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REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROUN

Paix –Travail -Patrie Peace-Work-Fatherland


UNIVERSITE DE NGAOUNDERE THE UNIVERSITY OF NGAOUNDERE

FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES FACULTY OF LAW AND


ET POLITIQUES POLITICAL SCIENCE
B.P. 454 fax. 237/25 27 73 P.O.Box 454- fax 237/25 27 73
Tél : 237/25 27 65 – 25 27 20 Tél.: 237/ 25 27 65 – 25 27 20

COURS DE :
DROIT DES MARCHES PUBLICS
MASTER I-DROIT PUBLIC

Par

Dr ROJE TADJIE
Chargé de cours
FSJP/Université de Ngaoundéré

Année académique 2019/2020


CHAPITRE INTRODUCTIF : GENERALITES

Le Droit des Marchés Publics est une branche du Droit public en général et
du Droit administratif des biens en particulier. Il est l’ensemble des règles
juridiques applicables à la passation, à l’exécution, au contrôle, au contentieux et
aux sanctions des marchés publics.
Pour répondre à leurs besoins en matière de travaux, de fournitures ou de
services, l’Etat et ses démembrements passent des contrats avec des personnes
publiques ou privées. Ce type de contrats est connu sous le vocable de « marchés
publics ». Contrats de type administratif, les marchés publics sont le procédé
contractuel à travers lequel les personnes morales de droit public réalisent leurs
projets à court, à moyen ou à long terme. Ils mobilisent un ensemble de normes
juridiques contenues pour l’essentiel dans le Code des Marchés Publics. C’est
dire que les projets arrêtés et financés doivent être effectivement exécutés dans les
normes prévues.
Dans ce chapitre introductif, il sera envisagé successivement la notion de
marché public (section I), le champ d’application du Code des MP de 2018
(section II), les innovations du nouveau Code des marchés publics de 2018 (section
III) et puis, les sources du droit des marchés publics (section IV).

SECTION I - LA NOTION DE MARCHE PUBLIC

Elle va porter sur la définition du marché public (paragraphe I), les


contractants du marché public (paragraphe II), la conclusion à titre onéreux du
marché public (paragraphe III), l’objet (paragraphe IV) et les formes (paragraphe
V) du marché public.

Paragraphe I - La définition du marché public

Selon l’article 5 (w) du décret n° 2018/366 du 20 juin 2018 portant Code


des Marchés Publics, « Le marché public est un contrat écrit, passé
conformément aux dispositions du présent Code , par lequel un entrepreneur, un
fournisseur ou un prestataire de service s’engage envers l’Etat, une collectivité
territoriale décentralisée ou un établissement public, soit à réaliser des travaux,
soit à fournir des biens ou des services moyennant un prix ».

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Ainsi défini, le marché public recouvre o4 éléments :
- un contrat écrit,
- un engagement d’une personne publique ou privée envers une collectivité
publique et,
- un objectif soit de réaliser des travaux, soit de fournir des biens ou des
services, et,
- la présence d’un prix.

Il est important de relever avec regret que l’élément relatif au délai


d’exécution des MP fait problème dans le système des MP au Cameroun. Il a été
omis dans le Code des MP du 24 sept. 2004 (article 5 1-a), intégré dans le décret
du 8 mars 2012 portant création, organisation et fonctionnement des commissions
de Passation des MP (article 2-a) pour être omis une fois de plus dans le Code des
Marchés Publics de 2018 (article 5 (w). Or, la mention du délai d’exécution des
MP semble être indispensable pour le suivi et le contrôle d’exécution des MP.

Paragraphe II - Les contractants du marché public

Ils sont des personnes publiques (A) et le cocontractant de


l’Administration (B).

A - Les personnes publiques

Excepté quelques cas, l’Etat et ses démembrements (CTD, Etablissements


publics,…) sont responsables des marchés publics. Il s’agit des Maîtres d’Ouvrage
(MO). D’emblée, il convient de souligner que le Code des MP consacre désormais
le Ministre délégué à la Présidence de la République en charge des MP comme
Autorité chargée des MP au Cameroun. Par ailleurs, dans l’organisation du
processus des MP, le Ministre est le MO tout comme le chef d’une CTD, le
directeur général et le directeur d’un établissement public entre autres. En effet à la
lumière de l’article 6 alinéa 1 du Code des MP de 2018, « la préparation de la
procédure et la passation d’un MP relèvent de la compétence du MO, personne
physique placée à la tête d’un département ministériel ou assimilé, de l’Exécutif
d’une CTD ou d’un établissement public, bénéficiaire des prestations prévues dans
le marché ». A côté de cet acteur, l’on note la présence du Maître d’Ouvrage
Délégué (MOD), qui est « une personne exerçant en qualité de mandataire du MO,
une partie des attributions de ce dernier ». Il s’agit du Gouverneur de région et du
Préfet de département, du chef d’une mission diplomatique du Cameroun à

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l’étranger, « habilités à passer et à signer les marchés financés sur crédits délégués
par un MO, et le cas échéant, du chef d’un projet bénéficiant d’un financement
extérieur ». Ces différents acteurs président des commissions de passation des
marchés dont la création est décidée par l’autorité en charge des MP.

B - Le cocontractant de l’Administration

Encore appelé titulaire du marché, c’est toute personne physique ou morale


partie au contrat, en charge de l’exécution des prestations prévues dans le marché
(article 5-l). Il s’agit des entrepreneurs des travaux, des fournisseurs des biens ou
des prestataires de services.
Il faut cependant préciser que certaines personnes ne peuvent pas obtenir
les MP. Il s’agit notamment des soumissionnaires qui ont encouru certaines
condamnations (les soumissionnaires sont des personnes physiques ou morales
faisant acte de candidature aux MP). Ainsi, selon l’article 51 alinéa 2 du Code des
MP de 2018, « Ne peuvent postuler à la commande publique, les candidats :
- en état de liquidation judiciaire ou en faillite ;
- frappés de l’une des interdictions ou déchéances prévues par les lois et
règlements en vigueur, aussi bien au plan national ou international ;
- qui n’ont pas souscrit les déclarations prévues par les lois et règlements
en vigueur ».

Paragraphe III – La conclusion à titre onéreux du Marché Public

Parmi les éléments constitutifs du marché public figure le prix, c’est-à-dire


la rémunération du cocontractant de l’Administration (article 144 alinéa 1 du CMP
de 2018). Le critère du prix est un élément en l’absence duquel il ne saurait exister
de marché public. Il est alors le « caractère onéreux » du marché public.
En effet, un contrat ne peut être un marché public que s’il prévoit le
paiement d’un prix par la collectivité publique contractante. C’est dire que la
personne publique doit rétribuer en espèces son cocontractant dès lors que la
prestation est effectuée. Ainsi, il a été jugé qu’un contrat comportant au contraire la
rémunération du cocontractant de l’Administration par une redevance versée
directement par les usagers ne peut être un marché public (C.E, 10 avril 1970,
Beau et Lagarde ; C.E, 6 mai 1991, Syndicat intercommunal du Bocage).

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Paragraphe IV - L’objet du marché public

Conclu à titre onéreux, et selon la définition du MP, le marché public


permet à la personne publique bénéficiaire de répondre à ses besoins en matière de
travaux, de fournitures ou de services.
- Les marchés de travaux sont des marchés qui ont pour objet la
réalisation des opérations de construction, de reconstruction, de démolition, de
réparation, de rénovation de tout bâtiment, route ou ouvrage, y compris la
préparation du chantier, les travaux de terrassement, de l’installation
d’équipements ou de matériels, etc (article 61 du CMP de 2018).
- Les marchés de fournitures ont pour objet l’achat, la prise en crédit
bail, la location-vente de produits ou matériels, etc. (article 62 du CMP de 2018).
- Les marchés de services sont subdivisés en marchés de services
quantifiables et marchés de services non quantifiables et de prestations
intellectuelles. Les marchés de services quantifiables sont des marchés pour
lesquels les prestations ne font pas nécessairement appel à une conception. Ils se
traduisent par un résultat physiquement mesurable. Il s’agit notamment du
gardiennage, du nettoyage ou l’entretien des édifices publics ou des espaces verts,
de l’entretien ou de la maintenance des matériels et équipements du bureau ou
d’informatique, etc. (article 63 alinéa 2 du CMP de 2018). Quant aux marchés de
services non quantifiables et de prestations intellectuelles, ils sont des marchés
pour lesquels les prestations revêtent un caractère principalement intellectuel. Ils
concernent entre autres, l’assurance maladie, la publicité, l’organisation des
séminaires de formation et les prestations intellectuelles incluant la maîtrise
d’œuvre, les audits, les bureaux d’études, etc.

Paragraphe V - Les formes du marché public

Les marchés publics sont des contrats à la fois en formes écrite (A) et
technique (B).

A - La forme écrite du marché public

Tout marché public se définit comme un « contrat écrit ». En effet,


l’article 123 alinéa 1 du CMP de 2018 énonce que « tout marché fait l’objet d’un
document unique rédigé recto ». Ce document aux termes de l’article 124 du
Code doit nécessairement contenir au moins les mentions suivantes :

- l’objet et le numéro du marché ;

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- l’indication du financement de la dépense et de la rubrique budgétaire
d’imputation ;
- l’indication des parties contractantes ;
- l’indication du MO et du MOD ;
- le chef de service et l’ingénieur du marché ;
- la justification de la qualité de la personne signataire du marché et de la
partie cocontractante ;
- le montant du marché ;
- le délai et le lieu d’exécution, etc.

B - La forme technique du marché public

La rédaction des marchés publics se présente sous la forme technique des


cahiers des charges qui déterminent les conditions dans lesquelles les marchés
sont exécutés (article 129 du CMP de 2018). Ils comprennent les documents
généraux et les documents particuliers suivants :
1 - le Cahier des Clauses Administratives Générales (CCAG) : il fixe
les dispositions relatives à l’exécution et au contrôle des MP, applicables à toute
catégorie de marchés.
2 - les Cahiers des Clauses Administratives Particulières (CCAP) : ils
fixent les dispositions administratives et financières propres à chaque marché.
3 – tous les autres cahiers techniques, les documents généraux et les
documents particuliers : ils définissent les caractéristiques des travaux, des
fournitures ou de services.
Tous ces cahiers des charges sont un moyen de guider les parties au contrat
afin que soit évitée la multiplicité des stipulations contractuelles.

SECTION II- LE CHAMP D’APPLICATION DU CODE DES


MARCHES PUBLICS DE 2018

Il faut distinguer entre les marchés soumis (paragraphe I) et les marchés non
soumis (paragraphe II) au Code des MP de 2018.

Paragraphe I – Les marchés soumis au Code des Marchés Publics de 2018

L’article 3 alinéa 1 du Code des MP de 2018 énonce que les dispositions de


celui-ci s’appliquent à tout marché financé ou cofinancé :

a – par le budget de l’Etat ;

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b – sur fonds d’aide extérieure, bilatérale ou multilatérale ;
c – sur emprunt avalisé par l’Etat ;
d – par le budget d’un établissement public ou d’une CTD.

L’alinéa 2 du même article prévoit que les dispositions du présent Code sont
également applicables :

a – aux marchés passés par des personnes morales de droit privé agissant
pour le compte de l’Etat et ses démembrements ;
b – aux marchés passés par des personnes de droit privé lorsque ces marchés
bénéficient du contrôle financier ou de la garantie de l’Etat, ou d’une personne
morale de droit public ;
c – aux marchés passés entre des personnes morales de droit public dans les
conditions définies par le présent décret ;
d – aux marchés publics passés dans le cadre d’une coordination ou d’un
groupement de commandes ou par une centrale d’achat qui acquiert des fournitures
et/ou des services destinés à des MO ou conclus dans le cadre des accords-cadres,
des marchés de travaux, de fournitures ou de services.

Paragraphe II – Les marchés non soumis au Code des MP de 2018

Selon l’article 4 alinéa 3, les dispositions du Code ne sont pas applicables :

a - aux achats passés par Bon de Commande dont les montants sont
inferieurs à cinq millions de francs CFA ;
b- aux contrats qui ont pour objet l’acquisition ou la location des immeubles
bâtis ou non bâtis ;
c – à l’acquisition des produits pétroliers avals destinés uniquement à l’usage
des véhicules administratifs ;
d – aux marchés passés par les entreprises publiques ;
e - aux marchés spéciaux ;
f – aux contrats de partenariat ;
g – aux travaux exécutés en régie totale.

SECTION III – LES INNOVATIONS DU CODE DE 2018 DANS LE


SYSTEME DES MARCHES PUBLICS AU CAMEROUN

Par le décret n° 2018/366 du 20 juin 2018 portant Code des MP, le


Cameroun s’engage dans une réforme en profondeur de son système des marchés

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publics. Cette réforme qui répond au souci de mettre en place un système
performant et moderne des marchés publics conforme aux standards internationaux
de bonne gouvernance apporte des innovations reposant sur au moins trois piliers,
à savoir une plus grande importance des Maîtres d’Ouvrage (paragraphe I),
l’institution d’un organe de régulation des MP (paragraphe II) et le renforcement
des principes d’éthique et de transparence (paragraphe III).

Paragraphe I – Une plus grande importance des Maîtres d’Ouvrage

Avec le Code des MP de 2018, les responsabilités du MO couvrent plusieurs


aspects du processus des marchés publics, notamment la réalisation des études
préalables, l’élaboration de projet de plan de passation, d’attribution, de signature,
de notification, de résiliation des marchés, etc. Sur un autre plan, le MO est
responsable de la disponibilité du financement, de la transmission des rapports
périodiques relatifs à la passation et à l’exécution des marchés au Ministre chargé
des MP et à l’organe chargé de la régulation de ce secteur.

Paragraphe II – L’institution d’un organe de régulation des marchés publics

D’après l’article 48 du décret de 2018, l’organe de régulation des MP est « le


surveillant et le facilitateur du système des MP ». A ce titre, il propose des
reformes dans le domaine des MP à l’autorité chargée des MP. Par ailleurs, il est
attendu de cet organe qu’il dresse régulièrement un bilan des actes de régulation
qu’il communique à l’Autorité chargée des MP, avec copie au Ministre de
l’Administration territoriale, aux Ministères de tutelle des établissements publics.

Paragraphe III – Le renforcement des principes d’éthique et de transparence

Le Code révisé des MP de 2018 renforce ce que l’on peut appeler


« principe d’éthique » et durcit les sanctions contre tout acteur coupable d’actes de
corruption et autres manœuvres frauduleuses telles que les pratiques collusoires
obstructives ou coercitives, le délit d’initié ou les conflits d’intérêt.

SECTION IV - LES SOURCES DU DROIT DES MARCHES PUBLICS

Par sources du droit des marchés publics, il faut entendre l’ensemble des
règles juridiques qui participent à la formation de ce droit.

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Le seul Code des marchés publics ne fait pas l’alpha et l’oméga de la
matière. En d’autres termes, l’ensemble des sources de la légalité administrative se
trouve dans le droit de la commande publique, à savoir, la Constitution, les traités
internationaux, la loi, le règlement, la jurisprudence et même la doctrine
administrative (elle occupe une place importante dans la réglementation de l’achat
public à travers les avis, les circulaires, les fiches, les guides pratiques, etc).
.
Le présent enseignement va s’articuler de toute évidence sur des aspects
aussi bien théoriques que pratiques ordonnés autour de deux titres :

Titre I – La passation et l’exécution des MP

Titre II – Le contrôle et le contentieux des MP

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TITRE I

LA PASSATION ET L’EXECUTION DES


MARCHES PUBLICS

Pour les commodités de présentation, il importe de s’atteler tout d’abord


sur la passation des MP (chapitre I) ensuite sur leur exécution (chapitre II).

CHAPITRE I – LA PASSATION DES MARCHES PUBLICS

Avant la passation des MP, un certain nombre de préalables (section I)


doivent être observés. Apres quoi, interviennent un nombre important d’organes
administratifs (section II) qui sont astreints à des procédures (section III) sans
lesquelles le marché ne saurait valablement être attribué.

SECTION I - LES PREALABLES A LA PASSATION DES


MARCHES PUBLICS

Au sens du Code des MP de 2018, les prestations doivent faire l’objet


avant l’engagement de la procédure de passation des marchés de la détermination
des besoins (paragraphe I), des études préalables (paragraphe II), de la
programmation des marchés (paragraphe III) et de la disponibilité du site et du
financement (paragraphe IV).

Paragraphe I – La détermination des besoins

Avant le lancement de tout appel à la concurrence ou toute consultation, le


MO est tenu de réaliser une étude en vue de déterminer aussi exactement que
possible, la nature et l’étendue des besoins à satisfaire (article 54 alinéa 1 du
CMP). Le MO qui ne dispose pas de compétence appropriée pour déterminer les
besoins peut recourir à une expertise externe.

Paragraphe II – Les études préalables

De même, avant tout appel public à la concurrence, les spécifications et la


consistance des prestations passent par des études préalables et débouchent sur un

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avant-projet de marché qui définit toutes les caractéristiques de l’ouvrage à réaliser
ou des fournitures à livrer (article 55-1 du CMP). Cette étude doit être assortie
d’une estimation des coûts correspondants.

Paragraphe III – La programmation des marchés publics

Pour éviter de nombreuses entorses à la réglementation des MP, à la


qualité approximative des prestations exécutées et à la faible consommation des
crédits d’investissement, le MO et le MOD doivent programmer leurs activités en
relation avec le Ministre en charge des MP (article 59 alinéa 1 du CMP). A cet
effet, dans un délai de 10 jours à compter de la date d’adoption de son budget,
chaque MO est tenu de transmettre au Ministre chargé des MP, à l’organe chargé
de la régulation des MP et aux commissions de passation des MP compétentes un
exemplaire du journal de programmation définitif. Les journaux de programmation
font l’objet d’une mise à jour périodique par les MO et les MOD, en liaison avec le
Ministre chargé des MP.

Paragraphe IV – La disponibilité du site et du financement

Selon l’article 60 alinéa 1 du CMP, le MO ou le MOD est tenu de conduire


toutes les diligences nécessaires à la mise à disposition du site d’exécution des
prestations avant la notification du marché concerné. Il doit justifier le cas échéant,
de l’existence effective de la déclaration d’utilité publique, du décret
d’expropriation, de l’acte d’affectation ou de tout acte juridique ou administratif
justifiant de la disponibilité du site. Par ailleurs, la signature de l’ordre de service
de démarrage des prestations est conditionnée par l’existence effective des
financements. Il s’agit pour le MO ou le MOD de s’assurer , soit de l’inscription au
budget des prestations à exécuter, soit encore de l’effectivité de l’autorisation des
dépenses à effectuer (article 60 alinéa 1 du CMP).

SECTION II - LES ORGANES DE PASSATION DES MARCHES PUBLICS

A la lumière du CMP, les MO et les MOD sont les principaux responsables


des procédures de passation des MP (paragraphe I). Ils sont assistés par les
structures internes de gestion administrative des MP (paragraphe II) et les
Commissions de Passation des Marchés (paragraphe III).

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Paragraphe I - Les MO et les MOD

Les MO et les MOD sont des autorités compétentes au sein de la collectivité


publique pour mener à bien la procédure de passation des MP.
Le MO, c’est le chef de département ministériel ou assimilé, le chef de
l’exécutif d’une CTD, le directeur général et le directeur d’un établissement public,
représentant l’Administration bénéficiaire des prestations prévues dans le marché.
Cependant, une personne de droit privé bénéficiant d’un concours financier ou
d’une garantie financière provenant de ressources publiques est également
considérée comme MO (article 6 alinéa 2 du CMP).
Le MOD, c’est toute personne exerçant en qualité de mandataire du MO une
partie des attributions de ce dernier. Il s’agit du Gouverneur de région et du Préfet
de département, du chef d’une mission diplomatique du Cameroun à l’étranger,
habilités à passer et à signer les marchés financés sur crédits délégués par un MO,
et le cas échéant, du chef d’un projet bénéficiant d’un financement extérieur. Outre
les Délégués Régionaux ou Départementaux des administrations publiques et des
établissements publics bénéficiaires des prestations, les MOD sont les chefs des
missions diplomatiques du Cameroun à l’étranger, les responsables des centrales
d’achat de mise à disposition pour les commandes groupées et les achats
centralisés, ainsi que les chefs de Cellule des projets bénéficiant d’un financement
extérieur (article 7 alinéa 2 du CMP).

Ceci dit, aux termes de l’article 6 alinéa 1 du CMP, « la préparation de la


procédure et la passation d’un MP relèvent de la compétence du MO … ». A ce
titre, il est responsable :
- de la réalisation des études préalables, et veille en relation avec les
administrations concernées, à la maturation des projets devant faire l’objet d’une
inscription budgétaire ;
- de l’élaboration du projet de plan de passation et d’exécution des marchés ;
- de la disponibilité du financement ;
- de la préparation des dossiers de consultation ;
- du lancement des consultations ;
- de l’attribution des marchés ;
- de la signature et de la notification des marchés ;
- de la résiliation des marchés ;
- de la transmission des rapports périodiques relatifs à la passation et à
l’exécution des marchés au Ministre chargé des MP et à l’organe chargé de la
regulation des MP.

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Le MO peut confier à un MOD, personne de droit public ou privé exerçant
en son nom et pour son compté, tout ou partie des attributions suivantes :

- la définition des conditions administratives et techniques selon lesquelles le


projet concerné sera exécuté ;
- la réception des offres ;
- l’organisation et la conduite de la procédure de passation des marchés jusqu’à
sa signature :
- la gestion des marchés passés au nom et pour le compte du MO ;
- les paiements aux titulaires des marchés :
- le réception du projet ;
- l’accomplissement de tous les actes afférents aux attributions ci-dessus
mentionnées.

Paragraphe II – Les structures internes de gestion administrative des MP

Elles sont placées auprès des MO et des MOD pour une assistance dans
l’exécution de leurs attributions, notamment au stade :

- de la maturation des projets ;


- de l’élaboration des plans de passation des marchés et de leur suivi ;
- de l’élaboration des projets de dossiers de consultation en relation avec les
services techniques du MO ou du MOD concerné ;
- de la réception des offres ;
- de la finalisation des projets de marchés et d’avenants avant souscription ;
- de la préparation des notes de présentation des projets ;
- de l’archivage des documents ;
- de la transmission des documents générés lors de la passation et de
l’exécution des MP ;
- de la rédaction des rapports trimestriel, semestriel et annuel sur la passation et
l’exécution des marchés.

Un texte particulier va organiser le fonctionnement des structures internes de


gestion administrative des MP.

Paragraphe III – Les Commissions de Passation des Marchés (CPM)

Elles sont des organes d’appui technique placés auprès des MO, des MOD,
des Gouverneurs de Région et des Préfets de Département pour la passation des

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MP dont les montants sont au moins égaux à 05 millions de francs CFA. A ce titre,
elles :
- examinent et émettent un avis technique sur les projets de dossiers d’appel
d’offres et de demandes de cotation préparés par les MO et les MOD ;
- examinent et adoptent le cas échéant, les grilles de notation avant le
dépouillement des offres ;
- procèdent à l’ouverture des plis ;
- constituent les sous-commissions d’analyse des offres ;
- préparent, le cas échéant, les dossiers à soumettre à l’avis des commissions
centrales de contrôle des marchés ;
- formulent des propositions d’attribution des marchés aux MO et aux MOD ;
- examinent et émettent un avis technique sur les projets d’avenants et sur les
projets des marchés passés suivant la procédure de gré à gré.

Au sens de l’article 10 alinéa 1 du CMP, les CPM sont créées par l’Autorité
chargée des MP et comprennent :

- les Commissions Internes de Passation des Marchés placées auprès des MO ;


- les Commissions Régionales de Passation des Marchés placées auprès des
Gouverneurs de région pour les marchés relavant des crédits délégués au niveau
régional ;
- les Commissions Départementales de Passation des Marchés placées auprès
des Préfets de Département pour les marchés des CTD ne disposant pas de CPM.

Sur proposition du MO, l’Autorité chargée des MP peut créer plusieurs CPM
auprès dudit MO en relation du volume d’activités, de la nature des prestations ou
de la localisation des services (article 10 alinéa 2 du CMP).

NB : Pour la composition et le fonctionnement des CPM ainsi que l’examen


des dossiers par une CPM, il faut se référer aux articles 11 à 23 du CMP.

SECTION III – LES PROCEDURES DE PASSATION DES MARCHES


PUBLICS

Après analyse d’une part des dispositions de l’un des deux décrets signés par le
Premier Ministre le 5 janvier 2018 fixant les conditions et les modalités de
passation des MP par voie électronique au Cameroun et de celui portant création
d’une plateforme de dématérialisation dans le cadre des MP et fixant ses règles
d’utilisation et d’autre part des dispositions du CMP du 20 juin 2018 relativement

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aux procédures de passation des MP, l’on peut dire de manière générale qu’il
existe désormais au Cameroun deux modalités de passation des MP, à savoir les
procédures manuelles (paragraphe I) et les procédures dématérialisées (paragraphe
II).
Paragraphe I – Les procédures manuelles de passation des MP

Ce sont des procédures habituelles en cours d’utilisation dans cette phase du


processus des MP. En effet, l’article 72 alinéa 1 du Code Camerounais des
marchés publics dispose que : « les marchés publics sont passés par voie d’appel
d’offres après mise en concurrence des cocontractants potentiels de
l’administration». Cependant l’alinéa 2 du même article poursuit en disposant
que : « ils peuvent exceptionnellement être attribués selon la procédure de gré- à
gré dans les conditions définies dans le présent Code des MP». De ces
dispositions, il est clairement établi qu’à coté des procédures concurrentielles de
passation des marchés publics (A), l’on retrouve des procédures de passation à
concurrence limitée (B).

A - Les procédures concurrentielles de passation des MP

Il est question des procédures qui ont pour fondement la mise en


concurrence des potentiels cocontractants de l’Administration. Deux modes
existent :
- le mode courant : l’appel d’offres et,
- le mode simplifié : la demande de cotation.

1 – Le mode courant : l’appel d’offres

La réglementation camerounaise actuelle adopte la procédure d’appel


d’offres en matière de passation des marchés publics et la définit comme la
procédure par laquelle l’attribution d’un marché intervient après appel public à la
concurrence (article 73 alinéa 1 du CMP).

a - Les différents types d’appels d’offres

Selon l’article 74 alinéa 1 du CMP, « l’appel d’offre peut être :

- national, lorsqu’il s’adresse aux personnes physiques ou morales ayant


leur domicile ou leur siège social au Cameroun.

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- international, lorsqu’il s’adresse aux personnes physiques ou morales
ayant leur domicile ou leur siège social à l’intérieur ou à l’extérieur du territoire
national.

Chacun des types d’appels d’offres susvisés peut être ouvert, restreint, avec
concours ou en deux étapes.

- l’appel d’offres est ouvert, lorsque l’avis public invite tous les candidats
intéressés à remettre dans un intervalle de temps donné leurs offres (article 75
alinéa 1 du CMP). Le DAO est, après publication de l’avis d’offres, mis à la
disposition de chaque candidat qui en fait la demande.
- l’appel d’offres est restreint, lorsqu’un appel d’offres est précédé d’une
pré-qualification (article 76 alinéa 1 du CMP). Il s’adresse à un nombre minimal de
trois candidats retenus à l’issue d’une procédure de pré-qualification. A défaut, le
MO ou le MOD doit recourir à un appel d’offres ouvert. L’appel d’offres restreint
peut être utilisé pour des travaux ou équipements spécifiques de grande importance
ou complexes, mais aussi pour les fournitures de matériels devant être fabriqués
sur commande ou pour services spécialisés. Il est obligatoire pour les marchés de
prestations intellectuelles.
- l’appel d’offres est avec concours, lorsque des motifs d’ordre technique,
esthétique ou financier, justifient des recherches particulières (article 79 du CMP).
L’appel d’offres avec concours porte entre autres sur la conception d’un projet
architectural ou artistique (article 80 alinéa 1 du CMP). Le concours s’effectue sur
la base d’un programme établi par le MO qui indique les besoins auxquels doit
répondre la prestation et fixe, le cas échéant, le maximum de dépenses prévues
pour l’exécution du projet. Les projets sont examinés par un jury dont les membres
justifient de toutes les compétences artistiques et techniques nécessaires pour
évaluer dans les meilleures conditions le projet soumis au concours. Les critères
d’évaluation du concours doivent privilégier la qualité du projet soumis au
concours et non les références du concepteur et doivent tenir compte du coût
estimatif prévisionnel du projet.
- l’appel d’offres est à deux étapes, lorsque le MO souhaite baser son
choix du cocontractant sur les critères de performance, de contrainte
d’exploitation et de coût économique (article 83 alinéa 1 du CMP). Il est soumis à
l’autorisation préalable du Ministre chargé des MP lors de la programmation des
marchés. La procédure est fixée par l’article 84 du CMP.

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b – Les étapes de la procédure d’appel d’offres

La procédure de l’appel d’offres comporte diverses étapes. Il est difficile et


même fastidieux de les passer toutes en revue. L’on va s’en tenir aux plus
importantes.

- confection du DAO

Le DAO , élaboré selon le modèle type conçu par l’organisme chargé de la


régulation des MP et mis en vigueur par l’Autorité chargée des MP comprend aux
termes de l’article 85 alinéa 1 du CMP : l’avis d’appel d’offres rédigé en français
et en anglais, le règlement général de l’appel d’offres, le règlement particulier de
l’appel d’offres, le cahier des clauses administratives particulières, le cahier des
clauses techniques particulières pour les marchés de travaux, les termes de
référence pour les marchés de prestations intellectuelles, etc.

- examen et adoption du DAO

Après la confection du DAO, celui-ci est transmis à la CPM compétente


pour examen et adoption.
Selon l’article 9 du CMP, « les Commissions de Passation des Marchés
examinent et émettent un avis technique sur les projets de DAO… préparés
par les MO et les MOD ».

Les DAO assortis des observations de la CPM compétente sont remis au


MO ou au MOD qui en tient compte avant la publication de l’avis d’appel d’offres,
le lancement des consultations et la remise des offres.

- publication de l’avis d’appel d’offres, lancement des consultations


et remise des offres

* la publication de l’avis d’offres

Selon l’article 86 du CMP, l’avis d’appel d’offres doit mentionner


notamment : la référence de l’appel d’offres, le financement, le montant de
l’enveloppe budgétaire, le type d’appel d’offres, le ou les lieux où l’on peut
consulter le DAO, les conditions d’acquisition du DAO, le lieu, la date et les
heures limites de dépôt et d’ouverture des offres, le montant de la caution de
soumission, les conditions de rejet des offres, les principaux critères de

17
qualification des soumissionnaires ou d’évaluation des offres, etc. L’avis d’appel
d’offres ainsi constitué est publié dans le journal des MP de l’organisme chargé de
la régulation des MP qui dispose de 24 heures à compter de sa réception pour le
publier (article 88 alinéa 1 du CMP). Les publications par les autres moyens tels
que le communiqué radio, la presse disponible en kiosque, la presse spécialisée ou
les voies d’affichage ne pourront être utilisées qu’en sus. Le président de la CPM
concerné reçoit du MO ou du MOD une copie de l’avis d’offres dans un délai de
72 heures à compter de sa signature.

* le lancement des consultations

Après publication de l’avis d’appel d’offres sur proposition de la CMP


compétente, le MO procède au lancement de la consultation du DAO.

* la remise des offres

Sous réserve des dispositions de l’article 52 du CMP relatives aux personnes


physiques ou morales qui ne peuvent postuler à la commande publique, tout
soumissionnaire est tenu de produire en accompagnement de son offre, les pièces
suivantes notamment : les documents fournissant les renseignements sur son
identification, sa localisation et la preuve qu’il est en activité, la copie de l’acte
donnant pouvoir d’engager la société, l’attestation de non faillite délivrée par une
autorité compétente, l’attestation délivrée par l’organisme de la régulation des MP
certifiant que le soumissionnaire n’est frappé d’aucune interdiction ou déchéance
prévue par la loi, le cautionnement de soumission, le quitus des autorités
compétentes pour l’acquittement des impôts, taxes, droits, contributions,
cotisations, redevances ou prélèvement de quelque nature que ce soit, le quitus
social délivré par l’administration en charge de la prévoyance sociale, etc. Les
délais accordés aux soumissionnaires pour la remise des offres varient entre 25 et
50 jours ouvrables à compter de la publication de l’avis d’appel d’offres dans un
journal des MP de l’organisme de régulation des MP (article 89 alinéa 1 du CMP).
Ce délai peut être ramené à 20 jours ouvrables pour les prestations de moindre
envergure, en cas d’urgence manifeste ou pour les demandes de cotation et porté à
90 jours pour les appels d’offres internationaux ou pour les projets complexes ou
de grande envergure.

18
- réception et dépouillement des offres

* la réception des offres

Les offres administrative, technique et financière doivent être placées dans


des enveloppes différentes séparées et remises sous pli scellé portant le numéro et
l’objet de l’appel d’offres. Ils sont adressés au MO et ne doivent donner aucune
indication sur l’identité du soumissionnaire. Les plis contenant les offres doivent
être déposés contre récépissé au lieu indiqué dans l’avis d’appel d’offres. Les plis
parvenus postérieurement aux dates et heures limites de dépôt sont irrecevables. A
leur réception, ils sont enregistrés dans l’ordre d’arrivée sur un registre spécial
édicté par l’organe de la régulation des MP et doivent rester scellés jusqu’au
moment de leur dépouillement.

* le dépouillement des offres

L’ouverture de la séance de dépouillement doit se faire au plus tard une


heure après l’heure limite de réception des offres fixée dans le DAO (article 91
alinéa 5 du CMP). Le président de la CMP compétente doit au préalable s’assurer
auprès des participants que les offres sont parvenues dans les délais réglementaires
et qu’elles sont fermées et cachetées. Il procède alors à leur ouverture, vérifie
sommairement les pièces administratives produites par les soumissionnaires et
paraphe les originaux des offres et les pièces administratives.
La séance de dépouillement des offres n’est pas publique. Cependant, les
soumissionnaires peuvent être invités à y prendre part ou à se faire représenter (un
représentant par soumissionnaire).
L’ouverture des plis donne lieu à un procès-verbal séance tenante
mentionnant la recevabilité des offres, leur régularité administrative, leurs prix,
leurs rabats et leurs délais. Une copie dudit PV à laquelle est annexée la feuille de
présence signée par tous les participants est remise à chaque soumissionnaire à sa
demande. Le président de la CPM veille à la conservation de l’original de toutes
les offres reçues. Il certifie une copie des offres des soumissionnaires qui seront
mises à la disposition de l’organe de la régulation des MP à la fin de la séance de
dépouillement. A l’issue du dépouillement, toutes les offres y compris celles
rejetées sont confiées à une sous-commission mise en place par le président de la
CPM pour évaluation.

19
- évaluation des offres

Le délai d’évaluation des offres par la sous-commission d’analyse ne doit


pas excéder 10 jours ouvrables pour les projets de moindre envergure et lorsque
l’ouverture des offres se fait en un temps ou de 15 jours ouvrables lorsque cette
ouverture s’effectue en deux temps. Pour les projets complexes et de grande
envergure, ce délai peut être porté à 20 jours ouvrables (article 94 alinéa 1 du
CMP).
La sous-commission d’analyse détermine au préalable si les
soumissionnaires sont éligibles et si leur offre est complète et substantiellement
conforme aux prescriptions du DAO. Elle procède ensuite à une évaluation
détaillée des offres jugées conformes et qui répondent à toutes les stipulations et
conditions du dossier de consultation, en appliquant exclusivement les critères
portés à la connaissance des soumissionnaires dans le DAO (article 95 alinéa 2 du
CMP). Le président de la CPM peut, sur proposition de la sous-commission
d’analyse, demander aux soumissionnaires des éclaircissements sur les offres dans
un délai n’excédant pas 7 jours ouvrables.
La sous-commission d’analyse établit au terme de ses travaux, un rapport
d’analyse qu’elle soumet à la CPM (article 98 alinéa 1 du CMP). Ce rapport fait
l’objet d’un document unique, paraphé et signé de tous les membres. En cas de
divergence, les membres non signataires du rapport d’analyse sont tenus
d’exprimer leur opinion par note écrite adressée au président de la CPM avec copie
au MO ou au MOD. Le président de la CPM s’assure que ladite note est annexée
au rapport d’analyse validé (article 98 alinéa 3 du CMP). Ce rapport est présenté à
la CPM par le président de la sous-commission ou le cas échéant, par un membre
dûment mandaté par lui.

- attribution du marché et publication des résultats

Selon l’article 99 du CMP, « sous réserve du respect des conditions de


conformité des offres :

a- l’attribution des marchés de travaux, de fournitures et de services


quantifiables se fait au soumissionnaire ayant présenté une offre remplissant les
critères de qualification technique et financière requises et dont l’offre est évaluée
la moins-disante ;
b- l’attribution des marchés de services non quantifiables y compris les
prestations intellectuelles, et des marchés passés à la suite d’un appel d’offres avec

20
concours se fait au soumissionnaire présentant l’offre évaluée la mieux-disante,
par combinaison des critères techniques, financiers et/ou esthétiques.
Pour les marchés de travaux de faible envergure, exécutables par les Très
Petites Entreprises et les PME nationales, les critères d’attribution doivent prendre
en compte, la performance antérieure du soumissionnaire pour les prestations
similaires (article 100 alinéa 2 du CMP).
Selon l’article 101 alinéa 1 du CMP, « toute attribution d’un marché est
matérialisée par une décision du MO ou du MOD… ». L’alinéa 2 du même article
poursuit en indiquant que : « Le MO ou le MOD dispose d’un délai de 5 jours
ouvrables pour la signature de la décision d’attribution et la publication des
résultats à compter de la date de réception de la proposition d’attribution finale de
la CPM compétente, sauf en cas de suspension de la procédure ». Les
soumissionnaires non retenus sont invités à retirer leurs offres dans un délai de 15
jours. Passé ce délai, elles peuvent être détruites sans qu’il y ait lieu à réclamation
(article 101 alinéa 5 du CMP).

- souscription, signature, notification et enregistrement du marché

L’attributaire du marché est invité à se rapprocher du MO ou du MOD


pour la finalisation de son contrat. Il ne s’agit point d’une négociation des termes
du marché, mais d’une souscription des termes du projet de marché. Il dispose
d’un délai de 15 jours ouvrables à compter de la date de signature de la décision
d’attribution du marché pour souscrire le marché ou la lettre commande. Passé ce
délai, le MO ou le MOD se réserve le droit d’annuler la décision d’attribution du
marché après mise en demeure de l’attributaire restée sans suite. Dans ce cas, la
caution de soumission est saisie et ledit marché est attribué au candidat classé en
seconde position (article 101 alinéa 4 du CMP).
Une fois le marché souscrit, il est signé du MO ou du MOD dans un délai
de 5 jours ouvrables à compter de la date de souscription par l’attributaire du projet
de marché (article 10 alinéa 1 du CMP).
L’attributaire du marché est notifié dans un délai maximum de 72 heures à
compter de la signature du marché et procède à son enregistrement suivant la
règlementation en vigueur. Les prestations peuvent alors démarrer. Le délai
contractuel commence.

2 – Le mode simplifié : la demande de cotation

Régie par le CMP du 20 juin 2018, la demande de cotation a un champ


d’application et obéit à une procédure simplifiée.

21
a – Le champ d’application de la demande de cotation

La demande de cotation est une procédure simplifiée de consultation


d’entreprises ou d’organismes de la Société Civile pour la passation de certaines
lettres-commandes ne nécessitant pas la proposition par le soumissionnaire d’une
méthodologique d’exécution et dont la vérification de la conformité aux
spécifications techniques ne requiert pas une évaluation en sous-commission
d’analyse (article 112 alinéa 1 du CMP).
D’après l’article 122 alinéa 2 du CMP, « Les prestations pouvant faire
l’objet de la demande de cotation portent notamment sur :
- les fournitures, consommables, matériels divers ;
- le mobilier ;
- l’outillage et le petit équipement ;
- les matériels informatiques ;
- le matériel roulant léger ;
- l’entretien courant des édifices publics et des petits ouvrages ;
- les travaux de cantonnage routier notamment, le débroussaillage, le
désherbage, le curage des ouvrages et caniveaux et l’enlèvement des ordures ;
- le traitement des points critiques des routes en terre ou revêtues ;
- la fabrication et/ou la pose des pavés dans le cadre des travaux à Haute
Intensité de Main d’œuvre et ;
- les services quantifiables dont ceux de gardiennage, d’entretien des
espaces verts ».

b - La procédure simplifiée de la demande de cotation

Elle est prévue à l’article 113 du CMP et s’effectue par voie d’appel d’offres
ouvert.
Les demandes de cotation sont préparées par le MO sur la base des
documents types élaborés par l’organisme de la régulation des MP. La consultation
est ouverte aux prestataires exerçant dans le secteur concerné et répondant aux
critères de qualification indiqués dans le dossier de demande de cotation. Les
offres faisant parties des demandes de cotation sont reçues par le MO après
publication de l’avis de consultation dans les mêmes conditions que celles de
l’appel d’offres ouvert (article 75 alinéa 2 du CMP). Elles sont soumises à la CPM
compétente pour dépouillement, vérification de la conformité des spécifications
techniques. La CPM compétente propose l’attribution du marché au
soumissionnaire dont l’offre est entièrement conforme aux exigences

22
administratives et aux prescriptions du descriptif technique et est la moins-
disante. Les offres de prix sont étables sur la base du descriptif technique et du
bordereau quantitatif prescrit par le MO. Le MO décide de l’attribution du marché
et publie les résultats dans les formes prévues à l’article 102 du CMP. Une copie
de la décision d’attribution est transmise par le MO à l’organisme chargé de la
régulation des MP.

B - Les procédures de passation des marchés publics


à concurrence limitée

Des considérations tenant à l’objet du marché, à son montant ou à la nature


des besoins de l’Administration peuvent motiver l’application des règles
spécifiques qui dérogent plus ou moins aux procédures normales de concurrence :
ce sont le marché de gré à gré et les marchés spéciaux.

1 - Le marché de gré à gré

Un marché est dit de gré à gré lorsqu’il est passé sans appel d’offres après
autorisation de l’Autorité chargée des MP (article 108 du CMP). C’est un marché
encore appelé « marché négocié ». En d’autres termes, l’expression « marché de
gré à gré » désigne les cas exceptionnels dans lesquels l’administration est
autorisée à s’affranchir du respect des procédures d’appel public à la concurrence.

Le CMP de 2018 énumère les hypothèses de recours aux marchés de gré à


gré et fixe la procédure de passation desdits marchés.

a - les hypothèses de recours aux marchés de gré à gré

Quatre grandes catégories de marchés de gré à gré apparaissent dans la


liste limitative de l’article 109 du CMP :
- les besoins ne pouvant être satisfaits que par une prestation nécessitant
l’emploi d’un brevet d’invention, d’un procédé, d’un savoir-faire, d’une licence ou de
droits exclusifs détenus par un seul entrepreneur, un seul prestataire ou un seul
fournisseur ;
- le remplacement, en cas d’urgence, d’entrepreneurs ou de fournisseurs
défaillants ;
- les travaux, fournitures ou services et prestations intellectuelles qui, dans
le cas d’urgence impérieuse motivée par un cas de force majeure, ne peuvent subir
les délais d’une procédure d’appel d’offres ;

23
- les fournitures, services ou travaux qui complètent ceux ayant fait l’objet
d’un premier marché exécuté par le même titulaire, à la condition que le marché
initial ait été passé selon la procédure d’appel d’offres et que le marché
complémentaire qui en découle ne porte que sur des fournitures, services ou
travaux qui ne figurent pas dans le marché initial conclu mais qui sont rendus
nécessaires, à la suite d’une circonstance imprévue et extérieure aux parties, et que
ces fournitures, services ou travaux ne peuvent être techniquement ou
économiquement séparés du marché initial.

b - la procédure de passation des marchés de gré à gré

Elle est décrite aux articles 110 et 111 du CMP. Le MO ou le MOD sollicite
de l’Autorité chargée des MP, l’autorisation préalable de passer le marché selon la
procédure de gré à gré. Sa demande doit être motivée. L’Autorité chargée des MP
examine la demande et notifie sa réponse.
En cas d’accord, le MO ou le MOD procède à la consultation directe, sans
obligation de publicité, d’au moins 3 sociétés, sauf dans les cas de la première et de
la quatrième hypothèses de recours aux marchés de gré à gré de l’article 109 du
CMP.
Les dossiers de consultation, les offres des soumissionnaires ainsi que
l’autorisation de gré à gré sont soumis à la CPM pour examen. Celle-ci dispose d’un
délai de 7 jours ouvrables pour formuler sa proposition d’attribution. Pour les
marchés ne relevant pas de la compétence de la Commission Centrale de Contrôle
des Marchés, le MO ou le MOD attribue le marché. Pour les marchés de la troisième
hypothèse de recours aux marchés de gré à gré de l’article 109 du CMP, le MO ou le
MOD attribue directement le marché dès que l’autorisation de l’Autorité chargée des
MP est donnée. Pour les marchés autres que ceux ne relevant pas de la compétence
de la Commission Centrale de Contrôle des Marchés, le MO ou le MOD transmet le
dossier de consultation, l’offre de l’attributaire à Commission Centrale de Contrôle
des Marchés compétente pour avis. Cette commission dispose d’un délai de 7 jours
ouvrables pour émettre son avis.
A compter de l’obtention de l’autorisation préalable de l’Autorité chargée des
MP, le MO ou le MOD dispose d’un délai de 30 jours ouvrables pour les cas de la
première et de la quatrième hypothèses de recours aux marchés de gré à gré de
l’article 109 du CMP et de 45 jours ouvrables pour les cas de la deuxième et la
troisième hypothèses de recours aux marchés de gré à gré de l’article 109 du CMP
pour signer et notifier le marché correspondant à l’attributaire, sous peine de
forclusion de l’autorisation de gré à gré.

24
Le candidat retenu doit impérativement fournir un dossier administratif avant
l’attribution définitive du marché.

2 - Les marchés spéciaux

Ce sont des marchés faisant l’objet de l’article 71 du CMP. Cependant les


dispositions dudit Code ne leur sont pas applicables conformément à l’article 4
alinéa 3-e.
Les marchés spéciaux sont des marchés qui ne répondent pas, pour tout ou
partie, aux dispositions relatives aux marchés sur appel d’offres ou aux marchés de
gré à gré. Ils comprennent essentiellement les marchés relatifs à la défense
nationale, à la sécurité et aux intérêts stratégiques de l’Etat.
Ces marchés concernent les acquisitions des équipements, de fournitures
ou de prestations directement liées à la défense nationale, à la sécurité et les
marchés pour lesquels les intérêts stratégiques de l’Etat sont en jeu. Ils comportent
des clauses secrètes pour des raisons de sécurité et d’intérêts stratégiques de l’Etat,
et échappent de ce fait à l’examen de toute CPM prévue par le CMP et aux règles
procédurales d’appel public à la concurrence.
Les marchés spéciaux sont passés après autorisation préalable du PR.

Paragraphe II – Les procédures dématérialisées de passation des MP

Le 5 janvier 2018, le PM a signé deux importants décrets qui apportent de


profondes innovations dans les procédures de passation des MP notamment la
dématérialisation des procédures. Elle ne supprime pas la procédure manuelle de
passation des MP. Les deux types de procédures vont cohabiter jusqu’à la mise en
place effective d’un système électronique ou dématérialisé susceptible d’être utilisé
à titre définitif.
En effet, conformément à l’article 122 alinéa 1 du CMP, les procédures de
passation des marchés peuvent faire l’objet d’une dématérialisation par l’utilisation
des moyens électroniques. Le recours à la procédure de dématérialisation ou par
voie électronique doit obéir entre autres :
- à l’utilisation d’un système d’échange adéquat assurant l’intégrité, la
confidentialité et l’authenticité des informations ;
- à un système de signature électronique.

Les modalités de mise en œuvre de la procédure de dématérialisation font


faire l’objet d’un texte particulier de l’Autorité en charge des MP (article 122
alinéa 3 du CMP).

25
CHAPITRE II – L’EXECUTION DES MARCHES PUBLICS

L’exécution d’un marché public mobilise une pluralité d’organes (section


II) et obéit à un régime financier (section III). Cependant, dans l’optique de mener
à bon port l’exécution du marché, des formalités doivent être observées (section I).

SECTION I – LES FORMALITES D’EXECUTION DU MARCHE PUBLIC

La bonne exécution du MP passe par le respect d’un certain nombre de


formalités avant (paragraphe I) et pendant (paragraphe II) l’exécution du marché.

Paragraphe I – Les formalités avant l’exécution du marché public

D’une part, tout marché fait l’objet d’un document unique rédigé recto. Les
MP et leurs avenants sont notifiés par le MO ou le MOD (article 123 alinéa 2 du
CMP). Les avenants sont des actes contractuels modifiant et complétant certaines
clauses du marché initial ou de base pour l’adapter à des événements survenus
après sa signature.
D’autre part, tout marché public doit être notifié avant tout commencement
d’exécution. Il est par conséquent irrecevable toute réclamation portant sur les
prestations exécutées avant la notification du marché. Dès la notification du
marché au titulaire, le MO ou le MOD dispose d’un délai de 15 jours calendaires
pour délivrer l’ordre de service de démarrage des prestations (article 123 alinéa 5
du CMP). Une copie de l’ordre de service de démarrage est transmise par le MO
ou le MOD à l’organisme en charge de le régulation des MP et au Ministre chargé
des MP dans un délai de 7 jours calendaires à compter de sa notification

Paragraphe II – Les formalités pendant l’exécution du marché

Elles se rapportent aux obligations comptables des contractants du marché,


c’est-à-dire le cocontractant de l’Administration (A) et la personne publique
contractante (B).

A – Les obligations comptables du cocontractant de l’Administration

Le cocontractant de l’Administration est tenu d’ouvrir et de tenir à jour :

26
- un document comptable spécifique au marché faisant ressortir les
différentes sources de financement, les états des sommes facturées et des sommes
réglées, ainsi que la ou les sources de financement ;
- un état des déclarations fiscales et douanières relatives au marché ;

S’ils sont bien tenus, tous ces documents permettent aux organes de contrôle
habilités de procéder à la vérification de la comptabilité jusqu’à un délai de 3 ans à
compter de la date de réception définitive des prestations ou de celle de la dernière
livraison relative au marché concerné (article 126 alinéa 2 du CMP).

Aussi, la comptabilité du cocontractant de l’Administration doit retracer les


opérations se rapportant au marché de la manière suivante :

- les dépenses afférentes aux approvisionnements, à l’acquisition de


matériaux, matières premières ou d’objets fabriqués destinés à entrer dans la
composition du marché :
- les frais relatifs à la main d’œuvre exclusivement employée, ainsi que
toutes autres charges ou dépenses individualisées ;
- le bordereau des quantités exécutées ou des fournitures livrées ;
- la facturation des prestations.

B– Les obligations comptables de la personne publique contractante

Ce sont des obligations comptables des MO ou des MOD. Au sens de


l’article 128 du CMP, ils sont tenus de maintenir une comptabilité à jour sur les
marchés, comptabilité établie selon les normes généralement admises au
Cameroun. Cette comptabilité, basée sur des pièces justificatives probantes, doit
clairement indiquer entre autres :

- les engagements prévus par marché au cours de l’exercice ou les budgets


correspondants ;
- les sources de financement ;
- les marchés passés au cours de l’exercice ;
- les factures reçues et validées ;
- les montants réglés.

27
SECTION II - LES ORGANES D’EXECUTION DU MARCHE PUBLIC

Il faut distinguer entre les personnes en charge même de l’exécution des


prestations du marché (paragraphe I) et celles de suivi de l’exécution du marché
(paragraphe II).

Paragraphe I - Les personnes en charge même de l’exécution des prestations


du marché

Elles sont pour l’essentiel le cocontractant de l’Administration (A) et, le


cas échéant, le sous-traitant (B).

A - Le cocontractant de l’Administration

C’est l’attributaire ou encore le titulaire du marché. Tout marché public


doit être conclu avec lui avant tout commencement d’exécution.
En effet, le cocontractant de l’Administration, c’est toute personne
physique ou morale partie au contrat en charge de l’exécution des prestations
prévues dans le marché (article 5-l du CMP). Il s’agit de l’entrepreneur, du
fournisseur de biens ou du prestataire de services. Il est le responsable principal de
l’exécution des prestations, objets du marché.

B - Le sous-traitant

La sous-traitance est régie par les articles 131 à 134 du CMP. Tout marché
public peut faire l’objet de sous-traitance ou donner lieu à des sous-commandes
suivant des modalités fixées par le CMP et les cahiers des clauses administratives
générales. Un tel marché s’entend comme un contrat par lequel le titulaire du
marché cède à des tiers l’exécution d’une partie de celui-ci.
Le sous-traitant est alors toute personne physique ou morale proposée par
le cocontractant de l’Administration et agréée par le chef de service du marché
pour exécuter une partie du marché. Il doit satisfaire aux conditions administratives
et techniques stipulées dans le marché. Tout recours à la sous-traitance ou donnant
lieu à des sous-commandes est subordonné à l’autorisation préalable du MO ou du
MOD, le cocontractant demeurant responsable du marché.
Le pourcentage des prestations susceptibles d’être sous-traitées dans le
cadre d’un marché est fixé par le cahier des clauses administratives générales. Les
prestations objet de sous-traitance doivent prioritairement être accordées aux
Petites Entreprises nationales dont 51% au moins du capital est détenu par les

28
nationaux, et en cas d’insuffisance ou de carence, aux PME et Grandes Entreprises
dont 33% au moins du capital est détenu par les nationaux.

Un texte particulier de l’Autorité chargée des MP précise par domaine, la


liste des prestations susceptibles de faire l’objet de sous-traitance.

Paragraphe II - Les personnes en charge du suivi de l’exécution des


prestations du marché

Elles sont en même temps des organes du contrôle des MP. Selon l’article 43
du CMP, le suivi de l’exécution des MP est assuré par le MO ou le MOD à travers
le chef de service du marché (A), l’ingénieur du marché (B), le maître d’œuvre (C)
et éventuellement le comptable assignataire (D).

A - Le chef de service du marché

C’est une personne physique de droit public accréditée par le MO ou le


MOD pour une assistance générale à caractère administratif, financier et technique
aux stades de la définition, de l’élaboration, de l’exécution et de la réception des
prestations, objets du marché. Responsable de la direction générale de l’exécution
des prestations, il arrête toutes les dispositions technico-financières et représente le
MO ou le MOD auprès des instances compétentes de règlement des litiges (articles
5-i et 44 alinéa 2 du CMP).
Les Délégués Régionaux et Départementaux des administrations publiques
assurent la fonction de Chef de service des marchés pour lesquels ils sont les
MOD.
B - L’ingénieur du marché

Il est une personne physique ou morale de droit public accréditée par le MO


ou le MOD pour le suivi et le contrôle technique et financier de l’exécution du
marché. Responsable du suivi technique et financier, il apprécie, décide et donne
toutes les instructions n’entraînant aucune incidence financière. Il rend compte au
chef de service du marché (articles 5-p et 45 alinéa 1 du CMP).

C - Le maître d’œuvre

Personne physique ou morale de droit public ou privé, il est chargé par le


MO ou le MOD d’assurer la défense de ses aux stades de la définition, de
l’élaboration, de l’exécution et de la réception des prestations objets du marché

29
(article 5-r). Il est chargé de la direction et du contrôle permanent de l’exécution
des prestations (article 46 alinéa 2 du CMP).

D - Le comptable assignataire

Dans le processus de suivi d’exécution des MP, le comptable assignataire


est toute personne qui assure le paiement des prestations ordonnancées, objet du
marché. Les dépenses doivent être régulièrement liquidées et mandatées. En outre,
il archive les pièces justificatives des dépenses effectuées.

SECTION III - LE REGIME FINANCIER D’EXECUTION DU MARCHE


PUBLIC

L’exécution des marchés publics fait l’objet de garanties financières


exigées du titulaire du marché (paragraphe I) et obéit à des modalités financières
(paragraphe II).

Paragraphe I - Les garanties financières exigées du titulaire du marché

Les garanties financières exigées du titulaire du marchés ont pour finalité


de s’assurer que les travaux seront complètement exécutés et selon les qualités
techniques requises. Elles prennent différentes formes (A) avec possibilité de
dispense (B).

A – Les formes de garanties financières exigées du titulaire du marché

Sous réserve des dispositions de l’article 143 du CMP relatives à la police


d’assurance couvrant les risques liés à l’exécution des prestations, objets du
marché, tout titulaire d’un marché est tenu de fournir deux formes de garanties, à
savoir : un cautionnement désigné « cautionnement définitif » et un cautionnement
désigné « cautionnement de bonne exécution ».

1 – Le cautionnement définitif

Selon l’article 137-a du CMP, le cautionnement désigné


« cautionnement définitif » garantit l’exécution intégrale des prestations».
Le cautionnement définitif ne saurait être inférieur à 2 % et supérieur à 5
% du montant initial du marché, augmenté le cas échéant, du montant des
avenants. Il doit être constitué dans les 20 jours calendaires qui suivent la

30
notification du marché et, en tout cas, avant le premier paiement. (article 139
alinéa 1 du CMP). Sa durée de validité doit couvrir les délais d’exécution des
prestations jusqu’à la réception provisoire.
Lorsque le cocontractant de l’Administration a rempli ses obligations
contractuelles, le cautionnement définitif est restitué consécutivement à une
mainlevée délivrée par le MO ou le MOD à compter de la réception définitive des
travaux, fournitures ou services, lorsque le marché ne comporte pas un délai de
garantie, ou alors à compter de la réception provisoire lorsque le marché comporte
un tel délai.(article 141 alinéa 1-a du CMP). A l’expiration d’un délai de 30 jours
calendaires, l’organisme compétent est tenu de restituer le cautionnement sur
simple demande du cocontractant de l’Administration.

2 – Le cautionnement de bonne exécution ou retenue de garantie

Au sens de l’article 137-b du CMP, l’attributaire du marché doit fournir :


« Un cautionnement garantissant le cas échéant la bonne exécution du marché
et le recouvrement des sommes dont il serait reconnu débiteur au titre du
marché, en remplacement de la retenue de garantie à prélever sur les
acomptes du cocontractant de l’Administration, ci-après désigné
cautionnement de bonne exécution ».

La retenue de garantie est prélevée ou le cautionnement de bonne exécution


constitué lorsque le marché est assorti d’une période de garantie ou d’entretien et
ne peut être supérieure à 10% du montant initial du marché, augmenté le cas
échéant, du montant des avenants. La durée de validité de la retenue de garantie
doit couvrir la période de garantie ou d’entretien indiquée dans le marché jusqu’à
la réception définitive.
Lorsque le cocontractant de l’Administration a rempli ses obligations
contractuelles, la retenue de garantie est libérée ou le cautionnement de bonne
exécution restitué consécutivement à une mainlevée délivrée par le MO ou le
MOD à compter de la réception définitive des travaux, fournitures ou services,
intervenue après expiration du délai de garantie (article 141 alinéa 2 du CMP). A
l’expiration d’un délai de 30 jours calendaires, l’organisme compétent est tenu de
libérer la retenue de garantie sur simple demande du cocontractant de
l’Administration.

31
B – La dispense de garanties financières de bonne exécution

S’il est expressément prévu par les textes que les petites et moyennes
entreprises à capitaux et dirigeants nationaux ainsi que les organisations de la
société civile peuvent produire à la place du cautionnement, soit un chèque certifié,
soit un chèque de banque, soit une hypothèque légale, soit une caution d’un
établissement bancaire ou d’un organisme financier agrée (article 140 alinéa 3 du
CMP), ces mêmes textes organisent les possibilités de dispense des garanties
financières exigées du titulaire du marché public.
Ainsi, les titulaires d’une lettre-commande peuvent être dispensés de
l’obligation de fournir les cautionnements prévus à l’article 137 du CMP. La lettre-
commande est un marché dont le montant est au moins égal à 5 millions de francs
CFA et inferieur à 50 millions de franc CFA. De même, la retenue de garantie ou
le cautionnement de bonne exécution n’est pas exigée pour les marchés de
prestations intellectuelles (article 138 alinéa 3 du CMP).

Paragraphe II – Les modalités financières d’exécution du marché

Le marché est conclu à un prix déterminé. Ce prix a ses caractéristiques (A)


et modes de règlement (B).

A - Les caractéristiques du prix du marché

Au regard de l’article 144 alinéa 1 du CMP, « le prix du marché


rémunère le cocontractant de l’Administration ». Ce prix comporte des
éléments et peut être ferme ou révisable.

1 – Les éléments du prix du marché

Les prestations faisant l’objet du marché sont réglées, soit par des prix
forfaitaires appliqués à tout ou partie du marché quelles que soient les quantités,
soit par des prix unitaires appliqués aux quantités réellement exécutées :

- est prix forfaitaire, tout prix qui rémunère le titulaire du marché pour un
ensemble de prestations tel que défini dans le marché. La fixation d’un prix
forfaitaire est imposée dès lors que les prestations sont bien définies au moment de
la conclusion du marché ;
- est prix unitaire, tout prix qui correspond aux prestations effectivement
fournies par le cocontractant de l’Administration.

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2 - Le prix ferme ou révisable du marché

Qu’il soit forfaitaire ou unitaire, le prix du marché est ferme ou révisable.

- le prix ferme, c’est le prix qui ne peut être modifié en raison de mutations
économiques prévisibles pendant la période d’exécution des prestations (article
145 alinéa 1 du CMP).
- le prix révisable contrairement au prix ferme, est celui qui peut être modifié
en raison des mutations économiques. Tout marché dont la durée d’exécution est
au plus égale à un an ne peut faire l’objet de révision de prix (article 146 alinéa 2
du CMP). L’introduction d’une clause de révision des prix n’est pas systématique.
Le marché doit prévoir la modification du prix initial au fur et à mesure de son
exécution.
B – Les modes de règlement du prix du marché

Tout règlement du prix du MP intervient par transfert sur un compte


domicilié dans un établissement bancaire ou un organisme financier de droit
camerounais agrée de premier rang. Toute modification de domiciliation bancaire
ne peut être réalisée que par voie d’avenant (article 158 alinéa 1 du CMP).
Les sommes d’argent résultant de l’exécution d’un MP donnent lieu à des
versements. Mais un MP peut aussi être affecté en nantissement.

1 – Les versements résultant de l’exécution d’un marché public

Les opérations effectuées par le cocontractant de l’Administration et


susceptibles de donner lieu à versement d’avances, d’acomptes ou à paiement pour
solde, sont constatées par tout moyen laissant trace écrite ou, le cas échéant,
suivant les modalités prévues par le cahier des clauses administratives générales.

- les avances : lorsqu’elles sont expressément prévues dans le cahier des


clauses administratives particulières, des avances de démarrage ou pour
approvisionnements peuvent être accordées sur simple demande adressée au MO
ou au MOD au cocontractant de l’Administration en vue de la réalisation des
opérations nécessaires à l’exécution des prestations prévues dans le marché. Le
montant ne peut excéder 20% du prix initial TTC pour les marchés de travaux ou
de service et prestations intellectuelles et 40% pour les marchés de fournitures
(article 160 alinéa 1 du CMP). Ces taux sont calculés soit sur le montant initial du
marché, soit sur les montants correspondant à chacune des tranches pour les

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marchés à tranches. Tout paiement d’avance est subordonné entre autres au dépôt
sur le chantier ou annexe du chantier, de matériaux, matières premières ou objets
fabriqués destinés à l’exécution du marché.
Le remboursement de l’avance de démarrage est effectué par déduction sur
les sommes dues au titulaire pendant l’exécution du marché et suivant des
modalités définies dans ledit marché. Il commence lorsque le montant des
prestations exécutées au titre du marché et exprimé en prix de base, atteint ou
dépasse 40% du montant initial du marché et s’arrête lorsque ce taux de démarrage
atteint 80%. Il est à souligner que si le marché ne donne pas lieu à versement
d’acomptes (deuxième type de versement) et fait l’objet d’un seul règlement,
l’avance de démarrage est déduite en une seule fois du règlement unique. Dans le
cas contraire, les avances de démarrage sont remboursées par déduction sur les
sommes dues ultérieurement au titulaire du marché à titre d’acompte. Le versement
de l’avance intervient postérieurement à la mise en place des cautions exigibles.

- les acomptes : Sauf dérogation prévue dans le cahier des clauses


administratives particulières, le cocontractant de l’administration peut obtenir le
paiement d’acomptes périodiques (article 162 alinéa 1 du CMP). Il s’agit des
paiements partiels effectués en règlement de la fraction exécutée du marché.
Tout paiement d’acompte est subordonné à l’exécution des prestations
prévues dans le marché et réceptionnées par une commission conformément aux
articles 157 et 158 du CMP. Lorsque les prestations ont été exécutées par le sous-
traitant et les acomptes payés au titulaire du marché, ce dernier dispose d’un délai
de 30 jours ouvrables à compter de la réception des prestations pour effectuer le
paiement du sous-traitant (article 163 alinéa 1 du CMP).
Le montant d’un acompte ne doit excéder la valeur des prestations
auxquelles il se rapporte, déduction faite des avances remboursées et le cas
échéant, de la retenue de garantie. Cette valeur est appréciée en fonction des
dispositions prévues dans le marché. Les versements d’acomptes doivent intervenir
tous les mois ou à un rythme convenu d’accord parties entre le maître d’œuvre et le
représentant du MO. Ils interviennent dans un délai maximum de 90 jours
ouvrables à compter de la date de transmission au comptable compétent des
constatations ouvrant droit à paiement, c’est-à-dire l’exécution des prestations.
Lorsqu’il est imputable au MO, au MOD ou au comptable assignataire, la défaut
de paiement dans les délais fixés ouvre et fait courir de plein droit au bénéfice du
titulaire du marché, des intérêts moratoires calculés depuis le jour de l’expiration
desdits délais jusqu’au jour de la délivrance de l’avis dit « de règlement » du
comptable assignataire (cf. articles 166 à 169 du CMP).

34
Les acomptes peuvent s’échelonner pendant la durée d’exécution du
marché en fonction de phases techniques d’exécution définies dans le marché.
Dans ce cas, le marché fixe le montant de chaque acompte de manière forfaitaire
sous forme de pourcentage du montant initial du marché.
Le paiement d’acomptes ne vaut pas règlement des prestations ; le
bénéficiaire du marché reste débiteur jusqu’à paiement pour solde.

- le paiement pour solde : c’est le troisième type de versement. Il a un


caractère de paiement définitif. C’est la somme qui reste à payer au titulaire du
marché après déduction des avances et des acomptes.
Le paiement pour solde intervient après réception des prestations prévues
dans le marché. En effet, les prestations exécutées dans le cadre des MP font
systématiquement l’objet de réception par une commission dont la composition est
indiquée dans le cahier des clauses administratives particulières du marché et selon
les modalités définies par les cahiers de clauses administratives générales de
travaux, services et prestations intellectuelles (article 156 alinéa 1 du CMP). Dès
réception des prestations, le titulaire du marché n’a plus droit aux versements
d’avances et d’acomptes. Le paiement pour solde ou le règlement définitif marque
le transfert de propriété pour le compte de la personne publique contractante.

2 – l’affectation du marché public en nantissement

Les MP qui donnent lieu à des versements, peuvent être affectés en


nantissement. C’est une forme de gage sans dépossession du débiteur.
En effet, tout MP peut faire l’objet d’un financement par nantissement, sous
réserve de toute forme de cession de créance (article 150 alinéa 1 du CMP). Le
nantissement s’opère sous forme d’un acte synallagmatique entre le cocontractant
de l’Administration et un tiers appelé « créancier nanti ». Le créancier nanti notifie
par tout moyen laissant trace écrite ou fait signifier au MO ou au MO et au
comptable chargé du paiement, une copie certifiée conforme de l’original de l’acte
de nantissement. (article 150 alinéa 3 du CMP). A compter de la notification ou de
la signification de la copie de l’acte de nantissement et sauf empêchement de
payer, le comptable règle directement au créancier nanti le montant de la créance.

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TITRE II

LE CONTROLE ET LE CONTENTIEUX DES MARCHES


PUBLICS

Les prérogatives exorbitantes de droit commun dont dispose la personne


publique en matière contractuelle en général requièrent un contrôle dans le
domaine des MP en particulier (chapitre I). Ce contrôle n’exclut cependant pas des
cas de litiges qui peuvent naître dans le processus des MP donnant lieu au
contentieux (chapitre II).

CHAPITRE I – LE CONTROLE DES MARCHES PUBLICS

Il est exercé par divers organes (section I) et peut aboutir à des sanctions
(section II).

SECTION I - LES ORGANES DE CONTROLE DES MP

Ils se décomposent en trois catégories : les organes de contrôle rattachés


tour à tour à l’Autorité chargée des MP (paragraphe I), à l’Organisme de
Régulation des MP (paragraphe II) et aux autres corps de contrôle de l’Etat
(paragraphe III).

Paragraphe I – Les organes de contrôle rattachés à l’Autorité chargée des MP

L’évolution du système de contrôle des MP a tendu vers la création d’une


Autorité chargée des MP qui est le Ministre chargé des MP. Celui-ci organise et
veille au bon fonctionnement du système des marchés.
Il est placé auprès de lui des Commissions Centrales de Contrôle des
Marchés (CCCM). Ce sont des organes techniques chargés du contrôle a priori
des procédures de passation des MP (article 24 alinéa 1 du CMP). Elles sont
saisies par les MO ou les MOD en fonction de la nature des prestations et émettent
un avis sur les DAO, la procédure de passation des marchés, les propositions
d’attribution des marchés des CPM et les projets de marchés passés suivant la
procédure de gré à gré et les projets d’avenants éventuels.

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Les CCCM comprennent :

la CCCM des travaux routiers : elle est saisie pour les consultations pour
lesquelles le montant cumulé des lots est supérieur ou égal à 5 milliards de FCFA
ainsi que pour les marchés passés suivant la procédure de gré à gré du même seuil.
Elle est compétente pour les marchés se rapportant aux travaux routiers neufs, de
réhabilitation et d’entretien, des travaux de voirie et réseaux divers, des travaux de
construction d’ouvrage d’art classique, de fourniture de mobiliers et des
installations annexes directement ou indirectement rattachés audits travaux, etc
(article 27 alinéa 1 du CMP),
la CCCM des autres infrastructures : elle est saisie pour les consultations
pour lesquelles le montant cumulé des lots est supérieur ou égal à 1 milliard de
FCFA ainsi que pour les marchés passés suivant la procédure de gré à gré du
même seuil. Elle est compétente pour les marchés de construction d’ouvrages d’art
spéciaux (aéroports, ports, infrastructures ferroviaires…), de construction
hydraulique, d’électrification et de télécommunication, de fourniture de mobiliers
et des installations annexes directement ou indirectement rattachés audits travaux,
etc (article 28 alinéa 1 du CMP).
la CCCM des travaux de bâtiments et des équipements collectifs : elle
est saisie pour les consultations pour lesquelles le montant cumulé des lots est
supérieur ou égal à 500 millions de FCFA ainsi que pour les marchés passés
suivant la procédure de gré à gré du même seuil. Elle est compétente pour les
marchés concernant les travaux de construction ou de réhabilitation des bâtiments,
les travaux d’aménagement des places publiques, des espaces verts, des terrains de
sport et de loisirs, les travaux de maintenance, la fourniture de mobiliers et des
installations annexes directement ou indirectement rattachés audits travaux, etc
(article 29 alinéa 1 du CMP).
la CCCM des approvisionnements généraux : elle est saisie pour les
consultations pour lesquelles le montant cumulé des lots est supérieur ou égal à
250 millions de FCFA ainsi que pour les marchés passés suivant la procédure de
gré à gré du même seuil. Ce sont les marchés de fourniture du matériel de bureau,
de fourniture du livre, du matériel scolaire, pédagogique et didactique, de
fourniture des consommables, des équipements sanitaires et du matériel
biomédical, des intrants et les matières premières agricoles, etc (article 30 alinéa 1
du CMP).
la CCCM des services et prestations intellectuelles : elle est saisie pour
les consultations pour lesquelles le montant cumulé des lots est supérieur ou égal à
100 millions de FCFA ainsi que pour les marchés passés suivant la procédure de

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gré à gré du même seuil. Elle est compétente pour les marchés d’études, d’audits,
de consultations, d’enquêtes, de sondage, etc (article 31 alinéa 1).

Paragraphe II – Les organes de contrôle rattachés à l’organisme de la


régulation des MP

La régulation des MP est assurée par un organisme dédié à cet effet. Il est le
surveillant et le facilitateur du système des marchés (article 48 alinéa 2). Les
organes de contrôle des MP placés auprès de cet organisme sont principalement
l’observateur (A) et l’auditeur (B) indépendants.

A – L’observateur indépendant

Au sens de l’article 42 alinéa 1 du CMP, l’observateur indépendant est toute


personne physique ou morale recrutée par voie d’ appel d’offres par l’organisme
chargé de la régulation des MP afin de veiller au respect de la réglementation, aux
règles de transparence et aux principes d’équité dans le processus de passation des
MP. Il assiste aux séances des CPM et des sous-commissions d’analyse des offres
pour les marchés dont le montant cumulé des lots est supérieur ou égal à 50
millions de FCFA à l’effet :
- d’évaluer le processus en signalant à chaque étape les manquements au
respect de la règlementation, aux règles de la transparence et aux principes d’équité
et,
- de signaler les pratiques contraires à la bonne gouvernance dans le
processus de passation des MP, notamment dans les cas de trafic d’influence, de
conflit d’intérêt ou de délit d’initié.

L’observateur indépendant adresse à l’organisme chargé de la régulation des


MP, au MO et au Président de la CPM un rapport détaillé dans les 72 heures à
compter de la fin des travaux. Sur la base de ce rapport, l’Autorité chargée des MP
peut annuler l’attribution d’un marché effectué en violation de la réglementation ou
en marge des règles de transparence ou d’équité. (article 42 alinéa 6 du CMP).

B – L’auditeur indépendant

D’après l’article 151 alinéa 1-c du CMP, l’exécution des MP fait l’objet
d’un suivi et d’un contrôle par l’auditeur indépendant. Il s’agit de tout cabinet de
réputation établie recruté par l’organisme chargé de la régulation des MP en vue de
réaliser annuellement des audits a posteriori des MP. C’est le cas notamment du

38
cabinet « ERNST et YOUNG » qui a réalisé au Cameroun en novembre 1999
plusieurs audits sur le système des marchés publics.

Paragraphe III – Les autres corps de contrôle de l’Etat des MP

Ce sont des organes institutionnels tels le Contrôle Supérieur de l’Etat (A),


la Chambre des Comptes de la Cour Suprême (B), le Contrôleur Financier
Spécialisé (C) et le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière (D).

A – Le Contrôle Supérieur de l’Etat

C’est une structure qui relève de la compétence du chef de l’Etat. Elle est
investie d’une mission de contrôle de conformité et de régularité d’une part et de
contrôle financier et de performance d’autre part dans le processus des marchés
publics au Cameroun.

B – La Chambre des Comptes de la Cour Suprême

Elle contrôle les comptes ou les documents des comptables publics et inflige
des amendes à ceux qui ne présentent pas leurs comptes dans les délais prescrits

C – Le Contrôleur Financier Spécialisé

C’est un type de contrôle attaché à chaque établissement public à gestion


autonome. Le contrôleur financier vérifie les recettes et les dépenses publiques.

D – Le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière

Elle sanctionne les irrégularités et fautes de gestion commises par les


ordonnateurs et les gestionnaires de crédits de l’Etat, des CTD, des entreprises et
organismes du secteur public et parapublic.

SECTION II – LES SANCTIONS DANS LE DOMAINE DES MP

Tout porte à croire que le système des MP au Cameroun, au regard des


audits menés, brille par l’absence de sanctions rigoureuses aux infractions
constatées dans le domaine des MP. Fort heureusement, l’une des innovations du
Code révisé des MP du 20 juin 2018 concerne le durcissement des sanctions à
l’encontre des contrevenants.

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Les sanctions sont de diverses origines, à savoir les sanctions de violation
des procédures des MP (paragraphe I) et les sanctions touchant les acteurs des MP
(paragraphe II). Afin d’éviter ces sanctions, les principes d’éthique et de
transparence ont été renforcés (paragraphe III).

Paragraphe I – Les sanctions de violation des procédures des MP

L’organisme de régulation des MP conformément à la réglementation en


vigueur prend des actes de régulation visés à l’article 189 alinéa 1 du CMP (le
respect des procédures et des délais réglementaires, la prévention des
fractionnements des MP, l’observation des seuils de compétence des CPM, etc).
Tous ces actes doivent être pris en compte par leurs destinataires. Toute attribution
de marché effectuée en violation de ces actes ou en marge des règles de bonne
gouvernance, peut faire l’objet d’annulation par l’Autorité chargée des MP.

Paragraphe II – Les sanctions touchant les acteurs des MP

Il faut distinguer entre les sanctions applicables aux acteurs du secteur privé
(A) et du secteur public (B).

A – Les sanctions des acteurs du secteur privé

Sans préjudice des sanctions prévues par d’autres corps de contrôle de l’Etat
des MP, le cocontractant de l’Administration encourt les sanctions suivantes :

- la confiscation des garanties constituées par le contrevenant dans le cadre


des procédures d’appel d’offres incriminées ;
- l’exécution de la commande publique pour une durée déterminée en
fonction de la gravité de la faute commise ;
- le retrait du certificat de catégorisation (c’est la réservation de certains
marchés à une certaine catégorie d’entreprises).

Ces sanctions sont prononcées sur décision de l’Autorité des MP et après


consultation, le cas échéant, de l’organisme de la régulation des MP. Elles peuvent
être prononcées, et selon le cas, de façon cumulative.

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B – Les sanctions des acteurs du secteur public

Les sanctions sont prises par l’Autorité des MP et concernent l’interdiction


d’intervenir dans la passation et le suivi de l’exécution des MP pendant une
période n’excédant pas 2 ans. En cas de défaillance dans l’exercice de leurs
fonctions, les Présidents, membres, secrétaires, Experts des CPM et des sous-
commission d’analyse des offres, ainsi que les observateurs indépendants et autres
acteurs publics peuvent être exclus du système des MP pendant une période
n’excédant ans 2 ans (article 195 alinéas 1 et 2 du CMP).

Paragraphe III – Le renforcement des principes d’éthique et de transparence

Les agents relevant du secteur public, les soumissionnaires et les titulaires de


marché, ainsi que toute personne intervenant à quelque titre que ce soit dans la
chaîne de passation, d’exécution, de contrôle et de régulation des marchés, sont
soumis aux dispositions des lois et règlements interdisant les actes de corruption,
les manœuvres frauduleuses, les pratiques collusoires, coercitives ou obstructives,
les conflits d’intérêts, les délits d’initiés et les complicités (cf. les articles 196 à
200 du CMP).

41
CHAPITRE II – LE CONTENTIEUX DES MARCHES PUBLICS

Il englobe l’ensemble de litiges relatifs aux marchés publics. Ces litiges qui
se situent à différentes phases du processus des MP (section I) sont susceptibles de
divers modes de règlement (section II).

SECTION I - LES DIFFERENTES PHASES DU CONTENTIEUX DES MP

Les litiges concernent aussi bien la phase de passation (paragraphe I) que


celle d’exécution (paragraphe II) des MP.

Paragraphe I – Les litiges en phase de passation des MP

Il s’agit des recours des soumissionnaires (A), des désaccords entre la CPM
et le MO ou le MOD (B) et des désaccords entre la CCCM et le MO ou le MOD
(C).
A – Les recours des soumissionnaires

Tout soumissionnaire s’estimant lésé dans la procédure de passation des


MP peut introduire un recours en fonction de l’étape de la procédure, soit auprès
du MO ou du MOD, soit auprès du Comité d’Examen de Recours (article 170
alinéa 1 du CMP). Pour être recevable, tout recours doit préciser un fait ou un
manquement à l’encontre du CMP et à la réglementation relative à la passation des
marchés ou au dossier de consultation concerné. Les litiges peuvent être
décomposés en 5 phases :

- les litiges en phase de pré-qualification ;


- les litiges entre la publication de l’avis d’offres et l’ouverture des plis ;
- les litiges découlant de l’ouverture des plis ;
- les litiges entre la publication des résultats et la notification du marché ;
- les litiges à l’issue des la phase d’analyse des offres techniques lorsque
l’ouverture des offres se fait en deux temps.

Sous peine de forclusion, tout recours doit être timbré et formulé dans les
délais impartis. L’examen des recours peut entraîner la reprise ou l’annulation de la
procédure suivie.

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B - Les désaccords entre la CPM et le MO ou le MOD

Selon l’article 178 alinéa 1 du CMP, lorsque le MO ou le MOD


n’approuve pas la proposition de la CPM, il est tenu de lui demander un nouvel
examen du dossier en mentionnant ses réserves dans un délai de 03 jours
ouvrables, à compter de la date de réception de la proposition de la Commission
concernée.
Après réexamen, le Président de la CPM porte à la connaissance du MO
concerné les résultats de la nouvelle délibération. Si le désaccord persiste, le MO
ou le MOD saisit l’Autorité des MP qui peut demander l’avis de l’organisme de la
régulation des MP qui dispose dans ce cas d’un délai de 7 jours ouvrables pour le
lui donner. La notification du marché est subordonnée à la décision de l’Autorité
des MP.
C - Les désaccords entre la CCCM et le MO ou le MOD

En cas de désaccord entre la CCCM et le MO ou le MOD, ce dernier est tenu


de demander un nouvel examen du dossier par la CCCM en mentionnant ses
réserves dans un délai de 7 jours ouvrables à compter de la date de réception de la
notification des résultats de la délibération de la CCCM concernée.
Après réexamen, le Président de la CCCM notifie les résultats des travaux
au MO ou au MOD.
Si le désaccord persiste, le MO ou le MOD notifie sa décision finale à la
CCCM dans un délai de 5 jours calendaires à compter de la date de réception de la
notification de l’avis définitif de la CCCM. Passé ce délai, le Président de la
CCCM transmet le dossier à l’Autorité chargée des MP qui peut demander l’avis
de l’organisme chargé de la régulation des MP ; lequel dispose dans ce cas d’un
délai de 7 jours ouvrables pour le lui donner. La décision de l’Autorité des MP
s’impose aux deux parties (article 179 alinéa 6 du CMP).

Paragraphe II – Les litiges en phase d’exécution des MP

Ils ont essentiellement trait à la résiliation du marché (A) et aux requêtes des
cocontractants de l’Administration (B).

A – La résiliation du marché

Lorsque le cocontractant de l’Administration ne se conforme pas aux


stipulations du marché ou aux ordres de service s’y rapportant, le MO ou le MOD
le met en demeure de s’exécuter dans un délai qui ne peut être inferieur à 21 jours

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calendaires (article 180 alinéas 1 et 2 du CMP). Faute pour le cocontractant de
s’exécuter, le MO ou le MOD peut :

- Prescrire une régie totale ou partielle aux frais et risques dudit


cocontractant ;
- Ou prononcer la résiliation du marché aux torts, frais et risques dudit
cocontractant.

Les modalités de résiliation des MP et les effets de celle-ci sont précisés


dans le Cahier des Clauses Administratives Générales.

Selon l’article 182 du CMP, le marché est résilié de plein droit par le MO ou
le MOD dans l’un des cas suivants notamment :

- décès du titulaire du marché. Dans ce cas, le MO peut, s’il y a lieu,


autoriser que soient acceptées les propositions présentées par les ayant-droits pour
la continuation des prestations ;
- faillite du titulaire du marché. Dans ce cas, le MO peut accepter s’il y a
lieu, des propositions qui peuvent être présentées par les créanciers pour la
continuation des prestations ;
- liquidation judiciaire, si le cocontractant de l’Administration n’est pas
autorisé par le tribunal à continuer l’exploitation de son entreprise ;
- défaillance du cocontractant dûment constatée et notifiée à ce dernier par
le MO ou le MOD ;
- non- respect de la législation ou de la réglementation du travail ;
- manœuvres frauduleuses et corruption, etc.

Le cocontractant dont le marché est résilié pour certaines des raisons


évoquées ci-dessus ne peut, sauf dérogation par l’Autorité des MP, soumissionner
avant une periode de 2 ans à compter de la date de notification de la résiliation
(article 184 alinéa 1 du CMP). En cas de défaillance lors de l’exécution des
prestations, cette interdiction s’applique sans préjudice du paiement par
l’Administration des prestations déjà exécutées. Le MO ou le MOD est tenu de
transmettre les actes de résiliation à l’organisme chargé de la régulation des MP en
vue notamment de l’actualisation des fichiers des acteurs sanctionnés.

44
B – Les requêtes des cocontractants de l’Administration

Selon l’article 186 alinéa 1 du CMP, tout cocontractant de l’Administration


qui s’estime lésé dans l’exécution de son contrat peut introduire un recours non
juridictionnel, soit auprès du MO ou du MOD, soit auprès de l’Autorité chargée
des MP. Cette dernière prononce sa décision sur proposition du Comité chargé de
l’examen des recours, et après avis préalable de l’organisme chargé de la
régulation des MP, le cas échéant.

SECTION II - LES MODES DE REGLEMENT DES LITIGES DES


MARCHES PUBLICS

Au sens du CMP du 20 juin 2018, divers modes existent pour régler les
litiges nés des marchés publics notamment le règlement à l’amiable (paragraphe I)
et éventuellement, le recours au juge (paragraphe II).

Paragraphe I - Le règlement à l’amiable

Les organes à qui l’on adresse des recours relatifs aux M.P ont pour rôle de
trouver une solution à l’amiable comme le suggère l’article 187 alinéa 1 du CMP :
« les litiges résultant des marchés publics peuvent, en tant que de besoin, faire
l’objet d’une tentative de règlement à l’amiable ».

Paragraphe II - Le recours au juge

L’article 187 alinéa 2 du CMP dispose que « la tentative de règlement à


l’amiable… reste sans incidence sur la procédure de règlement de droit commun si
elle n’a pas abouti, sauf dérogation découlant des accords ou conventions de prêt
ou d’autres conventions internationales». Les dispositions de cet article suggèrent
en filigrane le recours au juge en cas de litiges relatifs aux MP.
Le recours juridictionnel peut être porté devant le juge judiciaire ou le juge
administratif, suivant la nature du litige.

45
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE

I- OUVRAGES

- AUBY (J.M), BON (D), Droit administratif des biens, Paris, Précis Dalloz, 1991,
- CHABANOL (D), JOUGUELET (J-P), BOURRACHOT (F), Le régime juridique des
marchés publics (droits et obligations des signataires), Paris, Le Moniteur, 2005,
- FLORAN LINDITCH, Le droit des marchés publics, 4è éd., Dalloz, 2006,
- MICHON (J), La nouvelle réglementation des marchés publics, Le Moniteur, 2001,
- MOGENET (R), Les marchés de l’Etat et des collectivités locales, Paris, 1989,
- MORAND-DEVILLER (J), Cours de droit administratif des biens, Paris, Montchrestien,
2è éd., 2001,
- OWONA (J), Droit administratif spécial de la République du Cameroun, Paris, Edicef,
1985,
- SCHULTZ (P), Eléments du droit des marchés publics, LGDJ, 2002, etc.

II- MANUELS ET MAGAZINES

- Journal des marchés publics, ARMP,


- Magazine trimestriel d’analyse des marchés publics, ARMP,
- Recueil de textes sur les sanctions dans le domaine des marchés publics, ARMP, Yaoundé,
février 2006,
- Manuel des procédures de passation des MP, ARMP, août 2007,
- Guide du soumissionnaire, ARMP, 2004, etc.

III- TEXTES OFFICIELS


- Loi n° 96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution du 02 juin 1972,
- Décret n° 2018/366 du 20 juin 2018 portant Code des marchés publics ;
- Décret n° 2011/408 du 09 décembre 2011 portant création du Ministère des Marchés
Publics ;
- Décret n° 2012/075 du 08 mars 2012 portant organisation du Ministère des Marchés
Publics ;
- Décret n° 2003/469/PM du 14 mars 2003 fixant les modalités de fonctionnement du compte
d’affectation spécial pour la régulation des marchés publics ;
- Décret n° 2003/651/PM du 16 avril 2003 fixant les modalités d’application du régime fiscal
et douanier des marchés public,,
- Décret n° 2011/1339/PM du 23 mai 2011 portant exonération des droits de régulation
marchés publics et accordant le bénéfice des frais d’acquisition des DAO aux Collectivités
Territoriales Décentralisées ;
- Décret n° 2018/001/PM du 05 janvier 2018 portant création d’une plateforme de
dématérialisation dans le cadre des marchés publics et fixant ses règles d’utilisation ; etc.
- Décret n° 2018/002/PM du 05 janvier 2018 fixant les conditions et modalités de passation
des marchés publics par voie électronique au Cameroun ;

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- Arrêté n° 105/CAB/PM du 23 mai 2011 fixant les indemnités de session des Présidents,
Membres et Secrétaires des CPM et Sous-commissions d’analyse des offres au sein des
Collectivités Territoriales Décentralisées ;
- Arrêté n° 093/CAB/PM du 05 novembre 2002, fixant les montants de la caution de
soumission et les frais du DAO ;
- Arrêté n° 032/CAB/PM du 28 février 2003, fixant les modalités d’application de la
demande de cotation ;
- Circulaire n° 0005/LC/MINMAP/CAB du 03 juillet 2018 précisant les mesures transitoires
à observer suite à la signature et à la publication du décret n° 2018/366 du 20 juin 2018 portant
Code des Marchés Publics ;
- Circulaire n° 002/CAB/PM du 04 novembre 2002, clarifiant la nouvelle procédure de
passation des marchés public, etc.

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SUJETS DE REFLEXION

1- champ d’application et innovations du code des marchés publics de 2018


2- Les préalables à la passation des marchés publics
3- Les organes de passation des marchés publics
4- Les procédures concurrentielles de passation des marchés publics
5- La demande de cotation
6- Les obligations comptables des parties contractantes pendant l’exécution des
marchés publics
7- Les organes d’exécution des marchés publics
8- Les organes de contrôle des marchés publics rattachés à l’Organe de
Régulation des marchés publics
9- Les sanctions pouvant être infligées aux acteurs du marché public
10 Les différentes phases du contentieux des marchés publics

BONNES LECTURE ET COMPREHENSION DU COURS

NB : En cas de problèmes relatifs à cet enseignement, veuillez appeler :

- 699803736
- 677718395

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