense prévue pour la prestation,
lorsqu’il s’agit d'un concours portant sur un marché de conception réalisation ; Et le cas où
aucun projet n'est jugé acceptable eu égard aux critères fixés par le règlement du concours.
En dernier lieu, il est à noter que ni la déclaration du concours en tant qu’infructueux ne ni son
annulation ne peuvent justifier le recours à la procédure négociée.

Chapitre II : la procédure négociée : une exception aux procédures concurrentielles


Le droit des marchés publics définit et organise la procédure de négociation ainsi que
précise les modalités de formation du marché négocié.
Il faudra donc étudier les règles de passation du marché négocié (Section 1) et ensuite traiter
les hypothèses de passation de ce marché (Section 2).

Section 1 : Les règles de passation du marché négocié


Le recours à la procédure négociée représente une exception dans la passation des marchés
publics. C'est pourquoi la réglementation en vigueur prévoit de façon limitative les cas dans
lesquels elle peut être utilisée.

La procédure négociée permet au maitre d'ouvrage de négocier les conditions du marché


avec un ou plusieurs concurrents. En d’autres termes, il s’agit d’un mode de passation des
marchés en vertu duquel une commission de négociation désignée par le maître d’ouvrage sous
sa responsabilité, choisit l'attributaire du marché après consultation d’un ou plusieurs candidats
et négociation des conditions du marché 34. Ces négociations concernent notamment le prix, le
délai d'exécution ou la date d'achèvement ou de livraison et les conditions d’exécution et de
livraison de la prestation. Elles ne peuvent porter sur l'objet et la consistance du marché.
La négociation est une sorte de recherche d’un accord centré sur des éléments matériels ou des
enjeux quantifiables entre les deux parties cela implique la confrontation d’intérêts, à priori,
divergents sur plusieurs points de négociation que chaque interlocuteur va tenter de rendre
compatibles par le biais d’une argumentation et de concessions mutuelles 35. Pour veiller au
respect du principe de la concurrence dans la procédure de passation des MP par voie de marché
négocié une règle principale ne doit pas être négligée pose par le décret, celle qui exige que les
concurrents admis à négocier ne peuvent être inférieurs à trois candidats, toutefois, il a été
permis de procéder aux marchés négociés si le nombre de ceux qui ont répondu favorablement
n’est pas suffisant 36.

Généralement, une commission de négociation est désignée par l’autorité compétente ou un


sous ordonnateur, elle se compose notamment du président et de deux représentants du maître
d’ouvrage. Ce dernier peut faire appel à toute autre personne, expert ou technicien, dont il juge
utile la participation aux travaux de la commission37. Cette commission va proposer à l’autorité
compétente d’attribuer le marché au concurrent ayant présenté l’offre la plus avantageuse après
avoir fait l’objet d’une évaluation sur la base de critères objectifs. Le maître d'ouvrage à son
tour doit établir un procès-verbal qui retrace tous les points discutés lors de chaque négociation
avec les concurrents.

Par ailleurs, ce mode permet au MO, après consultation des concurrents, d’engager librement
et directement les négociations qui lui paraissent utiles avec un ou plusieurs d’entre eux, pour

34
Me. Bennasar EL BAZ, Dr. Driss AZARIZ, PROJET ACHATS PUBLICS DURABLES ET ECO-
ETIQUETAGE, étude juridique, p : 32
35
ZOUBAA Abdelhamid, op.cit., p: 135
36
Idem.
37
Article 84 du décret n°2.12.349 relatif aux marchés publics.
choisir l’attributaire du marché. Ce choix qui intervient à l’issue d’une décision collégiale prise
par ladite commission de négociation. De plus, il est à noter que cette procédure négociée revêt
un caractère exceptionnel, dans la mesure où d’après les termes de (l’art.84-3), elle peut
échapper à la règle de la concurrence et de la publicité ainsi que le recours vers elle est limité
dans des cas bien précis.

En outre ce choix de la procédure négociée doit être motivée parce qu’au sens de l’art. 84-5 le
recours à un marché négocié donne lieu à l’établissement, par l’autorité compétente ou le sous-
ordonnateur, d’un certificat administratif qui doit exposer les raisons du choix de cette
procédure, exception faite aux prestations, que les nécessités de la défense nationale ou de la
sécurité publique, exigent qu’elles soient tenues secrètes, mais elles nécessitent une autorisation
préalable du chef du gouvernement.

De plus, conformément à l’art. 8738 les marchés négociés sont conclus soit sur l'acte
d'engagement souscrit par celui qui se propose de traiter et sur le cahier des prescriptions
spéciales ; soit sur une correspondance suivant les usages du commerce précisant les conditions
de réalisation de la prestation ; soit exceptionnellement par échange de lettres ou convention
spéciale, pour les prestations urgentes liées à la sécurité (Art.86-II-5) et dont la réalisation est
incompatible avec la préparation des documents constitutifs du marché.

Cet échange de lettres ou la convention spéciale énonce au minimum :

− La nature des opérations ;


− La limite des engagements de l'autorité contractante, en montant et en durée ;
− Un prix définitif ou un prix provisoire; Dans ce dernier cas, il ne peut donner lieu à
aucun versement d'avances ni d'acomptes.

L'échange de lettres ou la convention spéciale (support juridique provisoire) doit être régularisé
sous forme de marché à prix définitif dans les 03 mois qui suivent.

Dans cet même d’ordre d’idées, il est à signaler que l'approbation des marchés doit être notifiée
à l'attributaire dans un délai maximum de (60) jours à compter de la date de la signature du
marché négocié par l'attributaire. Dans le cas où le délai de validité des offres est prorogé, le
délai d'approbation est majoré d'autant de jours acceptés par l'attributaire du marché (Art. 157).

38
Article 87 du décret n°2.12.349 relatif aux marchés publics. : Forme des marchés négociés
Sans oublier finalement que les marchés et leurs avenants sont soumis, en dehors des contrôles
institués par les textes généraux en matière de dépenses publiques, à des contrôles et audits à
l'initiative du ministre concerné. Ces contrôles et audits portent éventuellement sur la
préparation, la passation et l'exécution des marchés, ils sont ainsi obligatoires pour tous les
marchés négociés dont le montant est supérieur à des sommes bien définies39. Ces contrôles et
audits font l’objet de rapports adressés au ministre ou au directeur d’E.P concerné, et dont la
synthèse doit être publié au portail des M.P.

Section 2 : les hypothèses de passation de marché négocié


Dans certaines hypothèses limitativement énumérées par le décret n°2-12-346 relatif
aux marchés publics, les pouvoirs adjudicateurs peuvent conclure des marchés ou des accords-
cadres dont ils négocient les conditions avec un ou plusieurs opérateurs économiques.

La procédure négociée est une procédure formalisée dont les cas d’utilisation sont précisés à
l’article 8640, le décret prévoit deux types de marchés négociés :

- Ceux avec publicité et mise en concurrence préalables (article 85-I paragraphe 1) ;

- Ceux sans publicité ni mise en concurrence préalables (article 86-II paragraphe 2)

Paragraphe 1 : Les marchés négociés avec publicité préalable et mise en concurrence

La procédure négociée avec publicité préalable est la procédure par laquelle l'acheteur
négocie les conditions du marché public avec un ou plusieurs opérateurs économiques autorisés
à participer aux négociations. L'acheteur indique dans les documents de la consultation les
exigences minimales que doivent respecter les offres. 41

En effet selon l’article 86 – I, ne peuvent faire l’objet de marché négocié avec publicité préalable
et mise en concurrence que les cas suivant :

 Les appels d’offres déclarés infructueux :

− Les conditions initiales du marché ne doivent subir aucune modification ;

− La période entre la date où la procédure a été déclarée infructueuse et la date de la publication


de l'avis du marché négocié ne doit pas dépasser 21 jours.

39
Art 168 du décret n°2.12.349 relatif aux marchés publics.
40
L’article 86 du décret n°2-12-346 relatif aux marchés publics
41
L’article 65 du code des marchés publics français
N.B : La déclaration d‘un appel d'offres infructueux, au motif qu’aucune offre n’a été présentée
ou déposée, ne peut justifier le recours à la procédure négociée que dans le cas où cet appel
d'offres a été lancé une 2ème fois et a été aussi déclaré infructueux (Art.42 – Décret M.P)42.

 La défaillance du titulaire du marché :

Les prestations que le maître d'ouvrage fait exécuter par des tiers à la suite de la défaillance du
titulaire du marché (Hypothèse qui s’accompagne généralement de l’exécution aux frais et
risques dudit titulaire).

− L'exécution se fait dans les mêmes conditions prévues par le marché initial.

Le délai minimal entre la publication de l’avis de publicité et la date limite de réception des
candidatures est de 10 jours au moins. Ce délai est à respecter avant d’entamer l’examen des
dossiers administratifs et techniques des concurrents.

 La procédure négociée fait l’objet d’un avis d’appel à la concurrence publiée :

− Au moins dans un journal à diffusion nationale ;

− Au portail des marchés publics.

Cet avis peut être parallèlement porté à la connaissance des concurrents éventuels et, le cas
échéant, des organismes professionnels, par des publications spécialisées ou par tout autre
moyen de publicité notamment par voie électronique. 43

 L'avis d'appel à la concurrence doit comporter toutes les informations nécessaires sur
l'objet du marché et le maître d'ouvrage à savoir :

_ L’objet du marché
_ Le maitre d’ouvrage qui procède à la procédure négocié
_ L’adresse du maitre d’ouvrage et le bureau ou l’on peut retirer le dossier
_ Les pièces à fournir par les concurrents
_ L’adresse du maitre d’ouvrage et le bureau ou les offres des concurrents sont déposées
ou adressées
_ Le cas échéant, l’adresse du site électronique utilisé pour la publication
_ La date limite du dépôt des candidatures

42
L’annulation d’un appel d’offres ne peut justifier le recours à la procédure négociée (Art. 45 - Décret M.P)
43
L’article 85 alinéa 1 du décret n° 2-12-346
La période entre la date ou la procédure a été déclarée infructueuse et la date de la
publication préalable des avis y afférents ayant de procéder à la publication de l’avis du
marché négocié ne doit pas être44 supérieure à vingt et un (21) jour.
Le MO est tenu également de préparer un dossier qui comporte l’avis de publicité, le
CPS, les modèles, l’OT…, de procéder à sa publication au portail des M.P, et de le
mettre à la disposition des concurrents dès la publication de l’avis (Renforcement des
règles de la transparence)

Déroulement de la procédure :

 Tous les candidats doivent présenter des dossiers administratifs et techniques, et le cas
échéant, des dossiers additifs, et qui doivent être transmis par tout moyen permettant de
déterminer de façon certaine la date de leur réception et de garantir leur confidentialité.

 La commission examine les candidatures reçues et arrête la liste des concurrents admis
à présenter une offre (une attention particulière à accorder à la bonne interprétation des
gains qualitatifs et financiers proposés par chaque concurrent) ;

 Après réception des offres, la commission engage des négociations directes et


concomitantes avec les concurrents admis, ainsi qu’il adresse également une lettre aux
concurrents évincés indiquant les motifs de leurs évictions

 Le nombre des concurrents admis à négocier ne peut être inférieur à 3 (respect du


principe de la concurrence), sauf si le nombre des concurrents ayant répondu à l’appel
à la concurrence n’est pas suffisant.
 Le MO est tenu de respecter la grille des critères du choix d’attributaire, qui doit être
prévue au préalable dans le CPS.
 Au terme des négociations, la commission propose à l'autorité compétente d'attribuer le
marché au concurrent ayant présenté l'offre la plus avantageuse (critère de choix de
l’offre).

Paragraphe 2 : Les marchés négociés sans publicité préalable et sans mise en concurrence

Les hypothèses selon lesquelles la procédure négociée sans concurrence et sans publicité peut
être utilisée sont strictement énumérés par le Décret des M.P dans son Article 86-II.

44
ZOUBAA (A.), Le système de gestion des marchés publics – Conclusion, Exécution, Contrôle et Contentieux,
Rabat, Edition 2019 ; p : 137
 Les prestations dont l'exécution ne peut, en raison des spécificités techniques ou de leur
caractère complexe nécessitant une expertise particulière, être confiée qu'à un
prestataire déterminé ;

 Prestations de la défense nationale nécessitant confidentialité, sous réserve de


l’autorisation du chef du gouvernement :

 Objets couverts par un brevet d’invention :

 Les objets dont la fabrication est exclusivement réservée à des porteurs de


brevets d'invention ;

 Urgence et imprévisibilité résultant de catastrophes naturelles :

 L’urgence doit être impérieuse et effective : un événement qui perturbe le


fonctionnement normal d’un service public ou qui menace la sécurité publique…
;
 Prestations urgentes relatives à la défense du territoire ou à la sécurité ne
s’accommodant pas avec les délais de mise en concurrence : prestations dont l'exécution
doit commencer avant que toutes les conditions du marché n'aient pu être déterminées ;
 Les prestations relatives à l'organisation de cérémonies et visites officielles revêtant un
caractère urgent et imprévisible, et qui ne sont pas compatibles avec les délais exigés
pour la publicité et la mise en concurrence préalables. 45
 Le supplément d’un marché en cours dans la limite de 10%, par le biais d’avenant
Les prestations supplémentaires, imprévues au moment de la passation du marché
principal, à confier au même titulaire du marché, lorsqu’elles sont considérées comme
l'accessoire dudit marché et ne dépassent pas 10% de son montant.

La liberté du maître d'ouvrage est illimitée, dans la mesure où il peut consulter les concurrents
qu'il juge prometteurs, comme il peut ouvrir les négociations avec ceux qu'il va choisir lui-
même.

 Aucune disposition consacrée à cette procédure dans le décret et l’application des


principes et règles générales des marchés négociés en ce sens.

45
Pour les régions et les autres collectivités territoriales : le recours aux marchés négociés, dans ce cas, est
conditionné par une autorisation préalable du Ministre de l’Intérieur l’Article 135 du Décret relatif MP.
Conclusion :
La commande publique couvre l’ensemble des marchés publics attribués par les services publics
(Etat, établissements et entreprises publics et collectivités locales) pour acquérir des biens,
réaliser des services et des travaux.46 La réforme du décret sur les marchés de l’Etat intervenue
en mars 2013 constitue certes, une grande avancée dans le processus de modernisation des
procédures et de renforcement de la transparence et de l’efficacité dans la passation, le contrôle
et la gestion de la commande publique.

En effet, ledit décret consacre la procédure d’appel d’offres ouvert comme principe de base
pour l’attribution des marchés publics. Pourtant, il permet aussi aux acheteurs publics de
recourir à certaines procédures dites exceptionnelles, dans des cas bien précis, et ce notamment,
pour :

− Tenir compte de la complexité et de la technicité de certaines prestations ;

− Faire face à certains cas de force majeure

− Tenir compte des spécificités de certains départements, mais aussi de certaines


prestations urgentes ;

− A titre de facilités accordées aux services gestionnaires, …

Sur ce, le maître d'ouvrage est invité, alors, à respecter les règles fondamentales encadrant la
passation des marchés publics, en général, notamment la transparence dans les choix du maître
d'ouvrage ainsi que l'égalité dans le traitement des candidats et ce en leur fournissant les mêmes
informations au même moment et par les mêmes moyens de communication.

Le législateur, quant à lui, est invité à renforcer la transparence et la moralisation de la gestion


des marchés publics, notamment en étendant les mécanismes d'audit et de contrôle à tous les
marchés négociés et concours, sans limite de seuils étant donné l’insuffisance des
professionnels d’audit dans l’administration par rapport au nombre important des marchés
publics passés chaque année par les entités publiques, l’absence d’un cadre réglementaire
définissant les pouvoirs et les attributions des auditeurs internes du maître d’ouvrage ainsi que
l’absence d’un manuel des normes spécifiques à l’audit des marchés publics.

46
Les marchés publics au Maroc : Diagnostic de la réglementation et proposition d’une démarche d’audit visité
sur Diagnostic.ma
Bibliographie
Ouvrages :

 ALLAIRE Frédéric, L'essentiel du droit des marchés publics, 2021-2022,14e


éditions, 140p.
 ZOUBAA (A.), Le système de gestion des marchés publics – Conclusion,
Exécution, Contrôle et Contentieux, Rabat, Edition 2019, 571p.
 Mohammed nabih,Droit des marchés publiques ,aspects juridique

Thèses et mémoires :
 Mohamed Abdelmouhcine HANINE, La procédure de passation des marchés
publics au Maroc : Etude analytique et réflexions à la lumière du code français des
marchés publics (et des directives européennes) et des directives de la Banque
Mondiale [en ligne], Monsieur le Professeur Gabriel ECKERT, Mémoire, Droit,
Ecole nationale d'administration, 2007/2008, 104p.
 Sidibe Bourama, Audit des procédures de passation des marchés : cas de
l’ASECNA représentation auprès de la république de Mali [en ligne], Monsieur le
Professeur BA AMADOU, Mémoire, économie, CESAG exécutive éducation,
2013/2014, 144p.
Textes législatifs et réglementaires :
 Décret n° 2-12-349 du 8 joumada I 1434 relatif aux marchés publics. (B.O. n° 6140
du 4 avril 2013).
Articles et rapports :
 OCDE, Guide sur l’intégrité dans les marchés publics au Maroc, 54 p.
 Me. Bennasar EL BAZ, Dr. Driss AZARIZ, PROJET ACHATS PUBLICS
DURABLES ET ECO-ETIQUETAGE, étude juridique, 159 p.

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