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TEXTES RELATIFS AUX MARCHES PUBLICS


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LOI N° 10/010 DU 27 AVRIL 2010 RELATIVE AUX MARCHES PUBLICS


EXPOSE DES MOTIFS
Le système de passation des marchés en République Démocratique du Congo mis en
place par l’ordonnance-loi n° 69-054 du 5 décembre 1969 et ses mesures d’exécution n’est
plus adapté aux exigences de transparence, de rationalité et d’efficacité qui caractérisent
actuellement ce secteur vital à travers le monde.
Pour remédier à cette situation, la présente loi édicte de nouvelles règles
fondamentales relatives à la préparation des projets, à la passation des marchés publics, à leur
exécution et au contrôle de celle-ci, inspirées des systèmes modernes retenus par
l’Organisation pour la coopération et ledéveloppement économique, OCDE en sigle.
Ainsi, les fonctions de gestion des marchés publics, celles de leur passationet de leur
contrôle sont strictement séparées les unes des autres et les structures chargées de les exercer
ne peuvent en aucun cas les cumuler.
Par ailleurs, les marchés publics sont passés par appel d’offres dont les variantes sont
clairement définies. Ils peuvent exceptionnellement être attribués par la procédure de gré à gré
dans les cas limitativement énumérés. Le choix du candidat est notamment déterminé par
l’offre économiquement la plus avantageuse et par le critère de la préférence nationale et
régionale.
Les marchés publics sont exécutés selon les stipulations du contrat dont les mentions
essentielles sont fixées par la loi et conformément aux conditions contenues dans le cahier des
charges.
Le contrôle des marchés publics est assuré par les établissements publics chargés du
contrôle et de la régulation et par tout autre organe administratif compétent.
Des sanctions spécifiques sont prévues pour réprimer les infractions et autres
manquements.
Enfin, les litiges nés à l’occasion des marchés publics peuvent faire l’objet d’une
réclamation auprès de l’autorité contractante ou de l’établissement public chargé de la
régulation des marchés publics. En cas d’échec, la juridiction compétente peut être saisie.
La présente loi comporte sept titres :
Titre I : Des dispositions générales
Titre II : De la passation des marchés public ;
Tire III : De l’exécution des marchés publics
Titre IV : Du contrôle de l’exécution et règlements des marchés publics Titre V : Du
contentieux des marchés publics
Titre VI : Des sanctions
Titre VII : Des dispositions transitoires et finales Telle est l’économie générale de la
présente loi.
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L’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté,

Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

TITRE I : DES DISPOSITIONS GENERALES


Chapitre 1er : De l’objet et du champ d’application
Article 1er
La présente loi fixe les règles régissant la passation, l’exécution, le contrôle ainsi que
le contentieux des marchés de travaux, de fournitures, de services et de prestations
intellectuelles passés par l’Etat, les provinces, les entités territoriales décentralisées, les
entreprises publiques et les établissements publics.
Des édits provinciaux organisent les dispositions spécifiques relatives aux marchés et
délégations des services publics passés par les provinces et les entités territoriales
décentralisées.
Cette loi fixe également les règles relatives aux conventions de délégations de service
public.
Ces règles reposent sur les principes de liberté d’accès à la commande publique, de
prise en compte de l’expertise et des compétences nationales, d’égalité de traitement des
candidats, du respect des règles d’éthique et de transparence dans les procédures y relatives.

Article 2
La présente loi s'applique également aux marchés passés par les personnes morales de
droit privé bénéficiant du financement ou de la garantie des personnes morales de droit public
ou agissant en leur nom et pour leur compte.

Article 3
Les marchés passés en application d'un accord de financement ou d’un traité
international sont soumis aux dispositions de la présente loi, dans la mesure où celles-ci ne
sont pas contraires aux stipulations de cet accord ou de ce traité.

Article 4
Les dispositions de la présente loi ne sont pas applicables aux marchés conclus en
application d'un accord international concernant le stationnement de troupes.

Chapitre 2 : Des définitions


Article 5
Aux termes de la présente loi, il faut entendre par :
Abattement : mesure qui consiste à réduire volontairement et de commun accord l’offre
financière d’une soumission, d’un pourcentage autorisé par la présente loi et spécifié dans le
cahier des charges, afin de permettre à un soumissionnaire se trouvant dans les conditions
également prévues par la présente loi, d’être compétitif ;
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Allotissement : division d’un marché de travaux, fournitures ou de services en plusieurs lots


pouvant donner lieu à un marché distinct ;
Attributaire du marché : soumissionnaire dont l'offre a été retenue avant la notification de
l’approbation du marché ;
Autorité contractante : personne morale de droit public ou personne morale de droit privé ou
son délégué, chargée de définir les projets publics du secteur sous sa responsabilité, de les
préparer et d’en planifier la réalisation suivant la procédure d’attribution des marchés publics,
d’en suivre et d’en contrôler l’exécution ;
Autorité délégante : autorité contractante pour les conventions de délégation de service
public ;
Avenant : acte contractuel modifiant certaines clauses du marché de base pour l’adapter à des
événements survenus après son approbation ;
Cahier des charges : document établi par l'autorité contractante et définissant les exigences
qu'elle requiert, les méthodes à utiliser, les moyens à mettre en œuvre, les préoccupations dont
il faut tenir compte ainsi que les résultats escomptés ;
Candidat : personne physique ou morale qui manifeste un intérêt à participer ou qui est
retenue par une autorité contractante pour participer à une procédure de passation de marché
public ;
Cocontractant ou titulaire du marché : toute personne physique ou morale partie au
contrat, en charge de l’exécution des travaux, des fournitures ou des prestations intellectuelles
prévus dans le marché ;
Commande publique : ordre par lequel l’autorité contractante demande l’exécution des
travaux, la fourniture des biens et services ou la réalisation des prestations intellectuelles en
vue d’assurer, dans le cadre d’un marché public, la satisfaction d’un besoin d’intérêt général ;
Délégation de service public : contrat par lequel une personne morale de droit public ou de
droit privé, dûment mandatée par une autorité publique compétente, confie la gestion d’un
service public relevant de sa compétence à un délégataire dont la rémunération est liée ou
substantiellement assurée par les résultats de l’exploitation du service ;
Dossier d'appel d'offres : ensemble de documents contenant les renseignements nécessaires
à l'élaboration de la soumission, en vue de l'attribution et de l’exécution d’un marché public ;
Garantie de bonne exécution: toute garantie financière, bancaire ou personnelle constituée
en vue d’assurer l’autorité contractante de la bonne réalisation du marché, tant du point de vue
technique que du délai d'exécution ;
Garantie de l’offre : dépôt en espèces ou cautionnement bancaire fait par le soumissionnaire
en vue de garantir sa participation à la concurrence jusqu'à l’approbation du marché ;
Groupement d’entreprises : groupe d’entreprises conjointes ou solidaires ayant souscrit un
acte d’engagement unique et représentées par l’une d’entre elles qui assure une fonction de
mandataire commun ;
Maître d’ouvrage : autorité contractante pour le compte de laquelle l’exécution des travaux
ou la fourniture d’équipements est réalisée ;
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Maître d’ouvrage délégué : personne exerçant, en qualité de mandataire du maître


d’ouvrage, tout ou partie des attributions de ce dernier ;
Maître d’œuvre : personne physique ou morale de droit public ou de droit privé chargée par
l’autorité contractante d’assurer la représentation et la défense de ses intérêts aux stades de la
définition, de l’élaboration, de l’exécution et de la réception des prestations, objet du marché ;
Marché à participation communautaire : celui auquel participent des personnes, des
associations ou des bénéficiaires futurs des prestations, jouissant d’une contribution ou d’une
garantie financière de l’Etat ;
Marché public : contrat écrit par lequel un entrepreneur, un fournisseur ou un prestataire
s’engage envers l’autorité contractante fournissant une contribution ou une garantie
financière, soit à réaliser des travaux, soit à fournir des biens ou des services, soit à exécuter
des prestations intellectuelles, moyennant un prix ;
Marché de gré à gré ou par entente directe : marché passé sans appel d’offres ;
Offre : proposition comprenant un ensemble d’éléments techniques et financiers, inclus dans
le dossier de soumission, en vue de la conclusion d’un marché public ;
Ouvrage : résultat d’un ensemble de travaux de génie civil pouvant consister en des
opérations de construction, reconstruction, démolition, réparation ou rénovation ;
Projet : toute initiative visant la satisfaction d’un besoin au niveau du maître d’ouvrage et
pouvant nécessiter l’engagement des fonds publics en vue d’acquérir des fournitures, de faire
exécuter des travaux ou de faire réaliser toute autre prestation ;
Régie intéressée : contrat par lequel l’autorité contractante confie la gestion d’un service
public à une personne privée ou publique rémunérée par elle, tout en étant intéressée aux
résultats d’exploitation du service, au regard des économies réalisées, des gains de
productivité ou de l’amélioration de la qualité du service ;
Soumission : acte d’engagement écrit au terme duquel un soumissionnaire fait connaître ses
conditions et s'engage à respecter le cahier des charges applicables ;
Soumissionnaire : personne physique ou morale intéressée à la réalisation d’un marché
public et qui en a fait l’offre ;
Termes de référence : ensemble d’indications, d’orientations et de directives succinctes
contenues dans le cahier des charges en vue de la passation d’un marché public.

Chapitre 3 : Des préalables à la commande publique


Article 6
Toute commande publique obéit aux préalables suivants :
1. l’identification des projets ;
2. l’évaluation de l’opportunité ;
3. l’intégration des besoins dans le cadre d’une programmation budgétaire ;
4. la disponibilité des crédits ;
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5. la planification des opérations de mise en concurrence ;


6. le respect des obligations de publicité et de transparence ;
7. le choix de l'offre économiquement la plus avantageuse.

Chapitre 4 : Des types de marchés publics


Article 7
Les différents types de marchés publics sont :
1. les marchés de travaux ;
2. les marchés de fournitures ;
3. les marchés de services ;
4. les marchés de prestations intellectuelles.

Article 8
Les marchés de travaux ont pour objet la réalisation au bénéfice d'une autorité
contractante de tous travaux de bâtiment ou de génie civil ou la réfection d'ouvrages de toute
nature.

Article 9
Les marchés de fournitures concernent l'achat, la prise en crédit-bail, la location ou la
location-vente de produits ou matériels au bénéfice d'une autorité contractante.

Article 10
Les marchés de services ont pour objet la réalisation des prestations qui ne peuvent être
qualifiées ni de travaux, ni de fourniture.
Ils recouvrent notamment :
Les marchés de services courants qui ont pour objet l’acquisition par le maître
d’ouvrage des services pouvant être fournis sans spécifications techniques exigées par le
maître d’ouvrage ;
Les marchés portant notamment sur des prestations de transport, d’entretien et de
maintenance des équipements, des installations et de matériels, de nettoyage, de gardiennage
des locaux administratifs et de jardinage.

Article 11
Les marchés de prestations intellectuelles ont pour objet des prestations à caractère
principalement intellectuel. Ils incluent notamment les contrats de maîtrise d'ouvrage
déléguée, les contrats de conduite d'opération, les contrats de maîtrise d'œuvre et les services
d'assistance technique ainsi que les marchés de prestation, d’études et de maîtrise d’œuvre qui
comportent, le cas échéant, des obligations spécifiques liées à la notion de propriété
intellectuelle.

Article 12
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Un marché relevant de l'une des quatre catégories mentionnées ci-dessus peut


comporter, à titre accessoire, des éléments relevant d'une ou plusieurs autres catégories.
Lorsqu'un marché a pour objet à la fois des services et des fournitures, il est un marché de
services si la valeur de ceux-ci dépasse celle des produits à fournir, et inversement.
En cas d’égalité de valeurs, le marché est réputé marché de fournitures.

Chapitre 5 : Des organes de gestion des projets, de passation, de contrôle et


d’approbation des marchés publics et de délégations de service public
Article 13
La gestion des projets et la passation des marchés publics sont assurées par l’autorité
contractante qui dispose en son sein d’une cellule de gestion des marchés publics et de
délégations de service public.
Le contrôle a priori, assuré par un service relevant du ministère ayant le budget dans
ses attributions, porte sur le respect par les autorités contractantes des procédures de passation
des marchés et de délégations de service public. Ce contrôle s’effectue par des avis de non
objection, des autorisations et dérogations nécessaires.
Article 14
La régulation des marchés est assurée par une institution chargée notamment du
contrôle a posteriori des marchés publics et de délégations de service public, de l’audit, de la
formation et de renforcement des capacités.
La création, l’organisation et le fonctionnement de cette institution sont fixés par
décret du Premier ministre délibéré en conseil des ministres.

Article 15
Les contrats des marchés publics et de délégations de service public sont approuvés
par une autorité compétente selon les modalités fixées par le décret du Premier ministre
délibéré en conseil des ministres.
Un marché public ou une délégation de service public n’a d’effets que s’il est
approuvé.

Article 16
L’exercice cumulé par une même personne ou un même organisme des fonctions ci-
avant est strictement prohibé. Il emporte nullité des actes pris en violation de cette disposition
sans préjudice des sanctions qui pourront être prononcées à l’encontre du contrevenant.

TITRE II : DE LA PASSATION DES MARCHES PUBLICS


Chapitre 1er : Des principes
Article 17
Les marchés publics sont passés par appel d’offres.
Ils peuvent exceptionnellement être attribués selon la procédure de gré à gré dans les
conditions définies dans la présente loi.
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Article 18
En cas d’allotissement, le dossier d’appel d’offres fixe le nombre, la nature et
l’importance des lots, les conditions imposées aux candidats ainsi que les modalités de leur
attribution.
Si, dans le cadre d’un appel d’offres, un ou plusieurs lots ne sont pas attribués,
l’autorité contractante doit entamer de nouvelles procédures d’appel à la concurrence pour les
lots non attribués en modifiant, s’il y a lieu, la consistance de ces lots ou toute autre solution
avalisée par l’établissement public chargé du contrôle a priori des marchés publics.

Article 19
Les commandes de l’Etat et des établissements publics peuvent être groupées et
exécutées avec l’accord des autorités contractantes, par une Commission créée par décret du
Premier ministre délibéré en conseil des ministres.

Chapitre 2 : Des marchés par appel d’offres


Article 20
L’appel d’offres est la procédure par laquelle l’autorité contractante choisit, sans
négociation avec les candidats, l’offre économiquement la plus avantageuse, évaluée sur la
base de critères objectifs préalablement portés à la connaissance des candidats et exprimés en
termes monétaires.

Article 21
L’appel d’offres est ouvert, restreint ou sur concours.

Section 1ère : De l’appel d’offres ouvert


Article 22
L’appel d’offres est dit ouvert lorsque toute personne intéressée par le marché peut
soumettre une offre.

Article 23
Les critères de choix du soumissionnaire incluent, notamment :
au titre de la qualification des candidats :

 La situation juridique ;
 La capacité professionnelle, technique et financière ;
 Les références ;
 L’absence de disqualification ou de condamnation de l’entreprise candidate ou de ses
dirigeantes liées à la passation des marchés publics ou à leur activité professionnelle ;
 La situation vis-à-vis des services d’impôts, des douanes et des organismes de
protection sociale ;
 La norme de qualité éventuelle sous laquelle le prestataire est inscrit ;
au titre de l’évaluation des offres des soumissionnaires, l’offre économiquement la plus
avantageuse. Celle-ci est évaluée en fonction notamment de :

 Prix proposé ;
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 Délai d’exécution ;
 Coût de fonctionnement des matériels ou infrastructures proposées ;
 Service après-vente ;
 Conditions et calendrier de paiement ;
 Garantie de la durée de vie ;
 Impact environnemental ;
 Utilisation plus ou moins accrue des compétences nationales.

Article 24
Pour certains types de marchés, notamment ceux du secteur de l’information et de
manuels scolaires, un système d’évaluation basée sur le score peut être utilisé.

Section 2 : De l’appel d’offres restreint


Article 25
L’appel d’offres est dit restreint lorsque seuls peuvent remettre des offres, les
candidats que l’autorité contractante a décidé de consulter. Le nombre et la qualité de
candidats admis à soumissionner assurent une concurrence réelle. Il est ensuite procédé
comme en matière d’appel d’offres ouvert.

Article 26
Il ne peut être recouru à la procédure d’appel d’offres restreint que lorsque les biens,
les travaux ou les services, de par leur nature spécialisée, ne sont disponibles qu'auprès d'un
nombre limité de fournisseurs, d’entrepreneurs ou de prestataires de services. Dans ce cas,
tous les candidats potentiels sont invités.
Le recours à la procédure d’appel d’offres restreint est motivé et soumis à
l’autorisation du service chargé du contrôle des marchés publics.

Section 3 : De l’Appel d’offres avec concours


Article 27
Lorsque des motifs d’ordre technique, esthétique, environnemental ou financier
justifient des recherches particulières, l’appel d’offres peut être assorti d’un concours.
Le concours porte sur la conception d’une œuvre ou d’un projet architectural.
Il a lieu sur la base d’un programme établi par l’autorité contractante qui indique les
besoins auxquels doit répondre la prestation et fixe le cas échéant le maximum de la dépense
prévue pour l’exécution du budget.

Article 28
L’appel d’offres avec concours s’effectue selon la procédure d’appel d’offres ouvert
ou restreint.

Article 29
Le règlement particulier d’appel d’offres avec concours prévoit :
des primes, récompenses ou avantages à allouer aux soumissionnaires les mieux
classés ;
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que les projets primés deviennent en tout ou partie propriété de l’autorité contractante,
ou que celle-ci se réserve le droit de faire exécuter par l’entrepreneur ou le fournisseur de son
choix tout ou partie des projets primés, moyennant versement d’une redevance fixée dans le
règlement particulier d’appel d’offres lui-même ou déterminée ultérieurement à l’amiable ou
après expertise.
Il indique en outre dans quelles conditions les hommes de l’art, auteurs des projets,
sont appelés à coopérer à l’exécution de leur projet primé.

Article 30
Les projets des concurrents non retenus leur sont restitués à leurs frais endéans un
mois.
Les projets retenus et/ou primés deviennent la propriété de l’autorité contractante.

Section 4 : Du dossier d’appel d’offres et des délais de remise des offres


Article 31
Le dossier d’appel d’offres comprend :

 L’avis d’appel d’offres ;


 Le cahier des clauses administratives générales ;
 Le règlement particulier de l’appel d’offres ;
 Le cahier des clauses administratives particulières ;
 Le cahier des clauses techniques générales ;
 Le cahier des clauses techniques particulières, les termes de référence ou le descriptif de
la fourniture ;
 Le cadre du bordereau des prix unitaires ;
 Le cadre du détail estimatif ;
 Le Cadre du sous-détail des prix ;
 Les formulaires types relatifs notamment à la soumission et la caution ;
 Le cas échéant, les documents techniques (plans, dessins, notes de calcul) ou tout autre
document jugé nécessaire par l’autorité contractante.

Article 32
Les cahiers des charges des marchés des travaux, fournitures et prestations de services
sont élaborés par référence aux normes, spécifications ou agréments techniques nationaux, ou
à défaut à des normes, spécifications ou agréments techniques internationaux.

Article 33
Les documents d’appel d’offres ou de consultation peuvent être mis à la disposition
des candidats par voie électronique dans les conditions fixées par voie réglementaire, sous
réserve que ces documents soient également mis à la disposition des candidats par voie
postale, s’ils en font la demande.

Article 34
Les marchés publics dont le montant est supérieur ou égal au seuil réglementaire font
l’objet d’un avis d’appel à la concurrence porté à la connaissance du public.
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La publicité est faite par insertion, dans les mêmes termes, dans la presse nationale
et/ou internationale et sous mode électronique, selon un document- modèle qui en fixe les
mentions obligatoires. Cette obligation concerne également les avis de pré qualification.
L’absence de publicité entraîne la nullité de la procédure.

Article 35
Dans les procédures ouvertes ou restreintes, le délai de réception des candidatures ou
des offres ne peut être inférieur à trente jours calendaires à compter de la publication de l’avis
pour les marchés supérieurs aux seuils réglementaires.
Lorsque les avis et le dossier d’appel d’offres sont préparés et envoyés par des moyens
électroniques, les délais de réception des offres peuvent être raccourcis de sept jours
calendaires.

Article 36
En cas d’urgence dûment motivée, ne nécessitant toutefois pas une intervention
immédiate, les délais visés à l’article précédent peuvent être ramenés à quinze jours
calendaires maximum. La décision de recourir à la procédure d’urgence est autorisée par le
service chargé du contrôle a priori des marchés publics.

Section 5 : De la préférence nationale et régionale


Article 37
Lors de la passation d’un marché public, soit par appel d’offres soit de gré à gré, une
préférence est accordée à la soumission présentée dans l’ordre suivant par :
Une personne physique de nationalité congolaise ;
Une petite et moyenne entreprise congolaise dont le capital est détenu majoritairement
par des personnes physiques de nationalité congolaise ou des personnes morales de droit
congolais ;
Une personne morale de droit congolais ;
Des groupements d’entreprises associant des entreprises congolaises ou prévoyant une
sous-traitance du marché aux nationaux dans les conditions de l’article 59 de la présente loi ;
Une personne physique étrangère ou une personne morale de droit étranger, justifiant
d’une activité économique sur le territoire congolais ;
Une personne physique étrangère ou une entreprise de droit étranger, ressortissant
d’un État partie avec la République Démocratique du Congo à un traité, un accord ou
règlement aux termes duquel telle préférence lui est reconnue.
Cette préférence peut également être accordée à certaines catégories d’entreprises
faisant l’objet d’une protection sociale résultant de la législation en vigueur.
Elle consiste en un abattement sur l’offre financière du soumissionnaire. Dans tous les
cas, elle devra être indiquée et quantifiée dans l’appel d’offres.
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Section 6 : Des marchés à bons de commande et marchés de clientèle


Article 38
Les marchés à bons de commande sont ceux qui ont pour objet de permettre à
l’autorité contractante de couvrir ses besoins courants annuels de fournitures dont il n’est pas
possible, au début de l’année, de prévoir l’importance exacte, ou bien qui excèdent les
possibilités de stockage.
La durée de ces marchés ne peut excéder une année. Elle peut être renouvelée une fois.
Ces marchés indiquent les limites maximales et minimales de la prestation globale à
fournir, ces limites pouvant être exprimées soit en quantité soit en valeur.

Article 39
Les marchés de clientèle sont ceux par lesquels l’autorité contractante s’engage à
confier à certains contractants ou soumissionnaires prestataires, pour une période limitée, et
qui ne saurait excéder une année, renouvelable une fois, l’exécution de tout ou partie de
certaines catégories de prestations de services, définies par la réglementation en vigueur,
suivant des commandes faites au fur et à mesure des besoins

Section 7 : Des marchés de prestations intellectuelles


Article 40
Les marchés de prestations intellectuelles recouvrent les activités qui ont pour objet
des prestations à caractère principalement intellectuel, dont l’élément prédominant n’est pas
physiquement quantifiable. Ils incluent notamment les études, la maîtrise d’œuvre, les
services d’assistance technique et de maîtrise d’ouvrage déléguée. Ils sont attribués après mise
en concurrence des candidats pré qualifiés ; les critères étant définis dans le cahier des
charges.

Chapitre 3 : Des marchés de gré à gré


Article 41
Un marché est dit de gré à gré lorsqu’il est passé sans appel d’offres après autorisation
du service chargé du contrôle des marchés publics. La demande d’autorisation de recours à
cette procédure décrit les motifs la justifiant.

Article 42
Il ne peut être passé de marché de gré à gré que dans l’un des cas suivants :
1. Lorsque les besoins ne peuvent être satisfaits que par une prestation nécessitant l’emploi
d’un brevet d’invention, d’une licence ou de droits exclusifs détenus par un seul
entrepreneur, un seul fournisseur ou un seul prestataire ;
2. Lorsque les marchés ne peuvent être confiés qu’à un prestataire déterminé pour des
raisons techniques ou artistiques ;
3. Dans les cas d’extrême urgence, pour les travaux, fournitures ou services que l’autorité
contractante fait exécuter en lieu et place de l’entrepreneur, du fournisseur ou du
prestataire défaillant ;
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4. Dans le cas d’urgence impérieuse motivée par des circonstances imprévisibles ou de


force majeure ne permettant pas de respecter les délais prévus dans les procédures
d’appel d’offres, nécessitant une intervention immédiate ;
5. Lorsqu’il s’agit des marchés spéciaux définis aux articles 44 et 45 de la présente loi.

Article 43
Le marché de gré à gré ne peut être passé qu’avec des entrepreneurs, fournisseurs ou
prestataires de services qui ont l’expertise requise ou ont exécuté des travaux analogues dans
le passé et acceptent de se soumettre à un contrôle des prix spécifiques durant l’exécution des
prestations.
Il indique notamment les obligations comptables auxquelles l’attributaire est soumis.

Chapitre 4 : Des marchés spéciaux et de la délégation de service public


Article 44
Les marchés spéciaux sont ceux qui ne répondent pas, pour tout ou partie, aux
dispositions relatives aux marchés par appel d’offres ou aux marchés de gré à gré. Ils
comprennent les marchés relatifs à la défense nationale, à la sécurité et aux intérêts
stratégiques de l’État.

Article 45
Les marchés spéciaux ne concernent que l’acquisition des équipements ou fournitures
et les prestations de toute nature strictement liées à la défense nationale, à la sécurité et aux
intérêts stratégiques de l’État.
Ils font l’objet d’un décret du Premier ministre délibéré en conseil des ministres.

Article 46
Les différents modes de la délégation de service public ainsi que les marchés à
participation communautaire, les conditions de leur conclusion, notamment celles concernant
la publicité, les délais de procédure, la pré qualification, la sélection des offres, sont fixés par
décret du Premier ministre délibéré en conseil des ministres.

TITRE III : DE L’EXECUTION DES MARCHES PUBLICS


Chapitre 1er : Des généralités
Article 47
Tout marché public fait l’objet d’un contrat écrit dans lequel sont renseignées les
mentions visées à l’article 48 de la présente loi.
Le contrat est conclu avant le commencement d’exécution.
Est, par conséquent, irrecevable toute réclamation portant sur l’exécution des
prestations avant la conclusion du contrat.
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Section 1ère : Du contenu du contrat


Article 48
Le contrat mentionne :

 L’objet et le numéro du marché ;


 Les parties contractantes ;
 Les moyens de financement de la dépense et la rubrique budgétaire d’imputation ;
 Le cas échéant, le maître d’œuvre délégué ;
 La qualité de la personne signataire du marché et de la partie cocontractante ;
 Les pièces constitutives du dossier d’appel d’offres ;
 Le montant du marché, assorti des modalités de sa détermination et, éventuellement,
de celles de sa révision ;
 Les obligations fiscales et douanières ;
 Le délai et le lieu d’exécution ;
 Les conditions de constitution des cautionnements ;
 La date de notification ;
 La domiciliation bancaire du cocontractant ;
 Les conditions de réception ou de livraison des prestations ;
 Les modalités de règlement des prestations ;
 Le comptable chargé du paiement ;
 Les modalités de règlement des litiges ;
 Les conditions de résiliation ;
 La juridiction compétente en cas d’appel d’offres international.

Section 2 : Du cahier des charges


Article 49
Le cahier des charges détermine les conditions d’exécution du marché. Il comprend les
documents généraux et les documents particuliers suivants :

 Le cahier des clauses administratives générales qui fixent les dispositions relatives à
l’exécution et au contrôle des marchés publics, applicables à toute catégorie de
marchés ;
 Le cahier des clauses administratives particulières qui fixent les dispositions
administratives et financières propres à chaque marché ;
 Tous autres documents définissant les caractéristiques des travaux, des fournitures, des
services ou des prestations intellectuelles.

Section 3 : Des garanties


Article 50
Pour être admis à présenter une offre, les candidats sont tenus de fournir une garantie
lorsque la nature des prestations le requiert. Il n’est pas demandé de garantie pour les marchés
de fournitures simples et pour les marchés de prestations intellectuelles.

Article 51
A l’exception des titulaires des marchés de prestations intellectuelles, tout titulaire
d’un marché public est tenu de fournir une garantie de bonne exécution.
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Article 52
Les conditions de constitution de la garantie de l’offre et de la garantie de bonne
exécution sont déterminées par voie réglementaire.

Article 53
Dans les conditions fixées par voie réglementaire, les titulaires des marchés publics
peuvent être soumis à d’autres garanties, notamment celles en remboursement des avances ou
des acomptes.

Chapitre 2 : Du prix et des avenants


Article 54
Le prix rémunère le titulaire du marché. Il est censé lui assurer un bénéfice et couvrir
toutes les dépenses qui sont la conséquence nécessaire et directe des travaux, fournitures ou
services, et notamment les impôts, droits et taxes applicables sauf lorsqu’ils sont exclus du
prix du marché en vertu du terme de commerce retenu.

Article 55
Les prestations faisant l’objet du marché sont réglées, soit par des prix forfaitaires
appliqués à tout ou partie du marché quelles que soient les quantités, soit par des prix unitaires
appliqués aux quantités réellement livrées ou exécutées.
La fixation d’un prix forfaitaire est imposée dès lors que les prestations sont bien
définies au moment de la conclusion du marché ; celle d’un prix unitaire est appliquée à une
prestation élémentaire, à une fourniture ou à un élément d’ouvrage dont les quantités ne sont
indiquées qu’à titre prévisionnel.

Article 56
Les marchés sont conclus à prix ferme ou à prix révisable.
Le prix est ferme lorsqu’il ne peut être modifié en cours d’exécution du marché en
raison des variations des conditions économiques. Les marchés ne sont conclus à prix ferme
que lorsque l’évolution prévisible des conditions économiques n’expose ni le titulaire du
marché, ni l’autorité contractante à des aléas importants.Le prix ferme est actualisable entre la
date limite de remise des offres et la date de notification du marché.
Le prix est révisable lorsqu’il peut être modifié durant l’exécution des prestations aux
conditions de révision expressément prévues au contrat.
Les modalités d’actualisation et de révision du prix sont prévues dans le cahier des
charges.

Article 57
Le prix est susceptible d’ajustement lorsqu’il est calculé par référence à une
mercuriale, un catalogue, un barème, une série, ou lorsqu’il fait l’objet d’une mise à jour
périodique.
Le contrat peut prévoir une clause d’actualisation du prix, indépendamment de celle
de révision dudit prix.
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Article 58
Les stipulations d’un marché public peuvent être modifiées par voie d’avenant dans la
limite de quinze pourcent de la valeur totale du marché de base. L’avenant ne peut modifier ni
la monnaie de règlement ni la formule de révision des prix. La conclusion d’un avenant est
soumise à l’autorisation du service chargé du contrôle a priori des marchés publics.

Chapitre 3 : De la sous-traitance, de la co-traitance et du nantissement


Article 59
Le titulaire d’un marché public de travaux ou de services peut en sous-traiter
l’exécution de certaines parties à condition :
1. Que cette possibilité soit prévue dans le dossier d’appel d’offres ;
2. D’avoir obtenu de l’autorité contractante l’acceptation de chaque sous- traitant et
l’agrément de ses conditions de paiement.
Le soumissionnaire a l’obligation d’indiquer dans son offre, la nature et le montant de
la partie des prestations qu’il envisage de sous-traiter. Est interdite, la sous-traitance de plus
de quarante pourcent de la valeur globale d’un marché.

Article 60
La sous-traitance ne peut en aucun cas conduire à une modification substantielle de la
qualification du titulaire après attribution du marché.

Article 61
Le candidat étranger qui aura prévu de sous-traiter trente pourcent de la valeur globale
du marché de travaux, de fournitures ou de services à une entreprise congolaise ou d’aligner
quarante pourcent d’experts congolais dans l’équipe clé des experts pourra bénéficier d’une
marge de préférence sous forme d’abattement qui ne pourra être supérieure à cinq pourcent.

Article 62
En cas de sous-traitance, le titulaire du marché demeure personnellement responsable
de son exécution.

Article 63
Sans préjudice des dispositions de l’article 70 de la présente loi, le sous-traitant est
payé, à sa demande, directement par l’autorité contractante après accord du titulaire du
marché.

Article 64
Les entrepreneurs, fournisseurs et prestataires de services peuvent présenter leur
candidature ou leur offre sous forme de groupement solidaire ou de groupement conjoint.
Il est interdit aux candidats et soumissionnaires de présenter pour le même marché ou
un de ses lots, plusieurs offres en agissant à la fois en qualité de candidats individuels ou de
membres d’un ou plusieurs groupements.
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Article 65
Tout marché public peut être donné en nantissement conformément au droit commun.

TITRE IV : DU CONTROLE DE L’EXECUTION ET REGLEMENT DES MARCHES


PUBLICS
Article 66
L’exécution des marchés publics fait l’objet de contrôle par :

 L’autorité contractante selon les modalités précisées dans le cahier des clauses
administratives générales ;
 L’institution chargée de régulation des marchés publics ;
Tout autre organe administratif compétent prévu par les lois et règlements en vigueur.

Article 67
Le dépassement des délais contractuels donne lieu à des pénalités telles que fixées
dans le cahier des charges.

Article 68
L’autorité contractante peut ordonner l’ajournement des travaux, fournitures ou
prestations, objet du marché, avant leur achèvement, dans les conditions et aux conséquences
prévues dans le contrat.

Article 69
Les marchés publics peuvent faire l’objet d’une résiliation dans les conditions
stipulées au cahier des charges.

Article 70
Les modalités de règlement des marchés publics sont déterminées par voie
règlementaire.
Des avances peuvent être accordées en raison des opérations préparatoires à
l’exécution des travaux, fournitures ou services qui font l’objet du marché, sous réserve de la
constitution d’une garantie bancaire d’un montant équivalent. Leur montant total ne peut en
aucun cas excéder :

 Trente pour cent du montant du marché initial pour les travaux et prestations
intellectuelles ;
 Vingt pour cent du montant du marché initial pour les fournitures et autres services.

Article 71
Les prestations qui ont donné lieu à un commencement d’exécution du marché ouvrent
droit au versement d’acomptes, à l’exception des marchés prévoyant un délai d’exécution
inférieur à trois mois pour lesquels le versement d’acomptes est facultatif.
Le montant des acomptes ne peut excéder la valeur des prestations auxquelles ils se
rapportent, une fois déduites les sommes nécessaires au remboursement des avances, le cas
échéant.
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Article 72
Le défaut de paiement par l’autorité contractante dans les délais réglementaires donne
lieu au paiement des intérêts moratoires au bénéfice du titulaire du marché.

TITRE V : DES CONTENTIEUX DES MARCHES PUBLICS


Chapitre 1er : Du contentieux de l’attribution
Article 73
Tout candidat ou soumissionnaire qui s’estime illégalement évincer des procédures de
passation des marchés publics ou de délégations de service public peut introduire une
réclamation auprès de l’autorité contractante.
La décision de cette dernière peut être contestée devant l’Institution chargée de la
régulation des marchés publics.

Article 74
La réclamation est introduite, sous peine d’irrecevabilité, soit par lettre recommandée
avec accusé de réception, soit par tout autre moyen de communication électronique, dans les
cinq jours ouvrables de la publication de la décision d’attribution du marché ou de la
délégation du service public, ou dans les dix jours ouvrables précédant la date prévue pour la
candidature ou la soumission. Elle est suspensive de la procédure d’attribution définitive.

Chapitre 2 : Du contentieux de l’exécution


Article 75
Tout cocontractant qui s’estime léser dans l’exécution d’un contrat de marché public
ou de délégation de service public peut introduire une réclamation auprès de l’autorité
contractante.
Les dispositions de l’article 73, alinéa 2 de la présente loi s’appliquent mutatis
mutandis au contentieux de l’exécution.

Article 76
Tout litige non réglé après la réclamation prévue aux articles 73 à 75 de la présente loi
sera tranché par la juridiction compétente.

TITRE VI : DES SANCTIONS


Chapitre 1er : Des dispositions pénales
Article 77
Toute infraction commise à l’occasion de la passation de marchés publics ou de
délégations de service public sera punie du double de la servitude pénale prévue pour cette
infraction. L’amende sera portée à un montant ne dépassant pas 50.000.000 de francs
congolais.
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Article 78
Le conflit d’intérêts, le délit d’initié et la prise illégale d’intérêts commis dans le cadre
d’un marché public et d’une délégation de service public sont punis d’une amende de
25.00.00 à 50.000.000 de francs congolais.
Il y a conflit d’intérêts lorsqu’un membre de l’autorité contractante ou délégante prend
part à la prise de décision concernant le candidat ou le titulaire du marché public auquel il est
lié par des intérêts incompatibles avec ceux de l’Etat. Il y a délit d’initié lorsqu’un membre de
l’autorité contractante ou délégante, une personne chargée d’un service public ou investie
d’un mandat électif fournit ou fait usage des informations privilégiées détenues en raison de
ses fonctions ou de son mandat, dans le but d’influencer l’attribution d’un marché public ou
d’une délégation de service public. Il y a prise illégale d’intérêts lorsqu’un fonctionnaire, un
agent public ou un élu prend, reçoit ou conserve un intérêt dans une entreprise ou une
opération dont il a, au moment de l’acte, la charge d’assurer la surveillance, l’administration
ou la liquidation.

Article 79
En condamnant les personnes chargées de la direction d’une entreprise de travaux,
fournitures ou prestations de services publics ou les délégataires d’un service public pour une
infraction commise à l’occasion de la passation d’un marché public, le tribunal prononcera, en
outre, la confiscation des garanties constituées par l’entreprise et l’exclusion de celle-ci de la
commande publique pour une durée ne dépassant pas cinq années. L’exclusion de la
commande publique sera définitive en cas de récidive.

Chapitre 2 : Des sanctions administratives


Article 80
L’entrepreneur, le fournisseur ou le prestataire de services qui aura commis un acte
d’improbité dans la passation ou dans l’exécution des marchés publics sera passible de l’une
ou des sanctions prévues à l’article 81 ci-dessous, sans préjudice des peines définies pour les
infractions à la loi pénale.
Aux termes de la présente loi, constitue notamment un acte d’improbité, le fait, pour
l’entrepreneur, le fournisseur, le prestataire de services ou le délégataire de service public :
1. De se rendre coupable de collusion avec des tiers aux fins d’établir des offres de prix à
des niveaux artificiels et non concurrentiels, au préjudice de l’autorité contractante ;
2. De procéder à la surfacturation et/ou à la fausse facturation ;
3. De tenter d’influencer l’évaluation des offres ou les décisions d’attributions, notamment
en proposant un paiement ou tout autre avantage indû ;
4. D’être reconnu, par un jugement coulé en force de chose jugée, responsable d’un
manquement à ses obligations contractuelles lors de l’exécution des marchés antérieurs ;
5. De fournir des informations fausses, de faire des déclarations mensongères ou de faire
usage d’informations privilégiées et/ou confidentielles dans le cadre de la procédure
d’appel d’offres ;
6. De se livrer à des actes de corruption et aux manœuvres frauduleuses.
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Article 81
Les sanctions ci-après seront prononcées, de façon séparée ou cumulative, par
l’Institution chargée de la régulation des marchés publics, à l’endroit de l’entrepreneur, du
fournisseur ou du prestataire de services qui se sera rendu coupable d’un des actes
d’improbité énumérés à l’article précédent :
1. l’exclusion temporaire de la commande publique ;
2. le retrait de l’agrément et/ou du certificat de qualification. L’exclusion temporaire ne peut
dépasser la durée de cinq années.
Toutefois, en cas de récidive, la déchéance définitive peut être prononcée par la
juridiction compétente, à la demande de l’établissement public chargé de la régulation des
marchés publics. L’Institution dresse périodiquement la liste des personnes physiques ou
morales déchues du droit de concourir au marché public. Cette liste est régulièrement mise à
jour, communiquée aux autorités contractantes et publiée au journal des marchés publics.

TITRE VII : DES DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET FINALES


Article 82
Les marchés publics conclus antérieurement à la promulgation de la présente loi ou à
conclure avant la mise en place des services et institutions visés à l’article 83 ci- dessous
demeurent soumis à la législation antérieure pour ce qui concerne les règles de passation et
d’exécution des marchés et de délégations de service public. Les procédures de recours
prévues par la présente loi sont néanmoins ouvertes aux titulaires de ces marchés.

Article 83
Les services et institutions dont la création est prévue par la présente loi sont mis en
place dans un délai de six mois à compter de sa promulgation.

Article 84
Sous réserve des dispositions de l’article 82 de la présente loi, l’Ordonnance-loi n°
69/054 du 5 décembre 1969 relative aux marchés publics est abrogée.

Article 85
La présente loi entre en vigueur à la date de sa promulgation.

Fait à Kinshasa, le 27 avril 2010


Joseph KABILA KABANGE
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DECRET N°10/22 DU 02 JUIN 2010 PORTANT MANUEL DE PROCEDURES DE LA


LOI RELATIVE AUX MARCHES PUBLICS
Le Premier Ministre,
Vu la constitution, spécialement en son article 92 alinéa 1, 2 et 4 ;
Vu la loi n°10/010 du 27 avril 2010 relative aux marchés publics ;
Vu l’ordonnance n°08/064 du 10 octobre 2008 portant nomination du Premier
Ministre, Chef du Gouvernement;
Vu telle que modifiée et complétée à ce jour, l’ordonnance n°08/073 du 24 décembre
2008, portant organisation et fonctionnement du Gouvernement, modalités pratiques de
collaboration entre le Président de la République et le Gouvernement ainsi qu’entre les
membres du Gouvernement, spécialement en ses articles 9,10 et 11;
Vu l’ordonnance n°08/074 du 24 décembre 2008 fixant attributions des Ministères,
spécialement en son article 1er ;
Vu l’ordonnance n°10/025 du 19 février 2010 portant nomination des Vice-
Premiers Ministres, des Ministres et des Vice –ministres;
Vu le décret n°10/21 du 02 juin 2010 portant création, organisation et fonctionnement
de l’autorité de régulation des marchés publics ;
Considérant la nécessité de mettre en place les procédures d’application de la loi
n°10/010 du 27 avril 2010, relative aux marchés publics ;
Sur proposition du Ministre du budget
; Le Conseil des Ministres entendu.

TITRE 1 : DES DISPOSITIONS GÉNÉRALES


CHAPITRE 1er : DE L’OBJET, DU CHAMP D’APPLICATION ET DES
PRINCIPESFONDAMENTAUX
Article 1er :
Le présent Décret fixe les procédures d’application de la loi relative aux marchés
publics.

Section 1 : Des textes régissant les marchés publics


Article 2 :
Outre les textes auxquels se réfère le présent décret, les principaux textes régissant les
marchés publics sont, notamment :

 Les traités en rapport avec les marchés publics ratifiés par la République
Démocratique du Congo ;
 Les accorde de financement conclus entre la République Démocratique du Congo et
les bailleurs de fonds ;
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 La loi financière n°083-003 du 23 février 1983 telle que modifiée par l’ordonnance-loi
n°087-004 du 10 janvier 1987 ;
 La loi n°08/016 du 16 octobre 2008 portant composition, organisation et
fonctionnement des entités territoriales décentralisées et leurs rapports avec l’Etat et
les Provinces ;
 L’ordonnance loi n°68-248 du 10 juillet 1968 portant code d’organisation et
compétences judiciaire ;
 L’ordonnance n°34/242 du 10 juillet 1952 portant règlement général sur la
comptabilité publique ;
 Les divers arrêtés, circulaires et notes de services précisant l’un ou l’autre aspect du
secteur des marchés publics.

Section 2 : Du champ d’application


Article 3 :
Les dispositions de la loi relative aux marchés publics s’appliquant aux marchés
conclus par :

 Le pouvoir central, ses services déconcentrés et ses services auxiliaires ;


 Les Provinces et les entités territoriales décentralisées et leurs services auxiliaires ;
 Les établissements et entreprises publics ainsi que les sociétés commerciales à
participation publique majoritaire ;
 Tous autres organismes créés par l’Etat et dont l’activité est financée ou garantie par
l’Etat ;
 Les personnes morales de droit privé mandatée et bénéficiant du financement ou de la
garantie des personnes de droits public.

Section 3 : Des principes fondamentaux


Article 4 :
Les principes fondamentaux applicables aux achats publics se rattachent, d’une part,
aux notions d’efficacité des procédures et d’économie budgétaires et, d’autre part, aux notions
d’égalité des citoyens et de liberté du commerce. En matière de marchés publics, tout
échange, instruction ou rapport se fait obligatoirement par écrit.

Article 5 :
Une évaluation précise des besoins, par l’acheteur public préalablement à tout
lancement de la procédure de passation d’un marché, constitue une condition pour que le
marché soit passé et réalisé dans a les meilleures conditions économiques. La réalisation des
études d’avant projets sommaires ou d’avant projets détaillé sera nécessaire dans certains cas.

Article 6 :
Les principes de liberté d’accès à la commande publique et d’égalité de traitement des
candidats sont complémentaires. Ils résultent du principe constitutionnel d’égalité des
citoyens devant la loi et du principe de libre concurrence.
Ces principes reposent sur :
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 La possibilité, pour toute personne remplissant les conditions administratives et


techniques requises et non exclue au terme de l’article 81 de la loi relative aux
marchés publics, de se porter candidate à un marché public ;
 La possibilité donnée à tout soumissionnaire de pouvoir se plaindre et que la dite
plainte soit examinée en toute impartialité selon les dispositions de la loi et de ses
textes d’application ;
 L’interdiction des dispositions qui, par leurs exigences particulières, écartent certaines
catégories de candidats en se fondant sur d’autres considérations que celles des
dispositions de la loi relative aux marchés publics.

Article 7 :
La transparence des procédures est nécessaire pour assurer leur intégrité. Elle se
traduit notamment par :

 La publication suffisante et largement à l’avance des besoins de façon à garantir


l’accès aux marchés du plus grand nombre de candidats ;
 la possibilité de prendre connaissance des règle effectivement appliquées à travers des
textes clairs, y compris l’usage document types, qui facilitent le contrôle a priori et a
posteriori du respect de ces règles ;
 L’ouverture publique des plis et la publication des résultats permettant le contrôle de
l’impartialité des procédures d’attribution du marché par les candidats eux-mêmes ;
 Un droit de recours effectifs des candidats en cas de non-respect des règles de
passation des marchés ;
 Le bannissement de toute forme de fraude et de corruption dans la passation et
l’exécution des marchés publics et des délégations de services publics.

Article 8 :
La méconnaissance des principes d’égalité de traitement des candidats et de
transparence par les Autorités contractantes est sanctionnée par la nullité de la procédure de
passation du marché. Cette nullité peut être demandée par toute personne intéressée au
déroulement normal de la procédure.

Article 9 :
Les règles d’éthique et les sanctions en matière de marché publics fixées aux articles
1, 80 et 81 de la loi relative aux marchés publics sont de stricte application.

CHAPITRE 2 : DES ACTEURS INTERVIENNENT DANS LE PROCESSUS DE


PREPARATION, DE PASSATION, DE CONTROLE ET D’EXECUTION DES
MARCHES PUBLICS

 Un organe de régulation et de contrôle a posteriori : l’Autorité de régulation de


marchés publics, en abrégé, ARMP ;
 Un organe de contrôle à priori : la direction générale du contrôle des marchés publics,
et abrégé, DGCMP ;
 Des Autorité contractantes et maîtres d’ouvrages délégués dotés des cellules de
gestion des marchés publics en abrégé, CGMP ;
 Les autorités approbatrices.
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Section 1. De l’autorité de régulation des marchés publics


Article 11 :
Instituée auprès de la primature conformément à l’article 14 de la loi relative aux
marchés publics et créée par un Décret du premier ministre, l’autorité de régulation des
marchés publics a la mission d’assurer la régulation du système de passation des marchés
publics et des conventions de délégation de service public.
En outre, il est chargée notamment de :

 Émettre des avis conformes, propositions ou recommandations dans le cadre de la


définition des politiques, de l’élaboration ou de la mise à jour de la législation en
matière des marchés publics et de délégations de service public. A ce titre, l’ARMP
jouit de la prérogative exclusive de validation et de mise à jour de la législation et de
tous documents standards relatifs aux marchés publics et délégation de service public,
qu’elle soumet à l’autorité compétente ;
 Conduire des réformes pour la modernisation des procédures et des outils de passation
des marchés publics et de délégations de service public ;
 Examiner les recours précontractuels et procéder au règlement non juridictionnel des
litiges survenus à l’occasion de la passation des marchés publics et de délégations de
service public ;
 Promouvoir la mise en œuvre, par l’ensemble des acteurs de la commande publique,
des dispositifs d’éthiques et des pactes d’intégrité visant à proscrire la corruption ;
 Assurer, par des audits indépendants, le contrôle a posteriori des procédures de
passation des marchés publics et délégations de service public e prendre, le cas
échéant, des sanctions à l’endroit des violations avérées de la réglementation en la
matière ;
 Procéder à des missions de suivi et d’évaluation périodique en tenant compte des
indicateurs de performance en matière de passation, de contrôle et d’exécution des
marchés publics et de délégations de service public ;
 Assurer l’information et la formation de l’ensemble des acteurs de la commande
publique, le développement du cadre professionnel et l’évaluation des performances
des acteurs du système de passation, de contrôle et d’exécution des marchés publics et
de délégations de service public ;
 Assister, en tant qu’organe de liaison, les organisations internationales et régionales,
dans le cadre de la surveillance des procédures de passation des marchés publics ou
délégations de service public.
En tant qu’autorité de régulation des marchés publics, elle supervise tout le système
de passation des marchés publics et délégation de services public ;

Article 12 :
L’autorité de régulation des marchés publics comprend : le conseil d’administration, le
comité de règlement des différends et la Direction générale.
Le conseil d’administration est l’organe suprême, de politique, d’orientation et de
décision, composé de cinq membres comprenant un représentant de l’administration publique,
un représentant du secteur privé, n représentant de la société civile et le Directeur général. Le
conseil d’administration définit et oriente la politique générale de l’autorité de régulation des
marchés publics ;
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Le comité de règlement des différends est l’organe technique de l’autorité de


régulation des marchés chargé examiner les recours précontractuels relatifs à la passation des
marchés et de prendre, le cas échéant, des sanctions à l’encontre des violations avérées de la
législation en vigueur. Il est composé de six membres dont deux représentants
l’administration publique, deux représentants la société civile et deux représentants la
fédération des entreprises du Congo ;
La direction générale est chargée de l’application de la politique générale de l’autorité
de régulation des marchés publics ;
Le Directeur général assure quotidiennement la gestion technique, administrative et
financière de l’autorité de régulation des marchés publics et prend, en cas d’urgence, toutes
mesures conservatoires nécessaires à la bonne marche de l’autorité de régulation des marchés
publics ;

Article 13 :
A l’exception du Président du conseil d’administration ont la nomination détermine la
situation administrative de détachement, et du Directeur général, leurs autres membres du
conseil gardent leurs fonctions dans leur structure d’origine. Les membres du conseil
d’administration sont nommés pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Les ne
sont employés de l’autorité de régulation de marchés publics.

Section 2 : De la direction générale du contrôle des marchés publics.


Article 14 :
Placée sous la tutelle du ministère en charge d budget, la direction générale du
contrôle des marchés publics assure le contrôle a priori de l’application de la réglementation
des marchés publics et délégation s de service public.
Elle est notamment chargée de :

 Emettre, en fonction de seuils, un avis de non objection sur les dossiers d’appel
d’offres avant le lancement de l’appel à la concurrence ;
 Émettre, en fonction de seuils, un avis de non objection sur le rapport d’analyse des
offres avant l’attribution provisoire des marchés ;
 Accorder aux Autorités contractantes ou maîtres d’ouvrage délégués, toutes
autorisations et dérogations prévues par la réglementation en vigueur.
La Direction générale du contrôle de marchés publics est tenue de réserver
systématiquement copie à l’Autorité de régulation des marchés publics, de toutes les
demandes de non objection et d’autorisations spéciales ou de dérogations reçues des autorités
contractantes et des suites y réservées.

Article 15 :
La direction générale du contrôle des marchés publics procède à un contrôle a priori de
la procédure de passation et d’attribution des marchés publics et délégation de service public
pour les contrats d’un montant égal ou supérieur aux seuils suivants :

 Deux cent millions (200.000.000) de francs congolais pour les marchés de travaux ;
 Cent millions (100.000.000) de francs congolais pour les marchés de fournitures de
biens ou de services ;
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 Cinquante millions (50.000.000) de francs congolais pour les marchés de prestations


intellectuelles.

Article 16 :
La Direction générale du contrôle des marchés publics procède à une revue préalable
des dossiers d’appel d’offres et de demandes de propositions pour les marchés d’un montant
estimé supérieur ou égal à :

 Trois cent millions (300.000.000) de francs congolais pour les marchés de travaux ;
 Deux cent millions (200.000.000) de francs congolais pour les marchés de fourniture
des biens et services ;
 Cent millions (100.000.000) de francs congolais pour les marchés de prestations
intellectuelles.
Section 3 : Des autorités contractantes et maitres d’ouvrage délégués.

Article 17 :
Les autorités contractantes comprennent les institutions et organes visé à l’article 3 du
présent décret. Chaque autorité contractante dispose en son sein, d’une cellule de gestion des
projets et des marchés publics, CGMP, chargée de :

 Planifier les marchés à passer en fonction des besoins exprimés et des ressources
budgétaires affectées ;
 Choisir et mettre en œuvre la procédure de passation des marchés publics ou
délégations de service public ;
 Préparer les dossiers inhérents de service public ;
 Appliquer les dispositions du présent décret et tous les documents types adoptés par le
conseil d’administration de l’autorité de régulation des marchés publics et diffusés par
la direction générale de cette dernière.

Article 18 :
La cellule de gestion des projets et des marchés publics est placée sous l’autorité d’une
personne responsable des marchés public, nommée par l’autorité contractante. Elle est
chargée de conduire la procédure de passation des marchés publics et délégation de service
public, notamment en ce qui concerne :

 Le choix de la méthode de passation des marchés ;


 Le montage des dossiers d’appel d’offres, par l’intégration, dans les dossiers types
d’appel édités par l’autorité de régulation des marchés publics, des éléments des
dossiers techniques reçus des services compétents des autorités contractantes ;
 Le processus de passation des marchés, de l’élaboration des dossiers d’appel d’offres
jusqu’à la notification des marchés, laquelle intervient après l’approbation dudit
marché par l’autorité compétente.

Article 19 :
La cellule de gestion des projets et des marchés publics comprend une commission de
passation des marchés, CPM, chargée de conduire la procédure de passation depuis le choix
de cette dernière jusqu’à la désignation de l’attribution du marché public ou de la délégation
de service public et à l’approbation du marché public ou de la délégation de service public par
l’autorité compétente.
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La commission de passation des marchés met en place une sous-commission d’analyse


des offres chargée d’évaluer et de classer les offres suivant des critères objectifs fixés par le
dossier d’appel d’offres.
La cellule de gestion des projets et des marchés publics comprend également un
secrétariat permanent chargée notamment de la préparation des dossiers d’appel d’offres et
autres documents inhérents à la passation des marchés ainsi que de l’exécution des tâches
administratives quotidiennes, en rapport avec les marchés publics.

Section 4 : de l’autorité approbatrice des marchés publics


Article 20 :
Les contrats de marchés publics et de délégation de service public font l’objet d’une
approbation conformément au décret fixant les modalités d’approbation des marchés publics
et délégation de service public.
Conformément au décret susmentionné, le refus d’approbation des marchés est notifié
à l’autorité contractante dans un délai ne dépassant pas dix jours calendaires. A défaut d’une
décision expresse, le silence de l’autorité approbatrice vaut acceptation.
L’acte d’approbation valide les marchés et leur confère le caractère définitif et
exigible.

Article 21 :
L’autorité approbatrice des marchés publics et délégations de service public est :

 Le Premier Ministre pour tous les marchés conclus à l’issue des appels d’offres
internationaux et les marchés conclus par le ministre ayant le budget dans ses
attributions ;
 Le ministre ayant le budget dans ses attributions, pour les marchés conclus à l’issue
des appels d’offres nationaux ;
 Les ministres de tutelle pour les marchés conclus, par les entreprises et établissements
publics, à l’issue des appels d’offres nationaux.

CHAPITRE 3 : DES MODES DE PASSATION ET TYPES DE MARCHES PUBLICS


Article 22 :
La loi relative aux marchés publics distingue les modes de passation des marchés
suivants :

 La passation des marchés par appel d’offre ouvert, restreint ou avec concours ;
 La passation des marchés de gré à gré.

Section 1 : Des marchés passés sur appel d’offres


Article 23 :
Les marchés sur appel d’offres sont passés après une mise en concurrence des
candidats et à l’issue d’une évaluation des offres basée sur des critères objectifs portés
préalablement à la connaissance des candidats dans le dossier d’appel d’offres.
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L’appel d’offres est dit ouvert lorsque tout candidat qui n’est pas exclu au titre de
l’article 81 de la loi relative aux marchés publics peut soumettre une demande de pré
qualification ou une offre.
L’appel d’offres est dit restreint lorsque l’autorité contractante met en concurrence un
nombre limité des candidats dans les conditions fixées à l’article 24 de la loi relative aux
marchés publics. Le recours à l’appel d’offres restreint requiert l’avis de non objection
préalable de la Direction générale du contrôle des marchés publics.

Section 2 : Des marchés gré à gré.


Article 24 :
Le marché de gré à gré est un marché passé sans appel d’offres uniquement dans les
conditions limitatives prévues aux articles 40 et 41 de la loi relative aux marchés publics. Le
marché de gré à gré constitue une exception à la règle éditée par la loi relative aux marchés
publics. Il doit toujours faire l’objet d’une autorisation spéciale de la Direction générale du
contrôle des marchés publics.

Section 3 : Des types de marchés publics.


Article 25 :
La loi relative aux marchés publics, en ses articles 7 à 12, distingue et définit quatre
types de marchés publics :

 Les marchés de travaux ont pour objets la réalisation de tous travaux de bâtiment ou
de génie civil tel que défini à l’article 8 de la loi relative aux marchés publics, par
exemple la construction d’un immeuble, un ouvrage d’art, divers travaux de génie
civil : routes, ports, aéroports, voiries etc.
 Les marchés de fournitures ont pour objet l’achat, la prise en crédit-bail, la location-
vente des produits, matières premières, machines et matériels et/ou tous autres
matériaux. Ces marchés peuvent être réalisés non seulement par achat pur et simple
mais également par :
 Location ;
 Crédit-bail : procédé de financement qi prévoit la location d’un bien avec une
option d’achat au profit du locataire, le prix tenant compte au moins en partie des
loyers réglés ; la location comporte habituellement des prestations accessoires tels
que l’entretien du matériel ainsi pris en crédit-bail ;
 Location-vente : marché qui prévoit une location ainsi qu’une option pour
l’acheteur d’acquérir le bien loué à un prix déterminé ou déterminable,
indépendamment des loyers versés.
Les marchés de services ont pour objet la réalisation des services physique. Les
marchés de services comprennent une grande variété de prestations, telles que les services
d’entretien et de réparation, de transports, de nettoyage et de gestion de bâtiments, de
publication et d’impression, de publicité, de traitement informatique.
Leur mode d’acquisition est similaire à celui des fournitures et la procédure utilisée
sera l’appel d’offres ouvert, sauf exception ou si leur montant estimé est intérieur aux seuils
d’appel d’offres.
Les marchés de prestations intellectuelles ont pour objet des activités à caractère
intellectuel sans élément physiquement quantifiable. C’est le savoir-faire du candidat qui est
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primordial pour la réalisation de ce type de marchés et non l’importance de ses moyens


matériels u de sa capacité financière. Les prestations intellectuelles peuvent comprendre
notamment : la réalisation d’études, d travaux de recherche, les services de conseil, les
prestations d’ingénierie ou d’assistance.

Article 26 :
Les marchés de travaux, de fournitures et de services obéissent à une procédure
similaire de passation des marchés. Cependant, du fait de leur spécificité, la passation des
marchés de prestations intellectuelles fait l’objet d’une procédure de présélection
conformément à l’article 38 de la loi relative aux marchés publics.
Une même opération peut contenir, à divers degrés d’importation, plusieurs types de
marchés qui concourent à la réalisation de l’objectif recherché par l’opération.

Section 4 : Des marchés spéciaux.


Article 27 :
Les marchés spéciaux ne concernent que l’acquisition des équipements ou fournitures
et les prestations de toute nature, strictement liées à la défense nationale, à la sécurité et aux
intérêts stratégiques de l’Etat.
Un décret du premier ministre, délibéré en Conseil des ministres, en délimite l’étendue
et en fixe les règles de passation, de contrôle dans le respect des dispositions de la loi relative
aux marchés publics.

Section 5 : De la délégation de service public


Article 28
La délégation de service public est un contrat par lequel l’autorité contractante confie
la gestion d’un service public relavant de sa compétence à un délégation, société privée ou
l’Etat, dont la rémunération est liée ou substantiellement assurée par les résultats de
l’exploitation du service public concerné.
Les délégations de services publics comprennent :

 Les concessions de service public ;


 Les affermages (l’opération de réseau) ;
 Les régies intéressées.

Article 29 :
La concession de service public est un mode de gestion d’un service public dans le
cadre duquel un concessionnaire, opérateur privé ou public, à le droit d’exploiter l’ouvrage en
son nom et à ses risque et périls pendant une durée déterminée, en recouvrant les prix du
service auprès des usagers.
Le concessionnaire est responsable des nouveaux investissements nécessaires et de
l’entretien de l’ouvrage. Il n’est pas responsable des investissements initiaux et en particulier
de la construction de l’ouvrage exploité, à la différence de la concession de travaux publics.
En fin de contrat, le maître d’ouvrage entre en possession de l’ouvrage y compris les
investissements réalisés par le concessionnaire.
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Article 30 :
L’affermage est un contrat par lequel l’autorité contractante charge le fermier,
personne publique ou privée, de l’exploitation d’ouvrages qu’il a acquis préalablement afin
que celui-ci assure l’entretien de l’ouvrage. Le fermier verse généralement une redevance à
l’autorité contractante au titre du droit d’exploiter l’ouvrage et il est rémunéré par les recettes
versées par les usagers.

Article 31 :
La régie intéressée est un contrat par lequel l’autorité contractante finance elle-même
l’établissement d’un service, mais en confie la gestion à une personne privée ou publique qui
est rémunérée par l’autorité contractante tout en étant intéressée aux résultats, que ce soit au
regard des économies réalisées, des gains de productivité ou de l’amélioration de la qualité du
service.
Le service public continue d’être exploité au nom de l’autorité contractante qui assume
les investissements et le risque d’exploitation. C’est le cas des régies intéressées des services
urbains lorsque le tarif appliqué aux usagers ne peut être libéralisé.

Article 32 :
La délégation de service public procède des règles de passation de marchés similaires
aux prestations intellectuelles, décrites aux articles 136 à142 du présent décret, et est
obligatoirement précédée de la procédure de présélection.

Article 33 :
Les marchés publics comportent un engagement financier de l’autorité contractante
vis-à-vis du titulaire du marché.
Cette contrepartie financière est généralement constituée du paiement d’un prix en
numéraires ou parfois, d’un avantage ayant une valeur pécuniaire ou un abandon de recette
concédé par l’autorité contractante.
Le cas de rémunération dans un marché public qui ne constitue pas un prix :

 La réalisation d’abris de bus, de panneaux donnant des indications sur la voirie d’une
municipalité qui, en contrepartie, abandonne au profit du titulaire du marché, son doit
de vendre les emplacements publicitaires situés sur ces abris ou panneaux, pendant
une période donnée ;
 La réalisation du curage d’un cours d’eau en contrepartie du droit de vendre le sable
tiré dudit cours d’eau.

Article 34 :
Une délégation de service public est généralement établie pour une longue durée et
peut comporter différentes composantes telles que la conception et/ou la réalisation et/ou
l’exploitation d’un ouvrage ou d’un service.
La différence fondamentale entre un marché public et une délégation de service public
réside dans le mode de règlement :

 Dans le cas d’un marché public, le paiement est effectué directement ou Indirectement
par l’autorité contractante pour obtenir des fournitures, travaux ou services ;
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 Dans le cas d’une délégation de service public :


 L’autorité contractant demande au délégataire de réaliser et/ou d’exploiter une
infrastructure destinée à rendre un service public ;
Mais

 Le délégataire n’est pas rémunéré par l’autorité contractante sur la base des
travaux ou services qu’il réalise. Il perçoit une rémunération provenant de recettes
d’exploitation du service public perçues sur les usagers ; il participe au risque
d’exploitation du service. Il peut éventuellement percevoir, de l’autorité publique,
des subventions qui n’ont qu’un caractère subsidiaire.

Article 35 :
Pour les projets d’infrastructures, le choix entre marché public et délégation de service
public doit être effectué sur la base d’une étude d’opportunité établie par la personne
responsable du marché qui doit notamment faire ressortir :

 L’organisation et le mode de gestion du service public concerné, s’il existe, y compris


les dysfonctionnements éventuels et les tarifs pratiqués ;
 L’évolution souhaitée du service actuel ou les caractéristiques du service à créer, en
matière notamment d’investissements, de niveaux de prestations et de tarifs ;
 Le type de gestion déléguée envisagé, tenant compte notamment de la structure du
secteur économique (par exemple : avec sans monopole), ses avantages comparatifs
ainsi que les principales caractéristiques de la convention de délégation, notamment sa
durée.
CHAPITRE 4 : DES SEUILS DE PASSATION, DE CONTROLE ET
D’APPROBATION DES MARCHES.
Article 36 :
Un décret délibéré en conseil des Ministres fixe des seuils de passation, de contrôle et
d’approbation des marchés publics. Il détermine les seuils exprimés en francs congolais.

Section 1 : Des seuils d’appels d’offres


Article 37 :
Les marchés publics et délégations de service public d’un montant estimé égal ou
supérieur aux seuils suivants font l’objet d’un appel d’offres national :

 Cinquante millions de francs congolais (50.000.000) pour les travaux, fournitures et


services courants ;
 Vingt millions de francs congolais (20.000.000) pour les prestations intellectuelles et
délégations de service public.

Article 38 :
Les marchés publics et délégation de service public d’un montant estimé inférieur aux
seuils visés à l’article 37 du présent décret sont passés par application des règles de bonne
gestion de la commande publique, notamment :

 La mise en concurrence d’au moins trois fournisseurs ou prestataires ayant les


capacités techniques, financières et juridiques requise, en sollicitant simultanément
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écrit, leurs prix et en définissant la nature et les spécifications techniques de travaux,


fournitures ou services recherchés ;
 L’attribution du marché au cabinet présentant l’offre conforme aux spécifications
techniques, évaluée la moins disante attestée par un procès-verbal d’attribution
provisoire.
La publication de l’avis provisoire d’attribution de ces marchés par l’autorité
contractante sur le site internet de l’autorité de régulation des marchés publics et dans la revue
des marchés publics, publiée par l’autorité de régulation des marchés publics, ainsi que
l’information des fournisseurs non retenus, des raisons de leur rejet. Un délai de cinq jours
calendaires est observé à dater de la publication de l’avis provisoire d’attribution et
l’information des fournisseurs non retenus, avant de conclure les marchés.
L’absence de cette publication et de l’information des fournisseurs non retenus rend
les marchés sans effets.

Article 39 :
Les marchés publics et délégations de service public d’un montant estimé égal ou
supérieur aux seuils suivants font l’objet d’un appel d’offres international :

 Huit milliards de francs congolais (8.000.000.000) pour les travaux ;


 Cinq cent millions de francs congolais (500.000.000) pour les fournitures et les
services courants ;
 Deux cent cinquante millions de francs congolais (250.000.000) pour les prestations
intellectuelles et délégations de service public.

Section 2 : des seuils de contrôle a priori.


Article 40 :
La direction générale du contrôle des marchés publics procède systématiquement au
contrôle a priori de la procédure de passation et d’attribution des marchés publics et des
délégations de service publics d’un montant supérieur ou égal aux seuils fixés à l’article 15 du
présent décret.

Article 41 :
La direction générale du contrôle des marchés publics procède systématiquement à
une revue préalable des dossiers d’appel à la concurrence des marchés publics et des
délégations de service publics d’un montant supérieur ou égal aux seuils à l’article 16 du
présent décret.

Section 3 : Des seuils d’approbation


Article 42 :
Les marchés publics et délégations de service public sont respectivement approuvés
par :

 Le Premier Ministre, pour les marchés conclus à l’issue d’un appel d’offres
international et pour les marchés passés par le Ministère ayant le budget dans ses
attributions ;
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 Le Ministre ayant le budget dans ses attributions, pour les marchés qui n’ont pas fait
l’objet d’un appel d’offres international et qui ne sont pas visés par l’alinéa ci-dessous
;
 Le Ministre de tutelles pour les marchés, passés par les entreprises et établissements
publics sous sa tutelle, qui n’ont pas fait l’objet d’un appel d’offres international.

TITRE 2 : DES PROCEDURES DE PASSATION DES MARCHES PUBLICS


Article 43 :
Les procédures de passation des marchés publics ont pour finalité de procurer à
l’autorité contractante des services, des biens pu des ouvrages qui répondent le mieux possible
aux spécifications technique fixées, au meilleur prix, après une mise en concurrence des
candidats et une évaluation objectives des propositions et offres soumises.

CHAPITRE 1 : DE LA PREPARATION DES MARCHES


Article 44 :
Le processus de préparation des marchés publics est défini par l’article 6 de la loi
relative aux marchés publics. Lors de l’établissement de leur budget, les autorités
contractantes évaluent le montant total des marchés de fournitures, de services, de travaux ou
de prestations intellectuelles qu’elles envisagent de passer au cours de l’année concernée et
établissent un plan de passation des marchés comprenant l’ensemble de ces marchés, suivant
un modèle-type fixé par l’autorité de régulation des marchés publics.

Section 1 : De la détermination et de la planification des besoins


Article 45 :
Les plans de passation des marchés doivent être communiqués à la direction de
contrôle des marchés publics, pour non objection, et à l’autorité de régulation des marchés
publics pour leur publication sur son site internet. Excepté les cas urgents dûment motivés et
autorisés par la direction générale du contrôle des marchés publics, cette obligation
administrative est préalable à toute procédure de passation des marchés publics et de
délégation de service public.

Section 2 : Des conditions à remplir pour la détermination des besoins.


Article 46 :
La détermination des besoins doit répondre aux exigences suivantes :

 Les besoins doivent correspondre à une demande validée par l’autorité compétente ;
 Les besoins exprimés doivent être assortis d’une estimation de leur coût d’acquisition
et d’utilisation ;
 Chaque article, ouvrage ou service, doit être décrit de manière aussi détaillé que
possible, au moyen des spécifications techniques précises.

Sections 3 : De l’estimation des coûts par rapport aux seuils.


Article 47 :
L’estimation des coûts doit porter sur :
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 Une opération de travaux quel que soit le nombre d’ouvrages ;


 Un ensemble homogène de fournitures.
Lorsque le montant de l’opération de travaux ou l’ensemble homogène de fournitures
atteint ou dépasse le seuil d’appel d’offres, de contrôle a priori ou d’approbation des marchés
fixé, la personne responsable du marché peut :

 Soit, passer un seul marché ;


 Soit, passer autant de marchés qu’elle estime nécessaires mais chacun de ces marchés
devra respecter la procédure de passation fixée en rapport avec le seuil indiqué ci-
avant, même si le coût estimatif de chaque marché est individuellement inférieur au
seuil susmentionné.
Aucune opération ne doit être scindée ou abusivement fractionnée dans le
but d’échapper aux dispositions de la loi relative aux marchés publics.
Lorsqu’une même opération fait l’objet de plusieurs lots, c’est la valeur estimée de la
totalité des lots qui doit être prise en compte pour se situer par rapport au seuil.

Article 48 :
Une opération concernant les marchés de travaux peut consister en :

 Plusieurs ouvrages si elle porte sur des travaux de même nature, exécutés dans un
périmètre géographique délimité telle que la réfection des toitures des écoles d’une
même commune ou la réalisation de trottoirs dans différents quartiers de la Ville,
présentant une unité fonctionnelle ;
 Travaux de nature différente si ceux-ci sont réalisés sur un même ouvrage et sont
programmés au même moment, notamment en cas de réhabilitation d’un même
bâtiment ou ensemble de bâtiments.
Plusieurs chantiers comportant des travaux de plusieurs qui concernent des ouvrages
différents ne constituent pas une même opération s’il n’existe pas d’unité fonctionnelle du fait
de la variété de travaux envisagés, même s’ils s’inscrivent dans le cadre d’un projet global.
Un ouvrage est le résultat d’un ensemble de travaux de bâtiment ou de génie civil
destiné à remplir, par sa nature, une fonction économique ou technique.

Article 49 :
Pour calculer les montants estimatifs des marchés de fournitures et services par rapport
aux seuils, l’autorité contractante compare, aux seuils fixés, le montant des achats prévus qui
constituent une catégorie homogène de fournitures ou de prestations de services :

 Soit en raison de leurs caractéristiques propres, indépendamment de l’activité de leur


utilisateur. Rentrent dans la catégorie d’achats homogènes, des meubles de bureaux
même s’ils sont destinés à des organes exerçant des activités de nature différente ;
 Soit du fait de leur destination commune, alors qu’ils sont de nature différente.
Rentrent dans cette catégorie, les achats de matériels et mobilier destinés à équiper un
hôtel ou une salle d’opérations. Ils sont destinés à une même unité fonctionnelle et doivent
être considérés comme une seule opération d’achat, même s’ils portent sur des biens de
natures différentes.
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Section 4 : Du contenu des spécifications techniques


Article 50 :
Le fascicule du dossier d’appel à la concurrence contenant les spécifications
techniques des travaux doit, au minimum, contenir les éléments ci-après :

 Les informations détaillées concernant les rubriques suivantes :


 Description et consistance des travaux et des ouvrages ;
 Organisation du chantier et travaux préparatoires ;
 Provenance, qualité et préparation des matériaux ;
 Mode de préparation des travaux.
Le dossier des plans et autres données techniques comprenant, entre autres :

 Un plan de situation indiquant l’emplacement du site en relation avec la géographie


locale ;
 Une note de calcul et un cahier des plans (généraux et détaillés) de construction,
permettant aux soumissionnaires de comprendre le type et la complexité des travaux
envisagés, et de pouvoir chiffrer les prix demandés au bordereau des prix unitaires et
détail quantitatif et estimatif ;
 Une indication des principales voies de communication et réseaux divers (eau,
électricité, drainage, téléphone etc.)

Article 51 :
Le fascicule du dossier d’appel d’offres contenant les spécifications techniques des
fournitures et services physiques doit au minimum contenir les éléments ci-après :

 Norme exigées en matière de matériaux et de fabrication pour la production et la


fabrication des fournitures ;
 Détails concernant les tests avant acceptation (nature et nombre) ;
 Prestations/services connexes complémentaires, nécessaires pour assurer la livraison
en bonne et due forme ainsi que, le cas échéant, le montage et la mise en route ;
 Prestations détaillées à la charge du fournisseur, participation éventuelle de l’acheteur
à ces prestations ;
 Garanties de fonctionnement couvertes par la garantie requise et indication éventuelle
des pénalités applicables en cas de non-respect de ces garanties de fonctionnement ;
 Plans détaillés et schémas d’installation, le cas échéant.

Article 52 :
La référence aux normes nationales ou à défaut de celle-ci, aux normes internationales
doit faciliter la définition des spécifiques. Elle ne doit pas aboutir à une distorsion de la
concurrence en favorisant certains candidats. Les spécifications doivent donc être « neutres »
en ce qu’elles ne peuvent imposer le choix du titulaire du marché. Les choix doivent être
justifiés par des raisons purement techniques ou de sécurité.

Article 53 :
Les spécifications techniques doivent éviter toute référence à des noms de marque, à
des numéros de catalogue ou à des classifications analogues. S’il est nécessaire de citer un
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nom de marque ou le numéro de catalogue d’un fabricant particulier pour compléter une
spécification qui, à défaut, ne serait pas assez précise, les mots « ou l’équivalent » doivent
suivre ce nom de marque ou numéro du catalogue.
L’indication de marque peut se justifier pour l’achat de pièces de change spécifiques.
La détermination précise des besoins en matière de travaux, fournitures et services, et
même les prestations intellectuelles, peut nécessiter le cours aux services d’un consultant
spécialisé pour préparer une définition des besoins assortis des spécifications techniques, au
terme d’une étude appropriée, dans le cadre d’un marché de prestations intellectuelles.

Article 54 :
Pour les prestations intellectuelles, le fascicule de la demande de propositions
contenant les termes de référence de la mission doit, au minimum, contenir les éléments ci-
après :

 Le contexte général de la mission, y compris une liste des études pertinentes et des
données de base existantes ;
 Les objectifs, buts et ampleur de la mission ;
 Le champ d’application des services nécessaires à l’accomplissement de la mission,
définition des services exclus (le cas échant) pour plus de clarté ;
 Le profil requis du personnel clé chargé de réaliser la mission ;
 La formation (le cas échéant), indication du détail des effectifs à former, etc.
 Les résultats escomptés (par exemple : rapports, données, cartes, relevés) y compris un
calendrier indicatif d’exécution de la mission ;
 Les prestations de l’autorité contractante ; fournitures de données, services locaux,
personnel et installation à fournir.
Les termes de référence ne doivent pas être ni trop détaillés ni rigides, de manière à
permettre aux consultants de proposer la méthodologie et le personnel de leur choix. Les
consultants doivent être encouragés à émettre des observations sur les termes de référence
dans leur proposition.

Section 5 : De l’allotissement
Article 55 :
A l’occasion de la définition de gros marchés, certaines prestations peuvent être
regroupées en lots, constituant un marché distinct, en fonction de leur homogénéité ou
destination.
Dans les marchés distincts, chaque lot doit faire l’objet des spécifications techniques et
des critères de qualification distincts.

CHAPITRE 2 : DU MONTAGE DES DOSSIERS D’APPEL D’OFFRES


Section 1 : De l’élaboration des dossiers d’appel d’offres.

Article 56 :
L’objectif du dossier d’appel d’offres est de fournir aux candidats les informations
utiles pour préparer leurs soumissions. Il comporte des données exhaustives sur l’objet,
l’étendue et les conditions de la soumission, l’ouverture des plis et l’évaluation des offres
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ainsi que sur, l’attribution des marchés. Il fournit le cadre administratif et technique qui régira
le marché après sa conclusion.

Article 57 :
La description claire et précise des fournitures, services, travaux ou prestations
intellectuelles à acquérir par l’autorité contractante au moyen des spécifications techniques ou
des termes de référence est effectuée pour permettre aux candidats de répondre d’une façon
réaliste et compétitive, sans avoir à assortir leurs offres de réserves ou de conditions
particulières.

Article 58 :
Le dossier d’appel à la concurrence comprend trois parties :

 Une première partie contenant les instructions données aux candidats leur fixant les
règles pour la participation à l’appel d’offres, leur communiquant les critères
d’évaluation des offres et les modalités d’attribution des marchés ainsi que les divers
formulaires à remplir pour constituer la soumission.
 Une deuxième partie comprenant les spécifications techniques visées à l’article 57 du
présent décret, définissant les travaux, fournitures ou services, ou les termes de
référence de la mission, objet du marché,
 Une troisième partie contenant les clauses administratives et techniques qui régiront le
marché après sa conclusion par les parties.

Article 59 :
Le montant d’un dossier d’appel d’offres consiste en une intégration judicieuse des
éléments issus de la planification des marchés et de la définition des besoins (pouvant
nécessiter des études techniques préalables) dans un dossier type d’appel d’offres préparé par
l’autorité de régulation des marchés publics.
Le dossier d’appel d’offres comprend :

 Première partie : Règle et procédures d’appel d’offres :

 Avis d’appel d’offres, AAO ;


 Instructions aux candidats, IC ;
 Données particulières de l’appel d’offres, DPAO ;
 Formulaires de soumission.
 Deuxième partie : Spécifications techniques ou termes de référence :

 Cahier des clauses techniques et plans (ou termes de références) ;


 Calendrier d’exécution du marché ;
 Bordereau quantitatif et estimatif.
 Troisième partie : Marché :

 Cahier des clauses administratives générales, CCAG ;


 Cahier des clauses administratives particulières, CCAP ;
 Modèle de contrat de marché.
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Article 60 :
A la conclusion du marché, les éléments de la deuxième partie de l’offre de
l’attributaire, sont versés dans le marché et en font partie intégrante.
Le marché comprend notamment les pièces suivantes :

 Un contrat qui mentionne au minimum les éléments énumérés à l’article 48 de la loi


relative aux marchés publics ;
 La soumission ou l’acte d’engagement ;
 Le cahier des clauses administratives particulières ;
 Le devis ou le détail estimatif, le bordereau des prix unitaires ou le sous détail des prix
;
 Le cahier des clauses administratives générales ainsi que
 Le cahier des clauses techniques générales et/ou particulières auquel il est
spécifiquement assujetti.

Section 2 : Des appels d’offres précédés d’une pré qualification.


Article 61 :
En fonction de l’envergure ou de la complexité des prestations, l’appel d’offres peut
être précédé d’une procédure de pré qualification. Le document standard de pré qualification
est préparé par l’autorité de régulation des marchés publics. Il est composé des éléments ci-
dessous :
Les instructions générales aux candidats, IGC, dont l’objet est de fournir aux candidats
des renseignements sur les modalités de préparation et de remise de leurs dossiers de
candidatures, les modalités d’ouverture des plis ainsi que les critères d’évaluation des
candidatures.
Les instructions particulières aux candidats, IPC, dont l’objet est de fournir aux
candidats des prestations, objet dudit marché, sur les conditions à remplir pour être pré
qualifié et sur les délais de dépôt des dossiers de candidatures, les modalité d’évaluation des
candidatures et de publication des résultats ainsi que le calendrier prévisionnel desdites
prestations.
Les formulaires standardisés à compter par les candidats.

Article 62 :
Toutes les étapes de la préparation des marchés sont tous sous la responsabilité de la
personne responsable des marchés publics. La préparation d’un marché est considérée
terminée lorsque le dossier d’appel d’offres a reçu l’approbation de la personne responsable
des marchés publics et, en fonction de seuils de revue à priori, lorsque ce dossier a reçu la non
objection de la direction générale de contrôle des marchés publics.
Lorsque le dossier d’appel d’offres est terminé au sens de l’alinéa ci-avant, la personne
responsable des marchés publics transmet à l’autorité de régulation des marchés publics, pour
publication, l’avis d’appel d’offres ou l’avis de pré qualification si l’appel d’offres est précédé
d’une pré qualification, ou l’avis de sollicitation de manifestation d’intérêts pour les
prestations intellectuelles.
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Section 3 : De la durée des marchés


Article 63 :
Tout marché public doit préciser sa durée qui ne peut excéder une année sauf dans le
cas des programmes pluriannuels d’investissements.
La durée du marché :

 Est fixée en fonction du délai d’exécution souhaite ou découlant des estimations des
études techniques ;
 Constitue un élément substantiel de celui-ci ;
 Peut comprendre un délai global et/ou des délais d’exécution partiels des différentes
prestations prévues au marché.

Section 4 : Du prix des marchés


Article 64 :
Le marché doit définir :

 L’étendue de la prestation et les éléments que le prix, à indiquer par le candidat, doit
couvrir (contenu du prix) ;
 Le mode de calcul du prix (notamment prix unitaire ou prix forfaitaire) ;
 Les modalités éventuelles de variation du prix (révision du prix en cours d’exécution,
actualisation du prix initia).
Les autres dispositions relatives aux aspects financiers des marchés publics sont
déterminées notamment par les articles 52 à 56 de la loi relative aux marchés publics et,
doivent, dans tous les cas, être précisées de manière exhaustive et détaillée dans le cahier des
clauses administratives générales (CCAG) et dans le cahier des clauses administratives
particulières (CCAP) des dossiers d’appel à la concurrence.

Sous-section 1 : Du mode de rémunération du titulaire


Article 65 :
Le mode de rémunération du titulaire du marché figure dans l’avis d’appel d’offres et
dans le dossier d’appel d’offres. La mention du type de prix est indiquée dans les formulaires
de soumission à signer par les candidats.
Le marché peut être à prix forfaitaires ou à prix unitaires.

Article 66 :
Dans les marchés à prix forfaitaires, le prix proposé par le candidat, mentionné dans sa
soumission, est fixé globalement pour les fournitures, prestations de services ou travaux à
exécuter figurant dans le dossier d’appel d’offres. La différence éventuelle entre les quantités
estimées et les quantités réellement livrées ou exécutées ne sera pas prise en compte.
Le marché à prix forfaitaire est recommandé :

 Pour les travaux, sauf dans les cas où la détermination des quantités est trop aléatoire
(voir ci-après) ;
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 Pour les marchés de prestations de service comportant un résultat, tel que la réalisation
d’une étude ou d’un rapport dans le cas de prestations intellectuelles ou l’entretient
d’équipement pour une période donnée ;
 Pour l’achat d’équipement clés en mains assorti de prestations connexes d’installation
ou de montage.

Article 67 :
Dans les marchés à bordereau de prix unitaires, le prix du marché résulte de
l’application des prix unitaires aux quantités réellement livrées ou exécutées.
Les quantités provisionnelle figurant dans le dossier d’appel d’offres ne sont utilisées
que pour calcule le montant estimatif du marché.
Les marchés à bordereau des prix unitaires sont recommandés :

 Pour l’achat de fournitures et de prestations de services courants ;


 Pour la réalisation de travaux dont la détermination des quantités est aléatoire, tels que
les travaux de fondations, de terrassement, de dragage, certains travaux de voiries et
réseaux divers (VRD), certains travaux d’entretiens ;
 Pour les prestations intellectuelles dont la durée est aléatoire, telles que les contrats
d’assistance comportant le détachement d’expert à la demande.
Article 68 :
La combinaison de prix unitaires et de prix forfaitaires, peut être utilisée dans les
marchés comportant des types de prestations aisément quantifiables et d’autres présentant des
aléas, notamment techniques, rendant ainsi difficile leur forfaitisation.

Sous-section 2 : De la révision des prix


Article 69 :
Conformément aux articles 54 et 56 de la loi relative aux marchés publics, les marchés
sont conclus :

 A prix ferme qui ne peut pas être modifié en cours d’exécution du marché à raison de
variations des conditions économiques, notamment les marchés dont la durée
d’exécution est inférieure ou égale à un an
Ou
 A prix révisable lorsque le prix initial peut être modifié durant l’exécution du marché
en vertu d’une clause de révision stipulée par le marché, comportant obligatoirement
une partie fixe et une partie variable.
La nature ferme ou révisable du prix peut avoir un effet incitatif ou dissuasif sur les
candidats et doit être mentionnée dans les avis d’appel et dans les dossiers d’appel d’offres.

Article 70 :
Le choix du prix ferme ou révisable est réalisé essentiellement en fonction des
éléments suivants :

 La durée de la prestation à réaliser ;


 La nature de prestation ;
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 L’évolution prévisible de la conjoncture économique pour cette prestation et pendant


cette durée.
Le prix ferme peut être adopté pour un marché de courte durée, sauf lorsqu’il concerne
ou met en œuvre des produits ou matière dont le cours évolue sensiblement sur des courtes
périodes, de manière inopinée, tel que les produits pétroliers.

Article 71 :
Lorsque le marché comporte des prestations de nation de nature différentes qui
peuvent être identifiées dans des postes distincts, il est possible de prévoir un prix ferme pour
certaines prestations et un prix révisable d’autres.

Article 72 :
Dans le cas d’un marché à prix révisable, le dossier d’appel d’offres donne le cadre de
la formule de révision qui indique :

 Un pourcentage correspondant à une part non révisable du montant du marché


représentant le pourcentage des frais généraux et des bénéfices et tenant compte de
l’avance éventuelle à accorder au fournisseur ;
 Un seuil de révision (la formule de révision des prix s’applique seulement lorsqu’elle
entraîne une augmentation ou une diminution du prix applicable avant révision
excédant un pourcentage défini dans la clause de révision) ;
 Un plafond global de l’effet de la révision, en pourcentage du prix initial ;
 La nature, le nombre et les références des paramètres, tels que main d’œuvre, types de
matériaux utilisés, ainsi que leurs poids respectifs ou la fourchette minimum et
maximum de pondération admise ;
 Les références (publications, organisme) nécessaires à la détermination des valeurs
initiales et des valeurs d’application des indices retenus s’il s’agit applicables à des
prix en francs congolais ;
 Le mode de calcul et de règlement des fluctuations (formule applicable aux prix à
réviser) ;
 L’influence des périodes d’arrêt des prestations.

Article 73 :
Il est demandé aux candidats de compléter la formule de révision lorsqu’ils remettent
leurs offres en indiquant :

 La date de référence et l’origine des indices applicables et la valeur de ces indices à la


date de référence ;
 Les pondérations qu’ils choisissent pour chaque paramètre, en respectant les limites de
la fourchette indiquée par le dossier d’appel d’offres.

Article 74 :
Dans le cas où le prix du marché est payable en différentes monnaies, le dossier
d’appel d’offres prévoit une formule de révision pour chaque monnaie de paiement utilisant
les indices du pays d’origine des dépenses.
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Section 5 : Des marchés à bons de commande, marchés de clientèle


Article 75 :
Dans le cas des marchés à bon de commande tels que définis à l’article 38 de la loi
relative aux marchés à bon commande tels que définis à l’article 38 de la loi relative aux
marchés publics, l’estimation du montant du marché pour l’évaluation des seuils est effectuée
sur la base du maximum. L’autorité contractante est tenue de passer commande à hauteur du
minimum et de s’adresser exclusivement au titulaire du marché, pour les prestations entrant
dans l’objet du marché, tant que la date d’expiration et le maximum prévu au marché ne sont
pas atteints.

Article 76 :
A la différence du marché à bon de commande, marché de clientèle permet de confier
au titulaire, conformément à l’article 39 de la loi relative aux marchés publics, des
commandes portant sur une catégorie déterminée de prestations de services, sans indiquer ni
les quantités, ni la valeur globale des prestations de services, sans indiquer ni les quantités, ni
la valeur global des prestations des commandes. Seuls les prix unitaires sont fixés dans le
contrat. Les marchés de clientèle sont notamment utilisés pour les prestations appelées à être
régulièrement renouvelées, notamment l’intervention de consultants sur demande.

Section 6 : De la sous-traitance et du groupement d’entreprises


Sous-section 1 : De la sous-traitance
Article 77 :
La sous-traitance est organisée par les articles 59 à 63 de la loi relative aux marchés
publics. Les précisions sur les responsabilités respectives du sous-traitant et du titulaire du
marché doivent être clairement mentionnées dans le marché.

Article 78 :
En matière de travaux et de services, le titulaire d’un marché public peut sous-traiter
l’exécution de certaines parties de son marché à condition :

 D’avoir obtenu de l’autorité contractante l’acceptation du chaque sous-traitant et


l’agrément de ses conditions de paiement étant précisé que sont rejetés les dossiers des
sous-traitants ne remplissant pas les mêmes conditions légales, techniques et
financières requises pour la qualification des soumissionnaires ;
 Que cette possibilité soit prévue dans le dossier d’appel d’offres.

Article 79 :
Le soumissionnaire a l’obligation d’indiquer dans son offre, la nature et le montant de
la partie des prestations qu’il envisage de sous-traiter.
La sous-traitance ne peut en aucun cas conduire à une modification substantielle de la
qualification du titulaire après attribution du marché.
Dans tous les cas, le titulaire demeure personnellement responsable de l’exécution de
toutes les obligations contractuelles.
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Sous-section 2 : Du groupement d’entremises ou co-traitante


Article 80 :
Les entrepreneurs, fournisseurs et prestataires de services peuvent présenter leur
candidature ou leur offre sous forme de groupement solidaire ou de groupement conjoint.
Dans les deux formes de groupements, l’un des prestataires membres du groupement
désigné dans leur acte d’engagement comme mandataire, représente l’ensemble des membres
vis-à-vis de l’autorité contractante et coordonne les prestations des membres du groupement.

Article 81 :
En cas de groupement solidaire, le contrat du marché est un document unique qui
indique le montant total du marché et l’ensemble des prestations que les membres du
groupement s’engagent solidairement à réaliser.

Article 82 :
En cas de groupement conjoint, le contrat du marché est un document unique qui
indique le montant et la répartition détaillée des prestations que chacun des membres du
groupement s’engage à exécuter. Toutefois, le mandataire reste responsable vis-à-vis de
l’autorité contractante des prestations de chacun des membres du groupement.

Article 83 :
Les candidatures et les soumissions sont signées soit par l’ensemble des entreprises
groupées, soit par le mandataire s’il justifie des habilitations nécessaires pour représenter ces
entreprises.

Article 84 :
La composition du groupement et la répartition des tâches ne peuvent pas être
modifiées entre la pré qualification des candidats et la mise de leurs offres ainsi que pendant
la période de l’exécution du marché. Dans ce dernier cas, l’autorité contractante donne son
accord préalable après autorisation de la direction générale de contrôle des marchés publics.

Article 85 :
Il est interdit aux candidats et soumissionnaires de présenter, pour le même marché ou
un de ses lots, plusieurs offres en agissant à la fois en qualité de candidats individuels ou de
membres d’un ou plusieurs groupements.

Section 7 : Des régimes préférentiels


Article 86 :
Les conditions limitatives et modalités d’application de la préférence nationale et
régionale sont fixées à l’article 37 de la relative aux marchés publics.
Aucun régime préférentiel ne peut être appliqué lors des opérations d’évaluation des
offres si la préférence n’a pas été préalablement annoncée dans le dossier d’appel d’offres.
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CHAPITRE 4 : DE LA PASSATION DES MARCHES


Section 1 : Des dispositions générales.
Sous-section 1 : Des méthodes de passation des marchés
Article 87 :
Les méthodes de passation des marchés publics sont divisées en trois catégories
principales :

 Les méthodes de passation applicables aux marchés dont le montant est inférieur aux
seuils d’appel d’offres fixés à l’article 37 du présent décret et dans le décret fixant les
seuils de passation, de contrôle et d’approbation des marchés publics qui ne sont pas
soumis aux règles formelles de mise en concurrence édictées par la loi relative aux
marchés public. Ces marchés restent assujettis aux principes de la commande publique
et sont passés après la comparaison d’au moins trois factures proforma des
fournisseurs, prestataires ou entrepreneurs et l’attribution fait l’objet d’une publication
sous peine de nullité du marché ;
 Les méthodes applicables aux marchés publics et délégations de service public de
montants estimés supérieurs aux seuils susvisés, passés par procédures d’appel
d’offres ouvert avec ou sans pré qualification, et par dérogation dûment accordée par
la direction générale du contrôle des marchés publics, par appel d’offres ouvert en
deux étapes ou par appel d’offre restreint ;
 La passation des marchés de gré à gré assujettie à une dérogation préalablement
accordée par la direction générale du contrôle des marchés publics et à la publication
sur le site internet de l’ARMP.

Sous-section 2 : Des règles en matière de publicité


Article 88 :
Tout appel d’offres doit faire l’objet de la publicité conformément à l’article 32 de la
loi relative aux marchés public. L’absence de publication de l’avis d’appel à la concurrence
est sanctionnée par la nullité de la procédure.
Le délai minimum requis pour la publicité est fixé à trente (30) jours calendrier à
compter de la date de publication de l’avis d’appel à la concurrence jusqu’à la date limite de
dépôt des offres.
Ce délai peut être ramené à quinze (15) jours, en cas d’urgence dûment motivé et après
autorisation spéciale de la direction générale du contrôle des marchés publics.
Les modèles des avis à publier sont repris dans les documents types d’appel d’offres
préparés par l’autorité de régulation des marchés publics après l’obtention des autorités
contractantes.
Les divers avis sont préparés par la cellule de gestion des marchés publics de l’autorité
contractante approuvés par la personne responsable des marchés publics et publiés par
l’autorité de régulation des marchés publics après l’obtention, selon les seuils, de l’avis de
non objection de la direction générale du contrôle des marchés publics.
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Sous-section 3 : Des variantes


Article 89 :
Le soumissionnaire peut proposer, en plus de l’offre de base, des variantes uniquement
lorsqu’elles sont demandées ou lorsque la possibilité leur en est offerte de manière explicite
dans le dossier d’appel d’offres.
Lorsque des variantes sont demandées, le dossier d’appel d’offres doit préciser, de
manière claire, la façon dont les variantes doivent être prises en considération pour
L’évaluation des offres.
Seule la variante du soumissionnaire ayant proposé l’offre de base évaluée la moins
disante sera prise en considération lorsque la variante n’est pas demandée.

Sous-section 4 : De la dématérialisation des procédures


Article 90 :
La dématérialisation des marchés publics signifie l’utilisation de la voie électronique
pour les échanges qui interviennent dans le processus d’appel d’offres.
Les autorités contractantes peuvent ainsi :

 Faire publier, par l’autorité de régulation des marchés publics, les avis généraux et
spécifiques sur le portail marchés publics géré par l’autorité de régulation des marchés
publics ;
 Adresser les documents d’appel d’offres aux candidats et recevoir les soumissions par
voie électronique. Ces envois doivent être adressés sous forme de fichiers non
modifiables, équivalent aux documents papiers.
La transmission, par les candidats aux marchés d’une offre par voie électronique,
implique que la soumission soit signée électroniquement par une personne habilitée.
Pour signer électroniquement, le candidat ou soumissionnaire doit produire un
certificat ce signature électronique, authentifié par le Notaire et, pour les candidats résidant à
l’étranger, par la représentation diplomatique congolaise du pays de résidence du candidat ou
soumissionnaire. Le certificat de signature électronique est un document électronique (fichier)
crypté par un prestataire, attaché au document électronique transmis qui a pour but
d’authentifier l’identité de la personne signataire, l’intégrité des documents échangés
(protection contre toute altération) et l’assurance de non-réputation (impossibilité de renier sa
signature).
La transmission d’un support électronique (CD-Rom…) par voie postale, ne constitue
pas une transmission par voie électronique mais est assimilée à une transmission par courrier.
Un tel support électronique peut être utilisé pour transmettre des documents volumineux en
tant qu’annexe à la soumission signée sur papier, si les dossiers d’appel d’offres le prévoient.
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Section 2 : Du dépôt et de l’ouverture des plis


Sous-section 1 : Du dépôt et de l’enregistrement des plis
Article 91 :
Le soumissionnaire dépose l’original et les copies exigées par le dossier d’appel
d’offres dans :

 Une enveloppe extérieure scellée comprenant les mentions suivantes :

Nom et adresse de l’autorité contractante destinataires de l’offre ;


Identification (n° de référence) de l’appel d’offres ;
Mention : « ne pas ouvrir avant la date et l’heure d’ouverture des plis » ;
En un original et nombre de copies fixé par les instructions aux candidats ;
L’enveloppe extérieure contient deux enveloppes intérieures dont l’une contenant
l’original et l’autre contenant les copies.
 Deux enveloppes intérieures comportant les mentions suivantes :

 Mention « original » ou « copies » suivant leur contenu ;


 Nom et adresse du candidat ;
 Nom et adresse de l’autorité contractante destinataire ;
 Identification de l’appel d’offre ;
 Mention : « ne pas ouvrir avant la date et heure d’ouverture des plis ».
L’original et les copies sont placés dans des enveloppes intérieures distinctes.

Article 92 :
A la réception de chaque offre déposée dans le respect des délais fixés, le
fonctionnaire désigné à cette fin procède à :

 La numérotation (indication sur chacune des enveloppes du numéro d’ordre


d’enregistrement et de la date et de l’heure de réception) ;
 L’enregistrement des offres reçues sur un registre pré numéroté fourni par l’autorité de
régulation des marchés publics ;
 La remise d’un récépissé remis au délégué du candidat porteur de l’offre ou de toute
autre forme d’accusé de réception admise.

Article 93 :
Au jour et à l’heure limites fixés pour la remise des offres, les consignes suivantes sont
observées :

 L’arrêt de la réception et de l’enregistrement des offres à l’heure fixée ;


 Enregistrement des plis arrivés à l’heure limite ;
 Communication du registre au président de la commission de passation des marchés
en début de séance et décharge, sur le registre, des plis remis ;
 Enregistrement pour mémoire et renvoi, sans ouverture, des plis qui arrivent après le
jour et l’heure limites fixés dans l’appel d’offres.
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Sous-section 2 : De la séance d’ouverture des plis


Article 94 :
La séance d’ouverture des plis est publique. Elle a lieu immédiatement après l’heure
de la clôture de remise des offres fixée dans l’appel d’offres ou au plus tard une heure (1 h)
après cette heure limite.

 Le président de la commission de passation des marchés doit veiller à :

La convocation, par écrit, des membres de la commission de passation des


marchés, cinq (5) jours ouvrables avant la date d’ouverture des plis ;
 La présence des candidats qui le souhaitent et, le cas échéant, des organismes de
financement ou leurs représentants si les textes qui les régissent le permettent ;
 L’ouverture des plis par la personne responsable du marché à la date et à l’heure,
fixées et au lieu indiqués dans le dossier d’appel d’offres ;
 Ouverture et lecture des soumissions contenues dans les enveloppes intérieures
marquées « Original » et annonce à haute et intelligible voix :

 Du nom du candidat ;
 D’une éventuelle modification ;
 Du prix de l’offre (avec mention des rabais ou variante) ;
 De l’existence d’une garantie d’offre ;
 De tout autre détail utile.

Article 95 :
Un fonctionnaire désigné procède à la rédaction, dans plus brefs délais, d’un procès-
verbal d’ouverture des plis, conformément au modèle élaboré par l’autorité de régulation des
marchés publics, indiquant les principales caractéristiques des offres et mentionnant
notamment :

 Le nom des candidats ;


 Le remplacement ou la modification de l’offre ;
 L’existence ou l’absence d’une garantie d’offre ;
 De tout autre détail utile.
Ce procès-verbal est signé par les membres de la commission de passation des
marchés et tenu à la disposition des soumissionnaires qui souhaitent le consulter.
Section 3 : Du processus et des méthodes d’évaluation des offres relatives aux marchés
de travaux, fournitures et services
Sous-section 1 : De la vérification de la conformité des offres
Article 96 :
Avant d’effectuer l’évaluation détaillée des offres, la commission de passation des
marchés établit la conformité des soumissions sur la base du rapport que lui soumet et la
Sous-commission d’analyse des offres mise en place à cette fin.

Article 97 :
Une offre n’est pas conforme dans les cas suivants :
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 La soumission n’est pas signée par le représentant habilité du candidat. Mais l’absence
de paraphe sur chaque page, alors que l’offre est, par ailleurs, conforme en tous points,
ne constitue pas un défaut de conformité ;
 La soumission ne mentionne pas le prix ou ne comporte pas annexe dûment remplie et
signée déterminant le prix, tel qu’un bordereau de prix et/ou un détail estimatif et
quantitatif, ou présente des modalités de calcul du prix non conformes au dossier
d’appel d’offres ;
 L’offre comporte des réserves ou des divergences ou omissions substantielles par
rapport aux dispositions du dossier d’appel d’offres.
Les divergences ou omissions substantielles sont celles :

 Qui limitent de manière substantielle la qualité ou les performances des fournitures,


travaux ou prestations spécifiés dans le dossier d’appel d’offres ;
 Qui limitent, d’une manière substantielle et non conforme au dossier d’appel d’offres,
les droits de l’autorité contractante ou du maître d’ouvrage délégué ou les obligations
du candidat au titre du marché ;
 Dont l’acceptation serait préjudiciable aux autres candidats ayant présenté des offres
conformes pour l’essentiel ;
 Les travaux, fournitures ou services offertes ne sont pas conformes, pour l’essentiel,
aux spécifications techniques consignées dans le dossier d’appel d’offres ;
 L’offre ne remplit pas les conditions administratives exigées dans l’appel d’offres en
matière de fiscalité, de cotisation sociales etc.
 Une offre peut être considérée comme conforme lorsque les insuffisances de l’offre ou
les pièces non fournies ;
 Ne sont pas essentielles à la détermination du prix ou des prestations offertes ou à la
constatation de l’engagement du candidat ;
 Ne sont pas spécifiées comme obligatoires par le dossier d’appel d’offres, et peuvent
être fournies par le candidat avant l’attribution provisoire, à la fin de la période
d’évaluation des offres ;
 Concernant les qualifications du candidat (fiche de renseignement non fournie) qui
dans le cas d’un appel d’offres ouvert sont examinées après l’évaluation.
Au terme de cette première vérification, les offres jugées non-conformes sont écartées
de la suite du processus d’évaluation et communication est faite, aux soumissionnaires
concernés, du rejet de leur offre dans un délai ne dépassant pas sept jours calendrier à compter
de l’ouverture des plis.
Sous-section 2 : De critères et du processus d’évaluation des offres.

Article 98 :
L’attribution des marchés de travaux, fournitures et services est basée sur le montant
de l’offre et divers autres paramètres ayant un impact quantifiable sur ce dernier. La
détermination du montant de l’offre, à considérer pour l’analyse comparative, se fait sur base
des critères objectifs, vérifiables et quantifiables, traduits en termes monétaires. Ces critères
sont notamment : le prix offert moyennant, éventuellement, correction des omissions, le coût
d’utilisation, la rentabilité, la valeur technique, le service après-vente, le coût de l’assistance
technique éventuelle, le délai d’exécution, le calendrier de paiement.
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Article 99 :
Aux fins de la comparaison des offres, en application de l’alinéa b de l’article 21 de la
loi relative aux marchés publics, la sous-commission d’analyse des offres procède comme suit
:

 Conversion en FC de tous les prix des offres exprimés en une autre monnaie ;
Exclusion de :

 La TVA applicable en République Démocratique du Congo et les autres droits et taxes


comme dans les données particulières de l’appel d’offres ;
 Toute provision éventuelle pour révision des prix pendant la période d’exécution du
marché, lorsqu’elle est prévue dans l’offre ;
 Toutes sommes provisionnelles, y compris le cas échéant, des provisions pour
imprévus.
Ajustements résultant de :

 La correction des erreurs arithmétiques et éventuelles omissions ;


 L’utilisation des critères additionnels éventuellement prévus par les données
particulières de l’appel d’offres ;
 L’application de rabais inconditionnels éventuellement offerts lors d’un appel d’offres
international, de la marge de préférence nationale et régionale, si les données
particulières de l’appel d’offres la prévoient.
A l’issue de ces opérations de nature arithmétique, les offres sont classées dans l’ordre
croissant de leur montant respectif.

Article 100 :
A la fin des opérations de vérifications et ajustements arithmétiques éventuels, la sous-
commission d’analyse procède à la post qualification par la vérification de la qualification du
candidat ayant proposé l’offre conforme évaluée moins disante.
L’attribution du marché à ce candidat est subordonnée à la vérification que le candidat
satisfait aux critères de qualification conformément à l’article 21, alinéa a, de la loi relative
aux marchés publics, pour exécuter le marché de façon satisfaisante, sur la base des pièces
attestant les qualifications du candidat et soumises par lui application des dispositions des
instructions aux candidats et des données particulières de l’appel d’offres.
Les critères de qualification sont d’ordre financier (chiffre d’affaires, capacité de
financement) et technique (expérience générale, expérience spécifique similaire, qualification
du personnel clé et matériel et engins à déployer).
Au cas où le soumissionnaire dont l’offre a été évaluée conforme et moins disante ne
satisfait pas à tous les critères de qualification, son offre est définitivement rejetée et la sous-
commission procède à l’examen de la seconde offre évaluée moins-disante afin d’établir, de la
même manière, si le candidat est qualifié pour exécuter le marché. Il en sera ainsi jusqu’à la
désignation du candidat qui remplit pleinement les critères de qualification afin de lui
attribuer le marché.
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Article 101 :
Après l’attribution provisoire, la personne responsable des marchés publics peut, dans
la stricte mesure nécessaire, en accord avec l’attributaire retenu, procéder à une mise au point
du marché.
Les modifications apportées dans le cadre de cette mise au point ne peuvent pas :

 Aboutir à une modification substantielle des composantes, notamment, financières du


marché ;
 Aboutir à remettre en cause l’évaluation des offres et le classement des candidats ;
 Avoir pour objet d’adapter l’offre aux besoins, tel qu’ils sont formulés dans le dossier
d’appel d’offres.
La mise au point peut :

 Inclure dans le marché les clarifications résultant des demandes d’éclaircissements des
candidats ou les modifications apportées par la personne responsable des marchés
publics au dossier d’appel d’offres après sa diffusion ;
 Porter sur la rectification des erreurs matérielles ;
 Adapter le marché à la variante proposée par l’attributaire lorsque la proposition de
variante a été autorisée.

Article 102 :
Les précisions apportées au marché lors de la mise au point sont transmises par écrit à
l’attributaire qui doit en accepter tous les termes en signant les documents correspondants
et/ou en indiquant, par écrit, son acceptation de tous les termes de la mise au point.

Article 103 :
A la fin de ce processus d’évaluation, la personne responsable des marchés publics
adresse, en fonction de seuils, une demande de non objection à la direction générale du
contrôle des marchés publics, préalable à la décision de l’attribution provisoire, en prenant
soin de joindre toute la documentation utile comprenant l’avis d’appel d’offres, le dossier
d’appel d’offres, le procès-verbal d’ouverture des plis, le rapport d’évaluation des offres ainsi
que le procès-verbal d’attribution provisoire et la copie des offres.

Article 104 :
A l’obtention de la non objection, la personne responsable des marchés publics dresse
un avis d’attribution provisoire qu’il transmet, accompagné du procès-verbal y relatif, à
l’autorité de régulation des marchés publics pour publication.
Cet avis d’attribution provisoire informe les candidats ou soumissionnaires non
retenus du rejet de leur offre et, observe un délai d’attente de cinq jours ouvrables pour
recevoir, le cas échéant, les recours des candidats non retenus.
Si, à dater de la publication de l’avis d’attribution provisoire, le délai de cinq jours
s’épuise sans enregistrement de recours, l’attribution devient définitive et l’autorité
contractante entame la procédure d’approbation du marché.
Tout recours reçu pendant ce délai est suspensif de la procédure d’attribution.
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La décision d’attribution définitive du marché n’est prise qu’après la notification de la


décision du comité de règlement des différends de l’autorité de régulation à l’autorité
contractante.

Sous-section 3 : Des appels d’offres avec pré qualification


Article 105 :
L’appel d’offres ouvert peut intégrer une phase de pré-qualification, prévue aux
articles 32 et 44 de la loi relative aux marchés publics, et ayant pour objet d’éliminer les
candidats n’ayant pas l’aptitude à exécuter le marché de manière satisfaisante lorsque le
marché a pour objet :

 Soit la réalisation de travaux ou la livraison de fournitures revêtant une importance


et/ou une complexité particulière ;
 Soit l’exécution de prestations de services spécialisés.
Le dossier de pré qualification, conforme au dossier standard de pré qualification
préparé par l’autorité de régulation des marchés publics, fait l’objet de publicité dans les
conditions visées à l’article 95 du présent décret.
Article 106 :
Le dossier de candidature comprend les documents suivants :

 La lettre de soumission de la candidature :


 Les pièces justificatives établissant que le candidat est admis à être pré – qualifié ; et
 Tout autre document requis tel que spécifié dans le dossier de pré – qualification.
La remise des candidatures est effectuée conformément au dossier de pré-qualification.
Les dossiers de candidature sont ouverts en présence des membres de la commission
de passation des marchés et sont évalués conformément aux critères fixés dans le dossier de
pré qualification.
Les candidats ne peuvent prendre contact, par écrit, avec la personne responsable des
marchés que sur les questions ayant trait au processus de pré-qualification, entre la date limite
de dépôt des dossiers de candidature et celle de l’avis de l’attribution du marché.

Article 107 :
Durant l’évaluation des dossiers de candidature, la personne responsable des marchés
a toute latitude pour demander aux candidats des éclaircissements sur leurs candidatures et
ladite demande doit être soumise au plus tard dix (10) jours calendrier à compter de la date
limite de dépôt des candidatures. Toute demande d’éclaircissements et tous les
éclaircissements doivent être formulés par écrit. Si un candidat ne fournit pas les
éclaircissements sur les renseignements demandés à la date et à l’heure fixées par la personne
responsable des marchés dans sa demande d’éclaircissements, sa candidature peut être rejetée.

Article 108 :
La personne responsable des marchés publics doit rejeter tout dossier de candidature
non conforme aux spécifications du document de pré-qualification.
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Les dossiers non-conformes sont, notamment, ceux qui ne contiennent pas les fiches
de renseignements et pièces demandées. L’absence de certains documents complétant les
fiches de renseignement, tel qu’une copie des états financiers, peut être tolérée, à condition
que ces renseignements soient fournis dans les plus brefs délais.

Article 109 :
Lorsque la personne responsable des marchés publics a enregistré le contenu des
dossiers de candidature dans le procès-verbal de la séance d’ouverture des plis, la commission
de passation des marchés procède à l’examen des dossiers de candidature conformes fournis
par les candidats et propose à la personne responsable des marchés publics, avec en pièce-
jointe au procès-verbal d’examen, la liste des candidats pré-qualifiés.
L’évaluation des qualifications est réalisée sur la base des facteurs, critères et
conditions définis dans le dossier de pré-qualification, limités à ceux indiqués à l’article 21,
alinéa a, de la loi relative aux marchés publics :

 Références relatives à l’exécution de prestations analogues à celles qui constituent


l’objet du marché ;
 Moyens humains et matériels ;
 Capacité financière et juridique.

Article 110 :
Le recours à d’autres méthodes ou critères d’évaluation n’est pas autorisé. La
commission de passation des marchés se réserve le droit de ne pas tenir compte d’écarts
mineurs dans les critères de qualification s’ils n’affectent pas substantiellement la capacité
d’un candidat à exécuter le marché.

Article 111 :
La commission de passation des marchés se réserve le droit d’accepter ou de rejeter
tout dossier de candidature et d’annuler la procédure de pré-qualification à tout moment, sans
pour autant encourir une responsabilité quelconque vis-à-vis des candidats.
Article 112 :
Tous les candidats dont les dossiers de candidature ont satisfait les critères minima
spécifiés, seront pré-qualifiés par la commission de passation des marchés. Une demande de
non objection est adressée à la direction générale du contrôle des marchés publics, avant de
publier les résultats de pré-qualification.
Les candidats non pré-qualifiés disposent des voies de recours prévus dans le décret
portant création, organisation et fonctionnement de l’autorité de régulation des marchés
publics.

Article 113 :
Dès lors, la personne responsable des marchés informe les candidats non pré-qualifiés
et adresse simultanément et par écrit, à tous les candidats pré-qualifié, une lettre d’invitation à
soumissionner.
Le dossier d’appel d’offres est joint à la lettre d’invitation ou peut être acheté dans les
conditions stipulées dans cette lettre.
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Le dossier d’appel d’offres est établi à partir du dossier type d’appel d’offres
correspondant au type du marché concerné : travaux, fournitures ou prestations de services
courants, adapté pour tenir compte de la pré-qualification.

Article 114 :
Toute modification dans la structure ou la formation d’un candidat après qu’il ait été
pré- qualifié et invité à soumettre une offre, doit être approuvée par écrit par la personne
responsable des marchés avant la date limitée de dépôt des offres.
Ladite approbation est refusée si, du fait de la modification, le candidat ne satisfait
plus à l’ensemble des critères de qualification précisés dans le dossier de pré-qualification ou
si, de l’avis de la personne responsable des marchés, le jeu de la concurrence est sérieusement
compromis.
Ces modifications doivent être soumises à la personne responsable des marchés dans
un délai fixé par les instructions aux candidats à compter de la date de l’invitation à
soumissionner.

Section 4 : Du processus et des méthodes d’évaluation des offres relatives aux


prestations intellectuelles.
Article 115 :
Du fait des caractéristiques des prestations intellectuelles essentiellement qualitatives,
la procédure de sélection des candidats donne la priorité à la qualité des propositions
techniques et prend en compte, dans une moindre mesure, le montant des propositions
financières.
La sélection des candidats procède de quatre méthodes basées sur un système de
notation exprimée en pourcentage (points).
Une méthode d’évaluation des propositions ne peut être appliquée si elle n’a pas été
préalablement annoncée dans la demande de propositions.

Sous-section 1 : Méthode de sélection qui combine la qualité technique et le coût.


Article 116 :
La sous-commission d’analyse des offres évalue les propositions techniques sur la
base de leur conformité aux termes de référence, à l’aide des critères et sous-critères
d’évaluation pondérés, préalablement indiqués dans la demande de propositions.
Chaque proposition conforme se voit attribuer une note technique (NT). Toute
proposition qui, à ce stade, n’atteint pas la note technique minimum spécifiée dans les
données particulières de la demande de propositions, est écartée. Le rapport d’évaluation des
propositions techniques dressé est soumis, en fonction des seuils, à la procédure de non
objection de la direction générale du contrôle des marchés publics.

Article 117 :
A l’issue de l’évaluation de la qualité technique et après avoir obtenu, le cas échéant,
la non objection de la direction générale du contrôle des marchés publics sur le rapport
d’évaluation des propositions techniques, la personne responsable des marchés publics
informe les candidats des notes techniques obtenues par leur proposition technique.
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Dans le même temps, la personne responsable des marchés (i) notifie les candidats
dont les propositions techniques n’ont pas obtenu la note minimum ou ont été jugées non-
conformes, que leurs propositions financières leur sont renvoyées sans avoir été ouvertes, et
(ii) indique la date, le lieu et l’heure d’ouverture des propositions financières des candidats
dont les propositions techniques ont obtenu une note supérieure ou égale à la minimale
requise, indiquée dans la demande de proposition.

Article 118 :
La proposition financière moins disante (PFm) reçoit la note financière maximum
(NF) de
100 points. Les notes financières (NFi) des autres propositions financières (PFi) sont
calculées comme indiqué dans les données particulières de la demande de propositions, par
rapport à la proposition financière moins disante (PFm), en appliquant la formule suivante :
NFi = 100 % PFm/PFi.
Les notes NTi et NFi attribuées à la proposition technique et financière de chaque
candidat sont ensuite pondérées (généralement à 80 % pour les NTi et à 20 % pour les NFi) et
additionnées.

Article 119 :
Dans un rapport complémentaire, la sous-commission d’analyse classe les candidats
dans l’ordre décroissant de leurs notes combinées respectives. Après l’adoption de ce rapport
par la commission de passation des marchés, en fonction de seuils, la personne responsable
des marchés invite aux négociations du marché, le candidat ayant obtenu la note technique et
financière combinée la plus élevée.
A l’issue de ces négociations et après la mise au point du marché négocié, la personne
responsable des marchés adresse à la direction générale du contrôle des marchés publics, en
fonction de seuils, une demande de non objection assortie de l’ensemble de la documentation
du dossier, avant la décision de l’attribution provisoire.
Le reste de la procédure relative à la publication provisoire et aux éventuels recours est
la même que pour les marchés de travaux, fournitures et services.

Sous-section 2 : Méthode de sélection fondée sur la qualité technique uniquement


Article 120 :
Après l’évaluation de la proposition technique conformément aux critères annoncés
dans la demande de proposition, suivant la méthodologie visée à l’article 122 du présent
décret, les propositions sont classées dans l’ordre décroissant des notes techniques attribuées.
La sous-commission d’analyse dresse son rapport d’évaluation des propositions techniques et
le soumet à l’approbation de la commission de passation des marchés.

Article 121 :
A l’issue de l’évaluation de la qualité technique, la personne responsable de marchés,
après avoir, en fonction des seuils, obtenu la non objection de la direction générale du
contrôle des marchés publics sur le rapport d’évaluation des propositions techniques, invite le
candidat ayant obtenu la note technique la plus élevée à négocier le marché.
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Article 122 :
Après la négociation du marché, la procédure à suivre est la même que celle visée au
deuxième alinéa de l’article 126 du présent décret.

Sous-section 3 : Méthode de sélection fondée sur un budget prédéterminé


Article 123 :
En application de cette méthode, la commission de passation des marchés propose
l’attribution du marché propose l’attribution du marché au candidat dont la proposition
technique a obtenu une note technique supérieure à la note minimale requise conformément à
l’article 122 décret, et dont la proposition financière se trouve dans les limites du budget fixé
annoncé dans la demande de propositions. Les propositions financières dépassant ce budget
sont rejetées.

Article 124 :
Après la négociation du marché, la procédure à suivre est la même que celle visée au
deuxième alinéa de l’article 126 du présent décret.

Sous-section 4 : Méthode de sélection fondé au moindre coût


Article 125 :
En application de cette méthode, la commission de passation des marchés propose
l’attribution du marché au cabinet dont la proposition technique a obtenu une note supérieure
à la note technique minimale requise conformément à l’article 122 du présent décret et dont la
proposition financière est la moins disante tel qu’annoncé dans la demande de propositions.

Article 126 :
Après la négociation du marché, la procédure est la même que celle visée au deuxième
alinéa de l’article 126 du présent décret.

Sous-section 5 : Chronologie des tâches


Article 127 :
La passation des marchés de prestations intellectuelles s’effectue selon la chronologie
ci-après :

 Définition des besoins et des termes de référence ;


 Vérification de la couverture budgétaire ;
 Publication d’un avis à manifestation d’intérêt, sauf si les prestations sont d’un
montant inférieur au seuil d’appel à candidature dans ce cas, une invitation directe
peut être adressée à cinq prestataires (au minimum) pour soumissionner ;
 Réception et évaluation des candidatures (manifestations d’intérêt) ;
 Demande et obtention de la non objection sur le rapport d’évaluation des
manifestations d’intérêt et sur la liste restreinte ;
 Information par l’autorité contractante des candidats non pré sélectionnés ;
 Préparation de la demande de proposition en application de la demande de proposition
type éditée par l’autorité de régulation des marchés publics ;
 Mise au point de la demande de proposition ;
 En fonction des seuils, demande de non objection sur la demande de proposition ;
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 Envoi par l’autorité contractant délégué de la demande de proposition aux candidats


présélectionnés ;
 Dépôt des propositions ;
 Ouverture des plis et procès-verbal ;
 Evaluation et comparaison des propositions technique par la commission de passation
des marchés ;
 Demande et obtention de non objection sur l’évaluation des propositions techniques ;
 Ouverture publique et évaluation des propositions financières suivie de l’évaluation
combinée (financière et technique) ;
 Demande et obtention de non objection sur la proposition d’attribution du marché
(facultatif) ;
 Négociation et attribution du marché au consultant retenu ;
 Demande et obtention de l’objection sur le procès-verbal des négociations et le projet
de contrat ;
 Publication d’un avis d’attribution provisoire et information des candidats non retenus
;
 Réponse, le cas échéant, aux recours des candidats non retenus sur les motifs du rejet ;
 Envoi du contrat de marché au consultant retenu ;
 Signature du marché par la personne responsable des marchés : dans un délai
minimum de quinze (15) jours après publication de l’avis d’attribution ;
 Approbation du marché signé par l’autorité compétente ;
 Publication d’un avis d’attribution définitive ;
 Notification d’un marché à l’attributaire par lettre recommandée avec accusé de
réception.
Sous-section 6 : De l’établissement d’une liste restreinte sans manifestation d’intérêt
préalable
Article 128 :
La cellule de gestion des marchés publics propose à la personne responsable des
marchés la liste restreinte selon le processus suivant :

 Les consultants doivent être éligibles aux marchés publics au regard des dispositions
de l’article 81 de la loi relative aux marchés public ;
 Les consultants sont retenus sur la liste restreinte en fonction de leur qualification et
leur expérience spécifique dans les prestations similaires, connues de l’autorité
contractante ;
 L’autorité contractante doit obtenir une autorisation préalable de la direction générale
du contrôle des marchés publics validant la liste restreinte avant d’adresser la lettre
d’invitation à soumissionner aux candidats retenus sur cette liste.

Section 5 Des conventions de délégation de service public


Sous-section 1 : De la publicité
Article 129 :
La passation de la convention de délégation de service public doit être précédée d’une
publicité de nature à permettre une information la plus claire possible sur le projet considéré,
selon les conditions définies à l’article 34 de la loi relative aux marchés publics.
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Le délai de dépôt des soumissions est au minimum de quarante-cinq jours (45)


calendrier, à comporter de la date de publication de l’avis.
Sous-section 2 : De la procédure de passation des conventions de délégation de service
public
Article 130 :
La procédure utilisée est l’appel ouvert avec pré-qualification obligatoire,
éventuellement en deux étapes. Les candidats doivent administrer la preuve qu’ils satisfont
aux critères de pré-qualification que l’autorité délégante juge appropriés.
La pré-qualification permet d’identifier les contractants potentiels qui offrent des
garanties techniques et financières suffisantes et qui ont la capacité d’assurer la continuité du
service public dont ils seront délégataires.
Une conférence peut être organisée avec les candidats avec, éventuellement, une visite
de site.
Article 131 :
La sélection se fait en une seule étape lorsque l’autorité délégante dispose de
spécifications techniques détaillées et de critères de performance ou d’indication ou
d’indicateurs de résultats précis.

Article 132 :
La sélection du délégataire peut également se faire en deux étapes. Les candidats pré-
qualifiés remettent, tout d’abord, des propositions techniques sans indication de prix, sur la
base de principes généraux de conception ou de normes de performance. Une fois les
propositions reçues et examinées, l’autorité délégante peut inviter, après avoir éventuellement
révisé le cahier de charges initial, les soumissionnaires pré qualifiés, à présenter les
propositions techniques assorties d’un prix.
Article 133 :
A titre exceptionnel, l’autorité délégante peut également avoir recours à la procédure
de gré à gré dans les cas suivants :

 Lorsque, en cas d’extrême urgence, dûment validée par la direction générale du


contrôle des marchés publics, nécessitant une intervention immédiate visant à assurer
la continuité du service public, il ne serait pas possible d’ouvrir une procédure de
sélection avec mise en concurrence dans des délais raisonnables ;
 Lorsqu’une seule source est en mesure de fournir le service demandé.
Article 134 :
L’attribution de la convention de délégation de service public s’effectue sur la base de
la combinaison optimale de différents critères d’évaluation prévus dans le dossier d’appel
d’offres, tels que les spécifications et normes de performance prévues ou proposées, les
obligations liées à la qualité du service public ou à sa continuité, les tarifs imposés aux
usagers, les sommes éventuellement reversées à l’Etat ou à la collectivité publique délégante,
les coûts divers, le montant et la rationalité du financement offert, toute autre recette que les
équipements procureront à l’autorité délégante et la valeur de rétrocession des installations.
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Article 135 :
La négociation est nécessaire. L’autorité délégante et l’opérateur retenu, à l’issue du
processus de sélection, engagent des négociations en vue d’arrêter les termes définitifs de la
convention de délégation de service public. Ces négociations ne peuvent avoir pour effet
l’altération de critères de base de l’attribution de la convention.
Article 136 :
Des dispositions spécifiques de la loi relative aux partenariats public-privé organisent
le contenu et l’exécution des conventions de délégation de service public.
L’autorité délégante publie un avis d’attribution de convention de délégation de
service public. Cet avis doit désigner le délégataire et comporter un résumé des principales
clauses de la convention de délégation.
L’autorité délégante informe les candidats ou soumissionnaires non retenus du rejet de
leur offre, et observe un délai d’attente de quinze jours calendaires pour recevoir,
éventuellement, les recours des candidats non retenus.

Section 6 : De particularités de certains appels d’offres


Sous-section 1 : Des appels d’offres ouvert en deux étapes
Article 137 :
La procédure de mise en œuvre de l’appel d’offres en deux étapes est utilisée lorsque :

 L’objet du marché présente une grande complexité ou ;


 La personne responsable des marchés, souhaite faire son choix sur la base de critères
de performance et non seulement de spécifications techniques détaillées ;
 La personne responsable des marchés a défini ses besoins mais n’est pas en mesure de
décrire la solution technique la mieux indiquée à leur réalisation ;
 Les candidats sont invités à proposer toutes solutions tenant compte des contraintes du
projet ;
 La personne responsable des marchés a défini ses besoins essentiellement en termes
d’objectifs ou de performances mais souhaite bénéficier des solutions techniques les
plus innovantes.
Dans la procédure d’appel d’offres en deux étapes, les candidats sont d’abord invités à
transmettre des propositions techniques, sans indication de prix, sur la base de principes
généraux de conception ou de norme de performance, et sous réserve de précisions et
d’ajustements ultérieurs d’ordre aussi bien technique que commercial.
A la suite de l’évaluation par l’autorité contractante des offres au titre de la première
étape, les soumissionnaires qui satisferont au minimum acceptable des critères de
qualification tels que fixés dans le cahier des charges et qui ont soumis une offre
techniquement conforme sont invités, ensuite, à participer à une seconde étape au cours de
laquelle ils présentent des propositions techniques définitives assorties des prix, sur la base du
dossier d’appel d’offres préalablement révisé par l’autorité contractante.
Le recours à la procédure de l’appel d’offres en deux étapes doit être motivé et soumis
à l’autorisation préalable de la direction générale du contrôle des marchés publics.
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Sous-section 2 : Des appels d’offres restreint


Article 138 :
Il ne peut être procédé à un appel d’offres restreint qu’après avis favorable de la
direction générale du contrôle des marchés publics et, uniquement, pour la passation des
marchés visés aux articles 25 et 26 de la loi relative aux marchés publics.
Certaines situations d’urgence ou de continuation des marchés abandonnés par un
titulaire défaillant peuvent justifier le recours à un appel d’offres restreint.
Article 139 :
L’urgence invoquée par la personne responsable des marchés pour utiliser la
procédure d’appel d’offres restreint doit répondre aux conditions suivantes :

 La situation d’urgence doit être réel ;


 L’événement concerné doit être imprévisible ;
 Et la situation d’urgence ne doit pas résulter du fait de l’autorité contractante ou de la
personne responsable des marchés. La volonté d’accélérer la procédure, pour des
raisons de convenance, est interdite.
Article 140 :
Il y a défaillance du titulaire du marché lorsque celui-ci se trouve dans l’impossibilité
totale ou durable de poursuivre l’exécution du marché, notamment en cas de faillite ou de
règlement judiciaire.
Les retard ou défauts d’exécution ne peuvent ici être considérés comme une
défaillance sauf s’ils entraînent la résiliation aux torts du titulaire.
Le nouveau marché, conclu aux frais du défaillant, ne peut avoir pour objet que la
continuation et l’achèvement du marché interrompu.

Sous-section 3 : Des d’offres avec concours


Article 141 :
Il est procédé à un appel d’offres ouvert ou restreint assorti d’un concours lorsque des
motifs d’ordre technique, esthétique, environnemental ou financier justifient des recherches
particulières. Le concours porte sur la conception d’une ouvre ou d’un projet architectural.
Le concours a lieu sur la base d’un programme établi par l’autorité contractante qui
indique les besoins auxquels doit répondre la prestation et fixe, le cas échéant, le maximum de
la dépense prévue pour l’exécution du budget.
Le dossier d’appel d’offres avec concours prévoit :
a. Des primes, récompenses ou avantages à allouer aux soumissionnaires les mieux
classés ;
b. Que les projets primés deviennent en tout ou partie propriété de l’autorité contractante,
ou que celle-ci se réserve le droit de faire exécuter par l’entrepreneur ou le fournisseur
de son choix tout ou partie des projets primés, moyennant versement d’une redevance
fixée dans le règlement particulier d’appel d’offres lui- même ou déterminée
ultérieurement à l’amiable ou auprès expertise.
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Il indique, en outre, dans quelles conditions les auteures des projets sont appelés à
coopérer à l’exécution de leur projet primé.
Les projets des concurrents non retenus leur sont restitués et les frais engagés par eux
sont remboursés endéans un mois.
Les projets des concurrents non retenus leur sont restitués et les frais engagés par eux
sont remboursé endéans un mois.
Les projets retenus et/ou primés deviennent la propriété de l’autorité contractante.

Sous-section 4 : Des marchés spéciaux


Article 142 :
Les conditions de recours aux marchés spéciaux sont fixées par les articles 44 à 46 de
la loi relative aux marchés publics.
Il s’agit uniquement :

 Des marchés relatifs à la défense nationale, à la sécurité et aux intérêts stratégiques de


l’Etat ;
 Des marchés lis à l’acquisition des équipements destinés à la défense nationale ou à la
sécurité.
Ils sont régis par un décret du premier Ministre délibéré en Conseil des Ministres.

Sous-section 5 : Des marchés de gré à gré


Article 143 :
La passation de marchés de gré à gré, permettant à la personne responsable des
marchés d’engager directement les discussions avec les candidats et d’attribuer le marché au
candidat qu’elle a retenu, est possible uniquement dans les cas exceptionnels prévus par les
articles 41 à 43 de la loi relative aux marchés publics.
Il ne peut être passé de marché de gré à gré que :

 Avec des entrepreneurs, fournisseurs ou prestataires de services qui ont l’expertise


requise ou ont exécuté des travaux analogues dans le passé et acceptent de se
soumettre à un contrôle des prix spécifiques durant l’exécution des prestations ;
 Après l’autorisation spéciale de la direction générale du contrôle des marchés publics
et uniquement dans un des cas suivants :
1. Lorsque les besoins ne peuvent être satisfaits que par une prestation nécessitant l’emploi
d’un brevet d’invention, d’une licence ou de droit exclusifs détenus par un seul
entrepreneur, un seul fournisseur ou un seul prestataire ;
2. Lorsque les marchés ne peuvent être confiés qu’à un prestataire déterminé pour des raisons
techniques ou artistiques ;
3. Dans les cas d’extrême urgence, pour les travaux, fournitures ou services que l’autorité
contractante fait exécuter en lieu et place de l’entrepreneur, du fournisseur ou du
prestataire défaillant ;
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4. Dans le cas d’urgence impérieuse motivée par des circonstances imprévisibles ou de force
majeur nécessitant une intervention immédiate et ne permettant pas de respecter les délais
prévus dans les procédures d’appel d’offres.

Article 144 :
Cette procédure donne lieu à des contrôles particuliers :

 Le candidat retenu est soumis à un contrôle spécifique des prix de revient durant
l’exécution des prestations ;
 La passation d’un marché de gré à gré donne lieu à un compte rendu détaillé dans le
rapport annuel publié par l’autorité de régulation des marchés publics ;
 Il ne peut être passé des marchés de gré à gré qu’auprès avis de la direction générale
du contrôle des marchés publics et uniquement dans les cas expressément visés aux
articles 40 et 41 de la loi relative aux marchés publics.

Article 145 :
Les marchés de gré à gré suivent la chronologie suivante :

 Demande motivée de l’autorisation spéciale de la direction générale du contrôle des


marchés publics pour conclure le marché de gré à gré ;
 Notification par la direction générale du contrôle des marchés publics de l’autorisation
spéciale de conclure un marché de gré à gré ;
 Demande de non objection sur le projet de marché en fonction de seuils ;
 Soumission du marché à l’approbation de l’autorité compétente.

Article 146 :
Les marchés de gré à gré donnent lieu à des contrats écrits de forme libre. Leur
attribution doit faire l’objet d’une publication sur le site de l’ARMP.

Sous-section 6 : Des marchés en deçà des seuils d’appel offres


Article 147 :
Pour les travaux, fournitures ou services dont la valeur estimée est inférieure aux
seuils fixés pour les appels d’offres, une demande de facture pro forma doit être utilisée
conformément à la procédure fixée à l’article 38 du présent décret.

Section 7 : De la conclusion du marché


Article 148 :
Sur la base de la proposition de la commission de passation de marchés :

 Prend la décision d’attribution du marché au candidat qualifié dont l’offre a été


reconnue substantiellement conforme au dossier d’appel public à la concurrence et qui
a soumis l’offre évaluée la moins disante, dans le cas d s marchés de travaux,
fournitures et services, ou qui répond au mieux aux critères d’évaluation des
propositions dans le cas des prestations intellectuelles ;
 Avise tous les autres candidats du rejet de leurs candidatures, offres ou propositions,
par tous moyens assurant un accusé de réception ayant valeur probante, sur la base du
modèle de lettre d’information à un candidat non retenu, éditée par l’autorité de
régulation des marchés publics ;
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 Publie un avis d’attributions des parties, le marché doit fixer clairement les conditions
de son entrée en vigueur, notamment le paiement éventuel d’une avance de démarrage
et la remise par le titulaire, d’une garantie de bonne exécution.
Outre les obligations des parties, le marché doit fixer clairement les conditions de son
entrée en vigueur, notamment le paiement éventuel d’une avance de démarrage et la remise
par le titulaire, d’une garantie de bonne exécution.

Article 149 :
Dans un délai de 5 jours ouvrable à compter de la réception d’un recours écrit d’un
candidat non retenu, la personne responsable des marchés lui communique les motifs du rejet
de sa candidature, son offre ou sa proposition.
Le candidat peut faire appel de ce recours administratif devant le comité de règlement
des différends dans les conditions énoncées par les articles 162 et suivants.
Article 150 :
A compter de la publication de l’avis d’attribution provisoire, la personne responsable
des marchés publics observe un délai de cinq jours pour les marchés en deçà du seuil d’appel
d’offres et de dix jours pour les marchés au-dessus de ce seuil. Par la suite, il accomplit les
tâches suivantes :

 La signature de marché ;
 La transmission du dossier de marché à l’autorité approbatrice compétente pour
signature conformément à l’article 13 ter de la loi relative aux marchés public et en
décret fixant les seuils d’approbation des marchés publics et délégations de service
public ;
 La notification, après approbation, du marché à l’attributaire (remise contre récépissé
ou envoi par lettre recommandée avec accusé de réception) ;
 La publication d’un avis d’attribution définitive du marché dans les quinze jours
suivant la notification du marché.

Article 151 :
La date de notification est celle du récépissé ou de l’avis de réception. Elle constitue le
point de départ des délais contractuels d’exécution du marché sauf disposition contraire dans
le contrat.

Section 9 : Des recours en matière de passation des marchés publics


Article 152 :
La fiabilité des procédures de passation des marchés repose notamment sur l’existence
d’un recours efficace possible en cas de non-respect de ces procédures.
Ce recours, adressé au comité de règlement des différends, doit aboutir avant
l’attribution définitive du marché. En cas de rejet, il peut faire l’objet d’un appel devant les
juridictions administratives.
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Sous-section 1 : Des manquements susceptibles de faire l’objet des recours


Article 153 :
Le recours en matière d’attribution des marchés ou de délégations de service public
porte notamment sur :

 Les conditions de publication des avis (exemples : mentions obligatoires manquantes,


non-respect des délais de remise des offres…) ;
 Les règles relatives à la participation des candidats, aux capacités et garanties exigées
(exemples : critères ou spécifications discriminatoires ou sans lien avec l’objet du
marché) ;
 La décision d’attribuer ou de ne pas attribuer le marché (exemple : composition de la
commission de passation des marchés non conforme, conflit d’intérêt d’un membre) ;
 Le mode de passation et procédure de sélection retenue non conforme (notamment un
usage abusif de l’appel d’offres restreint ou du marché de gré à gré ;
 La non-conformité des documents d’appel d’offres à la réglementation ;
 La modification des critères et des méthodes d’évaluation par rapport aux critères et
méthodes annoncés dans l’appel d’offres.

Sous-section 2 : Du recours gracieux auprès de la personne responsable des marchés


Article 154 :
Les candidats et soumissionnaires s’estimant injustement évincés des procédures de
passation des marchés publics ou délégations de service public introduisent un recours à
l’encontre des procédures et décisions rendues à l’occasion de la procédure de passation, et
leur ayant causé préjudice, devant la personne responsable du marché. La décision de cette
dernière peut être contestée devant son autorité hiérarchique.
Le candidat lésé adresse une copie de sa requête à l’autorité de régulation des marchés
publics. De même, l’autorité contractante réserve copie de sa réponse à ce recours à la même
autorité.

Article 155 :
Ce recours est exercé dans les cinq jours ouvrables à compter de la publication de la
décision d’attribution provisoire du marché ou de la délégation de service public ou, au plus
tard, dans les cinq jours calendrier précédant la date limite fixée pour le dépôt des
candidatures ou des soumissions. Un tel recours, exercé pendant le délai d’attente, a pour effet
de suspendre la procédure d’attribution jusqu’à la décision définitive de l’autorité contractante
ou éventuellement du comité de règlement des différends de l’autorité de régulation des
marchés publics en cas d’appel de la décision rendue par l’autorité contractante.

Article 156 :
La personne responsable des marchés publics est tenue de répondre dans un délai de
cinq (5) jours ouvrables au-delà duquel le défaut de réponse est constitutif d’une décision de
rejet implicite du recours gracieux.
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Sous-section 3 : Du recours auprès du comité de règlement des différends


Article 157 :
A défaut d’un dénouement satisfaisant du recours visé aux articles 160 et 161 du
présent décret, le candidat ou soumissionnaire lésé saisit le comité de règlement des
différends de l’autorité de régulation des marchés publics au moyen d’un recours :

 Effectué par le candidat ou soumissionnaire dans les trois (3) jours ouvrables à
compter de la réception de la réponse de l’autorité contractante ou de l’expiration du
délai de cinq (5) jours reconnus à cette dernière pour répondre au recours gracieux ;
 Entrainant la suspension de la procédure de passation du marché sur décision du
comité de règlement des différends s’il estime le recours recevable, sauf si l’autorité
contractante certifie que l’attribution du marché doit être poursuivie immédiatement
pour des raisons tenant à la protection des intérêts essentiels de l’Etat ou résultant de
situation d’urgence impérieuse liée à une catastrophe naturelle ou technologique.

Article 158 :
La décision du comité de règlement des différends :

 Est rendue dans les quinze (15) jours ouvrables à compter de la réception du recours,
faute de quoi l’attribution du marché ne peut plus être suspendue ;
 Est définitive, opposable aux parties et immédiatement exécutoire ;
 La décision du comité de règlement des différends ne peut avoir pour effet que de
corriger la violation alléguée ou d’empêcher que d’autres dommages soient causés aux
intérêts concernés, ou de suspendre ou faire suspendre la décision litigieuse ou la
procédure de passation, mais elle n’annule pas la décision attaquée.

Article 159 :
La décision du comité de règlement des différends peut faire l’objet d’un appel, sans
effet suspensif, devant la juridiction compétente.

TITRE 3 : DE L’EXECUTION DES MARCHES


CHAPITRE 1 : DES MODALITES DE REGLEMENT DES MARCHES
Article 160 :
Les modalités de règlement des marchés publics sont fixées par les articles 70 à 72 de
la loi relative aux marchés publics. Ces articles fixent les modalités et conditions d’octroi des
avances, des acomptes ainsi que le paiement des soldes.

Section 1 : De l’avance forfaitaire de démarrage


Article 161 :
La loi relative aux marchés publics fixe l’avance de démarrage à un maximum de
trente pourcent (30 %) pour les marchés de travaux et de prestations intellectuelles et à un
maximum de vingt pourcent (20 %) pour les marchés des fournitures et autres services. Le
montant de cette avance est calculé :

 Sur le montant initial du marché pour les marchés d’une durée d’exécution inférieur à
un an ;
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 Sur le montant des prestations à réaliser au cours des 12 premiers mois pour les
marchés d’une durée d’exécution supérieur à un an.
 Sur le montant des 12 premiers mois d’exécution pour les marchés à bons de
commandes ou de clientèle.

Article 162 :
Le versement de l’avance de démarrage est conditionné et intervient après réception de
la demande de paiement accompagnée d’une garantie bancaire d’égal montant.

Article 163 :
Le remboursement de l’avance de l’avance a lieu lorsque le montant des prestations
exécutées au titre du marché atteint ou dépasse 40 % du montant initial du marché et prend fin
lorsque le montant des prestations exécutées atteint ou dépasse 80 %.

Section 2 : Des acomptes et du solde


Article 164 :
Les acomptes ne sont possibles que pour les marchés dont le délai d’exécution est
supérieur à trois mois. Ils sont au montant des prestations exécutées après déduction des
avances. Il peut être fixé dans le marché des acomptes forfaitaires correspondant à un
pourcentage du montant initial du marché lorsque ces acomptes sont versés en fonction de
phases techniques d’exécution.
Le règlement des acomptes se fait dans un délai maximum de 90 jours.
Article 165 :
Le règlement pour solde correspond aux sommes dues au titre de l’exécution des
prestations après déduction des avances et acomptes. Lorsque le marché prévoit une retenue
de garantie, le règlement du solde donne lieu dans un premier temps à un règlement pour
solde provisoire puis à un règlement pour solde définitif après mainlevée de la retenue de
garantie.

Section 3 : Des garanties exigées des candidats et des titulaires de marchés


Article 166 :
Les articles 48 à 50 de la loi relative aux marchés publics fixent la nature et les
modalités de constitution des garanties.
Sous6section 1 : De la garantie d’offre
Article 167 :
La garantie d’offre couvre le risque de réception des offres non sérieuses qui seraient
ensuite retirées avant la fin du processus de sélection de l’attributaire, entraîne une diminution
du nombre des candidats et éventuellement l’annulation de la procédure.
Article 168 :
La garantie de l’offre est régie par l’article 50 de la loi relative aux marchés publics.
En application de cet article :
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 Aucune garantie d’offre n’est requise pour les marchés inférieurs aux seuils d’appel
d’offres visés à l’article 15 du présent décret ;
 Aucune garantie d’offres n’est requise pour les marchés deprestations intellectuelles ;
 Le montant de la garantie d’offres doit être compris entre 1 et 2 % du montant de
l’offre.
L’autorité contractant est tenue de fixer, dans les données particulières de l’appel
d’offres, le montant de la garantie d’offre soit en valeur absolue, soit en un pourcentage ne
dépassant pas deux (2) pourcent du montant des offres des candidats.

Article 170 :
Exception faite des prestations intellectuelles dans lesquelles cette garantie n’est pas
exigée, le candidat est tenu de joindre, sous peine de forclusion, la garantie d’offres à sa
soumission.
Sous-section 2 : De la garantie de bonne exécution

Article 171 :
La garantie de bonne exécution protège l’autorité contractante du risque d’exécution
incomplète des marchés de fournitures, travaux, prestations de services autres que les
prestations intellectuelles, lorsque le délai prévisionnel d’exécution du marché dépasse six
mois.
Article 172 :
Les conditions, mécanismes et procédures de mise en œuvre de la garantie de bonne
exécution sont déterminés par les articles 51 de la loi relative aux marchés publics.
Article 173 :
Le modèle de garantie bancaire à fournir par le titulaire des marchés est donné dans le
dossier d’appel d’offres.

Article 174 :
L’autorité contractante est tenue de fixer, dans les dossiers d’appel d’offres, le montant
de la garantie de bonne exécution à constituer par le titulaire sans pouvoir dépasser cinq
pourcent (5%) du montant marché augmenté ou diminué du montant des avenants.
Article 175 :
Le titulaire du marché constitue la garantie de bonne exécution dans les vingt (20)
jours suivant la notification du contrat. A défaut, le marché est immédiatement résilié sur
simple notification et la garantie d’offres est saisie.

Sous-section 3 : De la forme des garanties


Article 176 :
Les garanties sont fournies sous forme de :

 Cautionnement ;
 Garantie bancaire à première demande, ou de
 Caution personnelle et solidaire.
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Article 177 :
Le cautionnement consiste dans la remise de la somme requise en numéraires, de
préférence sous forme de chèque bancaire au nom de l’autorité contractante. La conservation
et le suivi de ces sommes supposent leur dépôt à un compte de consignation ouvert auprès du
trésor public au titre de la procédure d’appel à la concurrence concernée. La conservation
d’espèces ou de chèques par devers l’autorité contractante est contraire à la réglementation
bancaire et à la réglementation des finances publiques.
Article 178 :
La garantie bancaire exigée doit être à première demande. La banque doit honorer,
sans délai, à la demande de l’autorité contractante et sans demander la preuve du non-respect
de ses obligations par le candidat ou titulaire du marché, conformément au modèle de garantie
prévu par le dossier d’appel d’offres.

Article 179 :
L’engagement du caution personnelle et solidaire est donné par une banque ou un
organisme agréé par le ministère ayant les finances dans ses attributions. Un tel engagement
peut être demandé aux candidats n’ayant pas la dimension requise pour obtenir une garantie
bancaire à première demande. L’organisme qui a délivré l’engagement de caution peut
subordonner le règlement des sommes garanties à la justification de la faute ou de
l’événement qui a entraîné l’appel de la caution, y compris par une décision définitive de
justice reconnaissant cette faute.

CHAPITRE 2 : DE LA RELATION ET DE L’AJOURNEMENT DES


MARCHES, DES SANCTIONS ET DU REGLEMENT DES DIFFERENDS
CONTRACTUELS
Section 1 : De la résiliation des marchés publics
Article 180 :
Les articles 68 et 69 de la loi relative aux marchés publics fixent les conditions de
résiliation et d’ajournement des marchés publics.
Les marchés publics peuvent faire l’objet d’une résiliation dans les conditions fixées
dans les cahiers de charges, soit à l’initiative de l’autorité contractante, soit à l’initiative du
titulaire du marché, soit de commun accord entre les parties ou en cas de force majeure.
Article 181 :
L’Autorité contractante peut résilier le marché pour motif d’intérêt général ou en
raison de la faute du titulaire du marché notamment pour :
a. Manquement graves du titulaire à ses obligations stipulées dans le cahier des charges
et aux termes de la présente loi ;
b. Raison de convenance de l’autorité contractante motivée par un motif d’intérêt général
lorsque la réalisation du marché est devenue inutile ou inadaptée compte tenu des
nécessités du service public ;
c. Cause de la liquidation des biens du titulaire ou de règlement judiciaire, si le titulaire
n’est pas autorisé à continuer l’exploitation de son entreprise ;
d. Cas de faillite ;
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e. Cas de survenance d’un événement affectant la capacité du titulaire du marché


conformément aux conditions fixées par les cahiers des charges ;
f. Cas de décès du contractant personne physique, si l’autorité contractante n’accepte pas
les offres qui peuvent être faites par les héritiers pour la continuation des prestations.
Article 182 :
Sauf stipulation conventionnelles contraires, l’autorité contractante ne peut prononcer
la résiliation pour manquement du titulaire à ses obligations qu’après mise en demeure
préalable restée sans effet après une durée de 30 jours.
Dans le cas où la résiliation est prononcée en vertu de l’article 181, alinéa b du présent
décret, le titulaire du marché a droit à une indemnité de résiliation calculée sur la base des
prestations qui demeurent à exécuter. Un mode de calcul est fixé dans les cahiers des clauses
administratives générales pour chaque catégorie de marché et pour la délégation de service
public.

Article 183 :
Dans les cas visés aux alinéas c) et d) de l’article 181 du présent décret, les mesures
conservatoires ou de sécurité dont l’urgence apparaît, en en attendant une décision définitive
du tribunal, sont prises d’office et mises à charge du titulaire du marché.
Article 184 :
Le titulaire du marché peut enclencher une procédure de règlement amiable du litige
relatif au défaut de paiement, à la suite d’une mise en demeure restée sans effet pendant trois
mois, ou par suite d’un ajournement de plus de trois mois. Si cette procédure de règlement
amiable n’aboutit pas, le titulaire s’adresse aux tribunaux.
Article 185 :
L’autorité contractante et le titulaire peuvent aussi résilier le marché de commun
accord entre les parties contractantes ou en cas de force majeure lorsque cette dernière en rend
l’exécution définitivement impossible.

Section 2 : De l’ajournement des marchés publics


Article 186 :
L’autorité contractante peut ordonner l’ajournement des travaux, fournitures, ou
prestations, objet du marché avant achèvement, notamment en cas de retard dans l’exécution
d’un ouvrage ou dans la livraison d’une fourniture lui incombant et nécessaire à l’exécution
du marché, ou pour toute autre raison qui lui est propre.

Article 187 :
Lorsque l’autorité contractante ordonne l’ajournement de l’exécution du marché soit
avant, soit après un commencement d’exécution, pour une durée de plus de trois mois, le
titulaire a le droit de demander la résiliation de son marché en cas d’ajournements successifs
dont la durée cumulée dépasse quatre mois même si les travaux ont repris entretemps.
L’ajournement ouvre droit au paiement au titulaire du marché d’une indemnité couvrant les
frais résultant en cas de préjudice.
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Section 3 : De l’exécution du contrat en régie ou par un autre prestataire


Article 188 :
En cas de faute grave du titulaire ou de changement de statut de ce dernier, de nature à
compromettre l’exécution normale du marché non remédiée après mise en demeure, l’autorité
contractante peut substituer le titulaire du marché par un autre prestataire aux risques et périls
du titulaire ou exécuter ledit marché en régie.

Section 4 : Des pénalités de retard


Article 190 :
Sans préjudice des dispositions du Code Pénal, les articles 77 à 81 de la loi relative
aux marchés publics fixent les dispositions pénales et les sanctions administratives :

 Pour l’entrepreneur, le fournisseur ou le prestataire de services ;


 Pour l’agent public agissant pour le compte de l’autorité contractante.
Sans préjudice des sanctions contractuelles, les sanctions pénales et administratives
visées aux Article 77 à 81 de la loi relative aux marchés publics sont prononcées de manière
cumulative respectivement par la juridiction compétente et l’autorité de régulation des
marchés publics.

Section 6 : Du recours et du règlement des contentieux d’exécution


Article 191 :
Les modalités de règlement des contentieux d’attribution et d’exécution des marchés
publics sont organisées par les articles 73 à 76 de la loi relative aux marchés publics.

Sous-section 1 : Du recours devant l’autorité contractante


Article 192 :
Les titulaires de marchés publics ou de délégations de service public peuvent recourir
à l’autorité hiérarchique de la personne responsable du marché, en cas de persistance du
désaccord avec cette dernière, aux fins de rechercher un règlement amiable des différends et
litiges les opposants à l’autorité contractante pendant l’exécution du marché public ou de la
délégation de service public.

Sous-section 2 : Du recours judiciaire


Article 193 :
Tout litige qui aura fait préalablement l’objet d’un recours hiérarchique et qui n’aura
pas été réglé amiablement dabs les trente jours calendriers suivant l’introduction du recours,
sera réglé, conformément au droit et aux stipulations contractuelles applicables, devant les
juridictions ou les instances arbitrales compétentes.

CHAPITRE 3 : DES AVENANTS


Article 194 :
Un avenant est un contrat additionnel au contrat principal conclu conformément aux
dispositions de l’article 58 de la loi relative aux marchés publics et ayant pour objet de
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modifier une ou plusieurs des dispositions du contrat principal. Un avenant n’est valable que
si :

 Il a obtenu la non objection de la direction générale du contrôle des marchés publics ;


 Il est approuvé par l’autorité approbatrice compétente, compte tenu du montant du
marché augmenté de celui de l’avenant.
Article 195 :
L’avenant peut notamment, sous réserve qu’il n’y ait pas bouleversement de
l’économie du marché et que les conditions de la mise en concurrence initiale ne soient pas
remises en cause :

 Permettre de prendre en compte une durée d’exécution et/ou des frais ou travaux
supplémentaires ;
 Prévoir une poursuite des prestations au-delà de la date du terme fixée par le marché
sans pouvoir avoir pour effet de prolonger le marché au-delà de la durée maximale
prévue par la loi relative aux marchés publics pour certains types de marchés. Dans ce
dernier cas, le marché ne peut être prolongé ;
 Modifier la définition technique de la prestation, la variation dans la masse des travaux
ou des fournitures, les délais d’exécution, le lieu de la réalisation ou de livraison des
prestations.
Article 196 :
L’avenant peut également régir les changements qui affectent l’autorité contractante
ou le titulaire du marché.
Article 197 :
Dans tous les cas, conformément à l’article 58 de la loi relative aux marchés publics,
le montant cumulé des avenants ne peut excéder quinze pourcent (15 %) de la valeur du
marché de base. Pour tout montant supérieur à 15 %, l’autorité contractante procédera par la
passation d’un nouveau marché conformément aux prescrits de la loi susmentionnée.
Article 198 :
Toutefois, tout changement intervenant au cours de l’exécution du marché et ayant
pour effet une modification du prix de celui-ci dans les limites comprises entre zéro et cinq
pourcent (0-5%), fait l’objet d’un ordre de service notifié au titulaire du marché.
Article 199 :
Les stipulations d’un marché public ne peuvent être modifiées que par voie d’avenants
et dans la limite cumulative de quinze (15) pourcent de la valeur totale du marché de base.

Article 200 :
L’avenant est conclu et modifié selon la même procédure d’examen que le marché de
base. Il ne peut modifier ni l’objet du marché, ni le titulaire du marché, ni la monnaie de
règlement, ni la formule de révision des prix. La conclusion d’un avenant est soumise à
l’autorisation de la direction de contrôle des marchés publics compétente endéans quinze
jours calendriers au plus tard.
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Article 201 :
Les ordres de services relatifs au prix, aux délais et aux programmes constituent des
actes contractuels de gestion d’un marché et ne peuvent être émis que dans les conditions
suivantes :
a. Lorsqu’un ordre de service est susceptible d’entraîner le dépassement du montant du
marché, sa signature est subordonnée aux justificatifs de la disponibilité du
financement ;
b. En cas de dépassement du montant du marché dans les limites comprises entre zéro et
cinq pourcent, les modifications du marché peuvent être apportées par ordre de service
notifié au titulaire du marché ;
c. Lorsque le dépassement du montant du marché est supérieur à cinq pourcent, les
modifications ne peuvent se faire qu’après signature de l’avenant y afférent ;
d. Le jeu normal des révisions de prix en application des clauses contractuelles, dans la
limite des fonds disponibles, ne donne pas lieu à passation d’avenant.
Toutefois, lorsque l’application de la formule de révision des prix conduit à une
variation supérieure à vingt pourcent (20 %) du montant initial du marché ou du montant de la
partie du marché restant à exécuter, l’autorité contractante ou le titulaire peuvent demander la
résiliation du marché.

Article 203 :
La variation dans la quantité des prestations d’effectuera dans les conditions définies
par le cahier des clauses administratives générales.

TITRE 4 : DES DISPOSITIONS FINALES


Article 204 :
Les éventuelles mises à jours ultérieures du présent Décret et les mises à jours de tous
les autres textes d’application de la loi relative aux marchés publics sont soumis à un avis
conforme de l’autorité de régulation des marchés publics, délibéré en son Conseil
d’administration, avant leur signature par l’autorité compétente.
Fait à Kinshasa, le 02 juin 2010
Adolphe Muzito
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DECRET N°10/27 DU 28/06/2010 PORTANT CREATION, ORGANISATION ET


FONCTIONNEMENT DE LA DIRECTION GENERALE DU CONTROLE DES
MARCHES PUBLICS
Le Premier Ministre,
Vu la Constitution, spécialement en son article 92 ;
Vu la Loi n° l0/010 du 27 avril 2010 relative aux marchés publics, spécialement ses articles
13, alinéa 2 et15 ;
Vu l'Ordonnance n° 08/064 du 10 octobre 2008 portant nomination du Premier Ministre,
Chef du Gouvernement ;
Vu l'ordonnance n° 08/064 du 24 décembre 2008 portant organisation et fonctionnement
du Gouvernement, modalités pratiques de collaboration entre Président de la République
et le Gouvernement ainsi qu'entre les membres du Gouvernement, spécialement en son article
29 ;
Vu l'Ordonnance n° 08/74 du 24 décembre 2008 fixant les
er
attributionsministères, spécialement en son article 1 , B-11 ;
Vu le Décret n°10/20 du 2 juin 2010 portant création, organisation et fonctionnement de
l’Autorité de Régulation des Marchés Publics, en sigle « ARMP » ;
Considérant l’urgence ;
Sur proposition du Ministre du budget ;Le Conseil des Ministres entendu ;
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DECRETE

TITRE 1 : DSPOSITIONS GENERALES


Chapitre I. De la création
Article 1er :
Il est créé, au sein du Ministère ayant le budget dans ses attributions un
service public, doté l’autonomie administrative et financière ; dénommé Direction Générale
de Contrôle des Marchés Publics en abrégé « DGCMP ».

Article 2 :
La Direction Générale de Contrôle des Marchés Publics est placée sous l'autorité
directe du Ministre ayant le Budget dans ses attributions.

Chapitre II. Des missions


Article 3 :
La Direction Générale de Contrôle des Marchés Publics est chargée de contrôler a
priori la procédure passation des marchés publics d’un montant supérieur à un seuil fixé par
voie réglementaire conformément aux articles 15 et 16 du Décret n° 10/22 du 02 juin 2010
portant Manuel deProcédures de la Loi relative aux marchés publics.
A ce titre, elle est chargée notamment de :

 Emettre un avis de non objection, sur les projets de dossiers d'appel à la concurrence,
notamment les dossiers de pré qualification et de présélection, les dossiers d'appel
d'offres et les demandes de propositions, avant le lancement de l'appel la concurrence
et la publication correspondante ainsi que sur leurs modifications éventuelles ;
 Accorder les autorisations et dérogations nécessaires à la demande des Autorités
Contractantes lorsqu'elles sont prévues par la Loi relative aux marchés publics ;
 Emettre un avis de non objection sur le rapport d'analyse des offres et propositions
ainsi que sur le procès-verbal d'attribution provisoire des marchés, élaborés par la
Commission de passation des marchés ;
 Procéder à un examen juridique et technique du projet de marché avant d’émettre
son avis de non objection et, au besoin, adresser à l'Autorité contractante toute
demande d’éclaircissement ou de modification afin de garantir la conformité du
marché avec le dossier d'appel d'offres et la réglementation en vigueur ;
 Emettre un avis de non objection sur les projets d'avenant.
Au titre de la procédure de passation des marchés publics, elle est chargée
notamment de :

 S’assurer que l’Autorité contractante concernée met en concurrence les candidats


potentiels aux marchés publics par le recours à la procédure d'appel d'offres
conformément aux règlements et procédures en vigueur ; accorder à l'Autorité
contractante, dans les conditions prévues par la Loi relative aux marchés publics, une
autorisation spéciale pour recourir à un appel d'offre restreint comme mode de
passation des marchés ;
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 Accorder à l’Autorité contractante, dans les conditions prévues par la Loi relative aux
marchés publics, une autorisation spéciale pour recourir à la procédure du marché de
gré à gré ;
 Autoriser, après publication, l'Autorité contractante à prendre la décision déclarant
infructueux un appel d'offres, à procéder à une consultation d'au moins trois
entrepreneurs, fournisseurs ou prestataires ; autoriser l’Autorité contractante à ramener
à quinze (15) jours calendaires les délais d'ouverture des offres conformément à
l'article 36 de la Loi relative aux marchés publics. Cette autorisation n’est accordée
que si l'Autorité contractante invoque un cas d'urgence dûment motivé ne nécessitant
pas une intervention immédiate ;
 Approuver à condition qu'elles soient dûment motivées par l’Autorité contractante, les
justifications des capacités techniques conformément à la Loi relative aux marchés
publics.
Au titre de la procédure d'attribution des marchés publics, elle est chargée
notamment de :

 Valider le cas échéant, le procès-verbal par lequel, au sein de la Cellule de gestion des
projets et des marchés publics de l'Autorité contractante, la Commission de passation
des marchés désigne l'attributaire du marché ;
 Approuver ou rejeter l'annulation d’une procédure d'appel d'offres, sur demande
motivée de l'Autorité contractante ;
 S’assurer que le marcher public que l’Autorité contractante entend passer est couvert
un crédit budgétaire disponible.
Au titre de la procédure d’exécution des marchés publics, elle est chargée notamment
de :

 Autoriser, conformément aux dispositions de la Loi relative aux marchés publics


et sans préjudice des prérogatives de l’Autorité de Régulation des Marches
Publics, la conclusion des avenants aux marchés publics.
Au titre des missions en concertation avec l'Autorité de régulation des marchés
publics, elle est chargée notamment de :

 La formation, la sensibilisation et l’information des opérateurs économique et


institutions concernés par les marchés publics, sur cadre règlementaire et
institutionnel régissant les marchés publics ;
 La collecte et la centralisation de la documentation et des statistiques sur
l’attribution, le contrôle et l’exécution des marchés publics ;
 La programmation et l'organisation de la formation initiale et continue des acteurs
du système de passation des marchés publics.

TITRE II : DE L'ORGANISATION ET DU FONCTIONNEMENT


Chapitre I. Des structures.

Article 4 :
La Direction Générale du Contrôle des Marchés Publics comprend :

 Un Directeur général ;
 Un comité de direction ;
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 Des commissions spécialisées ;


 Une direction de la réglementation et des études ; et
 Une direction administrative et financière.

Chapitre II. Du Directeur général


Article 5 :
La Direction Générale du Contrôle des Marchés Public est dirigée par un
Directeur général nommé et, le cas échéant, relevé ou révoqué de ses fonctions par le
Président de la République sur proposition du Gouvernement délibérée en
Conseil des ministres ;
Il est nommé pour une durée de cinq ans renouvelable une seule fois.

Article 6 :
Le Directeur général est notamment chargé de :

 Assurer la coordination et le bon fonctionnement de l'ensemble des activités de la


Direction générale ;
 Notifier aux autorités contractantes les avis non objection, les autorisations et
dérogations en rapport avec les divers documents soumis au contrôle à priori de la
DGCMP conformément à l'article 13 de la Loi relative aux marchés publics et aux
articles 15 et 16 du Décret n° 10/22 du 2 juin 2010 portant Manuel de Procédures de la
Loi relative aux marchés publics ;
 Réunir périodiquement le Comité de direction et les présidents des commissions
spécialisées ;
 Établir, à l'intention du Ministre ayant le budget dans ses attributions un rapport
trimestriel et annuel sur les activités de la Direction Générale du Contrôle des Marchés
Publics ;
 Évaluer, selon une périodicité qu'il détermine le respect des orientations, le niveau de
réalisation des objectifs et de l'accomplissement des performances de la Direction
Générale du Contrôle des Marchés Publics ;
 Assurer, avec la collaboration du Directeur de la réglementation et des études et le
Directeur administratif et financier, la gestion technique, administrative et financière de
la Direction Générale du Contrôle des Marchés Publics.

Chapitre III. Du Comité de direction


Article 7 :
Le Comité de direction est chargé de l'exécution des missions de la Direction
Générale du Contrôle des Marchés Publics telles que définies à l'article 3.
Il assure, par ailleurs, la coordination des activités de contrôle réalisées par les
commissions spécialisées.

Article 8 :
Le Comité de direction comprend :

 Le Directeur général ;
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 Le Directeur de la réglementation et des études ;


 Le Directeur administratif et financier ;
 Un Représentant du Ministre ayant e Budget dans ses attributions ;
 Un Représentant du personnel.
Le Comité de direction Peut faire appel à toute personne physique ou morale dont
la compétence est jugée nécessaire pour l'examen des dossiers spécifiques.
Les procédures d'utilisation des services extérieurs sont définies dans un manuel de
procédures élaboré par le directeur général et approuvé par le Comité de direction.

Article 9 :
Le Directeur général et les directeurs, sont choisis parmi les fonctionnaires
détenteurs au moins d’un diplôme Universitaire de deuxième cycle, jouissant d’une probité
morale d'une expérience professionnelle avérée dans les domaines juridique, technique,
économique ou financier et maîtrisant la règlementation et les procédures de passation des
marchés publics.

Article 10 :
A l'exception du représentant du Ministre du Budget et celui du personnel,
l'exercice des fonctions au sein de la DGCMP est exclusif de toutes autres fonctions
administratives tant à l'intérieur qu'à l’extérieur de la DGCMP.
Les fonctions de membre du Comité de direction sont incompatibles avec toute
détention directe ou indirecte d’intérêts dans les entreprises soumissionnaires des marchés
publics, toute fonction, salariée ou tout bénéfice, rémunération ou avantage actuel ou futur
sous quelque forme que ce soit, accordé par ces entreprises. Les membres du Comité de
direction ne peuvent exercer une fonction élective ni une activité commerciale ou de
consultation en rapport avec les missions de la Direction Générale du Contrôle des Marchés
Publics.
Les membres du Comité de direction sont tenus au respect du secret professionnel
pour les informations, faits, actes et renseignements dont ils ont connaissance dans l'exercice
leurs fonctions.

Chapitre IV. Des Commissions spécialisées


Section 1 : Des attributions et l’organisation des commissions spécialisées
Article 11 :
Les commissions spécialisées sont chargées de l’examen a priori des procédures de
passation des marchés publics initiées et présentées par les Autorités contractantes.
Elles sont chargées, s'agissant des marchés correspondant aux seuils, conformément
au décret fixant les seuils de passation des marchés publics, d'examiner les dossiers de
marchés publics et de proposer, selon le cas, qu’il soit :

 Émis des avis de non objection sur les dossiers d'appel d'offres ;
 Accordé des autorisations ou des dérogations prévues par la Loi relative aux marchés
publics ;
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 Mis un avis de non objection sur le rapport d'analyse comparative des offres et
propositions et le procès-verbal d'attribution provisoire marché élaborés par la
commission de passation des marchés ;
 Procédé à un examen juridique et technique du dossier de marché préalablement à
son approbation ;
 Emis un avis de non objection sur les projets de marchés et d'avenants,

Article 12 :
Sous réserve des dispositions l’article 17 la Direction Générale du Contrôle des
Marchés publics comprend quatre commissions spécialisées :

 La commission des marchés du bâtiment, des infrastructures et ouvrages du génie


civil ;
 La commission des marchés des équipements mécaniques, hydraulique électriques et
divers ;
 La commission des marchés d'approvisionnements généraux ;
 La commission des marchés d’études, d'audits et d'organisation ne se rattachant à
aucun des domaines précités.

Article13 :
La commission des marchés du bâtiment et des infrastructures et ouvrages du génie
est compétente pour les marchés de travaux de routes, ports; aéroports, voiries urbaines,
infrastructures ferroviaires, voiries et réseaux divers, travaux de construction de ponts,
barrages, travaux d'hydraulique, d’électrification, de télécommunications, ainsi que les
marchés de fournitures, les marchés de service, les marchés de prestations intellectuelles, et
les marchés de travaux directement ou indirectement rattachés aux dits travaux.

Article 14 :
La commission des marchés des équipements mécaniques, hydrauliques,
électroniques, électroniques et divers est compétente pour les marchés de fourniture desdits
équipements ainsi que pour les marchés de travaux de montage, de service ou de prestations
intellectuelles qui y sont directement ou indirectement rattachés.
Article 15 :
La commission des marchés d'approvisionnement général ou des marchés groupés
est compétente pour les marchés de fourniture autres que ceux, dépendant de l'une ou l'autre
des commissions spécialisées mentionnées ci- dessus.
Elle intervient notamment pour les marchés de fournitures de biens divers destinés
aux administrations : matériels de bureau, fourniture et maintenance de véhicules, fourniture
de médicaments, matériels biomédicaux et des équipements hospitaliers, fourniture des
livres, matériels scolaires, outils pédagogiques et autres.

Article 16 :
La commission des marchés d'études, d'audits et d'organisation est compétente
pour les marchés liés toutes prestations à caractère intellectuel ou de service.
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Article 17 :
Le Directeur général peut proposer, au Ministre ayant le budget dans ses
attributions, la modification des commissions spécialisées, soit par la suppression ou la
fusion de commissions existantes soit par la création de nouvelles commissions et soumet à
cette fin un projet de mise à jour du présent Décret, à l’Autorité de Régulation des Marchés
Publics.
A défaut d’une commission spécialisée, compétente pour examiner un marché
déterminé, le Directeur général peut, après en avoir informé le Ministre ayant le budget dans
ses attributions, instituer à titre exceptionnel, une commission ad hoc appelée à statuer sur le
dossier. Cette commission est dissoute de plein droit dès l'accomplissement de sa mission.

Article 18 :
Chaque commission spécialisée est composée de cinq membres permanents
siégeant avec voix délibérative :

 Le Directeur général, Président ;


 Le Directeur de la règlementation et des études, Secrétaire ;
 Le chef de division de la direction de la réglementation et des études concerné par le
marché ;
 Deux experts, dont un juriste, désignés par le directeur général pour une durée de
cinq ans renouvelable une fois, recrutés par voie d’appel d’offres, en raison de leurs
compétences particulières dans le domaine concerné par la nature du marché.
Toute commission spécialisée peut, à la demande de son président, recourir à
l’expertise de toute personne, même ne possédant pas le statut de fonctionnaire ou d’agent
public, spécialisée dans le domaine concerné par le projet, y siégeant sans voix délibérative.
Cette composition peut être réajustée par arrêté du Ministre ayant le budget dans
ses attributions, sur proposition du Directeur général.

Article 19 :
Les membres des commissions spécialisées, à l’exception de ceux qui sont
membres du comité de direction, sont nommés par arrêté du ministre ayant le budget dans
ses attributions pour une durée de cinq ans, renouvelable une fois.

Article 20 :
Les fonctions de membre d’une commission spécialisée sont incompatibles avec
celles de membre d’une cellule de gestion des projets et des marchés publics.
Aucun membre d’une commission spécialisée ne peut participer à la délibération si,
au cours des cinq dernières années, il a directement ou indirectement collaboré aux activités
de l’entreprise ou de la personne concernée par le projet de marché pour lequel intervient la
commission spécialisée.

Article 21 :
Les membres des commissions spécialisées sont tenus au respect du secret
professionnel pour les informations, faits, actes et renseignements dont ils ont connaissance
dans l’exercice de leurs fonctions.
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Article 22 :
Sur délégation du Directeur général, le Directeur de la réglementation et des études
assure la coordination des travaux des commissions spécialisées.

Article23 :
Les membres des commissions spécialisées perçoivent, à l’occasion des réunions,
un jeton de présence dont le taux est fixé par un arrêté du Ministre ayant le budget dans ses
attributions, sur proposition du comité de direction.

Section 2 : Du fonctionnement des commissions spécialisées


Article 24 :
Préalablement leur approbation les dossiers d’appel d’offre, rapports d'analyse
comparative des propositions, le procès-verbal d'attribution projets de marchés et d'avenants,
sont adressés à la Direction Générale du Contrôle des Marchés Publics qui livre un accusé
de réception contre remise de chaque dossier.

Article 25 :
Les commissions spécialisées de la Direction Général du Contrôle des
Marchés Publics statuent sur les dossiers qui, lui sont soumis et des avis ou des autorisations
qui lui sont demandés dans les quinze jours de sa saisine.
En cas d’urgence, ce délai est réduit à sept jours.

Article 26 :
Pour Chaque dossier à examiner, le Président de la commission spécialisée choisit
parmi ses membres, un Rapporteur qui examine les aspects techniques des documents reçus
de l'Autorité contractante et rédige un rapport qu’il présente à la commission spécialisée
dans un délai maximum dix (10) jours. Il répond aux questions éventuelles des membres de
la commission spécialisée sans participer aux délibérations.

Article 27 :
La Commission Spécialisée ne peut valablement siéger qu'en présence d'au moins
quatre de ses membres. Au cas où ce quorum n'est pas atteint une deuxième réunion est
convoquée dans un délai maximum de cinq jours. Le quorum requis à cette deuxième
réunion est de trois membres.
Les décisions des commissions spécialisées sont prises à majorité simple des
membres présents. En cas de partage des voix, celle du Président est prépondérante.

Article 28 :
La Commission spécialisée se réunit sur convocation de son Président.
L'examen des dossiers s'effectue sur pièces. Avant chaque réunion, un ordre du jour
détaillé est envoyé à chaque membre de la commission spécialisée.
Chaque membre de la commission spécialisée reçoit, au moins soixante- douze
heures à l’avance, un exemplaire de l’ensemble des pièces soumises à examen.
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Un procès-verbal de chaque session est établit et signé par chacun des membres
présents ; l’avis ou la décision de la commission spécialisée doit être porté à la connaissance
de l’autorité contractante par Directeur général.

Article 29 :
Les commissions spécialisées sont assistées dans leur commission par le Chef de la
division concernée par le marché.

Article 30 :
La présentation des dossiers à la commission specia1isé est assurée par un membre
de la Commission de passation des marchés désigné par l'Autorité contractante. Ce membre
est accompagné, le cas échéant du responsable du projet ou d'un technicien du domaine du
marché, mandaté par l'Autorité contractante.
Les personnes visées à l'alinéa précédent fournissent toutes les informations de
nature à éclairer tes membres de la Commission Spécialisée. Elles sont tenues, en tout état
de cause, de répondre à toutes questions ou observations formulées par lesdits membres.

Article 31 :
Les avis et décisions des commissions spécialisées doivent être motivés.
En cas de recours contre les décisions de l'Autorité Contractante qui a reçu un non
objection de la Direction Générale du Contrôle des Marchés Publics, les avis et décisions
des commissions spécialisées sont communiqués au Comité de règlement des différends de
l'Autorité de Régulation des Marchés Publics, siégeant en commission des litiges.
Si l'avis ou la décision du Comité de règlement des différends est favorable,
l'Autorité Contractante peut poursuivre la procédure de passation du marché ou de la
délégation de service public.
En matière de marchés de gré à gré, une copie de la décision de la Direction
Générale du Contrôle des Marchés Publics est transmise à l'Autorité de Régulation Marchés
Publics.

Article 32 :
Un règlement intérieur de la Direction Générale du Contrôle des Marchés Publics et
de commissions spécialisées élaboré par le comité de direction précise les règlements de
fonctionnement de ces organes.

Chapitre V. De la Direction de la règlementation et des études


Article 33 :
La direction de la réglementation et des études est placée sous l’autorité d’un
directeur, désigné parmi les fonctionnaires, par arrêté du ministre ayant le budget dans ses
attributions, sur proposition du Directeur Général.

Article34 :
La Direction de la réglementation et des études est chargée de l’analyse juridique et
technique des dossiers pour lesquels les autorités contractantes sollicitent l’avis de non
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objection ou l’autorisation spéciale de la Direction Générale du contrôle des marchés


publics, et de l’étude des actions pour la réalisation desquelles la Direction Générale du
contrôle des marchés publics se concerte avec l’autorité de Régulation des marchés publics.
A ce titre, le Directeur de la réglementation et des études :

 Reçoit et enregistre les dossiers transmis par la direction générale et par les autorités
contractantes ;
 Assure la ventilation des dossiers enregistrés ;
 Tient, dans un registre infalsifiable et pré nu numéroté, fourni par l’autorité de
régulation des marchés publics, les procès- verbaux des réunions dont les extraits
sont régulièrement transmis à cette dernière ;
 Rédige et contresigne le procès- verbal de chaque session ;
 Tient un fichier des marchés examinés par les commissions spécialisées ;
 Etablit un rapport d’activités trimestriel ;
 Veille à la conservation des documents et exécute toutes autres taches à lui confiées
par le président de la commission spécialisée compétente ;
 Procède, en concertation avec les services de l’autorité de régulation des marchés
publics, à une évaluation qualitative périodique du système de passation des marchés
publics et à la proposition des améliorations requises.

Article 35 :
La Direction de la réglementation et des études comprend autant de divisions que
des commissions spécialisées. Chaque division est chargée d’examiner les dossiers
introduits à la Direction Générale du contrôle des marches publiques avant de les soumettre
à la commission spécialisée de son ressort.

Chapitre VI : De la Direction Administrative et financière.


Article 36 :
La Direction administrative et financière est placée sous l’autorité d’un directeur
désigné parmi les fonctionnaires, par arrêté du ministre ayant le budget dans ses attributions,
sur proposition du directeur Général.
Le Directeur administratif et financier est chargé notamment de :

 Assurer la gestion de la trésorerie et la tenue à jour de la comptabilité ;


 Elaborer et gérer les budgets annuels de fonctionnement et d’investissement et en
établir les rapports d’exécution ;
 Animer la procédure de recrutement du personnel et d’assure la gestion des dossiers
administratifs des cadres et agent de la Direction Générale du contrôle des marchés
publics ;
 Gérer le patrimoine meuble et immeuble et en assurer l’entretien et la maintenance ;
 Assurer l’approvisionnement des services de la direction générale du contrôle des
marches publiques en équipement, biens, logiciels et divers consommables ;
 Assister le directeur général dan la négociation des contrats ;
 Prépare les éléments des rapports périodiques ou circonstanciés de son ressort, à
l’attention du directeur général ;
 Apprêter les éléments pertinents à publier dans la revue périodique et le site internet
des marchés publics et soumettre au Directeur général ;
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 Exécuter toutes missions reçues du Directeur général.

Article 37 :
La Direction administrative et financière comprend trois divisions :

 Une division financière et comptable chargée de la gestion des ressources financières


et de la tenue des comptes ;
 Une division des ressources humaines chargée de l'administration du personnel ;
 Une division des services généraux chargée de la gestion du patrimoine et de la
logistique ;

Article 38 :
L’organisation des divisions et la définition détaillée de leurs attributions ainsi que
la mise en place de leurs animateurs font l’objet d’une note de service du directeur général
délibérée au comité de direction.

TITRE III : DU PERSONNEL


Article 39 :
Le personnel de la Direction Général du contrôle des marchés publics est régi par le
statut des agents de carrière des services publics de l’Etat . Toutefois, il bénéficie d’un
règlement particulier délibéré au comité de direction, soumis à l’avis conforme de l’autorité
de régulation des marchés publics et approuvé par Décret du premier ministre. Ce règlement
fixe notamment les salaires et les avantages d’ordre financier ainsi que matériel.

Article 40 :
Sous réserve de la législation en vigueur, la Direction Générale du Contrôle des
marchés publics peut employer :

 Un personnel contractuel recruté conformément à la législation en vigueur ;


 Les fonctionnaires de l’Etat en détachement ou toute autre position permise par la
réglementation en vigueur.

Article 41 :
Les fonctionnaires de l’Etat en détachement employés par la direction générale du
contrôle des marchés publics sont soumis, pendant toute la durée de leur emploi en son sein,
aux textes régissant la Direction Générale du contrôle des marchés publics.
L’ensemble du personnel contractuel de la Direction Général du contrôle des
marchés publics est recruté selon une procédure transparente et concurrentielle, permettant
d’apprécier les compétences en matière de marchés publics des candidats.
Le personnel de la direction générale du contrôle des marchés publics ne peut, en
aucun cas, exercer une activité commerciale ou salariée ou bénéficier d’une rémunération
sous quelque forme que ce soit, ou avoir un intérêt direct ou indirect dans une entreprise
participant à la commande publique.
Les directeurs et les chefs de division de la Direction Générale du contrôle des
marchés publics doivent, lors de leur entrée en fonctions, à la fin de celles-ci, et chaque
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année, faire sur l’honneur, une déclaration écrite de tous leurs biens et patrimoine adressée
au Président de la cour des comptes

TITRE IV : DES RESSOURCES FINANCIERES


Article 42 :
La Direction Générale du contrôle des marchés publics bénéficie d’une dotation
annuelle et de toutes autres ressources mises à la disposition dans le cadre du Budget de
l’Etat.

Article 43 :
Les ressources de la Direction Générale du Contrôlé des Marchés Public sont
gérées selon les règles de la comptabilité publique.

Article 44 :
Le contrôle de la gestion de la Direction Générale du Contrôle ces Marchés Publics
est exercé par les instances compétentes conformément aux dispositions légales et
réglementaires.

TITRE V : DISPOSITIONS FINALES


Article 45 :
Le Ministre ayant le budget dans ses attributions est chargé de l'exécution du
présent Décret qui entre en vigueur à la date de sa signature.
Fait à Kinshasa, le 28 juin 2012
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DECRET N°10/21 DU 02 JUIN 2010 PORTANT CREATION, ORGANISATION ET


FONCTIONNEMENT DE L’AUTORITE DE REGULATION DES MARCHES
PUBLICS, EN SIGLE « ARMP »

LE GOUVERNEMENT ;
Vu l’Ordonnance n° 08/064 du 10 octobre 2008 portant nomination d’un Premier
Ministre, Chef du Gouvernement ;
Vu l’Ordonnance n° 08/073 du 24 décembre 2008 portant organisation et
fonctionnement du Gouvernement, modalités pratiques de collaboration entre le Président de
la République et le Gouvernement ainsi qu’entre les membres du Gouvernement,
spécialement son article 9, 10 et 11 ;
Vu l’ordonnance n° 08/074 du 24 décembre 2008 fixant les attributions des
Ministères, spécialement en son article 1er litera B point 11 ;
Vu l’Ordonnance n° 10/025 du 19 février 2010 portant nomination des Vice-
Premiers Ministres, Ministres et Vice-Ministres ;
Considérant la nécessité d’assurer la régulation du système de passation des
marchés publics et des conventions de délégations de service public en République
Démocratique du Congo ;
Considérant la nécessité de fixer les statuts de l’Autorité de Régulation des Marchés
Publics ;
Sur proposition du Ministre du Budget ; Vu l’urgence ;
Le Conseil des Ministres entendu ;
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DECRETE
TITRE I : DES DISPOSITIONS GENERALES : DE LA CREATION, DU SIEGE
SOCIAL, DES MISSIONS ET DES ATTRIBUTIONS
CHAPITRE 1 : DE LA CREATION
Article 1er :
Il est créé un Etablissement public à caractère administratif, doté de la personnalité
juridique dénommé « AUTORITE DE REGULATION DES MARCHES PUBLICS », en
sigle « ARMP ».
Outre les dispositions de la Loi n° 10/010 du 27 avril 2010 relative aux Marchés
Publics et celles de la Loi n° 08/009 du 07 juillet 2008 portant dispositions générales
applicables aux Etablissements Publics, l’ARMP est régie par le présent Décret.

CHAPITRE 2 : DU SIEGE SOCIAL


Article 2 :
Le siège social de l’ARMP est établi à Kinshasa.
Il peut être transféré en tout autre lieu de la République Démocratique du Congo
par Décret du Premier Ministre à la demande du Conseil d’Administration.
Des agences, des succursales et des bureaux peuvent être établis à l’intérieur et/ou à
l’extérieur du pays par décision du Conseil d’Administration, après approbation du Premier
Ministre.

CHAPITRE 3 : DES MISSIONS


Article 3 :
L’ARMP jouit d’une totale indépendance dans l’accomplissement de ses missions
et dans l’exercice de ses attributions telles que fixées aux articles 4 et 9 du présent Décret.

Article 4 :
L’ARMP a pour mission d’assurer, en République Démocratique du Congo, la
régulation du système de passation des marchés publics et des conventions de délégations de
service public.
Elle est chargée notamment de :
1. Émettre des avis conformes, propositions ou recommandations dans le cadre de la
définition des politiques, de l’élaboration ou de la mise à jour de la législation en
matière des marchés publics et de délégations de service public. A ce titre, l’ARMP
jouit de la prérogative exclusive de validation et de mise à jour de la législation et de
tous documents standard relatifs aux marchés publics et délégation de service public,
qu’elle soumet à l’autorité compétente ;
2. Conduire des réformes pour la modernisation des procédures et des outils de passation
des marchés publics et de délégations de service public ;
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3. Examiner les recours précontractuels et procéder au règlement non juridictionnel des


litiges survenus à l’occasion de la passation des marchés publics et de délégations de
service public ;
4. De promouvoir la mise en œuvre, par l’ensemble des acteurs de la commande
publique, des dispositifs d’éthique et des pactes d’intégrité visant à proscrire la
corruption ;
5. Assurer, par des audits indépendants, le contrôle a posteriori des procédures de
passation des marchés publics et délégations de service public et prendre, le cas
échéant, des sanctions à l’endroit des violations avérées de la réglementation en la
matière ;
6. De procéder à des missions de suivi et d’évaluation périodique en tenant compte des
indicateurs de performance en matière de passation, de contrôle et d’exécution des
marchés publics et de délégations de service public ;
7. Assurer l’information et la formation de l’ensemble des acteurs de la commande
publique, le développement du cadre professionnel et l’évaluation des performances
des acteurs du système de passation, de contrôle et d’exécution des marchés publics et
de délégations de service public ;
8. Assister, en tant qu’organe de liaison, les organisations internationales et régionales,
dans le cadre de la surveillance des procédures de passation des marchés publics ou de
délégations de service public.

CHAPITRE 4 : DES ATTRIBUTIONS


Section 1 : En matière de régulation des marchés publics
Article 5 :
Au titre de dispositif légal et réglementaire des marchés publics, l’ARMP est
chargée notamment de :
1. Conduire les réformes et la modernisation des règles, procédures et outils de
passation des marchés publics et des délégations de service public ;
 En identifiant, au moyen d’une évaluation annuelle des capacités des institutions en
charge des marchés publics et délégations de service public, les faiblesses
éventuelles de la loi relative aux marchés publics et de ses textes d’application, et en
proposant, à l’autorité compétente, toutes mesures législatives et/ou réglementaires
de nature à améliorer le système, dans un souci d’économie, de transparence et
d’efficacité ;
 En donnant des avis conformes et en proposant des mesures d’amélioration des
documents standards relatifs aux marchés publics, qu’elle soumet à l’autorité
compétente.
2. Promouvoir la mise en œuvre, par l’ensemble des acteurs du système, de
dispositifs d’éthique et de pactes d’intégrité visant à proscrire la corruption ;
3. Veiller, par ses avis et recommandations, à l’application de la réglementation et
des procédures relatives à la passation des marchés publics et délégations de
service public, des documents-types et contribuer à la promotion d’un
environnement transparent favorable au jeu de la saine concurrence et au
développement des entreprises et de compétences nationales stables et
performantes ;
4. Elaborer et diffuser les documents types, manuels de procédures et progiciels dont
elle assure une mise à jour régulière.
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Article 6 :
Au titre de recours précontractuels, l’ARMP est chargée notamment de :
1. Recevoir et statuer sur les recours relatifs à l’attribution des marchés, aux conditions
de publication des avis d’appel d’offres, à la participation des candidats, aux
capacités et garanties exigées de ceux-ci, au choix du mode de passation du marché
et à la procédure de sélection retenue, à la conformité des documents d’appel d’offres
à la réglementation et aux spécifications techniques retenues, ainsi que sur les litiges
relatifs aux critères d’évaluation ;
2. Se prononcer sur le refus d’approbation du marché par l’autorité compétente.

Article 7 :
Au titre des audits et enquêtes, l’ARMP est chargée notamment de :
1. Initier toute investigation relative à des irrégularités ou violations à la
réglementation commises en matière de marchés publics et délégations de service
public et saisir les autorités compétentes de toute infraction constatée ;
2. En justice dans le cadre de sa mission visant à s’assurer du respect de la législation
en matière de marchés publics et délégations de service public, par l’ensemble des
acteurs du système, en vue de proscrire la corruption ;
3. Saisir ou assister, en tant qu’organe de liaison, les organisations internationales et
régionales, dans le cadre de la surveillance des procédures de passation des marchés
publics ou de délégations de service public ;
4. Réaliser ou faire réaliser des audits techniques et/ou financiers en vue de contrôler la
mise en œuvre de la réglementation en matière de passation, d’exécution et de
contrôle des marchés publics et conventions de délégation de service public ;
5. Commander, à la fin de chaque exercice budgétaire, un audit indépendant sur un
échantillon aléatoire de marchés publics et délégations de service public ;
6. Etablir des rapports circonstanciés sur l’exécution des marchés publics et
délégations de service public sur la base des enquêtes et audits réalisés et dont elle
assure la publication et la transmission aux autorités compétentes ;
7. Participer à l’élaboration de la réglementation générale de la certification, à
l’élaboration des normes, spécifications techniques, systèmes de management de la
qualité applicables aux marchés publics et délégations de service public en
adéquation avec les règles d’harmonisation communautaire adoptées au sein des
organisations régionales auxquelles la République Démocratique du Congo fait
partie.

Article 8 :
Au titre des sanctions, l’ARMP est chargé notamment de prononcer des sanctions
administratives à l’encontre de tout candidat ou soumissionnaire ayant violé la
réglementation applicable en matière de passation et d’exécution des marchés publics et
délégations de service public.

Section 2 : En matière d’information et de formation des acteurs des marchés publics


Article 9 :
Au titre de l’information des acteurs des marchés publics, l’ARMP est chargée
notamment de :
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1. Diffuser l’ensemble de la législation et de la réglementation relatives aux marchés


publics et délégations de service public ;
2. Promouvoir la transparence du système des marchés publics et des délégations de
service public, des procédures de passation, de contrôle et d’audit par l’édition et la
publication d’une revue périodique ayant pour objet d’informer le public des
activités des marchés publics ;
3. Mettre en place et gérer, dans l’intérêt du public, un site internet dédié à la
publication de l’information pertinente sur la réglementation et la pratique de la
passation des marchés publics et délégations de service public ;
4. Garantir l’information des opérateurs économiques sur les procédures de passation
des marchés publics et délégations de service public, en publient, dans ses propres
supports d’information, les plans de passation des marchés et délégations de service
public, les avis d’appel d’offres, les procès-verbaux d’ouverture des plis et
d’attribution provisoire et définitive des marchés, les recours et les conclusions
relatives au traitement de ces derniers, les marchés publics et délégation de service
public approuvés ;
5. Procéder à la collecte et à la centralisation de toute la documentation et toutes les
données pertinentes relatives à l’attribution, l’exécution et au contrôle des marchés
publics et délégations de service public, en vue de la constitution d’une banque de
données dont elle assure la tenue ainsi que la conservation par un système
d’archivage adéquat.

Article 10 :
Au titre de la formation et du renforcement des capacités des acteurs des marchés
publics, l’ARMP est chargée de programmer et d’organiser la formation initiale et continue
des acteurs du système de passation des marchés publics et délégations de service public en
se mettant en relation avec les centres ou écoles de formation mis en place, au niveau
national, sous régional ou international, spécialisés dans le domaine de la pratique des
marchés publics et délégations de service public.

TITRE II : DU PATRIMOINE ET DES RESSOURCES


Article 11 :
Le patrimoine de l’ARMP est constitué par une dotation initiale que l’Etat lui
apporte pour la réalisation de son objet social.
Il est constitué également de tous équipements, matériels et autres biens acquis dans
le cadre de l’exécution de sa mission.

Article 12 :
Sans préjudice des dispositions de l’article 21 de la Loi n° 08/009 du 07 juillet 2008
portant dispositions générales applicables aux établissements publics, les ressources de
l’ARMP sont constituées notamment :
1. D’une taxe parafiscale sur le montant hors taxe des marchés publics passés au niveau
des institutions centrales de l’Etat, des entreprises et établissements publics, et du
chiffre d’affaires réalisé par les titulaires des délégations de service public ;
2. Des produits de toutes autres prestations en relation avec les missions de l’ARMP,
notamment la vente des publications au secteur privé et des revenus générés par la
publicité ;
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3. Des contributions ou subventions exceptionnelles des organismes internationaux ;


4. Toutes autres ressources attribuées à l’ARMP.

TITRE III : DES STRUCTURES, DE L’ORGANISAITON ET DU


FONCTIONNEMENT
Article 13 :
Les structures organiques de l’ARMP sont :
- le Conseil d’Administration ;
- la Direction Générale ;
- le Collège des Commissaires aux Comptes.

CHAPITRE 1 : DU CONSEIL D’ADMINISTRATION


Article 14 :
Le Conseil d’Administration est l’organe de conception, d’orientation, de contrôle
et de décision de l’ARMP. Il dispose des pouvoirs les plus étendus pour définir et orienter la
politique générale de l’ARMP et évaluer sa gestion dans les limites fixées par ses missions
et attributions.
Il est chargé, notamment de :

 Déterminer de manière générale, les perspectives de développement de l’ARMP ;


 Examiner et approuver, chaque année le programme d’activités, le budget de
fonctionnement et d’investissement de l’ARMP pour l’exercice à venir ;
 Recevoir de la Direction Générale, communication des rapports périodiques, annuels
et tous autres rapports ;
 Evaluer, selon une périodicité qu’il détermine, le respect des orientations, le niveau
de réalisation des objectifs et l’accomplissement des performances ;
 Adopter toute recommandation, projet de réglementation, document standard,
manuel de procédures dans le domaine des marchés publics et délégations de service
public en vue de sa transmission aux autorités compétentes ;
 Ordonner les enquêtes, contrôles et audits ;
 Arrêter de manière définitive, les comptes et états financiers annuels et les rapports
d’activités, et en transmettre copie à la Cour des Comptes ;
 Adopter le règlement et la nomination du personnel d’encadrement ;
 Accepter tous dons, legs et subventions dans le respect de la réglementation en
vigueur ;
 Approuver les contrats d’un montant supérieur ou égal à deux cent cinquante
millions de francs congolais (CDF 250.000.000) ou toutes autres conventions, y
compris les emprunts proposés par le Directeur Général et ayant une incidence sur le
budget ;
 Approuver les projets d’organigramme et de règlement intérieur ainsi que la grille
des rémunérations et des avantages du personnel de la Direction Générale ;
 Autoriser l’aliénation des biens meubles ou immeubles, corporels ou incorporels,
conformément à la loi ;
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 Autoriser la participation de l’ARMP aux activités des associations, groupements ou


autres organismes professionnels, liées à ses missions ;
 Déléguer certains de ses pouvoirs au Directeur Général qui rend compte de la gestion
de ladite délégation.

Article 15 :
Le Conseil d’Administration est composé de cinq membres au maximum, en ce
compris le Directeur Général.
La composition du Conseil d’Administration tient compte de la représentativité du
secteur public, du secteur privé et de la société civile.
Les membres du Conseil d’Administration sont choisis parmi les cadres ayant un
diplôme universitaire, de réputation morale et professionnelle établies dans les domaines
juridique, technique, économique ou financier.

Article 16 :
Les membres du Conseil d’Administration sont nommés, relevés de leurs fonctions
et, le cas échéant, révoqués par Ordonnance du Président de la République, sur proposition
du Gouvernement délibérée en Conseil des Ministres.
Le Président de la République nomme, parmi les membres du Conseil
d’Administration, un Président autre qu’un membre de la Direction Générale.
Le mandat des membres du Conseil d’Administration est de cinq ans, renouvelable
une fois.
Le mandat d’un Administrateur peut également prendre fin par démission
volontaire ou décès.
L’Administrateur nommé en remplacement d’un autre dont le mandat a pris fin par
suite de décès, de démission ou de révocation, ne demeure en fonction que pendant le temps
restant à courir sur le mandat de son prédécesseur.
Nul ne peut détenir plus d’un mandat d’Administrateur.

Article 17 :
Constitue une faute grave, au sens de l’article 16 du présent Décret :

 Le non-respect du secret des délibérations et décisions ;


 La corruption active ou passive et toute autre infraction assimilable ;
 La violation des dispositions des textes législatifs et réglementaires régissant les
marchés publics et délégations de service public.

Article 18 :
Le Conseil d’Administration se réunit une fois par trimestre en session ordinaire sur
convocation de son Président.
Les convocations et les documents de travail sont adressés à chaque membre et au
Premier Ministre huit jours francs au moins avant la tenue de la réunion.
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Les convocations sont faites par télex, télégramme, télécopie, lettre, courrier
électronique ou tout autre moyen laissant une trace écrite et indiquent la date, le lieu et
l’ordre du jour de la réunion.
L’ordre du jour des réunions est arrêté par le Président et peut être complété par
tout sujet dont la majorité des membres du Conseil d’Administration demande l’inscription.
L’ordre du jour est mis à la disposition de chaque membre avant la réunion, avec en
annexe les dossiers à examiner.
Le Conseil peut être convoqué en séance extraordinaire par son Président ou à la
demande du Premier Ministre, sur un ordre du jour déterminé chaque fois que l’intérêt de
l’ARMP l’exige.

Article 19 :
Le Conseil d’Administration ne peut valablement délibérer que si le trois cinquième
de ses membres sont présents.
Lorsque le quorum n’est pas atteint, le Président fait dresser un procès- verbal de
carence et convoque une autre réunion. Lors de cette nouvelle réunion, aucun quorum n’est
requis.
Les décisions sont prises à la majorité simple des membres présents. En cas
d’égalité des voies, celle du Président est prépondérante.

Article 20 :
Le Conseil d’Administration peut faire appel à toute personne physique ou morale
dont la compétence est jugée nécessaire pour l’examen des dossiers spécifiques. Les
procédures d’utilisation des services extérieurs sont définies dans un manuel de procédures
élaboré par le Directeur Général et approuvé par le Conseil d’Administration.

Article 21 :
Les délibérations du Conseil d’Administration sont formalisées à travers des
procès-verbaux consignés dans un registre spécial tenu au siège de l’ARMP et signés par
tous les membres présents ou représentés.
Ce procès-verbal mentionne les noms des membres présents ainsi que celui de la
personne ressource invitée à titre consultatif. Il est lu et approuvé par le Conseil
d’Administration lors de la session suivante.
Le Secrétariat du Conseil d’Administration est assuré par un haut cadre de la
Direction Générale.

Article 22 :
Un règlement intérieur adopté par le Conseil d’Administration et dûment approuvé
par le Premier Ministre, détermine les règles d’organisation et de fonctionnement du Conseil
d’Administration.
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Article 23 :
Le Premier Ministre fixe, par voie de Décret délibéré en Conseil des Ministres, les
avantages du Président du Conseil d’Administration et des autres Administrateurs.

CHAPITRE 2 : DE LA DIRECTION GENERALE


Article 24 :
La Direction Générale de l’ARMP est assurée par un Directeur Général,
éventuellement assisté d’un Directeur Général Adjoint, tous recrutés sur concours organisé
par le Conseil d’Administration, sur la base de critères d’intégrité morale, de qualification
technique et d’expérience professionnelle dans les domaines juridique, technique,
économique ou de gestion, des marchés publics et délégations de service public.
Le Directeur Général et le Directeur Général Adjoint sont nommés, sur base d’un
rapport motivé du Conseil d’Administration établi à l’issue de la procédure concurrentielle
de recrutement, par Ordonnance du Président de la République sur proposition du
Gouvernement délibérée en Conseil des Ministres pour un mandat de cinq ans renouvelable
une fois.
Ils sont relevés et, en cas de faute constatée dans l’exercice de leurs fonctions,
révoqués par Ordonnance du Président de la République sur proposition du Gouvernement
délibérée en Conseil des Ministres.
Ils ne peuvent être suspendus à titre conservatoire que par Décret du Premier
Ministre.

Article 25 :
La Direction Générale est l’organe de gestion de l’ARMP.
A ce titre, elle exécute les décisions du Conseil d’Administration et assure la
gestion journalière de l’ARMP. Elle exécute le budget, élabore les états financiers, et dirige
l’ensemble des services techniques et administratifs.
Elle représente l’ARMP vis-à-vis des tiers. A cet effet, elle a tous les pouvoirs
nécessaires pour assurer la bonne marche de l’ARMP et pour agir en toute circonstance en
son nom.
Article 26 :
En cas d’absence ou d’empêchement, l’intérim du Directeur Général est assumé par
le Directeur Général Adjoint, ou, à défaut, par un Directeur en fonction désigné par le
Premier Ministre sur proposition de la Direction Générale.

Article 27 :
Sans préjudice des dispositions de l’article 33 du présent Décret et en exécution des
missions de l’ARMP, la Direction Générale est chargée notamment :
a. Au titre d’assistance aux missions de l’ARMP de :
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 Assurer la préparation technique des dossiers à soumettre au Conseil d’Administration,


préparer ses délibérations, assister, en qualité de Secrétaire Rapporteur du Conseil, aux
réunions de celui-ci et exécuter ses décisions ;
 Soumettre à l’adoption du Conseil d’Administration, les projets d’organigramme et de
règlement intérieur, ainsi que la grille des rémunérations et des avantages du personnel ;
 Elaborer, dans le cadre des missions de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics, le
programme annuel d’activités, les recommandations, le projet de réglementation, les
documents type d’appel d’offres, le manuel de procédure, le programme de formation
ou de développement du cadre professionnel dans le domaine des marchés publics et
délégations de service public ;
 Proposer au Conseil d’Administration de diligenter les enquêtes, contrôles et audits sur
les procédures de passation et d’exécution des marchés publics et délégations de service
public ;
 Exécuter toute mission relevant des compétences générales de l’Autorité de Régulation
des Marchés Publics, sous réserve des prérogatives spécifiques dévolues, aux termes du
présent décret, au Conseil d’Administration.
b. au titre de l’administration quotidienne de l’ARMP de :

 Assurer quotidiennement la gestion technique, administrative et financière de l’Autorité


de R2gulation des Marchés Publics ;
 Préparer, les rapports d’activités, ainsi que, sous l’autorité du Président du Conseil
d’Administration, les comptes et les états financiers à soumettre au Conseil pour
approbation et arrêté des comptes ; à ce titre, sur délégation du Président du Conseil
d’Administration, il engage, liquide et ordonne les dépenses de l’Autorité de Régulation
des Marchés Publics, et liquide, ordonne et met en recouvrement, les ressources de
l’Autorité de Régulation des Marchés Publics ;
 Recruter, nommer et licencier les membres du personnel et fixer leurs rémunérations et
avantages, sous réserve des prérogatives reconnues au Conseil d’Administration. A ce
titre, il a la qualité d’employeur au sens du Code du Travail ;
 Procéder aux achats, passer et signer les marchés, contrats et conventions liés au
fonctionnement de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics, sous réserve de
l’approbation du Président du Conseil d’Administration pour les acquisitions et contrats
dont le montant est supérieur ou égal à cinq cent millions de francs congolais constants
(500.000.000 FC), en assurer l’exécution et le contrôle, dans le strict respect du budget,
conformément aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur ;
 Prendre, dans les cas d’urgence, toute mesure conservatoire nécessaire à la bonne marche
de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics, à charge pour lui, d’en rendre compte
au Conseil d’Administration.

Article 28 :
La Direction Générale diligente des enquêtes et audits sur les procédures de
passation des marchés publics et soumet les conclusions de l’enquêteur au Comité de
règlement des différends siégeant en formation disciplinaire.
Pour réaliser ces enquêtes et audits, la Direction Générale recourt à son personnel
technique et à défaut, à des consultants spécialisés, recrutés sur concours.
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Article 29 :
La rémunération et les autres avantages du Directeur Général et du Directeur
Général Adjoint sont fixés par Décret du Premier Ministre délibéré en Conseil des Ministres
sur proposition du Conseil d’Administration.

Article 30 :
Le Directeur Général peut déléguer une partie de ses attributions aux cadres
occupant des postes de direction.

Article 31 :
La Direction Générale comprend :

 Un service rattaché au Directeur Général ;


 Des directions techniques et administratives.

Section 1 : Du service rattaché au Directeur Général


Article 32 :
Le Directeur Général est assisté d’un Secrétariat dirigé par un cadre recruté sur
concours chargé notamment de :

 Gérer l’agenda du Directeur Général ;


 Gérer les communications téléphoniques et le courriel en direction ou en partance du
Directeur Général ;
 Veiller à l’utilisation rationnelle des équipements et fournitures de bureau mis à sa
disposition ;
 Rédiger, saisir et collationner le courrier, conformément aux instructions du
Directeur Général ;
 Recevoir, enregistrer, traiter et expédier le courrier ordinaire et le courrier
confidentiel ;
 Assister le Directeur Général dans ses fonctions de Secrétaire Rapporteur du Conseil
d’Administration de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics, notamment dans
la préparation des documents, états et rapports que le Directeur Général doit
soumettre à l’approbation du Conseil d’Administration ;
 Et d’une manière générale, exécuter toutes instructions du Directeur Général.
Section 2 : Des Directions Techniques et Administratives
Article 33 :
La Direction Générale de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics, outre le
service visé à l’article 41 ci-dessus, comprend :

 Une Direction de la Régulation ;


 Une Direction des Statistiques et de la Communication ;
 Une Direction de la Formation ;
 Une Direction Administrative et Financière. Chaque direction est subdivisée en
divisions.
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Chaque direction est animée par un Directeur recruté sur concours par le Directeur
Général.

Article 34 :
L’organisation des divisions et la définition détaillée de leurs attributions ainsi que
la mise en place de leurs animateurs font l’objet d’une note de service du Directeur Général
délibérée au Conseil d’Administration.

Sous-section 1 : De la Direction de la Régulation


Article 35 :
La Direction de la Régulation est chargée notamment de :

 Procéder, en concertation avec les autres directions de l’Autorité de Régulation des


Marchés Publics et la Direction Générale du Contrôle des Marchés Publics, à une
évaluation qualitative périodique du système de passation des marchés publics, afin
d’identifier les faiblesses ou incohérences du système et proposer les mesures
correctives requises ;
 Proposer la mise à jour des règles et procédures de passation des marchés publics
chaque fois que nécessaire ;
 Analyser, au premier degré, les dossiers de recours et contentieux reçus et soumettre ses
avis juridiques et techniques au Directeur Général ;
 Préparer l’organisation matérielle des audits et enquêtes ponctuels diligentés par le
Comité des Audits et Enquêtes ainsi que les audits et enquêtes annuels des marchés
publics ;
 Préparer les éléments des rapports périodiques ou circonstanciés de son ressort, à
l’attention du Directeur Général et ceux à publier dans la revue périodique et sur le site
internet des marchés publics ;
 Exécuter toutes missions confiées par le Directeur Général ;
 Assister le Directeur Général dans l’accomplissement de ses prérogatives de Secrétaire
du Conseil d’Administration.

Article 36 :
La Direction de la Régulation est composée de trois divisions :

 Une division de recours chargée de procéder à une première analyse des dossiers de
recours et litiges soumis à l’Autorité de Régulation des Marchés Publics et d’émettre ses
avis juridiques et techniques, et d’assister techniquement et administrativement le
Comité de règlement des différends ;
 Une division de la réglementation chargée d’évaluer l’applicabilité des textes légaux et
réglementaires régissant les marchés publics ainsi que les manuels de procédures et les
documents type d’appel d’offres et d’en proposer les mises à jour et toutes autres
mesures susceptibles d’en améliorer l’efficacité ;
 Une division des audits et enquêtes chargée de d’identifier les opportunités et
d’organiser la réalisation des enquêtes et audits ponctuels et annuels des marchés
publics, et d’assister techniquement et administrativement le Comité des Audits et
Enquêtes.
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Sous-section 2 : De la Direction des Statistiques et de la Communication


Article 37 :
La Direction des Statistiques et de la Communication est chargée notamment :

 Constituer et gérer, sur base des documents provenant des Cellules de gestion des
marchés publics et de la Direction Générale du contrôle des marchés publics, la
documentation et les statistiques des marchés reprenant les éléments pertinents en
rapport avec la passation et l’exécution des marchés publics ;
 Rédiger les documents de synthèse des statistiques des marchés publics à publier dans la
revue périodique et sur le site internet des marchés publics ;
 Gérer les archives et toute documentation pertinente en rapport avec les marchés publics
et les tenir à la disposition du public ;
 Consolider et harmoniser tous documents à publier dans la revue et sur le site internet
des marchés publics et procéder à leur publication ;
 Coordonner et veiller à la production matérielle de la revue périodique des marchés
publics ;
 Superviser l’organisation et la gestion du site internet de l’Autorité de Régulation des
Marchés Publics.

Article 38 :
La Direction des Statistiques et de la Communication est composée de trois
divisions :

 Une division des statistiques et de la documentation chargée de collecter et archiver la


documentation, constituer et analyser les données statistiques des marchés publics et
d’identifier les éléments pertinents pour la publication dans la revue périodique et sur le
site internet de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics ;
 Une division de la communication chargé de mettre en forme tous les éléments destinés
à la publication et d’en organiser la production matérielle ;
 Une division informatique chargée de gérer le parc matériel et logiciel ainsi que le site
internet de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics et d’assister les services
usagers de l’outil informatique.

Sous-section 3 : De la Direction de la Formation


Article 39 :
La Direction de la Formation est chargée notamment de :

 Identifier et collecter les besoins en formation de l’ensemble des acteurs des marchés
publics et élaborer, en collaboration avec eux, les plans et programmes de formation et
voyages d’études, et en organiser l’exécution ;
 Participer à la rédaction ou à la mise à jour des modes opératoires simplifiés, destinés à
faciliter l’application des règles et procédures de passation des marchés publics ;
 Effectuer des enquêtes sur l’environnement et les conditions matérielles de travail et
proposer aux acteurs des marchés publics le renforcement des capacités techniques à
opérer afin d’améliorer les conditions ergonomiques ;
 Apporter l’assistance technique aux acteurs des marchés publics qui en ont besoin dans
les diverses activités liées à la passation et à l’exécution des marchés publics ;
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 Préparer les éléments des rapports périodiques ou circonstanciés de son ressort, à


l’attention di Directeur Général et ceux à publier dans la revue périodique et sur le site
internet des marchés publics ;
 Etre en relation régulière avec les centres et écoles de formation, au niveau national,
sous régional et international spécialisés dans le domaine de la passation des marchés
publics et délégations de service public ;
 Exécuter toutes missions, à lui, confiées par le Directeur Général.

Article 40 :
La Direction de la Formation est composée de deux divisions :

 Une division de la formation chargée de planifier et d’organiser la formation du


personnel et des acteurs des marchés publics ;
 Une division des appuis techniques chargée d’apporter de l’assistance aux structures
impliquées dans le processus de passation et d’exécution des marchés publics et
d’assurer la production du matériel didactique.

Sous-section 4 : De la Direction Administrative et Financière


Article 41 :
La Direction Administrative et Financière est chargée notamment de :

 Assurer la gestion de la trésorerie et la tenue à jour de la comptabilité ;


 Elaborer et gérer les budgets annuels de fonctionnement et d’investissement et en
établir les rapports d’exécution ;
 Animer la procédure de recrutement du personnel et assurer la gestion des dossiers
administratifs des cadres et agents de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics ;
 Gérer le patrimoine meuble et immeuble et en assurer l’entretien et la maintenance ;
 Assurer l’approvisionnement des services de l’Autorité de Régulation des Marchés
Publics en équipements, biens, logiciels et divers consommables ; assister le Directeur
Général dans les négociations des contrats ;
 Préparer les éléments des rapports périodiques ou circonstanciés de son ressort, à
l’attention du Directeur Général ;
 Apprêter les éléments pertinents à publier dans la revue périodique et sur le site
internet des marchés publics et les soumettre au Directeur Général ;
 Exécuter toutes missions reçues du Directeur Général.

Article 42 :
La Direction Administrative et Financière comprend trois divisions :

 Une division financière et comptable chargée de la gestion des ressources financières


et de la tenue des comptes ;
 Une division des ressources humaines chargée de l’administration du personnel ;
 Une division des services généraux chargée de la gestion du patrimoine et de la
logistique.
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Article 43 :
Les actions judiciaires tant en demande qu’en défense sont introduites et/ou
soutenues au nom de l’ARMP, par le Directeur Général et, à défaut, par son remplaçant, ou
par toute autre personne dûment mandatée à cette fin par lui.

CHAPITRE 4 : DU COLLEGE DES COMMISSAIRES AUX COMPTES


Article 44 :
Le contrôle des opérations financières de l’ARMP est assuré par un Collège des
Commissaires aux Comptes. Celui-ci est composé de deux personnes issues de structures
professionnelles distinctes, et justifiant de connaissances techniques et professionnelles
éprouvées.
Les Commissaires aux Comptes sont nommés par Décret du Premier Ministre
délibéré en Conseil des Ministres pour un mandat de cinq ans non renouvelable.
Ils peuvent, être relevés de leurs fonctions ou révoqués pour faute constatée dans
l’exécution de leur mandat.
Ils ne peuvent prendre individuellement aucune décision.

Article 45 :
Les Commissaires aux Comptes ont, en collège ou séparément, un droit illimité de
surveillance et de contrôle sur toutes les opérations de l’ARMP. A cet égard, ils ont mandat
de vérifier les livres, la caisse, le portefeuille et les valeurs de l’Institut, de contrôler la
régularité et la sincérité des inventaires et des états financiers ainsi que l’exactitude des
informations données sur les comptes de l’ARMP dans les rapports du Conseil
d’Administration.
Ils peuvent prendre connaissance, sans les déplacer, des livres, de la
correspondance, des procès-verbaux et, généralement, de toutes les écritures de l’ARMP. Ils
rédigent, à cet égard, un rapport annuel à l’attention du Premier Ministre.
Dans ce rapport, ils font connaître le mode d’après lequel ils ont contrôlé les
inventaires, et signalent les irrégularités et inexactitudes éventuelles. Ils font toutes
propositions qu’ils jugent convenables.
Article 46 :
Les Commissaires aux Comptes reçoivent, à charge de l’ARMP, une allocation fixe
dont le montant est déterminé par Décret du Premier Ministre délibérée en Conseil des
Ministres.

TITRE IV : DES INCOMPATIBILITES


Article 47 :
Le Directeur Général et/ou le Directeur Général Adjoint, ainsi que les
Administrateurs ne peuvent prendre part, directement ou indirectement, aux marchés publics
conclus avec l’ARMP, à leur propre bénéfice ou au bénéfice des entreprises dans lesquelles
ils ont des intérêts.
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Les membres du Conseil d’Administration ne peuvent détenir des intérêts dans des
entreprises bénéficiant de la commande publique. Ils doivent également, lors de leur entrée
en fonctions et à la fin de celles-ci, faire sur l’honneur, une déclaration écrite de tous leurs
biens et patrimoines adressée au Président de la Cour des Comptes.
Lorsque le Conseil d’Administration examine des questions liées aux entreprises
qu’ils représentent ou dans lesquelles ils ont des intérêts directs ou indirects, les
Administrateurs représentant du secteur privé ou de la société civile concernés, ne peuvent
participer aux délibérations ni prendre part au vote. De même, le représentant de
l’Administration Publique ne peut participer aux délibérations lorsque l’affaire examinée
concerne son administration d’origine.

Article 48 :
Dans l’exercice de leur mission, les Commissaires aux Comptes sont soumis aux
mêmes conditions et aux mêmes incompatibilités que celles prévues pour les sociétés
commerciales.

TITRE V : DU REGLEMENT DES DIFFERENDS


Article 49 :
L’ARMP est dotée d’un organe technique chargé de remplir les missions et les
attributions lui dévolues par les articles 4 à 9 du présent Décret dénommé « Comité de
Règlement des Différends ».

Article 50 :
Le Comité de Règlement des Différends est composé de six membres repartis
comme ci-dessous :

 Deux représentants de l’Administration Publique ;


 Deux représentants la Société Civile ;
 Deux représentants le Secteur Privé.
Les membres du Comité de Règlement des Différends sont désignés par leur
structure d’origine, parmi les cadres ayant un diplôme universitaire, de réputation morale et
de notoriété professionnelle avérée dans les domaines juridique, technique, économique et
financier, et reconnus pour leur expertise dans le domaine des contrats publics.
Ils sont nommés par Décret du Premier Ministre délibéré en Conseil des Ministres
pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois.
A l’occasion des réunions, les membres du Comité de Règlement des Différends
perçoivent, à charge de l’ARMP, un jeton de présence dont le montant est déterminé par
Décret du Premier Ministre délibérée en Conseil des Ministres.
Les membres du Comité de Règlement des Différends ne sont pas employés de
l’ARMP.

Article 51 :
Le Comité de Règlement des Différends est présidé par un des représentants de la
Société Civile élu par les membres dudit Comité.
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Article 52 :
Le Comité de Règlement des Différends siège, en fonction des faits dont il est saisi,
soit sous forme d’une commission des litiges ou, soit sous forme d’une commission
disciplinaire.

Article 53 :

 Le Comité de Règlement des Différends est chargé de : recevoir les dénonciations des
irrégularités constatées par les parties intéressées ou celles connues de toute autre
personne avant, pendant et après la passation ou l’exécution des marchés publics et
délégations de service public. Si ces faits caractérisent des violations de la
réglementation relative à la passation des marchés publics, le Directeur Général saisit,
soit la Commission des litiges, soit la Formation disciplinaire, selon le cas ; si ces faits
caractérisent également des violations de la réglementation relative à l’exécution des
marchés publics, le Directeur Général saisit le Comité en Formation disciplinaire ; s’ils
constituent une infraction, l’Autorité de Régulation des Marchés Publics saisit les
juridictions compétentes ;
 Recevoir, enregistrer et examiner les recours exercés par les candidats et
soumissionnaires aux marchés publics et délégations de service public relatifs à la
procédure de passation des marchés publics et délégations de service public, qui n’ont
pas connu un aboutissement satisfaisant auprès des Autorités contractantes.

Article 54 :
La Commission des litiges est saisie des litiges relatifs à la procédure de passation,
mentionnés au deuxième alinéa ci-dessous, dans le délai prévu par les dispositions du décret
portant manuel de procédures de la loi relative aux marchés publics, et ayant pour objet de
contester :
1. Les décisions d’attribuer ou de ne pas attribuer le marché ou la convention de
délégation de service public ;
2. Le contenu des dossiers d’appel d’offres notamment :
 Les règles relatives à la participation des candidats, aux capacités et garanties
exigées ;
 Le mode de passation et la procédure de sélection retenus ;
 La conformité des documents d’appels d’offres à la réglementation ;
 Les spécifications techniques retenues ;
 Les critères d’évaluation.
 La Commission des litiges a pour mission de :
 Statuer sur les irrégularités et violations des réglementations nationales qu’elle
constate ;
 Ordonner toute mesure conservatoire, corrective, ou suspensive de l’exécution de la
procédure de passation, l’attribution définitive du marché étant suspendue jusqu’au
prononcé de la décision de la commission ;
 Rendre des avis dans le cadre de la procédure de règlement amiable des litiges
relatifs à l’exécution des marchés publics et délégations de service public.
 Les décisions de la Commission des litiges sont exécutoires et ont force
contraignante pour les parties. Elles sont définitives, sauf en cas de recours devant
les juridictions compétentes. Ce recours n’a pas d’effet suspensif. Le Directeur
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Général peut également saisir la Commission à l’effet de statuer sur toute irrégularité
de procédure dont l’Autorité de Régulation des Marchés Publics aurait été saisie.

Article 55 :
La saisine de la Commission des litiges fait obstacle à une saisine parallèle de la
juridiction compétente tant que le Comité de Règlement des Différends ne s’est pas encore
prononcé. Elle suspend les délais contentieux devant cette juridiction.
Toutefois, le recours judiciaire peut être engagé en cas d’absence de décision de la
Commission de litige, dans un délai de quinze jours.

Article 56 :
Les modalités pratiques de fonctionnement de la Commission des litiges sont fixées
dans un règlement intérieur.

Article 57 :
Le Comité de Règlement des Différends statuant en Commission disciplinaire a
pour mission de prononcer les sanctions prévues par la loi à l’encontre des soumissionnaires,
candidats ou titulaires de marchés publics ou de délégations de service public, en cas de
violation avérée de la réglementation sur la passation et l’exécution des marchés publics et
délégations de service public.
Ces sanctions peuvent également être prononcées par la Commission ders litiges
statuant en matière de recours.
Le Comité de Règlement des Différends informe les autorités administratives
compétentes ainsi que les autorités judiciaires des fautes commises par les agents de l’Etat à
l’occasion de la passation ou de l’exécution des marchés publics et délégations de service
public, en vue de poursuites éventuelles.

Article 58 :
Lorsqu’elle constate l’un ou plusieurs des cas mentionnés au premier alinéa de
l’article 80 de la loi relative aux marchés publics et, en conséquence’, décide de prononcer
l’une ou plusieurs des sanctions prévues à l’article 81 de ladite loi, la formation disciplinaire
procède comme indiquer à l’article 31 du présent décret.
TITRE VI : DE LA TUTELLE
Article 59 :
L’ARMP est placé sous l’autorité directe du Premier Ministre.
La tutelle du Premier Ministre s’exerce sur les matières administratives et
financières.

Article 60 :
Sans préjudice des dispositions de l’article 3 du présent décret, le Premier Ministre
exerce son pouvoir de tutelle visée à l’article 58 du présent décret par voie d’autorisation
préalable, par voie d’approbation ou par voie d’opposition.
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Article 61 :
Sont soumis à l’autorisation préalable :

 Les acquisitions et aliénations immobilières ;


 Les emprunts à plus d’un an de terme ;
 Les prises et cessions de participations financières ;
 L’établissement d’agences et bureaux à l’étranger ;
 Les marchés d’un montant égal ou supérieur à Francs congolais cinq cents millions
(CDF 500.000.000).
Le montant prévu à l’alinéa précédent peut être actualisé par Arrêté du Ministre
ayant les Finances dans ses attributions.

Article 62 :
Sans préjudice d’autres dispositions du présent décret, sont soumis à l’approbation :

 Le cadre organique ;
 Le budget de l’ARMP arrêté par le Conseil d’Administration, sur proposition de la
Direction Générale ;
 Le statut du personnel fixé par le Conseil d’Administration, sur proposition de la
Direction Générale ;
 Le barème de rémunération du personnel ;
 Le Règlement intérieur du Conseil d’Administration ;
 Le rapport annuel d’activités.

Article 63 :
Le Premier Ministre reçoit les convocations aux réunions du Conseil
d’Administration et, dans les conditions qu’il fixe, les copies des délibérations du Conseil
d’Administration.

TITRE VI : DE L’ORGANISAITON FINANCIERE


Article 64 :
L’exercice comptable de l’ARMP commence le 1er janvier et se clôture le 31
décembre de la même année.

Article 65 :
Les comptes de l’ARMP seront tenus conformément à la législation comptable en
vigueur en République Démocratique du Congo.

Article 66 :
Le budget de l’ARMP est arrêté par le Conseil d’Administration et soumis à
l’approbation du Premier Ministre conformément à l’article 33 du présent décret. Il est
exécuté par la Direction Générale.
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Article 67 :
Le budget de l’ARMP est divisé en budget d’exploitation, d’investissement et de
trésorerie.
Le budget d’exploitation comprend :

 En recettes :

 Les ressources d’exploitation ;


 Les ressources diverses et exceptionnelles.

 En dépenses :

 Les charges d’exploitation ;


 Les charges du personnel, y compris les dépenses de formation professionnelle et
toutes autres dépenses faites dans l’intérêt du personnel ;
Toutes autres charges financières. Le budget d’investissement comprend :
En dépenses :

 Les frais d’acquisition, de renouvellement ou de développement des immobilisations


affectées aux activités professionnelles ;
 Les frais d’acquisition des immobilisations de toute nature non destinées à être
affectées à ces activités, notamment les participations financières et les immeubles
d’habitat.
En recettes :

 Les ressources prévues pour faire face à ces dépenses, notamment les apports
nouveaux de l’Etat ;
 Les subventions d’’équipement de l’Etat ;
 Les emprunts ;
 L’excédent des recettes d’exploitation sur les dépenses de même nature et les
revenus divers ;
 Les prélèvements sur les avoirs placés ;
 Les cessions des biens et toutes autres ressources autorisées à cet effet par le Conseil
d’Administration.
Le budget de trésorerie comprend :
En recettes : les recettes d’exploitation diverses et exceptionnelles.
En dépenses : les dépenses d’exploitation, hors exploitation, du personnel et diverses.

Article 68 :
Conformément au calendrier d’élaboration du projet de budget de l’Etat arrêté par
le Gouvernement, chaque année, au plus tard le 15 juillet, le Directeur Général soumet un
projet de budget des recettes et des dépenses pour l’exercice suivant, à l’approbation du
Conseil d’Administration et par la suite, à celle du Premier Ministre au plus tard le 15 août
de l’année qui précède celle à laquelle il se rapporte.
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Article 69 :
La comptabilité de l’ARMP est organisée et tenue de manière à permettre de :

 Connaître et contrôler les opérations des charges et pertes, des produits et profits ;
 Connaître la situation patrimoniale de l’ARMP ;
 Déterminer les résultats de l’exercice.

Article 70 :
A la fin de chaque exercice, la Direction Générale élabore :

 Un état d’exécution du budget, lequel présente, dans des colonnes successives, les
prévisions des recettes et des dépenses, les réalisations des recettes et dépenses, ainsi
que les différences entre les prévisions et les réalisations ;
 Après inventaire, un tableau de formation de résultat et un bilan ;
 Un rapport dans lequel il fournit tous les éléments d’information sur l’activité de
l’ARMP au cours de l’exercice écoulé.
Ce rapport doit indiquer le mode d’évaluation des différents postes de l’actif du
bilan et, le cas échéant, les motifs pour lesquels les méthodes d’évaluation précédemment
adoptées ont été modifiées. Il doit, en outre, contenir les propositions du Conseil
d’Administration concernant l’affectation du résultat.

Article 71 :
L’inventaire, le bilan, le tableau de formation du résultat et le rapport de la
Direction Générale sont mis à la disposition des Commissaires aux Comptes, au plus tard le
15 mai de l’année qui suit celle à laquelle ils se rapportent.
Les mêmes documents sont transmis, accompagnés du rapport des Commissaires
aux Comptes, au Premier Ministre, au plus tard, le 30 mai de la même année.

TITRE VII : DE L’ORGANISATION DES MARCHES


Article 72 :
Les marchés de l’ARMP sont passés conformément à la législation en vigueur en la
matière.

TITRE VIII : DU PERSONNEL


Article 73 :
Le personnel de l’ARMP est régi par le Code du Travail et ses mesures
d’application.
Le cadre et le statut du personnel de l’ARMP sont fixés par le Conseil
d’Administration sur proposition de la Direction Générale.
Le statut détermine notamment, les grades, les conditions de recrutement, la
rémunération, les règles d’avancement, la discipline et les voies de recours. Il est soumis à
l’approbation du Premier Ministre.
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Dans la fixation du statut du personnel, le Conseil d’Administration est tenu de


veiller à la sauvegarde de l’intérêt général et à assurer le fonctionnement sans interruption du
service public.

Article 74 :
Le personnel de l’ARMP exerçant un emploi de commandement est nommé,
affecté, promu et, le cas échéant, licencié ou révoqué par le Conseil d’Administration sur
proposition de la Direction Générale ; tandis que le personnel de collaboration et
d’exécution est nommé, affecté, promu et, le cas échéant, licencié ou révoqué par le
Directeur Général.
Le personnel de l’ARMP est recruté sur concours par le Directeur Général.
La qualité de membre du personnel de l’ARMP est incompatible avec celle de
fonctionnaire de l’Etat en activité de service.

TITRE IX : DU REGIME DOUANIER, FISCAL ET PARAFISCAL


Article 75 :
Sans préjudice des dispositions légales contraires, l’ARMP bénéficie du même
traitement que l’Etat pour toutes ses opérations, en ce qui concerne les impôts, droits et taxes
effectivement mis à sa charge.
Toutefois, l’ARMP est tenue de collecter les impôts, droits, taxes et redevances
dont elle est redevable et de les reverser au Trésor Public ou à l’entité compétente.

TITRE X : DE LA DISSOLUTION
Article 76 :
L’ARMP est dissout par Décret du Premier Ministre délibéré en Conseil des
Ministres conformément aux dispositions des articles 32 et 33 de la Loi n° 08/009 du 07
juillet 2008 portant dispositions générales applicables aux établissements publics.

TITRE XI : DES DISPOSITIONS FINALES


Article 77 :
Sont abrogées, toutes les dispositions antérieures contraires au présent Décret.

Article 78 :
Le présent Décret entre en vigueur à la date de sa signature.

Kinshasa, le 02 juin 2009


Adolphe MUZITO
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TEXTES RELATIFS A LA FONCTION PUBLIQUE


LOI N° 16/013 DU 15 JUILLET 2016 PORTANT STATUT DES AGENTS DE
CARRIERE DES SERVICES PUBLICS DE L’ETAT
Exposé des motifs,
Elaborée dans le cadre d’un Etat unitaire centralisé, la Loi n° 81-003 du 17 juillet
1981 portant statut du personnel de carrière des services publics de l’Etat, a eu pour vocation
de suppléer à l’insuffisance constatée dans l’application de la réforme administrative portée
par l'Ordonnance-loi n°73-02 du 04 juillet 1973.
En dépit de ses nobles objectifs, la loi susmentionnée n’a pu complètement les
atteindre du fait notamment de la survivance des maux reprochés à la réforme de 1973.
Depuis la promulgation de la Constitution du 18 février 2006, la République Démocratique
du Congo, engagée dans le régionalisme constitutionnel, est organisée en deux niveaux du
pouvoir d’Etat : d’une part, le pouvoir central exerçant la plénitude de la souveraineté
étatique et, d’autre part, la province jouissant de la libre administration ainsi que de
l’autonomie de gestion de ses ressources humaines, économiques, financières et techniques.
En vue d’adapter l’administration publique à cette organisation politique et
administrative, la Constitution prévoit, d’une part, la loi organique fixant l’organisation et le
fonctionnement des services publics du pouvoir central, des provinces et des entités
territoriales décentralisées et, d’autre part, la loi fixant les règles relatives au statut des
agents de carrière des services publics de l’Etat, sur pied des articles 122 point 12 et 202
point 8.
Tout en réaffirmant les principes essentiels contenus dans la loi du 17 juillet 1981, la
présente loi apporte les principales innovations suivantes :

 Affirmation des principes d’apolitisme, de neutralité et d’impartialité de l’agent ;


 Organisation du principe de l’autonomie administrative des Chambres du Parlement
consacrée par l’article 100 alinéa 3 de la Constitution ;
 Organisation du pluralisme syndical au sein des services publics de l’Etat ;
 Relèvement à 18 ans minimum et à 35 ans maximum de l’âge de recrutement à la
fonction publique nationale sans préjudice des emplois spéciaux ;
 Fixation à 35 ans de la durée de la carrière et à 65 ans de l ’âge limite pour l’admission à
la retraite ; - enrichissement de la nomenclature des droits spécifiques reconnus à
l’agent de l’administration publique ;
 Restructuration des emplois, des catégories et des grades au sein de la fonction publique
;
 Détermination de la liste des agents qualifiés de « hauts fonctionnaires » ;
 Réinstauration des échelons au sein des grades de certaines catégories d’agent ;
 Instauration de nouveaux avantages sociaux tels que pécule de congé et autres
récompenses ;
 Création des organes consultatifs à composition paritaire entre l’administration publique
et les représentants des agents ;
 Exclusion du champ d’application de la loi des agents relevant de la fonction publique
provinciale et locale qui, eux, sont régis par les édits provinciaux.
La présente loi est subdivisée en sept titres :
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Titre I : De l’objet, du champ d’application et des définitions


Titre II : Du recrutement
Titre III : De la carrière
Titre IV : Des droits, des devoirs et des incompatibilités
Titre V : Des avantages accordés après la cessation définitive des services
Titre VI : Des organes consultatifs
Titre VII : Des dispositions transitoires et finales.
Telle est l’économie générale de la présente loi.
Loi
L’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté ;
Le Président de la République promulgue la Loi dont la teneur suit :

TITRE Ier : DES DISPOSITIONS GENERALES


CHAPITRE 1er : DE L’OBJET ET DU CHAMP D’APPLICATION
Article 1er
La présente loi fixe les règles concernant le statut des agents de carrière des
services publics de l’Etat. L’agent de carrière des services publics de l’Etat, ci-après l’agent,
est la personne nommée à un grade de la hiérarchie administrative pour occuper un emploi
permanent budgétairement prévu dans un des services publics.

Article 2
La présente loi s’applique au personnel relevant de la Fonction publique nationale.
Il s’agit des agents des services administratifs ci-après :
1. L’administration rattachée au Président de la République ;
2. L’administration rattachée au Premier ministre ;
3. L’administration de Assemblée nationale ;
4. L’Administration du Sénat ;
5. L’Administration de la Cour Constitutionnelle et du Parquet général près la Cour
Constitutionnelle ;
6. L’Administration des ministères ;
7. L’Administration des juridictions de l’ordre judiciaire et de l’ordre administratif ;
8. L’Administration des parquets près les juridictions de l’ordre judiciaire et de l’ordre
administratif ;
9. L’Administration de la Cour des comptes ;
10. L’Administration des services déconcentrés de l’administration centrale du pouvoir
central en provinces et au niveau des entités territoriales décentralisées ;
11. L’Administration de la Chancellerie des ordres nationaux ;
12. L’Administration de l’Agence nationale des renseignements ;
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13. L’Administration de la Direction générale de migrations ;


14. Le personnel civil des Forces armées de la République Démocratique du Congo ;
15. Le personnel civil de la Police nationale.

CHAPITRE 2 : DES DEFINITIONS


Article 3
Au sens de la présente loi, on entend par :
1. Autorité hiérarchique immédiate : responsable de la structure dont dépend
immédiatement l’agent.
2. Carrière : période durant laquelle l’agent est régi par le statut et ses règlements
d’administration depuis la date de son admission sous statut jusqu’à la date de
cessation définitive de ses services.
3. Catégorie d’agent : ensemble d’agents occupant le même type d’emploi et ayant le
même grade.
4. Catégorie d’emploi : ensemble d’emplois du même type.
5. Classe : subdivision de grade soumise à des conditions spécifiques d’accès,
regroupant plusieurs échelons et conférant à son bénéficiaire un titre statutaire.
6. Disponibilité : position de l’agent autorisé à suspendre temporairement son service
pour un motif d’intérêt personnel légitime ou pour l’intérêt du service.
7. Echelles indiciaires : subdivisions indiquant la valeur des grades des agents et
servant de base au calcul de sa rémunération.
8. Echelon : subdivision au sein d’un grade.
9. Eméritat : distinction honorifique et privilèges accordés à un Secrétaire Général ou
au Chef d’une administration revêtue du grade de Secrétaire Général lui permettant,
à la retraite, de conserver le titre et de bénéficier du même traitement que le
Secrétaire Général en activité.
10. Grade : titre statutaire qui fixe le rang hiérarchique de l’agent et lui confère vocation
à occuper un des emplois prévus dans le cadre organique.
11. Honorariat : distinction honorifique et privilège accordés à un agent à la retraite,
selon certaines règles, lui permettant de conserver le titre attaché à son dernier grade
et à sa dernière fonction.
12. Indice de rémunération : tableau représentant l’ensemble des indices affectés aux
différents grades et emplois, servant de base au calcul des salaires.
13. Indice : chiffre indiquant la valeur du grade de l’agent servant de base au calcul de
son salaire.
14. Liste protocolaire : document de l’autorité administrative qui répertorie l’ensemble
des dignitaires domiciliés dans sa juridiction et qui leur confère certains privilèges.
15. Numéro matricule : identification individualisée et exclusive des agents des services
publics de l’Etat, exprimée en chiffres, lettres ou autres symboles, conférée par le
Ministre ayant la Fonction Publique dans ses attributions.
16. Pécule de congé : rémunération payée par l’employeur à l’agent pendant ses jours de
congés de reconstitution.
17. Période probatoire : période au cours de laquelle l’agent suit l’initiation dans son
milieu de travail en vue de confirmer ses aptitudes professionnelles et de se
familiariser avec la pratique de sa profession.
18. Position : situation administrative qu’occupe un agent au cours de sa carrière.
19. Poste de travail : lieu où on exerce l’emploi ou lieu d’affectation.
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20. Promotion : nomination d’un agent à un grade supérieur, à une classe supérieure ou à
un échelon supérieur.
21. Règlement d’administration : acte pris par l’exécutif en vue d’assurer l’exécution de
la présente loi.
22. Rémunération : contrepartie pécuniaire du travail fourni que reçoit mensuellement
l’agent à terme échu et qui comprend le salaire de base et, le cas échéant, les primes
et indemnités.
23. Service minimum : activité irréductible imposée aux agents relevant de la fonction
publique nationale en vue d’assurer la continuité des services publics en cas de
grève.
24. Suspension : position administrative qui concerne l’agent en interruption
momentanée de service au titre de mesure préventive en raison des indices sérieux de
culpabilité ou d’une faute présumée.
25. Traitement acquis : traitement initial augmenté des annuités et des avantages de
nature pécuniaire survenus en cours de carrière.

TITRE II : DU RECRUTEMENT
Article 4
Tout recrutement a pour objet de pourvoir à la vacance d’un emploi repris dans le
cadre organique d’un service et budgétairement prévu.

Article 5
Nul ne peut être recruté comme agent de carrière s’il ne remplit les conditions
suivantes :
1. Etre de nationalité congolaise ;
2. Jouir de la plénitude des droits civiques ;
3. Etre de bonne vie et mœurs ;
4. Avoir atteint l’âge de 18 ans au minimum et de 35 ans au maximum.
5. La limite d’âge pourrait toutefois être reportée à 40 ans pour le recrutement à certains
emplois spéciaux déterminés par règlement d’administration ;
6. Avoir subi avec succès les épreuves d’un concours de recrutement, sauf pour le cas
exceptionnel de recrutement sur titre prévu à l’article 6 alinéa 2 de la présente loi ;
7. Etre en bonne santé et avoir des aptitudes physiques et mentales requises pour les
fonctions à exercer.

Article 6
L’agent est recruté sur concours. Toutefois, le recrutement peut se faire sur titre en
faveur des candidats détenteurs d’un diplôme délivré ou reconnu équivalent par
l’Enseignement national et préparant spécialement à la carrière concernée, pour autant que le
nombre de candidats ne dépasse pas celui des emplois mis en compétition. Dans les deux
cas, le recours à l’un de ces deux modes requiert la décision du ministre ayant la fonction
publique dans ses attributions. Le recrutement fait l’objet d’une publicité préalable à la
presse. Cette publicité est assurée par un avis officiel d’appel à candidature accordant au
candidat un délai utile pour l’introduction de son dossier. L’avis détermine les matières sur
lesquelles porteront les épreuves et, le cas échéant, le niveau de formation exigé ainsi que le
diplôme requis pour l’emploi à pourvoir.
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Article 7
A l’issue du concours, seul le candidat ayant rempli les conditions et s’étant classé
en ordre utile peut être nommé et affecté dans le ministère ou le service intéressé. Le
recrutement s’effectue exclusivement aux grades d’exécution et de collaboration définis à
l’article 17 de la présente loi.

Article 8
Le titre exigé pour l’accès aux différents grades de recrutement est déterminé par le
tableau fixé par le règlement d’administration.

Article 9
Sur proposition du ministre ayant la fonction publique dans ses attributions, avec la
collaboration du ministre ou le service concerné, le concours prévu à l’article 6 de la
présente loi est organisé sur décision du gouvernement délibérée en Conseil des ministres.
S’agissant des chambres du Parlement, le concours prévu à l’alinéa précédent est organisé
par la Chambre concernée après concertation avec le Gouvernement. En vue d’assurer
l’égalité et l’équité, le concours de recrutement est effectué avec l’appui d’une commission
ad hoc chargée de la sélection et du recrutement. Tout recrutement organisé en violation des
dispositions de la présente loi est nul et de nul effet.

Article 10
Il est ouvert pour chaque agent un dossier individuel qui contient toutes les pièces
relatives à sa situation administrative. Avant qu’elles ne soient enregistrées, numérotées et
classées sans discontinuité, ces pièces sont portées à la connaissance de l’intéressé.

Article 11
Tout agent porte un numéro matricule. Ce numéro lui est attribué dans les trente
jours suivant la fin de la période probatoire par le ministre ayant la fonction publique dans
ses attributions. Avant son entrée en fonction, l’agent prête, devant l’autorité hiérarchique
immédiate, le serment suivant : « Je jure fidélité à la Nation, obéissance à la Constitution et
aux lois de la République Démocratique du Congo et m’engage à observer le Code de
conduite de l’agent public de l’Etat ».

TITRE III: DE LA CARRIERE


CHAPITRE 1er : DES TYPES DE CARRIERES
Article 12
Il existe deux types de carrière administrative : la carrière normale ou hiérarchisée
et la carrière plane.

Article 13
Effectue une carrière normale, l’agent qui participe à l’avancement en grade par
voie de promotions successives dans la hiérarchie des grades et des emplois. Effectue une
carrière plane l’agent qui, en vertu de la nature particulière de son emploi, a vocation à
exercer en permanence le même ordre de fonction. Les agents qui effectuent une carrière
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plane peuvent être regroupés en corps des métiers. Un règlement d’administration détermine
les conditions ainsi que les modalités de leur organisation et de leur fonctionnement.

CHAPITRE 2 : DE LA PERIODE PROBATOIRE


Article 14
La période probatoire permet à l’autorité compétente de se rendre compte du degré
de conscience et d’aptitudes morale et professionnelle de l’agent. Pour être nommé à titre
définitif, l’agent accomplit une période probatoire de trois mois pour les emplois
d’exécution et de six mois pour les emplois de collaboration.

Article 15
A l’issue de la période probatoire, l’autorité définie par le règlement
d’administration établit un rapport donnant en conclusion ses avis, sur l’opportunité de
l’admission définitive de l’agent. Ce rapport est adressé, pour décision, par la voie
hiérarchique, à l’autorité investie du pouvoir de nomination. L’agent qui n’est pas admis à
titre définitif est licencié d’office sans aucune indemnité par l’autorité compétente. En cas
d’admission à titre définitif, l’ancienneté de l’agent court à partir de la date de son
recrutement.

CHAPITRE 3 : DES EMPLOIS, DES CATEGORIES ET DES GRADES


Article 16
L’emploi est une fonction administrative permanente et budgétisée prévue dans le
cadre organique d’un service public. Les emplois sont répartis en 4 catégories :
1. Catégorie A : emplois de conception, de commandement, de direction et de contrôle
général ;
2. Catégorie B : emplois de coordination et d’encadrement ;
3. Catégorie C : emplois de collaboration et de prestations intellectuelles et techniques ;
4. Catégorie D : emplois d’exécution des tâches non spécialisées et de prestations
techniques manuelles.

Article 17
Les grades correspondants aux emplois prévus à l’article 16 sont hiérarchisés et
établis. Ils sont repartis en :
1. Catégorie A, hauts fonctionnaires : - Secrétaire Général ; - Directeur Général ; - Directeur.
2. Catégorie B, cadres supérieurs : - Chef de Division ; - Chef de Bureau.
3. Catégorie C, agents de collaboration : - Attaché d’Administration de 1ère Classe ; -
Attaché d’Administration de 2ème Classe ; - Agent d’Administration de 1ère Classe.
4. Catégorie D, agents d’exécution : - Agent d’Administration de 2ème Classe ; - Agent
Auxiliaire de 1ère Classe ; - Agent Auxiliaire de 2ème Classe ; - Huissier.
Le niveau de recrutement, les échelles indiciaires, les indices de traitement et le
plan de déroulement de la carrière pour chaque catégorie d’emplois prévus à l’article
précédent sont fixés par règlement d’administration.
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Article 18
Les grades des catégories B et C comportent les échelons établis comme suit :
• Chef de Division: - Echelon 2 - Echelon 1 • Chef de Bureau: - Echelon 2 -
Echelon 1
• Attaché d’administration de 1ère classe: - Echelon 2 - Echelon 1
• Attaché d’administration de 2ème classe: - Echelon 2 - Echelon 1
• Agent d’administration de 1ère classe: - Echelon 2 - Echelon 1 Le passage de
l’échelon 1 à 2 au sein d’un grade s’effectue dans les mêmes conditions de cotation que pour
l’avancement en grade, sur proposition du Secrétaire général, après avis du Conseil
supérieur de la fonction publique prévu aux articles 135 et 136 de la présente loi. L’initiative
de la promotion revient au service dont dépend l’agent.

Article 19
Les agents sont affectés aux différents emplois correspondant à leurs grades, selon
le cas, par le Président de la République, le Premier ministre, le ministre, le Gouverneur de
province ou tout autre responsable des services publics de l’Etat énumérés à l’article 2 de la
présente loi. Les agents des services administratifs des Chambres du Parlement sont affectés
aux différents emplois correspondant à leurs grades, le cas échéant, par le Président de la
République, le Président de l’Assemblée nationale ou le Président du Sénat. L’agent peut
exercer l’emploi auquel il est affecté sur toute l’étendue de la République selon ses
compétences et aptitudes, sans discrimination aucune. Un emploi est vacant lorsqu’il n’est
pas occupé par un agent revêtu du grade qui y correspond. Il est considéré comme
provisoirement disponible lorsque son titulaire est momentanément absent ou empêché.

Article 20
Le grade correspond à l’emploi. Toutefois, lorsqu’un emploi de catégories A et B
est déclaré vacant, un agent du grade immédiatement inférieur par rapport au titulaire est
désigné pour assumer l’intérim. Il en est de même lorsque l’emploi est déclaré
provisoirement disponible. La durée de l’intérim, en cas de vacance, ne peut dépasser douze
mois. Dans les deux cas, l’agent intérimaire bénéficie mensuellement d’une prime égale à la
différence entre le traitement initial de son grade et celui du grade correspondant à l’emploi
qu'il occupe par intérim. En cas d’irrégularité constatée, l’exercice de l’intérim est annulé,
selon le cas, par le ministre ayant la fonction publique dans ses attributions, le Président de
l’Assemblée nationale ou le Président du Sénat. Lorsque la durée de l’intérim dépasse douze
mois et qu’aucun concours n’a été organisé, l’agent intérimaire ne peut prétendre à une
titularisation d’office. Néanmoins, il continue de bénéficier de la prime d’intérim.

Article 21
Aucun agent ne peut être privé de son emploi s’il n’a pas reçu une nouvelle
affectation, ou s’il n’a pas été placé dans une position d’interruption de services ou s’il n’a
pas cessé définitivement ses services pour l’une des causes prévues à l’article 77 de la
présente loi.
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Article 22
Les cadres organiques et les effectifs maxima des emplois existant au sein de
différents services sont fixés par décret du Premier ministre, délibéré en Conseil des
ministres, sur proposition du ministre ayant la fonction publique dans ses attributions.
Toutefois, les cadres organiques et les effectifs maxima des emplois existants au sein des
chambres du Parlement sont, après concertation avec le Gouvernement, selon le cas, fixés
par décision du Bureau de l’Assemblée nationale ou du Sénat.

CHAPITRE 4 : DES POSITIONS


Article 23
Tout agent est placé dans l’une des positions suivantes :
1. En activité ;
2. En détachement ;
3. En disponibilité ;
4. En suspension.

Section 1ère : De l’activité


Article 24
L’activité est la position de l’agent qui exerce effectivement les fonctions afférentes
à l’emploi qui lui est attribué. Elle englobe les missions officielles, les congés ainsi que les
absences autorisées par le chef hiérarchique.

Article 25
L’agent chargé d’une mission officielle bénéficie, en plus des droits afférents à
l’activité de service, des avantages spéciaux fixés par règlement d’administration.

Article 26
Tout agent en activité a droit à : - un congé de reconstitution ; - des congés de
maladie ; - des congés de circonstance.

Article 27
Le congé de reconstitution est de trente jours ouvrables par année entière de
service ; il est pris chaque année selon les convenances de l’agent et les nécessités de
service. L’agent peut cumuler les congés de reconstitution auxquels il a droit pour deux
années de service successives ; ce cumul s’étend sur les trois quarts au moins de la durée de
congé auquel il a droit pour ces deux années. La durée du congé de reconstitution est
augmentée du temps normalement nécessaire à l’intéressé pour effectuer un voyage aller-
retour du lieu de son affectation à son lieu de destination. L’agent en congé a droit à un titre
de voyage pour lui et pour les membres de sa famille.

Article 28
Les congés de maladie sont accordés sur présentation d’un certificat médical
attestant que l’agent ne peut poursuivre l’activité sans mettre en danger sa vie ou sa santé.
La durée du congé de maladie est fonction de la gravité de la maladie, selon les dispositions
arrêtées par le ou les médecins traitants.
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Article 29
Les congés de circonstance sont accordés à la demande de l’agent ; ils ne peuvent
être pris qu’au moment de l’événement qui les justifie. Les événements donnant droit à des
congés de circonstance et leur durée sont fixés de la manière ci-après :
1. mariage de l’agent : trois jours ouvrables ;
2. accouchement de l’épouse de l’agent : quatre jours ouvrables ;
3. décès du conjoint ou d’un parent au premier degré : six jours ouvrables ;
4. décès d’un parent ou d’un allié au deuxième degré : trois jours ouvrables ;
5. déménagement : deux jours ouvrables ; 6. mariage d’un enfant : deux jours ouvrables.

Article 30
L’agent de sexe féminin a droit à un congé de maternité d’une durée de quatorze
semaines consécutives dont huit semaines au moins après l’accouchement. Le congé de
maternité est accordé sur présentation d’un certificat médical indiquant la date probable de
l’accouchement. L’agent de sexe féminin qui a bénéficié d’un congé de maternité ne peut
plus, au cours de la même année, faire valoir son droit à un congé de reconstitution.

Article 31
Les congés sont accordés par les chefs hiérarchiques dans les conditions fixées par
le règlement d’administration.

Section 2 : Du Détachement
Article 32
Le détachement est la position de l’agent qui est autorisé à interrompre
temporairement ses fonctions pour occuper un emploi ou assumer un mandat au sein
d’administrations, institutions, organismes officiels ou organes politiques autres que ceux
dont le personnel de carrière est soumis au présent statut, notamment : 1. le cabinet du
Président de la République ; 2. les cabinets des membres des Bureaux des deux chambres du
Parlement ; 3. le cabinet du Premier ministre ; 4. les cabinets ministériels et ceux des autres
institutions de la République; 5. les organismes publics ou privés dans lesquels l’Etat a des
intérêts; 6. les missions diplomatiques et les organismes internationaux dont la République
Démocratique du Congo est membre.
Le détachement est accordé par le ministre ayant la fonction publique dans ses
attributions, après avis des ministres sectoriels ou des responsables des services publics
concernés, -aux conditions précisées par règlement d’administration.

Article 33
Dans les cas prévus à l’article 32 de la présente loi, le détachement a une durée
égale à celle des fonctions ou mandat. Dans les autres cas, la durée ne peut excéder 5 ans.
Toutefois, le détachement peut être renouvelé dans l’intérêt du service. Le détachement rend
vacant l’emploi occupé par l’agent. L’agent détaché n’est plus à charge de son
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administration d’origine. Pendant toute la durée du détachement, l’agent est suivi par son
administration d’origine. Quant à la cotation, elle est faite par le service auprès duquel
l’agent est détaché. L’agent détaché conserve le droit à la participation au concours de
promotion et à l’avancement de traitement et de grade. Il est rémunéré par l’organisme
auprès duquel il est détaché, à l’exception de l’agent détaché auprès d’un cabinet politique
qui continue d’être rémunéré par le Trésor. La durée du détachement est comprise dans sa
carrière.

Article 34
A l’expiration du détachement, l’agent est replacé d’office en activité par décision
de l’autorité compétente. Toutefois, au cas où le détachement est interrompu par suite d’un
manquement de l’agent, celui-ci n’est éventuellement replacé en position d’activité qu’après
clôture de la procédure disciplinaire ouverte à sa charge.

Section 3 : De la Disponibilité
Article 35
La disponibilité est prononcée soit d’office, soit à la demande de l’agent, par le
ministre ayant la fonction publique dans ses attributions, après avis préalable du ministère
ou du service concerné. Lorsqu’il s’agit des agents des services administratifs de
l’Assemblée nationale ou du Sénat, la disponibilité est décidée par le Président de la
Chambre concernée, le Gouvernement étant informé.

Article 36
L’agent est mis en disponibilité d’office :
1. Pour cause de maladie ou d’infirmité, lorsqu’il a obtenu pendant une période de
douze mois consécutifs des congés de maladie d’une durée totale de six mois et qu’il
n’est pas apte à reprendre son service à l’expiration de son dernier congé. La durée
de la disponibilité ne peut, en ce cas, excéder un an ;
2. Lorsque, par cas de force majeure, il est dans l’impossibilité de rejoindre son poste
de travail. Dans ce cas, la durée de la disponibilité est celle de la force majeure ;
3. Pour effectuer, dans l’intérêt du service, des études ou stage de perfectionnement au
pays et à l’étranger.

Article 37
La disponibilité à la demande de l’agent, ne peut être accordée que dans les cas
suivants :
1. Pour effectuer en République Démocratique du Congo ou à l’étranger des études ou
recherches présentant un intérêt général pour le pays. Dans ce cas, la durée de la
disponibilité ne peut excéder cinq ans. Néanmoins, cette durée est renouvelable une
fois. La disponibilité sollicitée pour raison d’études ne peut être accordée qu’à
l’agent ayant acquis une ancienneté de trois ans au moins dans la carrière ;
2. Pour des raisons sociales : - dans le cas où l’agent accompagne son conjoint en
mutation, - dans ie cas où l’agent accompagne son conjoint ou son enfant mineur
dans un lieu d’hospitalisation ou de traitement en République Démocratique du
Congo ou à l’étranger ;
3. Pour exercer un mandat électif.
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Article 38
La situation de l’agent en disponibilité d’office est réglée comme suit :
1. Dans le cas où la disponibilité a été prononcée pour cause de maladie, l’agent reçoit
la moitié de son traitement d’activité et conserve le bénéfice entier des avantages
sociaux alloués en cours de carrière. La durée de la disponibilité est comprise dans le
temps de service comptant pour l’avancement de grade et de traitement ainsi que
dans la durée de la carrière. L’agent est tenu de se soumettre, chaque fois que
l’administration le juge opportun, à l’examen de la commission médicale
d’inaptitude prévue à l’article 82 de la présente loi ;
2. Dans le cas où la disponibilité a été prononcée pour impossibilité de rejoindre son
poste de travail, l’agent bénéficie de sa rémunération entière pendant les deux
premiers mois de sa mise en disponibilité. A partir du troisième mois, il bénéficie de
la moitié de son traitement d’activité et de l’intégralité des avantages sociaux alloués
en cours de carrière. La durée de la disponibilité est considérée comme temps de
service comptant pour l’avancement de grade et de traitement ainsi que dans la durée
de la carrière ;
3. Dans le cas où la disponibilité a été prononcée dans l’intérêt du service pour
effectuer des études ou des stages de perfectionnement, l’agent perçoit la moitié de
son traitement majoré de l’intégralité des avantages sociaux. La durée de la
disponibilité est considérée comme temps de service comptant pour l’avancement de
grade et de traitement ainsi que dans la durée de la carrière.

Article 39
La situation de l’agent mis en disponibilité à sa demande est réglée comme suit :
1. Dans le cas où la disponibilité a été prononcée pour permettre à l’agent d’effectuer
des études ou des recherches dans l’intérêt général pour le pays, l’agent perçoit le
quart de son traitement majoré des avantages sociaux. La durée de la disponibilité est
comprise dans le temps de service comptant pour l’avancement de grade et de
traitement ainsi que dans la durée de la carrière ;
2. Dans le cas où la disponibilité a été prononcée pour des raisons sociales : lorsqu’il
accompagne son conjoint en mutation, l’agent bénéficie du quart de son traitement
pendant une année pour autant qu’aucune possibilité d’affectation ne soit trouvée au
lieu du nouveau poste de travail du conjoint ; l’agent bénéficie de la moitié de son
traitement majoré des avantages sociaux pendant une période d’un an, lorsqu’il
accompagne son conjoint ou son enfant mineur dans un lieu d’hospitalisation ou de
traitement ;
3. Dans le cas où la disponibilité a été accordée pour l’exercice d’un mandat électif,
l’agent perd le bénéfice de la totalité de son traitement et tous les avantages sociaux.

Article 40
La disponibilité rend vacant l’emploi occupé par l’agent. A l’expiration de la
période de disponibilité, l’agent est replacé en activité, sauf les cas :
1. De mise en disponibilité pour cause de maladie ou d’infirmité ;
2. De l’agent qui accompagne son conjoint en mutation ;
3. De l’impossibilité pour l’agent de rejoindre son poste de travail.
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Section 4 : De la suspension
Article 41
L’agent qui, d’après des indices suffisamment graves, est présumé avoir commis
une faute, peut être suspendu de ses fonctions. Dans ce cas, la suspension n’est pas une
sanction, mais une mesure conservatoire prise dans l’intérêt du service. La durée de la
suspension ne peut excéder trois mois. La suspension est accompagnée de l’ouverture d’une
action disciplinaire. Elle est décidée par l’autorité hiérarchique dont relève directement
l’agent.

Article 42
Lorsque des poursuites judiciaires sont intentées à charge de l’agent pour les faits
qui lui sont reprochés, la clôture de l’action disciplinaire peut être différée jusqu’au
prononcé du jugement et dans ce cas, la durée de la suspension de fonction peut dépasser
trois mois et entraîner la privation de traitement. L’agent conserve néanmoins le bénéfice
des avantages sociaux alloués en cours de carrière. L’agent poursuivi par mesure
disciplinaire prévue à l’article 67 de la présente loi est également placé dans une position de
suspension. Toutefois, lorsque les poursuites judiciaires se terminent par un classement sans
suite ou par un acquittement, l’agent est rétabli dans tous ses droits tant en ce qui concerne la
carrière qu’en ce qui concerne la rémunération avec effet rétroactif à la date de la
suspension, sous réserve de l’application des sanctions disciplinaires prévues au Chapitre 8
du Titre III.

CHAPITRE 5 : DU TRANSFERT
Article 43
Le transfert est l’affectation de l’agent dans un service public autre que celui dans
lequel il est employé.

Article 44
Le transfert est effectué soit à la demande de l’agent soit par nécessité du service,
sur décision du ministre ayant la fonction publique dans ses attributions, après avis des
services concernés. Le transfert n’est possible que si l’agent remplit les conditions exigées
pour l’exercice du nouvel emploi.

Article 45
L’agent transféré conserve son grade et son ancienneté.

CHAPITRE 6 : DE LA REMUNERATION
Article 46
La rémunération de l’agent est constituée du traitement et des primes. Elle est
payée par mois.

Article 47
Le traitement est soit initial, soit acquis. Le traitement initial est celui attaché au grade dont
l’agent est revêtu. Le traitement acquis est le traitement initial majoré des augmentations
annuelles.
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Article 48
La prime est un complément pécuniaire au traitement destiné à rétribuer l’agent qui
exerce certaines fonctions ou accomplit des prestations spécifiques. Il ne peut être accordé à
l’agent d’autres primes que : la prime de diplôme ; la prime d’intérim ; la prime pour
prestations supplémentaires ; la prime des risques professionnels ; les frais de représentation
; la prime de brousse. Toutefois, il peut être accordé une prime pour fonctions spéciales dont
la liste est fixée par un décret du Premier ministre délibéré en Conseil des ministres, sur
proposition du ministre ayant la fonction publique dans ses attributions. Les conditions et les
modalités d’octroi des primes ainsi que leurs taux sont fixés par règlement d’administration
pris par décret du Premier ministre délibéré en Conseil des ministres, sur proposition du
ministre ayant la fonction publique dans ses attributions en tenant compte du principe
d’égalité du traitement entre les agents de carrière des services publics. La prime ou la
somme des primes, ne peut dépasser les 2/3 du traitement.

Article 49
Le barème du traitement et les taux des primes sont fixés par décret du Premier
ministre délibéré en Conseil des ministres sur proposition conjointe des ministres ayant la
fonction publique, le budget et les finances dans leurs attributions, après concertation avec
les organisations syndicales de l’administration publique.

Article 50
Les modalités de liquidation, de retenue et de saisie éventuelle de la rémunération
sont fixées par décret du Premier ministre délibéré en Conseil des ministres, sur proposition
du ministre ayant la fonction publique dans ses attributions.

CHAPITRE 6 : DES AVANTAGES SOCIAUX


Article 51
L’agent en cours de carrière bénéficie des avantages sociaux suivants : 1. les
allocations familiales pour enfants à charge ; 2. les frais médicaux et soins de santé ; 3.
l’indemnité de logement ; 4. l’allocation d’invalidité ; 5. les frais funéraires ; 6. les frais
d’équipement ; 7. les crédits et l’avance sur traitement ; 8. l’indemnité de transport et les
frais de voyage ; 9. le pécule de congé. Les avantages sociaux de nature pécuniaire sont
soumis à la législation fiscale en vigueur. Certains de ces avantages sont versés au même
moment que la rémunération.

Section 1ère : Des allocations familiales


Article 52
Entrent en ligne de compte pour l’octroi des allocations familiales : 1. le conjoint ;
2. les enfants de l’agent ; 3. les enfants adoptifs ; 4. les enfants pour lesquels l’agent est
débiteur d’aliments ; 5. les enfants dont l’agent a obtenu la garde à la suite d’un divorce ; 6.
les enfants sous tutelle. Pour l’octroi des allocations familiales, le lien des enfants repris aux
points 3 à 6 de l’alinéa précédent avec l’agent est établi par un jugement irrévocable.

Article 53
Les enfants sont pris en considération pour l’octroi de l’allocation familiale jusqu’à
l’âge de dix-huit ans accomplis, pour autant qu’ils soient à charge de l’agent. Au-delà de cet
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âge et jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans, l’allocation familiale n’est plus accordée que si les
enfants poursuivent des études, s’ils sont en apprentissage non rémunéré ou s’ils se trouvent,
en raison de leur état physique ou mental, dans l’impossibilité de pourvoir à leur
subsistance. L’allocation familiale prend effet le premier jour du mois au cours duquel se
produit l’événement qui en donne lieu si celui-ci se situe après l’entrée de l’agent au service
de l’Etat. Elle est due et acquise pour tout mois commencé ; elle est liquidée en même temps
que le traitement.

Article 54
Le taux des allocations familiales est fixé par voie de règlement d’administration,
pris par décret du Premier ministre, délibéré en Conseil des ministres, sur proposition du
ministre ayant la fonction publique dans ses attributions.

Section 2 : Des frais médicaux et des soins de santé


Article 55
L’agent bénéficie des frais médicaux, des soins de santé, chirurgicaux,
obstétricaux, dentaires, ophtalmologiques et hospitaliers ainsi que des médicaments, des
lunettes médicales, des appareils d’orthopédie et de prothèse, des prothèses dentaires,
nécessités par son état de santé, par celui de son conjoint et celui des enfants entrant en ligne
de compte pour l’octroi des allocations familiales. Les soins ne sont pas dus lorsque le
bénéficiaire séjourne à l’étranger, sauf s’il s’y trouve pour raison de service ou de mission
ou s’il a été autorisé à s’y rendre pour le motif que les soins requis ne peuvent être donnés au
pays.

Section 3 : De l’indemnité de logement


Article 56
L’agent qui n’est pas logé gratuitement par son service bénéficie d’une indemnité
conséquente de logement liquidée mensuellement avec le traitement. Le taux de l’indemnité
de logement est fixé par règlement d’administration revu périodiquement en fonction du
coût réel de loyer sur le marché.

Section 4 : De l’allocation d’invalidité


Article 57
L’agent mis en disponibilité pour cause de maladie ou d’infirmité a droit à une
allocation d’invalidité lorsque son incapacité de travail résulte d’une maladie professionnelle
ou d’un accident survenu dans/ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions. Le montant de
l’allocation est égal aux 3/4 du dernier traitement annuel d’activité de l’agent ; il cumule
avec le traitement réduit prévu à l’article 38 point 1 de la présente loi.

Section 5 : Des frais funéraires


Article 58
En cas de décès de l’agent, du conjoint, d’un enfant entrant en ligne de compte
pour les allocations familiales, l’Etat prend en charge le coût du cercueil, du linceul, les frais
de transport et d’inhumation de la dépouille mortelle. Une allocation de deuil dont le
montant est déterminé par règlement d’administration en fonction du grade du défunt est
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versée à sa famille. L’inhumation se fait au lieu du poste de travail de l’agent sauf pour le
cas de l’agent en poste de travail à l’étranger. Les conditions et les modalités d’intervention
de l’Etat sont fixées par règlement d’administration.

Section 6 : Des frais d’équipement


Article 59
L’agent bénéficie au moment de son recrutement des frais d’équipement dont les
modalités d’octroi sont déterminées par règlement d’administration.

Section 7 : Des crédits et de l’avance sur traitement


Article 60
Il peut être alloué à l’agent en cours de carrière une avance sur traitement et/ou un
crédit pour l’achat d’un bien meuble ou immeuble dont les conditions et les modalités
d’octroi sont déterminées par règlement d’administration.

Section 8 : Des frais de transport et de voyage


Article 61
Le service assure à l’agent son transport pour les déplacements de service. Il le fait,
soit par la mise à sa disposition d’un titre ou d’un moyen de transport, soit par l’octroi d’une
indemnité compensatoire mensuelle.

Article 62
L’Etat intervient également dans les frais de transport de l’agent et des membres de
sa famille dans les conditions suivantes : 1. pour permettre à l’agent et aux membres de sa
famille séjournant avec lui, de rejoindre son poste de travail en cas de mutation ou se rendre
à son lieu de résidence habituelle lors de la retraite ; 2. pour permettre aux membres de la
famille de l’agent de rejoindre le lieu de domicile lorsque celui-ci décède dans une position
autre que le détachement. L’agent démis de ses fonctions ne bénéficie pas des frais de
déplacement pour se rendre au lieu de son domicile. Il en est de même pour les membres de
sa famille.

Section 9 : Du pécule de congé


Article 63
L’agent bénéficie d’un pécule de congé dont les conditions et les modalités sont
fixées par le règlement d’administration sur proposition conjointe des ministres ayant la
fonction publique, le budget et les finances dans leurs attributions. Ce pécule lui est versé au
moment du départ en congé.

CHAPITRE 8 : DU REGIME DISCIPLINAIRE


Article 64
Tout manquement par un agent aux devoirs de son état, à l’honneur ou à la dignité
de ses fonctions, constitue une faute disciplinaire.
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Article 65
Tout agent investi à un degré quelconque du pouvoir disciplinaire a qualité pour
ouvrir d’office ou sur réquisition de ses supérieurs hiérarchiques, l’action disciplinaire à
charge d’un agent placé sous ses ordres. La procédure est écrite et contradictoire en ce sens
que l’agent incriminé reçoit notification préalable des faits qui lui sont reprochés. Aucune
pièce ne peut être utilisée contre lui sans qu’il n’en ait eu préalablement connaissance et sans
qu’il n’ait été mis en mesure de faire valoir ses moyens de défense. Les modalités de la
procédure disciplinaire sont définies par règlement d’administration.

Article 66
Toute action disciplinaire est clôturée par une décision de classement sans suite ou
par l’application d’une sanction dans les trois mois à dater du jour de l’ouverture de l’action.
Passé ce délai, l’action disciplinaire devient caduque et l’agent est replacé en activité, soit
d’office en cas d’absence d’un acte le suspendant de ses fonctions, soit par arrêté du ministre
ayant la fonction publique dans ses attributions, au cas où cette suspension a été prononcée
par arrêté d’un ministre ou par décision de tout autre responsable de service public de l’Etat
tel qu’énuméré à l’article 2 de la présente loi. Pour les motifs prévus à l’alinéa précédent,
l’agent relevant des services administratifs de l’Assemblée nationale ou du Sénat, est replacé
en activité par le Président de la Chambre.
La décision de classement sans suite ou la sanction est notifiée à l’intéressé. Toute
sanction est consignée dans le dossier administratif de l’agent. Celui-ci peut, chaque fois
qu’il en manifeste le désir, prendre connaissance de son dossier sans le déplacer.

Article 67
Suivant la gravité des faits, les sanctions disciplinaires applicables à l’agent sont :
1. le blâme ; 2. la retenue du tiers du traitement pour une durée ne dépassant pas un mois ; 3.
l’exclusion temporaire avec privation de traitement pour une période ne dépassant pas trois
mois ; 4. la révocation.

Article 68
Le blâme, la retenue du tiers du traitement pour une durée ne dépassant pas un mois
ainsi que l’exclusion temporaire avec privation de traitement pour une période ne dépassant
pas trois mois sont prononcés par les chefs hiérarchiques désignés par règlement
d’administration. La révocation est l’exclusion définitive prononcée par l’autorité investie
du pouvoir de nomination au grade dont l’agent incriminé est revêtu, pour faute ou
manquement grave aux devoirs de son état, après avis du Conseil de discipline prévu à
l’article 137 de la présente loi.

Article 69
L’action disciplinaire demeure distincte et indépendante de l’action répressive à
laquelle peuvent donner lieu les mêmes faits. L’action judiciaire n’est pas suspensive de
l’action disciplinaire. Dans le cas où une sanction disciplinaire a été prononcée avant que la
juridiction répressive n’ait statué, l’agent peut, si cette dernière l’a renvoyé des poursuites
faute de preuve, demander la révision de la mesure disciplinaire. Toutefois, dans le cas où
l’agent a été condamné définitivement à une peine de servitude pénale principale égale ou
supérieure à trois mois, il est révoqué d’office sur simple constatation de la condamnation.
Les conditions de régularisation de la situation administrative de l’agent ayant bénéficié des
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mesures d’amnistie ou de grâce ou ayant été condamné avec sursis ou pour homicide
involontaire sont déterminées par règlement d’administration.

CHAPITRE 9 : DE LA COTATION, DE L’AVANCEMENT EN GRADE ET DE


L’AVANCEMENT DE TRAITEMENT
Section 1ère : De la cotation
Article 70
La cotation est obligatoire pour tout agent soumis au présent statut. Elle a pour
objet d’éclairer l’administration sur l’intégrité, le sens social, la compétence et la conscience
professionnelle de l’agent. Elle est attribuée chaque année. Le chef hiérarchique compétent
établit un bulletin qui décrit brièvement les fonctions exercées par l’agent pendant l’année
écoulée et sa manière de servir. Il y propose l’appréciation du mérite qu’il estime devoir être
attribuée à l’agent. L’appréciation du mérite est synthétisée par l’une des mentions suivantes
: « Elite », « Très Bon», «Bon », «Assez Bon », «Médiocre ».

Article 71
L’autorité qui établit le bulletin de cotation en transmet une copie à l’agent dans un
délai de quinze jours. Il est loisible à l’agent d’introduire, par voie hiérarchique, dans les huit
jours de la réception de la copie du bulletin de cotation, un recours contre l’appréciation du
mérite. Le recours, accompagné des avis des supérieurs hiérarchiques de l’agent, est
transmis avec le bulletin de cotation à l’autorité compétente pour attribution définitive des
appréciations. Nul ne peut s’opposer à la transmission d’un recours introduit par l’agent sous
peine de sanction disciplinaire. La décision d’attribution définitive de la cotation n’est
susceptible d’aucun recours. Un règlement d’administration pourvoit à l’exécution de la
présente section.

Section 2 : De l’avancement en grade


Article 72
Les promotions en grade ne peuvent avoir pour objet que de pourvoir à la vacance
d’emplois budgétairement prévus dans les limites des cadres organiques. Les candidats à la
promotion remplissent les conditions suivantes: 1. avoir accompli 3 ans d’ancienneté au
moins dans le grade immédiatement inférieur au grade de promotion ; 2. avoir obtenu au
moins l’appréciation « Très bon» lors des trois dernières cotations ; 3. avoir participé avec
succès et s’être classé en ordre utile à un concours organisé pour le passage d’une catégorie
à une autre, à l’exception de la première catégorie dont les conditions énumérées ci-dessus
sont requises pour le passage d’un grade à un autre. En cas d’égalité de réussite au concours,
le candidat ayant obtenu la meilleure cote signalétique a priorité. Toutefois, les conditions de
promotion de l’agent effectuant la carrière plane sont déterminées par voie de règlement
d’administration. Tout candidat qui a échoué deux fois successivement ne peut prétendre
accéder au grade de Directeur. Pour les grades inférieurs à celui de Directeur, trois échecs
successifs privent l’agent du droit de participation au concours.

Article 73
L’agent qui, en cours de carrière, obtient un titre scolaire ou académique dont le
niveau est susceptible de permettre, en cas de recrutement, l’accès à un grade supérieur, peut
être nommé au grade correspondant à ce nouveau titre.
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Article 74
Les promotions aux grades de la catégorie A sont accordées par le Président de la
République sur proposition du Gouvernement délibérée en Conseil des ministres. Le
Secrétaire général de l’administration est nommé par le Président de la République, sur
proposition du Gouvernement, parmi les agents compétents revêtus du grade de Directeur
dans l’administration publique et remplissant les conditions prévues à l’article 72 de la
présente loi. Les promotions aux grades des catégories B, C et D sont octroyées par le
Premier ministre sur proposition, selon le cas, du ministre ayant la fonction publique dans
ses attributions, du Président de l’Assemblée nationale ou du Président du Sénat. Toutefois,
dans les cas prévus aux alinéas 1 à 3 du présent article, l’initiative de promouvoir un agent
revient au service concerné. L’octroi d’une promotion de grade donne droit au traitement
initial du grade conféré. L’agent qui jouit déjà d’un traitement supérieur à celui que donne
l’avancement de grade conserve ce traitement, majoré d’une augmentation de trois pourcent
calculée sur le traitement initial de son nouveau grade.

Article 75
Les promotions de grade sortent leurs effets dans les trois mois qui suivent la
nomination au nouveau grade.

Section 3 : De l’avancement de traitement


Article 76
Il est accordé automatiquement à tous les agents une augmentation annuelle de
traitement, sauf à ceux dont le dernier signalement consiste en appréciation « assez bon » ou
« médiocre ». Le taux appliqué est de trois pour cent, deux pour cent ou un pour cent du
traitement initial selon que l’agent a obtenu respectivement la cote « Elite », « Très bon » ou
« Bon ». L’augmentation annuelle est octroyée le 1er janvier de chaque année par le ministre
ayant la fonction publique dans ses attributions.

CHAPITRE 10 : DE LA CESSATION DEFINITIVE DE SERVICE ET DE LA


REINTEGRATION
Article 77
La cessation définitive de service résulte : 1. du décès ; 2. de la révocation ; 3. de la
démission d’office ; 4. de la démission volontaire ; 5. de la mise à la retraite ; 6. du
licenciement pour inaptitude physique ou professionnelle.

Article 78
Est démis d’office de ses fonctions : 1. l’agent dont la nomination n’est pas
régulière ; 2. l’agent qui abandonne son poste de travail ou qui ne reprend pas son service à
l’expiration d’un congé ou d’une exclusion temporaire, dès que l’interruption de service
injustifiée dépasse la durée d’un mois ; 3. l’agent- qui cesse de répondre aux conditions
d’admission prévues à l’article 5 points 1,2 et 3 de la présente loi. La démission d’office est
prononcée par l’autorité investie du pouvoir de nomination dans le respect de la procédure
prévue à l’article 65 alinéa 2 de la présente loi.
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Article 79
La démission volontaire résulte d’une demande de l’agent marquant sa volonté non
équivoque et inconditionnelle de mettre définitivement fin à ses services. La démission est
acceptée par l’autorité investie du pouvoir de nomination ou par son délégué. Toutefois,
l’acceptation de la démission peut être retardée dans l’intérêt du service. L’agent est tenu de
continuer ses services jusqu’à l’acceptation expresse de sa démission. Trois mois après la
réception de la démission par l’autorité hiérarchique immédiate, le silence de l’autorité
prévue à l’alinéa 1er du présent article vaut acceptation tacite de la démission volontaire.

Article 80
L’agent est d’office mis à la retraite lorsque : 1. il a atteint l’âge de soixante-cinq
ans ; 2. il a effectué une carrière de trente-cinq ans. Néanmoins, si l’agent n’a pas atteint
l’âge de soixante-cinq ans à cette époque, il peut être autorisé à continuer son service
jusqu’au moment où il atteindra cet âge. L’agent peut, à sa demande ou à l’initiative de
l’administration, en cas d’insuffisance professionnelle constatée par la cotation de trois
dernières années ne permettant plus son reclassement dans un autre emploi, être mis à la
retraite, s’il a accompli une carrière de vingt-cinq ans au moins. A sa demande, l’agent en
détachement peut bénéficier des mêmes avantages. La mise à la retraite est prononcée par
l’autorité investie du pouvoir de nomination.

Article 81
Sont comprises dans le calcul de la carrière de l’agent : les périodes d’activité et
d’interruption de service, prévues au Chapitre 4 du Titre III de la présente loi ; les périodes
de services rendus à l’administration publique avant l’engagement au sein d’un des services
énumérés à l’article 2 de la présente loi ; les périodes comprises dans la carrière antérieure
de l’agent qui, ayant cessé ses services, a été réintégré.

Article 82
Sans préjudice des dispositions de l’article 84 de la présente loi, l’agent est licencié
d’office pour inaptitude physique : 1. lorsqu’il a été reconnu définitivement inapte au service
; 2. lorsque la disponibilité pour cause de maladie ou d’infirmité a duré un an et qu’il n’est
pas apte à reprendre son service à l’expiration de ce terme. L’inaptitude physique est
appréciée par une commission médicale dont la composition et le fonctionnement sont fixés
par règlement d’administration.

Article 83
L’agent est licencié pour inaptitude professionnelle lorsqu’il fait preuve
d’insuffisance professionnelle constatée par la cotation de trois dernières années dans les
emplois correspondant à son grade. Le licenciement est prononcé d’office lorsque l’agent a
reçu trois fois de suite la mention « Médiocre ».

Article 84
Le licenciement pour inaptitude physique ou pour inaptitude professionnelle est
prononcé par l’autorité investie du pouvoir de nomination. Toutefois, la mise à la retraite est
prononcée à la place du licenciement lorsque l’agent remplit les conditions requises pour
obtenir une pension de retraite.
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Article 85
L’agent qui a cessé d'exercer ses services ne peut pas être réintégré, sauf si, ayant
été licencié pour inaptitude physique, il est à nouveau reconnu physiquement apte à remplir
ses fonctions. Dans ce cas, il est tenu de remplir les conditions prévues à l’article 5 points 1
à 3 et à l’article 6 de la présente loi. La réintégration s’effectue au grade dont l’agent était
revêtu à la date où il a cessé ses services, avec l’ancienneté acquise à cette date. Elle est
prononcée par l’autorité investie du pouvoir de nomination.

TITRE IV : DES DROITS, DES DEVOIRS ET DES INCOMPATIBILITES


CHAPITRE 1er : DES DROITS
Article 86
Tout agent jouit des droits et libertés reconnus à la personne humaine par la
Constitution, les traités et accords internationaux dûment ratifiés, les lois et les règlements.
Ces droits et libertés sont exercés dans la mesure compatible avec les nécessités de
l’exécution des missions de service public. Il ne peut y avoir de limites que dans les
conditions prévues par les lois et les règlements.

Article 87
Tout candidat ayant satisfait aux conditions de recrutement ou de promotion
conformément aux dispositions des articles 7 et 72 de la présente loi a le droit d’être nommé
ou promu dans l’emploi ou le grade sollicité. Il ne peut y avoir de discrimination entre
candidats pour des motifs autres que ceux prévus ou autorisés par les lois.

Article 88
L’agent a droit à des conditions de vie et de travail décentes. L’Etat a l’obligation
d’assurer, sur les lieux de travail, les conditions d’hygiène et de sécurité, de nature à
préserver la santé physique et mentale de l’agent. Ces conditions sont celles définies et
assurées par l’Etat à tous les agents de la catégorie, de l’emploi et du grade auxquels
appartient l’agent. Il est tenu, dans le cadre de la préservation de la santé, d’assurer des
visites médicales périodiques à l’agent exposé aux risques des maladies liées à l’activité
exercée. La liste des maladies professionnelles et les modalités des visites médicales
périodiques sont fixées par règlement d’administration.

Article 89
L’agent a droit à une rémunération juste et équitable ainsi qu’à des avantages
sociaux accordés en cours ou en fin de carrière. La rémunération et les avantages sociaux de
nature pécuniaire lui dus, sont liquidés sur instruction du ministre ayant la fonction publique
dans ses attributions.

Article 90
L’agent a droit à la formation professionnelle tout au long de sa carrière. La
formation professionnelle lui est assurée par l’Etat dans les conditions fixées par règlement
d’administration.
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Article 91
L’agent a droit à la protection de l’Etat contre les menaces, les agressions, les
outrages, les injures ou diffamations dont il peut être l’objet dans l’exercice ou à l’occasion
de l’exercice de ses fonctions. A ce titre, l’Etat est tenu à la réparation du préjudice qui
pourrait résulter de ces menaces, agressions physiques, outrages, injures ou diffamations.
Dans ce cas, l’Etat est subrogé dans les droits de l’agent. De même, l’Etat est civilement
responsable des conséquences dommageables des actes commis par l’agent dans l’exercice
ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions, sous réserve d’une action récursoire en cas de
faute personnelle.

Article 92
Sans préjudice de l’application des sanctions disciplinaires prévues à l’article 67 de
la présente loi, les ministres ou les responsables des services intéressés ne doivent, en
aucune manière, refuser l’affectation de l’agent ou le mettre à la disposition du ministre
ayant la fonction publique dans ses attributions. Toutefois, pour l’application des articles 68,
85 et 117 de la présente loi, les ministères ou services concernés saisissent dans les meilleurs
délais le ministre ayant la fonction publique dans ses attributions de tout cas d’impossibilité
d’affectation d’un agent. Cette obligation est faite mutatis mutandis et hiérarchiquement à
tous les chefs de services, quel que soit le niveau qu’ils occupent dans l’administration.

Article 93
Le droit de grève est garanti à l’agent des services publics de l’Etat. L’exercice de
ce droit ne peut être limité que dans les conditions fixées par la loi, notamment pour tenir
compte du fonctionnement régulier des services publics d’intérêt vital, qui ne peuvent
souffrir d’aucune interruption. Un décret du Premier ministre délibéré en Conseil des
ministres, sur proposition conjointe des ministres ayant la fonction publique et les droits
humains dans leurs attributions, fixe la liste des services publics d’intérêt vital ainsi que les
modalités du service minimum à imposer aux agents grévistes de ces services.

Article 94
La liberté syndicale est garantie à l’agent des services publics de l’Etat. Les agents
peuvent librement créer des organisations syndicales, y adhérer et y exercer des mandats.
Ces organisations peuvent ester en justice.

Article 95
Toute organisation syndicale d’agents de la fonction publique est tenue d’effectuer,
dès sa création, le dépôt de ses statuts et de la liste des administrateurs auprès de l’autorité
hiérarchique dont dépendent les agents appelés à en faire partie et auprès du ministre ayant
la fonction publique dans ses attributions ou pour les services publics déconcentrés, auprès
du gouverneur de province.

Article 96
Le caractère représentatif des organisations syndicales est déterminé d’après les
résultats des élections professionnelles.
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Article 97
Lorsque l’agent s’estime léser dans l’un de ses droits ou atteint dans l’une de ses
libertés, deux voies de recours lui sont ouvertes, pour autant que le fait dommageable résulte
d’un acte ou d’une mesure prise par une autorité publique : le recours administratif et le
recours juridictionnel. Le recours administratif est exercé, dans le délai de trois mois à dater
de l’acte, et selon le cas, auprès du ministre ayant la fonction publique dans ses attributions,
du Président de l’Assemblée nationale ou du Sénat, après épuisement préalable des voies de
recours gracieux et hiérarchique exercés successivement, dans les trente jours de l’acte,
auprès de l’auteur de celui-ci et de son supérieur hiérarchique. A l’épuisement des délais du
recours administratif prévu à l’alinéa 2 du présent article, en cas de silence de l’autorité
saisie ou lorsque ce recours a fait l’objet d’une décision de rejet de sa part, l’agent dispose, à
dater de cet épuisement ou de cette décision, de la faculté de saisir la juridiction compétente
au regard du litige, dans les conditions de fond et de forme prévues par les lois. Nul ne peut
faire l’objet d’une mesure disciplinaire ou de rétorsion pour avoir exercé son droit de
recours.

Article 98
L’agent a droit, au cours de sa carrière, aux gratifications et/ou distinctions
honorifiques prévues par la présente loi.

Article 99
L’agent qui, dans l’exercice de ses fonctions, se distingue particulièrement par son
dévouement, son objectivité et sa neutralité, peut recevoir l’une des récompenses suivantes :
1. lettre d’encouragement ; 2. lettre de félicitation ; 3. témoignage officiel de satisfaction ; 4.
médaille de mérite civique.

Article 100
La lettre d’encouragement est un acte par lequel le supérieur hiérarchique direct
reconnaît la bonne manière de servir ou le comportement exemplaire d’un subordonné, le
stimule et l’incite à poursuivre dans cette voie.

Article 101
La lettre de félicitation est un écrit du supérieur hiérarchique direct destiné à
récompenser un acte important et digne de relief accompli par un agent au cours d’une
mission ou d’un service donné. Elle lui est remise au cours d’une cérémonie.

Article 102
Le témoignage officiel de satisfaction est un document par lequel les hautes
autorités de la République ou de l'administration publique reconnaissent à l’agent des
services exceptionnels, des actes de courage ou de dévouement dont le retentissement est
provincial ou national. Le témoignage officiel de satisfaction fait l’objet d’une citation à
l’ordre du jour au cours d’une cérémonie officielle. Il est accompagné d’une gratification
pécuniaire.

Article 103
La médaille de mérite civique est une décoration destinée à reconnaître le
dévouement, la loyauté et la probité de l’agent dans l’accomplissement de ses devoirs. Elle
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est octroyée à l’agent qui a accompli une carrière honorable de la manière suivante : 1. 15
ans : médaille de bronze ; 2. 25 ans : médaille d’argent ; 3. 35 ans : médaille d’or.

Article 104
La médaille de mérite civique ouvre au bénéficiaire le droit à la liste protocolaire du
lieu de son domicile ou de sa résidence.

Article 105
La médaille de mérite civique est décernée par ordonnance du Président de la
République, sur proposition du ministre ayant la fonction publique dans ses attributions,
après avis du Conseil supérieur de la fonction publique. Elle est remise au cours d’une
cérémonie solennelle à I’ occasion de la journée africaine de la fonction publique ou à
l’occasion d’une autre journée décidée par l’autorité. La médaille de mérite civique peut être
décernée à titre posthume.

Article 106
Les actes relatifs aux récompenses prévues à l’article 99 de la présente loi sont
versés au dossier de l’agent. Ils sont pris en compte lors de l’évaluation.

CHAPITRE 2 : DES DEVOIRS


Article 107
L’agent a le devoir de servir l’Etat avec fidélité, dévouement, dignité et intégrité. Il
fait montre, en toute circonstance, d’un engagement sans faille envers l’Etat. Il témoigne de
son esprit civique par l’effort soutenu qu’il consent en vue de s’améliorer en se soumettant à
un perfectionnement permanent. Il veille, en toute occasion, à la sauvegarde des intérêts de
la collectivité publique et a le devoir d’accomplir personnellement et consciencieusement
toutes les obligations qui, en vertu de ses fonctions, lui sont imposées par les lois et
règlements. Il est soumis aux modifications y apportées. Toutefois, ces modifications ne
peuvent porter atteinte aux droits acquis. Il ne peut suspendre l’exercice de ses fonctions
sans autorisation préalable.

Article 108
L’agent est personnellement responsable, à l’égard de ses supérieurs hiérarchiques,
de l’exécution des ordres qu’il a donnés. Il n’est dégagé d’aucune des responsabilités
propres de ses subordonnés. Dans l’exercice de ses fonctions, il est tenu de réprimer ou de
provoquer la répression des abus, négligences ou infractions aux lois et règlements qu’il
serait amené à constater. L'agent est en outre tenu à la politesse, tant dans ses rapports de
service avec ses supérieurs, collègues ou subalternes que dans ses rapports avec le public. Il
est tenu d’éviter, dans le service comme dans sa vie privée, tout ce qui peut porter atteinte à
la confiance du public ou compromettre l’honneur ou la dignité de ses fonctions. Il lui est
interdit de solliciter, d’exiger ou de recevoir par lui-même ou par personne interposée, même
en dehors de ses fonctions, mais en raison de celles-ci, des dons, gratifications ou avantages
quelconques. Les agents se doivent entraide dans la mesure où l’exige le fonctionnement
régulier du service auquel ils collaborent.
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Article 109
L’agent est tenu de rejoindre son poste de travail à l’intérieur ou à l’extérieur du
territoire national, sauf dans le cas où, pour des raisons liées au service ou à la situation
personnelle de l’intéressé, l’autorité hiérarchique l’a autorisé à retarder son départ. Est
considéré comme ayant abandonné son poste de travail, l’agent qui ne se conforme pas à une
commission d’affectation.

Article 110
L’agent ne peut se livrer à aucune activité en opposition avec la Constitution et les
lois de la République, notamment celle qui vise l’aliénation de l’indépendance du pays, qui
porte atteinte à la souveraineté, qui met en danger la souveraineté ou la sécurité de l’Etat. Il
ne peut adhérer ni prêter son concours à un mouvement, un groupement, une organisation ou
une association ayant une activité de même nature, ni participer aux activités d’un parti ou
regroupement politique.

Article 111
L’agent est lié par l’obligation de discrétion absolue pour tous les faits dont il a
connaissance en raison de ses fonctions et qui présentent un caractère secret de par leur
nature ou de par les prescriptions de l’autorité hiérarchique. Cette obligation s’impose à
l’agent même après cessation définitive de ses services. L’agent peut toutefois, dans l’intérêt
du service, être délié de l’obligation pré mentionnée par autorisation expresse et particulière
de l’autorité administrative compétente.

Article 112
Tout détournement, toute soustraction, toute destruction ou toute communication
non autorisée de documents administratifs à des tiers sont formellement interdits.

Article 113
Il est interdit à l’agent de se prononcer sur toute affaire au traitement et à la
solution de laquelle il a un intérêt personnel ou à laquelle son conjoint, parent ou allié a un
intérêt.

Article 114
Aucune mesure ou décision administrative prise par l’agent ou à son encontre ne
peut être dictée par des considérations liées à sa religion, à son origine familiale, à sa
condition sociale, à sa résidence, à ses opinions ou à son appartenance à une race, une
ethnie, une tribu, une minorité culturelle ou linguistique.

CHAPITRE 3 : DES INCOMPATIBILITES


Article 115
Est incompatible avec l’exercice de la fonction d’agent de carrière des services
publics de l’Etat :
1. Toute activité commerciale exercée soit par l’agent lui-même, soit par personne
interposée. Toutefois, lorsque le conjoint d’un agent exerce à titre professionnel une
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activité lucrative, déclaration en est faite par l’agent au service auprès duquel il est
affecté ;
2. Toute autre activité professionnelle, sauf dérogation accordée par le ministre ayant la
fonction publique dans ses attributions ;
3. Tout mandat ou service, même gratuit, dans les affaires privées à but lucratif, sauf
s’il s'agit de la tutelle des incapables ou de la gestion ou du contrôle d’entreprise au
nom de l’autorité publique. Néanmoins, l’agent peut être associé dans une société
dont les associés n’ont pas la qualité de commerçant, ou se livrer à une exploitation
agricole, agro-industrielle, artisanale, à l’élevage, à l’enseignement dans une
institution supérieure ou universitaire ou à la recherche.

Article 116
L’agent qui, intentionnellement, par négligence ou par imprudence, enfreint ses
devoirs professionnels ou se place dans un des cas d’incompatibilité prévus à l’article
précédent de la présente loi, est passible d’une sanction disciplinaire, indépendamment, le
cas échéant, des peines prévues par la loi.
TITRE V : DES AVANTAGES ACCORDES APRES LA CESSATION DEFINITIVE
DES SERVICES
CHAPITRE 1er : DE L’ALLOCATION DE FIN DE CARRIERE
Article 117
Tout agent qui, pour une cause autre que le décès, la démission d’office ou la
révocation, cesse définitivement ses services après avoir accompli une carrière de vingt-cinq
ans au moins, reçoit une allocation de fin de carrière. Le montant de l’allocation de fin de
carrière est égal à deux quarts, trois quarts ou quatre quarts du montant annuel du dernier
traitement d’activité selon que l’agent a accompli une carrière de moins de trente ans, de
trente ans à moins de trente-cinq ans ou de trente-cinq ans au moins. Tout agent licencié
reçoit également une allocation de fin de carrière dont le montant est égal au traitement de 1,
2 ou 3 mois selon que l’agent a accompli une carrière de 6 à 11 ans, de 12 à 17 ans ou de 18
à 24 ans. L’allocation de fin de carrière est exempte de toute imposition fiscale.

Article 118
Lorsque l’agent décède avant le paiement de l’allocation de fin de carrière, celle-ci
est soumise aux dispositions du Code de la famille relative aux successions.

CHAPITRE 2 : DE LA PENSION
Article 119
L’agent qui cesse définitivement ses services pour une cause autre que le décès, la
démission d’office ou la révocation, a droit d’une part, à une pension de retraite lorsqu’il a
accompli une carrière de vingt-cinq ans au moins, et d’autre part, à une promotion à titre
honorifique s’il a une ancienneté de trois ans au moins dans le même grade et s’il a obtenu la
mention supérieure ou égale à « Très bon » au cours de trois dernières années. Dans ce
dernier cas, il est admis à l’honorariat prévu à l’article 133 de la présente loi.

Article 120
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L’agent reconnu définitivement inapte au service et licencié pour inaptitude


physique a droit à une pension si l’inaptitude résulte : 1. d’une maladie professionnelle ou
d’un accident de travail quelle que soit la durée de la carrière de l’intéressé ; 2. d’une
maladie non professionnelle ou d’un accident autre qu’un accident de travail et si l’intéressé
compte au moins 10 ans de carrière. Toutefois, aucune pension n’est due si l’inaptitude
résulte d’un risque auquel l’agent s’est volontairement exposé ou si elle est imputable à son
refus ou à sa négligence de se soumettre à un traitement médical préventif. La réalité de
maladies ou d’infirmités, leur imputabilité au service, l’inaptitude définitive au service sont
appréciées par une commission médicale.

Article 121
L’agent et le service public dont il relève contribuent à un organisme public de
sécurité sociale. Le régime contributif est applicable à tous les services publics. Un Décret
du Premier ministre délibéré en Conseil des ministres crée l’organisme public de sécurité
sociale et détermine les conditions et modalités de contribution audit organisme.

CHAPITRE 3 : DES ALLOCATIONS FAMILIALES ET DES SOINS DE SANTE


Article 122
L’agent retraité perçoit les allocations familiales pour chacun des enfants à sa
charge, pour autant que ces derniers soient nés avant ou neuf mois après la cessation
définitive des services. Il reçoit, ainsi que les membres de sa famille, à charge de
l’organisme public prévu à l’article 121 ci-dessus, les soins visés à l’article 55 de la présente
loi.

Article 123
Le conjoint ayant à sa charge des orphelins encore célibataires de l’agent et
jouissant eux-mêmes d’une rente de survie, perçoit en plus de sa propre rente des allocations
familiales qui leur sont dues.

Article 124
Le conjoint et les orphelins jouissant d’une rente de survie reçoivent les soins de
santé visés à l’article 55 de la présente loi.

Article 125
L’octroi des avantages prévus aux articles 128 et 129 de la présente loi est
subordonné à la condition que les intéressés ne bénéficient pas de ces mêmes avantages en
vertu d’un autre régime de sécurité sociale relevant des services publics.

CHAPITRE 4 : DE LA RENTE DE SURVIE ET DE L’ALLOCATION DE DECES


Article 126
Le conjoint survivant de l’agent a droit à une rente viagère de survie si :
1. Le conjoint est décédé en cours de carrière ;
2. Le conjoint décédé était titulaire d’une pension de retraite ou d’inaptitude, à la
condition que le mariage ait précédé la cessation définitive des services.
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Toutefois, le conjoint conserve ce droit s’il a, à sa charge un enfant mineur,


créancier d’allocations familiales. Le montant de la rente du conjoint est égal à :
1. Vingt-cinq pourcent du montant annuel du dernier traitement d’activité de l’agent, si
celui-ci est décédé en cours de carrière ;
2. Cinquante pourcent de la pension de l’agent, si celui-ci est décédé étant retraité.

Article 127
L’orphelin d’un agent a droit à une rente d’orphelin jusqu’à l’âge de dix-huit ans.
Peut y prétendre :
1. L’enfant de l’agent, à condition qu’il soit né avant ou neuf mois après la cessation
définitive des services ;
2. L’enfant adopté légalement par l’agent, à condition que l’acte d’adoption ait précédé
la cessation définitive des services ;
3. L’enfant que le conjoint a retenu d’un précédent mariage, à condition que le mariage
avec l’agent qui a ouvert le droit à la rente d’orphelin ait été contracté avant la
cessation définitive des services et que l’enfant ait donné lieu à l’attribution
d’allocations familiales ;
4. L’enfant sous-tutelle de l’agent, à condition que la tutelle ait été déférée avant la
cessation définitive des services et que l’enfant ait donné lieu à l’attribution
d’allocations familiales. Par dérogation au premier alinéa, l’orphelin qui poursuit
normalement ses études, celui qui est en apprentissage non rémunéré, ou encore celui
qui, en raison de son état physique ou mentale, est dans l’impossibilité de pourvoir à
sa subsistance, a droit à la rente jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans.

Article 128
Le montant annuel de la rente d’orphelin par enfant est égal à :
1. Quatre pour cent du montant annuel du dernier traitement d’activité de l’agent si
celui-ci est décédé en cours de carrière ;
2. Dix pour cent de la pension de l’agent si celui-ci est décédé retraité.

Article 129
Le droit à la rente du conjoint survivant est incessible. Le conjoint qui se remarie
est déchu du droit à la rente.

Article 130
Lorsque le barème des traitements attachés aux grades des agents en activité de
service subit une augmentation générale, les rentes sont revues dans une proportion
identique.

Article 131
La rente est acquise par mois. Elle prend cours le premier jour du mois qui suit le
décès de l'agent. Elle n’est pas imposable.
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Article 132
Lorsqu’un agent décède en cours de carrière ; le veuf a droit à une allocation de
décès. Cette allocation n’est pas taxable. A défaut du conjoint, l’allocation de décès est
accordée par parts égales aux enfants entrant en ligne de compte pour l’octroi des allocations
familiales. Le montant de l’allocation de décès est égal aux deux douzièmes du montant
annuel du dernier traitement d’activité du défunt.

CHAPITRE 5 : DE L’HONORARIAT ET DE L’EMERITAT


Article 133
Tout agent de carrière des services publics de l’Etat qui aura accompli au moins
vingt-cinq ans de bons et loyaux services peut, à la fin de sa carrière, être autorisé à porter le
titre attaché à son dernier grade et à sa dernière fonction, à condition de justifier d’une
ancienneté de trois ans au moins dans le grade et dans la fonction et d’avoir obtenu une
cotation égale ou supérieure à « Très bon ». Dans ce cas, il est admis à l’honorariat.

Article 134
Tout Secrétaire général qui, après vingt-cinq ans de bons et loyaux services, aura
accompli une ancienneté d’au moins trois ans révolus dans le grade et justifié trois fois
d’une cotation égale ou supérieure à « Très bon », peut être admis à l’éméritat. Le Secrétaire
général émérite bénéficie, outre son dernier traitement, des mêmes avantages que le
Secrétaire ... général en fonction.

TITRE VI : DES ORGANES CONSULTATIFS


Article 135
Les organes consultatifs de la fonction publique sont : le Conseil supérieur de la
fonction publique ; le Conseil de discipline ; la commission administrative. Ils sont
composés à parité des représentants de l’administration d’une part, et des représentants des
agents syndiqués et non syndiqués d’autre part.

Article 136
Le Conseil supérieur de la fonction publique est un organe non permanent dont la
mission générale est de donner des avis sur toute question d’ordre général concernant la
fonction publique notamment l’avancement en grade et en échelon ainsi que le licenciement
pour inaptitude physique ou professionnelle. Il est saisi par le Premier ministre, à son
initiative ou sur proposition du ministre ayant la fonction publique dans ses attributions.

Article 137
Le Conseil de discipline émet des avis sur la sanction de révocation proposée à
charge d’un agent.

Article 138
Une Commission administrative est établie au sein de chaque ministère ou service
public. Elle a pour mission de donner un avis motivé sur : le recours introduit par l’agent à
charge duquel une sanction disciplinaire autre que le blâme est définitivement infligée ; le
recours introduit par l’agent contre l’appréciation du mérite ou de l’aptitude à l’avancement
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de grade proposé à son sujet ou contre l’avis de modification de cette proposition ; la requête
de l’agent en disponibilité qui sollicite son rappel en service. La Commission administrative
émet également l’avis sur le tableau d’avancement en grade.

Article 139
L’organisation et le fonctionnement du Conseil supérieur de la fonction publique,
du Conseil de discipline et de la Commission administrative sont fixés par un règlement
d’administration.
TITRE VII : DES DISPOSITIONS TRANSITOIRES, ABROGATOIRES ET
FINALES.
Article 140
Les règlements d’administration et les circulaires administratives prises en
application de la loi n°81/003 du 17 juillet 1981 portant statut du personnel de carrière des
services publics de l’Etat demeurent d’application pour autant qu’ils soient conformes à la
présente loi. Les dispositions des articles 9, 35, 66 alinéa 2 et 74 alinéa 3 de la présente loi
ne s’appliquent pas à la présente législature.

Article 141
Les dispositions du Titre V de la présente loi relative aux avantages accordés après
cessation définitive des services, à l’exception de ceux pris en charge par l’organisme public
prévu à l’article 121 de la présente loi, sont d’application en attendant l’adoption et la
promulgation de la loi portant sécurité sociale des agents de carrière des services publics.

Article 142
La Loi n°01/003 du 17 juillet 1981 portant statut des agents de carrière des services
publics de l’Etat ainsi que toutes les autres dispositions antérieures contraires à la présente
loi sont abrogées.

Article 143
La présente Loi entre en vigueur trente jours après sa publication au Journal
officiel.
Fait à Kinshasa, le 15 juillet 2016 Joseph
KABILA KABANGE
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DECRET-LOI N°017/2002 DU 3 OCTOBRE 2002 PORTANT CODE DE CONDUITE


DE L’AGENT PUBLIC DE L’ETAT
LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,
Vu, telle que modifié et complété à ce jour, le Décret-loi Constitutionnel n°003 du 27 mai
1997 relatif à l’organisation et à l’exercice du pouvoir en République Démocratique du
Congo, spécialement en ses articles 3 à 6, 11, 13, 19, 20, 32, 36 et 38 ;
Vu, telle que modifié et complété à ce jour, l’Ordonnance-Loi n°67/310 du 09 août 1967
portant Code du Travail, spécialement en ses articles 39 à 42, 60 et 61 ;
Vu le Code Pénal Congolais, telle que modifié et complété par la Loi n°73-017 du 5 janvier
1973 et l’Ordonnance-Loi n°86-031 du 5 avril 1986, spécialement la Section II du Livre II
ainsi que les Sections VI et VII du Titre IV du Livre II ;
Vu, telle que modifié et complété à ce jour, la Loi n°78-002 du 6 janvier 1978 portant
dispositions générales applicables aux Entreprises Publiques, notamment en ses articles 5, 6,
10, 11, 17, 18, 20, 21, 26, 27, 30, 32 à 39 et 41 à 43 ;
Vu, telle que modifié et complété à ce jour, la Loi n°81-003 du 17 juillet 1981 portant Statut
du Personnel de Carrière des Services Publics de l’Etat ;
Vu, telle que modifié et complété à ce jour, la Loi Financière n°83-003 du 23 février 1983,
spécialement en ses articles 33 à 40 ;
Vu, telle que modifié et complété à ce jour, la Loi-cadre n°86-005 du 22 septembre 1986 de
l’Enseignement National, Spécialement en son article 13 ;
Vu, l’Ordonnance-Loi n°87/310 du 22 juillet 1987 portant Statuts des Magistrats de la Cour
des Comptes ;
Vu le Décret-loi n°082 du 2 juillet 1998 portant Statut des Autorités chargées de
l’Administration des Circonscriptions Territoriales ;
Vu, l’Ordonnance n°81-067 du 7 mai 1981 portant Règlement d’Administration relatif à la
discipline ;
Vu, telle que modifié et complété à ce jour, l’Ordonnance-loi n°81-160 du 07 octobre 1981
portant Statut du Personnel de l’Enseignement Supérieur et Universitaire ;
Vu, telle que modifié et complété à ce jour, l’Ordonnance n°86-202 du 17 juillet 1986
portant Statut des Présidents Délégués Généraux et des Délégués Généraux Adjoints des
Entreprises Publiques ;
Vu le Décret-loi n°028/2002 du 12 mars 2002 portant organisation et fonctionnement du
Gouvernement ;
Vu le Décret-loi n°029/2002 du 12 mars 2002 portant organisation et fonctionnement des
Cabinets des Ministères ;
Vu le Règlement Intérieur de l’Assemblée Constituante et Législative, Parlement de
Transition du 3 novembre 2000 ;
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Considérant la nécessité de doter la République Démocratique du Congo d’un Code de


Conduite de l’Agent Public de l’Etat.

TITRE 1er : DES DISPOSITIONS GENERALES CHAPITRE 1er : DES


DEFINITIONS DES TERMES
Article 1er
Au sens du présent Code, on entend par :
« Agent public de l’Etat » : toute personne qui exerce une activité publique de
l’Etat et/ou rémunérée par ce dernier.
Sont agents publics de l’Etat, notamment : le Président de la République, chef de
l’Etat ; les membres du Parlement ; les membres du Gouvernement ; les magistrats des
Cours et tribunaux ; les ambassadeurs et envoyés extraordinaires ; les autorités chargées de
l’administration des circonscriptions territoriales et les membres des Assemblées des entités
administratives décentralisées ; le personnel politique et administratif des services de la
Présidence de la République ; le personnel politique et administratif de l’Administration du
Parlement ; le personnel politique et administratif des Cabinets des ministères ; les agents de
l’administration de tous les ministères ; les magistrats et le personnel administratif de la
Cours de comptes ; le personnel de l’administration des services de sécurité ; le personnel
civil et militaire œuvrant au sein des forces armées congolaises ; les agents de la Police
nationale congolaise ; les mandataires actifs et non actifs dans les institutions de droit public,
les entreprises publiques et organismes ainsi que les entreprises d’économie mixte ; le
personnel des institutions de droit public, des entreprises publiques et des organismes
publics personnalisés ; les employés des entreprises privées ou d’économie mixte exerçant
une activité publique pour le compte de l’Etat.
« Compétence professionnelle » : l’aptitude d’un agent public de l’Etat à accomplir
personnellement et consciencieusement toutes les obligations qui, en vertu de ses fonctions
ou de son mandat, sont imposées par les lois et règlements.
« Ethique professionnelle » : l’ensemble des valeurs morales et des principes
déontologiques qui guident le comportement, les attitudes et les agissements de l’agent
public de l’Etat dans l’exercice de ses fonctions ou de son mandat.

CHAPITRE II. DE L’OBJET DU CHAMP D’APPLICATION


Article 2
Le présent Code a pour objet : de préciser les règles de conduite en matière
d’intégrité morale et d’éthique professionnelle ; d’aider l’agent public de l’Etat à respecter
ces règles ; de favoriser l’amour du travail et la bonne gestion de la chose publique ; de lutter
contre les antivaleurs dans les milieux socio- professionnels.

Article 3
Le présent Code s’applique à tout agent public de l’Etat tel que défini à l’article 1er
ci- dessus, sans préjudice des dispositions constitutionnelles ainsi que des dispositions
particulières des Codes, statuts, règlements d’administration ou conventions collectives en
vigueur.
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TITRE II : DES REGLES DE CONDUITE DE L’AGENT PUBLIC DE L’ETAT


CHAPITRE 1er DES VALEURS DE REFERENCE DE L’AGENT PUBLIC DE
L’ETAT
Article 4
Les valeurs de référence de l’agent public de l’Etat reposent sur la compétence et
l’éthique professionnelle telles que définies à l’article 1er ci-dessus.

Article 5
La compétence professionnelle se traduit, dans le chef de l’agent public de l’Etat,
par la connaissance, la maîtrise, le bon accomplissement de ses fonctions et par l’effort
constant fourni pour améliorer la qualité de ses services.

Article 6
Le sens d’éthique professionnelle de l’agent public de l’Etat doit se témoigner
notamment par le dévouement, la ponctualité, la rigueur, la responsabilité, l’honnêteté,
l’intégrité, l’équité, la dignité, l’impartialité, la loyauté, le civisme, la courtoisie et le devoir
de réserve dans ses relations aussi bien avec ses supérieurs, ses collègues et ses
collaborateurs qu’avec le public.

CHAPITRE II : DES DEVOIRS DE L’AGENT PUBLIC DE L’ETAT


Article 7
L’agent public de l’Etat ayant des responsabilités en matière de recrutement, de
nomination ou de promotion doit veiller à ce que les vérifications appropriées de l’intégrité
morale du candidat soient effectuées conformément à la loi.
En cas de doute sur une situation donnée, il doit requérir l’avis de son supérieur
hiérarchique.

Article 8
A son entrée en fonction, l’agent public de l’Etat doit prendre connaissance du
présent code et le responsable du service de recrutement doit s’assurer que celui-ci l’a lu et
compris et s’est engagé par écrit à s’y conformer.

Article 9
L’agent public de l’Etat doit :
Se comporter, tant dans sa vie publique que privée, de manière à préserver et à renforcer la
confiance du public envers l’Etat et à améliorer son image de marque ;

 S’abstenir de tout acte d’improbité et immoral susceptible de compromettre


l’honneur et la dignité de ses fonctions, notamment l’ivrognerie, le vagabondage
sexuel, l’escroquerie, le vol, le mensonge, la corruption, la concussion ;
 S’acquitter de ses devoirs dans le respect strict des lois et règlement, des instructions
et des règles déontologiques relatives à ses fonctions ;
 Éviter, dans l’exercice de ses fonctions, de faire obstruction à la mise en œuvre des
politiques, des décisions ou des actions des pouvoirs publics ;
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 Procéder, à son entrée en fonction, annuellement, durant l’exercice et au terme de sa


carrière ou de son mandat, à la déclaration de ses avoirs et dettes personnelles et de
ceux de sa famille immédiate auprès de l’organe compétent de l’observatoire du
Code d’éthique professionnelle ; par famille immédiate, on entend le ménage tel que
défini par l’article 443 du Code de la famille ;
 Déclarer son affiliation à des organisations ou à des associations
extraprofessionnelles de son choix.

Article 10
En raison de sa position ou de la nature de ses fonctions, l’agent public de l’Etat
est tenu de se conformer à toute restriction imposée par la loi en ce qui concerne l’exercice
d’une activité politique.

Article 11
Il est interdit à l’agent public de l’Etat se prononcer sur toute affaire au traitement
et à la solution de laquelle il a directement ou indirectement un intérêt personnel.

Article 12
En cas de conflit d’intérêts, l’agent public de l’Etat doit :

 Informer ses supérieurs hiérarchiques de l’existence d’un tel conflit ;


 Eviter toute forme d’incompatibilité ;
 Mettre fin à la transaction ou à l’activité susceptible de donner lieu à un tel conflit ou
de l’entretenir ;
 Renoncer, le cas échéant, à ses responsabilités d’agent public de l’Etat.

Article 13
Dans son domaine de compétence, l’agent public de l’Etat a le devoir de fournir au
public les informations qui lui sont destinées. Celles-ci ne doivent pas faire l’objet de
monnayage.
Il lui est cependant interdit de porter atteinte au secret professionnel tel que prévu à
l’article 73 du Code pénal, livre III.

Article 14
En cours comme après sa carrière ou son mandat, l’agent public de l’Etat a
l’obligation de ne pas divulguer le secret professionnel.

Article 15
Dans l’exercice de ses fonctions, l’agent public de l’Etat doit éviter de faire usage
abusif des ressources publiques tant matérielles que financières.
Il ne peut utiliser les biens publics pour des fins personnelles que s’il obtient une
autorisation légale écrite.
Il doit se garder de la destruction ou de la subtilisation des documents, dossiers ou
archives.

Article 16
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L’agent public de l’Etat doit s’abstenir de toute pratique contraire à la morale et à


l’éthique professionnelle :

 La corruption, la concussion, le détournement de la main-d’œuvre, des biens et


derniers publics, le favoritisme, le népotisme et le trafic d’influence ;
 L’ordonnance ou la perception, à titre des droits, taxes, contributions, redevances,
salaires, primes, des sommes qui ne sont pas dues ou excédant ce qui est dû en vertu
de la législation ou de la réglementation en vigueur ;
 L’établissement ou l’usage de faux documents ou de toute manœuvre frauduleuse pour
se procurer à soi-même ou à un tiers des avantages illicites ou pour priver un ayant
droit de son dû ;
 Les atteintes à la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat et à la souveraineté
nationale ;
 L’adhésion ou la participation à un groupement ou à une organisation dont l’activité
poursuit la destruction de l’indépendance nationale, porte atteinte à la souveraineté
nationale et met en danger la défense du pays ;
 Le port des armes contre le pays, la facilitation de l’entrée du territoire national aux
ennemis.

Article 17
L’agent public de l’Etat doit s’interdire de solliciter, de réclamer, d’accepter ou de
recevoir ou d’offrir un don, un cadeau ou tout autre avantage en nature ou en espèces pour
s’acquitter ou s’abstenir de ses fonctions, mandat ou obligations professionnelles.

Article 18
L’agent public de l’Etat qui est exposé à des tentatives de corruption ou qui en est
témoin à l’obligation d’en informer immédiatement par écrit son supérieur hiérarchique et,
le cas échéant, saisir directement l’autorité compétente en matière disciplinaire et/ou pénale.
L’agent public de l’Etat exposé aux tentatives de corruption doit prendre les
mesures suivantes :

- Refuser l’avantage indu ;


- Chercher à identifier la personne qui a fait l’offre ;
- Eviter des contacts prolongés avec la personne susmentionnée ;
- Essayer d’avoir des témoins, par exemple des collègues travaillant à proximité ;
- Continuer à travailler normalement.

Article 19
L’agent public de l’Etat est tenu à la courtoisie dans son langage, ses écrits et à tous
ses actes.
Il doit faire preuve de sincérité, d’honorabilité, de civilité et de bonne tenue.
Il doit s’abstenir des menaces, injures, intimidations, harcèlement sexuel ou moral
et d’autres formes de violence.
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Article 20
L’agent public de l’Etat doit faire preuve d’une grande disponibilité vis-à-vis de sa
hiérarchie et du public.

Article 21
L’agent public de l’Etat a le devoir d’encadrer ses collaborateurs pour assurer leur
promotion et la continuité des services publics.

Article 22
L’agent public de l’Etat doit éviter, dans l’exercice de ses fonctions, toute
discrimination fondée sur l’origine, la race, le sexe, la religion, l’ethnie, les convictions
politiques ou philosophiques, ou d’autres considérations liées à la personne.
Il ne doit pas réserver aux anciens agents publics de l’Etat un traitement préférentiel
ni un accès privilégié aux services de l’administration.
Il doit toujours faire preuve, en toute circonstance, d’objectivité, d’impartialité et de
loyauté envers sa hiérarchie.

Article 23
L’agent public de l’Etat doit s’interdire d’exercer soit par lui-même, soit par
personne interposée toute activité commerciale, activité professionnelle, mandat ou service
rémunéré ou même gratuit incompatibilité avec ses fonctions ou son mandat en vertu des
dispositions particulières du Code, des statuts, du règlement d’administration ou de la
convention collective auxquels il est soumis.

TITRE III : DE LA PROTECTION DE L’AGENT


Article 24
L’agent public de l’Etat a droit, conformément aux règles fixées par le Code pénal
et les lois spéciales, à une protection contre les menaces, injures ou diffamations dont il peut
être l’objet dans l’exercice de ses fonctions ou de son mandat.
L’Etat est tenu de protéger l’agent public contre les menaces et attaques de quelque
nature que ce soit dont il a plu être l’objet de réparer, le cas échéant, le préjudice subi. Il se
subroge aux droits de l’agent public victime pour obtenir de l’auteur des menaces ou
attaques la restitution des sommes versées à l’agent public.

Article 25
Selon leurs moyens financiers, les organismes publics personnalités ainsi que les
entreprises publiques ou d’économie mixte doivent assurer aux agents publics de l’Etat
œuvrant en leur sein une rémunération équitable afin de leur permettre de bien s’acquitter de
leurs obligations professionnelles.
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TITRE IV : DE LA PROMOTION ET DU CONTROLE DES PRATIQUES DE


L’ETHIQUE PROFESSIONNELLE
Article 26
L’Etat ainsi que les entreprises ou organismes publics doivent entreprendre des
actions de formation et de sensibilisation des agents publics de l’Etat en matière d’éthique
professionnelle et mettre en œuvre les mesures adéquates devant permettre au public de
dénoncer tout manquement, par un agent public, aux devoirs de son état, à l’honneur et à la
dignité de ses fonctions ou de son mandat.

Article 27
A l’entrée en vigueur de ce Code, les responsables des différents services sont tenus
d’organiser à l’intention des agents publics de l’Etat en activité de service des séances
d’explication du présent code.
Le service ayant dans ses attributions le recrutement et la promotion doit expliquer
à l’agent public de l’Etat les dispositions du présent code et le mettre à sa disposition.

Article 28
Il est institué un observatoire du Code d’éthique professionnelle, en sigle « OCEP
».
L’observatoire du Code d’éthique professionnelle a pour mission :

 D’assurer dans les milieux professionnels et auprès du public la promotion, la diffusion,


la vulgarisation et le suivi du présent Code ;
 De veiller à tout instant, à la bonne application du Code et proposer aux autorités
compétentes les mesures appropriées pour prévenir et sanctionner les violations des
dispositions du Code ;
 De publier un rapport annuel sur l’application et l’efficacité du présent Code.
Un décret du Président de la République fixe la composition, l’organisation et les
modalités de fonctionnement de l’observatoire du Code d’éthique professionnelle.

TITRE V : DU REGIME DISCIPLINAIRE


Article 29
L’agent public de l’Etat qui, intentionnellement, par négligence ou imprudence,
enfreint ses devoirs professionnels ou se place dans un cas d’incompatibilité est passible
d’une sanction disciplinaire conformément aux disposition du Code, des statuts, du
règlement d’administration ou de la convention collective auxquels il est soumis,
indépendamment, des peines prévues par le Code pénal congolais.

Article 30
Sous peine des sanctions disciplinaires et/ou pénales prévues par la loi, tout agent
public de l’Etat investi, à un degré quelconque, du pouvoir disciplinaire a qualité pour ouvrir
d’office ou sur réquisition de ses supérieurs hiérarchiques ou de l’observatoire du Code
d’éthique professionnelle, l’action disciplinaire à charge d’un agent public de l’Etat placé
sous son autorité ou ses ordres.
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Article 31
Toute action disciplinaire à charge d’un agent public de l’Etat doit être ouverte et
clôturée dans les délais requis et suivant la procédure disciplinaire définie par les lois et
règlements en vigueur en la matière.

Article 32
L’action disciplinaire demeure distincte et indépendante de l’action répressive à
laquelle peuvent donner lieu les mêmes faits commis par l’agent public de l’Etat.
L’action judiciaire n’est pas suspensive de l’action disciplinaire.
Tout agent public de l’Etat qui est condamné définitivement à une peine de
servitude pénale égale ou supérieure à trois mois doit être révoqué d’office sur simple
constatation de la condamnation.

TITRE VI : DES DISPOSITIONS FINALES


Article 33
Le présent décret-loi entre en vigueur à la date de sa signature.

Fait à Kinshasa, le 3 octobre 2002


Joseph KABILA KABANGE
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TEXTES RELATIFS AU CONTROLE

LOI ORGANIQUE N°16-027 DU 15 OCTOBRE 2016 PORTANT ORGANISATION,


COMPETENCE ET FONCTIONNEMENT DES JURIDICTIONS DE L’ORDRE
ADMINISTRATIF

Exposé des motifs


La Constitution du 18 février 2006 institue une Cour constitutionnelle, un ordre de
juridictions judiciaires et un ordre de juridictions administratives. La Cour constitutionnelle
et l’ordre de juridictions judiciaires sont régis respectivement par la loi organique 13-026 du
15 octobre 2013 et la loi organique 13-011-B du 11 avril 2013, en vertu des articles 153 et
169 de la Constitution.
Prévue par l’article 155 de la Constitution, la présente loi organique vient compléter
l’arsenal législatif en matière d’organisation du pouvoir judiciaire en République
démocratique du Congo. Elle réforme le système judiciaire porté par l’ordonnance- loi 82-
017 du 31 mars 1982 relative à la procédure devant la Cour suprême de justice et
l’ordonnance-loi 82-020 du 31 mars 1982 portant Code de l’organisation et de la compétente
judiciaires, en ce qu’elle crée des juridictions administratives autonomes, parmi lesquelles
les Tribunaux administratifs, chargées de connaître des litiges en matière administrative.
Aux termes de la présente loi organique, les juridictions de l’ordre administratif
sont constituées, d’une part, des juridictions administratives de droit commun, régies par la
présente loi organique, à savoir le Conseil d’État, les Cours administratives d’appel et les
Tribunaux administratifs et, d’autre part, des juridictions administratives spécialisées, dont
la Cour des comptes, les juridictions disciplinaires des administrations publiques ou des
ordres professionnels, régies par des lois particulières visées à l’article 149 alinéa 6 de la
Constitution.
La présente loi organique consacre les options, tirées de l’expérience du droit
congolais et du droit comparé. Il s’agit de :
1. L’élargissement de la notion du requérant devant les juridictions de l’ordre
administratif, laquelle se rapporte aussi bien aux particuliers, personnes physiques ou
morales, qu’aux personnes morales de droit public du pouvoir central, des provinces
et des entités territoriales décentralisées, comme conséquence de l’option du
régionalisme constitutionnel et politique levée par la Constitution du 18 février 2006
telle que modifiée à ce jour ;
2. Le rattachement des juridictions administratives spécialisées aux juridictions de
l’ordre administratif de droit commun par le biais, soit de l’appel, lorsque ce degré
n’y est pas organisé, soit de la cassation, comme conséquence de la
constitutionnalisation de la garantie des droits de la défense ;
3. L’institution des sections consultatives à tous les niveaux des juridictions de l’ordre
administratif afin de rapprocher la fonction consultative de ces juridictions des
autorités des administrations actives ;
4. L’élargissement du contentieux de la réparation pour dommage exceptionnel aux
mesures prises ou ordonnées par les autorités tant du pouvoir central, des provinces
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que des entités territoriales décentralisées, en ce compris les organismes publics


placés sous leur tutelle ;
5. La reconnaissance de la compétence de principe au Tribunal administratif en matière
de contrats de droit public (marchés et travaux publics, réquisitions et expropriations
pour cause d’utilité publique...), du contentieux fiscal et des litiges relatifs aux
questions pécuniaires intéressant les agents publics ;
6. L’affirmation de la compétence de principe des juridictions de l’ordre administratif
en matière du contentieux électoral autre que les élections présidentielle et
législatives nationales, relevant de la compétence de la Cour constitutionnelle ;
7. L’organisation des procédures spéciales devant le Conseil d’État, à savoir la
cassation et la révision ;
8. L’introduction de l’astreinte comme une pénalité financière requise pour obliger
l’État et toute autre personne morale de droit public ainsi que tout organisme de droit
privé chargé de la gestion d’un service public à s’exécuter, en contrepartie de
l’indisponibilité des biens de l’État ;
9. L’ouverture, devant toute juridiction administrative, de la procédure de médiation ou
de conciliation, avant de statuer au fond d’un litige ;
10. L’organisation d’une procédure de référé en cas d’urgence, dont le référé-liberté qui
permet, dans un délai maximum de 48 heures, de faire cesser les atteintes aux droits
et aux libertés publiques ;
11. L’ouverture d’une action pour l’intérêt général ou communautaire pouvant être
intentée collectivement pour parer à l’incapacité de certains groupes sociaux isolés
d’agir en justice pour la défense de leurs intérêts face à l’action administrative ;
12. La mise en place d’une procédure de filtrage des requêtes, laquelle permet, dès le
seuil de l’action, d’écarter, avec la garantie d’un recours pour le justiciable, les
recours manifestement irrecevables ou infondés ou ceux qui ne relèvent pas de
manière évidente de la compétence des juridictions de l’ordre administratif.
L’architecture de la présente Loi organique comporte sept titres ci-après :

Titre Ier : Des dispositions générales ;


Titre II : De l’organisation et du fonctionnement des juridictions de l’ordre
administratif ;
Titre III : De la compétence des juridictions de l’ordre administratif ;
Titre IV : De la procédure devant les juridictions de l’ordre administratif ;
Titre Ier. DES DISPOSITIONS GÉNÉRALES
Article 1er
La présente loi organique fixe les règles relatives à l’organisation, à la compétence
et au fonctionnement des juridictions de l’ordre administratif.

Article. 2.
L’ordre des juridictions de droit commun et des juridictions spécialisées.
Les juridictions de droit commun sont le Conseil d’État, les Cours administratives
d’appel et les Tribunaux administratifs.
Elles sont régies par la présente loi organique.
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Les juridictions spécialisées de l’ordre administratif, non visées par la présente loi
organique, sont créées et organisées en vertu des dispositions de l’article 149 alinéa 6 de la
Constitution.
Le Conseil d’État est la plus haute juridiction de l’ordre administratif.

Article 3
Toutes les juridictions administratives exercent les compétences contentieuses leur
dévolues par la Constitution et la présente loi organique.
Elles exercent également en vertu de la présente loi organique, outre la compétence
d’avis, une mission de conciliation et de médiation.

Article 4.
L’instruction des dossiers est contradictoire.
Elle tient compte, s’il y a lieu, des nécessités de l’urgence.

Article 5.
Les débats ont lieu en audience publique, sauf s’il en est ordonné autrement par la
juridiction, conformément aux dispositions de la présente loi organique.

Article 6.
Le délibéré des juges est secret.
Les arrêts et les jugements sont motivés.
Ils sont prononcés en audience publique.
Ils mentionnent les noms des juges qui les ont rendus.
Ils sont exécutoires.

Article 7.
Les requêtes devant les juridictions de l’ordre administratif n’ont pas d’effet
suspensif, sauf s’il en est expressément ordonné par la juridiction saisie à cet effet,
conformément aux dispositions de la présente loi organique.

Article 8.
Les arrêts et les jugements sont rendus en formation collégiale, sauf si la présente
loi organique en dispose autrement.
Article 9.
Les arrêts, les jugements et les ordonnances sont rendus au nom du peuple
congolais.
Ils sont exécutés au nom du président de la République.
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Titre II DE L’ORGANISATION ET DU FONCTIONNEMENT DES JURIDICTIONS


DE L’ORDRE ADMINISTRATIF
Chapitre Ier DE L’ORGANISATION
Section 1re Des dispositions générales
Article 10.
Les Cours administratives d’appel et les Tribunaux administratifs sont désignés
sous le nom du lieu où ils ont leurs sièges.
Les magistrats des Cours administratives d’appel et des Tribunaux administratifs
exercent leurs fonctions au sein de ces juridictions.

Article 11.
Le Conseil d’État et les Cours administratives d’appel ont le droit de surveillance et
d’inspection sur les juridictions inférieures de leur ressort respectif.
La surveillance est exercée par le chef de juridiction ou par son remplaçant.
Le chef de juridiction effectue chaque année au moins une itinérance au siège des
juridictions inférieures de son ressort.
L’itinérance ne peut empêcher le fonctionnement de la juridiction au siège
ordinaire.
Titre V : Des procédures spéciales communes aux juridictions de l’ordre administratif
;
Titre VI : Des procédures applicables devant le Conseil d’État ;
Titre VII : Des dispositions transitoires et finales.
Telle est l’économie générale de la présente loi organique.
Loi
L’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté ;
La Cour constitutionnelle a statué ;
Le président de la République promulgue la loi organique dont la teneur suit :

Titre Ier
DES DISPOSITIONS GÉNÉRALES
Art. 1er.
La présente loi organique fixe les règles relatives à l’organisation, à la compétence et au
fonctionnement des juridictions de l’ordre administratif.
Art. 2.
L’ordre des juridictions de droit commun et des juridictions spécialisées.
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Les juridictions de droit commun sont le Conseil d’État, les Cours administratives d’appel et
les Tribunaux administratifs.
Elles sont régies par la présente loi organique.
Les juridictions spécialisées de l’ordre administratif, non visées par la présente loi
organique, sont créées et organisées en vertu des dispositions de l’article 149 alinéas 6 de la
Constitution.
Le Conseil d’État est la plus haute juridiction de l’ordre administratif.
Art. 3.
Toutes les juridictions administratives exercent les compétences contentieuses leur dévolues
par la Constitution et la présente loi organique.
Elles exercent également en vertu de la présente loi organique, outre la compétence d’avis,
une mission de conciliation et de médiation.
Art. 4.
L’instruction des dossiers est contradictoire.
Elle tient compte, s’il y a lieu, des nécessités de l’urgence.
Art. 5.
Les débats ont lieu en audience publique, sauf s’il en est ordonné autrement par la
juridiction, conformément aux dispositions de la présente loi organique.
Art. 6.
Le délibéré des juges est secret. Les arrêts et les jugements sont motivés.
Ils sont prononcés en audience publique.
Ils mentionnent les noms des juges qui les ont rendus.
Ils sont exécutoires.
Art. 7.
Les requêtes devant les juridictions de l’ordre administratif n’ont pas d’effet suspensif, sauf
s’il en est expressément ordonné par la juridiction saisie à cet effet, conformément aux
dispositions de la présente loi organique.
Art. 8.
Les arrêts et les jugements sont rendus en formation collégiale, sauf si la présente loi
organique en dispose autrement.
Art. 9.
Les arrêts, les jugements et les ordonnances sont rendus au nom du peuple congolais.
Ils sont exécutés au nom du président de la République.
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Titre II
DE L’ORGANISATION ET DU FONCTIONNEMENT DES JURIDICTIONS DE
L’ORDRE ADMINISTRATIF
Chapitre Ier
DE L’ORGANISATION
Section 1re
Des dispositions générales
Art. 10. Les Cours administratives d’appel et les Tribunaux administratifs sont désignés
sous le nom du lieu où ils ont leurs sièges.
Les magistrats des Cours administratives d’appel et des Tribunaux administratifs exercent
leurs fonctions au sein de ces juridictions.
Art. 11.
Le Conseil d’État et les Cours administratives d’appel ont le droit de surveillance et
d’inspection sur les juridictions inférieures de leur ressort respectif.
La surveillance est exercée par le chef de juridiction ou par son remplaçant.
Le chef de juridiction effectue chaque année au moins une itinérance au siège des
juridictions inférieures de son ressort.
L’itinérance ne peut empêcher le fonctionnement de la juridiction au siège ordinaire.
Art. 12.
Si elles l’estiment nécessaire pour la bonne administration de la justice, les juridictions
administratives peuvent tenir des audiences foraines en dehors de leurs sièges respectifs.
Art. 13.
Sauf pour le Conseil d’État, le ministre ayant la justice dans ses attributions peut établir,
pour toutes les juridictions, des sièges secondaires dans la même localité ou les localités de
leurs ressorts autres que celles où sont établis leurs sièges ordinaires.
Art. 14.
Toute personne appelée à remplir les fonctions de greffier ou d’huissier prête verbalement
ou par écrit, avant d’entrer en fonction, entre les mains du magistrat qui l’a désignée ou
assumée, le serment suivant: « Je jure de remplir fidèlement et loyalement les fonctions qui
me sont confiées ».

Section 2
Du siège
Art. 15.
Le chef de juridiction veille au bon fonctionnement des services de sa juridiction.
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Chaque année, s’il y a lieu, il procède à l’établissement du tableau des experts près sa
juridiction.
Art. 16.
Le premier président du Conseil d’État communique, directement, avec les chefs des autres
juridictions, avec ceux des juridictions de l’ordre judicaire ou avec ceux de la Cour
constitutionnelle pour les questions concernant sa juridiction. Il communique également
avec les autorités administratives pour les mêmes questions.
Le premier président de la Cour administrative d’appel et le président du Tribunal
administratif communiquent, sous le couvert de leur hiérarchie, avec les chefs des autres
juridictions, avec ceux des juridictions de l’ordre judiciaire ou de la Cour constitutionnelle
pour les questions concernant leur juridiction. Il ne communique avec les autorités
administratives que pour les mêmes questions et sous le même couvert.
Art. 17.
L’ordre de préséance et de l’ancienneté dans chaque grade au sein des juridictions de l’ordre
administratif est déterminé conformément au statut des magistrats.
Art. 18.
La composition du siège est décidée par le chef de la juridiction.
Chaque année, avant la rentrée judiciaire, le chef de chaque juridiction adresse au bureau du
Conseil d’État un rapport relatif au fonctionnement des services de sa juridiction pendant
l’année écoulée. Ce rapport comprend notamment les statistiques des affaires jugées et en
instance.
Le chef de la juridiction joint à ce rapport toutes observations utiles.
Art. 19.
Dans le délibéré, le juge le moins ancien ou du rang le moins élevé donne son avis le
premier; le président de la chambre donne le sien en dernier lieu.
Art. 20.
Les décisions sont prises à la majorité des voix de ses membres.
S’il se forme plus de deux opinions dans le délibéré, le juge le moins ancien ou du rang le
moins élevé est tenu de se rallier à l’une des deux autres opinions.
Art. 21.
Le service d’ordre intérieur est réglé par ordonnance du chef de la juridiction.
Il en est de même du service d’ordre intérieur du greffe et de la tenue des registres.
Art. 22.
Le juge qui préside l’audience en assure la police et la direction des débats.
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Section 3
Des vacances et de la rentrée judiciaire
Art. 23.
Le Conseil d’État, les Cours administratives d’appel et les Tribunaux administratifs
prennent, chaque année, des vacances qui sont mises à profit pour des congés de
reconstitution de leurs magistrats et de leur personnel. Elles commencent le 15 août et se
terminent le 15 octobre.
Il n’est tenu, au cours des vacances, que les audiences strictement nécessaires pour le
jugement des causes déclarées urgentes par les chefs des juridictions ou pour le prononcé
des arrêts et jugements en état.
Art. 24.
Le 30 octobre de chaque année, le Conseil d’État se réunit en audience solennelle et
publique au cours de laquelle le premier président prononce un discours, le procureur
général une mercuriale et le bâtonnier du Barreau près le Conseil d’État une allocution.
Il est tenu une audience similaire devant chaque Cour administrative d’appel le 15 novembre
de chaque année.

Section 4
Du personnel
Art. 25.
Le personnel des juridictions de l’ordre administratif comprend les magistrats, les agents des
greffes et ceux des secrétariats des parquets ainsi que les huissiers.

§ 1er
Des magistrats
Art. 26.
Sont magistrats des juridictions de l’ordre administratif:
1. le premier président, les présidents et les conseillers du Conseil d’État; le premier
président, les présidents et les conseillers des Cours administratives d’appel ainsi que les
présidents et les juges des Tribunaux administratifs; ils sont magistrats du siège;
2. le procureur général, les premiers avocats généraux, les avocats généraux près le Conseil
d’État; les procureurs généraux, les avocats généraux et les substituts du procureur général
près les Cours administratives d’appel ainsi que les procureurs de la République, les
premiers substituts et les substituts du procureur de la République près les Tribunaux
administratifs; ils sont magistrats du Ministère public.
Tous sont régis par le statut des magistrats.
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§2
Des greffiers et des huissiers
Art. 27.
Sont agents des juridictions de l’ordre administratif, les fonctionnaires et agents
administratifs des greffes, des secrétariats de parquets et les huissiers.
Ils sont tous régis par le statut du personnel de carrière des services publics de l’État.
Art. 28.
Le greffier assiste le juge dans les actes et procès-verbaux de son ministère; il les signe avec
lui.
Si un acte ou un jugement ne peut être signé par le greffier qui y a concouru, le juge signe
seul après en avoir fait constater l’impossibilité par un autre greffier.
Art. 29.
Le greffier écrit ce qui est prononcé ou dicté par le juge et dresse acte de diverses formalités
dont l’accomplissement doit être constaté.
Il conserve les minutes, registres et tous actes afférents à la juridiction près laquelle il est
établi.
Il délivre les grosses, expéditions et extraits des jugements ou d’ordonnances.
Art. 30.
En cas d’absence ou d’empêchement, le greffier est remplacé par un de ses adjoints ou, à
défaut, par toute personne majeure assumée par le juge.
Art. 31.
Les huissiers sont chargés du service intérieur des juridictions administratives et de la
signification des exploits.
Les chefs des juridictions administratives désignent les huissiers parmi les agents des
services publics de l’État mis à leur disposition.
Les présidents des Tribunaux administratifs peuvent désigner des huissiers suppléants parmi
les agents administratifs des services publics de leur ressort; ces derniers ne peuvent être
chargés du service intérieur des tribunaux.

§3
Du Ministère public
Art. 32.
Il est institué un parquet près chaque juridiction de l’ordre administratif.
Art. 33.
Le Ministère public intervient par voie d’avis.
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Il intervient par voie d’action dans les cas de renvoi pour cause de sûreté publique, de
révision et de pourvoi dans l’intérêt de la loi.
Il ne prend pas part au délibéré.
Art. 34.
Dans l’exercice de sa mission, l’officier du Ministère public expose publiquement et en toute
indépendance son opinion sur les questions que les requêtes présentent à juger et les
solutions qu’elles appellent.
Art. 35.
Le Ministère public remplit les devoirs de son office auprès des juridictions établies dans
son ressort.
Art. 36.
Le Parquet général près le Conseil d’État est constitué d’un procureur général près le
Conseil d’État, assisté d’un ou de plusieurs premiers avocats généraux et d’un ou de
plusieurs avocats généraux.
Le procureur général près le Conseil d’État exerce les fonctions du Ministère public près
cette juridiction. Les premiers avocats généraux et les avocats généraux exercent les
fonctions du Ministère public sous sa surveillance et sa direction.
Le procureur général près le Conseil d’État dispose du droit de surveillance et d’inspection
sur les Parquets généraux près les Cours administratives d’appel et sur les Parquets près les
Tribunaux administratifs.
Il prononce une mercuriale à l’audience solennelle de rentrée du Conseil d’État.
Il peut, s’il le juge nécessaire, siéger, sans voix délibérative, aux audiences ordinaires du
Conseil d’État.
Art. 37.
Le Parquet général près la Cour administrative d’appel est constitué d’un procureur général
près la Cour administrative d’appel, assisté d’un ou de plusieurs avocats généraux et d’un ou
plusieurs substituts du procureur général.
Le procureur général près la Cour administrative d’appel exerce les fonctions du Ministère
public près cette juridiction. Les avocats généraux et les substituts du procureur général
exercent leurs fonctions sous sa surveillance et sa direction.
Le procureur général prononce une mercuriale aux audiences solennelles de rentrée de la
Cour administrative d’appel.
Il dispose du droit de surveillance et d’inspection sur les Parquets près les Tribunaux
administratifs de son ressort.
Art. 38.
Le procureur général près le Conseil d’État règle l’ordre intérieur ainsi que la tenue des
registres du parquet près le Conseil d’État.
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Le procureur général près la Cour administrative d’appel règle l’ordre intérieur ainsi que la
tenue des registres des parquets de son ressort.
Un modèle des registres des parquets est établi par le procureur général près le Conseil
d’État.
Art. 39.
Le Parquet de la République près le Tribunal administratif est constitué d’un procureur de la
République, d’un ou de plusieurs premiers substituts et d’un ou de plusieurs substituts du
procureur de la République.
Le procureur de la République près le Tribunal administratif exerce, sous la surveillance et
la direction du procureur général près la Cour administrative d’appel, les fonctions du
Ministère public. Les premiers substituts et les substituts du procureur de la République
exercent leurs fonctions sous sa surveillance et sa direction.
Art. 40.
En cas d’absence ou d’empêchement, le procureur général près le Conseil d’État est
remplacé dans l’exercice de ses fonctions par le premier avocat général le plus ancien dans
le grade ou, à défaut, par l’avocat général le plus ancien.
Le procureur général près la Cour administrative d’appel est remplacé dans l’exercice de ses
fonctions par l’avocat général le plus ancien ou, à défaut, par le substitut du procureur
général le plus ancien.
Art. 41.
En cas d’absence ou d’empêchement, le procureur de la République est remplacé par le plus
ancien ou, des Premiers substituts ou, à défaut, par le substitut du procureur de la
République le plus ancien.
Art. 42.
En matière administrative ou disciplinaire, sans préjudice du droit des parties en cause de
prendre connaissance et de recevoir copie du dossier, lorsque la juridiction est saisie du fond
de la cause et jusqu’à la décision définitive, aucun acte d’instruction ou de procédure ne peut
être communiqué, aucune expédition ou copie des actes d’instruction ou de procédure ne
peut être délivrée, selon le cas, sans l’autorisation du procureur général près le Conseil
d’État ou près la Cour administrative d’appel.
Toutefois, sur demande des parties, les ordonnances, les jugements et les arrêts sont
communiqués ou délivrés en expédition.
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Chapitre II
DU FONCTIONNEMENT
Section 1re
Du Conseil d’État
§ 1er
Du siège et du ressort
Art. 43.
Le siège du Conseil d’État est situé dans la capitale de la République démocratique du
Congo. Toutefois, en cas de nécessité, le Conseil d’État peut siéger en tout autre lieu du
territoire national.
Le ressort du Conseil d’État s’étend sur l’ensemble du territoire national.

§2
De la composition
Art. 44.
Le Conseil d’État comprend un premier président, des présidents et des conseillers.
Tout magistrat du parquet et du siège ayant au moins le rang égal à celui de conseiller à la
Cour administrative d’appel et tout juriste non magistrat, choisi sur le mérite de ses
publications ou sur base de son expérience en matière juridique, judiciaire, administrative,
financière, fiscale et douanière par le Conseil supérieur de la magistrature, peut être affecté
au Conseil d’État en qualité de conseiller référendaire pour une durée de trois ans
renouvelable une fois.
Les conseillers référendaires ont pour tâche d’assister les magistrats du Conseil d’État dans
l’accomplissement de leur mission.
Le statut du conseiller référendaire près le Conseil d’État est fixé par décret du Premier
ministre délibéré en Conseil des ministres.

§3
Des sections et des chambres
Art. 45.
Le Conseil d’État est composé d’une section consultative et d’une section du contentieux.
Chaque section comprend une ou plusieurs chambres.
Art. 46.
Chaque section comprend un président de section, des présidents de chambres et des
conseillers.
Art. 47.
Le président de la section répartit les affaires lui confiées par le premier président entre les
chambres, après avoir accompli, s’il y a lieu, les actes d’instruction nécessaires à la mise en
état de la cause.
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Les affaires urgentes sont directement confiées aux chambres par le premier président,
lesquelles en assurent l’instruction et la mise en état.
Art. 48.
La section du contentieux comprend six chambres d’instruction et de jugement des affaires
ci-après énumérées :
1. la chambre de l’administration, chargée du contentieux de la légalité et de la réparation du
dommage exceptionnel;
2. la chambre des finances publiques et de la fiscalité, chargée du contentieux fiscal,
parafiscal et douanier ainsi que du contentieux des finances publiques, des marchés et des
travaux publics du pouvoir central;
3. la chambre des affaires sociales, chargée des conflits de carrière des agents et
fonctionnaires de l’État, en ce compris les litiges liés aux retraites, aux pensions, aux
rémunérations et aux avantages sociaux;
4. la chambre des élections, des formations politiques et des organismes professionnels,
chargée du contentieux des élections autres que les élections présidentielle et législatives
ainsi que du contentieux lié à l’organisation, au fonctionnement et au financement des partis
et regroupements politiques ou des organismes professionnels;
5. la chambre des matières économiques, chargée du règlement des conflits à caractère
économique ou technique et de ceux liés à la concurrence;
6. la chambre des affaires générales, chargée du règlement de toutes les matières non
expressément attribuées à d’autres chambres par la présente loi organique.
Art. 49.
Chaque chambre comprend un président et des conseillers.
Elle délibère avec les membres ayant pris part à l’instruction de la cause.
Si le siège d’une chambre ne peut se composer valablement, il est complété en faisant appel
à d’autres conseillers.
Art. 50.
Le recours en annulation des actes, règlements ou décisions des autorités administratives
centrales est communiqué par le premier président à la section du contentieux ou, en cas
d’urgence, directement au président de la chambre compétente.
Le premier président en informe l’autorité dont l’acte, le règlement ou la décision est
attaquée.
Art. 51. Les affaires soumises au Conseil d’État peuvent être renvoyées à la plénière de la
section pour examen, à la demande soit du premier président du Conseil d’État, soit du
président de la section concernée, soit du président de la chambre compétente ou des
chambres réunies, soit encore à la demande du Ministère public.
Les affaires dont l’instruction a été confiée à la section du contentieux conformément à la
présente loi organique sont examinées par l’assemblée plénière du Conseil d’État, à la
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requête soit du premier président du Conseil d’État, soit du président de la section ou de la


chambre concernée, soit du Ministère public.
Art. 52.
La section consultative est constituée d’un président de section, des présidents de chambre et
des conseillers.
Elle comprend les trois chambres ci-après énumérées:
1. la chambre des avis;
2. la chambre d’interprétation des textes juridiques;
3. la chambre d’études et d’inspection permanente.

§4
De l’assemblée plénière
Art. 53.
Le Conseil d’État est doté d’une assemblée plénière comprenant tous les magistrats du
Conseil d’État.
L’assemblée plénière est dirigée par le premier président du Conseil.
Elle délibère sur toutes les questions intéressant l’ensemble du Conseil d’État ou, en cas de
nécessité, sur toutes les questions relevant d’une section ou d’une chambre.
L’assemblée plénière siège, de plein droit, en cas de revirement de jurisprudence, de
déclinatoire de juridiction ou lorsqu’il y a lieu de se prononcer, par arrêt, sur une question de
principe.
Art. 54.
Le premier président est chargé de l’administration et de la police au sein du Conseil d’État.
À ce titre :
- il élabore le projet de règlement intérieur du Conseil d’État;
- il repartit les matières entre les deux sections ou entre les chambres;
- il gère le personnel de greffe mis à la disposition du Conseil;
- il gère le budget de fonctionnement alloué aux juridictions de l’ordre administratif. Il en est
l’ordonnateur délégué.
Art. 55.
Il existe au sein du Conseil d’État un greffe comprenant un greffier en chef, des greffiers
principaux, des greffiers divisionnaires, des greffiers et des huissiers.
Art. 56.
Le Conseil d’État siège avec le concours du Ministère public et l’assistance d’un greffier.
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Art. 57.
En cas d’absence ou d’empêchement, selon le cas, le premier président du Conseil d’État est
remplacé par le président de section ou celui de chambre le plus ancien.
Ces derniers sont remplacés respectivement, et dans l’ordre, par le conseiller le plus ancien.

§5
Du bureau
Art. 58.
Il est institué un bureau du Conseil d’État composé du premier président, du procureur
général, des présidents et des premiers avocats généraux.
Le bureau du Conseil d’État est un organe de réflexion et de décision mis à la disposition du
premier président et du procureur général pour la gestion efficiente et harmonieuse du
Conseil d’État ainsi que pour celle des autres juridictions administratives.
Le bureau du Conseil d’État n’a pas de compétence juridictionnelle; il ne peut se substituer
ni à une chambre, ni à une section, encore moins à l’assemblée plénière du Conseil d’État.
Art. 59.
Le bureau approuve le règlement intérieur du Conseil d’État.
Il établit, à la fin de chaque année, un rapport complet du Conseil d’État, des Cours
administratives d’appel, des Tribunaux administratifs et des parquets qui y sont rattachés à
l’attention du président du Conseil supérieur de la magistrature qui en transmet une copie au
ministre ayant la justice dans ses attributions.
Le rapport du bureau du Conseil d’État porte sur l’activité des juridictions administratives, la
marche des procédures et leurs délais d’exécution.
À l’occasion du dépôt de son rapport, le bureau du Conseil d’État fait part au Conseil
supérieur de la magistrature des difficultés d’interprétation des textes juridiques rencontrées
et lui en propose des améliorations.
Section 2
Des Cours administratives d’appel
§ 1er
De la création et du ressort
Art. 60.
Il est créé une ou plusieurs Cours administratives d’appel dans le ressort de chaque province
ainsi que dans la ville de Kinshasa, capitale de la République.
Le ressort et le siège ordinaire de la Cour administrative d’appel sont fixés par décret du
Premier ministre délibéré en Conseil des ministres.
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§2
De la composition et de l’organisation
Art. 61.
La Cour administrative d’appel est composée d’un premier président, d’un ou de plusieurs
présidents et des conseillers.
Art. 62.
En cas d’absence ou d’empêchement, le premier président est remplacé par le président le
plus ancien et le président par le conseiller le plus ancien.
L’ancienneté dans le grade est réglée par la date et l’ordre de nomination.
Art. 63.
Le premier président ou celui qui le remplace est chargé de la répartition du service.
Art. 64.
La Cour administrative d’appel comprend une section consultative et une section
contentieuse.
Chaque section est subdivisée en chambres.
Art. 65.
Au sein de la section du contentieux, les affaires sont jugées, en nombre impair des juges,
soit par une chambre, soit par des chambres réunies.
La Cour administrative d’appel peut, à titre exceptionnel, siéger en section ou en sections
réunies pour les affaires délicates ou complexes, ou lorsque la nécessité l’exige. Dans ce cas,
elle est présidée par le premier président.
Art. 66.
La chambre et la section siègent respectivement avec trois et cinq membres au moins; les
chambres réunies et les sections réunies le sont respectivement à cinq et sept membres au
moins.
Art. 67.
L’assemblée plénière de la Cour administrative d’appel comprend tous les magistrats de
cette Cour.
Elle est présidée par le premier président.
Elle délibère sur toutes les questions d’ordre général intéressant l’ensemble de la Cour ou,
lorsque la nécessité l’exige.
L’assemblée plénière siège, de plein droit, en cas de revirement de jurisprudence, de
déclinatoire de juridiction ou lorsqu’il y a lieu de se prononcer, par arrêt, sur une question de
principe.
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Art. 68.
Il y a dans chaque Cour administrative d’appel un greffier principal, assisté d’un ou de
plusieurs greffiers divisionnaires, d’un ou de plusieurs greffiers ainsi que des huissiers.
La Cour administrative d’appel siège avec le concours du Ministère public et l’assistance
d’un greffier.
Section 3
Des Tribunaux administratifs
§ 1er
De la création et du ressort
Art. 69.
Il est créé un ou plusieurs Tribunaux administratifs dans la ville de Kinshasa, dans chaque
ville et dans chaque territoire.
Toutefois, il peut être créé un seul Tribunal administratif pour deux ou plusieurs territoires.
Le ressort et le siège ordinaire des Tribunaux administratifs sont fixés par décret du Premier
ministre délibéré en Conseil des ministres.

§2
De la composition et de l’organisation
Art. 70.
Le Tribunal administratif comprend une section consultative et une section du contentieux.
Chaque section est subdivisée en chambres.
Art. 71.
Le Tribunal administratif est composé d’un président, des présidents de section, des
présidents de chambre et des juges.
En matière contentieuse, le Tribunal administratif siège au nombre de trois juges au moins.
À titre exceptionnel, il peut siéger au nombre de cinq juges pour examiner les affaires
délicates, complexes ou lorsque la nécessité l’exige; dans ce cas, le Tribunal administratif
est présidé par le chef de la juridiction.
En matière consultative, le Tribunal administratif siège en formation plénière mixte,
composée des magistrats de la section et du parquet, sous la direction du président de la
section.
Art. 72.
En cas d’absence ou d’empêchement, le président est remplacé par le juge le plus ancien.
Dans le cas où l’effectif des juges du Tribunal administratif présent au lieu où le tribunal
tient une audience ne permet pas de composer le siège, le président du tribunal peut assumer
au titre de juge assesseur, sur réquisition motivée du procureur de la République, un
magistrat du parquet près le Tribunal administratif, un avocat ayant au moins cinq ans
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d’ancienneté ou tout autre titulaire du grade de licencié justifiant d’une expérience en


matière administrative.
Le juge assesseur autre que le Ministère public prête entre les mains du président le serment
suivant: « Je jure de respecter la Constitution et les lois de la République démocratique du
Congo et de remplir loyalement et fidèlement, avec honneur et dignité, les fonctions qui me
sont confiées ».
Le juge assesseur est choisi en fonction de son impartialité, notamment par l’exclusion de
tout conflit d’intérêt résultant d’une connaissance préalable du dossier à titre professionnel.
Le président ou celui qui le remplace est chargé de la répartition du service.
Art. 73.
Il y a dans chaque Tribunal administratif un greffier divisionnaire, assisté d’un ou de
plusieurs greffiers ainsi que des huissiers.
Art. 74.
Le Tribunal administratif siège avec le concours du Ministère public et l’assistance d’un
greffier.

Titre III
DES RÈGLES DE COMPÉTENCE COMMUNES
Chapitre Ier
DE LA COMPÉTENCE DES JURIDICTIONS DE L’ORDRE ADMINISTRATIF
Art. 75.
Les juridictions de l’ordre administratif connaissent de l’interprétation de leurs décisions.
Art. 76.
Nonobstant les dispositions relatives à leur compétence matérielle et territoriale, les
juridictions de l’ordre administratif connaissent de toutes les demandes reconventionnelles,
quels qu’en soient la nature et le montant.
Les demandes reconventionnelles n’exercent, quant à la compétence, aucune influence sur
l’action originaire.
Art. 77.
Les demandes fondées sur le caractère téméraire et vexatoire d’une action sont portées
devant la juridiction saisie de cette action.
Art. 78. Le Juge compétent pour statuer sur la demande principale connaît de tous les
incidents et devoirs d’instruction auxquels donne lieu cette demande.
Art. 79.
Le juge devant lequel la demande originaire est pendante connaît des demandes en garantie.
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Art. 80.
L’action en réparation du préjudice causé par un acte, un règlement ou une décision illégale
peut être portée, à titre principal et en même temps que la demande en annulation, devant la
même juridiction, lorsque le préjudice subi ne peut être entièrement réparé par la décision
d’annulation.
Art. 81.
Les règles de compétence des juridictions de l’ordre administratif sont d’ordre public.
Chapitre II

DES RÈGLES DE COMPÉTENCE PROPRES À CHAQUE JURIDICTION


Section 1re
Du Conseil d’État
§ 1er
De la compétence en matière consultative
Art. 82.
La section consultative du Conseil d’État est compétente pour donner des avis motivés sur la
régularité juridique de tout projet ou de toute proposition d’acte législatif, règlement ou
décision dont elle est saisie par les autorités du pouvoir central ainsi que par celles des
organismes placés sous leur tutelle.
Elle se prononce sur les difficultés d’interprétation des textes juridiques.
Art. 83.
La section consultative donne des avis motivés sur la légalité ou sur la constitutionnalité des
dispositions des textes sur lesquelles elle est consultée et, s’il y a lieu, sur la pertinence des
moyens juridiques retenus pour atteindre les objectifs que les autorités administratives
centrales se sont assignés, en tenant compte des contraintes inhérentes à l’action
administrative.
Art. 84.
La section consultative répond aux questions qui soulèvent une difficulté d’interprétation
des textes juridiques devant une juridiction ou une autorité administrative centrale et attire
l’attention des pouvoirs publics sur les réformes qui paraissent souhaitables pour l’intérêt
général.
Elle est chargée d’une mission permanente d’inspection à l’égard des juridictions de l’ordre
administratif qu’elle exerce, sous l’autorité du premier président du Conseil d’État, par son
président, assisté des autres membres de ladite section.
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§2
De la compétence en matière contentieuse
Art. 85.
La section du contentieux du Conseil d’État est le juge de toutes les affaires qui relèvent de
la compétence contentieuse du
Conseil d’État.
Sans préjudice des autres compétences que lui reconnaît la Constitution ou la présente loi
organique, la section du contentieux du Conseil d’État connaît, en premier et dernier ressort,
des recours en annulation pour violation de la loi, de l’édit ou du règlement, formés contre
les actes, règlements ou décisions des autorités administratives centrales ou contre ceux des
organismes publics placés sous leur tutelle ainsi que ceux des organes nationaux des ordres
professionnels. ▼1
La violation de la loi, de l’édit, du règlement, de la coutume et des principes généraux de
droit comprend notamment:
1. l’incompétence;
2. l’excès de pouvoir;
3. la fausse application ou la fausse interprétation de la loi, de l’édit ou du règlement;
4. la non-conformité à la loi, à l’édit ou au règlement de l’acte, du règlement ou de la
décision dont il a été fait application;
5. la violation des formes substantielles ou des formes prescrites à peine de nullité des actes;
6. la dénaturation des faits et des actes;
7. la négation de la foi due aux actes.
La section contentieuse statue souverainement, en tenant compte des circonstances de fait et
de droit sur les recours en suspension formés contre lesdits actes.
[1] Dans son arrêt R.Const.309 du 10 août 2016, la Cour Constitutionnelle a statué que
concernant les organes nationaux des ordres professionnels, l’art. 85 al. 2 doit être
compris comme ne s’appliquant qu’en matière disciplinaire et réglementaire.
Art. 86.
La section du contentieux connaît de l’appel des arrêts ainsi que des décisions rendus au
premier ressort par des Cours administratives d’appel.
Art. 87.
La section du contentieux connaît des pourvois en cassation, pour violation de la
Constitution, du traité international dûment ratifié, de la loi, de l’édit, de la coutume, des
principes généraux de droit et du règlement dirigés contre les arrêts et jugements des
juridictions administratives de droit commun ou contre les décisions des juridictions
administratives spécialisées visées à l’article 2 alinéa 3 de la présente loi organique.
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Le pourvoi régulièrement formé contre un jugement définitif rendu sur le fond d’une
contestation s’étend à tous les jugements dans les mêmes instances entre les mêmes parties.
L’acquiescement d’une partie à un jugement la rend non recevable à se pourvoir en cassation
contre ce même jugement, sauf si l’ordre public est intéressé.
Art. 88.
La section du contentieux connaît également:
1. des demandes en révision;
2. des prises à partie des magistrats de l’ordre administratif;
3. des règlements de juges;
4. des demandes en renvoi d’une Cour administrative d’appel à une autre Cour
administrative d’appel ou d’une juridiction du ressort d’une Cour administrative d’appel à
une autre du ressort d’une autre Cour administrative d’appel;
5. des actions en responsabilité dirigées contre l’État pour une durée excessive de la
procédure devant une juridiction de l’ordre administratif.
Art. 89.
Dans les cas où il n’existe pas d’autre juridiction compétente, la section du contentieux du
Conseil d’État connaît des demandes d’indemnités relatives à la réparation d’un dommage
exceptionnel, matériel ou moral, résultant d’une mesure prise ou ordonnée par les autorités
du pouvoir central, des provinces et des entités territoriales décentralisées ainsi que des
organismes publics placés sous leur tutelle.
Elle se prononce en équité en tenant compte de toutes les circonstances d’intérêt public ou
privé.
Art. 90.
Le Conseil d’État connaît, toutes sections réunies:
1. des pourvois qui soulèvent des questions de principe;
2. des pourvois comportant des moyens complexes relevant de la compétence de plusieurs
chambres d’une section et qui sont susceptibles de recevoir des solutions divergentes;
3. des pourvois soumis au Conseil d’état lorsque le juge de renvoi ne s’est pas conformé au
point de droit jugé par le Conseil d’État;
4. des pourvois introduits, après cassation avec renvoi, contre les décisions rendues par la
juridiction du renvoi;
5. des cas d’éventuels revirements de jurisprudence;
6. du pourvoi du procureur général près le Conseil d’État;
7. du pourvoi du procureur général près le Conseil d’État agissant dans le seul intérêt de la
loi;
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8. de tout pourvoi, lorsque le procureur général, le premier président, le président de la


section ou celui de la chambre le sollicite;
9. des pourvois introduits pour la deuxième fois après cassation et concernant la même cause
et les mêmes parties;
10. des conflits de compétence entre différentes juridictions de l’ordre administratif;
11. des affaires estimées complexes par le premier président ou par les présidents des
sections du Conseil d’État.
Art. 91.
Lorsque le Conseil d’État est saisi d’une affaire relevant de sa compétence en premier et
dernier ressort, ou comme juge d’appel, il est également compétent pour connaître de
demandes connexes relevant normalement de la compétence en premier ressort d’un tribunal
administratif ou d’une Cour administrative d’appel.
Art. 92.
Lorsqu’un tribunal administratif ou une Cour administrative d’appel est saisie d’une affaire
relevant normalement de sa compétence mais connexe à des affaires portées devant le
Conseil d’État et relevant, selon le cas, du premier ou du dernier ressort de celui-ci,
l’examen de l’affaire est renvoyé au Conseil d’État par la juridiction concernée d’office ou à
l’initiative de la partie la plus diligente.
Art. 93.
Lorsqu’un tribunal administratif ou une Cour administrative d’appel est saisie de demandes
distinctes mais connexes relevant les unes de sa compétence et les autres de la compétence
en premier et dernier ressort du Conseil d’État, la juridiction concernée renvoie l’ensemble
de ces demandes au Conseil d’État.

Section 2
Des Cours administratives d’appel
§ 1er
De la compétence en matière consultative
Art. 94.
La section consultative de la Cour administrative d’appel est compétente pour donner des
avis motivés sur les textes de tout projet ou de toute proposition d’édit, d’acte, de règlement
ou de décisions des autorités provinciales et des organismes placés sous leur tutelle.
Elle se prononce sur les difficultés d’interprétation de ces textes.
Art. 95.
La section consultative donne des avis motivés notamment sur la constitutionnalité, la
légalité et la conformité aux règlements d’exécution nationaux des édits ainsi que sur la
légalité et la conformité aux édits des règlements des autorités provinciales pour lesquelles
elle est consultée.
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Elle donne des avis motivés, s’il y a lieu, sur la pertinence des moyens juridiques retenus
pour atteindre les objectifs que les autorités administratives provinciales se sont assignés, en
tenant compte des contraintes inhérentes à l’action administrative.
Par voie d’avis motivé, elle répond aux questions qui soulèvent une difficulté
d’interprétation des textes visés à l’alinéa 1er du présent article devant une juridiction ou une
autorité administrative provinciale et attire l’attention des pouvoirs publics provinciaux sur
les réformes qui paraissent nécessaires pour l’intérêt général.

§2
De la compétence en matière contentieuse
Art. 96.
La section du contentieux de la Cour administrative d’appel est compétente pour connaître,
au second degré, de l’appel des jugements et ordonnances rendus par les Tribunaux
administratifs ainsi que de l’appel des décisions prises par des organes disciplinaires des
provinces, des organismes publics ou des ordres professionnels provinciaux et locaux.
Elle connaît, au premier degré, des recours en annulation, pour violation de la loi, de l’édit et
du règlement, formés contre les actes, règlements ou décisions des autorités administratives
provinciales et des organismes publics placés sous leur tutelle ainsi que des organes
provinciaux des ordres professionnels. Elle se prononce soit en suspension, soit en
annulation desdits actes.
Elle connaît également, au premier degré, du contentieux des élections des députés
provinciaux, des gouverneurs et vice-gouverneurs de province.
Elle connaît en outre, en premier et dernier ressort, des recours introduits, sur réclamation du
contribuable, contre les décisions prises par l’administration fiscale du pouvoir central qui
ne donnent pas entière satisfaction à l’intéressé.
Art. 97.
La Cour administrative d’appel connaît, toutes sections réunies, des matières estimées
complexes par le premier président ou les présidents des sections.
Art. 98. La Cour administrative d’appel territorialement compétente pour connaître d’un
appel formé contre un jugement d’un Tribunal administratif est celle dans le ressort duquel
ce tribunal a son siège.
Art. 99.
Les jugements rendus par un Tribunal administratif sur une demande de sursis à exécution, à
l’occasion d’un recours pour lequel la compétence d’appel est dévolue à une Cour
administrative d’appel, relèvent, en cas d’appel, de cette Cour.
Art. 100. La Cour administrative d’appel saisie d’une demande relevant de sa compétence
territoriale est également compétente pour connaître d’une demande connexe à la précédente
et ressortissant normalement à la compétence territoriale d’une autre Cour.
Art. 101.
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Lorsque deux Cours administratives d’appel sont simultanément saisies de demandes


distinctes mais connexes, relevant normalement de leur compétence territoriale respective,
chacun des deux premiers présidents intéressés saisit le Conseil d’État et lui transmet, en
l’état, le dossier de la cause.
L’ordonnance de renvoi est notifiée au premier président de l’autre Cour administrative
d’appel, lequel transmet également, toutes affaires cessantes, au Conseil d’État le dossier de
la demande lui soumise.
La section du contentieux du Conseil d’État se prononce sur l’existence d’un lien de
connexité et, le cas échéant, détermine la juridiction compétente qui connaîtra de ces
demandes connexes.

Section 3
Des Tribunaux administratifs
§ 1er
De la compétence en matière consultative
Art. 102.
La section consultative du Tribunal administratif donne des avis motivés sur les textes de
tout projet d’acte, de règlement ou de décision des autorités administratives du territoire, de
la ville, de la commune, du secteur ou de la chefferie ainsi que des organismes publics
placés sous leur tutelle.
Elle se prononce, par voie d’avis motivé, sur les difficultés d’interprétation des textes
juridiques à la requête des autorités administratives locales.
Art. 103.
La section consultative donne des avis motivés notamment sur la constitutionnalité, la
conformité au traité dûment ratifié et la légalité des dispositions des textes pour lesquelles
elle est consultée et, s’il y a lieu, sur la pertinence des moyens juridiques retenus pour
atteindre les objectifs que les autorités administratives locales se sont assignés, en tenant
compte des contraintes inhérentes à l’action administrative.
Par voie d’avis motivé, elle répond aux questions qui soulèvent une difficulté
d’interprétation des textes de sa compétence devant une juridiction ou une autorité
administrative locale et attire l’attention des pouvoirs publics sur les réformes qui paraissent
nécessaires pour l’intérêt général.

§2
De la compétence en matière contentieuse
Art. 104.
La section du contentieux du Tribunal administratif est compétente pour connaître des
recours en annulation, pour violation de la Constitution, du traité dûment ratifié, de la loi, de
l’édit et du règlement, formés contre les actes, règlements ou décisions des autorités du
territoire, de la ville, de la commune, du secteur ou de la chefferie ainsi que contre ceux des
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organismes publics placés sous leur tutelle. Elle se prononce soit en suspension, soit en
annulation desdits actes, règlements ou décisions.
Elle connaît du contentieux relatif aux marchés et travaux publics, à l’expropriation pour
cause d’utilité publique et aux réquisitions.
Elle connait du contentieux fiscal de son ressort; à ce titre, toute contestation au sujet de la
validité et de la forme des actes de poursuites en recouvrement des impôts de son ressort
relève de sa compétence.
La section du contentieux du Tribunal administratif connaît du contentieux des élections
urbaines, communales et locales.
Tout autre contentieux administratif, dont la connaissance n’aura pas été expressément
attribuée à une autre juridiction administrative, relève de la compétence de la section du
contentieux du Tribunal administratif.
Art. 105.
Les actions en responsabilité, fondées sur une cause autre que la méconnaissance d’un
contrat ou d’un quasi- contrat et dirigées contre l’État, les autres personnes publiques ou les
organismes privés gérant un service public, relèvent de la section du contentieux du Tribunal
administratif du lieu du fait générateur du dommage.
Art. 106.
Les Tribunaux administratifs connaissent, en premier ressort, des litiges relatifs à la
nomination, à l’avancement, à la discipline, aux émoluments, aux rémunérations et aux
pensions ou, généralement, de tout litige d’ordre individuel concernant des agents et
fonctionnaires du territoire, de la ville, de la commune, du secteur et de la chefferie ainsi que
ceux des organismes publics placés sous leur tutelle.
Art. 107.
Le Tribunal administratif territorialement compétent est celui dans le ressort duquel a
légalement son siège l’autorité qui, soit en vertu de son pouvoir propre, soit par délégation,
est l’auteur de l’acte, règlement ou décision ou contrat administratif litigieux.
Lorsque l’acte a été signé par plusieurs autorités, le Tribunal administratif compétent est
celui dans le ressort duquel l’une des autorités auteur de l’acte a son siège.
Art. 108.
Les recours en interprétation et en appréciation de la légalité des actes des autorités visées à
l’article 104 alinéas 1er de la présente loi organique relèvent de la compétence du Tribunal
administratif territorialement compétent pour connaître de l’acte objet du litige.
Art. 109.
Les litiges relatifs à la reconnaissance d’une qualité ainsi qu’aux avantages attachés à celle-
ci relèvent de la compétence du Tribunal administratif dans le ressort duquel le bénéficiaire
ou le candidat au bénéfice des dispositions légales ou réglementaires invoquées a sa
résidence lors de l’introduction de la réclamation.
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Art. 110.
Les litiges relatifs aux immeubles relevant du domaine public, ceux portant sur la
déclaration d’utilité publique d’un bien privé, ceux concernant l’urbanisme et l’habitat, le
permis de construire, le classement des monuments et des sites et, de manière générale, tous
les litiges résultant des décisions administratives sur les immeubles de l’État relèvent de la
compétence du Tribunal administratif dans le ressort duquel se trouvent implantés ces
immeubles.
Il en est de même des litiges en matière de réquisition des biens du domaine privé qui
relèvent du Tribunal administratif dans le ressort duquel se trouvait le bien au moment de sa
réquisition.
Art. 111.
Les litiges relatifs aux décisions individuelles prises à l’encontre des personnes par les
autorités administratives, dans l’exercice de leurs pouvoirs de police, relèvent de la
compétence du Tribunal administratif du lieu de la résidence des personnes faisant l’objet
des décisions attaquées.
Art. 112.
Les litiges relatifs à la désignation, soit par voie d’élection, soit par voie de nomination, des
membres des assemblées, corps ou organismes administratifs ou professionnels, des
membres des partis ou regroupements politiques relèvent de la compétence du Tribunal
administratif dans le ressort duquel se trouve le siège de l’assemblée, du corps ou de
l’organisme administratif ou professionnels ou le siège des partis ou regroupements
politiques dont l’élection ou la nomination est contestée.
Art. 113.
Les litiges relatifs aux marchés et travaux publics, concessions, contrats ou quasi-contrats
administratifs impliquant les autorités locales, relèvent de la compétence du Tribunal
administratif dans le ressort duquel ces marchés, concessions, contrats ou quasi-contrats sont
exécutés.
Si leur exécution s’étend au-delà du ressort d’un seul Tribunal administratif ou si le lieu de
cette exécution n’est pas désigné dans le contrat, le Tribunal administratif compétent est
celui dans le ressort duquel l’autorité publique contractante ou la première des autorités
publiques dénommées dans le contrat a signé le contrat, sans que dans ce cas, il y ait à tenir
compte, si une approbation est nécessaire.
Art. 114.
Tous les litiges d’ordre individuel, y compris notamment ceux relatifs aux questions
pécuniaires, intéressant les fonctionnaires ou agents des services publics du pouvoir central,
des provinces et des entités territoriales décentralisées, ceux employés en position
réglementaire relèvent du Tribunal administratif dans le ressort duquel se trouve le lieu
d’affectation du fonctionnaire ou agent que la décision attaquée concerne.
Si cette décision porte sur une nomination ou entraîne un changement d’affectation, la
compétence est déterminée par le lieu de la nouvelle affectation.
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Si cette décision porte sur une révocation, une admission à la retraite ou toute autre mesure
entraînant une cessation d’activité, ou si elle concerne un ancien fonctionnaire ou agent des
services publics de l’État, des provinces et des entités territoriales décentralisées sans
affectation à la date où a été prise la décision attaquée, la compétence est déterminée par le
lieu de résidence de ce fonctionnaire ou agent.
Lorsque la décision a un caractère collectif, tels notamment les tableaux d’avancement, les
listes d’aptitude, les procès-verbaux des jurys d’examens ou de concours, les nominations,
promotions ou mutations présentant un lien de connexité et si elle concerne des agents
affectés ou des emplois situés dans le ressort de plusieurs Tribunaux administratifs, l’affaire
relève de la compétence du Tribunal administratif dans le ressort duquel siège l’auteur de la
décision attaquée.
Art. 115.
Les litiges relatifs aux pensions sont de la compétence du Tribunal administratif dans le
ressort duquel est situé le siège de la personne publique dont l’agent intéressé relevait au
moment de la mise à la retraite.
Pour les autres pensions dont le contentieux relève de la juridiction des Tribunaux
administratifs, le tribunal compétent est celui dans le ressort duquel se trouve le lieu
d’assignation du paiement de la pension ou à défaut, soit qu’il n’y ait pas de lieu
d’assignation, soit que la décision attaquée comporte refus de pension, la résidence du
demandeur lors de l’introduction de sa réclamation.
Art. 116.
Sans préjudice des autres dispositions de la présente loi organique, les litiges relatifs à
l’organisation ou au fonctionnement de toute entité publique autre que l’État ou de tout
organisme public, notamment en matière de contrôle administratif, relèvent de la
compétence du Tribunal administratif dans le ressort duquel a son siège l’entité ou
l’organisme auteur des décisions attaquées.
Art. 117.
Le Tribunal administratif saisi d’une demande relevant de sa compétence territoriale est
également compétent pour connaître d’une demande, connexe à la précédente, de la
compétence territoriale d’un autre tribunal administratif.
Art. 118.
Lorsque deux Tribunaux administratifs sont simultanément saisis de demandes distinctes
mais connexes, relevant normalement de leur compétence territoriale respective, chacun des
deux présidents intéressés saisit la Cour administrative d’appel et lui transmet, en l’état, le
dossier de la demande.
L’ordonnance de renvoi est notifiée au président de l’autre Tribunal administratif qui
transmet, lui aussi, toutes affaires cessantes, à la Cour administrative d’appel, le dossier de la
demande soumis à son tribunal.
La section du contentieux de la Cour administrative d’appel se prononce sur l’existence du
lien de connexité et détermine le Tribunal administratif compétent.
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Art. 119.
L’appel des décisions des Tribunaux administratifs est exercé devant les Cours
administratives d’appel.
Art. 120.
Les Tribunaux administratifs connaissent de l’exécution de toutes les décisions des
Tribunaux administratifs, des Cours administratives d’appel et du Conseil d’État.
Ils connaissent de l’exécution des autres actes authentiques pris en matière administrative.
Art. 121.
Les décisions des juridictions administratives étrangères sont rendues exécutoires en
République démocratique du Congo par les Tribunaux administratifs, si elles réunissent les
conditions ci-après :
1. qu’elles ne contiennent rien de contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs de la
République démocratique du Congo;
2. que, d’après la loi du pays où les décisions ont été rendues, elles soient coulées en force
de chose jugée;
3. que, d’après la même loi, les expéditions qui en sont produites réunissent les conditions
nécessaires à leur authenticité;
4. que les droits de la défense et les voies de recours internes aient été respectés;
5. que le tribunal étranger ne soit pas compétent uniquement en raison de la nationalité du
demandeur.
Art. 122.
Les actes authentiques en forme exécutoire, dressés par une autorité étrangère, sont rendus
exécutoires en République démocratique du Congo par les tribunaux administratifs aux
conditions suivantes :
1. que les dispositions dont l’exécution est poursuivie n’aient rien de contraire à l’ordre
public ou aux bonnes mœurs de la République démocratique du Congo;
2. que, d’après la loi du pays où ils ont été passés, ils réunissent les conditions de leur
authenticité.
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Titre IV
DE LA PROCÉDURE DEVANT LES JURIDICTIONS DE L’ORDRE
ADMINISTRATIF
Sous-titre Ier
DE LA PROCÉDURE COMMUNE DEVANT LA SECTION CONSULTATIVE
Chapitre Ier
DES DEMANDES D’AVIS
Art. 123.
La section consultative est saisie par requête de l’autorité habilitée à prendre l’acte législatif
ou administratif.
Art. 124.
Dès sa réception, la requête est enrôlée par le greffier et communiquée sans délai au chef de
la juridiction aux fins de désignation d’un rapporteur à qui le greffier remettra ensuite le
dossier.
Le rapporteur est désigné par le chef de la juridiction parmi les magistrats de la section
consultative. Il peut correspondre ou prendre contact directement avec tous les services
intéressés par la requête ainsi qu’avec le mandataire de l’autorité requérante, afin d’obtenir
tout renseignement ou tout document de nature à éclairer la juridiction sur l’objet de la
requête.
Il peut requérir les services d’un ou de plusieurs experts dont le taux éventuel des honoraires
est fixé par ordonnance du chef de la juridiction.
Le rapporteur vérifie la conformité de l’acte, notamment à la Constitution, aux traités et
accords internationaux liant la République démocratique Congo, aux lois de la République,
aux édits, à la coutume et aux principes généraux du droit.
Le rapporteur peut émettre des avis sur la rédaction de l’acte et sur ses effets par rapport à
l’ordonnancement juridique général. Il joint à son rapport, s’il échet, le texte du projet ou de
la proposition de loi, de l’édit, de l’acte administratif ou de la décision qu’il propose.
Art. 125.
Le dossier est de nouveau transmis au chef de la juridiction qui fixe la date à laquelle
l’affaire sera examinée.
Cette date est notifiée par les soins du greffier au Ministère public et à l’autorité requérante.
La notification comporte notamment l’indication du lieu et de l’heure de la séance ainsi que
l’invitation à assister aux débats.
Art. 126.
Le dossier est examiné par les magistrats de la section consultative et du Parquet près la
juridiction saisie, réunis en assemblée mixte.
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L’avis motivé est donné à la majorité des magistrats présents à la séance.


Art. 127.
La section consultative tient, en principe, une séance par semaine et, en cas d’urgence, des
séances supplémentaires.
Les débats en assemblée mixte se déroulent de la manière suivante :
1. à l’appel de la cause, le président de la section donne lecture de la requête;
2. il passe la parole au rapporteur. Celui-ci donne lecture du rapport et du texte supplétif du
projet ou de la proposition à examiner;
3. la parole est ensuite donnée d’abord à la partie requérante et, enfin, aux autres membres
de l’assemblée;
4. le greffier dresse le procès-verbal de la séance.
Art. 128.
En cours de séance, l’assemblée mixte peut désigner un expert ou constituer une commission
chargée d’étudier un problème particulier et de faire rapport devant elle.
Art. 129.
La teneur de l’avis motivé de la section consultative est constituée par le résultat final
obtenu à l’issue des débats et consigné dans le procès-verbal visé à l’article 127 alinéa 2,
point 4 de la présente loi organique.
Il est rédigé et signé par le chef de la juridiction, le président de la section consultative, le
chef de l’office et par le greffier de la séance.

Chapitre II
DES DEMANDES D’INTERPRÉTATION DES TEXTES
Art. 130.
La section consultative est saisie par l’autorité qui a pris l’initiative de l’interprétation du
texte.
Lorsque la section consultative est saisie d’une demande d’interprétation des textes, il y est
procédé, mutatis mutandis, comme prescrit aux articles 123 à 129 de la présente loi
organique.

Chapitre III
DES AVIS DE LA SECTION CONSULTATIVE
Art. 131.
L’avis de la section consultative est motivé.
Il est donné dans le délai maximum d’un mois à dater de la réception de la requête.
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Il est notifié sans délai à l’autorité requérante et au Ministère public par le greffier avec, le
cas échéant, le texte supplétif proposé par la juridiction.
Art. 132.
L’avis de la section consultative ne lie pas l’autorité requérante, de même qu’il ne fait pas
obstacle à toute action ultérieure contre l’acte pour cause notamment de non-conformité à la
Constitution, aux traités dûment ratifiés, aux lois, aux édits et aux règlements supérieurs.
Art. 133.
Les avis du Conseil d’État sont publiés au Bulletin des arrêts et jugements des juridictions
de l’ordre administratif.

Sous-titre II
DE LA PROCÉDURE COMMUNE DEVANT LA SECTION CONTENTIEUSE
Chapitre Ier
DE L’INTRODUCTION DE L’INSTANCE
Section 1re
De la présentation de la requête ou du réquisitoire
Art. 134.
La juridiction administrative est saisie soit par requête des parties, soit par réquisitoire du
Ministère public près la juridiction concernée.
Art. 135.
Toute requête des parties est introduite dans l’intérêt personnel de celles-ci.
Elle contient l’identité et l’adresse des parties, l’exposé des faits et des moyens ainsi que les
conclusions.
Elle est accompagnée de la copie de l’acte, du règlement ou de la décision administrative
attaquée ainsi que de la preuve du dépôt du recours administratif préalable.
Art. 136.
Le réquisitoire du Ministère public est introduit dans l’intérêt général et, en particulier, pour
la protection des droits et libertés fondamentaux des personnes.
Il contient l’identité et l’adresse de l’officier instrumentant, l’exposé des faits et des moyens
ainsi que les conclusions.
Il est accompagné de la copie de l’acte, du règlement ou de la décision administrative
attaquée.
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Art. 137.
En cas de défaut de l’acte, du règlement ou de la décision attaquée, le récépissé du dépôt à la
poste du recours administratif préalable ou du dépôt par porteur dudit recours est joint à la
requête ou au réquisitoire.
Art. 138.
La requête ou le réquisitoire est accompagné des copies signées par le requérant ou par le
Ministère public, selon le cas, en nombre égal à celui des autres parties en cause, augmenté
de deux.
Lorsque les parties joignent des pièces à l’appui de leurs requêtes et mémoires, elles en
établissent simultanément un inventaire détaillé.
Les requêtes, réquisitoires et mémoires sont composés de deux originaux et d’autant de
copies signées qu’il y a des parties à la cause.
Lorsque leur nombre, leur volume ou leurs caractéristiques rendent malaisée la production
des copies, les pièces sont communiquées aux parties dans les conditions fixées à l’article
169 de la présente loi organique.
Art. 139.
Sans préjudice des dispositions légales particulières, les requêtes, les mémoires en réponse et
les recours en intervention présentés au nom de l’État sont signés, selon le cas, pour le
pouvoir central, par le ministre ayant la justice dans ses attributions ou son délégué, pour les
provinces, par le gouverneur de province ou son délégué, et pour les entités territoriales
décentralisées, par le maire, le bourgmestre, le chef de secteur ou de chefferie ou leurs
délégués.
Art. 140.
Lorsque le nombre des copies n’est pas égal à celui des parties ayant un intérêt distinct,
auxquelles le président de la chambre aura ordonné la communication desdites copies
conformément à l’article 141 de la présente loi organique, le demandeur n’est averti par le
greffier que si la production n’en est pas faite dans le délai de quinze jours à dater de cet
avertissement. Passé ce délai, la requête pourra être déclarée irrecevable.
Art. 141.
En cas de nécessité, le chef de juridiction peut exiger des parties intéressées la production
des copies supplémentaires, sous la sanction prévue à l’article précédent.
Art. 142.
À l’exception de la notification de la décision prévue aux articles 167 et 168 de la présente
loi organique, les actes de procédure sont valablement accomplis, selon le cas, à la diligence
du mandataire mentionné à l’article 159 ci-dessous ou du représentant unique mentionné à la
même disposition.
À défaut, le requérant est averti par le greffier que, si la production n’est pas faite dans le
délai de quinze jours à dater de la réception de cet avertissement, la requête peut être
déclarée irrecevable.
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Section 2
Du dépôt de la requête ou du réquisitoire
Art. 143.
Les requêtes, les réquisitoires et en général toutes les productions des parties sont adressés
au chef de la juridiction et déposés au greffe de la section du contentieux.
À titre exceptionnel, la requête peut être introduite par le représentant d’une communauté
dûment mandaté pour le compte de cette dernière dans les conditions prescrites à l’article
159 de la présente loi organique.
Art. 144.
Dans le cas où, en vertu d’une disposition légale particulière, le dépôt a été effectué à un
bureau autre que le greffe de la juridiction, les requêtes ainsi que les pièces sont transmises à
celui-ci après avoir été marquées par l’autorité administrative responsable de ce bureau, d’un
cachet indiquant la date de leur arrivée.
Art. 145.
Dans tous les cas où la juridiction administrative est, en vertu d’une disposition légale
particulière, tenue de statuer dans un délai déterminé, ce délai court dès la réception des
pièces au greffe.
Art. 146.
Les requêtes et réquisitoires sont inscrits, à leur réception, sur le registre d’ordre qui est tenu
au greffe de la section du contentieux.
Ils sont ensuite marqués ainsi que les pièces qui leur sont jointes, d’un cachet indiquant la
date de leur réception.
Ils indiquent aussi la remise qui en est faite au rapporteur désigné.
Art. 147.
Le greffier délivre aux parties un certificat qui constate le dépôt de la requête ou de l’appel
au greffe.
Sur la demande de ces parties, il certifie le dépôt de différents mémoires.
Art. 148.
En même temps qu’elle introduit sa requête, la partie requérante fait signifier celle-ci à la
partie adverse par les soins du greffier.
Il en est de même du réquisitoire du Ministère public.
Art. 149.
Toute requête ou tout réquisitoire devant une juridiction administrative est publiée par
extrait au Journal officiel ou son équivalent par les soins du greffier.
La juridiction peut prescrire toute autre forme de publicité dans son règlement intérieur.
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Section 3
Des conditions et des délais d’action
Art. 150.
Le requérant dispose d’un délai de trois mois à dater de la publicité de l’acte, du règlement
ou de la décision mise en cause pour exercer son recours administratif.
Le recours administratif peut comprendre le recours gracieux introduit devant l’auteur de
l’acte et, si nécessaire, le recours hiérarchique ou de tutelle, selon le cas, introduit devant
l’autorité supérieure ou de tutelle à l’auteur de l’acte.
Art. 151.
Sans préjudice des délais prévus par des dispositions légales particulières, la juridiction
administrative est saisie par voie de recours introduit dans les trois mois à dater de la
notification de la décision sur recours administratif.
En cas de rejet exprès du recours administratif par l’autorité administrative compétente, dans
le délai de trois mois, à dater du dépôt de ce recours, le requérant dispose d’un délai de trois
mois à compter de la notification de cette décision de rejet pour saisir la juridiction
administrative.
Le défaut de décision de l’autorité administrative après trois mois à compter du jour du
dépôt du recours administratif en vaut rejet. Dans ce cas, le requérant dispose, pour saisir la
juridiction administrative, d’un délai de trois mois à compter du jour de l’expiration de la
période de trois mois visée au présent alinéa.
Lorsqu’une décision expresse de rejet intervient dans les trois mois impartis pour introduire
le recours juridictionnel, elle est sans incidence sur la procédure judiciaire engagée; elle ne
fait courir à nouveau le délai de trois mois imparti pour saisir la juridiction que si cette
saisine n’est pas, entretemps, intervenue après l’expiration du premier délai de trois mois
laissé à l’autorité administrative.
En tout état de cause, l’intéressé n’est forclos de son recours juridictionnel qu’après un délai
de trois mois à compter du jour de la notification d’une décision expresse du rejet :
1. en matière de plein contentieux;
2. dans le contentieux de l’excès de pouvoir, si la mesure sollicitée ne peut être prise que par
décision ou avis des assemblées ou de tous autres organismes collégiaux;
3. dans le cas où la réclamation tend à obtenir l’exécution d’une décision de la juridiction
administrative.
La date du dépôt de la réclamation auprès de l’autorité compétente, constatée par tous
moyens, doit être établie à l’appui de la requête ou du réquisitoire.
Les délais supplémentaires de distance, à raison de deux jours par cent kilomètres, s’ajoutent
au délai de trois mois prévus par le présent article pour la saisine de la juridiction. La
distance à prendre en compte est celle qui sépare la résidence du requérant du siège de la
juridiction.
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Toutefois, ne bénéficient pas de ces délais supplémentaires, les requérants qui usent de la
faculté prévue par les lois spéciales de déposer leurs requêtes en dehors du greffe
conformément à l’article 144 de la présente loi organique.
Art. 152.
Le jour de l’acte qui est le point de départ d’un délai n’y est pas compris.
Le jour de l’échéance est compté dans le délai. Toutefois, lorsque le jour de l’échéance est
un dimanche ou un jour férié légal, le jour de l’échéance est porté au plus prochain jour
ouvrable.
Art. 153.
Les délais visés dans la présente loi organique courent contre les mineurs, les interdits et les
autres incapables.
Toutefois, la juridiction peut relever ceux-ci de la déchéance, lorsqu’il est établi que leur
représentation n’était pas assurée en temps voulu avant l’expiration des délais.
Art. 154.
En cas d’urgence, la chambre saisie peut ordonner l’abréviation des délais prescrits pour les
actes de procédure.

Section 4
De la représentation des parties
§ 1er
Des règles communes de représentation
Art. 155.
Sauf dispositions contraires prévues par la présente loi organique, le ministère de l’avocat
n’est pas obligatoire dans le procès administratif.
Art. 156.
Le recours au ministère d’avocat est obligatoire en matière de plein contentieux.
Il y a plein contentieux lorsque la demande postule à la fois l’annulation d’un acte, d’un
règlement ou d’une décision et ou la réparation d’un préjudice subi du fait de
l’Administration.
Dans ce cas, les requêtes et mémoires sont présentés par un avocat sous peine
d’irrecevabilité.
Toutefois, le ministère de l’avocat n’est pas obligatoire dans les cas de plein contentieux ci-
après :
1. litiges en matière de travaux publics, de contrats relatifs au domaine public, de
contravention de grande voirie;
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2. litiges en matière d’impôts directs et indirects, de la taxe sur la valeur ajoutée et des taxes
assimilées;
3. litiges d’ordre individuel concernant les fonctionnaires ou agents de l’État et des autres
personnes ou collectivités publiques;
4. litiges en matière de pensions;
5. litiges dans lesquels le défendeur est une collectivité territoriale ou un établissement
public en relevant;
6. demandes d’exécution d’un jugement définitif.
Art. 157.
La signature des requêtes et des mémoires du client par son avocat vaut élection de domicile.
Sauf cas de notification du jugement ou de notification à l’audience, les actes de procédure
sont accomplis à l’égard de l’avocat.
Art. 158.
L’obligation ou la dispense du ministère d’avocat en matière de référé, de tierce opposition
ou de rectification d’erreur matérielle dépendent du régime du recours principal.
Art. 159.
La requête présentée par plusieurs personnes physiques ou morales compte parmi les
signataires la désignation d’un représentant unique.
À défaut, le premier des signataires est averti par le greffier qu’il est considéré comme le
représentant mentionné à l’alinéa précédent, sauf à provoquer de la part des signataires la
désignation d’un représentant unique choisi parmi eux et d’en avertir la juridiction.
La désignation d’une représentation unique ou le représentant de la communauté ne dispense
pas du ministère d’avocat lorsque ce dernier est obligatoire.
Art. 160.
En demande comme en défense, la personne dont les ressources sont insuffisantes est admise
à l’assistance gratuite aux conditions prévues par la loi sur le barreau.
L’État est dispensé de l’obligation du ministère d’avocat.

§2
Des règles particulières de représentation devant le Conseil d’État
Art. 161.
Sans préjudice des dispositions des articles 155 et 156 de la présente loi organique, la
révision et l’appel devant le Conseil d’État sont, à peine d’irrecevabilité, formés par un
avocat.
Toutefois, le ministère d’avocat n’est pas obligatoire en cas de recours en appel pour les cas
suivants :
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1. excès de pouvoir;
2. litiges en matière électorale;
3. litiges concernant la concession ou le refus de pension;
4. litiges d’ordre individuel concernant les fonctionnaires ou agents de l’État et des autres
personnes ou collectivités publiques.
Les pourvois en cassation ne peuvent être introduits que par les avocats près le Conseil
d’État.

Chapitre II
DE L’INSTRUCTION
Section 1re
De la communication de la requête, du réquisitoire et des mémoires
Art. 162.
Immédiatement après l’enregistrement au greffe de la requête introductive d’instance ou du
réquisitoire, le chef de la juridiction où cette requête ou ce réquisitoire a été transmis,
désigne un rapporteur.
Sous l’autorité du président de la chambre à laquelle il appartient, le rapporteur fixe, eu
égard à l’état du dossier, le délai à accorder, s’il y a lieu, aux parties pour produire le
mémoire complémentaire, observations, défense ou réplique.
Il peut demander aux parties, pour être jointes à la procédure contradictoire, toutes pièces ou
tous documents utiles à la solution du litige, entendre tout témoin, commettre des experts,
déterminer leur mission, leur communiquer les pièces utiles et procéder sur les lieux à toutes
constatations.
Art. 163.
Les mémoires en réponse, en réplique et autres observations ainsi que les pièces qui y sont
jointes éventuellement sont déposés au greffe et communiqués dans les mêmes conditions
que celles prévues pour les requêtes et les réquisitoires.
Lorsqu’une partie ou une administration publique appelée à produire des observations n’a
pas respecté le délai qui lui a été imparti en exécution de l’article 162 et de l’alinéa 1er ci-
dessus, le président de la chambre lui adresse une mise en demeure.
En cas de force majeure, un nouveau et dernier délai peut être accordé.
Si la mise en demeure reste sans effet ou si le dernier délai assigné n’est pas observé, la
juridiction statue. Dans ce cas, la décision est réputée contradictoire.
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Art. 164.
Lorsqu’elle concerne une Administration publique, la mise en demeure est adressée à
l’autorité compétente pour la représenter. Dans les autres cas, elle est adressée à la partie ou
à son avocat.
Art. 165.
Si, malgré la mise en demeure qui lui a été adressée, le requérant n’a pas produit le mémoire
en réplique dont il avait expressément annoncé l’envoi ou, dans les cas mentionnés au
dernier alinéa de l’article 163 de la présente loi organique, n’a pas rétabli le dossier, il est
réputé y avoir renoncé.
Si, malgré une mise en demeure, la partie défenderesse n’a produit aucun mémoire, les
conclusions du requérant sont adjugées si elles se trouvent justes et bien vérifiées au regard
des pièces du dossier.
Art. 166.
Les communications à l’Administration publique des demandes et différents actes de
procédure sont faites à l’autorité habilitée à la représenter devant la juridiction.
Art. 167.
Les décisions prises par le chef de juridiction ou par le rapporteur pour l’instruction des
affaires sont notifiées aux parties, en même temps que les copies des requêtes, réquisitoires
et mémoires déposés au greffe, en application de l’article 163 alinéa 1er de la présente loi
organique.
La notification peut être effectuée au moyen des lettres missives avec accusé de réception.
Toutefois, les notifications de la requête, du réquisitoire, du mémoire en réponse, des
demandes de régularisation, des mises en demeure, des ordonnances de clôture, des avis
d’audience, des mesures d’instruction prises en application des articles 184 à 203 ainsi que
les éléments prévus par l’article 135 de la présente loi organique, sont obligatoirement
effectuées au moyen des lettres recommandées avec accusé de réception.
Art. 168.
La notification peut également être effectuée dans la forme administrative. Dans ce cas, le
magistrat rapporteur désigne l’agent chargé de son accomplissement.
Il est délivré récépissé de cette notification; à défaut, il est dressé procès-verbal de
notification par l’agent qui l’a faite.
Le récépissé ou le procès-verbal est transmis directement au greffe.
Art. 169.
Les parties ou les avocats peuvent prendre connaissance au greffe des pièces de l’affaire et
en lever copie moyennant paiement des frais.
Art. 170. Sauf dispositions contraires de la présente loi organique, lorsque la décision lui
parait susceptible d’être fondée sur un moyen soulevé d’office, le président de la chambre en
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informe les parties avant la séance de jugement et fixe le délai dans lequel elles peuvent
présenter leurs observations.
Art. 171.
Chaque chambre assure l’instruction des affaires qui lui sont confiées.
Elle tient, si son président le juge nécessaire, une séance d’instruction avant la transmission
du dossier au Ministère public.
La chambre siège avec le magistrat rapporteur.
En cas d’empêchement, le président est remplacé par le conseiller le plus ancien.
Art. 172.
Le greffier transmet le mémoire en réponse à la partie requérante et l’avise du dépôt du
dossier au greffe.
Le requérant a trente jours pour déposer un mémoire en réplique et la partie défenderesse a
trente jours pour déposer un mémoire en duplique.
Une copie du mémoire en est notifiée par le greffier à la partie requérante.
Art. 173.
Si la partie défenderesse s’abstient de prendre un mémoire en réponse dans le délai, la partie
requérante en est avisée par le greffier et elle peut remplacer le mémoire en réplique par un
mémoire ampliatif de la requête.
Art. 174.
Le délai pour déposer le mémoire en réponse est de trente jours à dater de la signification de
la requête ou du réquisitoire.
Si les nécessités de l’instruction le justifient, les délais imposés aux parties pour la
transmission de la requête, du réquisitoire ou du mémoire en réponse peuvent, après avis du
Ministère public, être prorogés par ordonnance motivée du président de la section du
contentieux.
Le greffier notifie aux parties l’ordonnance de prorogation des délais.
Art. 175.
Si la juridiction estime qu’il y a lieu d’ordonner de nouveaux devoirs d’instruction, elle
désigne un membre du siège pour y procéder.
Après l’accomplissement des devoirs requis, le membre désigné remet un rapport à la
juridiction.
Lorsque les productions des parties sont faites ou que les délais accordés pour les
productions sont écoulés, le greffier transmet le dossier au Ministère public pour son avis.
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Art. 176.
Au vu du rapport prévu à l’article 175 alinéa 2 de la présente loi organique, la chambre
ordonne le dépôt du dossier et dudit rapport au greffe.
Le greffier notifie ce rapport aux parties.
À l’expiration des délais prévus aux articles 172 et 174 de la présente loi organique et
lorsque l’affaire est en état d’être jugée, le chef de la juridiction fixe la date à laquelle
l’affaire sera appelée.

Section 2
De la dispense d’instruction
Art. 177.
Dès le dépôt de la requête, le greffier transmet le dossier au chef de la juridiction.
Si le recours est manifestement irrecevable, ou si la cause ne relève pas, de façon évidente,
de la compétence de la juridiction, le chef de la juridiction communique le dossier à la
chambre pour examen avant de fixer la date à laquelle l’affaire sera appelée. Notification de
cette date est faite au demandeur et au Ministère public.
Dans le cas contraire, le recours suit son cours normal conformément aux dispositions de la
présente loi organique.
Art. 178.
Dans les trois mois à dater du dépôt du mémoire en réplique ou de l’expiration du délai y
relatif, lorsqu’il apparait, au vu de la requête ou du réquisitoire, que la juridiction n’est pas,
de façon évidente, compétente ou que le recours est manifestement irrecevable, le membre
de la juridiction désigné fait immédiatement rapport au Président de la chambre saisie de
l’affaire. Il en est de même lorsqu’en cours d’instance, la requête ou le réquisitoire devient
sans objet.
Le chef de juridiction convoque le requérant, les parties adverses et, le cas échéant, la partie
intervenante à comparaitre devant lui à bref délai et au plus tard, le dixième jour après le
dépôt du rapport; celui-ci est joint à l’acte de convocation.

Section 3
Des devoirs d’instruction
Art. 179.
Dans l’accomplissement des devoirs d’instruction préparatoire, le magistrat rapporteur peut
correspondre directement avec toutes les autorités, leur demander ainsi qu’aux parties tout
renseignement jugé utile, se faire communiquer tout document, entendre tout témoin,
commettre des experts, déterminer leurs missions et leur communiquer les pièces utiles et
procéder sur les lieux à toutes constatations.
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Art. 180.
Après l’accomplissement des mesures préalables, le magistrat rapporteur rédige un rapport
sur l’affaire. Ce rapport est transmis à la chambre, avec les documents datés et signés
obtenus conformément à l’article 179 de la présente loi organique.
Art. 181.
Le requérant a trente jours pour déposer le mémoire en réplique, et la partie défenderesse
trente jours pour y répondre.
À l’expiration de ce délai, le président fixe la date d’audience.
Art. 182.
En cas d’audition des témoins, les parties et leurs avocats sont convoqués.
La chambre ordonne que les témoins prêtent le serment suivant: « Je jure de dire la vérité,
toute la vérité et rien que la vérité ».
Art. 183.
La décision est prononcée dans les trente jours de la prise en délibéré.

Section 4
De la clôture de l’instruction
Art. 184.
Lorsque l’affaire est en état, le chef de la juridiction fixe, par ordonnance, la date
d’audience.
Les lettres recommandées ou par porteur, avec accusé de réception, portant notification de
cette date d’audience, sont envoyées à toutes les parties quinze jours au moins avant la date
d’audience.
Art. 185.
Aucun mémoire ou document ne peut être déposé après la clôture de l’instruction.
Si les parties présentent, avant la clôture de l’instruction, des conclusions nouvelles ou des
moyens nouveaux, la juridiction ne peut les accueillir sans ordonner un supplément
d’instruction.
Art. 186.
Le président de la composition peut rouvrir le débat par une décision motivée.
Cette décision est notifiée dans les mêmes formes que l’ordonnance de clôture et peut faire
l’objet de recours.
La réouverture de l’instruction résulte d’un jugement ou d’une mesure d’investigation
ordonnant un supplément d’instruction.
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Les mémoires qui auraient été produits pendant la période comprise entre la clôture et la
réouverture de l’instruction sont communiqués aux parties.

Chapitre III
DES MOYENS D’INVESTIGATION
Section 1re
De l’expertise
Art. 187.
La juridiction administrative peut, soit d’office, soit à la demande des parties, ordonner,
avant-dire droit, qu’il soit procédé à une expertise sur les points qu’elle détermine.
Art. 188.
Il n’est désigné qu’un seul expert, à moins que la juridiction estime nécessaire d’en désigner
plusieurs.
La juridiction fixe, en outre, le délai dans lequel l’expert est tenu de déposer son rapport au
greffe.
Le choix de l’expert relève de la compétence du chef de la juridiction.
Lorsqu’il apparait nécessaire à un expert de faire appel à un ou plusieurs autres experts,
l’expert désigné sollicite, à cet effet, l’autorisation du chef de la juridiction.
Art. 189.
Le greffier notifie dans les dix jours à l’expert la décision qui le commet et qui fixe l’objet
de sa mission.
Il annexe à celle-ci la formule du serment que l’expert prêtera par écrit et déposera au greffe
dans les trois jours pour être joint au dossier.
Art. 190.
Dans le cas où un expert n’accepte pas la mission qui lui a été confiée, il en est désigné un
autre à sa place.
L’expert qui, après avoir accepté sa mission ne la remplit pas ou celui qui ne dépose pas son
rapport dans le délai fixé peut, après avoir été entendu par la juridiction, être condamné au
paiement des frais frustratoires.
L’expert est en outre remplacé, s’il y a lieu.
Art. 191.
Les personnes qui ont eu à connaitre d’une affaire à un titre quelconque sont tenues, avant
d’accepter d’être désignées comme experts, d’en relever la cause au chef de la juridiction.
Ce dernier apprécie s’il y a empêchement.
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Art. 192.
Les experts peuvent être récusés pour les mêmes causes que les juges. S’il s’agit d’une
personne morale, la récusation peut viser tant la personne morale elle-même que les
personnes physiques qui assurent en son nom l’exécution de la mesure d’expertise qui a été
prescrite.
La partie qui entend récuser un expert le fait devant la juridiction qui l’a commis et ce, avant
le début des opérations ou dès la révélation de la cause de la récusation.
Si l’expert s’estime récusable, il se déporte et en informe le chef de la juridiction.
Art. 193.
Les parties sont averties par l’expert de jours et heures auxquels il sera procédé à l’expertise.
Cet avis leur est adressé au moins quatre jours à l’avance, par lettre recommandée ou par
porteur, avec accusé de réception.
Les observations faites par les parties au cours des opérations d’expertise sont consignées
dans le rapport.
Art. 194.
S’il y a plusieurs experts, ils procèdent ensemble aux opérations d’expertise et dressent un
seul rapport. S’ils ne peuvent parvenir à la rédaction de conclusions communes, le rapport
comporte l’avis motivé de chacun d’eux.
Art. 195. Le rapport est déposé au greffe. Il est accompagné d’un nombre de copie égal à
celui des parties en litige ayant un intérêt distinct, augmenté de deux.
La signature de l’expert ou des experts est précédée du serment: « Je jure que j’ai rempli ma
mission en honneur et conscience, avec exactitude et probité ».
Une copie du rapport est notifiée aux parties intéressées. Elles sont invitées à fournir leurs
observations dans le délai de trente jours. Une prorogation de délai peut être accordée.
Art. 196.
La juridiction peut ordonner la comparution des experts devant la composition ou devant
l’un de ses membres, les parties dûment convoquées pour fournir toutes explications
complémentaires jugées utiles.
Art. 197.
Les experts ont droit aux honoraires, sans préjudice du remboursement des frais et débours.
Ils joignent à leur rapport un état de leurs vacations, frais et débours.
Dans les honoraires sont comprises toutes sommes allouées pour tout travail fourni par
l’expert et pour toute démarche faite en vue de l’accomplissement de sa mission.
Le chef de la juridiction, après avoir consulté celui de la chambre de jugement, fixe, par
ordonnance, les honoraires en tenant compte des difficultés des opérations, de l’importance
et de la nature du travail fourni.
Page 186 sur 298

Il arrête sur justificatifs le montant des frais et débours qui seront remboursés à l’expert.
Art. 198.
Le chef de la juridiction, après avoir consulté le président de la composition, peut, soit au
début de l’expertise si la durée ou l’importance des opérations paraît le comporter, soit au
cours de l’expertise ou après le dépôt du rapport et jusqu’à l’intervention du jugement sur le
fond, accorder aux experts, à leur demande, une allocation provisionnelle à valoir sur le
montant de leurs honoraires et débours.
Il précise la ou les parties qui devront verser ces allocations.
Sa décision ne peut faire l’objet de recours.
Art. 199.
L’expert ne peut, en aucun cas, réclamer aux parties une somme quelconque en sus des
allocations provisionnelles prévues, des honoraires, des débours, des frais de voyage et de
séjour régulièrement taxés par le chef de la juridiction.
Art. 200.
La juridiction peut ordonner de se transporter ou que l’un ou plusieurs de ses membres se
transportent sur les lieux pour y faire des constatations et vérifications déterminées par sa
décision.
Elle ou un de ses membres peut en outre, dans le cours de la visite, entendre, à titre de
renseignements, les personnes qu’il désigne et faire en leur présence les opérations qu’il juge
utiles.
Les parties sont averties du jour et de l’heure de la visite des lieux.
Il est dressé un procès-verbal de l’opération.

Section 2
De l’enquête
Art. 201.
La juridiction peut, soit à la demande des parties, soit d’office, ordonner une enquête sur les
faits dont la constatation lui parait utile à l’instruction de l’affaire.
Elle peut également, dans les mêmes conditions, ordonner une contre-expertise.
Art. 202.
La juridiction qui ordonne l’enquête indique, dans sa décision, les faits sur lesquels elle
porte et fixe, selon le cas, si elle a lieu devant elle ou devant un de ses membres qui se
transporte, le cas échéant, sur les lieux.
Sa décision est notifiée aux parties.
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Art. 203.
Lorsqu’une mesure d’instruction est ordonnée, la juridiction peut décider qu’il soit établi un
enregistrement sonore, visuel ou audiovisuel de toute ou partie des opérations.
Art. 204.
La juridiction peut ordonner une commission rogatoire en vue d’une enquête.
Art. 205.
Les parties sont invitées à présenter leurs témoins éventuels, aux jours et lieux fixés par la
décision ordonnant l’enquête.
Elles peuvent faire assigner les témoins, à leurs frais, par acte du greffier.
La chambre ou le juge qui procède à l’enquête peut d’office convoquer ou entendre toute
personne dont l’audition lui parait utile.
Art. 206.
Lorsque l’enquête est ordonnée, la preuve contraire peut être apportée par les témoins sans
nouvelle décision.
Toute personne peut être entendue comme témoin, à l’exception des personnes qui sont
frappées d’une incapacité de témoigner en justice.
Toute personne frappée d’une incapacité de témoigner en justice peut être entendue dans les
mêmes conditions, mais sans prestation de serment, à titre d’information.
Est tenu de déposer, quiconque en est légalement requis. Peuvent être dispensées de déposer,
les personnes qui justifient d’un motif légitime. Peuvent s’y refuser, les parents ou alliés en
ligne directe de l’une des parties ou son conjoint, même divorcé.
Art. 207.
Les témoins sont entendus séparément, tant en présence qu’en l’absence des parties dûment
appelées.
Avant d’être entendu, chaque témoin déclare ses nom, prénom, profession, âge et résidence
ainsi que, s’il y a lieu, ses liens de parenté ou d’alliance avec les parties, de subordination à
leur égard, de collaboration ou de communauté d’intérêts avec elles.
Il prononce, à peine de nullité de son témoignage, le serment de dire la vérité.
Les témoins peuvent être entendus de nouveau et confrontés les uns avec les autres.
Art. 208.
Si l’enquête a lieu à l’audience, le greffier dresse le procès-verbal de la déposition des
témoins. Ce procès- verbal est visé par le président de la composition et versé au dossier.
Si l’enquête est confiée à un juge, celui-ci dresse le procès-verbal de la déposition des
témoins. Ce procès-verbal est déposé au greffe et versé au dossier.
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Art. 209.
Dans tous les cas, le procès-verbal de l’audition des témoins comporte l’énoncé des jours,
lieu et heure de l’audition, la mention de la présence ou de l’absence des parties, les nom,
prénom, profession et résidence des témoins, le serment prêté ou les causes qui les ont
empêchés de le faire.
Il est donné lecture à chaque témoin de sa déposition et le témoin la signe ou mention est
faite qu’il ne peut ou ne veut la signer.
Une copie du procès-verbal est notifiée aux parties.
Art. 210.
Les témoins entendus dans une affaire peuvent requérir la taxe.
Il leur est alloué, pour frais de transport ou pour indemnité de comparution, les mêmes
allocations que celles qui sont prévues en faveur des experts par les dispositions légales en
vigueur au sujet de la taxe des témoins en matière civile.
La taxe est déterminée par le chef de la juridiction, à la demande des témoins.
Chapitre IV

DES INCIDENTS DE L’INSTRUCTION


Section 1re
De la demande incidente
Art. 211.
La demande incidente est introduite et instruite dans les mêmes formes que la requête
principale ou le réquisitoire.
Elle est jointe à la requête principale ou au réquisitoire pour y être statuée par une même
décision.

Section 2
De l’intervention
Art. 212.
L’intervention volontaire de toute partie intéressée est formée par une requête motivée.
Les parties peuvent faire appeler en intervention toute personne dont elles estiment la
présence nécessaire à leur défense.
Le président de la composition ordonne, s’il y a lieu, que cette requête en intervention soit
communiquée aux parties adverses et fixe le délai imparti à celles-ci pour y répondre.
Néanmoins, la décision à prendre sur l’affaire principale ne peut être retardée par une
intervention.
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Art. 213.
La demande en intervention est introduite au plus tard avant la clôture des débats.
Art. 214.
Le président de la composition saisie du recours convoque le requérant, la partie adverse et
la partie intervenante à comparaitre devant elle dans les trente jours de la demande du dépôt
du dossier.
La composition statue sans délai, les parties et le Ministère public entendus.

Section 3
De la contestation des pièces des parties
Art. 215.
Les pièces produites par une partie peuvent être contestées par la partie adverse, en faisant
une déclaration au greffe de la juridiction.
Dès le dépôt de la déclaration, le greffier fait sommation à la partie qui a produit la pièce
incriminée de déclarer si elle persiste à en faire état.
Si la partie qui a produit la pièce contestée renonce à en faire état par une déclaration au
greffe ou si elle n’a pas fait de déclaration dans la huitaine, la pièce est écartée. Le délai de
huitaine pourra être prorogé par la juridiction.
Si elle déclare persister à faire état de la pièce contestée, le greffier le notifie à la partie qui a
soulevé l’incident. Celle-ci ou le Ministère public peut, dans les huit jours, saisir la
juridiction compétente; dans ce cas, la juridiction sursoit à statuer jusqu’après le jugement
sur le faux à moins qu’elle estime que la pièce contestée est sans influence sur sa décision.
Si, ni le Ministère public, ni la partie qui a soulevé l’incident n’ont introduit d’action dans le
délai précité, la pièce est maintenue au dossier et soumise à l’appréciation de la juridiction.

Section 4
Du désistement
Art. 216.
Lorsqu’il y a renonciation expresse à une action introduite en justice, la composition saisie
se prononce sans délai sur le désistement, lequel doit avoir été accepté par la partie adverse.
Le désistement et l’acceptation sont faits par acte signé et daté par les parties ou leurs
mandataires, porteurs de procuration spéciale, et déposé au greffe.

Section 5
De la reprise d’instance
Art. 217.
Si, avant la clôture des débats, une des parties vient à décéder, il y a lieu à reprise de
l’instance.
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Hormis les cas d’urgence, la procédure est suspendue pendant le délai accordé aux héritiers
pour faire inventaire et délibérer.
Toutes communications et notifications sont faites valablement aux ayants droit,
collectivement et sans autre désignation, au domicile élu ou au dernier domicile du défunt.
La juridiction peut demander en outre au Ministère public de recueillir des renseignements
sur l’identité ou la qualité des parties à l’égard desquelles la reprise d’instance peut avoir
lieu.
Art. 218.
La reprise d’instance volontaire a lieu dans un délai préfix de six mois à dater du décès, de la
perte de qualité ou de capacité d’une partie, par le dépôt au greffe d’un mémoire justifiant la
qualité de la personne qui reprend l’instance.
Le greffier transmet une copie de cette requête aux parties et au Ministère public.
Le défaut de reprise d’instance du demandeur dans le délai requis vaut désistement, après
une mise en demeure adressée à la succession du de cujus.
Art. 219.
Les ayants droit qui ont volontairement repris l’instance dans le délai fixé à l’article 218
susmentionné peuvent forcer les autres ayants droit à intervenir.
La reprise d’instance forcée est faite en la forme d’une requête introductive d’instance et
indique l’état de la procédure en cours.
Art. 220.
La reprise d’instance volontaire ou l’acquiescement à la reprise d’instance forcée n’emporte
pas l’acceptation de l’hérédité.
Art. 221.
Après l’expiration des délais prévus à l’article 218 ci-dessus, la procédure est valablement
reprise contre les ayants droit du défunt, par requête rédigée conformément aux dispositions
de la présente loi organique.

Section 6
De la litispendance et de la connexité
Art. 222.
En cas de litispendance, les causes pendantes devant les différentes juridictions de l’ordre
administratif sont renvoyées par l’une d’elles à l’autre selon les règles et dans l’ordre ci-
après :
- la juridiction saisie au degré d’appel est préférée à celle saisie au premier ressort;
- la juridiction qui a rendu sur l’affaire une décision autre que celle d’ordre intérieur est
préférée aux autres juridictions;
- la juridiction saisie la première est préférée aux autres juridictions.
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Une expédition de la décision est transmise avec les pièces de procédure au greffe de la
juridiction à laquelle la cause a été renvoyée.
Art. 223.
Les demandes pendantes devant un Tribunal administratif peuvent, à la demande de l’une
des parties, être jointes à des demandes connexes pendantes devant la Cour administrative
d’appel. La juridiction saisie statue en premier ressort.
Lorsque les demandes pendantes devant les juridictions administratives différentes de même
rang sont connexes, elles peuvent, à la demande de l’une des parties, être renvoyées à celle
de ces juridictions qui a déjà rendu une décision autre qu’une mesure d’ordre intérieur;
sinon, à la juridiction saisie la première.
Dans ce cas, lorsque les parties ne sont pas les mêmes dans toutes les actions connexes et
que la juridiction de renvoi a déjà rendu un jugement qui ne la dessaisit pas, le renvoi à cette
juridiction ne peut être prononcé si le plaideur qui n’a pas été partie à ce jugement s’y
oppose.
Les décisions de renvoi sont rendues en dernier ressort.
La juridiction de renvoi ne peut décliner sa compétence sur les causes dont elle est saisie.
Une expédition de la décision du renvoi est transmise avec les pièces de la procédure au
greffe de la juridiction à laquelle la cause a été renvoyée.
Art. 224.
S’il y a lieu de statuer par une seule et même décision sur plusieurs affaires pendantes
devant les chambres différentes, le premier président peut désigner par ordonnance, soit
d’office, soit à la demande du Ministère public, soit à la demande des parties, la chambre ou
la composition qui en connaitra.
Le greffier notifie cette ordonnance aux parties et au Ministère public.
Lorsqu’il s’agit d’affaires pendantes devant une même chambre, la jonction peut, selon le
cas, en être ordonnée par la chambre saisie.

Section 7
Des renvois de juridiction pour cause de sûreté publique ou de suspicion légitime
Art. 225.
La Cour administrative d’appel peut, pour cause de sûreté publique ou de suspicion légitime,
renvoyer la connaissance d’une affaire d’un Tribunal administratif de son ressort à un autre
Tribunal administratif du même ressort.
Le Conseil d’État peut, pour les mêmes causes, renvoyer la connaissance d’une affaire d’une
Cour administrative d’appel à une autre ou d’une juridiction du ressort d’une Cour
administrative d’appel à une juridiction de même rang du ressort d’une autre Cour
administrative d’appel.
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Art. 226.
La requête aux fins de renvoi pour cause de sûreté publique ou de suspicion légitime peut
être présentée soit par le procureur général près le Conseil d’État, soit par l’officier du
Ministère public près la juridiction saisie.
Pour cause de suspicion, toute requête peut également être présentée par les parties.
La requête est introduite par écrit.
La juridiction saisie de la demande de renvoi donne acte du dépôt de la requête.
Sur production d’une expédition de cet acte par le Ministère public ou par la partie la plus
diligente, la juridiction saisie quant au fond sursoit à statuer.
Art. 227.
La date d’audience est notifiée à toutes les parties en cause dans les formes et délais
ordinaires.
Les débats se déroulent de la manière suivante:
1. le requérant expose ses moyens;
2. la partie adverse présente ses observations;
3. le Ministère public donne son avis s’il échet; ▼1
4. la juridiction clôt les débats et prend l’affaire en délibéré.
Une expédition du jugement ou de l’arrêt de renvoi sera transmise tant au greffe de la
juridiction saisie qu’au greffe de la juridiction à laquelle la connaissance de l’affaire a été
renvoyée.
La décision sur la requête est rendue dans la huitaine de la prise en délibéré de l’affaire. Elle
n’est susceptible ni d’opposition ni d’appel.
[1] Dans son arrêt R.Const.309 du 10 août 2016, la Cour Constitutionnelle a statué que
cet alinéa soit lu comme suit: « le Ministère public donne son avis », plutôt que « le
Ministère public donne son avis, s’il échet ».
Section 8
De l’exception d’inconstitutionnalité
Art. 228.
Lorsqu’une exception d’inconstitutionnalité d’un acte législatif ou administratif est soulevé
par ou devant une juridiction de l’ordre administratif, celle-ci saisit obligatoirement la Cour
constitutionnelle. ▼1
La solution du litige porté devant la juridiction saisie est subordonnée à l’appréciation de la
constitutionnalité de l’acte législatif ou administratif contesté.
La juridiction saisie sursoit à statuer jusqu’à ce que la Cour constitutionnelle se soit
prononcée.
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Si la Cour constitutionnelle décide que la disposition dont elle a été saisie n’est pas
conforme à la Constitution, il ne peut en être fait application.

[1] Dans son arrêt R.Const.309 du 10 août 2016, la Cour Constitutionnelle a statué que
le terme « réglementaire » remplace « administratif » à l’art. 228 al. 1er, qui se lira «
Lorsqu’une exception d’inconstitutionnalité d’un acte législatif ou réglementaire est
soulevé par ou devant une juridiction de l’ordre administratif, celle-ci saisit
obligatoirement la Cour constitutionnelle ».
Chapitre V
DU JUGEMENT DE L’AFFAIRE
Section 1re
De l’inscription au rôle
Art. 229.
Les rôles des affaires sont arrêtés par le chef de la juridiction.
Art.
230. Le chef de la juridiction peut, à tout moment de la procédure, décider d’inscrire une
affaire au rôle de la juridiction statuant en plénière.
Les rôles sont affichés à la porte de la salle d’audience.
Art. 231.
Les parties et le Ministère public sont avertis, par une notification faite conformément à
l’article 184 de la présente loi organique, du jour et de l’heure où l’affaire est appelée à
l’audience.
Dans les deux cas susvisés, l’avertissement est donné quinze jours au moins avant
l’audience.
Toutefois, en cas d’urgence, ce délai peut être abrégé par une décision expresse du chef de la
juridiction qui sera mentionnée sur la convocation.

Section 2
De la tenue des audiences
Art. 232.
Les audiences de la section du contentieux sont publiques, à moins que cette publicité ne soit
jugée dangereuse pour l’ordre public ou les bonnes mœurs.
Dans ce cas, la composition ordonne le huis clos par une décision motivée.
Art. 233. Les débats se déroulent de la manière suivante :
1. le requérant expose ses moyens;
2. la partie adverse présente ses observations;
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3. le Ministère public donne son avis;


4. la juridiction clôt les débats et prend l’affaire en délibéré.
Le greffier du siège dresse le procès-verbal de l’audience.
Art. 234.
La juridiction se prononce sur les moyens présentés par les parties et par le Ministère public.
Aucun moyen autre que ceux repris dans les requêtes, les réquisitoires et les mémoires
déposés dans les délais prescrits ne peut être reçu.
Toutefois, la composition saisie soulève d’office tout moyen d’ordre public. Dans ce cas,
elle ordonne aux parties de conclure sur ces moyens.
Art. 235.
La chambre ou la composition, avant la clôture des débats, ordonne aux parties de conclure
sur un incident ou sur les moyens d’ordre public soulevés d’office.
De même, après la clôture des débats, elle décide de leur réouverture pour ordonner aux
parties de conclure sur l’incident ou sur le moyen d’ordre public soulevé d’office.
Art. 236.
Les juridictions de l’ordre administratif organisent la police des audiences conformément à
leur règlement intérieur.

Section 3
De la publicité des décisions
Art. 237. Les jugements et arrêts définitifs sont, à la diligence du greffier, publiés dans les
mêmes formes que les actes, règlements ou décisions annulés.
Ils sont notifiés aux parties et affichés au siège de ce Tribunal qui a rendu la décision ainsi
qu’au siège de l’autorité qui a pris l’acte.

Section 4
Des frais et dépens
Art. 238.
Les taux des droits et frais à percevoir ainsi que les modalités de leur perception sont fixés
par la législation relative à la nomenclature des actes générateurs des recettes
administratives, judiciaires, domaniales et de participation.
Toutes dépenses faites à la requête des parties, du Ministère public ou décidées d’office par
toute juridiction administrative seront taxées et liquidées pour être imputées à l’état des frais.
Pour le calcul des frais, les rôles de la procédure seront comptés conformément aux
dispositions de l’alinéa premier du présent article.
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Art. 239.
Aucune affaire n’est portée au rôle d’une juridiction de l’ordre administratif sur requête
d’une partie sans la consignation préalable d’une provision dont le montant est fixé par la
législation en la matière, sauf dispense de consignation accordée suivant les modalités
prévues à l’article 241 de la présente loi organique.
Le greffier réclame un complément de provision lorsqu’il estime que les sommes consignées
sont insuffisantes pour couvrir les frais qui sont exposés. En cas de contestation sur le
montant réclamé par le greffier, le chef de la juridiction décide.
Le défaut de consignation complémentaire, après un délai de quinze jours, entraine la
radiation de la cause par jugement ou arrêt, sauf décision contraire du chef de la juridiction.
En matière de pourvoi en cassation, le défaut de consignation complémentaire à l’expiration
du délai entraine le classement définitif de la cause ordonné par le premier président du
Conseil d’État, sauf décision contraire de sa part.
Art. 240.
Les frais sont taxés et imputés à la partie succombante dans l’arrêt ou le jugement vidant la
saisine de la juridiction.

Section 5
De la dispense des frais
Art. 241.
Compte tenu des ressources des parties, dispense totale ou partielle de consignation ainsi
qu’autorisation de délivrance en débet des expéditions et copies peuvent être accordées, sur
requête, par le chef de la juridiction.
L’ordonnance de dispense ou d’autorisation n’entre pas en taxe.
Art. 242.
En cas de dispense totale ou partielle de consignation, les frais d’expertise et les taxations à
témoins sont avancés par le Trésor public.
Art. 243.
La personne qui demande la dispense des frais joint à sa requête les documents prouvant son
état d’indigence.
Art. 244.
Le chef de la juridiction saisie statue sur la demande de dispense des frais et entend les
parties, s’il échet.
Il peut soit accorder totalement ou partiellement le débet, soit le rejeter.
Art. 245.
Si la dispense des frais est refusée, la partie requérante est invitée à consigner les frais.
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À défaut de se faire dans les quinze jours de l’avis donné par le greffier, la requête est rayée
du rôle.
Art. 246.
En cours d’instance, le chef de la juridiction saisie peut accorder la dispense des frais pour
les actes et devoirs qu’il détermine.
Art. 247.
Les taxes visées à l’article 248 de la présente loi organique sont liquidées en débet par le
greffier.
Les autres dépens sont avancés à la décharge du bénéficiaire de la dispense par le Trésor
public et portés en dépense dans les comptes du Trésor public.
Art. 248.
Aux fins de recouvrement des taxes liquidées en débet et autres dépens, le greffier transmet
au Trésor public une copie de l’avis ou de l’arrêt définitif, accompagnée d’un relevé détaillé
des sommes à recouvrer.

Chapitre VI
DE LA NOTIFICATION ET DE L’EXÉCUTION DES ARRÊTS ET JUGEMENTS
Art. 249.
Les arrêts et jugements sont notifiés aux parties par les soins du greffier.
Toutefois, les arrêts et jugements qui, conformément aux dispositions de la présente loi
organique, décrètent le désistement ou déclarent l’irrecevabilité, et ceux qui décident qu’il
n’y a pas lieu à statuer font l’objet d’un envoi aux parties en copie libre sous pli ordinaire.
Art. 250.
Les arrêts et jugements sont exécutoires de plein droit.
Les arrêts, jugements et ordonnances sont exécutés au nom du président de la République.
Le greffier appose sur les expéditions, à la suite du dispositif, la formule exécutoire ci-après:
« Les ministres et les autorités administratives, en ce qui les concerne, sont tenus de
pourvoir à l’exécution du présent arrêt ou jugement. Les huissiers de justice à ce requis ont à
y concourir en ce qui concerne les voies de droit commun ».
Art. 251.
Les expéditions sont délivrées par le greffier, qui les signe et les revêt du sceau de la
juridiction.
Art. 252.
En cas d’annulation ou de reformation, les jugements et arrêts sont publiés dans les mêmes
conditions que les actes, règlements ou décisions annulés ou reformés.
La juridiction détermine si l’arrêt doit être publié en entier ou en extrait.
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Cette publication est faite sans délai à la requête du greffier en chef.

Chapitre VII
DES VOIES DE RECOURS
Section 1re
De l’opposition
Art. 253.
Toute personne qui, mise en cause devant une juridiction administrative, n’a pas produit
d’observation ou de défense en forme régulière, peut former opposition au jugement ou à
l’arrêt rendu par défaut, sauf si la décision a été rendue contradictoirement à l’égard d’une
partie qui a le même intérêt que la partie défaillante.
L’opposition n’est pas suspensive, à moins qu’il en soit autrement ordonné.
Elle est formée dans le délai de deux mois à compter du jour où la décision par défaut a été
notifiée, outre deux jours par cent kilomètres de distance.
La distance à prendre en considération est celle qui sépare le domicile de l’opposant du lieu
où la signification de l’opposition doit être faite.
Lorsque la signification n’a pas été faite à personne, l’opposition peut être faite dans deux
mois, outre les délais de distance, qui suivent celui où l’intéressé aura eu connaissance de la
signification. S’il n’a pas été établi qu’il en a eu connaissance, il peut faire opposition dans
les deux mois outre les délais de distance qui suivent le premier acte d’exécution dont il a eu
personnellement connaissance, sans qu’en aucun cas, l’opposition puisse encore être reçue
après l’exécution consommée de l’arrêt ou jugement.
La décision qui admet l’opposition remet, s’il y a lieu, les parties dans l’état où elles étaient
auparavant.
Art. 254.
La juridiction qui a des raisons sérieuses de croire que le défaillant n’a pas pu être instruit de
la procédure peut, en adjugeant le défaut, fixer pour l’opposition un délai autre que ceux
prévus par l’article précédent.
Art. 255.
L’opposition est formée par la partie ou par un fondé de pouvoir spécial, soit par déclaration
reçue et actée par le greffier de la juridiction qui a rendu la décision, soit par lettre
recommandée à la poste adressée au greffier de cette juridiction ou par porteur avec accusé
de réception.
Elle peut aussi être faite par déclaration sur les commandements, procès-verbaux de saisie et
de tout autre acte d’exécution, à charge pour l’opposant de la réitérer dans les deux mois,
outre deux jours par cent kilomètres de distance, et suivant les formes prévues ci- dessus, à
défaut de quoi elle n’est plus recevable et l’exécution peut être poursuivie sans qu’il soit
besoin de la faire surseoir.
Page 198 sur 298

Art. 256.
L’acte d’opposition contient l’exposé sommaire des moyens de la partie.
La date de l’opposition est celle de la déclaration au greffe ou celle de la réception par le
greffier de la lettre recommandée.
Le greffier qui reçoit la déclaration d’opposition fait assigner le demandeur originaire dans
les formes et délais prévus au chapitre Ier, sous-titre II, du titre IV de la présente loi
organique.
Art. 257.
L’opposition contre une décision qui a statué sur une première opposition n’est pas
recevable.

Section 2
De la tierce opposition
Art. 258.
Toute personne peut former tierce opposition à une ordonnance, un jugement ou un arrêt qui
préjudicie à ses droits, dès lors que, ni elle, ni ceux qu’elle représente n’ont été présents ou
régulièrement appelés dans l’instance ayant abouti à cette décision.
La tierce opposition n’est recevable que si elle est introduite dans les deux mois qui suivent
la publication de l’ordonnance, du jugement ou de l’arrêt ou, si l’exécution est parvenue à la
connaissance du tiers d’une manière quelconque avant la publication, trente jours après la
date à laquelle il en a eu connaissance.
La requête formant tierce opposition est, à la diligence du greffier, notifiée à toutes les
parties en cause à la décision entreprise et au Ministère public.
La tierce opposition n’est pas suspensive de l’exécution de la décision entreprise, sauf si la
juridiction en décide autrement par une ordonnance qui sera notifiée à toutes les parties, à la
diligence du greffier.
Art. 259.
Il est procédé à l’instruction de la tierce opposition dans les formes prescrites pour la
requête.
Art. 260.
La tierce opposition formée par action principale est portée devant la juridiction qui a rendu
la décision attaquée.
Art. 261.
La tierce opposition incidente à une contestation dont une juridiction est saisie est formée
par voie de conclusions, si cette juridiction est du rang égal ou supérieur à celle qui a rendu
la décision entreprise.
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Si cette juridiction n’est de rang ni égal ni supérieur, la tierce opposition incidente est portée,
par action principale, devant la juridiction qui a rendu la décision attaquée.
Art. 262.
La juridiction devant laquelle la décision attaquée est produite peut, suivant les
circonstances, passer outre ou surseoir à statuer.

Section 3
De l’appel
Art. 263.
Toute partie présente dans une instance ou qui a été régulièrement appelée, alors même
qu’elle n’aurait produit aucune défense, peut interjeter appel contre toute décision
juridictionnelle rendue dans cette instance par le Tribunal administratif ou par la Cour
administrative d’appel.
Art. 264.
Sauf disposition légale contraire, le délai d’appel est de deux mois augmenté des délais de
distance prévus à l’article 253 alinéas 3 et 4 de la présente loi organique. Il court contre toute
partie à l’instance, à compter du jour de la notification de la décision attaquée.
Si la décision a été signifiée par huissier de justice, le délai d’appel court à dater de cette
signification contre la partie qui l’a initié et contre celle qui l’a reçue.
Art. 265.
Aucun appel ne peut être déclaré recevable si l’appelant ne produit l’expédition régulière de
la décision attaquée contenant l’état de la procédure, les dispositifs de la conclusion des
parties et, le cas échéant, les autres actes de la procédure.
Art. 266.
L’appel est formé par la partie ou par un fondé de pouvoir spécial, soit par une déclaration
reçue et actée par le greffier de la juridiction d’appel, soit par lettre recommandée à la poste
adressée au greffier de cette juridiction.
La date de l’appel est celle de la déclaration au greffe ou celle de la réception de la lettre
recommandée par le greffier.
Art. 267.
Dans le délai fixé pour interjeter appel, l’appelant doit fournir au greffier tous les éléments
nécessaires pour assigner la partie intimée devant la juridiction d’appel.
Art. 268.
Le greffier qui reçoit la déclaration d’appel fait assigner l’intimé dans les formes et délais
prévus au chapitre Ier, sous-titre II, du titre IV de la présente loi organique.
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Art. 269.
L’intimé peut interjeter appel incident en tout état de cause, quand bien même il aurait fait
signifier le jugement sans protestation.
Art. 270.
L’appel d’une décision préparatoire ne peut être interjeté qu’après la décision définitive et
conjointement avec l’appel de cette décision et le délai de l’appel court du jour de la
signification de la décision définitive. Cet appel est recevable encore que la décision
préparatoire ait été exécutée sans réserve.
L’appel d’une décision interlocutoire peut être interjeté avant la décision définitive. Il en est
de même des décisions qui ont accordé une provision.
Art. 271.
Sont réputées préparatoires, les décisions qui sont rendues pour l’instruction de la cause et
qui tendent à mettre le procès en état de recevoir les décisions définitives.
Sont réputées interlocutoires, les décisions par lesquelles la juridiction ordonne, avant dire
droit, une preuve, une vérification ou une instruction qui préjuge du fond.
Art. 272.
Aucune nouvelle demande ne peut être formée, au degré d’appel, à moins qu’il ne s’agisse
de compensation, ou que la demande ne soit la défense à l’action principale.
Les parties peuvent aussi demander des intérêts, arrérages, loyers et autres accessoires échus
depuis la décision et les dommages et intérêts pour le préjudice souffert depuis ladite
décision.
Art. 273.
Les règles prescrites pour les juridictions du premier degré sont observées devant la
juridiction d’appel.
Néanmoins, la juridiction d’appel peut commettre un membre pour remplir les missions
prescrites par les articles 215 à 227 de la présente loi organique.
Art. 274.
Lorsqu’il y a appel d’une décision interlocutoire, si la décision est infirmée et que la matière
est disposée à recevoir une décision définitive, la juridiction d’appel peut statuer
définitivement sur le fond par une seule et même décision.
Il en est de même dans le cas où la juridiction d’appel infirme les décisions définitives, soit
pour vice de forme, soit pour toute autre cause.
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Section 4
De l’interprétation des décisions de justice et de la rectification d’erreur matérielle
Art. 275.
Les juridictions de l’ordre administratif connaissent de l’interprétation de toute décision de
justice rendue par elles.
Elles connaissent également des actions en rectification d’erreur matérielle contenue dans
leurs décisions.
L’action en rectification d’erreur matérielle est présentée dans les mêmes formes que celles
de la requête initiale.
Elle est introduite dans un délai de deux mois qui court du jour de la notification de la
décision rendue.
Art. 276.
La rectification de l’erreur matérielle concerne notamment:
1. la fausse identification ou la mauvaise transcription des éléments d’identité des parties;
2. la transcription erronée de l’objet ou de l’un des objets du dispositif du jugement ou de
l’arrêt, lorsque cet objet ne fait pas partie de la décision arrêtée;
3. la désignation erronée de l’acte attaqué, objet de la décision du juge;
4. l’indication erronée ou l’oubli d’indication de l’effet de l’arrêt ou du jugement.

Titre V
DES PROCÉDURES SPÉCIALES COMMUNES AUX JURIDICTIONS DE
L’ORDRE ADMINISTRATIF
Chapitre Ier
DE LA PROCÉDURE SPÉCIALE DE MÉDIATION ET DE CONCILIATION
Art. 277.
Les juridictions administratives peuvent, à la demande des parties, recourir à la médiation ou
à la conciliation avant de statuer au fond de litiges dont elles sont saisies.
La médiation ou la conciliation se déroule dans un délai de trois mois à compter du jour de
l’introduction de la requête.
Dans ce cas, l’arrangement intervenu entre parties est constaté et coulé dans une décision
d’expédient.
Dans le cas contraire, le dossier suit son cours normal. Il est examiné conformément aux
dispositions de la présente loi-organique.
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Chapitre II
DU RÉFÉRÉ
Section 1re
Du juge des référés
Art. 278.
La juridiction administrative, siégeant à juge unique et ce, en chambre du conseil, statue
comme juge des référés.
Le juge des référés rend des mesures provisoires. Il ne statue pas sur la demande principale.
Il se prononce par voie d’ordonnance dans les huit jours de la saisine conformément aux
dispositions de la présente loi-organique.
Art. 279.
Le président du Tribunal administratif et le premier président de la Cour administrative
d’appel ainsi que les magistrats de leurs juridictions qu’ils désignent à cet effet sont des
juges des référés.
Pour les litiges relevant de la compétence du Conseil d’État, le président de la section du
contentieux est juge des référés ainsi que les conseillers qu’il désigne à cet effet.
Nul ne peut être désigné, sur délégation, juge des référés, en application de l’alinéa
précédent, s’il n’a pas le grade de président ou, en cas d’absence ou d’empêchement de
celui-ci, de conseiller ayant au moins trois ans d’ancienneté dans le grade.
Art. 280.
La compétence matérielle du juge des référés se détermine par celle du litige principal
auquel se rapporte au fond la demande de mesure en référé.
Art. 281.
Le juge des référés peut, à la demande de toute personne intéressée, au vu d’un élément
nouveau, modifier, par ordonnance, les mesures qu’il avait ordonnées dans le cadre des
articles 287 à 289 de la présente loi organique ou y mettre fin.

Section 2
Des référés généraux
§ 1er
Les conditions des référés généraux
Art. 282.
Lorsqu’une décision administrative fait l’objet d’une requête en annulation ou en
réformation, qu’il existe un doute sérieux quant à sa légalité et qu’il y a urgence, le juge des
référés saisi par une demande en référé-suspension peut décider qu’il y a lieu d’ordonner la
suspension de la décision administrative attaquée pour une durée qui ne peut excéder la date
de la décision quant au fond du litige soulevé par la requête principale en annulation ou en
réformation.
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Il est alors statué sur la requête principale dans les huit jours de la saisine.
Art. 283.
Lorsqu’une décision administrative porte gravement atteinte et de manière manifestement
illégale à une liberté publique et/ou fondamentale, le juge des référés saisi par une demande
en référé-liberté peut ordonner toute mesure nécessaire à la sauvegarde de la liberté.
Le juge des référés se prononce dans les quarante-huit heures lorsqu’il statue sur une
demande en référé-liberté.
Art. 284.
Lorsqu’à la suite d’une décision administrative ou en l’absence de celle-ci, il y a lieu soit
d’empêcher le maintien ou l’aggravation d’une situation dommageable en fait ou irrégulière
en droit, soit de préserver les intérêts particuliers du demandeur ou l’intérêt général, le juge
des référés, saisi en référé-conservatoire, peut, sans faire obstacle à l’exécution d’aucune
décision administrative, ordonner toutes mesures utiles à la préservation de la situation des
parties à l’avenir.

§2
La procédure des référés généraux
Art. 285.
La procédure des référés est contradictoire, écrite et orale.
Lorsque le juge des référés est saisi des demandes prévues aux articles 282, 283 et 284 de la
présente loi organique, il informe les parties de la date et de l’heure de l’audience.
Sauf si le juge renvoie la question à une formation collégiale, l’audience se déroule sans les
conclusions du Ministère public.
Art. 286.
Lorsqu’il apparaît, au vu de la requête, que la demande est dépourvue de caractère d’urgence
ou ne relève manifestement pas de la compétence de la juridiction administrative, qu’elle est
irrecevable ou non fondée, le juge des référés peut rejeter la demande, sans même
communiquer la requête au défendeur ni procéder à la convocation des parties tel que prévu
par l’article 289 de la présente loi organique.
Le juge des référés qui entend décliner sa compétence rejette la demande dont il est saisi par
une ordonnance.
Art. 287.
Outre les mentions prévues à l’article 135 de la présente loi organique, la requête aux fins
des mesures en référé contient la justification de l’urgence des mesures sollicitées.
La requête en référé-suspension doit, à peine d’irrecevabilité, être présentée dans une
requête distincte de la requête en annulation ou en réformation et être accompagnée de la
requête principale.
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Art. 288.
L’irrecevabilité dont sont frappées les requêtes introductives d’instance pour cause de
violation des formes prescrites par les articles 140 et 141 de la présente loi organique n’est
pas applicable en matière de référé.
Art. 289. La requête est notifiée aux défendeurs.
Le juge des référés accorde les délais les plus brefs aux parties pour fournir leurs
observations. Sans mise en demeure, la procédure est poursuivie, en cas d’inobservation de
ces délais.
Par dérogation aux dispositions de l’alinéa précédent, lorsqu’il s’agit du référé-suspension
ou du référé-liberté, les parties sont convoquées sans délai et par tous moyens à l’audience.
Art. 290.
Sauf pour le référé-liberté, le ministère d’avocat est obligatoire pour tous les référés
généraux.
Art. 291.
L’accomplissement des formalités prévues à l’article 289 de la présente loi organique met
l’affaire en état d’être jugée.
L’instruction de l’affaire est faite et clôturée à l’audience, sauf si le juge des référés diffère
l’instruction à une date ultérieure pour laquelle il avise les parties par tous moyens.
Le renvoi d’audience emporte réouverture de l’instruction.
Art. 292.
Lorsque le juge des référés décide du renvoi de la matière à une composition collégiale, un
procès-verbal de l’audience doit être établi et signé par lui-même et le greffier d’audience et
versé au dossier.
Art. 293.
L’ordonnance rendue en matière des référés mentionne outre les noms des parties, l’analyse
sommaire des conclusions ainsi que les visas des dispositions législatives ou règlementaires
dont il est fait application, la date et le dispositif divisé en articles.
La minute est signée du seul juge des référés qui a rendu la décision.
Elle n’est pas prononcée en audience publique.
Art. 294.
L’ordonnance est notifiée sans délai et par tous moyens aux parties.
Elle prend effet à compter de la notification faite à la partie qui doit s’y conformer.
Par dérogation, le juge des référés peut décider de rendre exécutoire l’ordonnance aussitôt
rendue.
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En cas d’urgence, le dispositif assorti de la formule exécutoire, peut être communiqué sur
place aux parties, qui en accusent réception. Cette formalité vaut notification.

§3
Des voies de recours des référés généraux
Art. 295.
Les ordonnances en matière de révision des mesures prises par voie de référé, de référé-
suspension, de référé-conservatoire ou des décisions de rejet, avant des demandes sans
instruction de la requête, prises respectivement en application des dispositions des articles
281, 282, 284 et 286 de la présente loi organique, sont rendues en premier et dernier ressort.
Les ordonnances rendues en matière de référé-liberté prévu à l’article 283 le sont en premier
ressort.
Art. 296.
Les ordonnances visées à l’alinéa premier de l’article 295 de la présente loi organique ne
peuvent être attaquées que par le pourvoi en cassation dans les quinze jours de la
notification; sauf cas de rejet prévu à l’article 286 de la présente loi organique, le délai est
porté à trente jours.
Les ordonnances rendues en matière de référé-liberté prévu à l’article 283 de la présente loi
organique sont susceptibles d’appel devant la Cour administrative d’appel ou le Conseil
d’État.
Le premier président de la Cour administrative d’appel, le président de la section du
contentieux du Conseil d’État, ou un magistrat délégué à cet effet conformément à la
présente loi, statue dans un délai de quarante-huit heures.

Section 3
Des référés particuliers
§ 1er
Les différents types des référés particuliers
Art. 297.
Lorsqu’il y a lieu uniquement de constater, sans aucune autre appréciation de fait ou de
droit, les faits survenus dans son ressort, qui seraient susceptibles de donner lieu à un litige,
le juge des référés peut, sur simple requête en référé-constat, présentée avec ou sans
ministère d’avocat, en l’absence même d’une décision administrative préalable, ordonner la
constatation des faits, sans délai, par un expert qu’il désigne.
Avis en est donné immédiatement aux défendeurs éventuels qui ne sont pas invités à se
pourvoir en défense.
Art. 298.
Lorsqu’il y a lieu de prescrire toute mesure utile d’expertise ou d’instruction portant
uniquement sur les questions de fait, le juge des référés peut, sur simple requête en référé-
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instruction, présentée avec ou sans ministère d’avocat, en l’absence même d’une décision
administrative préalable, ordonner une expertise ou une mesure d’instruction.
La requête est notifiée au défendeur éventuel en lui accordant un délai de réponse.
Art. 299.
Lorsque l’existence de l’obligation n’est pas sérieusement contestable, même en l’absence
d’une demande au fond, le juge des référés peut accorder une provision au créancier qui l’a
saisi par une requête en référé-provision.
À cet effet, le juge des référés peut, même d’office, subordonner le versement de la
provision à la constitution d’une garantie.
La requête est notifiée au défendeur éventuel en lui accordant un délai de réponse.

§2
La procédure des référés particuliers
Art. 300.
La requête aux fins de constat comporte, outre les mentions fixées par l’article 135 de la
présente loi organique, et ce à peine d’irrecevabilité, l’indication précise des faits qui font
l’objet de la demande de constat et de l’utilité de ce constat.
Le juge des référés peut ordonner le constat sans débat contradictoire. Il statue seul sans les
conclusions du Ministère public.
L’ordonnance en référé-constat qui ordonne le constat doit être notifiée sans délai au
défendeur éventuel.
Art. 301.
La requête en référé-instruction doit, outre les mentions fixées par l’article 135 de la
présente loi organique, et ce à peine d’irrecevabilité, porter sur un objet réel et effectif, ayant
un lien d’utilité avec le règlement du litige principal.
Art. 302.
La requête en référé-provision doit, outre les mentions fixées par l’article 135 de la présente
loi organique, et ce à peine d’irrecevabilité, indiquer la source de la créance et les titres sur
lesquels elle se fonde. La créance doit être liquide, exigible et insusceptible de recouvrement
en l’état par un titre exécutoire.
L’ordonnance en référé-provision confère un caractère exécutoire à la créance.
L’irrecevabilité de la requête principale en vue de laquelle la demande en référé-provision
est introduite entraine l’irrecevabilité de cette dernière.
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§3
Des recours
Art. 303.
L’ordonnance en référé-constat qui ordonne le constat ne peut faire l’objet que d’une tierce
opposition dans les conditions prévues à l’article 258 de la présente loi organique, et ce dans
un délai de quinze jours à compter de sa notification.
Art. 304.
L’ordonnance en référé-constat ou en référé-instruction qui rejette partiellement ou
totalement la demande peut faire l’objet d’un appel du demandeur dans un délai de quinze
jours à compter de sa notification.
Le défendeur, ayant qualité de partie au litige, peut également attaquer, par voie d’appel,
l’ordonnance en référé-constat devant le juge des référés.
Le recours en cassation est ouvert contre la décision d’appel dans les quinze jours de sa
notification.
Art. 305.
L’ordonnance en référé-provision est susceptible d’appel dans le délai de quinze jours à
compter de sa notification.
Le recours en cassation est ouvert contre la décision d’appel dans les quinze jours de sa
notification.
Art. 306.
Dans le délai d’un mois à compter de la notification de l’ordonnance, le créancier
bénéficiaire de l’ordonnance en référé-provision peut introduire, dans les conditions de droit
commun, une demande au fond pour obtenir la fixation définitive du montant de sa créance;
à défaut, la personne condamnée peut saisir, dans les mêmes délai et conditions, le juge de
fond pour la même demande.
Le défaut d’action de la part de la personne condamnée vaut acquiescement de la décision
accordant la provision. Dans ce cas, l’ordonnance en référé-provision devient définitive et ne
peut plus être attaquée.
Art. 307.
L’ordonnance en référé-provision peut être suspendue dans son exécution par un sursis à
l’exécution prononcée par le juge d’appel ou le juge de cassation, uniquement lorsque
l’exécution est susceptible d’entraîner des conséquences irréparables et si les moyens
invoqués sont sérieux et paraissent justifier son annulation ainsi que le rejet de la demande.
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Section 4
Des référés spéciaux
§ 1er
Du référé précontractuel des marchés publics
Art. 308.
Lorsqu’il y a lieu de sanctionner les violations des règles de transparence, de publicité et de
mise en concurrence à l’occasion de la passation des marchés publics, des contrats de
partenariats et de délégation de service public, le juge des référés peut être saisi par une
requête en référé précontractuel.
Art. 309.
Peuvent introduire une requête en référé précontractuel, les personnes susceptibles d’être
lésées par le non-respect des règles de transparence, de publicité et de mise en concurrence
ainsi que les autorités chargées de la tutelle sur les actes des autorités administratives
décentralisées et des organismes publics.
Art. 310.
Sans préjudice des recours prévus par la loi et les édits sur les marchés publics, le juge des
référés peut, avant la conclusion du contrat provisoire, ordonner à l’auteur du manquement
de se conformer aux obligations légales et réglementaires en matière de publicité et de mise
en concurrence, l’enjoindre de suspendre les dispositions qui violent les dispositions légales
et suspendre la passation du contrat ou l’exécution qui s’y rapporte.
Art. 311.
Avant la signature du contrat ou l’approbation du contrat définitif, les personnes ayant
intérêt à signer le contrat ainsi que les autorités de tutelle sur les actes des autorités
administratives décentralisées ainsi que ceux des organismes publics peuvent saisir le juge
des référés en référé précontractuel pour faire sanctionner la violation d’une obligation de
publicité et de mise en concurrence survenue entre la signature du contrat provisoire et le
contrat définitif ou son approbation.
Le juge des référés peut alors différer, pour une durée d’un mois maximum, la signature ou
l’approbation du contrat jusqu’à la réalisation des obligations légales et réglementaires
prévues pour le marché.
Art. 312.
Le juge des référés saisi en matière de référé précontractuel des marchés publics statue en
premier et dernier ressort.
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§2
Du référé douanier
Art. 313.
En matière douanière, lorsque les garanties offertes, dans le cadre d’une procédure de
contestation des droits et taxes à l’importation et à l’exportation ou de la contestation de la
douane sur le caractère prohibé de la marchandise, ont été rejetées par l’administration
douanière, le juge des référés peut être saisi dans les dix jours ouvrables suivant la décision
de rejet par une requête en référé douanier.
Cette requête n’est recevable que si le demandeur a consigné en garantie au profit de la
douane auprès d’une banque sur un compte séquestre produisant intérêt au taux légal une
somme représentant au moins cinquante pourcent des droits contestés.
Art. 314.
Dans les quinze jours suivant sa saisine, le juge des référés décide si les garanties offertes
par le requérant répondent aux prescriptions du Code des douanes ou de le dispenser des
garanties déjà constituées.
Il peut ordonner la restitution des sommes excédentaires.
Pendant la procédure, la douane ne peut exercer aucune action sur les biens du requérant en
dehors des mesures conservatoires.
Art. 315.
Le juge des référés en matière douanière est le juge des référés du Conseil d’État. Il statue en
dernier ressort.

§3
Du référé fiscal
Art. 316.
En matière fiscale et parafiscale, lorsque les garanties offertes dans le cadre d’une procédure
de contestation des impôts directs et indirects, de la taxe sur la valeur ajoutée, que ces
impôts et taxes résultent d’une loi ou d’un édit ou d’une décision d’une autorité territoriale
décentralisée, ne sont pas admises au bénéfice du sursis légal de paiement, le juge des
référés peut être saisi dans les dix jours ouvrables suivant la décision de rejet par une requête
en référé fiscal.
Cette requête n’est recevable que si le demandeur a consigné en garantie au profit de
l’Administration fiscale auprès d’une banque sur un compte séquestre produisant intérêt au
taux légal une somme égale au montant des droits contestés.
Art. 317.
Dans les quinze jours suivant sa saisine, le juge des référés décide si les garanties offertes
par le requérant répondent aux prescriptions légales ou le dispenser des garanties déjà
constituées.
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Il peut ordonner la restitution des sommes excédentaires.


Dans le même délai, le juge des référés décide, au vu des arguments avancés par les parties,
s’il y a lieu d’accorder ou pas le sursis de paiement au requérant.
Pendant la procédure, l’Administration fiscale ne peut exercer aucune action sur les biens du
requérant en dehors des mesures conservatoires.
Art. 318.
Le juge des référés en matière fiscale est le juge des référés correspondant au juge de
l’impôt, droit et taxe concerné.
Il statue en premier ressort.

§4
Du référé sur déféré
Art. 319. L’autorité chargée de la tutelle sur les actes des entités territoriales décentralisées
peut saisir le juge des référés en référé sur déféré pour suspendre une délibération d’un acte
soumis à un contrôle a priori et qui n’a pas fait l’objet de transmission préalable.
Le juge des référés ordonne la suspension de la délibération et enjoint, le cas échéant, à
l’autorité décentralisée de procéder à la communication préalable prévue par la loi.
Art. 320.
Lorsqu’un acte d’une entité territoriale décentralisée paraît créer un doute sérieux quant à sa
légalité ou qu’il compromet l’exercice d’une liberté publique ou individuelle, l’autorité de
tutelle peut, par une demande séparée, saisir le juge en référé sur déféré pour suspendre
l’exécution de la décision.
La suspension ne peut dépasser la durée d’un mois endéans lequel le juge, obligatoirement
saisi du fond, statue sur la légalité de l’acte querellé.
La décision du juge des référés est susceptible d’un recours en cassation devant le Conseil
d’État dans les quinze jours de sa notification.

Chapitre III
DU SURSIS À EXÉCUTION
Art. 321.
Lorsqu’il est fait appel d’un jugement ou d’un arrêt d’une juridiction de l’ordre
administratif, la juridiction d’appel peut, à la demande de l’une des parties, ordonner le
sursis à exécution du jugement ou de l’arrêt attaqué si les moyens invoqués paraissent, en
l’état de l’instruction, sérieux et de nature à justifier l’annulation ou la réformation du
jugement ou de l’arrêt attaqué ou si l’exécution d’un jugement ou d’un arrêt risque
d’exposer l’appelant à la perte d’une somme qui ne devrait pas rester à sa charge dans le cas
où ses conclusions d’appel seraient accueillies.
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Art. 322.
Le Conseil d’État statuant sur pourvoi en cassation peut, à la demande de l’auteur du
pourvoi, ordonner un sursis à exécution de l’arrêt rendu en dernier ressort lorsque cette
décision peut entraîner des conséquences difficilement réparables et si les moyens invoqués
paraissent, en l’état de l’instruction, sérieux et de nature à justifier l’annulation et
l’infirmation de la décision retenue par les juges de fond ou si l’exécution d’un jugement ou
d’un arrêt risque d’exposer l’auteur du pourvoi à la perte d’une somme qui ne devrait pas
rester à sa charge dans le cas où ses conclusions d’appel seraient accueillies.
Art. 323.
À peine d’irrecevabilité, la demande tendant à l’obtention d’un sursis à exécution est
présentée par une requête séparée, accompagnée d’une copie du recours ou du pourvoi.
Art. 324.
La composition qui a ordonné le sursis dans le cadre des articles 321 et 322 de la présente loi
organique peut y mettre fin à tout moment.
L’arrêt ordonnant le sursis est susceptible d’appel dans les quinze jours de sa notification.
Art. 325.
L’instruction de la demande de sursis est poursuivie en extrême urgence. Les délais accordés
aux parties pour fournir leurs observations ne peuvent dépasser huit jours et sont observés;
faute de quoi, il est passé outre, sans mise en demeure.
Lorsqu’il apparait à la juridiction, au vu de la requête introductive d’instance et des
conclusions de sursis, que leur rejet est certain, le président peut faire application des
dispositions relatives à la dispense d’instruction de la présente loi organique.
Art. 326.
Dans tous les cas, il est statué sur la requête aux fins de sursis à exécution par une décision
motivée rendue dans les formes prévues à l’article 327 de la présente loi organique.
Art. 327.
La décision prescrivant le sursis à exécution d’un jugement ou d’un arrêt est, dans les vingt-
quatre heures à compter du prononcé, notifiée aux parties ainsi qu’au Ministère public et à
l’auteur de cette mesure. Les effets de ladite mesure sont suspendus à partir du jour où son
auteur reçoit cette notification.
Art. 328.
Les décisions rendues sur une demande de sursis à exécution peuvent être attaquées, en
appel, par l’auteur de la décision litigieuse ou par toute partie, dans les quinze jours de leur
notification.
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Chapitre IV
DES ASTREINTES
Art. 329.
Une Administration publique peut être condamnée au paiement d’une astreinte:
- en cas d’inexécution de la décision prescrivant ledit paiement;
- lorsque l’autorité a refusé de déférer à la mise en demeure de prendre une nouvelle
décision;
- en cas de silence de l’autorité, après l’expiration d’un délai de trente jours suivant la mise
en demeure.

Section 1re
De la présentation de la requête
Art. 330.
La requête en vue de l’imposition d’une astreinte est signée par un avocat. Elle est contenue
soit dans la requête initiale, soit dans une requête séparée.
Art. 331. Outre les mentions exigées à l’article 135 de la présente loi organique, la requête
contient :
1. l’objet de la requête ainsi qu’un exposé de nature à établir le manquement de la partie
adverse;
2. la preuve que le requérant a enjoint à l’autorité, par une lettre recommandée à la poste ou
par notification par porteur, de prendre une nouvelle décision;
3. le cas échéant, une copie de la décision par laquelle il découle que l’administration a violé
l’obligation d’astreinte découlant de l’arrêt d’annulation à laquelle elle a été condamnée.

Section 2
De l’instruction
Art. 332.
Le greffier transmet, sans délai, une copie de la requête à la partie adverse.
Art. 333.
L’Administration publique dispose d’un délai de trente jours pour adresser au greffe une
note d’observations en quatre exemplaires à laquelle est joint le dossier. Un exemplaire est
communiqué, sans délai, au requérant.
Art. 334.
Dans les trente jours de la réception de la note visée à l’article précédent, le greffier
communique le dossier au Ministère public qui rédige un rapport sur l’affaire.
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Art. 335.
Le chef de la juridiction convoque les parties à comparaître devant la composition à bref
délai et au plus tard dans les dix jours de la réception du rapport. Un exemplaire de celui-ci
est annexé à l’acte de convocation.
La juridiction statue sans délai, les parties et le Ministère public entendus.
Art. 336. Au vu du rapport visé à l’article précédent, le chef de la juridiction fixe, par
ordonnance, la date et l’heure de l’audience.
Celle-ci doit avoir lieu dans les dix jours de la réception du rapport du Ministère public.
Art. 337.
Le chef de la juridiction peut, à la demande du requérant, ordonner l’abréviation des délais
fixés dans la présente section, si les circonstances de la cause le justifient.

Section 3
De l’audience
Art. 338.
Le requérant ou son avocat et le représentant de l’Administration publique, dûment habilité,
doivent être présents à l’audience ou dûment appelés.
Si le requérant n’est ni présent, ni représenté, la requête en vue d’imposition d’une astreinte
est rejetée.
Si la partie adverse n’est pas représentée, la juridiction statue.
Lors de l’audience, un membre de la composition fait rapport sur l’affaire.
Le Ministère public peut poser des questions.
Les parties ou leurs avocats peuvent présenter des observations orales.
Le Ministère public donne son avis.
Le président de la composition prononce la clôture des débats et met la cause en délibéré.

Section 4
De l’annulation, de la suspension de l’échéance et de la diminution des astreintes
Art. 339.
La requête de l’Administration publique condamnée à une astreinte est datée et contient :
1. la mention du jugement ou de l’arrêt imposant une astreinte;
2. l’objet de la requête ainsi qu’un exposé à l’appui de la demande d’annulation, de
suspension de l’échéance ou de la diminution d’une astreinte.
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Art. 340.
Le greffier transmet, sans délai, une copie de la requête au bénéficiaire de l’astreinte qui
dispose d’un délai de quinze jours pour adresser une note d’observations établie en quatre
exemplaires. Un exemplaire en est communiqué au requérant, sans délai, par le greffier.
Art. 341.
Le Ministère public rédige un rapport sur l’affaire dans les quinze jours de la réception de la
note d’observations prévue à l’article précédent.
Art. 342.
Le chef de la juridiction convoque les parties à comparaitre devant la composition à bref
délai et au plus tard dans les dix jours de la réception du rapport.
La composition statue sans délai, les parties et le Ministère public entendus.

Chapitre V
DU DÉPORT ET DE LA RÉCUSATION
Section 1re
Du déport du juge
Art. 343.
Tout juge se trouvant dans une des hypothèses prévues à l’article 346 de la présente loi
organique est tenu de se déporter, à peine de poursuites disciplinaires.
Le juge qui désire se déporter informe le chef de la juridiction à laquelle il appartient en vue
de pourvoir à son remplacement.
Art. 344.
Les membres de la section du contentieux ne peuvent connaitre de demandes d’annulation
des actes, règlements ou décisions sur lesquels ils ont donné leur avis comme membre de la
section consultative.

Section 2
De la récusation du juge
Art. 345.
Les membres de la section du contentieux peuvent être récusés dans les cas prévus à la
section précédente et pour les causes qui donnent lieu à récusation conformément à l’article
346 ci-dessous.
Art. 346.
Tout juge peut être récusé pour l’une des causes énumérées limitativement ci-après :
1. si lui ou son conjoint a un intérêt personnel quelconque dans l’affaire;
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2. si lui ou son conjoint est parent ou allié soit en ligne directe, soit en ligne collatérale
jusqu’au troisième degré inclusivement de l’une des parties, de son avocat ou de son
mandataire;
3. s’il existe une amitié ou une inimitié entre lui et l’une des parties;
4. s’il existe des liens de dépendance étroite à titre de domestique, de serviteur ou d’employé
entre lui et l’une des parties;
5. s’il a déjà donné son avis dans l’affaire;
6. S’il est déjà intervenu dans l’affaire en qualité de juge, d’avocat, de témoin, d’interprète,
d’expert ou d’agent de l’administration;
7. s’il est déjà intervenu dans l’affaire en qualité d’officier de police judiciaire ou d’officier
du Ministère public;
8. s’il existe dans son chef un ensemble des circonstances qui montrent qu’il ne présente pas
les garanties d’impartialité.
La récusation collective des membres d’une juridiction est prohibée.
Art. 347.
Celui qui veut récuser le fait, à peine d’irrecevabilité, dès qu’il a connaissance de la cause de
récusation et au plus tard avant la clôture des débats, par une déclaration motivée et actée au
greffe de la juridiction dont le juge mis en cause fait partie.
Le greffier de la juridiction saisie notifie la déclaration de récusation au président de la
juridiction ainsi qu’au juge mis en cause. Ce dernier fait une déclaration écrite ou verbale,
actée par le greffier dans les deux jours de la notification de l’acte de récusation.
Art. 348.
La juridiction statue toutes affaires cessantes et dans la forme ordinaire, la partie de
récusation et le juge mis en cause entendus.
Le juge mis en cause ne peut faire partie du siège appelé à statuer sur la récusation.
Art. 349.
La décision sur la récusation n’est pas susceptible d’opposition. Toutefois, l’appel ne peut
être formé qu’après la décision sur l’affaire principale.
Art. 350.
Si la juridiction statuant en premier ressort rejette la récusation, elle peut ordonner, pour
cause d’urgence, que le siège comprenant le juge ayant fait l’objet de la récusation rejetée
poursuive l’instruction de la cause, nonobstant appel.
Art. 351.
Si l’arrêt ou le jugement rejetant la récusation est maintenu par la juridiction d’appel, celle-
ci peut, après avoir appelé le récusant, le condamner à une amende de deux cent mille à cinq
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cent mille francs congolais, sans préjudice des dommages-intérêts envers le juge mis en
cause.
Lorsque la récusation est dirigée contre un magistrat siégeant au Conseil d’État, cette
juridiction peut, en cas de rejet de la récusation, prononcer les condamnations prévues à
l’alinéa premier.
Art. 352.
En cas d’infirmation de l’arrêt ou du jugement rejetant la récusation, le juge d’appel annule
toute la procédure du premier degré qui en est la suite et renvoie les parties devant la même
juridiction pour y être jugées par un autre juge ou devant une juridiction voisine du même
degré, sans préjudice de l’action disciplinaire.

Section 3
Du déport et de la récusation de l’officier du Ministère public
Art. 353.
Les dispositions relatives au déport et à la récusation sont applicables à l’officier du
Ministère public lorsqu’il intervient par voie d’avis.
Art. 354.
Sans préjudice des dispositions précédentes, la partie qui estime que l’officier du Ministère
public appelé à instruire son affaire se trouve dans l’une des hypothèses prévues à l’article
346, adresse au chef hiérarchique une requête motivée tendant à le faire décharger de
l’instruction de la cause.
Il est répondu à cette requête par une ordonnance motivée non susceptible de recours; celle-
ci est rendue endéans le mois à compter de la saisine de la juridiction, le magistrat mis en
cause entendu.

Titre VI
DES PROCÉDURES APPLICABLES DEVANT LE CONSEIL D’ÉTAT
Chapitre Ier
DE L’INDEMINITÉ POUR DOMMAGE EXCEPTIONNEL
Art. 355.
Lorsqu’une personne estime avoir subi un dommage exceptionnel, matériel ou moral,
résultant soit d’une mesure prise ou ordonnée par les autorités du pouvoir central, des
provinces, des entités territoriales décentralisées ou des organismes publics placés sous leur
tutelle, soit par omission de celles-ci, et qu’il n’existe aucune juridiction compétente pour
connaitre de sa demande de réparation du préjudice subi, elle peut introduire par voie de
requête une demande d’indemnité devant le Conseil d’État.
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Art. 356.
Aucune demande d’indemnité n’est recevable si le requérant n’a pas au préalable sollicité
auprès de l’autorité compétente une réparation équitable en forme d’une réclamation
contenant l’estimation du préjudice.
La demande est introduite dans les trente ans de la décision ou des actes d’exécution qui ont
causé préjudice au requérant.
Art. 357. La requête en indemnité est introduite dans les trois mois de la notification du
rejet total ou partiel de la réclamation.
Le défaut de décision de l’administration après trois mois à compter du jour du dépôt à la
poste du pli de réclamation ou du dépôt par porteur de ladite réclamation avec accusé de
réception vaut rejet de la réclamation.
Art. 358.
La copie de la réclamation et de la décision de rejet ou, en cas de défaut de décision, le
récépissé du dépôt de la réclamation à la poste ou du dépôt par porteur de ladite réclamation
avec accusé de réception sont joints à la requête.

Chapitre II
DU POURVOI EN CASSATION
Section 1re
De l’ouverture du pourvoi en cassation
Art. 359.
Le pourvoi en cassation est ouvert à toute personne partie à la décision entreprise ainsi qu’au
procureur général près le
Conseil d’État.
Le recours en cassation contre une décision avant dire droit n’est ouvert qu’après la décision
définitive; toutefois, l’exécution, même volontaire, d’une telle décision ne peut être, en
aucun cas, opposée comme fin de non-recevoir.
Art. 360.
Le procureur général près le Conseil d’État ne peut se pourvoir en toute cause et nonobstant
l’expiration des délais que dans le seul intérêt de la loi.
Dans ce cas, la décision du Conseil d’État ne peut ni profiter ni nuire aux parties.
Lorsque le procureur général près le Conseil d’État se pourvoit en cassation, le greffier
notifie ses réquisitions aux parties qui peuvent se faire représenter à l’instance et y prendre
des conclusions.
Art. 361.
Sous réserve de ce qui est dit au dernier alinéa du présent article, le Conseil d’État ne
connait pas du fond des affaires.
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Si un pourvoi introduit pour tout autre motif que l’incompétence est rejeté, le demandeur ne
peut plus se pourvoir en cassation dans la même cause sous quelque prétexte et pour quelque
motif que ce soit.
Sous réserve des dispositions des alinéas 4 et 5 suivants, si, après cassation, il reste quelque
litige à juger, le Conseil d’État renvoie la cause pour examen au fond à la même juridiction,
mais autrement composée, ou à une autre juridiction de même rang et de même ordre qu’il
désigne.
Dans le cas où la décision entreprise est cassée pour incompétence, la cause est renvoyée à
la juridiction compétente qu’il désigne.
La juridiction de renvoi ne peut décliner sa compétence. Elle est tenue de se conformer à la
décision du Conseil d’État sur le point de droit jugé par lui.
Lorsque la cause lui est renvoyée par les sections réunies dans une affaire qui a déjà fait
l’objet d’un premier renvoi ou dans une affaire qui a fait l’objet d’un pourvoi formé par le
procureur général près le Conseil d’État dans l’intérêt de la loi, la section du contentieux
statue au fond.

Section 2
Des délais et de leur computation
Art. 362.
Les délais de pourvoi en cassation sont des délais préfix.
Les délais de signification ou de notification ainsi que les délais de distance sont computés
en toute matière comme prévu aux dispositions de la présente loi organique.
Les délais courent contre les incapables.
Le Conseil d’État peut cependant relever ceux-ci de la déchéance s’il est établi que leur
représentation n’avait pas été assurée.
En cas de décès d’une partie en cours de délai, celui-ci est prorogé de deux mois.
En tout état de cause, en cas de force majeure, le Conseil d’État peut relever les parties de la
déchéance encourue.
Art. 363.
Le délai et l’exercice du pourvoi en cassation ne sont pas suspensifs de l’exécution de la
décision entreprise.
Toutefois, la chambre saisie d’un pourvoi peut, à la demande du requérant, décider de
suspendre l’exécution d’une décision rendue en dernier ressort si son exécution risque
d’entrainer des conséquences difficilement réparables et si les moyens invoqués paraissent
sérieux et de nature à justifier, outre la cassation de la décision entreprise, l’infirmation de la
solution retenue par le juge du fond.
À tout moment, il peut être mis fin à cette suspension.
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Art. 364.
À peine d’irrecevabilité, les conclusions tendant à obtenir le sursis à exécution d’une
décision juridictionnelle attaquée sont présentées et accompagnées par une requête distincte
du pourvoi en cassation, copie de ce pourvoi annexée.
Art. 365.
Hormis les cas où la loi a établi un délai plus court, le délai pour déposer la requête est de
trois mois à dater de la signification de la décision attaquée.
Toutefois, lorsque l’arrêt ou le jugement a été rendu par défaut, le pourvoi n’est ouvert et le
délai ne commence à courir à l’égard de la partie défaillante que du jour où l’opposition
n’est plus recevable.
L’opposition formée contre la décision entreprise suspend la procédure en cassation.
Si l’opposition est déclarée fondée, le pourvoi est rejeté faute d’objet.
Art. 366.
Le délai pour déposer le mémoire en réponse au pourvoi est d’un mois à dater de la
signification de la requête.
Ce délai est de trois mois pour des personnes résidant à l’étranger.
Art. 367.
À l’exception des actes de désistement et de reprise d’instance, aucune production ultérieure
de pièces ou de mémoires n’est admise.

Section 3
De la forme du pourvoi
Art. 368.
L’expédition de la décision entreprise et de tous les arrêts ou jugements avant dire droit ainsi
que la copie conforme de la requête du premier degré, l’expédition du jugement ou de l’arrêt
du premier degré, la copie conforme des feuilles d’audience du premier degré et d’appel
sont, à peine d’irrecevabilité, jointes à la requête introductive du pourvoi.
Art. 369.
Outre les mentions prévues à l’article 135 de la présente loi organique, la requête doit
également contenir et ce, à peine de nullité, l’indication de la décision dont la rétractation, la
modification ou le retrait est demandé et l’indication des dispositions du traité international,
de la loi ou du règlement, ainsi que de la coutume ou du principe général du droit, dont la
violation est invoquée.
Art. 370.
Lorsque le procureur général près le Conseil d’État estime devoir opposer au pourvoi un
moyen déduit de la méconnaissance d’une règle intéressant l’ordre public et qui n’aurait pas
été soulevée par les productions des parties, il en fait un réquisitoire qu’il dépose au greffe.
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Le greffier en avise le Ministère public ainsi que les avocats des parties par lettre
recommandée à la poste ou par porteur avec accusé de réception cinq jours francs au moins
avant la date de l’audience.
Si les avocats n’ont pas reçu la notification cinq jours francs avant l’audience, le Conseil
d’État peut ordonner la remise de la cause à une date ultérieure.
Art. 371.
En cas de cassation en matière fiscale, les règles énoncées aux articles 362 à 367 de la
présente loi organique s’appliquent aux pourvois formés contre les décisions des Cours
administratives d’appel statuant en dernier ressort, conformément aux dispositions de
l’article 96 alinéa 4 de la présente loi organique, sauf les exceptions établies par les
dispositions légales particulières.

Section 4
De l’introduction du pourvoi et de la mise en état de l’affaire
Art. 372.
Le Conseil d’État est saisi par requête des parties ou par réquisitoire du procureur général
déposé au greffe.
Art. 373.
Sauf lorsqu’elle émane du Ministère public, la requête introductive du pourvoi est signée,
sous peine d’irrecevabilité, par un avocat au Conseil d’État.
La requête est datée et mentionne :
1. le nom, s’il y a lieu les prénoms, qualité et demeure ou siège de la partie requérante;
2. l’objet de la demande;
3. l’indication des dispositions du traité international, de la loi, de la coutume, des principes
généraux du droit ou du règlement dont la violation est invoquée;
4. s’il échet, les nom, prénom, qualité et demeure ou siège de la partie adverse;
5. l’inventaire des pièces du dossier.
Art. 374.
Tout mémoire en cassation est, à peine d’irrecevabilité, signé par un avocat au Conseil
d’État.
Tout mémoire est daté et mentionne :
1. le nom, et prénoms s’il y a lieu, la qualité et la demeure ou le siège de la partie
concluante;
2. les exceptions et les moyens opposés à la requête;
3. les références du rôle d’inscription de la cause;
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4. l’inventaire des pièces du dossier déposé au greffe.


Art. 375.
Toute requête ou tout mémoire produit devant le Conseil d’État est accompagné, à peine
d’irrecevabilité, de deux copies signées par l’avocat au Conseil d’État ainsi que d’autant
d’exemplaires qu’il y a des parties désignées à la décision entreprise.
Art. 376.
Toute cause est inscrite par les soins du greffier dans un rôle. Le Conseil d’État fixe, par son
règlement intérieur, le nombre de rôles. L’inscription au rôle se fait dans l’ordre des dates de
dépôt, suivant une numérotation continue, en indiquant le nom du demandeur, des parties
adverses ainsi que la mention sommaire de l’objet de la requête.
Lorsque la requête émane d’une partie privée, il est fait mention de la consignation prévue à
l’article 239 ou de la dispense prévue à l’article 241 de la présente loi organique.
Art. 377.
Dès le dépôt de la requête introductive du pourvoi, le greffier transmet le dossier de la cause
au premier président du Conseil d’État.
Celui-ci procède, avec un président et éventuellement le procureur général, à l’examen
préliminaire de la requête.
Si le pourvoi est manifestement irrecevable ou si la cause ne relève pas, de façon évidente,
de la compétence du Conseil d’État, le premier président transmet le dossier à une
composition restreinte avant de fixer la date d’audience à laquelle l’affaire sera appelée.
Notification de cette date est faite au demandeur et au procureur général.
Dans le cas contraire, le dossier suit son cours normal, conformément aux dispositions de la
présente loi organique.
Art. 378.
L’élection de domicile faite par la partie défenderesse qui n’a pas pris de mémoire en
réponse est communiquée au greffe.
Toute requête, réquisition ou mémoire déposé au greffe est, en toute matière contentieuse,
préalablement signifié à la partie contre laquelle la demande est dirigée.
Cette signification est faite, dans la ville de Kinshasa, par un huissier près le Conseil d’État
et, dans les provinces, par un huissier du ressort du domicile de la partie visée.
Art. 379.
Les parties ou leurs conseils peuvent prendre connaissance de la copie du rôle et des dossiers
au greffe et en obtenir copie à leurs frais. Le procureur général reçoit les dossiers en
communication.
Art. 380.
Dès que les productions des parties sont faites ou que les délais pour produire sont écoulés
ou dans le cas où la loi le prévoit, dès que le réquisitoire ou le rapport du procureur général
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est déposé, le greffier transmet le dossier au premier président du Conseil d’État aux fins de
désignation d’un rapporteur.
Le rapporteur rédige un rapport sur les faits de la cause, sur la procédure en cassation, sur les
moyens invoqués et propose la solution qui lui parait devoir être réservée à la cause. Il
transmet ensuite le dossier au premier président du Conseil d’État, qui le soumet pour avis, à
l’assemblée plénière des magistrats du Conseil d’État ou de la section du contentieux.
Lorsque l’avis de l’assemblée plénière a été donné, le premier président du Conseil d’État
fixe la date et l’heure à laquelle la cause sera appelée à l’audience.
Art. 381.
Le greffier notifie l’ordonnance de fixation aux parties et au procureur général huit jours au
moins avant la date d’audience.
Art. 382.
Trois jours au moins avant l’audience, le greffier affiche au greffe et à l’entrée du local des
audiences, le rôle des affaires fixées. Cet extrait du rôle porte la mention du numéro du rôle
et des noms des parties.

Section 5
Des arrêts du Conseil d’État
Art. 383.
La minute des arrêts est signée par tous les magistrats qui ont siégé dans la cause ainsi que
par le greffier audiencier.
Le dispositif des arrêts est littéralement transcrit par les soins du greffier dans le registre des
arrêts.
Chaque transcription est signée par les magistrats qui ont siégé en la cause ainsi que par le
greffier.
Art. 384.
Les arrêts du Conseil d’État mentionnent obligatoirement:
1. la chambre qui a siégé en la cause;
2. les noms des magistrats composant le siège;
3. le nom du greffier audiencier;
4. les noms des magistrats du parquet qui ont fait rapport ou réquisition en la cause ou qui
ont assisté aux audiences;
5. les noms, demeure ou siège des parties ainsi que leur qualité et, le cas échéant, les nom et
qualité des personnes qui les représentent;
6. l’énoncé des moyens produits par les parties, la référence aux requêtes et mémoires dans
lesquels ils ont été formulés, l’indication de la date du dépôt;
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7. l’indication de la lecture du rapport du rapporteur;


8. la mention de la convocation et de l’audition des parties et, s’il y a lieu, les noms des
avocats qui les ont représentées;
9. la mention de l’audition du Ministère public;
10. les dates des audiences;
11. les incidents de procédure et la solution que le Conseil d’État y a apportée;
12. la date et la mention du prononcé en audience publique;
13. la motivation;
14. le dispositif;
15. le compte et l’imputation des frais et dépens.
Art. 385.
Les arrêts du Conseil d’État sont notifiés aux parties et au procureur général par les soins du
greffier. Ils sont publiés dans le Bulletin des arrêts et jugements des juridictions de l’ordre
administratif selon les modalités arrêtées par le règlement intérieur du Conseil d’État.
Art. 386.
Sans préjudice des dispositions de l’article 161 alinéa 4 de la Constitution, les arrêts du
Conseil d’État ne sont susceptibles d’aucun recours.
Toutefois, le Conseil d’État peut, à la requête des parties ou du Procureur général, rectifier
les erreurs matérielles de ses arrêts ou en donner interprétation, les parties entendues.

Chapitre III
DE LA PRISE À PARTIE
Section 1re
Des cas d’ouverture de la prise à partie
Art. 387.
Tout magistrat de l’ordre administratif peut être pris à partie dans les cas suivants :
1. s’il y a eu dol ou concussion commis soit dans le cours de l’instruction, soit lors de la
décision rendue;
2. s’il y a déni de justice.
Art. 388.
Le dol est une violation volontaire du droit par le magistrat pour aboutir à une conclusion
erronée dans le but d’accorder un avantage indu à une partie. Il se caractérise par la
mauvaise foi, par des artifices et des manœuvres qui donnent à la décision une valeur
juridique apparente.
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L’erreur grossière du droit est équipollente au dol.


Art. 389.
La concussion est le fait, pour un magistrat, d’ordonner, de percevoir, d’exiger ou de
recevoir ce qu’il savait n’être pas dû ou excéder ce qui était dû, pour droits, taxes, impôts,
revenus ou intérêts, salaires ou traitements.
Art. 390. Il y a déni de justice lorsque le magistrat refuse de procéder aux devoirs de sa
charge ou néglige de juger les affaires en état d’être jugées.
Le déni de justice est constaté par deux sommations faites par l’huissier et adressées au
magistrat à huit jours d’intervalle au moins.
Section 2
De la procédure de la prise à partie
Art. 391.
Le Conseil d’État est saisi par une requête qui, à peine d’irrecevabilité, est introduite dans un
délai de six mois à compter du jour du prononcé de la décision ou de la signification de
celle-ci, selon qu’elle est contradictoire ou par défaut ou dans le même délai à dater du jour
où le requérant aura pris connaissance de l’acte ou du comportement incriminé.
En cas de déni de justice, la requête est introduite dans les six mois à partir de la seconde
sommation faite par l’huissier.
Outre les mentions prévues à l’article 135 de la présente loi organique, la requête contient
les prétentions du requérant aux dommages-intérêts éventuels, à l’annulation de l’arrêt ou du
jugement, de l’ordonnance, des procès-verbaux ou des autres actes attaqués.
Art. 392.
La requête est signifiée au magistrat pris à partie qui fournit ses moyens de défense dans les
quinze jours de la signification.
À défaut, la cause est réputée en état.
À partir de la signification de la requête jusqu’au prononcé de la cause, le magistrat mis en
cause s’abstient de la connaissance de toute cause concernant le requérant, son conjoint ou
ses parents en ligne directe, à peine de nullité de tout acte, arrêt ou jugement auxquels le
magistrat susvisé avait concouru.
La juridiction saisie de l’affaire ayant donné lieu à la procédure de prise à partie poursuit
l’instruction de la cause sans désemparer.
Le chef de la juridiction concernée pourvoit au remplacement du magistrat mis en cause.
Art. 393.
La section du contentieux du Conseil d’État statue sur la requête, le procureur général
entendu.
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Si la requête est déclarée fondée, la section du contentieux annule les différents actes
auxquels le magistrat avait concouru, sans préjudice des dommages-intérêts à allouer au
requérant.
Si la requête est rejetée, le demandeur est condamné aux frais.
Le magistrat pris à partie par une action téméraire et vexatoire pourra postuler
reconventionnellement la condamnation du demandeur à des dommages-intérêts.

Section 3
De la responsabilité de l’État due à la prise à partie
Art. 394. L’État est civilement responsable des condamnations aux dommages-intérêts
prononcées à charge du magistrat, sans préjudice de son action récursoire contre ce dernier.

Chapitre IV
DE LA RÉVISION
Section 1re
Des cas d’ouverture de la révision
Art. 395.
La révision de toute décision contradictoire passée en force de chose jugée des juridictions
administratives est de la compétence du Conseil d’État.
La demande en révision peut être présentée dans les cas suivants:
1. si la décision visée a été rendue sur pièces reconnues ou déclarées fausses depuis le
jugement;
2. si la partie a succombé faute de présenter une pièce décisive qui était retenue par le fait de
son adversaire;
3. si la décision est intervenue sans que n’aient été observées les dispositions de la présente
loi organique relatives à la composition de la formation de jugement, à la tenue des
audiences ainsi qu’à la forme et au prononcé de la décision.
Art. 396.
Lorsqu’il a été statué sur un premier recours en révision contre une décision contradictoire,
un second recours contre la même décision n’est pas recevable.

Section 2
De la procédure de révision
Art. 397.
La requête en révision ne peut être introduite que:
- par les parties à la décision attaquée ou leurs représentants;
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- par le procureur général près le Conseil d’État, agissant soit d’office, soit sur injonction du
ministre ayant la justice dans ses attributions.
Art. 398.
Le ministre ayant la justice dans ses attributions exerce son pouvoir d’injonction prévu à
l’article 397 de la présente loi organique sur avis d’une commission composée de deux
magistrats du Parquet près le Conseil d’État et de deux magistrats du Parquet près la Cour
administrative d’appel.
Les deux magistrats du Parquet général près le Conseil d’État faisant partie de la
commission ne siègent pas lors de la procédure en révision.
Art. 399.
La révision n’est pas suspensive de l’exécution de la décision attaquée, à moins qu’il n’en
soit décidé autrement par arrêt de la chambre saisie à cet effet par requête.
Art. 400.
En cas de recevabilité de la requête, si l’affaire n’est pas en état, la chambre procède
directement ou par commission rogatoire à toutes enquêtes sur les faits, confrontation,
reconnaissance d’identité et devoirs propres à la manifestation de la vérité.
La chambre rejette la demande si elle l’estime non fondée. Si, au contraire, elle l’estime
fondée, elle annule la décision entreprise. Elle apprécie, dans ce cas, s’il est possible de
procéder à de nouveaux débats contradictoires. Dans l’affirmative, elle renvoie la cause
devant une autre juridiction de même ordre et de même rang que celle dont émane l’arrêt ou
le jugement annulé ou devant la même juridiction autrement composée.
Si l’annulation de l’arrêt ou du jugement ne laisse rien à juger, aucun renvoi n’est prononcé.
Si la chambre constate qu’il y a impossibilité de procéder à de nouveaux débats, notamment
en raison du décès, de l’absence, de la démence ou du défaut d’une ou de plusieurs
personnes ayant succombé, elle statue au fond.
Lorsqu’elle statue au fond, la chambre n’annule que les condamnations qui ont été
injustement prononcées.
Art. 401.
L’arrêt en révision qui annule la décision attaquée peut, à la demande du requérant, lui
allouer des dommages-intérêts en raison du préjudice subi.
Les dommages-intérêts sont à la charge de l’État. Ce dernier peut introduire son action
contre la partie adverse par la faute de laquelle la condamnation a été prononcée.
Art. 402.
Les frais de l’instance en révision sont avancés par le Trésor public à partir du dépôt de la
demande au Conseil d’État. Le demandeur en révision qui succombe en son instance est
condamné à tous les frais.
Si après renvoi, l’arrêt ou le jugement prononce une condamnation, il met à la charge de la
partie succombante les frais de cette instance.
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Art. 403.
Sans préjudice des autres dispositions de la présente loi organique, l’arrêt du Conseil d’État
d’où résulte le non-fondement de la décision attaquée est, à la diligence du greffier, affiché
tant au siège du Conseil d’État qu’à celui de la juridiction ayant rendu cette décision.
En outre, cet arrêt sera, à la requête du demandeur en révision, publié par extrait au Journal
officiel et dans deux journaux paraissant en République démocratique du Congo.
Les frais de publicité sont à charge du Trésor public.

Chapitre V
DU RÈGLEMENT DE JUGES
Art. 404. Il y a lieu à règlement de juges lorsque deux ou plusieurs juridictions de l’ordre
administratif, statuant en dernier ressort, se déclarent en même temps, soit compétentes, soit
incompétentes, pour connaître d’une même demande mue entre les mêmes parties.
Le règlement de juges peut être demandé par requête de l’une des parties à la cause ou du
Ministère public près l’une des juridictions concernées.
Le Conseil d’État désigne la juridiction qui connaîtra de la cause.

Titre VII
DES DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET FINALES
Art. 405.
À l’installation des juridictions de l’ordre administratif, les affaires relevant de leur
compétence et pendantes devant les juridictions de l’ordre judiciaire leur sont transférées,
selon le cas, en l’état.
En attendant l’installation du barreau près le Conseil d’État, les avocats à la Cour suprême
de justice sont admis à exercer, en matière de cassation, leur ministère devant le Conseil
d’État.
Art. 406.
À titre exceptionnel, sur proposition du Conseil supérieur de la magistrature, il y est procédé
par des recrutements sur titre dans les quinze années de l’installation des juridictions de
l’ordre administratif.
En cas de recrutement sur titre, les candidats magistrats sont choisis pour le Conseil d’État
parmi les titulaires au moins du grade de docteur en droit ou parmi les avocats de plus de
quinze ans d’expérience professionnelle, et pour les Cours administratives d’appel et les
Tribunaux administratifs, parmi les titulaires au moins du grade de diplômé d’études
supérieures en droit ou parmi les avocats d’au moins dix ans et cinq ans d’expérience
professionnelle respectivement. ▼1

[1] Dans son arrêt R.Const.309 du 10 août 2016, la Cour Constitutionnelle a statué que
l’art. 406 al. 2 soit lu comme suit: « En cas de recrutement sur titre, les candidats
magistrats sont choisis, pour le Conseil d’État, parmi les titulaires du grade de docteur
en droit ayant enseigné le droit pendant quinze ans au moins dans une université en
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qualité d’assistant, chef de travaux ou professeur, ou parmi les avocats jouissant d’une
expérience professionnelle d’au moins quinze ans, et pour les Cours administratives
d’appel et les Tribunaux administratifs, parmi les titulaires du grade de diplômé
d’études supérieures en droit au moins, jouissant d’une expérience professionnelle
d’au moins dix ans, ou parmi les avocats jouissant d’une expérience professionnelle
d’au moins cinq ans. ».
Art. 407.
Sont abrogées toutes les dispositions antérieures contraires à la présente loi organique.
Art. 408.
La présente loi organique entre en vigueur trente jours après sa publication au Journal
officiel.
Fait à Kinshasa, le 15 octobre 2016.

Joseph Kabila Kabange


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LOI ORGANIQUE N° 18/024 DU 13 NOVEMBRE 2018 PORTANT COMPOSITION,


ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE LA COUR DES COMPTES

Exposé des motifs


L’existence de la Cour des comptes en République Démocratique du Congo
remonte à la période coloniale allant de 1908 au 30 juin 1960. En effet, l'article 13 de la
charte coloniale confiait le contrôle des finances de la Colonie du Congo Belge à la Cour des
comptes de la métropole. Après l’indépendance, l'article 254 de la Loi fondamentale du 19
mai 1960 avait maintenu le contrôle de la Cour des comptes de Belgique sur les finances de
la République naissante, tout au moins pour l'exercice budgétaire 1960. L’organisation d'une
Cour des comptes nationale remonte à la promulgation de la loi du 16 avril 1963. Cette Cour
des comptes a continué à fonctionner sous l'empire des articles 152 et 154 de la Constitution
de Luluabourg du 1er août 1964. Le régime du 24 novembre 1965 a dissout la Cour des
comptes pour la réhabiliter deux ans plus tard par l’article 107 de la Constitution du 24 juin
1967. Toutefois, il aura fallu attendre vingt ans pour que cette Cour soit effectivement
opérationnelle par les Ordonnances-lois n° 87-005 du 06 février 1987 fixant la composition,
l’organisation et le fonctionnement de la Cour des comptes, n°87-031 du 22 juillet 1987
réglementant la procédure devant la Cour des comptes, n° 87-032 du 22 juillet 1987 portant
statut des magistrats de la Cour des comptes ainsi que l’Ordonnance n° 87- 275 portant
organigramme de la Cour des comptes. Malgré toutes les mutations intervenues
ultérieurement dans les structures et les compétences de diverses institutions de la
République, qu'elles résultent de l'Acte Constitutionnel de la Transition, du Décret-loi
Constitutionnel n°003 du 27 mai 1997, de la Constitution de la Transition du 4 avril 2003 ou
de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée à ce jour, aucune modification n'a
été apportée aux textes organisant la Cour des comptes.
La présente loi organique fixe, conformément aux articles 179 et 180 de la
Constitution du 18 février 2006, la composition, l’organisation et le fonctionnement de la
Cour des comptes. Elle vise à :

 Harmoniser les textes régissant la Cour des comptes pour les mettre en phase avec le
nouvel ordre constitutionnel et la législation en vigueur ainsi que les normes
internationales en matière de contrôle supérieur des finances publiques ;
 Corriger les imperfections et combler les lacunes relevées dans les textes antérieurs ;
 Renforcer le pouvoir de contrôle de la Cour des comptes.
A cet effet, la présente loi organique apporte plusieurs innovations, notamment :

 L’adoption des terminologies courantes dans les Cours des comptes et les
organisations internationales de contrôle des finances et biens publics ;
 La détermination du nombre et des attributions des Chambres laissée à l’appréciation
du Conseil Supérieur de la Cour des comptes ;
 La création en province des Chambres des comptes déconcentrés ainsi que du
ministère public y rattaché ;
 L’institution de la formation inter-Chambres, pour statuer sur les appels formés contre
les arrêts rendus définitivement en premier jugement des comptes et de discipline
budgétaire et financière ;
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 L’obligation à charge du Premier président de la Cour des comptes de requérir l’avis


des membres de la Cour des comptes avant d’arrêter les prévisions budgétaires
définitives ou le programme annuel de la Cour des comptes ;
 L’instauration des vacances judiciaires de la Cour des comptes ;
 La reconnaissance, en faveur du personnel administratif et technique de la Cour des
comptes, d’un statut particulier ;
 La réaffirmation de la prépondérance de la compétence de la Cour des comptes sur les
autres organes de contrôle en matière de contrôle des finances publiques ;
 Le renforcement du pouvoir de contrôle de la Cour des comptes sur les comptes de
l’Etat.
La présente loi organique reformule en un texte unique l’ensemble du dispositif
légal qui doit régir la Cour des comptes et comprend cinq titres :

Titre I : Des dispositions générales ;


Titre II : De la composition, des missions, de l’organisation et du
fonctionnement de la Cour des comptes ;
Titre III : De la procédure devant la Cour des comptes ;
Titre IV : Du statut des magistrats de la Cour des comptes.
Titre V : Des dispositions transitoires, abrogatoire et finales.
Telle est l’économie générale de la présente loi organique.
Loi
L’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté, Le Président de la République
promulgue la loi dont la teneur suit :

TITRE Ier : DES DISPOSITIONS GENERALES


Chapitre 1er : De l’objet et du champ d’application
Article 1er
La présente loi organique fixe les règles régissant la composition, l’organisation et
le fonctionnement de la Cour des comptes. Elle précise également les conditions de contrôle
des finances de l’Etat, des biens publics, des comptes des provinces, des entités territoriales
décentralisées ainsi que des organismes publics.

Article 2
La présente loi organique s’applique à tous les acteurs d’exécution du budget du
pouvoir central, des provinces et des entités territoriales décentralisées ainsi que leurs
organismes auxiliaires, que sont les ordonnateurs et les comptables. Elle s’applique
également à toute personne de droit public ou privé bénéficiaire d’un concours financier de
l’Etat ainsi qu’à toute personne qui se serait ingérée dans le maniement des fonds, valeurs et
biens publics sans en avoir la qualité. Elle s’applique enfin aux membres de la Cour des
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comptes, chargés du contrôle juridictionnel et non juridictionnel en matière des finances


publiques.

Article 3
La Cour des comptes est l’institution supérieure de contrôle des finances et des
biens publics en République Démocratique du Congo. Elle est une juridiction financière
ayant compétence sur toute l’étendue du territoire national. Elle comprend un siège et un
parquet. Elle relève de l’Assemblée nationale.

Article 4
Le siège de la Cour des comptes est établi à Kinshasa. Toutefois, il peut être
transféré, par voie législative, en tout autre lieu de la République Démocratique du Congo
lorsque les circonstances l'exigent.

Article 5
La Cour des comptes n’est soumise dans l’exercice de ses attributions qu’à
l’autorité de la loi. Elle jouit d'une autonomie administrative et financière et dispose d'une
dotation propre.

Article 6
L'année judiciaire commence le premier jour ouvrable du mois de mars et se
termine le vingt-huit février de l'année civile suivante. Sous réserve de la permanence et de
la continuité du service public, les vacances judiciaires commencent le trente-un décembre
et se terminent le vingt-huit février de l'année suivante. L'assemblée plénière solennelle de
rentrée est fixée au premier jour ouvrable du mois de mars.

Chapitre 2 : Des définitions


Article 7
Au sens de la présente loi organique, on entend par :
1. Amende : sanction administrative pécuniaire infligée par la Cour des comptes ;
2. Comptable de fait : toute personne qui s’ingère dans les opérations de recettes, de
dépenses ou de maniement de valeurs sans en avoir qualité ou sans avoir le titre de
comptable public. Le comptable de fait est passible des mêmes sanctions que le
comptable public ;
3. Comptable public : tout agent ayant qualité pour exécuter, au nom et pour le compte
du pouvoir central, de la province, de l’entité territoriale décentralisée, des opérations
de recettes et de dépenses, de maniement de fonds et de valeurs qu’il détient ainsi
que les opérations se rapportant aux biens publics. Il veille au respect des principes et
des règles de gestion de finances publiques et assure la sincérité des enregistrements
et le respect des procédures. Il est personnellement et pécuniairement responsable
des opérations qu’il exécute ;
4. Compte administratif : document établi par l'ordonnateur en fin d'exercice budgétaire
qui retrace, en dépenses la situation des engagements, des liquidations et des
ordonnancements, d’une part, et en recettes, la situation des constatations, des
liquidations et des ordonnancements, d’autre part, au cours de l’exercice ;
5. Compte de gestion : ensemble de documents chiffrés et des pièces justificatives des
recettes et des dépenses par lequel un comptable public justifie devant la Cour des
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comptes les opérations qu’il a exécutées, centralisées ou consolidées durant


l’exercice budgétaire ;
6. Débet : acte par lequel la Cour des comptes déclare que les comptes du comptable
public principal assignataire sont non conformes et décide d’engager sa
responsabilité personnelle et pécuniaire. Il met à la charge du comptable public
principal assignataire le montant du déficit, objet du débet ;
7. Décharge : acte par lequel la Cour des comptes ne retient aucune charge à l’occasion
du jugement du compte administratif d’un ordonnateur ou du compte de gestion
d’une personne déclarée comptable de fait. La décision libère l’intéressé de sa
responsabilité personnelle et pécuniaire;
8. Déclaration de faute de gestion : acte par lequel la Cour des comptes constate que les
faits portés à sa connaissance constituent une des infractions prévues à l’article 127
de la présente loi organique;
9. Déclaration de gestion de fait : acte par lequel la Cour des comptes qualifie
d’infractionnels les faits portés à sa connaissance, tels que définis à l’article 117 de la
présente loi organique ;
10. Déféré : acte par lequel la Cour des comptes se dessaisit au profit des juridictions
compétentes ou de l’autorité hiérarchique ou de tutelle des faits de nature à entraîner
des poursuites judiciaires ou disciplinaires ;
11. Gestion de fait : immixtion d’une personne sans qualité ni mandat dans la gestion des
deniers, valeurs et biens publics ;
12. Insertion au rapport annuel : acte par lequel la Cour des comptes porte à la
connaissance du Président de la République, du Parlement et du Gouvernement, des
irrégularités ou faits particulièrement graves relevés à l’occasion de ses contrôles ;
13. Non-lieu : acte par lequel la Cour des comptes décide de ne plus poursuivre le
justiciable. Il entraîne la levée définitive des charges provisoirement retenues à
l’encontre du justiciable ;
14. Note du Premier président de la Cour des comptes : acte par lequel la Cour des
comptes porte à la connaissance des autorités hiérarchiques ou de tutelle les
irrégularités administratives jugées de moindre importance ;
15. Ordonnance : acte qui permet à la Cour des comptes de définir l’organisation ;
16. Quitus : acte par lequel la Cour des comptes juge que les comptes de gestion du
comptable public principal assignataire ont été reconnus conformes et que les
omissions, irrégularités ou déficits ont été réparés, que les débets ont été apurés et, le
cas échéant, les amendes payées ;
17. Référé : acte par lequel la Cour des comptes porte à la connaissance du Premier
ministre ou des ministres ou de toute autre autorité intéressée, les irrégularités
imputables aux ordonnateurs ou aux administrateurs, les lacunes dans la
réglementation, les insuffisances dans l’organisation administrative et comptable,
l’absence ou l’insuffisance des réponses aux notes du Premier président.
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TITRE II : DE LA COMPOSITION, DES MISSIONS, DE


L’ORGANISATION ET DU FONCTIONNEMENT DE LA COUR DES COMPTES
Chapitre 1er : De la composition de la Cour des comptes
Section 1è : Des membres
Article 8
Sont membres de la Cour des comptes, les magistrats du siège et le Procureur
général près cette Cour. Le siège est composé du Premier président, des présidents des
Chambres, des conseillers maîtres, des conseillers référendaires et des conseillers. Le
Procureur général est assisté d’un ou de plusieurs premiers avocats généraux et d’un ou de
plusieurs avocats généraux choisis, selon le cas, parmi les présidents des Chambres, les
conseillers maîtres et les conseillers référendaires.

Article 9
Les membres de la Cour des comptes n'entrent en fonction qu'après avoir prêté,
devant le Président de la République à l’occasion d’une audience solennelle de la Cour des
comptes, le serment suivant : Je jure de respecter la Constitution et les lois de la République
Démocratique du Congo et de remplir loyalement et fidèlement, avec honneur et dignité, les
fonctions qui me sont confiées. Le Président de la République leur donne acte de leur
prestation de serment.

Article 10
Les membres de la Cour des comptes ont la même préséance que les membres de
la Cour de cassation et du Conseil d'Etat. Ils ne peuvent être poursuivis qu'avec l'autorisation
du Président de la République, sauf en cas de flagrance, et sont justiciables devant la Cour
de cassation. L’inamovibilité des magistrats du siège des Cours et Tribunaux de l’Ordre
judiciaire, prévue par l’article 150 de la Constitution, s’applique aux magistrats du siège de
la Cour des comptes.

Article 11
Le Président de la République nomme, relève de leurs fonctions et, le cas échéant,
révoque, les membres de la Cour des comptes, après avis de l’Assemblée nationale.

Section 2 : Du Premier président


Article 12
Le Premier président de la Cour des comptes est nommé, relevé, et le cas échéant,
révoqué de ses fonctions par le Président de la République, conformément à l’article 178 de
la Constitution. Son mandat est d’une durée de 5 ans renouvelable une seule fois. Le Premier
président de la Cour des comptes exerce les prérogatives qui lui sont dévolues par la
présente loi organique par arrêté, décision, ordonnance, note ou référé. Il assure la direction
générale de la Cour.
A ce titre :
1. Il élabore le projet de règlement intérieur et le soumet à l’approbation de la Cour des
comptes siégeant toutes Chambres réunies ;
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2. Il prend, après délibération des Chambres réunies, un arrêté portant règlement


intérieur de la Cour des comptes et veille à son application ;
3. Il arrête le programme annuel de la Cour des comptes, sur proposition du Comité des
rapports et des programmes ;
4. Il propose, aux Chambres réunies, la répartition des compétences entre les Chambres;
5. Il préside les assemblées plénières, les Chambres réunies et le Conseil supérieur de la
Cour des comptes ;
6. Il peut présider les séances des Chambres, des sections des Chambres, des
commissions et comités ;
7. Il assure la gestion des magistrats de la Cour des comptes notamment la rotation des
présidents de Chambre et des magistrats entre les Chambres après avis du Conseil
supérieur de la Cour des comptes ;
8. Il gère le personnel administratif et technique de la Cour des comptes ainsi que son
patrimoine ;
9. Il prépare le projet du budget annuel de la Cour des comptes et le soumet au Conseil
supérieur de la Cour des comptes pour adoption ;
10. Il est l’ordonnateur du budget de la Cour des comptes ;
11. Il remet le rapport annuel au Président de la République, au Président de l’Assemblée
nationale, au Président du Sénat et au Premier ministre lors d’une cérémonie
solennelle, en application de l’article 180 de la Constitution ;
12. Il soumet les observations de la Cour des comptes sur le compte général de la
République chaque année à l’Assemblée nationale, en application de l’article 173 de
la Constitution ;
13. Il dépose le rapport contenant les observations de la Cour des comptes sur le projet
de loi, d’édit ou de décision portant reddition des comptes, et la déclaration générale
de conformité respectivement au Bureau de l’Assemblée nationale, de l’Assemblée
provinciale ou de l’organe délibérant de l’entité territoriale décentralisée, et les
transmet au ministre du pouvoir central, de la province ou de l’échevin ayant les
finances dans ses attributions ;
14. Il a en charge les relations avec les institutions supérieures de contrôle des finances
publiques et leurs groupements associatifs ainsi qu’avec les organisations de la
Société civile. Il peut conclure avec les organismes qui sollicitent le bénéfice de
l’expertise de la Cour des comptes ;
15. Il rend compte de l’utilisation annuelle des crédits à l’Assemblée plénière des
magistrats au plus tard le 31 mars de l’année suivante. Dans ce cas, la présidence de
la séance est assurée conformément à l’alinéa suivant. Avant d’entrer en fonction, le
Premier président est installé au cours d’une audience plénière solennelle, présidée
par le président de Chambre le plus ancien dans l’ordre de nomination. Il prête le
serment prévu pour le magistrat de la Cour des comptes. Il dispose d’un cabinet dont
la composition est fixée par le règlement intérieur de la Cour des comptes. En cas
d'absence ou d'empêchement, il est remplacé par le plus ancien des présidents de
Chambre en fonction, d'après l'ordre de nomination.

Article 13
Le Premier président requiert les forces de l’ordre pour assurer la protection de la
Cour des comptes, de ses membres, de son personnel et de son patrimoine.
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Article 14
Dans tous les domaines qui relèvent des compétences de la Cour des comptes, le
Premier président, par voie de référés, présente des observations ou recommandations aux
autorités politiques, administratives, judiciaires et à toute personne pour autant qu’elles
interviennent dans l’exécution du budget du pouvoir central, de la province, de l’entité
territoriale décentralisée et des organismes leur rattachés. Les destinataires des référés sont
tenus de communiquer, dans un délai de deux mois, les mesures correctives prises par eux.
Le Premier président de la Cour des comptes informe le Président de la République, le
Président de l’Assemblée nationale, le Président du Sénat, le Premier ministre, le Président
de l’Assemblée provinciale, le Gouverneur de province, le Président de l’organe délibérant
et le chef de l’exécutif de l’entité territoriale décentralisée, selon le cas, des référés qui n’ont
pas eu de suite.

Article 15
Sur proposition d’une formation de délibéré, le Premier président convoque tout
fonctionnaire ou agent d’un organisme soumis au contrôle de la Cour des comptes ou toute
personne susceptible de fournir à la Cour des informations jugées nécessaires.

Section 3 : Des présidents des Chambres


Article 16
Les présidents des Chambres sont choisis parmi les conseillers maîtres. Ils sont
nommés par ordonnance du Président de la République, sur proposition du Conseil supérieur
de la Cour des comptes, après avis de l’Assemblée nationale. Les présidents des Chambres
dirigent les activités de leurs Chambres. A ce titre, ils sont chargés de :
1. Présider les audiences et réunions de leur Chambre et des sections ;
2. Soumettre au Premier président de la Cour des comptes des propositions en vue de
l’établissement du programme annuel d’activités et mettre en œuvre le programme
approuvé ;
3. Répartir, au vu du programme annuel de la Cour des comptes, les travaux entre les
magistrats de la Chambre et, s’il échet, entre les sections, et veiller à leur traitement ;
4. Informer régulièrement le Premier président de la Cour des comptes de l’état
d’exécution du programme, et lui proposer toutes mesures propres à accroître les
performances de l’institution ;
5. S’assurer de la qualité des travaux effectués au sein de la Chambre, en veillant au
perfectionnement constant de ses membres et à l’application des méthodologies, guides
et normes de vérification édités par la Cour des comptes ;
6. Formuler toutes suggestions pour l’amélioration de ces instruments de travail ;
7. Transmettre au Premier président de la Cour des comptes les propositions d’insertion au
rapport général émanant de leur Chambre. En cas d’absence ou d’empêchement, le
président de Chambre est remplacé par le plus ancien des présidents de section ou des
magistrats de la Chambre selon l’ordre de nomination.

Section 4 : Du Procureur général


Article 17
Le Procureur général près la Cour des comptes est nommée, relevé de ses fonctions
et, le cas échéant, révoqué par le Président de la République, conformément à l’article 178
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de la Constitution. Le Procureur général près la Cour des comptes exerce les fonctions du
ministère public par voie de réquisitions, de conclusions, d’avis et de notes. Il peut faire des
observations orales complémentaires aux différentes séances des formations de la Cour. Il
est présent ou représenté dans les comités ou commissions constitués au sein de la Cour des
comptes. Il défère à la Cour des comptes les opérations présumées constitutives de gestion
de fait, à son initiative ou à la demande du ministre ayant les finances ou le budget dans ses
attributions, d’autres ministres intéressés, des responsables des institutions provinciales, des
responsables des organes des entités territoriales décentralisées, des entreprises du
portefeuille, des établissements et services publics, sur dénonciation des tiers, sans préjudice
du droit de la Cour des comptes de se saisir d’office de ces opérations. Il peut, en tant que de
besoin, communiquer avec les autorités administratives et judiciaires par notes du parquet. Il
requiert l’application des amendes prévues par la loi. Il présente des conclusions écrites sur
les rapports qui lui sont communiqués avec pièces à l’appui. Tous les rapports lui sont
communiqués, particulièrement les rapports concernant les quitus, les débets, les amendes,
les décisions sur la compétence, les comptabilités de fait ainsi que les appels, les pourvois en
cassation, les recours en révision et les rétractations. Outre le secrétariat du parquet général,
le Procureur général bénéficie des services administratifs de la Cour des comptes.

Article 18
Le Procureur général participe, avec voix délibérative aux séances de formations
consultatives de la Cour des comptes. Il est obligatoirement consulté par le Premier
président de la Cour des comptes sur toutes les questions relatives à l’organisation générale
des travaux de l’institution. Il tient l’état des ordonnateurs, comptables publics assignataires
des recettes et des dépenses tant du pouvoir central, de la province, de l’entité territoriale
décentralisée que des entreprises du portefeuille, établissements et services publics et autres
personnes morales assujetties au contrôle de la Cour des comptes. Il est informé par le
greffier en chef des retards accusés dans la production des comptes de gestion. Il est consulté
par le Premier président de la Cour des comptes avant toute décision de destruction, dans les
délais légaux, des pièces comptables exploitées. Il veille à l’exécution des arrêts et décisions
de la Cour des comptes auprès des services habilités du Gouvernement, du gouvernement
provincial et de l’exécutif de l’entité territoriale décentralisée.

Section 5 : Des premiers avocats généraux et des avocats généraux


Article 19
Les premiers avocats généraux et les avocats généraux sont choisis, selon le cas,
parmi les présidents des Chambres, les conseillers maîtres et les conseillers référendaires.
Les premiers avocats généraux et les avocats généraux peuvent représenter le Procureur
général aux séances de différentes formations de la Cour des comptes et y présenter des
observations orales. Ils exercent leurs fonctions sous son autorité. Les premiers avocats
généraux et les avocats généraux sont affectés pour une durée de trois ans renouvelable une
fois et, le cas échéant, changés d’affectation par le Premier président de la Cour des
comptes, après avis du Conseil supérieur de la Cour des comptes. En cas d’absence ou
d’empêchement du Procureur général, le premier avocat général, ou à défaut, l’avocat
général le plus ancien dans l’ordre de nomination assure sa suppléance. L'unicité et
l'indivisibilité du ministère public près les Cours et Tribunaux de l'ordre judiciaire
s'appliquent aux magistrats du parquet général près la Cour des comptes.
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Section 6 : Du rapporteur général


Article 20
Le rapporteur général et les rapporteurs généraux adjoints sont choisis, selon le cas,
parmi les présidents des Chambres, les conseillers maîtres et les conseillers référendaires. Ils
sont désignés et, le cas échéant, relevés de leurs fonctions par le Président de la République,
sur proposition du Conseil Supérieur de la Cour des comptes et après avis de l’Assemblée
nationale. Le rapporteur général assiste le Premier président dans l’administration et la
gestion de la Cour des comptes. Il coordonne, sous l’autorité de ce dernier, les services
administratifs et techniques ainsi que le greffe central. Il est assisté de deux rapporteurs
généraux adjoints.

Section 7 : Du greffier en chef et des greffiers


Article 21
Le greffier en chef est choisi parmi les greffiers de la Cour des comptes ayant le
grade de directeur. Il est assisté de greffiers. Les greffiers de la Cour des comptes sont
choisis parmi le personnel administratif de la Cour des comptes ayant au moins le grade de
chef de bureau. Le greffier en chef et les greffiers sont désignés et relevés de leurs fonctions
par le Premier président de la Cour des comptes. Le greffier en chef certifie les expéditions
des arrêts et en assure la notification. Il délivre et certifie les extraits et les copies des actes
intéressant le fonctionnement de la Cour. Il assiste à toutes les formations de la Cour des
comptes. Il peut être représenté par un greffier. Avant d'entrer en fonction, le greffier en chef
et les greffiers prêtent devant la Cour des comptes le serment suivant : Je jure de remplir
loyalement et fidèlement les fonctions qui me sont confiées et de respecter le secret des
délibérations de la Cour des comptes.

Article 22
Sous l'autorité du rapporteur général de la Cour des comptes, le greffier en chef
assure le fonctionnement du greffe de la Cour des comptes. A ce titre, il est notamment
chargé d'assister aux audiences de la formation inter-Chambres, des Chambres et des
sections. Il dresse les procès-verbaux des audiences et contresigne les arrêts et autres
décisions pris dans les affaires auxquelles il a assisté. Il en conserve les minutes. Le greffier
en chef reçoit les comptes des comptables publics principaux assignataires des recettes et
des dépenses et avise le Procureur général de tout retard accusé dans leur production à la
Cour des comptes. Dans les Chambres près lesquelles ils sont affectés, les greffiers
accomplissent les mêmes tâches que le greffier en chef. D’une manière générale, le greffier
en chef assure la bonne tenue et la gestion des registres, actes, documents et autres archives
de la Cour des comptes. En cas d'absence ou d'empêchement, le greffier en chef est suppléé
par le greffier le plus gradé suivant l'ordre de nomination.

Section 8 : Du personnel administratif et technique


Article 23
La Cour des comptes comprend en son sein un personnel technique et
administratif. Le personnel technique est constitué des fonctionnaires, auditeurs et
vérificateurs qui assistent les magistrats dans les travaux de contrôle. Le personnel
administratif est constitué de tous les autres fonctionnaires qui ne participent pas aux travaux
de contrôle. Outre les dispositions générales du statut des agents de carrière des services
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publics de l’Etat, le personnel administratif et technique de la Cour des comptes est régi par
un règlement d’administration particulier.

Chapitre 2 : Des missions


Article 24
La Cour des comptes dispose d'un pouvoir général et permanent de contrôle de la
gestion des finances, des biens et des comptes du pouvoir central, de la province, de l’entité
territoriale décentralisée et de ses organismes auxiliaires ainsi que de toute personne de droit
public ou privé visée à l’article 2 alinéa 2 de la présente loi organique.

Article 25
La Cour des comptes juge les comptes des comptables publics principaux
assignataires des recettes ou des dépenses. Elle juge aussi les comptes que lui rendent les
personnes qu'elle a déclarées comptables de fait.

Article 26
La Cour des comptes veille au respect des délais de production des comptes par les
comptables publics principaux assignataires. Elle condamne à l’amende les comptables
publics principaux assignataires et les personnes qu’elle a déclarées comptables de fait pour
retard dans la production de leurs comptes. Le montant maximum de l’amende pour retard
dans la production du compte est égal à un mois de la rémunération du comptable public
concerné.

Article 27
La Cour des comptes condamne à une amende, pour immixtion dans les fonctions
de comptable public, toute personne déclarée comptable de fait qui n’a pas fait l’objet d’une
condamnation pénale pour les mêmes opérations. Le montant de l’amende tient compte de
l’importance et de la durée de la détention ou du maniement des fonds et valeurs, sans que
ce montant puisse excéder le total des sommes indûment détenues ou maniées.

Article 28
La Cour des comptes vérifie sur pièces et sur place la régularité des opérations des
recettes, des dépenses, de trésorerie et de patrimoine enregistrées dans les comptabilités
publiques. Elle s’assure de la mobilisation optimale des recettes ainsi que de l’économie, de
l’efficience et de l’efficacité des crédits, fonds et valeurs gérés par les services du pouvoir
central, de la province et de l’entité territoriale décentralisée et par toute autre personne
morale de droit public ou de droit privé soumise à son contrôle.

Article 29
La Cour des comptes évalue les politiques, les programmes et les actions publics
mis en œuvre et lui transmis, selon le cas, par le Gouvernement ou le Gouvernement
provincial, l’organe exécutif de l’entité territoriale décentralisée ainsi que les responsables
des entreprises ou établissements publics et les organismes auxiliaires. Cette évaluation
donne lieu à des observations accompagnées de recommandations. A ce titre, le
Gouvernement ou le Gouvernement provincial, le collège exécutif de l’entité territoriale
décentralisée et les responsables susvisés sont tenus de lui transmettre tous les documents y
afférents dès leur adoption à leur niveau et après leur approbation par le Parlement,
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l’Assemblée provinciale, l’organe délibérant local, l’assemblée générale, le conseil


d’administration ou, le cas échéant, l’autorité hiérarchique ou de tutelle. La Cour des
comptes suit la mise en œuvre de ses recommandations.

Article 30
La Cour des comptes assure, au niveau du pouvoir central, de la province et de
l’entité territoriale décentralisée, la vérification des comptes et celle de la gestion de
l’entreprise du portefeuille, de l’établissement et service publics. Les organismes désignés
ci-dessus transmettent à la Cour des comptes leurs comptes annuels dans les trois mois de
leur adoption par l’assemblée générale, le conseil d'administration ou l'organe en tenant lieu.
A défaut de production des comptes dans le délai fixé ci-dessus, le principal
responsable de l’entité ou son gestionnaire est passible d’une amende conformément à
l’article 129 de la loi relative aux finances publiques. La Cour des comptes reçoit dans le
même délai les rapports des commissaires aux comptes de ces entités. En outre, les
responsables des corps de contrôle relevant de l’exécutif du pouvoir central, provincial et de
l’entité territoriale décentralisée, transmettent à la Cour des comptes les rapports dans
lesquels sont consignées des observations relatives à la gouvernance et aux états financiers
de ces organismes.

Article 31
La Cour des comptes contrôle les personnes qui bénéficient d'un concours
financier du pouvoir central, de la province ou de l’entité territoriale décentralisée et toute
organisation privée autorisée à percevoir des taxes parafiscales, des impositions de toute
nature, des cotisations légalement obligatoires ou qui bénéficie d'un mécénat donnant lieu à
un avantage fiscal. La Cour des comptes contrôle la conformité entre les objectifs de ces
organisations et les dépenses ouvrant droit aux bénéfices des donateurs à un avantage fiscal
ou parafiscal au titre d'impôt, droits, taxes et redevances. Le contrôle se limite au compte
d'emploi du concours financier et/ou du bénéfice des avantages fiscaux et parafiscaux. Si
l'organisme ne produit pas le compte d'emploi, le contrôle porte sur l'ensemble des comptes
et sur la gestion de cet organisme.

Article 32
Sont justiciables devant la Cour des comptes pour faute de gestion en matière de
discipline budgétaire et financière :
1. Les contrôleurs budgétaires ;
2. Les comptables publics ;
3. Les ordonnateurs autres que les responsables du Parlement, des Assemblées
provinciales et des organes délibérants des entités territoriales décentralisées, les
membres du gouvernement et des gouvernements provinciaux ainsi que les membres
des exécutifs des entités territoriales décentralisées ;
4. Tout responsable ou agent des entreprises publiques, des établissements ou organismes
publics.
Les ordonnateurs responsables du Parlement, des Assemblées provinciales et des
organes délibérants des entités territoriales décentralisées, les membres du gouvernement et
des gouvernements provinciaux ainsi que les membres des exécutifs de l’entité territoriale
décentralisée répondent de leurs fautes de gestion devant les organes politiques compétents.
La sanction pour faute de gestion réside dans la condamnation de la personne incriminée, à
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une amende dont le montant ne pourra atteindre le double du traitement ou salaire brut
annuel alloué à la date de l’infraction sans être inférieur au quart. Outre la peine ci-dessus, le
fonctionnaire encourt une sanction disciplinaire, civile et/ou pénale. L’auteur d’une faute de
gestion n'est passible d'aucune sanction s'il est établi qu'il a reçu un ordre écrit, pour autant
qu’il ne soit pas manifestement illégal, de sa hiérarchie ou d'une personne légalement
habilitée à donner pareil ordre, après un rapport circonstancié fait par lui à ce sujet. L'ordre
ou l'autorisation est joint aux pièces ayant fait l'objet du contrôle. Dans ce cas, la
responsabilité du donneur d’ordre, supérieur hiérarchique ou de la personne légalement
habilitée, se substitue à celle de son subordonné.

Article 33
Le comptable public principal assignataire refuse de payer toute dépense entachée
d’irrégularités. A cet effet, il renvoie le dossier de la dépense à l’ordonnateur avec ses
observations.

Article 34
La Cour des comptes assiste le Parlement, l’Assemblée provinciale, l’organe
délibérant de l’entité territoriale décentralisée, le Gouvernement, le Gouvernement
provincial et l’exécutif de l’entité territoriale décentralisée dans le contrôle de l’exécution
des lois de finances, des édits budgétaires et des décisions budgétaires. A cet effet, elle
transmet chaque année au Parlement, à l’Assemblée provinciale et à l’organe délibérant de
l’entité territoriale décentralisée, ses observations sur le compte général du pouvoir central,
le compte général de la province et le compte général de l’entité territoriale décentralisée. La
Cour soumet chaque année aux institutions et organes précités un rapport contenant ses
observations sur le projet de loi portant reddition des comptes, le projet d’édit ou de décision
portant reddition des comptes du dernier exercice clos. En outre, à l’occasion de chaque
session budgétaire, elle saisit les institutions et organes susmentionnés de ses observations
sur le rapport d’exécution du budget en cours au premier semestre. A cet effet, il est fait
obligation au Gouvernement, aux Gouvernements provinciaux et aux collèges exécutifs des
entités territoriales décentralisées de transmettre à la Cour des comptes au plus tard le 15
août de l’exercice considéré les éléments portant sur l’exécution du budget au premier
semestre.

Article 35
La Cour des comptes est investie des fonctions de Commissaires aux comptes de
l’Etat. A ce titre, elle certifie la régularité, la sincérité et la fidélité des comptes du pouvoir
central, des provinces et des entités territoriales décentralisées. Le rapport de certification est
joint au rapport de la Cour des comptes qui accompagne le projet de loi, le projet d’édit ou
de décision portant reddition des comptes.

Article 36
La Cour des comptes joue le rôle de conseiller du Président de la République, du
Parlement, des Assemblées provinciales, de l’organe délibérant de l’entité territoriale
décentralisée, du Gouvernement, du Gouvernement provincial et du collège exécutif de
l’entité territoriale décentralisée, en matière des finances publiques: A ce titre, elle procède à
tout contrôle de la gestion des finances et des biens publics sur requête du Président de la
République, du Parlement, de l’Assemblée provinciale, de l’organe délibérant de l’entité
territoriale décentralisée, du Gouvernement, du Gouvernement provincial et de collège
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exécutif de l’entité territoriale décentralisée. Elle peut être associée aux missions
d’évaluation et de contrôle des différentes commissions des institutions et organes précités.

Article 37
Les demandes d'assistance des autres institutions de l'Etat peuvent autant que
possible être intégrées au programme sectoriel de la Cour qui se réserve le monopole de la
direction des enquêtes et des suites à leur donner. Dans ses interventions, la Cour des
comptes peut recourir, pour des enquêtes à caractère technique, aux services de l’Inspection
Générale des Finances et, le cas échéant, à d’autres corps de contrôle ou à toute autre
expertise.

Article 38
Le contrôle de la Cour des comptes tient tout autre en état à l'exception du contrôle
politique exercé par le Parlement, les assemblées provinciales et les organes délibérants des
entités territoriales décentralisées. Tout refus de s'y soumettre ou toute manœuvre dilatoire
tendant à en repousser l'échéance expose son auteur aux pénalités prévues par la présente loi
organique et par d'autres lois de la République.

Article 39
La Cour des comptes est habilitée à proposer à l’autorité hiérarchique ou à
l’autorité de tutelle de prendre des mesures conservatoires lorsque de graves irrégularités
sont constatées à l'occasion de ses contrôles. Ces mesures concernent l’auteur des
irrégularités constatées et portent notamment sur :
1. La proposition de suspension ou la proposition de destitution de ses fonctions ;
3. Le blocage de ses comptes bancaires ;
4. L'interdiction de sortir du territoire national et l'obligation de se tenir à la
disposition de la Cour des comptes jusqu'à la clôture du dossier ;
5. L'interdiction d'accomplir certains actes de gestion ;
6. La proposition de nomination d'un intérimaire. L’autorité ainsi saisie doit, dans les
5 jours francs de la saisine, communiquer à la Cour des comptes les suites
données à ses propositions.
Le Premier président de la Cour des comptes signale au Président de la
République, au Président de l’Assemblée nationale, au Président du Sénat, au Premier
ministre, au Président de l’Assemblée provinciale, au Gouverneur de province, au Président
de l’organe délibérant et au chef de l’exécutif de l’entité territoriale décentralisée, selon le
cas, des propositions de la Cour des comptes qui n’ont pas eu de suite.
Chapitre 3 : DE L’ORGANISATION ET DU FONCTIONNEMENT DE LA
COUR DES COMPTES
Section1ère : De l’organisation de la Cour des comptes
Article 40
Les organes de la Cour des comptes sont :
1. le Conseil supérieur de la Cour des comptes ;
2. les formations de la Cour des comptes.
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Paragraphe 1er : Du Conseil supérieur de la Cour des comptes

Article 41
Le Conseil supérieur de la Cour des comptes est l’organe de gestion de la carrière
des magistrats de la Cour des comptes. Il organise le recrutement, élabore les propositions de
nomination, de promotion, de mise à la retraite, de démission, de relève anticipée des
fonctions, de révocation et de réhabilitation des magistrats de la Cour des comptes. Ces
propositions sont transmises pour avis à l’Assemblée nationale qui dispose d’un délai de
trente jours pour réagir. Passé ce délai, l’avis favorable est réputé acquis et le Président de la
République est directement saisi par le Conseil supérieur de la Cour des comptes.

Article 41 bis
Il exerce un pouvoir disciplinaire sur les magistrats de la Cour des comptes. Il
approuve le projet de budget de la Cour des comptes préparé par le Premier président.

Article 42
Le Conseil supérieur de la Cour des comptes comprend :
1. Le Premier président, le Procureur général, les présidents de Chambres et le
rapporteur général comme membres de droit ;
2. Un magistrat élu avec deux suppléants par Chambre provenant des autres
catégories que sont les conseillers maîtres, les conseillers référendaires et les
conseillers pour un mandat de trois ans renouvelable une fois ;
3. Deux magistrats du parquet général élus par leurs pairs pour une durée de trois
ans renouvelable une fois. Sans préjudice de l’alinéa premier du présent article,
les magistrats élus promus en cours de mandat cessent d’exercer ce mandat. Ils
sont remplacés par leurs premiers suppléants.

Article 43
Le Conseil supérieur de la Cour des comptes est présidé par le Premier président de
la Cour des comptes. Le Premier président de la Cour des comptes représente le Conseil
supérieur de la Cour des comptes. Il convoque et préside les réunions de l’Assemblée
générale et du Bureau. Article 44 Les organes du Conseil supérieur de la Cour des comptes
sont :
1. L'assemblée générale ;
2. Le Bureau ;
3. La Chambre de Conseil ;
4. Le secrétariat.

Paragraphes 2 : Les formations de la Cour des comptes


Article 45
La Cour des comptes comprend les formations délibérantes et les formations
consultatives.
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Article 46
Les formations délibérantes de la Cour des comptes sont :
1. l’audience plénière solennelle ;
2. les Chambres réunies ;
3. la formation inter-Chambres ;
4. les Chambres ;
5. les sections des Chambres.

Article 47
Les formations consultatives de la Cour des comptes sont :
1. Le comité des programmes et des rapports ;
2. Le conseil de direction.

Article 48
Le cadre organique de la Cour des comptes est fixé par son Règlement intérieur,
conformément à l’article 12, alinéa 3 point 1 de la présente loi organique.

Section 2 : Du fonctionnement de la Cour des comptes


Paragraphe 1 : De l'Assemblée générale
Article 49
L’Assemblée générale est composée de tous les membres du Conseil supérieur de
la Cour des comptes visés à l’article 42 de la présente Loi organique. Elle est l'organe de
décision du Conseil supérieur de la Cour des comptes. Elle connaît de toutes les questions
relevant des attributions du Conseil supérieur de la Cour des comptes.

Article 50
Les décisions de l’Assemblée générale sont prises à la majorité absolue des
membres présents. En cas de partage égal des voix, celle du président est prépondérante.

Article 51
L'Assemblée générale examine les dossiers des magistrats de la Cour des comptes
ayant trait à leur nomination, promotion, mise à la retraite, démission, relève anticipée des
fonctions, révocation et, le cas échéant, leur réhabilitation. Les propositions de l’Assemblée
générale sont soumises, par le bureau du Conseil supérieur de la Cour des comptes au
Bureau de l’Assemblée nationale pour avis dans les trente jours de leur réception. Passé ce
délai, l’avis favorable est acquis d’office et ces propositions sont transmises par les bons
soins du président du Conseil supérieur de la Cour des comptes à l’autorité compétente.

Article 52
L'Assemblée générale élabore et adopte le Règlement intérieur du Conseil
supérieur de la Cour des comptes dans les trente jours qui suivent son installation. Le
Règlement intérieur est publié au Journal officiel, après vérification de conformité à la
présente loi organique par le Conseil d’Etat.
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Article 53
L'Assemblée générale se réunit en session ordinaire une fois l'an, le premier jour
ouvrable du mois de mai, sur convocation de son président. La durée de la session ne peut
dépasser sept jours ouvrables. Toutefois, au cas où les matières inscrites à l’ordre du jour ne
sont pas épuisées, l’Assemblée plénière peut prolonger la session d’une durée ne dépassant
sept jours ouvrables.

Article 54
L'Assemblée générale peut être convoquée en session extraordinaire par son
président sur un ordre du jour déterminé, à sa propre initiative ou à la demande soit du
Bureau, soit des deux tiers de ses membres. La session extraordinaire est close une fois
épuiser l'ordre du jour pour lequel elle a été convoquée. Dans tous les cas, la durée de cette
session ne peut excéder sept jours ouvrables.

Article 55
L'Assemblée générale ne siège valablement que lorsqu'elle réunit au moins deux
tiers de ses membres. A défaut du quorum requis au précédent alinéa, le président convoque
une nouvelle réunion avec le même ordre du jour dans la huitaine. Dans ce cas, la majorité
absolue des membres suffit. Les décisions sont prises à la majorité absolue des membres
présents. En cas de partage égal des voix, celle du président est prépondérante.

Paragraphe 2 : Du Bureau
Article 56
Le Bureau est composé de : 1. Premier président de la Cour des comptes :
président ; 2. Procureur général près la Cour des comptes : 1er vice-président ; 3. président
de Chambre le plus ancien : 2èmeviceprésident ; 4. rapporteur général de la Cour des
comptes : rapporteur 5. trois magistrats désignés parmi les pairs : membres.

Article 57
Le Bureau du Conseil supérieur de la Cour des comptes a pour attributions :
1. De soumettre aux délibérations de l'Assemblée générale les propositions qui
intéressent la gestion de la carrière des magistrats de la Cour des comptes;
2. D'exécuter les décisions de l'Assemblée générale ;
3. De recevoir les recours formulés par les magistrats contre les décisions prises
par la Chambre de conseil à leur encontre.

Article 58
Le Bureau du Conseil supérieur de la Cour des comptes se réunit en session
ordinaire une fois par trimestre sur convocation de son président, conformément au
Règlement intérieur de la Cour. Il peut tenir des réunions extraordinaires, sur un ordre du
jour déterminé, sur convocation de son président ou à la demande de l’un de ses membres.
Les décisions sont prises à la majorité absolue des membres présents. En cas de partage égal
des voix, celle du président est prépondérante.
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Paragraphe 3 : De la Chambre de conseil


Article 59
La Chambre de conseil exerce le pouvoir disciplinaire sur les magistrats au nom du
Conseil supérieur de la Cour des comptes.

Article 60
La Chambre de conseil connaît, en premier ressort, des fautes disciplinaires des
magistrats de la Cour des comptes et de ceux du parquet général près la Cour des comptes.
Le magistrat mis en cause peut relever appel de la décision prise à son encontre devant
l’Assemblée générale du Conseil supérieur de la Cour des comptes ou, le cas échéant, devant
le bureau du Conseil supérieur de la Cour des comptes. Dans ce cas, le bureau confie le
dossier à une Chambre de conseil autrement composée que celle qui a rendu le premier
jugement.

Article 61
La Chambre de conseil siège avec trois magistrats en position d'activité, choisis au
sein du Conseil supérieur de la Cour des comptes, n'ayant pas encouru des sanctions
disciplinaires au cours des douze derniers mois. La Chambre de conseil est présidée de façon
mixte et croisée par un magistrat du siège ou du parquet, selon qu'est mis en cause un
magistrat du parquet ou du siège. La présidence est assurée par un magistrat de rang
supérieur ou égal à celui du magistrat mis en cause.

Article 62
La Chambre de Conseil est présidée, selon le cas, par le Premier président de la
Cour des comptes ou le Procureur général près la Cour des comptes, lorsque l’une de ces
deux autorités est mise en cause. Dans ce cas, les deux autres magistrats sont choisis parmi
les présidents de Chambres. Au cas où le Premier président de la Cour des Comptes et le
Procureur général près la Cour des Comptes sont mis en cause dans une même affaire, la
Chambre de Conseil est présidée par le président de Chambre le plus ancien.
Article 63
La procédure disciplinaire, ainsi que les sanctions applicables sont fixées par les
articles 251 à 262 de la présente loi organique.

Article 64
La Chambre de Conseil est saisie par le Premier président de la Cour des comptes
ou par le Procureur général près la Cour des comptes, à leur initiative ou sur plainte de toute
personne intéressée.

Article 65
La décision de la Chambre de Conseil est notifiée au magistrat mis en cause par les
soins du président de la Chambre qui a connu de la cause, conformément aux dispositions
des articles 173 et 174 de la présente loi organique.
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Paragraphe 4 : Du Secrétariat
Article 66
Le Secrétariat du Conseil supérieur de la Cour des comptes est assuré par le bureau
du rapporteur général de la Cour des comptes, conformément au Règlement intérieur de la
Cour. Il prépare les travaux, prend les relevés des décisions et assure la conservation des
archives du Conseil. Le Secrétariat du Conseil supérieur de la Cour des comptes bénéficie,
en cas de besoin, des services administratifs de la Cour des comptes.

Article 67
Le Secrétariat assiste le Bureau dans l'administration du Conseil supérieur de la
Cour des comptes. A ce titre, il a notamment pour tâches de :
1. Tenir les dossiers administratifs des magistrats et en assurer la mise à jour ;
2. Préparer les travaux des autres organes et en conserver les procès- verbaux et
les archives.

Paragraphe 5 : Des formations délibérantes


A. De l’audience plénière solennelle

Article 68
L'audience plénière solennelle regroupe l'ensemble des membres de la Cour des
comptes et se réunit sous la direction du premier président.

Article 69
L'audience plénière solennelle se tient, sous la direction du Premier président, avec
les présidents des Chambres et l’ensemble des magistrats du siège. Le ministère public près
la Cour des comptes y assiste. L’audience publique solennelle se tient pour :
1. Recevoir le serment de nouveaux magistrats et procéder à leur installation ;
2. Célébrer le départ à la retraite des magistrats ;
3. Rendre hommage aux magistrats décédés ;
4. Présenter la déclaration générale de conformité et le rapport public ;
5. Officier la cérémonie de la rentrée de la Cour des comptes. Les magistrats y
portent la toge de cérémonie. Les magistrats du siège et ceux du parquet
général prennent rang suivant l'ancienneté ou l'ordre de nomination.

Article 70
L’audience plénière solennelle ne peut se tenir qu’avec au moins la moitié de ses
membres. Les décisions sont prises à la majorité des membres présents. En cas de partage
égal des voix, celle du président de séance est prépondérante.

Article 71
Le secrétariat de l’audience plénière solennelle est assuré par le rapporteur général
de la Cour des comptes.
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B. Des Chambres réunies

Article 72
La Cour des comptes, toutes Chambres réunies, se compose du Premier président,
des présidents de Chambre et, le cas échéant, de deux présidents de section élus par leurs
pairs, qui élisent aussi un suppléant, et de deux magistrats par Chambre, élus par leurs pairs
qui élisent aussi un suppléant. Un magistrat rapporteur désigné par le Premier président
complète le siège avec voix délibérative. Le Procureur général ou son représentant assiste
aux séances et présente ses conclusions. Le secrétariat des Chambres réunies est assuré par
le rapporteur général de la Cour des comptes.

Article 73
La Cour des comptes siège toutes Chambres réunies pour :
1. Formuler des avis sur les questions de procédure ou de jurisprudence dont elle est
saisie par le Premier président, de sa propre initiative, sur proposition d'une Chambre
ou sur réquisition du Procureur général ;
2. Connaître des affaires qui sont déférées directement par le Premier président, sur
renvoi d'une Chambre, à la requête du ministère public ou sur renvoi après cassation ;
3. Statuer sur les demandes de récusation qui lui sont soumises par le Premier président ;
4. Donner un avis sur tout problème de fonctionnement de la Cour des comptes
lorsqu'elle est saisie, par le Premier président sur proposition d'une Chambre ou sur
réquisition du Procureur général ;
5. Adopter les projets de rapport public, de déclaration générale de conformité, des
rapports de contrôle de l’exécution des lois de finances, des édits budgétaires et des
décisions budgétaires.

Article 74
La Cour des comptes, toutes Chambres réunies, est constituée au début de chaque
année judiciaire par ordonnance du Premier président. La Cour des comptes, toutes
Chambres réunies, ne peut siéger qu’avec au moins sept membres. Les décisions sont prises
à la majorité des voix. En cas de partage égal des voix, celle du président de céans est
prépondérante.
C. De la formation inter-Chambres

Article 75
La formation inter-Chambres est composée d’au moins cinq magistrats parmi
lesquels trois présidents des Chambres. Elle est présidée par un président de Chambre,
désigné annuellement avec un suppléant, par ordonnance du Premier président. Ces
magistrats sont désignés annuellement, avec leurs suppléants, par ordonnance du Premier
président. La formation inter-Chambres siège avec le concours d’un greffier. Le ministère
public y assiste.

Article 76
La formation inter-Chambres statue sur les appels formés contre les arrêts définitifs
rendus en premier ressort par les Chambres.
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Article 77
Pour chaque affaire soumise à la formation, un rapporteur est désigné parmi ses
membres par le Premier président.

Article 78
Les décisions sont prises à la majorité des membres présents. En cas de partage
égal des voix, celle du président de céans est prépondérante.

Article 79
Le magistrat ayant rendu l’arrêt en premier ressort ne peut pas siéger dans la
formation inter-Chambres.

Article 80
La Cour des comptes est subdivisée en Chambres dont les sièges sont situés soit
dans la capitale, soit dans un chef-lieu de province. La Chambre de la Cour des comptes sont
des formations de délibéré pour les domaines ou les secteurs qui leur ont été confiés par le
Premier président. Les compétences et le siège d’une Chambre sont fixés par ordonnance du
Premier président prise en Chambres réunies.

Article 81
La Chambre statue sur les arrêts, les rapports ou les propositions qui n’ont pas été
délibérés dans l’une des formations décrites ci-haut.

Article 82
La Chambre siège avec un président de céans et des conseillers en présence du
ministère public. Elle est assistée d’un greffier.

Article 83
La Chambre ne peut délibérer à moins de trois conseillers. En cas de besoin, le
président de céans fait appel soit à un magistrat d’une autre section de la Chambre, s’il en
existe, soit à un magistrat d’une autre Chambre. Les décisions sont prises à la majorité
simple des membres présents. En cas de partage égal des voix, celle du président de céans
est prépondérante.

Article 84
La Chambre ayant son siège dans un chef-lieu de province porte le nom de ce chef-
lieu. La Chambre de compte déconcentrée exerce l’ensemble de compétences dévolues à la
Cour des comptes sur les comptes de la province et de l’entité territoriale décentralisée de
son ressort. Le Premier président peut déléguer à une Chambre des comptes déconcentrée le
contrôle d’un organisme d’Etat, d’une entreprise ou d’un établissement public situé dans son
ressort.
E. Des sections des Chambres
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Article 85
Les sections des Chambres sont chargées exclusivement d’une activité
d’instruction ou d’enquête. Leurs rapports sont obligatoirement délibérés en Chambre. La
création des sections des Chambres, leur organisation et leur fonctionnement font l’objet
d’une décision du Premier président de la Cour des comptes, après avis du Conseil de
direction de la Cour des comptes. Les présidents de section sont nommés par décision du
Premier président de la Cour des comptes, sur proposition du Conseil de direction, le
président de la Chambre concernée entendu.

Paragraphe 6 : Des formations consultatives


A. Du Comité des programmes et des rapports

Article 86
Le Comité des programmes et des rapports est chargé de la préparation du rapport
annuel prévu par les lois et règlements relatifs à la Cour des comptes ainsi que du
programme annuel des travaux de la Cour des comptes. Il est composé du Premier président
et des présidents de Chambres. Le Procureur général ou son représentant assiste aux séances
du comité des programmes et des rapports et participe aux débats. Le Premier président peut
y désigner d'autres magistrats de la Cour des comptes. Le Secrétariat du comité des
programmes et des rapports est assuré par le Rapporteur général de la Cour des comptes.
L'organisation et le fonctionnement du comité des programmes et des rapports sont fixés par
ordonnance du Premier président de la Cour des comptes. Il peut être constitué des
commissions spécialisées au sein du comité des programmes et des rapports.
B. Du Conseil de direction

Article 87
Le Conseil de direction est composé du Premier président de la Cour des comptes,
des présidents des Chambres, du Rapporteur général et du Procureur général ou son
représentant. Le Conseil de direction est consulté, à l’initiative du Premier président de la
Cour des comptes, sur toute question relative à l’organisation et au fonctionnement des
services de la Cour des comptes.

TITRE III : DE LA PROCEDURE DEVANT LA COUR DES COMPTES


Article 88
La procédure devant la Cour des comptes est inquisitoriale, secrète, écrite et
contradictoire.

Article 89
La Cour des comptes exerce un contrôle juridictionnel et un contrôle extra-
juridictionnel. Chapitre 1er : Du contrôle juridictionnel

Article 90
Dans l'exercice de son pouvoir juridictionnel, la Cour des comptes juge les
comptes des comptables publics principaux assignataires de recettes et de dépenses, déclare
et apure les gestions de fait, statue sur les fautes de gestion et prononce les condamnations.
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Elle statue aussi sur les recours en appel formés contre les arrêts définitifs rendus en premier
ressort. Elle statue enfin sur les recours en révision et en rétractation, ainsi que sur les
renvois après cassation.

Section 1ère : De la production des comptes


Article 91
Tout comptable public assignataire des recettes et des dépenses ainsi que toute
personne déclarée comptable de fait doit rendre compte de sa gestion. Les comptes sont
produits dans les formes et délais prévus par la loi relative aux finances publiques, le
Règlement général sur la comptabilité publique ainsi que leurs textes d’application. Le
Greffe central de la Cour des comptes vérifie que les comptes sont en état d’examen, les
enregistre à la date de leur dépôt et leur attribue un numéro d'ordre. Lorsqu’une Chambre
des comptes déconcentrée est compétente sur une ou plusieurs provinces, les comptes des
comptables publics du ressort sont, dans les mêmes conditions, déposés auprès du greffe
attaché à la Chambre des comptes déconcentrée. Le dépôt des comptes opère saisine de la
Cour des comptes. L’action de la Cour des comptes sur un compte régulièrement déposé au
greffe est prescrite le 31 décembre de la dixième année qui suit la date de sa réception.

Article 92
Sous peine de droit, les comptes de gestion certifiés sincères et véritables sont
datés et signés par le comptable public assignataire ou par les commis d'office désignés par
le ministre ayant les finances dans ses attributions ou son délégué conformément aux
dispositions du Règlement général sur la comptabilité publique. Les comptes de gestion
doivent être en état d'examen et appuyés des pièces justificatives prévues par les lois et
règlements, en particulier par les instructions des ministres ayant les finances et le budget
dans leurs attributions. Ces pièces sont classées dans l'ordre chronologique des opérations :
1. Les pièces à l'appui des comptes du pouvoir central, de la province et de l’entité
territoriale décentralisée sont classées par ministère, par fonction, par programme et par
action ;
2. Les pièces à l'appui des comptes des organismes auxiliaires publics sont classées dans
l'ordre du budget dont elles matérialisent l'exécution. Elles ne pourront être détruites
qu'après un délai de dix ans à compter du jour où la décision définitive, concernant le
compte auquel elles se rapportent, est intervenue. Toutefois, le Premier président de la
Cour des comptes pourra, après avis des Chambres réunies, fixer un délai qui ne peut
être inférieur à cinq ans lorsqu'une conservation décennale ne s'avère pas nécessaire.

Article 93
Il est établi par poste comptable un compte unique des opérations de l'exercice. Le
compte est préparé et mis en état d'examen par le comptable public principal assignataire en
fonction au 31 décembre de l'exercice. Sauf décision contraire du ministre ayant les finances
dans ses attributions, le comptable public remplacé en cours d'exercice est dispensé de
rendre un compte séparé de sa gestion. Lorsque plusieurs comptables se sont succédé à la
tête d’un poste comptable, le compte doit faire apparaître distinctement les opérations
propres à chacun des comptables qui demeure personnellement et pécuniairement
responsable de sa gestion. Chaque comptable certifie le compte en faisant précéder sa
signature de la mention certifié sincère et véritable. Cette certification ne dispense pas le
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comptable sortant ou entrant en service de produire à la Cour des comptes les pièces prévues
par le Règlement général sur la comptabilité publique en cas de nomination ou de mutation.

Article 94
En cas de décès du comptable public principal assignataire, la responsabilité de la
gestion de son compte passe à ses héritiers qui possèdent un droit général d'information sur
les comptes et peuvent se faire assister par un expert de leur choix. A défaut d'héritiers, le
compte ne peut être signé et présenté que par un commis d'office désigné par le ministre
ayant les finances dans ses attributions. L'arrêté désignant le commis d'office fixe le délai
imparti à ce dernier pour présenter le compte. Le compte est toujours rendu au nom du de
cujus.

Article 95
Chaque comptable public principal assignataire en activité ou ayant cessé ses
fonctions doit communiquer son adresse et tout changement y relatif à la Cour des comptes.

Article 96
Tout compte qui n'est pas en état d'examen est renvoyé au comptable public
principal assignataire pour régularisation. Le compte renvoyé au comptable public principal
assignataire pour être mis en état d'examen est réputé n'avoir pas été produit s'il n'est pas
réintégré après régularisation dans le délai imparti par la mise en demeure. Ce délai ne peut
dépasser un mois dès réception par le comptable public principal assignataire de la
notification de la mise en demeure.

Article 97
La présentation d'un compte qui n'est pas en état d'examen rend le comptable
public principal assignataire passible de l'amende au même titre que le défaut de production
du compte. Lorsque le comptable public principal assignataire ne produit pas son compte
dans les délais, les majorations de l'amende courent jusqu'à la date de la désignation du
commis d'office. Le taux de majoration de l’amende est fixé à 1% du montant dû par jour de
retard. La condamnation du comptable public assignataire à l’amende pour retard dans la
production de son compte est prononcée par un arrêt définitif rendu conformément à l’article
26 de la présente loi organique. Si le retard, le défaut ou le refus de présentation d'un compte
persiste, la Cour des comptes saisit le ministre ayant les finances dans ses attributions à
l'effet de commettre d'office un autre comptable public chargé d'établir et rendre compte au
nom, aux frais et sous la responsabilité du comptable public assignataire défaillant. Les
dispositions ci-dessus sont également applicables au comptable de fait et au comptable
public commis d'office.

Section 2: De l’instruction
Article 98
L'instruction d'une affaire s'ouvre par un ordre de mission qui désigne notamment le
magistrat-rapporteur, dont copie est communiquée au Ministère public. Le rapporteur
désigné effectue l’instruction sur pièces ou sur place. Il peut, en tant que de besoin, requérir
les forces de l'ordre pour assurer l’accomplissement de sa mission. Les ordonnateurs, les
comptables publics, les autorités hiérarchiques ou de tutelle et tout autre responsable public
ou privé concerné sont tenus, sous peine d'amende, de communiquer, sur demande des
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magistrats de la Cour des comptes, tout document et de fournir tout renseignement relatifs à
la gestion des services et organismes publics et privés soumis au contrôle de la Cour des
comptes. Toute entrave à l’action de la Cour des comptes est assimilée à une faute de
gestion.

Article 99
Les magistrats et les fonctionnaires ou experts, assistant à la vérification à la Cour
des comptes en mission de vérification ont le pouvoir de se rendre dans les services des
ordonnateurs et des comptables publics. Ceux-ci prennent toutes les dispositions devant leur
permettre de prendre connaissance des écritures tenues et des documents comptables, en
particulier les pièces justifiant la constatation, la liquidation, l’ordonnancement et le
recouvrement des recettes, d'une part, l'engagement, la liquidation, l’ordonnancement et le
paiement des dépenses, d'autre part. Les magistrats et les fonctionnaires ou experts, assistant
à la vérification à la Cour des comptes en mission, ont le pouvoir de se faire délivrer les
pièces nécessaires à leur contrôle. Ils ont accès à tous les immeubles et propriétés compris
dans le patrimoine de l'Etat au niveau central, provincial et local ou des autres personnes
physiques ou morales, publiques ou privées, soumises au contrôle de la Cour des comptes.
En outre, ils ont le pouvoir de procéder à la vérification des fournitures, des prestations de
service, matériels, travaux et constructions ainsi que tous les éléments de leur comptabilité.

Article 100
Les magistrats de la Cour des comptes en mission ont le pouvoir d'entendre tout
justiciable visé à l’article 32 de la présente loi organique, ainsi que tout agent ou tout
responsable ou représentant des services et organismes publics ou privés soumis au contrôle
de la Cour des comptes, tout gestionnaire ou ordonnateur de fonds publics, tout agent ou
encore tout membre d'une institution ou corps de contrôle. Ils se font communiquer tout
rapport d'inspection, d'audit, de vérification, de contrôle et d’enquête et ses annexes, y
compris tous les procès-verbaux.

Article 101
Les entreprises du portefeuille du pouvoir central, des provinces et des entités
territoriales décentralisées, les établissements publics, les services publics ainsi que les
personnes physiques ou morales fournissent, à la demande des magistrats et des agents de la
Cour des comptes en mission, tous renseignements et documents se rapportant aux
fournitures, services ou travaux effectués par eux au profit d'un service ou d’un organisme
public soumis au contrôle de la Cour des comptes. Lorsque les communications, les
renseignements et les auditions portent sur des sujets à caractère secret concernant
notamment la défense nationale, les affaires étrangères, la sécurité intérieure ou extérieure
de l'Etat, ou sur des éléments confidentiels de la gestion industrielle, commerciale ou
financière des entreprises du portefeuille de l’Etat et établissements publics soumis à son
contrôle ou des entreprises privées concernées, la Cour des comptes prend toutes les
dispositions pour garantir strictement le secret de ses investigations et de ses observations.
L'obligation du secret professionnel n'est pas opposable aux magistrats et aux assistants à la
vérification de la Cour des comptes à l'occasion de leurs investigations. La production, à la
demande de la Cour des comptes, des documents et pièces générales ou justificatives est
gratuite. Les dispositions des articles 18 à 20 du Code de procédure pénale sont applicables
aux témoins défaillants.
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Article 102
La Cour des comptes peut faire appel à des fonctionnaires et agents des services
publics de l’Etat pour les travaux de vérification des comptes et le contrôle des pièces de
gestion sous la responsabilité et la direction de ses magistrats. Pour des enquêtes à caractère
technique, la Cour des comptes peut procéder, par le Premier président, à une réquisition à
expert sur proposition du président de la Chambre du magistrat rapporteur. La décision
désignant les fonctionnaires et agents des services publics de l’Etat ou les experts indique
clairement :
1. La nature de la mission à accomplir ;
2. Les honoraires et autres frais ;
3. Le délai imparti pour le dépôt du rapport au greffe avec tous les documents qu'ils se
seront fait remettre à l'occasion de la mission. Les fonctionnaires et agents des
services publics de l’Etat ou les experts sont astreints à l'obligation du secret
professionnel pour les faits dont ils ont connaissance dans ou à l'occasion de
l'exécution de leur mission. Avant de remplir leur charge, les fonctionnaires et agents
des services publics de l’Etat ou les experts non assermentés prêtent individuellement
devant la Chambre ou, le cas échéant, devant le magistrat rapporteur le serment
suivant : Je jure de remplir ma mission en honneur et conscience, avec exactitude et
probité et de garder secrètes mes investigations. Il leur est donné acte de leur
prestation de serment. Les fonctionnaires et agents des services publics de l’Etat ou
les experts requis peuvent, sur demande motivée, solliciter à être déchargés de la
mission qui leur est confiée dans les cinq jours de son attribution.

Article 103
La Cour des comptes est habilitée à se faire communiquer tout document ou toute
information de quelque nature que ce soit relatif à la gestion des services et organismes
publics ou privés soumis à son contrôle. Tout fonctionnaire ou agent des services publics du
pouvoir central, de la province et de l’entité territoriale décentralisée, tout agent d’organisme
privé soumis au contrôle de la Cour des comptes ou tout membre des services d'inspection et
de corps de contrôle dont l'audition est jugée nécessaire par la Cour des comptes a
l'obligation de répondre à une invitation ou convocation lui adressée à cet effet.

Article 104
Lorsqu'au cours de l'instruction, le magistrat instructeur découvre des faits ou
irrégularités susceptibles d'affecter gravement les intérêts de l'Etat ou de l'organisme
contrôlé, il saisit immédiatement le président de Chambre pour la mise en vigueur de l'une
des mesures conservatoires prévues à l’article 39 de la présente loi organique.

Article 105
Les dispositions de l'article 151 de la Constitution relatives à l'interférence du
pouvoir exécutif et du pouvoir législatif dans les attributions spécifiques du pouvoir
judiciaire sont applicables mutatis mutandis à l'exercice du pouvoir juridictionnel de la Cour
des comptes.
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Section 3 : Du jugement des comptes


Article 106
A l’issue de l’instruction, le magistrat rapporteur rédige son rapport, appuyé des
pièces justificatives, dans lequel il consigne ses observations et propositions quant à la suite
à réserver au dossier et les communique au comptable public principal assignataire qui
dispose d'un délai d'un mois pour présenter par écrit ses moyens de défense. A l'expiration
de ce délai, le magistrat rapporteur transmet au président de Chambre son rapport, appuyé
des pièces justificatives et des réponses du comptable public principal assignataire. Ce
rapport formule, s’il échet, les propositions concrètes du magistrat rapporteur quant au sort
des mesures conservatoires proposées par la Cour des comptes en application de l'article 39
de la présente loi organique. Le président peut désigner un magistrat contre-rapporteur pour
vérifier le travail du magistrat rapporteur. Dans ce cas, le magistrat contre-rapporteur
procède à toutes les investigations qu'il juge utiles dans les mêmes conditions que celles
prévues pour le magistrat rapporteur.

Article 107
A l'issue de l'instruction par le magistrat contre rapporteur, celui-ci soumet son
rapport au président de Chambre qui le joint au rapport initial et transmet tous les deux au
Procureur général. Ce dernier dispose d'un délai de quinze jours pour prendre ses
conclusions écrites. A l'expiration de ce délai, le rapport, le contre rapport ainsi que les
conclusions du ministère public sont déposés au greffe de la Cour des comptes, ou s’il échet
au greffe d’une Chambre des comptes déconcentrée. La personne mise en cause est avisée
par lettre recommandée ou autre courrier avec accusé de réception. Elle peut prendre
connaissance du dossier au greffe de la Cour des comptes ou au greffe d’une Chambre des
comptes déconcentrée, soit par elle-même, soit par son conseil. Elle dispose d'un délai d'un
mois pour produire des justifications complémentaires à celles données par écrit en
application de l'article 106 de la présente loi organique.

Article 108
Les rapports, les contre-rapports et les conclusions écrites du ministère public à fin
d'arrêt sont présentés à la Chambre suivant le rôle établi lors de leur dépôt au greffe.
Toutefois, le président de Chambre dispose du droit de faire inscrire par priorité au rôle une
affaire urgente. La date de l'audience, au cours de laquelle seront examinés les rapports à fin
d'arrêt et les conclusions écrites du ministère public, est communiquée au comptable public
principal assignataire dans les huit jours francs. Lors de cette audience, il est procédé à la
lecture des rapports à fin d'arrêt, à l'audition des observations orales du magistrat rapporteur
et, le cas échéant, du magistrat contre-rapporteur ainsi qu'aux conclusions du ministère
public. La personne mise en cause n'est pas admise à discuter des articles des comptes
qu'elle a produits, mais elle peut être invitée à émettre, en personne ou par son conseil, les
observations orales en précisant celles qu'elle avait déjà communiquées par écrit. Après cette
dernière intervention orale du comptable public principal assignataire ou de son conseil, la
Chambre clôt les débats et prend l'affaire en délibéré pour l’arrêt à rendre dans les quinze
jours.

Article 109
Au cours du délibéré, la Chambre se prononce sur chacune des propositions du
magistrat rapporteur, éventuellement du magistrat contre-rapporteur, sur les réponses
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éventuelles du comptable et sur les conclusions du ministère public. Chaque décision arrêtée
par la Chambre est portée sur le champ par le président en marge des rapports à fin d'arrêt.
Le magistrat rapporteur rédige l'arrêt en se conformant scrupuleusement aux décisions prises
au cours du délibéré.

Article 110
La Cour des comptes statue sur les comptes par des arrêts successivement
provisoires et définitifs. Les arrêts provisoires enjoignent au comptable public principal
assignataire d'apporter dans un délai maximum d'un mois toute explication ou justification à
sa décharge. Outre les injonctions qui sont soit fermes, soit pour l'avenir, l'arrêt provisoire
peut contenir des réserves ou toutes mentions utiles. Les réserves ont pour effet de différer
l'admission des recettes ou des dépenses dont l'omission, l'irrégularité ou l'incidence d'un fait
connexe sont susceptibles d'engager la responsabilité du comptable en attendant
l'aboutissement d'autres procédures. Les mentions constatent l'accomplissement de certaines
formalités requises ou l'exécution de certaines opérations.

Article 111
L'arrêt provisoire rendu sur le compte de gestion du comptable public principal
assignataire est notifié à l’intéressé, au ministre ayant les finances dans ses attributions, à
l’autorité administrative ayant le réseau des comptables publics dans ses attributions et à
l’ordonnateur d’accréditation du comptable public concerné ou, s'il est décédé, à ses
héritiers. Le comptable public principal assignataire en fonction répond lui-même aux
injonctions de la Cour des comptes. Il dispose d’un mois, dès réception de la notification,
pour répondre aux injonctions contenues dans l'arrêt provisoire. S'il est sorti de fonction ou
s'il s'agit des héritiers, procuration peut être donnée au comptable public principal
assignataire en place pour y répondre. Faute de réponse dans les délais, les injonctions sont
réputées admises dans toutes leurs énonciations.

Article 112
Les réponses du comptable public principal assignataire sont déposées au greffe
central de la Cour des comptes ou, s’il y a lieu, au greffe de la Chambre des comptes
déconcentrée où elles sont enregistrées et transmises immédiatement au magistrat rapporteur
qui les examine, procède, au besoin, à une instruction complémentaire et en fait rapport à la
Chambre, sous la forme d’un rapport à fin d’arrêt définitif. Ce rapport est transmis au
Procureur général qui rend ses conclusions dans les quinze jours de sa réception. Le
comptable public principal assignataire adresse une ampliation de ses réponses aux arrêts
provisoires au ministre ayant les finances dans ses attributions, à l’autorité administrative
ayant le réseau des comptables publics dans ses attributions et à son ordonnateur
d’accréditation.

Article 113
Le rapport à fin d’arrêt définitif et les conclusions du Procureur général sont
examinés et délibérés dans les formes prévues aux articles 108 à 109 de la présente loi
organique. Lorsque le comptable public principal assignataire n'a pas satisfait au dispositif
d'un arrêt provisoire lui enjoignant de rétablir la situation de son compte, ou ne justifie pas
de l'obtention, dans les conditions fixées par les lois et règlements, d'une décharge de
responsabilité, la Cour des comptes le met en débet par un arrêt définitif. L'arrêt fixe le
montant du débet exigible, assorti des intérêts au taux directeur fixé par la Banque Centrale
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du Congo qui courent à compter de la notification de l’arrêt provisoire à l’origine du débet.


Dans le cas contraire, la Cour des comptes prononce un arrêt de décharge si le comptable
public assignataire est encore en fonction ou un arrêt de quitus si le comptable public
assignataire a quitté ses fonctions.

Article 114
Si le comptable public principal assignataire produit un ordre de réquisition de
l’ordonnateur pour les opérations objet du débet visé à l’article précédent, et sous réserve de
sa validité, sa responsabilité personnelle et pécuniaire est dégagée pour les opérations en
cause. Dans ce cas, la responsabilité de l’ordonnateur est examinée dans les conditions
prévues par les articles 128 à 137 de la présente loi organique qui sanctionnent les fautes de
gestion.

Article 115
Le débet fait obstacle à la décharge ou au quitus du comptable public principal
assignataire aussi longtemps qu'il n'a pas été apuré. La décharge de responsabilité résultant
d'un cas de force majeure est accordée par un arrêt de la Cour des comptes. Si plusieurs
personnes sont impliquées dans une même affaire, elles peuvent faire l'objet d'un seul arrêt.
La Cour des comptes enjoint dans le même arrêt au conservateur des titres immobiliers
l'inscription d'une hypothèque ou toute autre sûreté sur les biens du condamné pour le
montant déterminé dans l'arrêt.

Article 116
S'il y a un solde positif en fin de gestion, la Cour des comptes fait obligation au
comptable public principal assignataire de le reporter au compte de la gestion suivante.

Article 117
Tout comptable public principal assignataire sorti des fonctions notifie, jusqu'à sa
décharge définitive, tout changement de domicile à la Cour des comptes. Il fait également la
même notification à son successeur.
Section 4 : De la gestion de fait
Article 118
En matière de gestion de fait, la Cour des comptes statue soit d'office, soit à la
requête du Procureur général, à son initiative ou à l'initiative des autorités politiques et
administratives, des responsables des cours, tribunaux et parquets de l’ordre administratif et
de l’ordre judiciaire ou des responsables des entreprises, établissements et organismes
publics pour les opérations présumées constitutives de gestion de fait qui sont découvertes
dans les services ou organismes placés sous leur autorité, tutelle ou contrôle, en conformité
avec les lois et règlements qui les régissent. La Cour des comptes se saisit d'office des
gestions de fait qu'elle découvre à l'occasion de ses propres investigations. L’action en
déclaration de gestion de fait est prescrite après dix ans à dater de la découverte des actes
constitutifs de gestion de fait.

Article 119
Quelle que soit l’origine de la saisine, un magistrat rapporteur est désigné par le
président de la Chambre compétente, pour apprécier et qualifier les éléments ou
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informations en sa disposition. Son analyse est consignée dans un rapport qui est transmis au
Procureur général pour ses conclusions écrites dans les quinze jours. Le rapport et les
conclusions sont examinés par la Chambre dans les mêmes formes qu’un rapport à fin
d’arrêt provisoire. Après en avoir délibéré, la Chambre peut rendre soit un arrêt de non-lieu
à déclaration de gestion de fait, soit un arrêt provisoire de déclaration de gestion de fait.
Dans ce dernier cas, elle enjoint au comptable de fait de produire son compte, appuyé des
pièces justificatives dans le délai qu'elle prescrit et qui ne peut excéder un mois à dater de la
notification de l'arrêt provisoire. En cas de réserve faite par le comptable de fait sur l'arrêt
provisoire, la Chambre examine les moyens par lui invoqués et si elle ne les retient pas, elle
lui renouvelle l'injonction de produire son compte. La Chambre mentionne en outre dans le
nouvel arrêt provisoire qu'en l'absence de réponse, elle statuera de droit à titre définitif après
l'expiration du délai imparti pour produire le compte.

Article 120
Le compte de la gestion de fait est certifié, déclaré sincère et signé par l'intéressé et
appuyé de toutes les justifications nécessaires. Il retrace l'ensemble des recettes et des
dépenses et fait ressortir le solde. Ce compte doit être unique et englober l'ensemble des
opérations de la gestion de fait, quelle qu'en soit la durée. Lorsqu'une gestion de fait met en
cause plusieurs personnes, celles-ci sont déclarées conjointement et solidairement
responsables et produisent un compte unique. La solidarité peut porter sur tout ou partie de
la gestion de fait, suivant le degré de participation de chacun aux opérations. Si le compte est
incomplet et si aucune infidélité n'a été établie à charge du comptable ou des comptables de
fait, le juge peut suppléer à l'insuffisance des justifications produites par des considérations
d'équité. Le compte ainsi produit est alors jugé comme les comptes des comptables publics
principaux assignataires des recettes et des dépenses. A défaut de production du compte dans
le délai fixé par la Chambre, le comptable de fait est condamné à l’amende pour retard dans
la production du compte. En outre, la Chambre peut requérir, du ministre ayant les finances
dans ses attributions, la nomination d'un comptable public commis d'office pour produire le
compte en lieu et place du comptable de fait et aux frais de ce dernier.

Article 121
La procédure de jugement pour gestion de fait obéit aux mêmes règles que celles
applicables à la gestion du comptable public principal assignataire.

Article 122
La déclaration définitive de gestion de fait et la fixation de la ligne de compte
nécessitent la reconnaissance par l'autorité compétente des opérations présentant un
caractère d'utilité publique. Le Procureur général près la Cour des comptes saisit l’autorité
compétente afin qu’elle statue, dans les quarante-cinq jours, sur le caractère d’utilité
publique des opérations du compte de la gestion de fait. L'autorité compétente est, dans
chaque cas, celle qui a compétence pour statuer sur le compte de l’entité publique concernée
par la gestion de fait. Il s’agit de l’ordonnateur, de l’ordonnateur délégué ou de
l’ordonnateur secondaire. L'autorité compétente statue sur le rejet ou l'approbation des
opérations en cause, hors la présence des comptables de fait. La décision de l'autorité
compétente est prise en compte par la Cour des comptes qui ne peut imputer à charge du
comptable de fait que les dépenses dont l'utilité publique est avérée. Le montant du débet
mis à charge du ou des comptables de fait, par un arrêt définitif de la Cour des comptes, est
constitué du solde entre les fonds manipulés et les dépenses dont l'utilité publique a été
acceptée.
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Article 123
La Cour des comptes enjoint au conservateur des titres immobiliers, l'inscription
d'une hypothèque ou toute autre sûreté sur les biens de l'intéressé pour un montant qui doit
être fixé dans l'arrêt. Le débet prononcé ne peut faire l'objet d'aucune décharge ou remise,
sauf par une grâce présidentielle.

Article 124
La condamnation du comptable de fait à l’amende pour immixtion dans les
fonctions de comptable public fait l’objet d’un arrêt séparé rendu dans les formes prévues
pour les arrêts définitifs sur les comptes des comptables publics principaux assignataires des
dépenses et des recettes. Cette amende est fixée suivant l’importance et la durée de la
détention ou du maniement des deniers. Son montant ne peut dépasser le total des sommes
indûment détenues ou maniées.

Article 125
Pour pouvoir apurer une gestion de fait et pour que le comptable de fait puisse
obtenir quitus de sa gestion, la Cour des comptes s'assure que le solde entre les dépenses et
les recettes, s'il existe, a été versé à l’entité publique concernée, et que le montant des
amendes a été versé au compte du Trésor public. La Chambre prononce la décharge et/ou le
quitus lorsque le paiement du solde est intervenu, le débet apuré et les amendes versées.

Article 126
La procédure de jugement pour gestion de fait ne fait pas obstacle à l'exercice de
l'action pénale ou disciplinaire de droit commun. Si l'instruction ou la délibération sur la
gestion de fait révèle des faits susceptibles de constituer une infraction, le Premier président
de la Cour des comptes transmet le dossier au Procureur général près la Cour des comptes
qui en réfère au ministre ayant la Justice dans ses attributions afin de déclencher la
procédure pénale devant les Cours et Tribunaux compétents. L'autorité dont relève la
personne mise en cause est immédiatement avisée. Dans les trois mois, le Procureur général
près la Cour de cassation et l'autorité dont relève la personne mise en cause font connaître au
Procureur général près la Cour des comptes les mesures prises. Si la Cour des comptes
relève des faits de nature à justifier une sanction disciplinaire, le Premier président de la
Cour des comptes défère ces faits à l'autorité ayant pouvoir disciplinaire à l'égard de la
personne mise en cause. Ladite autorité doit, dans un délai de trois mois, faire connaître au
Premier président de la Cour des comptes, par une communication motivée, les mesures
prises par elle. Dans les deux situations, le ministre ayant les finances dans ses attributions
est tenu informé.

Section 5 : De la discipline budgétaire et financière


Article 127
En matière de discipline budgétaire et financière, les auteurs des fautes de gestion
visés à l'article 32 de la présente loi organique sont déférés devant la Cour des comptes. Les
fautes de gestion sont définies aux articles 129 et 214 de la loi relative aux finances
publiques. Le Procureur général informe la personne mise en cause des poursuites dirigées
contre elle, par lettre recommandée ou une autre forme de courrier avec accusé de réception.
Le président de la Chambre concernée désigne un magistrat rapporteur pour procéder à
l'instruction de l'affaire. Lorsque l'instruction est terminée, le magistrat rapporteur transmet
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son rapport au président de la Chambre qui le communique au Procureur général pour ses
conclusions dans les quinze jours. Un magistrat contre rapporteur peut être désigné.

Article 128
Lorsque le magistrat rapporteur estime qu'il n'y a aucune charge à retenir et que
telle est aussi l'opinion du Procureur général, ce dernier procède au classement sans suite du
dossier. Il en informe la Cour des comptes, l'autorité dont dépend la personne mise en cause
ainsi que cette dernière. Lorsque l'autorité ainsi saisie dispose d'éléments nouveaux à même
de contribuer à l'établissement de la faute de gestion, elle dispose d'un délai de quinze jours
pour les produire devant le Procureur général. Passé ce délai, la décision de classement sans
suite devient définitive.

Article 129
Lorsqu'il est établi que l'infraction poursuivie n'a aucun rapport avec les règles
d'exécution des dépenses et des marchés publics ou avec les règles de réalisation des recettes
du pouvoir central, de la province et de l’entité territoriale décentralisée ainsi que de leurs
organismes auxiliaires, le Procureur général transmet le dossier au ministre ayant la justice
dans ses attributions pour la saisine des juridictions de l'ordre judiciaire. Il en informe le
Premier président de la Cour des comptes ainsi que l'autorité dont relève l'agent poursuivi.

Article 130
Lorsqu’il y a des charges à retenir, la copie des conclusions du Procureur général
est adressée à l'autorité dont relève la personne mise en cause, au ministre ayant les finances
dans ses attributions, et, le cas échéant, au ministre concerné. La personne mise en cause est
informée par le greffier qu'elle peut prendre connaissance du dossier au greffe.

Article 131
La consultation du dossier fait l'objet d'un procès-verbal signé par la personne mise
en cause et le greffier. Au cas où la personne mise en cause réside à l'étranger, le délai de
consultation du dossier et du dépôt d'un mémoire écrit est porté à deux mois à dater de la
notification reçue par elle de l'Ambassade de la République Démocratique du Congo
juridiquement compétente pour son pays de résidence. L'intéressé peut demander l'assistance
d'un conseil.

Article 132
La personne mise en cause est citée à comparaître par le greffier de la Chambre
concernée. Lorsque la personne mise en cause réside à l'étranger, la citation à comparaître
comporte avertissement qu'elle peut demander à être jugée en son absence, par lettre
adressée au Premier président de la Cour des comptes et jointe au dossier. Dans ce cas, son
conseil, si elle en a un, est entendu et en tout état de cause, la procédure est réputée
contradictoire. La personne mise en cause est appelée, soit par elle-même, soit par son
conseil, à formuler oralement des observations complémentaires au mémoire déposé.

Article 133
Des témoins peuvent être entendus, soit à l'initiative de la Chambre, soit sur requête
du Procureur général ou de la personne mise en cause. La Cour et le ministère public
peuvent faire entendre les personnes dont le témoignage leur paraît nécessaire à la
manifestation de la vérité. Elles sont entendues dans les formes et conditions prévues par les
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articles 18 à 20 du Code de procédure pénale. Toutefois, le président de Chambre peut


autoriser la personne mise en cause et les témoins qui en auront fait la demande assortie des
justifications utiles, à ne pas comparaître personnellement à l'audience et à déposer par écrit.
Le magistrat rapporteur résume son rapport.

Article 134
La personne mise en cause présente ses observations soit par elle-même, soit par
son conseil. Après audition des témoins ou lecture de leurs dépositions écrites par le greffier,
des questions peuvent être posées à l'intéressé ou à son conseil par le président de Chambre
ou par les autres magistrats avec l'autorisation du président de Chambre. Le Procureur
général peut présenter des conclusions orales complémentaires à ses conclusions écrites. La
personne mise en cause ou son conseil a la parole en dernier lieu.

Article 135
En formation de jugement, la Chambre de discipline budgétaire et financière siège
en toge de service de couleur noire. Le magistrat rapporteur participe aux délibérations de la
Chambre avec voix délibérative. Lorsque plusieurs personnes sont impliquées dans la même
affaire, elles peuvent faire l'objet d'un seul et même arrêt.

Article 136
La personne ayant commis une faute de gestion est passible d'une amende qui ne
peut excéder le double de son traitement ou de son salaire brut annuel à la date de
l'irrégularité ou de l'infraction. Lorsque la personne visée à l'alinéa précédent ne perçoit pas
une rémunération ayant le caractère d'un traitement, le maximum de l'amende peut être porté
au montant du traitement ou du salaire annuel brut alloué à l'époque des faits à l'agent de
l'Etat ayant le grade le plus élevé de l'Administration publique. L'arrêt qui fixe le montant de
l'amende est notifié à l'intéressé, aux dirigeants de l'organisme et au ministre dont il dépend
ou dépendait et, le cas échéant, à l'autorité ayant saisi la Cour des comptes.

Article 137
Les poursuites devant la Cour des comptes ne font pas obstacle à l'exercice de
l'action pénale, civile et disciplinaire. Les dispositions de l’article 127 de la présente loi
organique sont d’application. Les fautes de gestion sont prescrites après dix ans à dater de la
découverte des actes constitutifs de fautes de gestion.

Chapitre 2 : Du contrôle extra-juridictionnel


Article 138
Le contrôle extra-juridictionnel concerne le contrôle budgétaire et le contrôle de
gestion exercé par la Cour des comptes.

Section 1ère : Du contrôle budgétaire


Article 139
Dès la mise en exécution de la loi de finances de l’exercice promulguée, le
ministre, le ministre provincial ainsi que l’échevin ayant le budget dans leurs attributions la
transmettent à la Cour des comptes.
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Article 140
La Cour des comptes examine, pour le pouvoir central, les pièces justificatives des
recettes réalisées et des dépenses exécutées au titre du budget général, des budgets annexes
et des comptes spéciaux et ceux des organismes auxiliaires qui leur sont rattachées. Cette
disposition s’applique mutatis mutandis aux provinces et aux entités territoriales
décentralisées.

Article 141
Dans le premier mois de chaque trimestre, les ordonnateurs ou leurs délégués
transmettent à la Cour des comptes les situations des dépenses engagées, liquidées et
ordonnancées durant le trimestre précédent, revêtues du contreseing du contrôleur
budgétaire. Dans le délai précisé à l’alinéa précédent, les ordonnateurs des recettes
transmettent à la Cour des comptes les situations des recettes constatées, liquidées,
ordonnancées durant le trimestre précédent. Ces situations indiquent, par imputation
budgétaire, le libellé de la dépense ou de la recette, le montant des crédits ouverts ou des
assignations arrêtées, le montant des dépenses engagées ou des recettes constatées, liquidées
et ordonnancées et, suivant le cas, les crédits restant disponibles ou des restes à ordonnancer.
Les copies des pièces qui ont servi à l'engagement et à la liquidation de la dépense sont
conservées par les ordonnateurs ou leurs délégués et tenues par eux à la disposition de la
Cour des comptes.

Article 142
Les responsables des services pour les recettes courantes font parvenir à la Cour
des comptes, dans le délai fixé à l’article 141 de la présente loi, les situations générales des
recettes par imputation budgétaire, nature de la recette, les montants votés et assignés, les
montants constatés, liquidés et ordonnancés.

Article 143
Pour les recettes exceptionnelles internes et externes, les responsables des services
chargés de leur mobilisation font parvenir à la Cour des comptes la situation des
engagements négociés, contractés, approuvés ou ratifiés par source de financement et
secteur.

Article 144
Les ordonnateurs, autres que les responsables des institutions et des organes des
entités territoriales décentralisées, les membres du Gouvernement ainsi que les échevins, qui
sont en retard ou refusent de présenter les situations prévues aux articles 141 à 143 de la
présente loi organique sont condamnés à une amende pour retard ou refus dans la production
des comptes qui ne peut excéder le montant de leur rémunération mensuelle.

Article 145
Les dispositions de l’article 26 de la présente loi organique sont applicables mutatis
mutandis aux ordonnateurs visés à l’article 144 ci-dessus.

Article 146
Les responsables des institutions au niveau central et provincial et des organes des
entités territoriales décentralisées, les membres du Gouvernement ainsi que les échevins
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encourent, en raison de l’exercice de leurs fonctions d’ordonnateurs, les sanctions prévues


par la Constitution et les lois de la République.

Article 147
Les situations sont vérifiées par les magistrats désignés par le Premier président de
la Cour des comptes. Les magistrats rapprochent ces situations des résultats des comptes
individuels des comptables publics. Ils établissent un rapport qui est communiqué au
Premier président et au Procureur général, pour leurs avis dans les quinze jours. Ce rapport
est examiné par la Cour des comptes siégeant toutes Chambres réunies. La Cour des
comptes se prononce sur la conformité ou non entre les comptes individuels des comptables
publics assignataires et le compte général de l'Etat. La déclaration de conformité de la Cour
des comptes, ses annexes et les observations sur l'exécution de la loi de finances, de l’édit
budgétaire et de la décision budgétaire de l’exercice clos accompagnent le projet de loi
portant reddition des comptes du pouvoir central, le projet d’édit portant reddition des
comptes de la province et le projet de décision portant reddition des comptes de l’entité
territoriale décentralisée.

Article 148
Lorsque, au cours de l'examen des comptes du pouvoir central, des provinces, des
entités territoriales décentralisées, des entreprises du portefeuille, des établissements publics
et des organismes publics, la Cour des comptes relève des irrégularités, des lacunes dans la
réglementation ou des insuffisances dans l'organisation administrative et comptable, le
Premier président de la Cour des comptes les porte par voie de référé à la connaissance des
responsables des institutions, des ministres ou des responsables des entités publiques
concernées. Il leur demande de lui faire connaître les mesures mises en œuvre pour y
remédier.

Article 149
Les référés concernant les provinces et les entités territoriales décentralisées sont
adressés aux ordonnateurs, notamment le président de l’Assemblée provinciale, le
Gouverneur de province, le ministre provincial concerné, le responsable de l’organe
délibérant, le responsable de l’exécutif et l’échevin. Une ampliation de ces référés est
adressée au Président de la République, aux présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat
ainsi qu'au Premier ministre.

Article 150
Les ordonnateurs visés à l’alinéa 1er de l’article précédent de la présente loi
organique sont tenus de répondre aux référés dans les quarante-cinq jours de leur réception.
Le Premier président de la Cour des comptes informe le Président de la République, le
Président de l'Assemblée nationale, le Président du Sénat et le Premier ministre des référés
qui n'ont pas reçu de suite adéquate dans les quinze jours de l’expiration du délai de réponse.

Article 151
Le Premier président de la Cour des comptes informe également le Président de la
République, le Président de l’Assemblée nationale, le Président du Sénat, le Premier
ministre, le Président de l'Assemblée provinciale, le Gouverneur de province ou le
responsable de l’exécutif et le responsable de l’organe délibérant de l’entité territoriale
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décentralisée, des référés qui n'ont pas reçu de suite adéquate dans les quinze jours de
l’expiration du délai de réponse.

Article 152
Dans chaque administration, chaque service ou chaque entreprise du portefeuille ou
établissement public et chaque collectivité publique, est désigné un fonctionnaire ou agent
revêtu au moins du grade de chef de division ou, à défaut, un fonctionnaire ou agent ayant le
grade le plus élevé dans l’entité, spécialement chargé de veiller aux suites à donner aux
référés et notes du Premier président de la Cour des comptes ainsi que les observations et les
recommandations de la Cour des comptes. Cette désignation est communiquée à la Cour des
comptes.

Section 2 : Du contrôle de la gestion


Article 153
La Cour des comptes contrôle la gestion des finances, des biens ainsi que des
comptes du pouvoir central, de la province, de l’entité territoriale décentralisée et de leurs
organismes auxiliaires ainsi que les finances des organismes publics ou privés, personnalisés
ou non qui bénéficient du concours financier du pouvoir central, des provinces et des entités
territoriales décentralisées afin d'en apprécier la qualité et de formuler, s'il échet, des
recommandations sur les moyens susceptibles d'en améliorer les méthodes et d'en accroître
l'efficacité et le rendement. Le contrôle porte sur tous les aspects de la gestion. A ce titre, la
Cour des comptes apprécie la performance des programmes, notamment la réalisation des
objectifs assignés, les moyens utilisés, les coûts des biens et services publics, les prix
pratiqués et les résultats financiers. Le contrôle porte également sur la régularité,
l’exhaustivité, la sincérité et l'exactitude des comptabilités ainsi que la matérialité de leurs
opérations. La Cour des comptes évalue aussi les politiques publiques déclinées dans les
budgets programmes des entités publiques soumises à son contrôle.

Article 154
Les responsables des services du pouvoir central, de la province, de l’entité
territoriale décentralisée et de leurs organismes auxiliaires sont informés de l’ouverture du
contrôle par lettre du Premier président de la Cour des comptes. La décision de la Cour des
comptes de contrôler les organismes publics ou privés, personnalisés ou non qui bénéficient
du concours financier du pouvoir central, de la province et de l’entité territoriale
décentralisée est communiquée à leurs responsables, à l'autorité de tutelle du pouvoir
central, de la province et de l’entité territoriale décentralisée au moins dix jours à l'avance.

Article 155
Les entités et services visés aux articles 153 et 154 de la présente loi organique
adressent à la Cour des comptes, dans le mois de leur adoption, par l’autorité hiérarchique
ou de tutelle, le conseil d’administration ou l’organe en tenant lieu, les documents suivants :
1. Les états financiers conformément aux dispositions légales et règlementaires en
vigueur ;
2. Les procès-verbaux de l’assemblée générale, du conseil d’administration ou de
l’organe en tenant lieu ;
3. Les rapports des commissaires aux comptes ;
4. Les rapports d’audit ;
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5. Tout autre rapport de contrôle initié par l’autorité de tutelle ou hiérarchique;


6. Tout autre document requis par la Cour des comptes.

Article 156
Le président de Chambre concernée désigne un magistrat rapporteur qui examine
les pièces comptables détenues par la Cour des comptes sur l’entité contrôlée. Pour besoin
de contrôle, le magistrat rapporteur dispose de l’ensemble des pouvoirs prévus aux articles
99 et 100 de la présente loi organique, et peut se transporter sur place, le cas échéant. Le
magistrat rapporteur rédige son rapport et le transmet au président de Chambre. Celui-ci peut
le soumettre à un magistrat contre rapporteur. Le rapport et, le cas échéant, le contre rapport,
sont transmis par le président de Chambre au Procureur général qui dispose de quinze jours
pour ses conclusions écrites. Le rapport, le contre rapport et les conclusions écrites du
ministère public sont déposés au greffe à fin de l’examen par la Chambre concernée.

Article 157
Pour arrêter un rapport sur les comptes et la gestion d’un organisme, la Chambre
siège comme formation de jugement. Elle peut toutefois s'adjoindre, à titre consultatif ou de
renseignement, un représentant du ministère de tutelle technique de l’organisme contrôlé un
représentant du service chargé de l’audit interne de ce même organisme ou un représentant
de l’Inspection générale des finances. Les représentants ci-dessus désignés sont invités en
séance par les soins du président de la Chambre concernée. Les personnes dont la présence
est jugée essentielle pour l'éclairage de la Chambre ou celles citées à témoigner par les
responsables des entités contrôlées sont autorisées à prendre part à l'audience.

Article 158
Lorsque la Chambre décide d'entendre les dirigeants de l’organisme contrôlé ou
certains de ses agents, elle leur fait parvenir, dix jours au moins avant la tenue de l’audience,
un questionnaire. Toute personne invitée à une audience mais qui, pour une raison ou une
autre, ne peut honorer l'invitation, est tenue d'en informer la Cour des comptes au plus tard
quarante-huit heures avant la date de l'audience. Les dispositions des articles 18 à 20 du
code de procédure pénale s'appliquent mutatis mutandis aux dirigeants et agents visés ci-
dessus qui n'ont pas pu honorer l'invitation de la Cour des comptes. L'audition a lieu avant la
délibération de la Chambre et en présence du ministère public.

Article 159
Après avoir entendu le magistrat rapporteur, s’il y a lieu le magistrat contre-
rapporteur, ou le Ministère public dans ses conclusions, la Chambre délibère hors la
présence de ce dernier. Le magistrat rapporteur, au vu des décisions arrêtées par la Chambre,
rédige et signe le rapport provisoire sur les comptes et la gestion de l’organisme contrôlé. Ce
rapport contresigné par le président de Chambre est communiqué par le Premier président de
la Cour des comptes au responsable de la gestion de l’organisme contrôlé qui répond aux
observations formulées dans le délai d'un mois, à compter de la réception du rapport, par
mémoire écrit, approuvé par l’organe compétent et appuyé, s'il y a lieu, de justifications. La
copie de ce rapport provisoire est aussi adressée pour avis à l'autorité hiérarchique ou de
tutelle.
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Article 160
Au vu des réponses des responsables de la gestion de l’organisme contrôlé, de
l'avis de l'autorité hiérarchique ou de tutelle, de nouvelles propositions du magistrat
rapporteur et des conclusions complémentaires du ministère public, la Chambre arrête
définitivement le rapport dans lequel elle exprime son avis sur la régularité et la sincérité des
comptes et des états financiers. Elle propose, le cas échéant, les redressements qu'elle estime
devoir y être apportés et porte un avis sur la qualité de la gestion commerciale, financière,
technique, administrative et autre de l’organisme contrôlé. Elle signale éventuellement les
modifications qui lui paraissent devoir être apportées à la structure ou à l'organisation de ces
entités contrôlées. Ces observations et recommandations sont consignées dans un rapport
particulier qui est transmis par le Premier président de la Cour des comptes au responsable
de la gestion de l’organisme contrôlé et à l’autorité hiérarchique ou de tutelle.

Article 161
Selon que l’organisme contrôlé dépend du budget du pouvoir central, d’une
province ou d’une entité territoriale décentralisée, le rapport particulier est aussi adressé aux
Présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, au Premier ministre et au ministre
hiérarchique ou de tutelle, au Gouverneur de province, au président de l’Assemblée
provinciale ou au responsable du collège exécutif de l’entité territoriale décentralisée et au
responsable de l’organe délibérant de l’entité territoriale décentralisée. Le rapport particulier
est en outre publié au Journal officiel. Tout ou partie de ces rapports particuliers peuvent être
insérés dans le rapport annuel d’activités de la Cour des comptes qui est remis au Président
de la République, au Parlement, au Gouvernent, aux présidents des Assemblées provinciales,
aux Gouverneurs des provinces et aux entités territoriales décentralisées et publié au Journal
officiel.

Article 162
Si le contrôle a été effectué à la demande de l’une des autorités prévues à l’article
36 alinéa1erde la présente loi organique, les dispositions des articles 154 à 162 de la
présente loi organique ci-dessus sont d’application. Toutefois, le rapport définitif est
exclusivement adressé au responsable de l’organisme contrôlé et à l’autorité à l’origine de la
demande de contrôle pour suite à donner.

Article 163
Les dispositions des articles 154 à 162 de la présente loi organique sont applicables
mutatis mutandis au contrôle des entreprises du portefeuille et des organismes publics, des
entreprises et des organisations privées personnalisées ou non ayant reçu le concours
financier du pouvoir central, de la province ou de l’entité territoriale décentralisée à quelque
titre que ce soit.

Chapitre 3 : Des décisions de la Cour des comptes


Article 164
Les décisions de la Cour des comptes sont prises sous forme d'arrêt ou d'acte
constituant des observations et des recommandations ou ayant un caractère d'information.
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Section 1ère : Des types et formes de décisions de la Cour des comptes


Article 165
Les décisions de la Cour des comptes sont matérialisées soit par des actes
juridictionnels, soit par des actes administratifs. Toutes ces décisions apparaissent dans les
rapports sous forme d’apostilles. L’apostille est la mention portée ou l’annotation faite en
marge du rapport et correspondant aux décisions prises par la Cour des comptes.

Paragraphe 1er : Les décisions prises sous la forme juridictionnelle


Article 166
Les décisions prises sous la forme juridictionnelle concernent les arrêts rédigés sous
forme de jugement.

Article 167
Les décisions de la Cour des comptes prises sous la forme juridictionnelle sont
notamment :
1. Le non-lieu ;
2. L’ordonnance ;
3. Le déféré ;
4. La déclaration de gestion de fait ;
5. La déclaration de faute de gestion ;
6. La décharge ;
7. Le quitus ;
8. Le débet ;
9. L’amende. Les amendes sont assimilées aux débets des comptables publics
quant au mode de recouvrement, de poursuites et de remises.

Paragraphe 2 : Des décisions prises sous la forme administrative


Article 168
Les notes du Premier président de la Cour des comptes et les référés se présentent
sous forme de communications. L’insertion au rapport annuel se présente sous la forme
d’une note résumant les faits retenus à l’occasion de l’examen d’un rapport de contrôle et
destinés à l’assemblée plénière.

Article169
Les décisions de la Cour des comptes prises sous la forme administrative sont
notamment :
1. La note du Premier président de la Cour des comptes ;
2. Le référé ;
3. L’insertion au rapport annuel.
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1. Section 2 : De la notification
Article 170
Les arrêts sont notifiés par le rapporteur général, selon le cas, aux comptables
publics principaux assignataires, aux ordonnateurs et autres gestionnaires, au ministre ayant
les finances dans ses attributions, aux ministres intéressés, aux responsables des institutions
provinciales et des organes des entités territoriales décentralisées, aux responsables des
organismes publics ou privés, personnalisés ou non ainsi qu'à leurs autorités hiérarchiques
ou de tutelle.

Article 171
Toutes les notifications et transmissions sont effectuées par porteur, par lettre
recommandée avec accusé de réception ou par les soins des officiers ministériels. La
notification à la personne concernée par l'arrêt est faite au lieu où celle-ci exerce ses
fonctions ou au lieu où elle a déclaré se retirer après cessation de ses fonctions. Pour les
justiciables résidant au siège de la Cour, les notifications sont faites au moyen des procès-
verbaux de notification. Pour les autres, les notifications sont faites par lettre recommandée
ou autres courriers avec accusé de réception.

Article 172
Si, lors de la notification, le destinataire de l'arrêt refuse de le recevoir, l’huissier
appose sur l’exploit la mention refus de signer. La Cour des comptes en est ainsi saisie. Si le
destinataire demeure introuvable, l’huissier dresse un procès-verbal de constat. Dans ce cas,
l’arrêt est déposé au bureau de la commune, du secteur ou de la chefferie du dernier
domicile déclaré ou connu. Un avis, affiché pendant trois mois, informe le destinataire qu'un
arrêt le concernant est déposé à la commune, au secteur ou à la chefferie où il est invité à le
retirer contre décharge. La commune, le secteur ou la chefferie peut utiliser toute autre voie
à cet effet. La commune, le secteur ou la chefferie transmet sans délai à la Cour des comptes
la décharge, le procès-verbal et une copie de l'avis. Une notification à domicile inconnu est
alors publiée au Journal officiel. A l'expiration du délai de trois mois, la notification est
réputée lui avoir été faite avec toutes les conséquences de droit. Si le destinataire réside à
l’étranger, la notification lui est faite par le biais du ministère en charge des Affaires
Etrangères.

Article 173
Les arrêts définitifs de la Cour des comptes sont publiés au Journal officiel ou à son
site.

Section 3 : De l'exécution des arrêts


Article 174
Dès leur notification, les arrêts prononcés par la Cour des comptes sont exécutoires
sur le patrimoine de la personne condamnée ou, en cas d'absence, de disparition ou de décès
de celle-ci, sur la masse successorale. Lorsqu'un débet ou une peine d'amende est prononcée,
la personne condamnée ne peut en être quitte et libérée qu'après l'avoir entièrement soldé.
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Article 175
Les amendes et les débets prononcés en vertu de la présente loi organique
bénéficient du privilège du Trésor en matière de recouvrement des recettes et ne peuvent
faire l'objet d'une quelconque mesure de dégrèvement de la part du ministre ayant les
finances dans ses attributions. Le recouvrement des débets et des amendes est suivi par le
ministère public près la Cour des comptes

Chapitre 4 : Des voies de recours


Section 1ère : De l’appel
Article 176
Les arrêts définitifs de la Cour des comptes, prononcés en premier ressort par une
Chambre, sont susceptibles d’appel devant la formation inter-Chambres, soit à l’initiative de
la personne mise en cause, soit à l’initiative du Procureur général près la Cour des comptes.
Le même recours est ouvert : 1. pour le pouvoir central, au ministre ayant les finances dans
ses attributions, au ministre concerné et aux représentants de l’organisme public ou privé
concerné ; 2. pour la province, au ministre provincial ayant les finances dans ses attributions,
au ministre concerné et aux représentants de l’organisme public ou privé concerné ; 3. pour
l’entité territoriale décentralisée, à l’échevin ayant les finances dans ses attributions, à
l’échevin concerné et aux représentants de l’organisme public ou privé concerné. La requête
en appel est déposée au greffe de la Cour des comptes dans les trente jours francs de la
notification de l’arrêt concerné. Dès l’enregistrement de la requête, le président de la
formation inter-Chambres désigne un magistrat rapporteur au sein de cette formation. Le
magistrat rapporteur peut exiger des parties intéressées toutes précisions ou justifications
qu’il juge utiles. Il dispose à cet effet de tous les pouvoirs reconnus au magistrat de la Cour
des comptes par les articles 99 à 100 de la présente loi organique. Le magistrat rapporteur
établit son rapport qu’il transmet avec les pièces justificatives et les mémoires des parties
intéressées au président de la formation inter-Chambres. Ce rapport est transmis au
Procureur général près la Cour des comptes qui dispose de quinze jours pour rendre ses
conclusions. La suite de la procédure est celle prévue par les articles 106 à 117 et 121 de la
présente loi organique, pour le jugement des comptes d’un comptable public principal
assignataire.

Article 177
Si la formation inter-Chambres juge que l’appel ne remplit pas toutes les conditions
de forme exigées, elle prononce son irrecevabilité par un arrêt définitif. Si l’appel est
recevable, elle évoque l’affaire et rend un arrêt définitif confirmant ou infirmant, en totalité
ou en partie, la décision attaquée. Elle décharge la personne concernée et donne, s’il y a lieu,
quitus de la gestion.

Section 2 : De la cassation
Article 178
Les arrêts rendus par la formation inter-Chambres sont susceptibles de pourvoi en
cassation devant le Conseil d’Etat sur requête du Procureur général près la Cour des
comptes, de la personne concernée, des ministres, échevins ou des représentants de
l’organisme concerné, pour violation de la loi. Le pourvoi est formé, instruit et jugé
conformément à la procédure devant le Conseil d’Etat. En cas de cassation, le compte est
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renvoyé devant la Cour des comptes, siégeant toutes Chambres réunies excepté les
magistrats ayant rendu l’arrêt mis en cause.

Section 3 : De la rétractation
Article 179
L'arrêt définitif dessaisit la formation de jugement qui l'a rendu. Toutefois, il
appartient à toute formation de rétracter sa décision si des erreurs et/ou omissions
matérielles affectent celle-ci. La demande de rétractation doit, sous peine d'irrecevabilité,
faire mention des erreurs ou omissions matérielles ayant motivé la saisine de la Cour des
comptes. La Cour des comptes est saisie soit par requête du Procureur général, soit par
requête de l'une des parties visées à l’article 178 de la présente loi organique ou par requête
commune des parties. La Cour des comptes peut aussi se saisir d'office. La rétractation
d’office n’est possible que dans les cinq ans à dater du prononcé de l’arrêt. Dès réception de
la requête, le président de la formation à l’origine de la décision contestée désigne un
magistrat rapporteur. Le rapport est communiqué au Procureur général près la Cour des
comptes qui rend ses conclusions dans les quinze jours. Au vu de ce rapport et des
conclusions du ministère public, la Chambre délibère et fait droit ou non à la requête par un
arrêt définitif. La décision rendue est notifiée aux parties dans les formes prévues par les
articles 167 à 169 de la présente loi organique.

Section 4 : De la révision
Article 180
Un recours en révision est ouvert contre les arrêts définitifs de la Cour des
comptes, en cas de découverte d'un fait nouveau dans un délai de dix ans à dater de la
notification de l'arrêt. La Cour des comptes peut procéder à la révision d'un arrêt définitif
pour cause d'erreur, omission, faux ou double emploi, d'office ou sur réquisition du
Procureur général prise de sa propre initiative ou à la demande du comptable public
principal assignataire ou de ses héritiers, à la requête des ministres ayant les finances, le
budget ou la justice dans leurs attributions, des ministres intéressés, ainsi que des
responsables des institutions provinciales et des organes des entités territoriales
décentralisées, des ministres provinciaux et échevins, des responsables des entreprises du
portefeuille, des établissements publics, des services publics et des organismes publics ou
privés concernés.

Article 181
La demande en révision expose les faits et moyens invoqués par le requérant
auxquels sont jointes des copies de l'arrêt attaqué et les pièces établissant la notification de
cette requête aux autres parties intéressées. La demande en révision est adressée au Premier
président de la Cour des comptes. Celui-ci saisit la Chambre qui a rendu l'arrêt pour statuer,
par un premier arrêt, sur la recevabilité du recours et, s'il y a lieu, ordonner la mise en état de
révision.

Article 182
Notifié au comptable public principal ou de fait ou à leurs héritiers et aux parties
intéressées, l’arrêt dont question à l’article 181 alinéa 2 leur fixe un délai de deux mois pour
produire des observations et justifications supplémentaires éventuellement nécessaires à la
révision lorsque celle-ci est demandée par le comptable public principal assignataire ou de
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fait ou leurs héritiers, ou pour faire valoir leurs moyens lorsque la révision est engagée
contre eux. Après examen des réponses produites ou après l'expiration du délai susvisé, la
Chambre procède, s'il y a lieu, par un deuxième arrêt, à la révision de l'arrêt attaqué. Le
compte est alors jugé de nouveau dans les mêmes formes que celles du jugement des
comptes des comptables publics principaux assignataires.

Article 183
L'ouverture d'une procédure de mise en révision n'est pas suspensive de l'exécution
de l'arrêt définitif attaqué. Néanmoins, la Chambre concernée peut, à la requête de la partie
intéressée, décider du sursis de l'exécution de l'arrêt. Une ordonnance du Premier président
est prise à cet effet. Cette ordonnance est notifiée sans délai aux personnes visées au 1er
alinéa de l’article 184 de la présente loi organique.

Chapitre V : De la récusation et du déport


Article 184
Dans les affaires qu'il est appelé à connaître aussi bien dans le cadre d'un contrôle
que dans une formation de jugement, le magistrat de la Cour des comptes peut être récusé, à
défaut de se déporter volontairement. A cet effet, les causes de récusation prévues par la loi
organique n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences
des juridictions de l’ordre judiciaire sont applicables mutatis mutandis aux magistrats de la
Cour des comptes. La partie directement intéressée par un contrôle de la Cour des comptes
qui voudra récuser un magistrat devra le faire, sous peine d'irrecevabilité, dès qu'elle a
connaissance de la cause de récusation et, au plus tard, avant la clôture des débats au niveau
de la formation devant statuer soit sur l’arrêt provisoire, soit sur le rapport provisoire
d’examen de la gestion, par une déclaration motivée adressée au Premier président de la
Cour des comptes. Le Premier président de la Cour des comptes communique au magistrat
concerné copie de la demande de récusation dont il est l'objet. Dès qu'il en a connaissance, le
magistrat doit suspendre ses travaux de contrôle ou s'abstenir de siéger dans la formation
devant statuer sur le dossier.

Article 185
Dans les deux jours de la notification de l'acte de récusation, le magistrat fait
connaître, par écrit, au Premier président de la Cour des comptes, soit son acquiescement à
la récusation, soit son opposition et les motifs y relatifs. Si le magistrat mis en cause
acquiesce ou ne répond pas dans le délai de deux jours, il est pourvu à son remplacement.
S'il s'oppose à la récusation, la demande de récusation est soumise par le Premier président à
la Cour des comptes siégeant toutes Chambres réunies. Le magistrat mis en cause ne peut
faire partie de la formation appelée à statuer sur la récusation. La partie à l’origine de la
demande de récusation peut être appelée à comparaître personnellement à l'audience pour
être entendue. L'affaire est jugée au vu des observations écrites éventuelles du magistrat
sujet à récusation.

Article 186
Si la Cour des comptes, statuant toutes Chambres réunies, rejette la récusation, elle
ordonne, pour cause d'urgence, que le magistrat ayant fait l'objet de la récusation rejetée,
poursuive ses travaux de contrôle ou continue de siéger dans la formation de jugement
devant statuer sur le dossier. La partie dont la demande de récusation est rejetée est
condamnée à une amende conformément à l’article 167, point 9, de la présente loi
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organique. Le magistrat de la Cour des comptes se trouvant dans une des causes de
récusation prévues par la loi organique n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation,
fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire est tenu de se déporter,
sous peine de poursuites disciplinaires.

TITRE IV : STATUT DES MAGISTRATS DE LA COUR DES COMPTES


Article 187
Les membres de la Cour des comptes ont qualité de magistrat. Est magistrat de la
Cour des comptes, toute personne nommée conformément aux dispositions de la présente loi
organique. Chapitre 1er : Du recrutement, de l’entrée en fonction, de la déclaration du
patrimoine, du signalement, de la promotion, du grade et du rang hiérarchique des magistrats

Section 1ère : Du recrutement des magistrats


Article 188
Nul ne peut être nommé magistrat à la Cour des comptes, s'il ne réunit les
conditions suivantes :
1. Être de nationalité congolaise ;
2. Être âgé d'au moins trente-cinq ans révolus et cinquante-cinq ans révolus au plus ;
3. Jouir de la plénitude de ses droits civiques ;
4. Jouir d'une parfaite moralité attestée par un certificat de bonne conduite, vie et
mœurs et par un extrait de casier judiciaire, datés de moins de trois mois au dépôt du
dossier de candidature à la Cour des comptes ;
5. Posséder les aptitudes physiques et mentales attestées par un certificat médical, daté
de moins de trois mois, au dépôt du dossier de candidature à la Cour des comptes ;
6. Être titulaire d'un diplôme de maîtrise ou équivalent ou de doctorat en droit, en
sciences économiques, commerciales ou financières ou en sciences administratives,
délivré par une université congolaise ou d'un diplôme délivré par une université
étrangère, déclaré équivalent, conformément à la législation congolaise sur
l'équivalence des diplômes ;
7. Posséder une expérience professionnelle d'au moins dix ans dans l'une des trois
disciplines énumérées ci-dessus. Cependant, toutes les fois que les circonstances
l'exigent, des personnes non détentrices des diplômes énumérés ci-dessus notamment
les ingénieurs civils et informaticiens, pourront être nommées membres de la Cour
des comptes, sur proposition motivée du Conseil supérieur de la Cour des comptes, et
pour autant que les disciplines considérées ont un rapport avec les comptes et la
gestion des organismes et services publics soumis au contrôle de la Cour des
comptes.

Article 189
Le recrutement des magistrats s’effectue sur concours au grade de conseiller de
2ème classe tel que prévu au Règlement particulier portant ordre hiérarchique des grades des
magistrats de la Cour des comptes. Tout recrutement est effectué à l'initiative du Conseil
supérieur de la Cour des comptes et requiert une publicité par voie d'avis public recourant à
tous les mécanismes de transparence, y compris le site internet, et ce, dans tous les chefs-
lieux des provinces, fixant un délai limite pour l'introduction des candidatures. Le Conseil
supérieur de la Cour des comptes organise la constitution et le dépôt des dossiers de
candidature ainsi que le déroulement des concours. Ne sont retenus, à l'issue du concours
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que les candidats ayant obtenu les points au-dessus de la moyenne requise et classés en ordre
utile, eu égard au nombre de postes à pourvoir.

Article 190
Les candidats recrutés en vertu des dispositions des articles 188 et 189 de la
présente loi organique sont nommés à titre provisoire par ordonnance d’organisation de
service du Premier président de la Cour des comptes en qualité de magistrats stagiaires et
effectuent un stage d’un an dont les modalités d’organisation sont fixées dans l’ordonnance
du Premier président. Le magistrat stagiaire prête serment devant le Premier président avant
le début du stage dans les conditions fixées par l’ordonnance d’organisation de service visée
à l’alinéa 1er.

Article 191
Les magistrats stagiaires peuvent participer, sous la direction et la responsabilité
des magistrats de la Cour des comptes, aux activités de celle-ci sans toutefois pouvoir
délibérer. Ils peuvent notamment : 1. assister les magistrats chargés de vérifications des
comptes ; 2. assister les magistrats du ministère public ; 3. siéger à titre d’observateur aux
séances, après accord du président de la formation concernée.

Article 192
A l’issue du stage, les magistrats stagiaires subissent un examen de capacité
professionnelle dans les conditions fixées par ordonnance du Premier président. Les
magistrats stagiaires admis à cet examen sont titularisés et nommés sur proposition du
Conseil supérieur de la Cour des comptes, au grade de conseillers de deuxième classe, par le
Président de la République, après avis de l’Assemblée nationale.

Article 193
Les magistrats stagiaires ne peuvent en cette qualité occuper les positions de
détachement ou de mise en disponibilité. La mise en disponibilité d’office, prévue à l’article
236 de la présente loi organique, à l’issue d’un congé de maladie ordinaire ou d’un congé de
longue durée, ne leur est pas applicable.

Article 194
Tout agissement du magistrat stagiaire considéré comme fautif, tout manquement
aux règles fixées par l’ordonnance d’organisation des stages peut, en fonction de sa gravité
et/ou de sa répétition, faire l’objet de l’une ou l’autre de sanctions suivantes :
1. L’avertissement ;
2. Le blâme ;
3. L’exclusion définitive de la formation de magistrats stagiaires et de la Cour des
comptes.
L’avertissement et le blâme sont prononcés par le président de la Chambre dont
relève le stagiaire, l’intéressé ayant été entendu. L’exclusion définitive est prononcée après
que les explications de l'intéressé aient été demandées, par une commission ainsi composée :
1. Le Premier président, président ;
2. Le Procureur général, vice –président ;
3. Le Rapporteur général, rapporteur ;
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4. Les Présidents de Chambres, désignés par ordonnance du Premier président.

Article 195
Entrainent l’exclusion définitive d’un magistrat stagiaire, notamment les faits
suivants :
1. La présentation de faux documents académiques et administratifs exigés lors de
la constitution du dossier de candidature ;
2. Des fausses déclarations ;
3. Le manque d’assiduité aux activités du stage ;
4. La corruption ou sa tentative ;
5. Le trafic d’influence auprès des autorités et des responsables de la Cour des
comptes ou de l’administration publique en général.

Article 196
Les magistrats stagiaires sont admis au bénéfice des congés administratifs et
permissions d’absence dans les conditions prévues pour les magistrats. Toutefois, le total
des congés et permissions d’absence de toute nature accordés aux magistrats stagiaires ne
peut être pris en compte comme temps de stage que dans la limite d’un mois.

Section 2 : De l’entrée en fonction des magistrats


Article 197
A l’issue du stage, le magistrat n'entre en fonction qu'après avoir prêté, devant le
Président de la République, le serment prévu à l’article 9 de la présente loi organique.

Article 198
Après sa prestation de serment, le magistrat est inscrit sous un numéro
d'immatriculation individuel constitutif de référence d'identification professionnelle dans un
registre tenu au secrétariat du Conseil supérieur de la Cour des comptes.

Section 3 : De la déclaration du patrimoine


Article 199
Dès sa nomination et au plus tard dans les six mois de son installation, tout
nouveau magistrat est tenu de faire, auprès de la Cour des comptes, la déclaration de son
patrimoine.

Article 200
A la réception de la déclaration de patrimoine, le greffier de la Cour des comptes
vérifie la qualité du déclarant sur la base de la liste des assujettis, délivre au déposant un
récépissé daté et avise le Premier président de la Cour des comptes et le Procureur général
près la Cour des comptes du dépôt de la déclaration. Le Premier président de la Cour des
comptes désigne un magistrat rapporteur chargé de vérifier le contenu de la déclaration et de
veiller à l’application des dispositions législatives et réglementaires concernant son
renouvellement. Le magistrat rapporteur communique au Premier président de la Cour des
comptes et au Procureur général ses observations contenues dans le rapport sur la forme et le
contenu de la déclaration.
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Article 201
Au vu du rapport prévu à l’article 199 ci-dessus, le Premier président de la Cour des
comptes, après avis du Procureur général, peut décider de mettre en demeure le magistrat
concerné de compléter sa déclaration ou de présenter au magistrat rapporteur toutes les
explications ou les précisions jugées utiles pour répondre aux observations formulées. Il lui
fixe un délai de soixante jours, à dater de la réception de la mise en demeure, en vue de
régulariser sa situation. Le magistrat rapporteur fait rapport au Premier président et au
Procureur général des diligences effectuées et des observations qu’elles appellent.

Article 202
Lorsque les diligences du magistrat rapporteur dont question aux articles 200 et 201
ci-dessus font apparaitre des incohérences manifestes et injustifiées entre le patrimoine , les
revenus et les activités déclarés de l’intéressé, le Premier président décide d’autoriser le
magistrat rapporteur à enquêter sur les éventuelles inexactitudes ou omissions contenues
dans la déclaration de patrimoine et, à cette fin , se faire communiquer tous documents ou
pièces justificatives de nature à le renseigner sur les éléments des déclarations de patrimoine
et de procéder à l’audition des personnes dont il estime le témoignage nécessaire, sans que
ces dernières ne puissent lui opposer un éventuel secret professionnel. Toutefois, toute
demande d’information auprès des services publics ou privés est faite sur ordonnance du
Premier président de la Cour des comptes.

Article 203
Le magistrat rapporteur peut également, sur ordonnance du Premier président de la
Cour des comptes, requérir des établissements bancaires, des établissements de crédit aux
fins de lui fournir tous renseignements sur l’état des comptes de dépôt ou des valeurs dont le
déclarant, son conjoint ou ses ascendants, descendants ou collatéraux sont détenteurs. Il peut
aux mêmes fins requérir du conservateur des titres immobiliers un inventaire des biens
immeubles enregistrés ou en cours d’enregistrement au nom du déclarant, de son conjoint ou
de ses ascendants ou descendants. Dans l’exercice de ses missions, il ne peut lui être opposé
aucun secret professionnel.

Article 204
Le magistrat rapporteur peut saisir le Procureur général afin que soit mis à sa
disposition l’ensemble des pièces ou documents dont la Cour des comptes est saisie à
l’occasion de l’exercice des compétences qui lui sont dévolues par la loi et qui ont un
rapport avec le déclarant.

Article 205
Lorsqu’il apparaît, au vu des procédures prévues par les articles 199 à 204 de la
présente loi organique, des présomptions graves et concordantes de commission d’une
infraction liées à l’obligation de la déclaration du patrimoine par le déclarant, son conjoint,
ses ascendants, descendants ou collatéraux, le Procureur général, à la demande du Premier
président de la Cour des comptes, saisit le ministre ayant la justice dans ses attributions,
après en avoir informé les intéressés. Le ministre ayant la justice dans ses attributions
informe le Premier président de la Cour des comptes de toute décision judiciaire rendue par
les Cours et Tribunaux à l’encontre des magistrats assujettis à la déclaration obligatoire du
patrimoine.
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Section 4 : Du signalement et de la promotion des magistrats


Article 206
Le signalement est un droit pour le magistrat. Il est obligatoire, à l'exception du
Premier président de la Cour des comptes et du Procureur général près cette juridiction. Il
consiste en l’établissement d’un bulletin dans lequel sont brièvement décrites les activités
exercées pendant l'année écoulée et dans lequel est proposée ou attribuée une appréciation
du mérite du magistrat. Il a pour but d'éclairer les autorités compétentes sur le rendement, la
conscience et les aptitudes professionnelles du magistrat. L'appréciation du mérite est
synthétisée par l'une des mentions suivantes : élite , très bon , bon , médiocre , mauvais . Elle
est proposée au premier échelon et attribuée définitivement au second échelon,
conformément à l'article 207 de la présente loi organique.

Article 207
Le signalement est établi chaque année. L'autorité qui établit le bulletin de
signalement en transmet, dans un délai de huit jours, une copie au magistrat concerné. Les
autorités compétentes pour établir le signalement sont :
1. Pour les Présidents de Chambre : le Premier président de la Cour des comptes, au
premier et dernier degré ;
2. Pour le Rapporteur général : le Premier président de la Cour des comptes, au premier
et dernier degré ;
3. Pour le président de section : le président de Chambre, au premier degré, le Premier
président de la Cour des comptes au second degré ;
4. Pour les rapporteurs généraux adjoints : le Rapporteur général, au premier degré, le
Premier président de la Cour des comptes au second degré ;
5. Pour les autres magistrats conseillers : les présidents de section au premier degré, le
président de la Chambre au second degré ;
6. Pour le premier avocat général : le Procureur général, au premier et dernier degré ;
7. Pour les avocats généraux : le premier avocat général, au premier degré et le Procureur
général, au second degré. Le magistrat concerné peut, dans les quinze jours de la
réception de la copie du bulletin, introduire, s'il échet, un recours hiérarchique contre
l'appréciation du mérite décerné au premier degré. Le recours est transmis avec le
bulletin de signalement à l'autorité compétente pour l'attribution définitive.
La décision d'attribution définitive du mérite est notifiée au magistrat. Elle n'est
susceptible d'aucun recours. Un exemplaire du bulletin de signalement définitif est transmis
au secrétariat du Conseil supérieur de la Cour des comptes ainsi qu'à tous les chefs
hiérarchiques du magistrat concerné pour classement au dossier individuel de l'intéressé. Le
magistrat qui n’a pas reçu notification de sa cotation au-delà du mois de janvier a le droit de
formuler un recours pour réclamer celle-ci auprès de l’autorité compétente.

Article 208
Le grade est distinct de la fonction. La promotion en grade et en échelon est un
droit pour le magistrat. La promotion en grade a pour objet de pourvoir à la vacance de
postes organiquement et budgétairement prévus. La promotion en échelon est liée à
l’ancienneté et à la cotation. A défaut de cette dernière, la promotion est acquise d’office
après le délai requis dans la mesure où l’intéressé a régulièrement introduit le recours à cet
effet.
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Article 209
Peut être nommé à un grade ou échelon immédiatement supérieur, le magistrat qui a
accompli au moins trois ans de service dans un grade ou échelon et qui a obtenu au moins
deux fois la cote très bon pendant cette période. La promotion en grade est assurée par une
ordonnance du Président de la République sur proposition du Conseil supérieur de la Cour
des comptes, après avis de l’Assemblée nationale. La promotion en échelon est assurée par
une ordonnance du Premier président après avis du Conseil supérieur de la Cour des
comptes.

Article 210
Le magistrat promu à un grade ou à un échelon supérieur est reconnu à ce grade ou
échelon dès la plus proche réunion de l’Audience plénière solennelle, sur réquisition du
Procureur général près la Cour des Comptes.

Section 5 : Du grade et du rang hiérarchique des magistrats


Article 211
L'ordre hiérarchique des grades et des échelons est fixé par le Règlement particulier
prévu à l’article 189 de la présente loi organique.

Article 212
L'ancienneté des magistrats dans le grade est déterminée par la date de nomination
dans ce grade. Lorsque deux magistrats exercent la même fonction, le plus ancien est le
premier nommé à cette fonction. S'ils ont été nommés à la même date dans un même acte,
l'ancienneté est déterminée suivant l'ordre de présentation dans l'acte de nomination. En cas
d'actes de nomination distincts, l'ancienneté est déterminée selon les numéros d'ordre desdits
actes. Lorsque deux magistrats exercent des fonctions distinctes classées dans la même
catégorie, le plus ancien est le premier nommé à une de ces fonctions. S'ils ont été nommés
le même jour, l'ancienneté est déterminée selon l'ordre de présentation de leur grade.
Lorsqu'un magistrat a exercé plusieurs fonctions dans la même catégorie, son ancienneté est
déterminée par la date de sa nomination à celle des fonctions de cette catégorie qu'il a
exercées en premier lieu.
Chapitre 2 : Des droits, des devoirs, des positions statutaires, de la relève
anticipée des fonctions et de la démission des magistrats
Section 1ère : Des droits et des devoirs du magistrat
Article 213
Le magistrat a droit à une rémunération qui garantit la dignité et l’indépendance
dans l’exercice de sa fonction. Un arrêté du ministre ayant le budget dans ses attributions,
pris sur proposition du Conseil supérieur de la Cour des comptes, fixe le barème.

Article 214
La nomination et la promotion donnent droit au traitement initial du grade conféré.
Article 215
Le magistrat a, en outre, droit à :
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1. Une carte de service ;


2. Un passeport diplomatique pour lui-même, son conjoint et ses enfants à charge
;
3. Un insigne à la boutonnière de couleur noire avec une balance en or ;
4. Une arme de petit calibre conformément à la législation en vigueur ;
5. Une toge de cérémonie des couleurs bleue et rouge avec brassard jaune.

Article 216
A la prestation de serment et à chaque changement de catégorie, il est alloué au
magistrat de la Cour des comptes une indemnité d'installation équivalente à six mois de son
traitement mensuel initial du grade.

Article 217
Les traitements initiaux sont annuellement majorés de 4 %, 3 % ou 2 %, selon que
l'intéressé a obtenu respectivement la cote élite, très bon ou bon. Ces augmentations sont
dues, à partir du 1erjanvier de chaque année qui suit la date du signalement.

Article 218
Tout magistrat qui exerce des fonctions supérieures à celles de son grade pendant
au moins un mois a droit à une prime d'intérim dont le montant est égal à la différence entre
les deux traitements initiaux.

Article 219
Il est alloué au Premier président de la Cour des comptes, au Procureur général, aux
présidents de Chambre, aux présidents de section, au rapporteur général et aux rapporteurs
généraux adjoints, aux représentants du ministère public auprès des Chambres des comptes
déconcentrées une indemnité mensuelle de représentation équivalente à 10 % de leur
traitement initial. Les magistrats qui assument leur intérim conformément à l’alinéa
précédent bénéficient du même avantage.

Article 220
Les magistrats bénéficient des avantages sociaux suivants: 1. les allocations
familiales pour le conjoint du magistrat et les enfants à charge; 2. les soins de santé pour lui-
même, son conjoint et les enfants à charge; 3. l'indemnité de logement, à défaut d'être logé
par l'Etat; 4. les allocations d'invalidité ; 5. les frais funéraires pour lui-même, son conjoint
et les enfants à charge; 6. les frais de transport, à défaut d'un moyen de transport de l'Etat; 7.
les frais de rapatriement; 8. le pécule de vacances. Il est accordé une indemnité de
domesticité au Premier président, au Procureur général, aux présidents de Chambre, aux
présidents de section, au rapporteur général et aux rapporteurs généraux adjoints, aux
représentants du ministère public auprès des Chambres des comptes déconcentrés de même
qu'aux magistrats qui assument leur intérim, conformément à l’alinéa 2 de l’article 219 de la
présente loi organique. Par dérogation au premier alinéa, le magistrat ne bénéficie pas
d'allocation familiale si son conjoint exerce une activité rémunérée par le Trésor public lui
donnant droit à des allocations qui ne sont pas inférieures à celles dudit magistrat.

Article 221
Il est alloué aux magistrats de la Cour des comptes les primes ci-après : 1. la prime
de diplôme ; 2. la prime des risques professionnels ; 3. la prime pour fonctions spéciales.
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Article 222
Les traitements, les primes, les indemnités et autres avantages pécuniaires alloués
aux magistrats émargent au budget de la Cour des comptes.

Article 223
Le magistrat sert l'Etat avec fidélité, dévouement, dignité, loyauté et intégrité. Il
témoigne de son esprit civique, par un effort soutenu, en vue de s'améliorer, en se
soumettant à une formation et à un perfectionnement permanent. Il veille, dans
l'accomplissement de sa tâche, à sauvegarder l'intérêt général et à accomplir
personnellement et consciencieusement toutes les obligations qui, en raison de ses fonctions,
lui sont imposées par les lois et les règlements. En tout état de cause, le magistrat exerce ses
fonctions dans le strict respect du code de déontologie du magistrat de la Cour des comptes,
élaboré par le Conseil supérieur de la Cour des comptes et publié par le Premier président de
la Cour des comptes.

Article 224
Les magistrats de la Cour des comptes observent en toutes circonstances la réserve,
l'intégrité et la dignité que requiert la nature de leurs fonctions. Indépendamment du secret
des délibérations et des investigations auquel ils sont tenus, ils ne peuvent communiquer à
quiconque, en dehors des cas prévus par la loi, ni copies, ni extraits des documents, ni
renseignements concernant les dossiers et les affaires en examen à la Cour des comptes.

Article 225
Les magistrats sont protégés, conformément aux dispositions du Code pénal et des
lois spéciales en vigueur, contre les menaces, attaques, injures ou diffamations dont ils
peuvent être l'objet. L'Etat leur assure, en outre, conformément à la législation en vigueur, la
réparation des préjudices qu'ils peuvent subir dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de
leurs fonctions. En ce cas, l'Etat est subrogé dans les droits et actions du magistrat préjudicié
contre l'auteur du dommage.
Article 226
Il est interdit au magistrat en activité d’exercer directement ou indirectement le
commerce et d'avoir par lui-même ou par personne interposée et sous quelque dénomination
que ce soit, des intérêts dans une entreprise ou organisme sur lequel s'exerce le contrôle de la
Cour des comptes.

Section 2 : Des positions statutaires du magistrat


Article 227
Tout magistrat est placé dans l’une des positions suivantes :
1. l’activité de service ;
2. le congé ;
3. le détachement ;
4. la disponibilité.
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Article 228
L’activité de service est la position du magistrat qui exerce effectivement les
attributions inhérentes à sa fonction. Indépendamment de la fonction qui lui est ainsi
dévolue, le magistrat peut être chargé d’attributions particulières ou de missions officielles.
Ces missions qui peuvent être accomplies sur le territoire ou hors du territoire national,
constituent l’activité de service. Sont assimilées à l’activité de service, les prestations de
service partielles complétées par des stages de perfectionnement ou de formation
professionnelle.

Article 229
Le congé est la position du magistrat dont les fonctions sont temporairement
interrompues pour des raisons de santé, pour lui assurer une détente ou lui permettre de faire
face à certaines circonstances importantes de la vie. Le congé est assimilé à l’activité de
service au regard de la carrière. Le départ en congé du magistrat rend son poste
temporairement vacant. A l’expiration du congé, le magistrat réoccupe d’office son poste,
sans qu’il soit besoin d’une mesure préalable de réaffectation.

Article 230
Le magistrat a droit à: 1. un congé de reconstitution de trente jours ouvrables pris
chaque année compte tenu des nécessités de service ; 2. un congé de maladie ou d’infirmité
dûment attestée par un certificat médical et mettant l’intéressé dans l’impossibilité d’exercer
ses fonctions ; 3. un congé de circonstance qui ne peut être pris qu’au moment de
l’événement qui le justifie. Le congé est accordé dans les conditions fixées ci-après :
1. Mariage du magistrat : 4 jours ouvrables ;
2. Accouchement de l’épouse : 4 jours ouvrables ;
3. Décès du conjoint ou d’un parent au premier degré : 6 jours ouvrables ;
4. Décès du parent ou allié proche au deuxième degré : 3 jours ouvrables ;
5. Déménagement : 2 jours ouvrables :
6. Mariage d'un enfant : 2 jours ouvrables.
Le magistrat de sexe féminin a droit à un congé de maternité. La durée de ce congé
est de quatorze semaines consécutives dont huit au moins après l'accouchement. Le congé
est accordé sur présentation d'un certificat médical indiquant la date probable de
l'accouchement. Toutefois, le magistrat de sexe féminin qui a bénéficié d'un congé de
maternité ne peut plus, au cours de la même année, faire valoir son droit au congé de
reconstitution. Le congé de reconstitution est cumulable si, à l'exercice précédent, le
magistrat en a été privé pour des raisons de service. Dans ce cas, le report de congé de
reconstitution ne peut excéder deux ans consécutifs.

Article 231
Le congé de reconstitution est accordé par le Premier président de la Cour des
comptes en ce qui concerne les magistrats du siège et par le Procureur général en ce qui
concerne les magistrats du ministère public. En province, le congé de reconstitution est
accordé par le président de la Chambre des comptes déconcentrée pour les magistrats du
siège et par le premier avocat général près cette Chambre pour les magistrats relevant de son
ministère.
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Article 232
Le détachement est la position du magistrat qui est autorisé à interrompre
provisoirement ses fonctions pour prester ses services au sein d'administrations, institutions
ou organismes nationaux ou internationaux autres que ceux qui dépendent de la Cour des
comptes. Le détachement est accordé par le Premier président de la Cour des comptes pour
une durée qui ne peut excéder trois ans. Toutefois, le détachement peut être renouvelé une
seule fois.

Article 233
Pour être détaché, le magistrat doit avoir accompli trois ans de service à la Cour
des comptes, en dehors de la position de disponibilité ou de détachement antérieur. Ne peut
être détaché, le magistrat qui est l'objet d'une procédure disciplinaire. Le magistrat en
détachement peut faire l'objet d'une sanction disciplinaire pour les faits commis avant le
détachement. Dans ce cas, la sanction prend effet dès sa reprise de service.

Article 234
Le détachement rend vacant le poste occupé par le magistrat. La période de
détachement est prise en compte dans l’appréciation et la durée de la carrière. Pendant son
détachement, le magistrat est soustrait à l'empire du présent statut et est soumis au statut de
l'administration, de l'institution ou de l'organisme national ou international auprès duquel il
est détaché et qui le rémunère. A l'expiration du détachement, le magistrat reprend d'office le
service selon que le magistrat était du siège ou du ministère public avant son détachement.
Le secrétariat du Conseil supérieur de la Cour des comptes est informé des cas de
détachement.

Article 235
La disponibilité est la position du magistrat qui interrompt ses services, pour
convenances personnelles ou pour une cause indépendante de sa volonté, ou qui est autorisé
à les interrompre dans l'intérêt du service. La disponibilité est prononcée soit d'office, soit à
la demande du magistrat, par le Premier président de la Cour des comptes.

Article 236
Le magistrat est mis en disponibilité d'office :
1. Pour cause de maladie ou d'infirmité, lorsqu'il a obtenu, pendant une période de
douze mois consécutifs, des congés de maladie d'une durée totale de six mois et
qu'il n'est pas apte à reprendre son service à l'expiration de son dernier congé ;
La durée de la disponibilité ne peut, en ce cas, dépasser un an.
2. Pour effectuer, dans l'intérêt du service, des études ou stages de
perfectionnement en République démocratique du Congo ou à l'étranger ;
3. Lorsqu’il est nommé par le Président de la République à d'autres fonctions hors
de la Cour des comptes ;
4. Lorsqu’il est appelé à exercer d'autres fonctions hors de la Cour des comptes.
Dans ces deux derniers cas, lorsque, sans démériter, le magistrat cesse
l'exercice de ses fonctions et ne peut plus être replacé en activité, il bénéficie de
l'éméritat et de l'honorariat prévus à l'article 282 de la présente loi organique,
pour autant qu'il ait accompli au moins vingt ans de service à la Cour des
comptes.
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Article 237
La disponibilité à la demande du magistrat ne peut être accordée que dans les cas
suivants :
1. pour l'exercice des fonctions politiques ou électives incompatibles avec sa qualité
de magistrat. Dans ce cas, la durée de la disponibilité correspond à celle de la fonction
politique ou du mandat électif ;
2. pour effectuer des études ou des stages de perfectionnement en République
Démocratique du Congo ou à l'étranger présentant un intérêt général pour le pays. Dans ce
cas, la durée de la disponibilité ne peut excéder cinq ans. Cette durée est renouvelable une
seule fois. La disponibilité sollicitée pour raison d'études ne peut être accordée qu'au
magistrat ayant acquis une ancienneté de trois ans au moins dans la carrière. Elle ne peut
être accordée à un magistrat qui fait l'objet d'une procédure disciplinaire ;
3. dans le cas où le magistrat accompagne son conjoint ou son enfant mineur dans
un lieu d'hospitalisation ou de traitement en République Démocratique du Congo ou encore
à l'étranger, la durée de la disponibilité ne peut excéder un an ;
4. dans le cas où le magistrat accompagne son conjoint en mutation, la durée de la
disponibilité est fixée à deux ans renouvelables une fois.

Article 238
La situation du magistrat en disponibilité d'office est réglée comme suit :
1. Dans le cas où la disponibilité a été prononcée pour cause de maladie, le magistrat
perçoit la moitié de son traitement d'activité et conserve le bénéfice entier des avantages
sociaux alloués en cours de carrière. La durée de la disponibilité est comprise dans la
carrière. Le magistrat est tenu de se soumettre, chaque fois que le Premier président de
la Cour des comptes ou le président de la Chambre des comptes déconcentrée, pour le
magistrat du siège, le Procureur général près la Cour des comptes ou le Ministère public
près la Chambre des comptes déconcentrée, pour le magistrat du ministère public, le
juge opportun, à l'examen de la commission médicale d'inaptitude prévue à l'article 241
de la présente loi organique.
2. Dans le cas où la disponibilité est prononcée dans l'intérêt du service pour effectuer des
études ou stages de perfectionnement, le magistrat perçoit la totalité de son traitement y
compris l'intégralité des avantages sociaux ;
3. Dans le cas où la disponibilité est prononcée suite à une nomination à d'autres fonctions,
le magistrat est soustrait de l'empire du présent statut et est soumis au statut de
l'institution ou de l'organisme auprès duquel il exerce ou est nommé. La durée de la
disponibilité est comprise dans la carrière.
Article 239
La situation du magistrat mis en disponibilité à sa demande est réglée comme suit :
1. Dans le cas où la disponibilité est prononcée suite à l'exercice des fonctions politiques
ou électives, le magistrat perd le bénéfice du traitement et des avantages sociaux. La
durée de la disponibilité est comprise dans la carrière ; Lorsque, sans démériter, le
magistrat cesse l'exercice de ses fonctions et ne peut plus être replacé en activité, il
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bénéficie de l'éméritat et de l'honorariat pour autant qu'il ait accompli au moins quinze
ans de service non interrompu à la Cour des comptes ;
2. Dans le cas où la disponibilité est prononcée pour permettre au magistrat d'effectuer des
études stages de perfectionnement dans l'intérêt général du pays, le magistrat perçoit la
moitié de son traitement majoré des avantages sociaux ; La durée de la disponibilité est
comprise dans la carrière, sauf si les études ou les stages ne sont pas effectués avec
succès.
3. Dans le cas où la disponibilité est prononcée pour des raisons sociales :
a. Lorsqu’il a accompagné son conjoint en mutation, le magistrat bénéficie du quart de
son traitement, majoré des avantages sociaux, pendant deux ans renouvelables une
fois, pour autant qu'aucune possibilité d'affectation ne soit trouvée au lieu du
nouveau poste d'attache du conjoint ;
b. Le magistrat bénéficie de la moitié de son traitement majorée des avantages sociaux
pendant une période d'un an lorsqu'il accompagne son conjoint ou son enfant mineur
dans un lieu d'hospitalisation ou de traitement. La durée de la disponibilité est
comprise dans la carrière.

Article 240
La disponibilité rend vacant le poste occupé par le magistrat. A l'expiration de la
période de disponibilité, le magistrat est replacé en activité de service, sauf le cas de :
1. Mise en disponibilité pour cause de maladie ou d'infirmité le rendant inapte ;
2. L’impossibilité pour le magistrat de rejoindre son poste d'attache. Le secrétariat du
Conseil supérieur de la Cour des comptes est informé des cas de mise en
disponibilité.

Section 3 : De la relève anticipée des fonctions et de la démission du magistrat.


Paragraphe 1er : De la relève anticipée des fonctions
Article 241
Le magistrat qui, de l'avis conforme d'une commission médicale de trois membres
au moins requise conjointement par le Premier président de la Cour des comptes et le
Procureur général près la Cour des comptes, auprès du Conseil de l'ordre des médecins, est
déclaré inapte au service des suites de maladie ou d'infirmité grave et permanente, est relevé
de ses fonctions par le Président de la République, sur proposition du Conseil supérieur de la
Cour des comptes après avis de l’Assemblée nationale. La relève anticipée des fonctions
peut aussi être prononcée par le Président de la République, soit à la demande de l'intéressé,
soit à celle conjointe du Premier président de la Cour des comptes et du Procureur général,
sur proposition du Conseil supérieur de la Cour des comptes après avis de l’Assemblée
nationale.

Article 242
Le magistrat qui, de l'avis d'une commission de trois magistrats au moins dont la
composition est fixée par le Conseil supérieur de la Cour des comptes, sur demande
conjointe du Premier président de la Cour des comptes et du Procureur général près la Cour
des comptes, fait preuve de manière habituelle dans l'exercice de ses fonctions, d'une
incompétence notoire, est relevé de ses fonctions par le Président de la République, sur
proposition du Conseil supérieur de la Cour des comptes après avis de l’Assemblée
nationale.
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Paragraphe 2 : De la démission
Article 243
Le magistrat désireux de mettre fin à ses fonctions adresse sa démission au
Président de la République par la voie hiérarchique. Le Président de la République statue sur
la demande en prenant, le cas échéant, une ordonnance acceptant la démission. Jusqu'à la
notification, en bonne et due forme, de l'ordonnance acceptant la démission, le magistrat
reste en fonction. Toutefois, si dans les quatre mois du dépôt de sa lettre auprès de sa
hiérarchie, aucune suite ne lui a été réservée, la démission est acquise et le magistrat
concerné peut procéder à la remise de son cabinet de travail. Une fois la procédure de
démission épuisée, le magistrat concerné bénéficie de son allocation de fin de carrière,
suivant les calculs d'usage en la matière, comme prévu à l'article 271 de la présente loi
organique.

Article 244
Est réputé démissionnaire d'office :
1. le magistrat qui, sans juste motif, n'aura pas repris le service après trente jours à dater de
l'expiration de son congé ;
2. le magistrat en disponibilité qui, après trente jours, méconnaît l'ordre écrit du Premier
président de la Cour des comptes, pour le magistrat du siège et du Procureur général, pour
le magistrat du ministère public, qui lui est donné pour la reprise de ses fonctions ;
3. le magistrat qui n'a pas prêté le serment prévu à l'article 197 de la présente loi organique
dans le délai d'un mois à partir du jour où une invitation écrite à ce faire lui a été notifiée.
4. le magistrat qui n’a pas fait la déclaration de son patrimoine prévue à l’article 199 de la
présente loi organique ;
5. le magistrat qui, ayant prêté serment dans les conditions prévues à l'article 197 de la
présente loi organique, ou nommé à une nouvelle fonction dans les conditions prévues à
l’article 209 de la même loi, ne s'est pas conformé, dans les trente jours, à l'ordre écrit qui
lui a été donné d'entrer en fonction ;
6. le magistrat en détachement qui, trente jours après la fin de son détachement, méconnaît,
selon le cas, l'ordre écrit du Premier président de la Cour des comptes ou du Procureur
général près la Cour des comptes, de reprendre ses fonctions. La démission est constatée
par une ordonnance du Président de la République prise sur proposition du Conseil
supérieur de la Cour des comptes après avis de l’Assemblée nationale. Le secrétariat du
Conseil supérieur de la Cour des comptes en est tenu informé.
Chapitre 3 : Du régime disciplinaire et des incompatibilités.
Section 1ère : Du régime disciplinaire
Paragraphe 1er : Des dispositions générales
Article 245
Tout manquement par un magistrat aux devoirs de son état, à l'honneur ou à la
dignité de ses fonctions constitue une faute disciplinaire.

Article 246
Sont notamment constitutifs de fautes disciplinaires :
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1. le fait, pour un magistrat, de ne pas rendre son avis dans un délai de trente jours :
a) pour les affaires en matière de discipline budgétaire et financière ; b) pour les affaires en
matière de contrôle des comptes des comptables publics ; c) pour les affaires en matière de
contrôle de gestion et de l’évaluation de la performance.
2. le fait, pour les formations délibérantes, de ne pas rendre une décision dans les
mêmes délais ;
3. le fait, pour un magistrat, de chercher directement ou indirectement à entrer en
contact avec les parties en cause avant son avis ou sa décision ;
4. le fait de ne pas informer la personne mise en cause de ses droits, conformément
aux articles 17 et 18 de la Constitution ;
5. le fait, pour un magistrat, de violer les termes de son serment ;
6. le fait pour un magistrat, au cours de l'instruction, de se rendre coupable des
tortures physiques et morales ou d'autres traitements dégradants ou encore de harcèlement
sous toutes ses formes.

Article 247
Outre les avertissements que peut donner le Premier président de la Cour des
comptes pour les magistrats du siège ou le Procureur général près la Cour des comptes, pour
les magistrats du Parquet en dehors de toute action disciplinaire, les sanctions applicables
aux magistrats de la Cour des comptes sont :
1. le blâme ;
2. la retenue d'un tiers du traitement d'un mois ;
3. l’exclusion temporaire avec une durée ne dépassant pas trois mois avec privation
de la rémunération, à l’exception des avantages sociaux ;
4. la révocation.
Le magistrat qui a subi l'une des sanctions prévues aux points 2 et 3 citées ci-haut
est écarté de la promotion en cours.

Article 248
Les sanctions de blâme, de la retenue du tiers du traitement d'un mois et
l’exclusion temporaire sont prononcées par la Chambre du conseil du Conseil supérieur de la
Cour des comptes.
La sanction de révocation est prononcée par ordonnance du Président de la
République, sur demande du Conseil supérieur de la Cour des comptes, après avis de
l’Assemblée nationale.

Paragraphe 2 : De la procédure disciplinaire


Article 249
La procédure disciplinaire est écrite et contradictoire. Le Premier président de la
Cour des comptes et le Procureur général près cette juridiction constatent toute faute
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disciplinaire commise par les magistrats placés sous leur autorité. En province, le président
de la Chambre des comptes déconcentrée et le ministère public près cette Chambre constate
toute faute disciplinaire commise par les magistrats placés sous leur autorité. Les fautes
disciplinaires commises par le Premier président de la Cour des comptes sont constatées par
le Procureur général près cette juridiction. Celles commises par le Procureur général sont
constatées par le Premier président de la Cour des comptes. Au cas où le Premier président
de la Cour des Comptes et le Procureur général près la Cour des Comptes sont mis en cause
dans une même affaire, la Chambre du Conseil est présidée par le Président de Chambre le
plus ancien.

Article 250
Le procès-verbal de constat de faute disciplinaire est établi en cinq exemplaires
répartis comme suit :
1. deux exemplaires sont immédiatement transmis à l'autorité habilitée à saisir la
Chambre du conseil du Conseil supérieur de la Cour des comptes, siégeant comme organe
disciplinaire au premier degré ;
2. un exemplaire est remis au concerné par celui qui a constaté la faute
disciplinaire ;
3. un exemplaire est envoyé au chef hiérarchique de celui qui a constaté la faute
disciplinaire ;
4. un exemplaire est envoyé au secrétariat du Conseil supérieur de la Cour des
comptes.

Article 251
Le constat de toute faute disciplinaire est suivi de l'ouverture d'une enquête. Selon
le cas, le Premier président de la Cour des comptes ou le Procureur général désigne un
magistrat d’un rang au moins égal à celui du magistrat mis en cause pour procéder à cette
enquête. En province, le président de la Chambre des comptes déconcentrée ou le ministère
public près cette Chambre désigne un magistrat d’un rang au moins égal à celui du magistrat
mis en cause pour procéder à cette enquête. Le magistrat chargé de l'enquête adresse un
rapport, selon le cas, au Premier président de la Cour des comptes ou au Procureur général
au niveau central, au Président de la Chambre des comptes déconcentrée ou au ministère
public près la Chambre des comptes déconcentrée au niveau provincial.

Article 252
Au cours de l'enquête, le magistrat qui en est chargé entend le concerné et, s'il y a
lieu, le plaignant, les témoins ou toute personne intéressée. Il peut aussi les faire entendre
par un magistrat de rang au moins égal à celui du magistrat poursuivi. Il accomplit ou fait
accomplir tous les actes d'investigation utiles. Les articles 18 à 20 du code de procédure
pénale sont applicables, mutatis mutandis, aux témoins défaillants.

Article 253
Le Premier président de la Cour des comptes et le Procureur général près la Cour
des comptes peuvent, si les faits leur paraissent graves, interdire, à titre conservatoire, au
magistrat poursuivi, l'exercice de ses fonctions jusqu'à la décision définitive. Lorsque le
Premier président de la Cour des comptes ou le Procureur général près cette juridiction sont
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mis en cause, la Chambre du conseil peut, si les faits lui paraissent graves, interdire, à titre
conservatoire, au Premier président de la Cour des comptes ou au Procureur général près
cette juridiction, l'exercice de ses fonctions jusqu'à la décision définitive. Le secrétariat du
Conseil supérieur de la Cour des comptes est immédiatement informé de toute mesure
d'interdiction prise. Sauf en cas de poursuites judiciaires, la mesure d'interdiction devient
caduque si, dans les trois mois à dater de sa notification, l'action disciplinaire n'est pas
clôturée par une décision de classement sans suite ou par l'application d'une sanction.

Article 254
Dès réception du dossier avec le rapport d'enquête, le Premier président de la Cour
des comptes, le Procureur général près la Cour des comptes ou le Président de Chambre pré
séant, décide soit de le classer sans suite, soit de l'envoyer en fixation devant la Chambre du
conseil du Conseil supérieur de la Cour des comptes, siégeant comme organe de discipline.
Le délai entre la citation et la comparution ne peut être inférieur à huit jours francs
augmentés des délais de distance prévus par le Code de procédure pénale.

Article 255
Le magistrat poursuivi et son conseil ont droit à la communication, sans
déplacement, de toutes les pièces du dossier. Cette communication est rendue possible huit
jours au moins avant la comparution.

Article 256
Au jour fixé par la citation et après lecture du rapport, le magistrat est invité à
fournir ses explications et moyens de défense sur les faits qui lui sont reprochés. Le
magistrat cité est tenu de comparaître en personne. Il peut se faire assister par un avocat ou
un autre magistrat de son choix. Si, hormis le cas de force majeure justifié, le magistrat
poursuivi ne comparaît pas, la Chambre du conseil du Conseil supérieur de la Cour des
comptes peut néanmoins statuer valablement. La décision est réputée contradictoire. La
Chambre entend, s'il y a lieu, le plaignant, les témoins et toute personne intéressée. L'article
78 du Code de procédure pénale s'applique, mutatis mutandis, aux témoins défaillants.
Article 257
Dans les huit jours francs qui suivent la clôture des débats, la Chambre de conseil
du Conseil Supérieur de la Cour des comptes siège et statue à huis clos par décision prise à
la majorité absolue des voix. En cas de partage égal des voix, celle du président est
prépondérante. La décision de la Chambre de conseil du Conseil supérieur de la Cour des
comptes, siégeant comme organe de discipline, prend effet à la date de sa notification. En
cas de révocation, le Président de la République prend une ordonnance qui est notifiée au
magistrat concerné, par la voie hiérarchique, et est rendue publique.

Article 258
Quelle que soit la sanction prononcée à son encontre, le magistrat peut relever
appel de la décision de la Chambre du conseil devant l’assemblée générale du Conseil
supérieur de la Cour des comptes ou, le cas échéant, devant le bureau du Conseil supérieur
de la Cour des comptes. Le délai de l’appel est de trente jours à dater de la notification de la
décision de la Chambre de conseil du Conseil supérieur de la Cour des comptes. A la
réception du recours du magistrat, le président du Conseil supérieur de la Cour des comptes,
ou le premier vice-président, si le président est lui-même mis en cause, nomme un magistrat-
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rapporteur parmi les membres du Conseil supérieur de la Cour des comptes n’ayant pas pris
part à la décision de la Chambre du conseil qui a prononcé la sanction. Le magistrat
rapporteur instruit le dossier conformément à l’article 252 de la présente loi organique. Les
articles 59 à 63, 245 à 248 et 254 à 257 de la présente loi organique s’appliquent à la suite de
la procédure devant la Chambre du conseil et l’assemblée générale du Conseil supérieur de
la Cour des comptes.

Article259
L'action disciplinaire demeure distincte et indépendante de l'action répressive à
laquelle peuvent donner lieu les mêmes faits. Toutefois, en cas de condamnation définitive
pour une infraction intentionnelle à une peine privative de liberté de plus de trois mois, le
magistrat est révoqué d'office, sur simple constatation de cette condamnation.

Article 260
Les frais de transport et de séjour du magistrat poursuivi et des témoins incombent
au Conseil supérieur de la Cour des comptes. Les modalités de leur paiement sont
déterminées dans le Règlement intérieur de la Cour des comptes.

Paragraphe 3 : De la récusation et du déport


Article 261
Les membres du Conseil supérieur de la Cour des comptes sont susceptibles de
récusation et sont tenus de se déporter dans tous les cas prévus dans la loi organique
n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences des
juridictions de l’ordre judiciaire.

Paragraphe 4 : De la prescription
Article 262
La prescription de l'action disciplinaire est d’un an révolu après la connaissance
des faits par le président du Conseil supérieur de la Cour des comptes. Toutefois, lorsque les
faits sont susceptibles d'une infraction à la loi pénale, l'action disciplinaire se prescrit en
même temps que l'action publique. Les causes d'interruption de la prescription prévues en
matière pénale sont applicables, mutatis mutandis, à l'action disciplinaire.

Section 2 : Des incompatibilités


Article 263
Hormis les cas de détachement ou de disponibilité, les fonctions de magistrat sont
incompatibles avec toute activité professionnelle, salariée ou non, dans le secteur public ou
privé, sauf s’il s’agit de la tutelle ou de l’encadrement des incapables. Les membres de la
Cour des comptes ne peuvent être membres ni du Parlement, ni du Gouvernement, ni des
institutions des provinces, ni des organes des entités territoriales décentralisées, sauf à avoir
préalablement obtenu leur mise en disponibilité dans les conditions prévues à l’article 237
de la présente loi organique.
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Article 264
Le président du Conseil supérieur de la Cour des comptes autorise, par dérogation
à l'article 265 de la présente loi organique, un magistrat à enseigner dans une Université ou
dans un Institut supérieur conformément au Règlement intérieur de la Cour des comptes. Le
secrétariat du Conseil supérieur de la Cour des comptes en est tenu informé.

Article 265
Les magistrats parents ou alliés jusqu'au quatrième degré, en ligne directe ou en
ligne collatérale, ne peuvent siéger dans une même affaire.

Chapitre 4 : De la cessation des fonctions


Article 266
Les fonctions de magistrat à la Cour des comptes prennent fin par la mise à la
retraite, relève anticipée, démission, révocation et décès.

Section 1ère : De la retraite et de la pension de retraite


Article 267
Le magistrat de la Cour des comptes est mis à la retraite à la date à laquelle il
atteint l'âge de soixante-dix ans. Dans tous les cas, lorsque le magistrat a atteint l'âge de
soixante-cinq ans et qu'il a accompli au moins vingt ans de service, il peut faire valoir ses
droits à la retraite anticipée.

Article 268
La pension de retraite est égale aux trois quarts de la dernière rémunération. Le
magistrat retraité bénéficie, en outre des soins de santé et des frais funéraires pour lui-même,
pour son conjoint et pour les enfants à charge. Toutefois, lorsque le magistrat bénéficie de
l'éméritat prévu à l'article 282 de la présente loi organique, sa pension de retraite est égale à
sa dernière rémunération. Lorsque le barème des traitements des magistrats en activité subit
une augmentation, la pension de retraite est revue dans les mêmes proportions.
Section 2 : Des avantages accordés après la cessation définitive de service du
magistrat.
Article 269
Le magistrat reconnu définitivement inapte à continuer ses services ou à les
reprendre ultérieurement a droit à une pension d'inaptitude si celle-ci résulte d'un accident ou
d'une maladie, quelle qu'en soit l'origine. Toutefois, aucune pension n'est due si l'inaptitude
résulte d'un risque auquel le magistrat s'est volontairement exposé, ou si elle est imputable
au refus ou à la négligence de l'intéressé de se soumettre à un traitement médical préventif.
La réalité des maladies ou infirmités, leur imputabilité au service et l'inaptitude définitive au
service sont appréciées par la commission médicale prévue à l'article 241 de la présente loi
organique.

Article 270
La pension d'inaptitude est égale, pour les douze premiers mois, à la totalité du
montant annuel de la dernière rémunération du magistrat concerné. Pour les années
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suivantes, cette pension est ramenée aux trois quarts du montant annuel de la dernière
rémunération. Dans le cas où un magistrat peut prétendre à une pension de retraite et à une
pension d'inaptitude, seule la pension la plus élevée est octroyée. Les pensions prennent effet
à dater du jour où les intéressés ont définitivement cessé leur service. Elles sont acquises par
mois et payées anticipativement par le Trésor public. Nul ne peut jouir simultanément, à
charge du Trésor public, de deux pensions ou d'une pension et d’une rémunération. Lorsque
le barème des traitements des magistrats en activité subit une augmentation, la pension
d'inaptitude est revue dans les mêmes proportions.

Article 271
Tout magistrat qui, pour une cause autre que le décès, la démission d'office ou la
révocation, cesse définitivement ses services après une carrière d'au moins cinq ans, en
tenant compte de dix ans d'expérience professionnelle exigés par l'article 176, alinéa 3 de la
Constitution, reçoit une allocation de fin de carrière. Le montant de cette allocation est égal
à un quart, deux quarts ou trois quarts du montant annuel de la dernière rémunération, selon
que l'intéressé a accompli une carrière d'au moins cinq ans, dix ans ou quinze ans.

Article 272
Lorsque le magistrat décède avant le paiement de l'allocation de fin de carrière,
celle-ci est liquidée en faveur des héritiers conformément au code de la famille.
Section3 : De la rente de survie et de l'allocation de décès

Article 273
Le conjoint survivant du magistrat soumis au présent statut a droit à une rente de
survie si le magistrat est :
1. décédé en cours de carrière ;
2. décédé était titulaire d'une pension de retraite ou d'inaptitude à la condition que le
mariage ait précédé la cessation définitive des services.

Article 274
Le montant de la rente de survie est égal à :
1. la totalité du montant annuel de la dernière rémunération du de cujus pour les
douze premiers mois qui suivent le décès intervenu en cours de carrière et 25% dudit
montant pour la période postérieure ;
2. la moitié de la pension du de cujus si celui-ci est décédé pensionné.

Article 275
L'orphelin d'un magistrat soumis au présent statut a droit à une rente d'orphelin
jusqu'à l'âge de dix-huit ans. Peuvent y prétendre, les enfants :
1. du magistrat, à condition qu'ils soient nés avant ou dans les neuf mois qui suivent
la cessation définitive des services du magistrat ;
2. adoptés par le magistrat, à condition que l'acte d'adoption ait précédé la cessation
définitive des services du magistrat ;
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3. reconnus et déclarés à l'état civil avant la cessation définitive des services du


magistrat ;
4. que le conjoint a retenus d'un précédent mariage, à condition que le magistrat
qui a ouvert le droit à la rente d'orphelin ait contracté mariage avant la cessation définitive
des services et que les enfants aient déjà donné lieu à l'attribution d'allocations familiales à
ce conjoint ;
5. sous tutelle du magistrat, à condition que la tutelle ait été déférée avant la
cessation définitive des services du magistrat, et que les enfants aient donné lieu à
l'attribution d'allocations familiales au magistrat.
Par dérogation au premier alinéa ci-dessus, les orphelins qui poursuivent
normalement leurs études, ou qui sont en apprentissage non rémunéré, ont droit à la rente de
survie jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans.

Article 276
Le montant annuel de la rente d'orphelin par enfant est égal à : 1. 5 % du montant
annuel de la dernière rémunération du magistrat si celui- ci est décédé en cours de carrière ;
2. 10 % de la pension du magistrat si celui-ci est décédé pensionné.

Article 277
Le conjoint survivant qui se remarie est déchu du droit à la rente. Celle-ci est
allouée et répartie par parts égales aux orphelins visés à l'article 275 de la présente loi
organique. Article 278 Lorsque les barèmes des traitements attachés aux grades des
magistrats en activité de service subissent une augmentation générale, les rentes sont revues
dans une proportion identique.

Article 279
La rente est acquise par mois. Elle prend cours le premier jour du mois qui suit le
décès du magistrat. Elle n'est pas imposable.

Article 280
Lorsque le magistrat de la Cour des comptes décède en cours de carrière, la veuve a
droit à une allocation de décès qui n'est pas imposable. A défaut du conjoint survivant,
l'allocation de décès est accordée, par parts égales, aux enfants entrant en ligne de compte
pour l'octroi des allocations familiales. Le montant de l'allocation est égal à trois mois de la
dernière rémunération du défunt.

Section 4 : De l'honorariat et de l'éméritat du magistrat


Article 281
L'honorariat est le droit pour un ancien magistrat de porter, après la cessation
définitive de ses fonctions, le titre de son dernier grade au moment où intervient la fin de sa
carrière. L'éméritat est le droit pour un ancien magistrat de continuer à bénéficier de sa
rémunération. Lorsque le barème des magistrats en activité subit une augmentation, celle-ci
concerne également, dans les mêmes proportions, les magistrats émérites.
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Article 282
Bénéficie de l'honorariat ou de l'éméritat, le magistrat qui, âgé d'au moins soixante-
cinq ans obtient sa retraite anticipée, s’il a accompli au moins vingt ans de service
ininterrompu. Dans tous les cas où le Premier président de la Cour des comptes et le
Procureur général près cette juridiction cessent d'exercer leurs fonctions, ils sont d'office
admis à l'éméritat et bénéficient, en outre, de l'honorariat. Toutefois, à la diligence du
Conseil supérieur de la Cour des comptes ou des héritiers, le Président de la République peut
admettre, au bénéfice de l'honorariat et de l'éméritat, tout ancien magistrat qui, bien que
n'ayant pas atteint une fin de carrière conformément à l'article 281 de la présente loi
organique, aura rendu d'éminents services à la Nation. Le magistrat honoraire de la Cour des
comptes conserve le privilège de juridiction tel qu'il résulte de l'application des dispositions
de l'article 153 alinéa 6 de la Constitution ainsi que la loi organique n°13/011-B du 11 avril
2013 portant organisation, fonctionnement et compétences de juridiction de l’ordre
judiciaire.

TITRE V : DES DISPOSITIONS TRANSITOIRES, ABROGATOIRES ET FINALES


Chapitre 1er : Des dispositions transitoires
Article 283
En attendant la mise en place par la Cour des comptes des Chambres des comptes
déconcentrées dans les provinces, la Cour des comptes peut tenir des séances foraines dans
les provinces, en tant que de besoin.

Article 284
En attendant la production des comptes administratifs et des comptes de gestion
conformément aux dispositions de la loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances
publiques et ses mesures d’exécution, la procédure de production des comptes à la Cour des
comptes actuellement en vigueur reste d’application.

Article 285
Jusqu’à la nomination par le Président de la République du Premier président et des
présidents des Chambres de la Cour des comptes et du rapporteur général et rapporteurs
généraux adjoints conformément à la présente loi organique, leurs attributions sont exercées
respectivement par le président et les vice-présidents, le secrétaire général et les secrétaires
généraux adjoints de la Cour des comptes.

Article 286
En attendant l’application intégrale de la loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative
aux finances publiques, particulièrement en ses dispositions qui concernent les comptables
publics, la comptabilité budgétaire, la comptabilité générale, la comptabilité administrative,
la comptabilité des matières, les règles actuelles concernant la production des comptes des
comptables publics, la production des situations générales des dépenses engagées, liquidées
et ordonnancées ainsi que des situations générales des recettes constatées, liquidées et
ordonnancées restent d’application.
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Article 287
En attendant l’adoption du Règlement intérieur du Conseil supérieur de la Cour des
comptes, une ordonnance du Premier président de la Cour des comptes fixe les règles de
désignation des membres de l’Assemblée générale du Conseil supérieur de la Cour des
comptes, du bureau dudit Conseil, des Chambres du Conseil et du secrétariat.

Article 288
Les dispositions des articles 199 à 205 de la présente loi organique s’appliquent
aux magistrats actuellement en fonction. Dans les six mois de la promulgation de la présente
loi organique, les magistrats actuellement en fonction déclarent leurs patrimoines
conformément à l’article 199 de la présente loi organique.

Article 289
Les magistrats de la Cour des comptes, actuellement en fonction et revêtus
respectivement des grades de conseiller échelon 4 et de conseiller échelon 5, pour autant
qu’ils aient exercé au moins vingt ans leurs fonctions dans ces grades d’une manière
ininterrompue, en ce compris la durée du détachement de cinq ans au maximum, ont droit, à
la date de l'entrée en vigueur de la présente loi organique, au grade de président de Chambre
prévu par la présente loi organique.

Article 290
A titre exceptionnel, et pour permettre à la Cour des comptes de réunir les
conditions minimales de fonctionnement eu égard au cadre organique prévu par la présente
loi organique, le Conseil supérieur de la Cour des comptes organise le recours aux services
des hauts cadres de l’Administration publique issus notamment des Cours et tribunaux de
l’ordre judiciaire, de l’Inspection générale des finances, des Administrations financières, du
Conseil permanent de la comptabilité au Congo, du Conseil supérieur du portefeuille et du
Corps académique des universités et instituts supérieurs en fonction de leurs compétences
avérées et grades respectifs, pour occuper les grades correspondants et en assumer les
fonctions au sein de la Cour des comptes, en obtenant au préalable les actes de nomination
requis, après avis de l’Assemblée nationale.

Chapitre 2 : De la disposition abrogatoire


Article 291
Sont abrogées, toutes les dispositions antérieures contraires à la présente loi
organique, notamment l'ordonnance-loi n° 87-005 du 6 février 1987 fixant la composition,
l'organisation et le fonctionnement de la Cour des comptes, l'ordonnance-loi n° 87-031 du 22
juillet 1987 relative à la procédure devant la Cour des comptes et l'ordonnance-loi n° 032 du
22 juillet 1987 portant statut des magistrats de la Cour des comptes ainsi que l’Ordonnance
n° 87-275 portant organigramme de la Cour des comptes.

Chapitre 3 : Des dispositions finales


Article 292
A la promulgation de la présente loi organique, sont reconnus membres de la Cour
des comptes les avocats généraux nommés par ordonnance présidentielle n°18/017 du 13
mars 2018 portant nomination des avocats généraux près la Cour des Compte.
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Article 293
Le Règlement intérieur de la Cour des comptes ainsi que d'autres actes
réglementaires déterminent en tant que de besoin les dispositions nécessaires à l'application
de la présente loi organique.

Article 294
Les dispositions du Code de procédure pénale, du Code de procédure civile, ainsi
que celles de la loi organique n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation,
fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire sont applicables devant
la Cour des comptes pour autant qu'elles ne soient pas contraires aux dispositions de la
présente loi organique.

Article 295
Les dispositions de la loi n°16/013 du 15 juillet 2016 portant statut des agents de
carrière des services publics de l’Etat et celles du code du travail sont applicables aux
magistrats de la Cour des comptes, pour autant qu’elles ne soient pas contraires aux
dispositions de la présente loi organique.

Article 296
La présente loi organique entre en vigueur trente jours après sa publication au
Journal officiel.
Fait à Kinshasa, le 13 novembre 2018
Joseph KABILA KABANGE
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ORDONNANCE N° 87-323 DU 15 SEPTEMBRE 1987 PORTANT CREATION DE


L’INSPECTION GENERALE DES FINANCES, EN ABREGE « I.G.F. ».

CHAPITRE PREMIER DISPOSITIONS GÉNÉRALES


Article 1.
Il est créé un service de contrôle dénommé « Inspection générale des finances », en abrégé «
I.G.F».

Article 2.
L’Inspection générale des finances dispose d’une compétence générale en matière
de contrôle des finances et des biens publics.
À ce titre, elle vérifie et contrôle toutes les opérations financières de l’État, des
entités administratives décentralisées, des établissements publics et organismes paraétatiques
ainsi que des organismes ou entreprises de toute nature bénéficiant du concours financier de
l’État, des entités administratives décentralisées et des établissements publics ou organismes
paraétatiques sous une forme de participation en capital, de subvention, de prêt, d’avance ou
de garantie.

Article 2bis.
L’Inspection générale des finances, en tant que service d'audit supérieur du
gouvernement, peut procéder à toute mission de contre-vérification, au second degré, de
toutes les situations douanières, fiscales ou parafiscales des contribuables ou redevables
d'impôts, droits, taxes ou redevances, soit en cas de découverte d'une fraude lors de
l'exécution normale d'une mission de contrôle ou de vérification, soit sur réquisition des
autorités politiques et administratives, soit sur réquisition des autorités judiciaires, soit,
enfin, sur dénonciation des tiers.

Article 3.
L’Inspection générale des finances est composée de deux cents inspecteurs des
finances.

Article 4.
L’Inspection générale des finances est placée sous l’autorité directe du président de
la République.

Article 5.
L’Inspection générale des finances dispose, pour son fonctionnement et la
motivation de son personnel, d’une allocation budgétaire émergeant aux budgets annexes de
l’État et au moins égale à 1 % des recettes assignées aux régies financières de l'État ainsi que
d'une allocation de 40 % des pénalités douanières, fiscales et parafiscales recouvrées à la
suite de ses redressements d'impôts, droits, taxes ou redevances éludées.
Elle bénéficie également, en sus des crédits budgétaires lui alloués à cet effet et
émargeant aux budgets annexes de l’État, d'une quotité de 10 % des pénalités recouvrées
pour ses dépenses d'investissement.
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Article 6
Les membres de l’Inspection générale des finances ont droit aux rémunérations et
autres avantages déterminés par le président fondateur du Mouvement populaire de la
révolution, président de la République.

CHAPITRE DEUXIÈME STRUCTURES


Article 7
Les structures de l’Inspection générale des finances sont :
- L’inspecteur général, chef du service ;
- L’inspecteur général adjoint, chef de service adjoint ;
- Le corps des inspecteurs des finances subdivisées en brigades permanentes ou
ponctuelles ;
- Le service administratif et financier d'appoint.

Article 7bis.
À l'exception des inspecteurs des finances stagiaires, les inspecteurs des finances
sont nommés et, le cas échéant, relevés de leurs fonctions par le président de la République,
sur proposition conjointe du ministre de la Fonction publique et de l'inspecteur général-chef
de service.

Article 8.
Le personnel administratif et financier d'appoint relève du statut du personnel de
carrière des services publics de l'État et de ses mesures d'application.
Toutefois, il bénéficie d'une prime de fonctions dont le montant est fixé par le
président de la République, sur proposition de l'inspecteur général-chef de service.

Article 9.
Le tableau portant organigramme de l’inspection générale des finances est annexé à
la présente ordonnance.

CHAPITRE TROISIÈME ATTRIBUTIONS


Article 10
L’inspecteur général-chef du service, supervise et coordonne l'ensemble des
activités de l’Inspection générale des finances et fait régulièrement rapport au président de la
République ou à son délégué des missions d'inspection ou d'enquêtes exécutées.
À ce titre, il a notamment pour tâche de :
- Préparer et soumettre à l’approbation du président de la République le programme
annuel d'actions de l’Inspection générale des finances ainsi que le programme des
missions ponctuelles ;
- Ordonner les missions d'inspections ou d'enquêtes reprises dans le programme annuel
d'actions ou dans le programme des missions ponctuelles ;
- Superviser l'exécution des missions d'inspection ou « d’enquêtes ordonnées » ;
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- Centraliser les conclusions, recommandations et mesures découlant des rapports de


missions d'inspection ou d'enquête et en faire rapport au président de la République ou
à son délégué ;
- Assurer le suivi de l'exécution des mesures et décisions découlant des rapports de
missions d'inspection ou d'enquête entérinées par le président de la République ;
- Elaborer les rapports trimestriel, semestriel et annuel d'activités ainsi que le rapport
synthèse annuel des missions d'inspection ou d'enquête exécutées à l'attention du
président de la République ;
- Il gère le personnel, les crédits ainsi que le patrimoine de l’Inspection générale des
finances. Il supervise le service administratif et financier d'appoint.
L'inspecteur général-chef de service adjoint assiste l'inspecteur général-chef de
service dans la supervision et la coordination de l'ensemble des activités de l’Inspection
générale des finances.
Il assure l'intérim en cas d'absence ou d'empêchement de l'inspecteur général-chef
de service et coordonne toutes les missions lui confiées par l'inspecteur général-chef de
service.

Article 11.
Les différentes brigades permanentes de l’Inspection générale des finances sont
chargées respectivement des attributions suivantes :

- La brigade de coordination assure, sous l'autorité de l'inspecteur général-chef de service


et de son adjoint, les fonctions d'animation et d'encadrement des services de l’Inspection
générale des finances ;
- La brigade des recettes douanières, fiscales et parafiscales contrôle et vérifie, auprès des
services générateurs des recettes, toutes les opérations de constatation, de taxation, de
liquidation, d'ordonnancement et de recouvrement des recettes, l'apurement du
contentieux et les documents comptables y afférents ;
- La brigade des dépenses publiques contrôle et vérifie l'engagement, la liquidation,
l'ordonnancement et le paiement des dépenses publiques ;
- La brigade des établissements ou organismes publics, des entreprises publiques, des
sociétés d'économie mixte ou subventionnées et des entités administratives
décentralisées contrôle et vérifie toutes les opérations financières de ces organismes,
entreprises, sociétés et entités ainsi que celles de tout organisme bénéficiant du concours
financier de l'État, des entités administratives décentralisées, des entreprises publiques,
des établissements publics ou organismes para-étatiques sous une forme quelconque,
notamment sous forme de participation en capital, de subvention, de prêt, d'avance ou
de garantie ;

- la brigade de contre-vérification douanière, fiscale, parafiscale et comptable vérifie, au


second degré, toutes les situations douanières, fiscales, parafiscales et comptables
soumises à la vérification des organes de contrôle interne des autres services publics de
l'État, soit en cas de découverte d'une fraude lors de l'exécution normale d'une mission
de contrôle ou de vérification, soit sur réquisition des autorités politiques et
administratives, soit sur réquisition des autorités judiciaires, soit, enfin, sur dénonciation
des tiers.
Les brigades mixtes et/ou ponctuelles sont chargées des missions particulières leur
confiées.
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Article 12.
L’Inspection générale des finances accomplit toute autre enquête ou mission de
contrôle, de vérification, de contre-vérification et de surveillance des régies financières de
l'État et de tous autres services, organismes, établissements publics de l'État, ordonnées soit
sur instruction du président de la République, soit sur réquisition des autorités politiques et
administratives, soit sur réquisition des autorités judiciaires ou sur dénonciation des tiers.

CHAPITRE QUATRIÈME DISPOSITIONS ABROGATOIRES


Article 13.
Sont abrogées, toutes les dispositions antérieures contraintes à la présente
ordonnance, notamment l’ordonnance 68-015 du 6 janvier 1968 portant création du corps
spécial d’inspecteurs des finances.

Article 14
Le vice-président commissaire d’État chargé des finances est chargé de l’exécution
de la présente ordonnance, qui entre en vigueur à la date de sa signature.
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REFERENCEMENTS
1. Textes relatifs aux marchés publics
 Loi n°10/010 du 27 avril 2010 relatives aux marchés publics : 85 articles, p. 3-33 ;
 Décret n°10/22 du 02 juin 2010 portant manuel de procédures de la loi relative aux
marches publics, 204 articles, p. 35-116 ;
 Décret n°10/27 la 28/06/2010 portant création, organisation et fonctionnement de la
direction générale du contrôle des marches publics : 45 articles, p. 118-136 ;
 Décret n°10/21 du 02 juin 2010 portant création, organisation et fonctionnement de
l’autorité de régulation des marches publics, en sigle « ARMP », 78 articles, p. 138-
172.
2. Textes relatifs à la fonction publique
 Loi n° 16/013 du 15 juillet 2016 portant statut des agents de carrière des services
publics de l’Etat, 143 articles, p. 175-222 ;
 Décret-loi n°017/2002 du 3 octobre 2002 portant code de conduite de l’agent public
de l’Etat, 33 articles, p. 224-235.
3. Textes relatifs au contrôle
 Loi-organique n°16-027 du 15 octobre 2016 portant organisation, compétence et
fonctionnement des juridictions de l’ordre administratif, 408 articles, p. 238-336 ;
 Loi-organique n° 18/024 du 13 novembre 2018 portant composition, organisation et
fonctionnement de la cour des comptes, 296 articles, p. 338-476 ;
 Ordonnance n° 87-323 du 15 septembre 1987 portant création de l’inspection
générale des finances, en abrégé « I.G.F », 14 articles, p. 478-783.

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