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Chapitre II : La Contribution des patentes et licences

1. Introduction
La contribution des patentes ou patente est un impôt direct. Elle est due par les
entreprises et son produit alimente les budgets locaux. C’est la première taxe qui
est réclamé aux entreprises dès le début de l’activité (sauf exonération suivant
les nouvelles dispositions du CGI)
Art.130.- Toute personne malienne ou étrangère qui exerce au Mali un commerce,
une industrie, une profession non explicitement compris dans les exemptions
déterminées à l’article 131 du présent Code est assujettie à la contribution des
patentes.
Elle frappe toute profession exercée habituellement dans un but lucratif
1.1. Personnes imposables
En principe, la patente est due chaque année par toutes les personnes morales ou
physiques qui exercent au Mali à titre habituel une activité professionnelle non
salariée : activité industrielle, artisanale, commerciale, agricole ou profession
libérale à l’exception des activités expressément comprises dans les exemptions.
Cette détermination des personnes imposables fait appel à certaines
observations. Pour qu’il y ait imposition à la patente, il faut que l’activité :
 Soit exercée à titre habituel, ce qui exclut les opérations accidentelles ou
occasionnelles ainsi que les opérations de simple gestion du patrimoine ;
 Ait un caractère professionnel ;
 Soit exercée dans un but lucratif, c'est-à-dire que la recherche de
bénéfices doit être le but recherché même s’il n’est pas effectivement
réalisé ;
 Soit exercée au Mali c'est-à-dire dans des établissements stables (à
l’exception de la patente sur marché).
NOTA : Notion d’établissement stable
Parfois des difficultés apparaissent quand des entreprises exercent leurs activités
au Mali sans y posséder d’établissements stables. Il faut noter qu’il y a
établissement lorsque les trois conditions suivantes simultanément emplies :
 L’existence d’une installation permanente ;
 Génératrice de résultat et
 Dotée d’une certaine autonomie.
Par dérogation, l’article 142 CGI prévoit que les entrepreneurs de travaux
publics étrangers, alors même qu’ils ne posséderaient pas d’établissement au
Mali, sont imposés à la patente.
1.2. Les exonérations
La contribution des patentes comporte de nombreuses exonérations dont
certaines sont permanentes et d’autres temporaires.
1.2.1. Les exonérations permanentes
Les exonérations permanentes sont prévues par l’article 131 du CGI.
Parmi elles, nous pouvons citer notamment :
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1. Les activités exercées par l’État, les collectivités locales et les
établissements publics ;
2. Les personnes morales bénéficiant de l’exonération de l’impôt sur le
bénéfice en vertu de l’article 47 du CGI ;
3. Les personnes assujetties à l’impôt synthétique ;
4. Les exportateurs de bétail au titre de cette seule activité ;
1.2.2. Les exonérations temporaires
Des exonérations temporaires sont prévues pour certaines personnes et les
activités nouvelles. Il s’agit notamment :
1. De l’exonération au titre de la première année civile d’activité pour les
entreprises nouvellement créées (art 131 in fine CGI) ;
2. Art.132.- 1) Les personnes physiques âgées de moins de 40 ans et titulaires
d’au moins un diplôme professionnel délivré par un établissement professionnel
agréé, ainsi que les personnes morales et groupements constitués uniquement de
ces personnes physiques qui entreprennent une profession qui les rend passibles
de la contribution des patentes bénéficient, en ce qui concerne la patente, d’une
exonération de dégressive sur les trois premières années civiles :
· 100 % pour leur première année civile d’activité ;
· 50 % pour leur deuxième année civile d’activité ;
· 25 % pour leur troisième année civile d’activité.
2) Les agents de la Fonction Publique partant volontairement à la retraite et les
salariés des secteurs public et privé, ayant fait l’objet d’un licenciement pour motif
économique qui entreprennent pour leur propre compte, sous forme individuelle ou
sous forme sociétaire, une profession qui les rend passibles de la contribution des
patentes, bénéficient des mêmes avantages.
Un arrêté conjoint des Ministres chargés respectivement des Finances, de
l’Éducation nationale et de l’Emploi et de la Formation professionnelle détermine
les modalités d’application du présent article.
Art.133.- Les commerces, industries et autres professions non compris dans les
exemptions et non dénommés dans le tarif des patentes sont assujettis à la patente
d’après l’analogie des opérations, suivant décision du Chef de Centre des Impôts.
En cas de contestation, l’assimilation devra être prononcée par décision du
Directeur Général des Impôts, du Directeur des Impôts du District, du Directeur
Régional des Impôts ou du Sous-Directeur des Grandes Entreprises, selon le cas.
Les modalités d’application de cette exonération sont déterminées par arrêté
interministériel.
Sont exonérées de droits de patente professionnelle et des cotisations connexes
dus au titre de la première année civile d’activité les entreprises nouvellement
créées et non éligibles au code des investissements, au code minier et à la loi sur
la promotion immobilière.
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1.2.3. Détermination de la base d’imposition
a) Principe
L’assiette de la patente est constituée par deux éléments :
1. Un droit fixe (ou une taxe déterminée et taxe variable) et
2. Un droit proportionnel sur la valeur locative des locaux professionnels.
Ces droits sont réglés conformément aux tableaux A, B et C annexés au présent
chapitre
b) Contenu des deux éléments
 Le droit fixe
Le droit fixe ou la taxe déterminée et la taxe variable sont établis à partir des
éléments liés à la profession et sont donnés au Tableau A, B et C du tarif des
patentes.
Notons que pour le tableau B, le droit fixe est formé par la taxe variable et la
taxe déterminée.
D’abord, il ya une répartition du territoire en trois zones :
 Première zone : District de Bamako
 Deuxième zone : Chefs des lieux de régions ;
 Troisième zone : Autres localités.
Ensuite les droits fixes sont donnés en fonction de critères tels que : le chiffre
d’affaires, la nature de l’activité, le montant des importations, ou d’autres
éléments déterminant la productivité.
Le nombre ou le montant de droits fixes et par conséquent de patentes à payer,
est fonction du nombre d’établissements exploités ou de nombre d’activités
menées.
En effet, la détermination du droit fixe suscite particulièrement des difficultés
quand plusieurs professions sont exercées dans le même établissement ou
lorsque la même activité est exercée dans plusieurs établissements (un seul droit
fixe, en l’occurrence le plus élevé, est dû lorsque plusieurs activités sont
exercées dans le même établissement)
 Le patentable payera autant des droits fixes, donc de patentes que
d’établissement distincts exploités.
Remarque importante : Dans la pratique, pour les professions dont le droit fixe
est déterminé en fonction du chiffre d’affaires, c’est le chiffre d’affaires de N-2
qui est utilisé pour calculer la patente de l’année N sous réserve de
régularisation.
 Le droit proportionnel
Le droit proportionnel est calculé à partir de la valeur locative des immeubles
servant à l’exercice de la profession. Il est déterminé même si les immeubles ne
sont pas loués ou occupés par leurs propriétaires. La valeur locative est
déterminée comme en matière d’impôt sur les revenus fonciers ; c’est- à dire :
 Pour les immeubles : au moyen des baux authentiques ou des locations
verbales ;
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 Pour les immeubles loués : ou insuffisamment déclarés : par
comparaison ;
 Pour installations industrielles : par évaluation directe et chaque fois que
les deux méthodes précédentes ne peuvent être appliquées. Dans ce cas, la
valeur locative ne peut être inférieure à 5% de la valeur d’acquisition de
l’élément avant amortissement.
Le droit proportionnel est fixé à 10% de la valeur locative ainsi déterminée. Ce
droit ne peut en aucun cas être inférieur au ¼ du droit fixe
Depuis l’entrée en vigueur de la gestion des impôts et taxes par l’informatique
(SIGTAS), les patentes sont classées en fonction de leurs modalités de calcul.
 Patente CIA (commerçant, industriel, artisan)
 Patente import-export ;
 Patente vente carburant ;
 Patente chemin de fer ;
 Patente eau et énergie ;
 Patente transport aérien ;
 Patente sur marché.
1.2.4. La liquidation et le recouvrement de la patente
o Procédure de détermination des éléments d’imposition
Les éléments d’impositions (chiffres d’affaires, nombre d’ouvriers, montant des
impositions, etc.) sont obtenus à partir des déclarations de bénéfice faites par les
redevables. La période de référence à retenir pour déterminer la base imposable
(le droit fixe principalement) est l’avant dernière année civile au titre de laquelle
le chiffre d’affaires est connu. Par exemple, ce sont les chiffres d’affaires de
2017, déclarés en 2018 qui servent de base pour la patente 2019 en ce qui
concerne la première imposition.
Très généralement, les valeurs locatives sont déterminées lors des travaux de
recensement pour fixer l’assiette des différents impôts et taxes (impôt sur les
revenus fonciers, impôt synthétique, etc.)
o Liquidation de la patente :
Le montant de la patente est obtenu en faisant la somme du droit fixe et du droit
proportionnel :

Droit de patente = Droit fixe + Droit proportionnel

A ce droit de patente, s’ajoutent les droits connexes suivants :


 La cotisation chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM) ou
chambre des métiers (APCM) ou la chambre des mines fixée à 10% des
droits de patente (sauf pour les professions libérales et autres ne relevant
pas de ces chambres).
 La taxe voirie (TV) : 5% des droits de patente.
Le montant total à payer est donc généralement le suivant :
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Montant avertissement = Droit de patente + cotisation CCIM ou APCM ou
CM + TV

Les taxes
- La taxe de voirie
Art.151.- La Taxe de Voirie est due par les personnes physiques ou morales
assujetties à la patente et les familles vivant à l’intérieur d’une concession.
Le taux maximum de ladite taxe est, selon le cas, fixé à :
· 5 % du montant des droits de patente professionnelle ;
· 3.000 FCFA par an et par famille vivant à l’intérieur d’une concession dans le
District de Bamako ;
· 2.000 FCFA par an et par famille vivant à l’intérieur d’une concession dans les
autres localités du pays.
Pour le cas des familles, l’émission et le recouvrement de la Taxe de Voirie
peuvent être assurés conjointement avec la Taxe de Développement Régional et
Local.
Un Arrêté du Ministre chargé des finances fixe les modalités d’application du
présent article.
- La taxe de développement régional et local
Art.152.- La Taxe de Développement Régional et Local est due pour l’année
entière par toutes personnes âgées de plus de quatorze ans, résidant au Mali au
1erjanvier de l’année d’imposition ou y fixant leur résidence dans le courant de
l’année d’imposition.
Art.153.- Sont exemptés de la Taxe de Développement Régional et Local :
1) Les hommes de troupe.
2) Les indigents.
Sont réputés indigents, les habitants qui, se trouvant sans ressources, sont par leurs
infirmités dans l’impossibilité de se livrer à aucun travail.
La situation d’indigent doit faire l’objet d’une enquête sanctionnée par une décision
du Chef de Village ou du Chef de Fraction après avis du Conseil de Village ou du
Conseil de Fraction ou par décision du Maire sur proposition du Chef de Quartier
après avis du Conseil de Quartier.
3) Les élèves des écoles et les étudiants à temps complet.

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4) Les personnes âgées de plus de soixante ans au 1er janvier de l’année
d’imposition.
5) Les invalides du travail dont le degré d’invalidité est égal ou supérieur à 50 %.
6) Les personnes en traitement régulier pour les maladies sociales dont la liste fait
l’objet d’un arrêté conjoint des Ministres chargés respectivement des finances et de
la santé.
7) Les agents diplomatiques et consulaires des nations étrangères sous réserve que
les pays qu’ils représentent accordent des avantages analogues aux agents
diplomatiques et consulaires maliens.
8) Les femmes ayant fait au moins quatre maternités.

o Le recouvrement de la patente
La patente est, comme les autres impôts directs, établie par voie de rôle ou état
de liquidation. Le contribuable reçoit un avertissement lui indiquant le montant à
payer, la date limite de paiement et le lieu de paiement.
La patente est annuelle et personnelle. Elle doit être acquittée, pour les
patentables exerçant au 1er Janvier de l’année d’imposition, avant le 1er mai.
Le paiement de la patente est justifié par une formule de patente, extraite d’un
carnet à souches, délivrée au contribuable après paiement intégral des droits
portés sur l’avertissement, majorés éventuellement des pénalités encourues. La
formule ainsi délivrée doit être affichée à l’intérieur des locaux respectifs et est
valable jusqu’au 31 Décembre de l’année en cours.
o Les sanctions
Pour les patentables exerçant au 1er Janvier, le paiement de la patente après le 30
avril ou le défaut de paiement donnent lieu à l’application d’un amende égale au
montant des droits de patente (à l’exclusion des droits connexes) comme
sanction d’assiette. A cette sanction s’ajoute la majoration de 10% au titre des
intérêts de retard.
Le total des sanctions est alors de 110% des droits de patente.
o Dispositions particulières
 Réduction sur Patente Import – Export :
Pour les contribuables du Tableau C (patente d’importation exportation), le droit
fixe est réduit de :
 De 50% pour un patentable dont le montant des affaires est constitué à
50% d’affaires à l’exportation ;
 De3/4 (75%) pour un patentable dont le montant des affaires est constitué
à 100% d’affaires à l’exportation (exportation uniquement).
 Patente sur marché :
En dehors de la patente professionnelle payée annuellement, les entreprises
ayant bénéficié de marchés publics doivent acquitter la patente sur marché
(Tableau B première partie).
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Par marchés publics il faut entendre la fourniture de biens ou de services conclus
avec des services publics ou établissements publics administratifs et cela quels
que soient le mode d’adjudication et le montant.
C’est le montant des encaissements annuels qui sert de base de calcul de la
patente. Elle se compose, comme la patente professionnelle, d’un droit
proportionnel et d’un droit fixe ;
Droit proportionnel : 10% de la valeur locative annuelle ou ¼ du droit fixe ;
Droit fixe : il ya deux taux applicables aux montants des marchés, selon la
nature de ces derniers ;
 Marchés de fourniture de biens, transport : 2%
 Marchés de travaux publics (BTP) et services : 2,5%
Les montants encaissés au cours d’une année (N) doivent être déclarés au plus
tard le 31 Janvier de l’année suivante (N+1).
Le défaut de déclaration est sanctionné par une amende de 100% des
droits dus.
La patente sur marchés est diminuée de la patente professionnelle acquittée au
titre de la même année au cas où elles sont toutes deux affectées au même
budget.
Remarque :
Le ¼ du droit fixe étant généralement dans ce cas plus élevé que les 10% de la
valeur locative, il suffit d’appliquer les taux suivants aux montants des
encaissements pour obtenir le montant de la patente sur marchés (droit fixe +
droit proportionnel) :
 Marchés de fourniture de biens, transport : taux à appliquer 2,5%
 Marchés de travaux publics et services : taux à appliquer 3,125%
o La contribution des licences
En plus de la patente et indépendamment de celle-ci, toute personne physique ou
morale se livrant à la vente en gros ou au détail des boissons alcooliques ou
fermentées, soit à consommer sur place, soit à emporter, est assujettie à un droit
de licence.
La licence ne comporte qu’un droit fixe qui est fonction de la nature de l’activité
et du lieu d’exercice de celle-ci. Le tarif est fixé au Tableau D en quatre classes
et par zones : Bamako, chefs-lieux de Région et autres localités.
Toutes les obligations déclaratives et paiement ainsi que les sanctions en matière
de patente sont applicables à la licence.
Les contribuables assujettis à l’impôt synthétique sont exemptés de licence.
La licence est aussi annuelle et son produit alimente les budgets locaux.

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