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COURS DE :
DROIT DES MARCHES PUBLICS
MASTER I-DROIT PUBLIC
Par
Dr ROJE TADJIE
Chargé de cours
FSJP/Université de Ngaoundéré
Le Droit des Marchés Publics est une branche du Droit public en général et
du Droit administratif des biens en particulier. Il est l’ensemble des règles
juridiques applicables à la passation, à l’exécution, au contrôle, au contentieux et
aux sanctions des marchés publics.
Pour répondre à leurs besoins en matière de travaux, de fournitures ou de
services, l’Etat et ses démembrements passent des contrats avec des personnes
publiques ou privées. Ce type de contrats est connu sous le vocable de « marchés
publics ». Contrats de type administratif, les marchés publics sont le procédé
contractuel à travers lequel les personnes morales de droit public réalisent leurs
projets à court, à moyen ou à long terme. Ils mobilisent un ensemble de normes
juridiques contenues pour l’essentiel dans le Code des Marchés Publics. C’est
dire que les projets arrêtés et financés doivent être effectivement exécutés dans les
normes prévues.
Dans ce chapitre introductif, il sera envisagé successivement la notion de
marché public (section I), le champ d’application du Code des MP de 2018
(section II), les innovations du nouveau Code des marchés publics de 2018 (section
III) et puis, les sources du droit des marchés publics (section IV).
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Ainsi défini, le marché public recouvre o4 éléments :
- un contrat écrit,
- un engagement d’une personne publique ou privée envers une collectivité
publique et,
- un objectif soit de réaliser des travaux, soit de fournir des biens ou des
services, et,
- la présence d’un prix.
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l’étranger, « habilités à passer et à signer les marchés financés sur crédits délégués
par un MO, et le cas échéant, du chef d’un projet bénéficiant d’un financement
extérieur ». Ces différents acteurs président des commissions de passation des
marchés dont la création est décidée par l’autorité en charge des MP.
B - Le cocontractant de l’Administration
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Paragraphe IV - L’objet du marché public
Les marchés publics sont des contrats à la fois en formes écrite (A) et
technique (B).
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- l’indication du financement de la dépense et de la rubrique budgétaire
d’imputation ;
- l’indication des parties contractantes ;
- l’indication du MO et du MOD ;
- le chef de service et l’ingénieur du marché ;
- la justification de la qualité de la personne signataire du marché et de la
partie cocontractante ;
- le montant du marché ;
- le délai et le lieu d’exécution, etc.
Il faut distinguer entre les marchés soumis (paragraphe I) et les marchés non
soumis (paragraphe II) au Code des MP de 2018.
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b – sur fonds d’aide extérieure, bilatérale ou multilatérale ;
c – sur emprunt avalisé par l’Etat ;
d – par le budget d’un établissement public ou d’une CTD.
L’alinéa 2 du même article prévoit que les dispositions du présent Code sont
également applicables :
a – aux marchés passés par des personnes morales de droit privé agissant
pour le compte de l’Etat et ses démembrements ;
b – aux marchés passés par des personnes de droit privé lorsque ces marchés
bénéficient du contrôle financier ou de la garantie de l’Etat, ou d’une personne
morale de droit public ;
c – aux marchés passés entre des personnes morales de droit public dans les
conditions définies par le présent décret ;
d – aux marchés publics passés dans le cadre d’une coordination ou d’un
groupement de commandes ou par une centrale d’achat qui acquiert des fournitures
et/ou des services destinés à des MO ou conclus dans le cadre des accords-cadres,
des marchés de travaux, de fournitures ou de services.
a - aux achats passés par Bon de Commande dont les montants sont
inferieurs à cinq millions de francs CFA ;
b- aux contrats qui ont pour objet l’acquisition ou la location des immeubles
bâtis ou non bâtis ;
c – à l’acquisition des produits pétroliers avals destinés uniquement à l’usage
des véhicules administratifs ;
d – aux marchés passés par les entreprises publiques ;
e - aux marchés spéciaux ;
f – aux contrats de partenariat ;
g – aux travaux exécutés en régie totale.
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publics. Cette réforme qui répond au souci de mettre en place un système
performant et moderne des marchés publics conforme aux standards internationaux
de bonne gouvernance apporte des innovations reposant sur au moins trois piliers,
à savoir une plus grande importance des Maîtres d’Ouvrage (paragraphe I),
l’institution d’un organe de régulation des MP (paragraphe II) et le renforcement
des principes d’éthique et de transparence (paragraphe III).
Par sources du droit des marchés publics, il faut entendre l’ensemble des
règles juridiques qui participent à la formation de ce droit.
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Le seul Code des marchés publics ne fait pas l’alpha et l’oméga de la
matière. En d’autres termes, l’ensemble des sources de la légalité administrative se
trouve dans le droit de la commande publique, à savoir, la Constitution, les traités
internationaux, la loi, le règlement, la jurisprudence et même la doctrine
administrative (elle occupe une place importante dans la réglementation de l’achat
public à travers les avis, les circulaires, les fiches, les guides pratiques, etc).
.
Le présent enseignement va s’articuler de toute évidence sur des aspects
aussi bien théoriques que pratiques ordonnés autour de deux titres :
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TITRE I
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avant-projet de marché qui définit toutes les caractéristiques de l’ouvrage à réaliser
ou des fournitures à livrer (article 55-1 du CMP). Cette étude doit être assortie
d’une estimation des coûts correspondants.
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Paragraphe I - Les MO et les MOD
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Le MO peut confier à un MOD, personne de droit public ou privé exerçant
en son nom et pour son compté, tout ou partie des attributions suivantes :
Elles sont placées auprès des MO et des MOD pour une assistance dans
l’exécution de leurs attributions, notamment au stade :
Elles sont des organes d’appui technique placés auprès des MO, des MOD,
des Gouverneurs de Région et des Préfets de Département pour la passation des
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MP dont les montants sont au moins égaux à 05 millions de francs CFA. A ce titre,
elles :
- examinent et émettent un avis technique sur les projets de dossiers d’appel
d’offres et de demandes de cotation préparés par les MO et les MOD ;
- examinent et adoptent le cas échéant, les grilles de notation avant le
dépouillement des offres ;
- procèdent à l’ouverture des plis ;
- constituent les sous-commissions d’analyse des offres ;
- préparent, le cas échéant, les dossiers à soumettre à l’avis des commissions
centrales de contrôle des marchés ;
- formulent des propositions d’attribution des marchés aux MO et aux MOD ;
- examinent et émettent un avis technique sur les projets d’avenants et sur les
projets des marchés passés suivant la procédure de gré à gré.
Au sens de l’article 10 alinéa 1 du CMP, les CPM sont créées par l’Autorité
chargée des MP et comprennent :
Sur proposition du MO, l’Autorité chargée des MP peut créer plusieurs CPM
auprès dudit MO en relation du volume d’activités, de la nature des prestations ou
de la localisation des services (article 10 alinéa 2 du CMP).
Après analyse d’une part des dispositions de l’un des deux décrets signés par le
Premier Ministre le 5 janvier 2018 fixant les conditions et les modalités de
passation des MP par voie électronique au Cameroun et de celui portant création
d’une plateforme de dématérialisation dans le cadre des MP et fixant ses règles
d’utilisation et d’autre part des dispositions du CMP du 20 juin 2018 relativement
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aux procédures de passation des MP, l’on peut dire de manière générale qu’il
existe désormais au Cameroun deux modalités de passation des MP, à savoir les
procédures manuelles (paragraphe I) et les procédures dématérialisées (paragraphe
II).
Paragraphe I – Les procédures manuelles de passation des MP
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- international, lorsqu’il s’adresse aux personnes physiques ou morales
ayant leur domicile ou leur siège social à l’intérieur ou à l’extérieur du territoire
national.
Chacun des types d’appels d’offres susvisés peut être ouvert, restreint, avec
concours ou en deux étapes.
- l’appel d’offres est ouvert, lorsque l’avis public invite tous les candidats
intéressés à remettre dans un intervalle de temps donné leurs offres (article 75
alinéa 1 du CMP). Le DAO est, après publication de l’avis d’offres, mis à la
disposition de chaque candidat qui en fait la demande.
- l’appel d’offres est restreint, lorsqu’un appel d’offres est précédé d’une
pré-qualification (article 76 alinéa 1 du CMP). Il s’adresse à un nombre minimal de
trois candidats retenus à l’issue d’une procédure de pré-qualification. A défaut, le
MO ou le MOD doit recourir à un appel d’offres ouvert. L’appel d’offres restreint
peut être utilisé pour des travaux ou équipements spécifiques de grande importance
ou complexes, mais aussi pour les fournitures de matériels devant être fabriqués
sur commande ou pour services spécialisés. Il est obligatoire pour les marchés de
prestations intellectuelles.
- l’appel d’offres est avec concours, lorsque des motifs d’ordre technique,
esthétique ou financier, justifient des recherches particulières (article 79 du CMP).
L’appel d’offres avec concours porte entre autres sur la conception d’un projet
architectural ou artistique (article 80 alinéa 1 du CMP). Le concours s’effectue sur
la base d’un programme établi par le MO qui indique les besoins auxquels doit
répondre la prestation et fixe, le cas échéant, le maximum de dépenses prévues
pour l’exécution du projet. Les projets sont examinés par un jury dont les membres
justifient de toutes les compétences artistiques et techniques nécessaires pour
évaluer dans les meilleures conditions le projet soumis au concours. Les critères
d’évaluation du concours doivent privilégier la qualité du projet soumis au
concours et non les références du concepteur et doivent tenir compte du coût
estimatif prévisionnel du projet.
- l’appel d’offres est à deux étapes, lorsque le MO souhaite baser son
choix du cocontractant sur les critères de performance, de contrainte
d’exploitation et de coût économique (article 83 alinéa 1 du CMP). Il est soumis à
l’autorisation préalable du Ministre chargé des MP lors de la programmation des
marchés. La procédure est fixée par l’article 84 du CMP.
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b – Les étapes de la procédure d’appel d’offres
- confection du DAO
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qualification des soumissionnaires ou d’évaluation des offres, etc. L’avis d’appel
d’offres ainsi constitué est publié dans le journal des MP de l’organisme chargé de
la régulation des MP qui dispose de 24 heures à compter de sa réception pour le
publier (article 88 alinéa 1 du CMP). Les publications par les autres moyens tels
que le communiqué radio, la presse disponible en kiosque, la presse spécialisée ou
les voies d’affichage ne pourront être utilisées qu’en sus. Le président de la CPM
concerné reçoit du MO ou du MOD une copie de l’avis d’offres dans un délai de
72 heures à compter de sa signature.
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- réception et dépouillement des offres
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- évaluation des offres
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concours se fait au soumissionnaire présentant l’offre évaluée la mieux-disante,
par combinaison des critères techniques, financiers et/ou esthétiques.
Pour les marchés de travaux de faible envergure, exécutables par les Très
Petites Entreprises et les PME nationales, les critères d’attribution doivent prendre
en compte, la performance antérieure du soumissionnaire pour les prestations
similaires (article 100 alinéa 2 du CMP).
Selon l’article 101 alinéa 1 du CMP, « toute attribution d’un marché est
matérialisée par une décision du MO ou du MOD… ». L’alinéa 2 du même article
poursuit en indiquant que : « Le MO ou le MOD dispose d’un délai de 5 jours
ouvrables pour la signature de la décision d’attribution et la publication des
résultats à compter de la date de réception de la proposition d’attribution finale de
la CPM compétente, sauf en cas de suspension de la procédure ». Les
soumissionnaires non retenus sont invités à retirer leurs offres dans un délai de 15
jours. Passé ce délai, elles peuvent être détruites sans qu’il y ait lieu à réclamation
(article 101 alinéa 5 du CMP).
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a – Le champ d’application de la demande de cotation
Elle est prévue à l’article 113 du CMP et s’effectue par voie d’appel d’offres
ouvert.
Les demandes de cotation sont préparées par le MO sur la base des
documents types élaborés par l’organisme de la régulation des MP. La consultation
est ouverte aux prestataires exerçant dans le secteur concerné et répondant aux
critères de qualification indiqués dans le dossier de demande de cotation. Les
offres faisant parties des demandes de cotation sont reçues par le MO après
publication de l’avis de consultation dans les mêmes conditions que celles de
l’appel d’offres ouvert (article 75 alinéa 2 du CMP). Elles sont soumises à la CPM
compétente pour dépouillement, vérification de la conformité des spécifications
techniques. La CPM compétente propose l’attribution du marché au
soumissionnaire dont l’offre est entièrement conforme aux exigences
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administratives et aux prescriptions du descriptif technique et est la moins-
disante. Les offres de prix sont étables sur la base du descriptif technique et du
bordereau quantitatif prescrit par le MO. Le MO décide de l’attribution du marché
et publie les résultats dans les formes prévues à l’article 102 du CMP. Une copie
de la décision d’attribution est transmise par le MO à l’organisme chargé de la
régulation des MP.
Un marché est dit de gré à gré lorsqu’il est passé sans appel d’offres après
autorisation de l’Autorité chargée des MP (article 108 du CMP). C’est un marché
encore appelé « marché négocié ». En d’autres termes, l’expression « marché de
gré à gré » désigne les cas exceptionnels dans lesquels l’administration est
autorisée à s’affranchir du respect des procédures d’appel public à la concurrence.
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- les fournitures, services ou travaux qui complètent ceux ayant fait l’objet
d’un premier marché exécuté par le même titulaire, à la condition que le marché
initial ait été passé selon la procédure d’appel d’offres et que le marché
complémentaire qui en découle ne porte que sur des fournitures, services ou
travaux qui ne figurent pas dans le marché initial conclu mais qui sont rendus
nécessaires, à la suite d’une circonstance imprévue et extérieure aux parties, et que
ces fournitures, services ou travaux ne peuvent être techniquement ou
économiquement séparés du marché initial.
Elle est décrite aux articles 110 et 111 du CMP. Le MO ou le MOD sollicite
de l’Autorité chargée des MP, l’autorisation préalable de passer le marché selon la
procédure de gré à gré. Sa demande doit être motivée. L’Autorité chargée des MP
examine la demande et notifie sa réponse.
En cas d’accord, le MO ou le MOD procède à la consultation directe, sans
obligation de publicité, d’au moins 3 sociétés, sauf dans les cas de la première et de
la quatrième hypothèses de recours aux marchés de gré à gré de l’article 109 du
CMP.
Les dossiers de consultation, les offres des soumissionnaires ainsi que
l’autorisation de gré à gré sont soumis à la CPM pour examen. Celle-ci dispose d’un
délai de 7 jours ouvrables pour formuler sa proposition d’attribution. Pour les
marchés ne relevant pas de la compétence de la Commission Centrale de Contrôle
des Marchés, le MO ou le MOD attribue le marché. Pour les marchés de la troisième
hypothèse de recours aux marchés de gré à gré de l’article 109 du CMP, le MO ou le
MOD attribue directement le marché dès que l’autorisation de l’Autorité chargée des
MP est donnée. Pour les marchés autres que ceux ne relevant pas de la compétence
de la Commission Centrale de Contrôle des Marchés, le MO ou le MOD transmet le
dossier de consultation, l’offre de l’attributaire à Commission Centrale de Contrôle
des Marchés compétente pour avis. Cette commission dispose d’un délai de 7 jours
ouvrables pour émettre son avis.
A compter de l’obtention de l’autorisation préalable de l’Autorité chargée des
MP, le MO ou le MOD dispose d’un délai de 30 jours ouvrables pour les cas de la
première et de la quatrième hypothèses de recours aux marchés de gré à gré de
l’article 109 du CMP et de 45 jours ouvrables pour les cas de la deuxième et la
troisième hypothèses de recours aux marchés de gré à gré de l’article 109 du CMP
pour signer et notifier le marché correspondant à l’attributaire, sous peine de
forclusion de l’autorisation de gré à gré.
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Le candidat retenu doit impérativement fournir un dossier administratif avant
l’attribution définitive du marché.
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CHAPITRE II – L’EXECUTION DES MARCHES PUBLICS
D’une part, tout marché fait l’objet d’un document unique rédigé recto. Les
MP et leurs avenants sont notifiés par le MO ou le MOD (article 123 alinéa 2 du
CMP). Les avenants sont des actes contractuels modifiant et complétant certaines
clauses du marché initial ou de base pour l’adapter à des événements survenus
après sa signature.
D’autre part, tout marché public doit être notifié avant tout commencement
d’exécution. Il est par conséquent irrecevable toute réclamation portant sur les
prestations exécutées avant la notification du marché. Dès la notification du
marché au titulaire, le MO ou le MOD dispose d’un délai de 15 jours calendaires
pour délivrer l’ordre de service de démarrage des prestations (article 123 alinéa 5
du CMP). Une copie de l’ordre de service de démarrage est transmise par le MO
ou le MOD à l’organisme en charge de le régulation des MP et au Ministre chargé
des MP dans un délai de 7 jours calendaires à compter de sa notification
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- un document comptable spécifique au marché faisant ressortir les
différentes sources de financement, les états des sommes facturées et des sommes
réglées, ainsi que la ou les sources de financement ;
- un état des déclarations fiscales et douanières relatives au marché ;
S’ils sont bien tenus, tous ces documents permettent aux organes de contrôle
habilités de procéder à la vérification de la comptabilité jusqu’à un délai de 3 ans à
compter de la date de réception définitive des prestations ou de celle de la dernière
livraison relative au marché concerné (article 126 alinéa 2 du CMP).
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SECTION II - LES ORGANES D’EXECUTION DU MARCHE PUBLIC
A - Le cocontractant de l’Administration
B - Le sous-traitant
La sous-traitance est régie par les articles 131 à 134 du CMP. Tout marché
public peut faire l’objet de sous-traitance ou donner lieu à des sous-commandes
suivant des modalités fixées par le CMP et les cahiers des clauses administratives
générales. Un tel marché s’entend comme un contrat par lequel le titulaire du
marché cède à des tiers l’exécution d’une partie de celui-ci.
Le sous-traitant est alors toute personne physique ou morale proposée par
le cocontractant de l’Administration et agréée par le chef de service du marché
pour exécuter une partie du marché. Il doit satisfaire aux conditions administratives
et techniques stipulées dans le marché. Tout recours à la sous-traitance ou donnant
lieu à des sous-commandes est subordonné à l’autorisation préalable du MO ou du
MOD, le cocontractant demeurant responsable du marché.
Le pourcentage des prestations susceptibles d’être sous-traitées dans le
cadre d’un marché est fixé par le cahier des clauses administratives générales. Les
prestations objet de sous-traitance doivent prioritairement être accordées aux
Petites Entreprises nationales dont 51% au moins du capital est détenu par les
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nationaux, et en cas d’insuffisance ou de carence, aux PME et Grandes Entreprises
dont 33% au moins du capital est détenu par les nationaux.
Elles sont en même temps des organes du contrôle des MP. Selon l’article 43
du CMP, le suivi de l’exécution des MP est assuré par le MO ou le MOD à travers
le chef de service du marché (A), l’ingénieur du marché (B), le maître d’œuvre (C)
et éventuellement le comptable assignataire (D).
C - Le maître d’œuvre
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(article 5-r). Il est chargé de la direction et du contrôle permanent de l’exécution
des prestations (article 46 alinéa 2 du CMP).
D - Le comptable assignataire
1 – Le cautionnement définitif
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notification du marché et, en tout cas, avant le premier paiement. (article 139
alinéa 1 du CMP). Sa durée de validité doit couvrir les délais d’exécution des
prestations jusqu’à la réception provisoire.
Lorsque le cocontractant de l’Administration a rempli ses obligations
contractuelles, le cautionnement définitif est restitué consécutivement à une
mainlevée délivrée par le MO ou le MOD à compter de la réception définitive des
travaux, fournitures ou services, lorsque le marché ne comporte pas un délai de
garantie, ou alors à compter de la réception provisoire lorsque le marché comporte
un tel délai.(article 141 alinéa 1-a du CMP). A l’expiration d’un délai de 30 jours
calendaires, l’organisme compétent est tenu de restituer le cautionnement sur
simple demande du cocontractant de l’Administration.
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B – La dispense de garanties financières de bonne exécution
S’il est expressément prévu par les textes que les petites et moyennes
entreprises à capitaux et dirigeants nationaux ainsi que les organisations de la
société civile peuvent produire à la place du cautionnement, soit un chèque certifié,
soit un chèque de banque, soit une hypothèque légale, soit une caution d’un
établissement bancaire ou d’un organisme financier agrée (article 140 alinéa 3 du
CMP), ces mêmes textes organisent les possibilités de dispense des garanties
financières exigées du titulaire du marché public.
Ainsi, les titulaires d’une lettre-commande peuvent être dispensés de
l’obligation de fournir les cautionnements prévus à l’article 137 du CMP. La lettre-
commande est un marché dont le montant est au moins égal à 5 millions de francs
CFA et inferieur à 50 millions de franc CFA. De même, la retenue de garantie ou
le cautionnement de bonne exécution n’est pas exigée pour les marchés de
prestations intellectuelles (article 138 alinéa 3 du CMP).
Les prestations faisant l’objet du marché sont réglées, soit par des prix
forfaitaires appliqués à tout ou partie du marché quelles que soient les quantités,
soit par des prix unitaires appliqués aux quantités réellement exécutées :
- est prix forfaitaire, tout prix qui rémunère le titulaire du marché pour un
ensemble de prestations tel que défini dans le marché. La fixation d’un prix
forfaitaire est imposée dès lors que les prestations sont bien définies au moment de
la conclusion du marché ;
- est prix unitaire, tout prix qui correspond aux prestations effectivement
fournies par le cocontractant de l’Administration.
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2 - Le prix ferme ou révisable du marché
- le prix ferme, c’est le prix qui ne peut être modifié en raison de mutations
économiques prévisibles pendant la période d’exécution des prestations (article
145 alinéa 1 du CMP).
- le prix révisable contrairement au prix ferme, est celui qui peut être modifié
en raison des mutations économiques. Tout marché dont la durée d’exécution est
au plus égale à un an ne peut faire l’objet de révision de prix (article 146 alinéa 2
du CMP). L’introduction d’une clause de révision des prix n’est pas systématique.
Le marché doit prévoir la modification du prix initial au fur et à mesure de son
exécution.
B – Les modes de règlement du prix du marché
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marchés à tranches. Tout paiement d’avance est subordonné entre autres au dépôt
sur le chantier ou annexe du chantier, de matériaux, matières premières ou objets
fabriqués destinés à l’exécution du marché.
Le remboursement de l’avance de démarrage est effectué par déduction sur
les sommes dues au titulaire pendant l’exécution du marché et suivant des
modalités définies dans ledit marché. Il commence lorsque le montant des
prestations exécutées au titre du marché et exprimé en prix de base, atteint ou
dépasse 40% du montant initial du marché et s’arrête lorsque ce taux de démarrage
atteint 80%. Il est à souligner que si le marché ne donne pas lieu à versement
d’acomptes (deuxième type de versement) et fait l’objet d’un seul règlement,
l’avance de démarrage est déduite en une seule fois du règlement unique. Dans le
cas contraire, les avances de démarrage sont remboursées par déduction sur les
sommes dues ultérieurement au titulaire du marché à titre d’acompte. Le versement
de l’avance intervient postérieurement à la mise en place des cautions exigibles.
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Les acomptes peuvent s’échelonner pendant la durée d’exécution du
marché en fonction de phases techniques d’exécution définies dans le marché.
Dans ce cas, le marché fixe le montant de chaque acompte de manière forfaitaire
sous forme de pourcentage du montant initial du marché.
Le paiement d’acomptes ne vaut pas règlement des prestations ; le
bénéficiaire du marché reste débiteur jusqu’à paiement pour solde.
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TITRE II
Il est exercé par divers organes (section I) et peut aboutir à des sanctions
(section II).
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Les CCCM comprennent :
la CCCM des travaux routiers : elle est saisie pour les consultations pour
lesquelles le montant cumulé des lots est supérieur ou égal à 5 milliards de FCFA
ainsi que pour les marchés passés suivant la procédure de gré à gré du même seuil.
Elle est compétente pour les marchés se rapportant aux travaux routiers neufs, de
réhabilitation et d’entretien, des travaux de voirie et réseaux divers, des travaux de
construction d’ouvrage d’art classique, de fourniture de mobiliers et des
installations annexes directement ou indirectement rattachés audits travaux, etc
(article 27 alinéa 1 du CMP),
la CCCM des autres infrastructures : elle est saisie pour les consultations
pour lesquelles le montant cumulé des lots est supérieur ou égal à 1 milliard de
FCFA ainsi que pour les marchés passés suivant la procédure de gré à gré du
même seuil. Elle est compétente pour les marchés de construction d’ouvrages d’art
spéciaux (aéroports, ports, infrastructures ferroviaires…), de construction
hydraulique, d’électrification et de télécommunication, de fourniture de mobiliers
et des installations annexes directement ou indirectement rattachés audits travaux,
etc (article 28 alinéa 1 du CMP).
la CCCM des travaux de bâtiments et des équipements collectifs : elle
est saisie pour les consultations pour lesquelles le montant cumulé des lots est
supérieur ou égal à 500 millions de FCFA ainsi que pour les marchés passés
suivant la procédure de gré à gré du même seuil. Elle est compétente pour les
marchés concernant les travaux de construction ou de réhabilitation des bâtiments,
les travaux d’aménagement des places publiques, des espaces verts, des terrains de
sport et de loisirs, les travaux de maintenance, la fourniture de mobiliers et des
installations annexes directement ou indirectement rattachés audits travaux, etc
(article 29 alinéa 1 du CMP).
la CCCM des approvisionnements généraux : elle est saisie pour les
consultations pour lesquelles le montant cumulé des lots est supérieur ou égal à
250 millions de FCFA ainsi que pour les marchés passés suivant la procédure de
gré à gré du même seuil. Ce sont les marchés de fourniture du matériel de bureau,
de fourniture du livre, du matériel scolaire, pédagogique et didactique, de
fourniture des consommables, des équipements sanitaires et du matériel
biomédical, des intrants et les matières premières agricoles, etc (article 30 alinéa 1
du CMP).
la CCCM des services et prestations intellectuelles : elle est saisie pour
les consultations pour lesquelles le montant cumulé des lots est supérieur ou égal à
100 millions de FCFA ainsi que pour les marchés passés suivant la procédure de
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gré à gré du même seuil. Elle est compétente pour les marchés d’études, d’audits,
de consultations, d’enquêtes, de sondage, etc (article 31 alinéa 1).
La régulation des MP est assurée par un organisme dédié à cet effet. Il est le
surveillant et le facilitateur du système des marchés (article 48 alinéa 2). Les
organes de contrôle des MP placés auprès de cet organisme sont principalement
l’observateur (A) et l’auditeur (B) indépendants.
A – L’observateur indépendant
B – L’auditeur indépendant
D’après l’article 151 alinéa 1-c du CMP, l’exécution des MP fait l’objet
d’un suivi et d’un contrôle par l’auditeur indépendant. Il s’agit de tout cabinet de
réputation établie recruté par l’organisme chargé de la régulation des MP en vue de
réaliser annuellement des audits a posteriori des MP. C’est le cas notamment du
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cabinet « ERNST et YOUNG » qui a réalisé au Cameroun en novembre 1999
plusieurs audits sur le système des marchés publics.
C’est une structure qui relève de la compétence du chef de l’Etat. Elle est
investie d’une mission de contrôle de conformité et de régularité d’une part et de
contrôle financier et de performance d’autre part dans le processus des marchés
publics au Cameroun.
Elle contrôle les comptes ou les documents des comptables publics et inflige
des amendes à ceux qui ne présentent pas leurs comptes dans les délais prescrits
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Les sanctions sont de diverses origines, à savoir les sanctions de violation
des procédures des MP (paragraphe I) et les sanctions touchant les acteurs des MP
(paragraphe II). Afin d’éviter ces sanctions, les principes d’éthique et de
transparence ont été renforcés (paragraphe III).
Il faut distinguer entre les sanctions applicables aux acteurs du secteur privé
(A) et du secteur public (B).
Sans préjudice des sanctions prévues par d’autres corps de contrôle de l’Etat
des MP, le cocontractant de l’Administration encourt les sanctions suivantes :
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B – Les sanctions des acteurs du secteur public
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CHAPITRE II – LE CONTENTIEUX DES MARCHES PUBLICS
Il englobe l’ensemble de litiges relatifs aux marchés publics. Ces litiges qui
se situent à différentes phases du processus des MP (section I) sont susceptibles de
divers modes de règlement (section II).
Il s’agit des recours des soumissionnaires (A), des désaccords entre la CPM
et le MO ou le MOD (B) et des désaccords entre la CCCM et le MO ou le MOD
(C).
A – Les recours des soumissionnaires
Sous peine de forclusion, tout recours doit être timbré et formulé dans les
délais impartis. L’examen des recours peut entraîner la reprise ou l’annulation de la
procédure suivie.
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B - Les désaccords entre la CPM et le MO ou le MOD
Ils ont essentiellement trait à la résiliation du marché (A) et aux requêtes des
cocontractants de l’Administration (B).
A – La résiliation du marché
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calendaires (article 180 alinéas 1 et 2 du CMP). Faute pour le cocontractant de
s’exécuter, le MO ou le MOD peut :
Selon l’article 182 du CMP, le marché est résilié de plein droit par le MO ou
le MOD dans l’un des cas suivants notamment :
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B – Les requêtes des cocontractants de l’Administration
Au sens du CMP du 20 juin 2018, divers modes existent pour régler les
litiges nés des marchés publics notamment le règlement à l’amiable (paragraphe I)
et éventuellement, le recours au juge (paragraphe II).
Les organes à qui l’on adresse des recours relatifs aux M.P ont pour rôle de
trouver une solution à l’amiable comme le suggère l’article 187 alinéa 1 du CMP :
« les litiges résultant des marchés publics peuvent, en tant que de besoin, faire
l’objet d’une tentative de règlement à l’amiable ».
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BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
I- OUVRAGES
- AUBY (J.M), BON (D), Droit administratif des biens, Paris, Précis Dalloz, 1991,
- CHABANOL (D), JOUGUELET (J-P), BOURRACHOT (F), Le régime juridique des
marchés publics (droits et obligations des signataires), Paris, Le Moniteur, 2005,
- FLORAN LINDITCH, Le droit des marchés publics, 4è éd., Dalloz, 2006,
- MICHON (J), La nouvelle réglementation des marchés publics, Le Moniteur, 2001,
- MOGENET (R), Les marchés de l’Etat et des collectivités locales, Paris, 1989,
- MORAND-DEVILLER (J), Cours de droit administratif des biens, Paris, Montchrestien,
2è éd., 2001,
- OWONA (J), Droit administratif spécial de la République du Cameroun, Paris, Edicef,
1985,
- SCHULTZ (P), Eléments du droit des marchés publics, LGDJ, 2002, etc.
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- Arrêté n° 105/CAB/PM du 23 mai 2011 fixant les indemnités de session des Présidents,
Membres et Secrétaires des CPM et Sous-commissions d’analyse des offres au sein des
Collectivités Territoriales Décentralisées ;
- Arrêté n° 093/CAB/PM du 05 novembre 2002, fixant les montants de la caution de
soumission et les frais du DAO ;
- Arrêté n° 032/CAB/PM du 28 février 2003, fixant les modalités d’application de la
demande de cotation ;
- Circulaire n° 0005/LC/MINMAP/CAB du 03 juillet 2018 précisant les mesures transitoires
à observer suite à la signature et à la publication du décret n° 2018/366 du 20 juin 2018 portant
Code des Marchés Publics ;
- Circulaire n° 002/CAB/PM du 04 novembre 2002, clarifiant la nouvelle procédure de
passation des marchés public, etc.
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SUJETS DE REFLEXION
- 699803736
- 677718395
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