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Université Lille 2

Centre universitaire La Forêt


Licence Pro Management

Mlle Doriane HALLIEZ

Les sources du droit commercial


Actes de commerce

Cour de cassation
chambre civile 1
Audience publique du mercredi 29 février 2012

Sur le moyen unique, pris en ses deux premières branches :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Poitiers, 17 décembre 2010), que, par actes du 29 août 2008, M.
et Mme X..., qui étaient retraités, ont consenti à Mme Y... un bail commercial et la cession de
leur fonds de commerce ; qu'un litige étant né sur l'exécution des obligations contractuelles,
Mme Y... a mis en œuvre la clause compromissoire qui était insérée dans ces actes et désigné
un arbitre ; que M. et Mme X... s'y étant refusé, Mme Y... a saisi le président du tribunal de
commerce de Niort, qui a rejeté sa demande de désignation du deuxième arbitre ;

Attendu que Mme Y... fait grief à l'arrêt de confirmer l'ordonnance, alors, selon le moyen :

1°/ que, sous réserve des dispositions législatives particulières, la clause compromissoire est
valable dans les contrats conclus à raison d'une activité professionnelle exercée par une seule
des deux parties contractantes ; que pour accueillir la demande des époux X... en nullité de la
clause compromissoire insérée dans les actes de cession de fonds de commerce et de bail
commercial, la cour d'appel a énoncé que chacun des deux contractants devait être concerné
par l'activité professionnelle au regard de laquelle la clause compromissoire avait été
acceptée, ce qui n'était pas le cas des époux X..., retraités au moment de la conclusion des
deux contrats ; qu'en exigeant un "bilatéralisme" de l'activité professionnelle par l'exercice par
les deux parties contractantes d'une activité professionnelle lors de la conclusion des deux
actes juridiques, la cour d'appel a ajouté une condition qu'il ne comporte pas à l'article 2061
du code civil violant ainsi cet article ainsi que l'article 1444 du code de procédure civile ;

2°/ qu'il est constant que les conditions auxquelles est subordonnée la validité d'une clause
compromissoire visent à éviter qu'une partie faible ne se fasse imposer une telle clause ;
qu'une partie à la retraite d'une activité professionnelle bénéficie d'une expérience qui interdit
de voir en elle une partie faible ; qu'en affirmant que des parties avaient conclu des clauses
compromissoires en dehors de leur activité professionnelle du seul fait qu'elles étaient à la
retraite, la cour d'appel a violé l'article 2061 du code civil ;

Mais attendu qu'ayant relevé que M. et Mme X... n'exerçaient plus aucune activité
professionnelle, la cour d'appel en a déduit, à bon droit, que les contrats n'ont pas été conclus
en raison d'une activité professionnelle au sens de l'article 2061 du code civil, de sorte que la
clause compromissoire était nulle et de nul effet ; que les griefs ne peuvent être accueillis ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur la troisième branche qui n'est pas de
nature à permettre l'admission du pourvoi ;
REJETTE le pourvoi ;
Condamne Mme Y... aux dépens ;

Vu l'article 700 du code de procédure civile, rejette les demandes ;


Cas pratiques : Actes de commerce

M. Dumortier a commandé à la SARL Copie + des brochures dont il n’a jamais versé le
prix, la société veut donc assigner M. Dumortier en justice pour obtenir le paiement des
brochures qu’elle lui a vendues. La question qui se pose alors est de savoir devant quelle
juridiction et avec quelles règles applicables. Et pour y répondre, il s’agit de déterminer si
l’acte qui les lie est un acte de commerce ou non.

Maurice, un commerçant, a fait l’acquisition d’un téléviseur, dont il veut se servir dans sa
maison mais aussi dans son bar, chez un ami commerçant lui aussi qui lui avait promis une
ristourne d’une certaine somme qui ne s’est jamais matérialisée sur la facture. Mais Maurice a
payé le prix en tenant compte de la ristourne dont ils avaient convenu. Pourtant, son ami lui
demande de verser la totalité de la somme. Maurice décide de l’assigner en justice mais ne
sait pas devant quelle juridiction. La question qu’il faut avant tout se poser pour lui répondre
est de savoir si l’acte qui les lie est de nature civile ou commerciale.

Un industriel a vendu un four à un artisan qui ne lui a pas versé le paiement de la machine.
C’est pour cela que le vendeur assigne Guillaume, l’artisan, en paiement de cette dernière
devant le tribunal de commerce. Cependant, Guillaume étant artisan, il ne peut être en
principe assigné devant une juridiction consulaire mais, en l’espèce, certains faits jettent le
doute quant à la véracité de la qualification de notre artisan. La question qui se pose alors est
celle de savoir si Guillaume est effectivement artisan ou s’il est en fait commerçant de fait, ce
qui justifiera son assignation devant le tribunal de commerce.
Preuve d’un acte de commerce

Cour de cassation
chambre commerciale
Audience publique du mardi 22 mars 2011

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Bourges, 24 septembre 2009), que la société Alternagro,
spécialisée dans le commerce d'aliments pour le bétail, a allégué que la société du Haut
Verneuil, par trois appels téléphoniques en date des 5, 12 et 23 novembre 2007, lui aurait
passé trois commandes d'aliments pour le bétail pour des montants respectifs hors taxe de 1
696,80 euros, 1 702,40 euros et 1 696,80 euros ; que, par ordonnance du 13 mai 2008, le
président du tribunal a enjoint à la société du Haut Verneuil de payer à la société Alternagro la
somme de 5 376,72 euros ; que, sur opposition, le tribunal, réformant l'ordonnance, a rejeté la
demande de la société Alternagro ;

Attendu que la société du Haut Verneuil fait grief à l'arrêt de l'avoir condamnée à payer à la
société Alternagro la somme de 5 376,27 euros, alors, selon le moyen :

1°/ qu'il résulte de l'article 1315 du code civil, que nul ne peut se constituer une preuve à soi-
même ; que cette règle doit recevoir application toutes les fois que la preuve d'un acte
juridique n'est pas imputable à celui auquel on l'oppose ; qu'il doit en aller ainsi même lorsque
le demandeur fonde sa prétention sur des documents qui n'émanent pas de lui mais de son
propre sous-traitant ; que pour condamner l'Earl du Haut Verneuil à payer la somme de 5
376,27 euros à la Sa Alternagro, la cour d'appel s'est fondée sur les bons de commandes
adressés par la Sa Alternagro à son mandataire, la société agricole du Vexin Normand, ainsi
que sur des bons de fabrication et de livraisons établis par la société Agricole du Vexin
Normand ; qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;

2°/ que l'article 1315 du code civil, impose à celui qui se prévaut d'une obligation d'en
rapporter la preuve ; que le simple silence opposé à l'affirmation d'un fait ne vaut pas en lui-
même, reconnaissance de ce fait ; que pour reconnaître l'existence des trois ventes, la cour
d'appel s'est fondée sur l'absence de contestation de la part de l'Earl du Haut Verneuil dans sa
lettre adressée à la Sa Alternagro ; qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a inversé la charge de
la preuve et violé le texte susvisé ;

3°/ que selon l'article 1341 du code civil, la preuve d'un acte juridique conclu après le 1er
janvier 2005, d'une valeur supérieure à 1 500 euros, doit être rapportée par écrit ; qu'en outre,
cet écrit doit répondre à la formalité du double original de l'article 1325 du code civil, lorsque
l'acte juridique est un contrat synallagmatique ; que selon l'article L. 110-3 du code de
commerce, ces règles s'appliquent dans les actes mixtes lorsque c'est la partie commerçante
qui entend prouver contre la partie non commerçante ; que si la société anonyme est
effectivement une société commerciale par la forme, l'article L. 324-1 du code rural fait de
l'Earl une société civile ; que dès lors, lorsqu'une société anonyme entend rapporter la preuve
d'un acte juridique d'une valeur supérieure à 1 500 euros à l'encontre d'une Earl, seul l'écrit est
admissible ; que pour faire droit à la demande de la Sa Alternagro et condamner l'Earl du
Haut Verneuil à payer à celle-ci la somme de 5 376,27 euros, la cour d'appel s'est fondée sur
des éléments qui ne constituent pas des écrits, mais qui s'apparentent, au mieux, à un aveu
extrajudiciaire ; qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violé l'article 1341 du code civil,
ensemble les articles L. 110-3 du code de commerce et L. 324-1 du code rural ;

Mais attendu, en premier lieu, que c'est dans l'exercice de son pouvoir souverain
d'appréciation des éléments de preuve qui lui étaient soumis et sans se fonder exclusivement
sur des pièces émanant de la société Alternagro que la cour d'appel a statué comme elle a fait ;

Et attendu, en second lieu, qu'ayant relevé que les trois commandes litigieuses invoquées par
la société Alternagro à l'encontre de la société du Haut Verneuil portaient sur des ventes
d'aliments pour le bétail, la cour d'appel, usant de son pouvoir souverain d'appréciation de
l'impossibilité morale de se procurer une preuve littérale de l'acte juridique résultant de l'usage
en matière agricole qui autorise les parties à conclure verbalement les ventes d'aliments pour
le bétail, a estimé que ces commandes pouvaient être faites par téléphone et ne pas être
concrétisées par un écrit daté et signé par le client, la société du Haut Verneuil ;

D'où il suit que le moyen ne peut être accueilli en aucune de ses branches ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Condamne la société du Haut Verneuil aux dépens ;

Vu l'article 700 du code de procédure civile, condamne la société du Haut Verneuil à payer à
la société Alternagro la somme de 2 500 euros et rejette sa demande ;
Compétence du tribunal de commerce

Cour de cassation
chambre commerciale
Audience publique du mardi 10 juillet 2007

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Versailles, 27 avril 2006), rendu sur contredit, que M. Pierre
X..., en son nom et en se portant fort des autres actionnaires, a cédé à la société AFAC la
totalité des actions composant le capital de la société anonyme d'expertise comptable Cabinet
Pierre X..., devenue la société X... et associés ; que la convention de cession comportait un
engagement des cédants de s'interdire pendant dix ans d'exercer aucune prestation de services
auprès des clients ; que s'estimant victimes d'une violation de la clause de non-concurrence, la
société X... et associés, ses dirigeants, M. Y... et Mme Z..., et la société AFAC ont assigné M.
Pierre X..., son épouse, Mme A... (M. et Mme X...), leur fils M. Hervé X... et les sociétés ABS
entreprise, MAV consulting, Cabinet B... et M. B... devant le tribunal de commerce en
paiement de dommages-intérêts ; que cette juridiction a rejeté l'exception d'incompétence en
faveur du tribunal de grande instance ;

Attendu que M. et Mme X... font grief à l'arrêt d'avoir confirmé le jugement du tribunal de
commerce en ce qu'il s'est déclaré compétent pour connaître des demandes formées par M.
Y... et Mme Z... alors, selon le moyen :

1°/ que les achats de meubles en vue de leur revente ne sont réputés actes de commerce au
sens de l'article L. 110-1 du code de commerce que si l'achat a été effectué à des fins
spéculatives ; qu'en énonçant que la seule cession des actions de la société d'expertise
comptable X... et associés était réputée acte de commerce par application de ces dispositions,
sans constater leur achat préalable dans un but spéculatif, la cour d'appel a violé le texte
susvisé, ensemble les articles L. 411-4 et R. 311-1 du code de l'organisation judiciaire ;

2°/ que la cession d'action modifiant le contrôle d'une société n'est assimilée à un acte de
commerce que si elle couvre une cession d'un fonds de commerce ; que tel n'est pas le cas de
la cession d'une société d'exercice d'une profession libérale à laquelle ne peut être attaché
aucun fonds de commerce ; qu'en estimant néanmoins que la cession de la société d'exercice
d'expertise comptable, profession libérale, devait être assimilée à un acte de commerce, la
cour d'appel a violé les articles L. 411-4 3° et R. 311-1 du code de l'organisation judiciaire ;

3°/ que les litiges relatifs à un acte de commerce ne relèvent de la compétence commerciale
qu'à l'égard des parties qui l'ont conclu ; en sorte qu'en justifiant la compétence commerciale
pour connaître de l'action introduite par M. Y... et Mme Z..., par la seule circonstance
inopérante qu'ils étaient co-demandeurs aux côtés des sociétés signataires de l'acte de cession
de parts, la cour d'appel a violé derechef les textes susvisés ;

4°/ que les litiges relatifs à la cession de la totalité des parts sociales d'une société
commerciale n'entrent dans le champ d'application de l'article L. 411-4 2° du code de
l'organisation judiciaire que s'ils opposent les parties à l'acte de cession ; que par suite,
vainement justifierait-on l'arrêt par les dispositions de l'article L. 411-4 2° dont la cour d'appel
ne pouvait, sans les violer, faire application en présence d'un acte de cession auquel ni M. Y...
et Mme Z... n'étaient parties ;

Mais attendu qu'aux termes de l'article L. 411-4 2° du code de l'organisation judiciaire,


devenu l'article L. 721-3 2° du code de commerce, les tribunaux de commerce connaissent des
contestations relatives aux sociétés commerciales ;

Attendu que selon les constatations de l'arrêt, le litige qui oppose les cédants des actions d'une
société anonyme aux dirigeants de la société cédée, porte sur la clause de non-concurrence
contenue dans la convention de cession, ce dont il résulte qu'en application du texte précité, ce
litige, né à l'occasion d'une cession de titres d'une société commerciale, relève de la
compétence du tribunal de commerce ; que par ces seuls motifs, abstraction faite de ceux
critiqués par le moyen, l'arrêt se trouve justifié ; que le moyen ne peut être accueilli en aucune
de ses branches ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Condamne M. et Mme X... aux dépens ;

Vu l'article 700 du nouveau code de procédure civile, rejette leur demande et les condamne à
payer à M. Y... et Mme Z... la somme globale de 2 000 euros ;
Cas pratiques : Artisan et agriculteur

Partie 1 :
Les frères Marc et Paul Cola ont créé en 1993 une petite entreprise de fabrication de
confitures. Ils sont inscrits au répertoire des métiers. Ils réalisent des achats importants de
fruits et de sucre. Depuis 1999, ils revendent les produits d’un autre fabriquant, ce qui les
contraints à embaucher un certain nombre de salariés.
Au cours de l’année 2002, ils achètent à un retraité, Julien, une camionnette. Devant
plusieurs témoins, les intéressés se mettent d’accord sur les conditions suivantes : le prix est
fixé à 3000 euros, payable comptant à concurrence de 750 euros et le solde en trois termes
égaux. Aucun écrit n’a été rédigé. Julien remet aux frères Cola la camionnette et reçoit un
chèque de 750 euros.
A l’arrivée du premier terme, les frères cola ne paient pas. Julien apprend que Marc a quitté
la région et Paul prétend qu’il ne lui doit plus rien.
Julien vous demande comment prouver l’existence de la dette et s’il peut obtenir la
condamnation de Paul au paiement du solde restant.

Partie 2
Déçus par leur vie citadine, les époux Kas décident de rejoindre Jean qui possède un
important cheptel. Ils souhaitent participer à l’exploitation à condition de ne prendre aucun
risque commercial.
Cependant, les herbages étant insuffisants, Jean achète de grandes quantités d’aliments. De
plus, il vend des fromages fabriqués à partir du lait de brebis.
L’exploitation de Jean a-t-elle une nature civile ou commerciale ?

Cas pratique 1 : les cours de théâtre

Résumé : En l’espèce, Guy et Ali organisent des cours de théâtre dans un château du Gers.
Les stagiaires participants aux cours peuvent se restaurer et dormir sur place. Guy et Ali
organisent également des spectacles, auxquels les stagiaires participent. Deux ans auparavant,
la tante de Guy, Ella a prêté 20 000€, sans aucune formalité et en liquide, pour qu’ils puissent
ainsi démarrer leur activité. Sarah, une amie, était présente durant la remise de cette somme.

Cas pratique 2 : l’agriculteur

Résumé : En l’espèce, Sam Férir, agriculteur dans la région de Clermont-Ferrand, élève une
centaine de vaches qu’il nourrit à l’aide d’un complément alimentaire fourni par la société
Morvach. De plus, il vend quelques produits, fruits de son exploitation, sur les marchés.

Cas pratique 3 : l’association

Résumé : En l’espèce, une association ayant pour objet le développement des relations
culturelles entre la France et la Chine a été créée. Régulièrement, elle organise des séances
cinématographiques pour faire connaître la culture de la Chine au grand public.
Activité agricole

Cour de cassation
chambre commerciale
Audience publique du mardi 13 juillet 2010

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 17 juin 2009 n° 0711968) que la société civile
d'exploitation agricole X... Frères (la SCEA) a pour objet statutaire l'exploitation de la ferme
du Tronchet ainsi que tous autres fonds ruraux qui pourront être pris à bail ou acquis par la
société et, généralement, toutes les opérations mobilières ou immobilières pouvant se
rattacher directement à cet objet, pourvu que ces opérations ne modifient pas le caractère civil
de la société ; qu'elle a pour associés Mme Marie-Thérèse X... et Mme Marcelle X..., veuve
Y... (Mmes X...), respectivement titulaires de 47,5 % et 5 % des parts représentant le capital
social, et M. Jean X..., titulaire de 47,5 % des parts ;

Attendu que la SCEA et Mmes X... font grief à l'arrêt d'avoir déclaré nulle la décision de
l'assemblée générale ordinaire de la SCEA du 15 mars 2004 ayant approuvé le changement
d'affectation d'un bâtiment, sa restauration et les modalités de financement de celle-ci, alors,
selon le moyen :

1°/ qu'aux termes des statuts de la SCEA, la société avait pour objet «l'exploitation de la
grande ferme du Tronchet qui sera prise à bail par la société ainsi que tous autres fonds ruraux
qui pourront être pris à bail par la société, l'acquisition et l'exploitation de tous autres biens
ruraux notamment par l'achat de maisons destinées au logement du personnel de la ferme et,
généralement toutes les opérations mobilières ou immobilières pouvant se rattacher
directement à l'objet précité, pourvu que ces opérations ne modifient pas le caractère civil de
la société» ; qu'aux termes des mêmes statuts, le gérant avait pour mission d'administrer le
domaine et les biens de la société en bon père de famille en assurant la conservation et le
développement du patrimoine social ; que dès lors, la restauration et l'aménagement de
bâtiments agricoles non utilisés pour l'exploitation des terres, qui permet à l'exploitant
agricole d'assurer la conservation desdits bâtiments en les rentabilisant, correspond à l'objet
social en ce qu'ils assurent l'exploitation des biens ruraux au même titre que l'achat de
maisons destinées au logement du personnel de la ferme, expressément visé par les statuts ;
que dès lors, en décidant que la décision de transformer le dernier bâtiment de la propriété du
Tronchet en une salle de réception en liaison avec l'activité hôtelière exercée dans la plus
grande partie des autres bâtiments avait achevé de faire de l'activité hôtelière l'activité
prépondérante de la SCEA et modifié l'objet social , la cour d'appel a violé lesdits statuts et
l'article 1134 du code civil ;

2°/ qu'aux termes de l'article L. 311-1 du code rural, sont réputées agricoles, notamment, les
activités exercées par un exploitant agricole qui sont dans le prolongement de l'acte de
production ou qui ont pour support l'exploitation ; que ce texte répute civils des actes de
manufacture, de location ou de services qui, en vertu de l'article L. 110-1 du code de
commerce constituent des actes de commerce, sous réserve qu'ils soient accomplis par un
exploitant agricole et qu'ils aient, notamment, pour support l'exploitation ; que dès lors, en
mettant en valeur une partie de son corps de ferme en le louant à des tiers, la SCEA, qui
exploite par ailleurs près de 120 hectares de terres agricoles, a incontestablement réalisé une
activité relevant du secteur agricole, de nature civile, conforme aux statuts de la SCEA ; qu'en
décidant néanmoins, pour annuler la décision prise par l'assemblée générale du 15 mars 2004,
que les travaux litigieux seraient, en tout état de cause, contraires à l'objet social puisque
visant à une affectation commerciale du bâtiment rénové, la cour d'appel a violé l'article L .
311-1 du code rural ;

Mais attendu qu'après avoir relevé que, selon ses statuts, l'objet de la SCEA est exclusivement
agricole, l'arrêt retient que l'activité à vocation agricole de la SCEA a progressivement
régressé au profit d'une activité hôtelière sans rapport avec l'activité agricole et devant être
qualifiée de commerciale puisque consistant, sur toute l'année, en entreprise de réceptions
privées et séminaires avec organisation ponctuelle de concerts et location de salles, chambres
et logements ; que l'arrêt précise que ces activités représentent, selon le rapport de l'expert
mandaté par M. X..., "les deux tiers du chiffre d'affaires" ; que l'arrêt relève encore que ce
document indique que "les bâtiments n'ont plus aujourd'hui de vocation agricole et constituent
un ensemble hôtelier à part entière" ; qu'il ajoute que la décision prise par l'assemblée
litigieuse de transformer le dernier bâtiment de la propriété du Tronchet non encore exploité à
usage hôtelier en une salle de réception en liaison avec l'activité hôtelière exercée de fait dans
la plus grande partie des autres bâtiments a achevé de faire de l'activité hôtelière l'activité
prépondérante de la SCEA ; qu'en l'état de ces constatations et appréciations, desquelles il
résulte, d'un côté, que les prestations d'hôtellerie fournies à titre habituel par la SCEA, étant
dépourvues de lien avec l'activité agricole, n'avaient pas pour support l'exploitation et, de
l'autre, que la décision d'affecter à l'activité hôtelière le dernier bâtiment non encore exploité à
cette fin était contraire aux statuts en ce qu'elle portait atteinte au caractère civil de l'objet
social, la cour d'appel, qui a constaté que la décision litigieuse n'avait pas été prise aux
conditions requises pour les modifications statutaires, a justement retenu que cette décision
était nulle ; que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Condamne la SCEA et Mmes X... aux dépens ;

Vu l'article 700 du code de procédure civile, rejette les demandes ;


Artisan

Cour de cassation
chambre commerciale
Audience publique du mardi 11 mars 2008

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Versailles, 14 septembre 2006), que M. X..., salarié de la
société Technigaz entretien, a donné sa démission ; qu'il s'est alors installé à son compte en
qualité de plombier chauffagiste ; que la société Technigaz entretien l'a assigné aux fins de
cessation d'agissements de concurrence déloyale ; que M. X... se prévalant de son statut
d'artisan a soulevé l'incompétence du tribunal de commerce au profit du tribunal de grande
instance ;

Attendu que la société Technigaz entretien fait grief à l'arrêt d'avoir dit que le tribunal de
commerce était incompétent pour statuer sur les demandes qu'elle avait formées à l'encontre
de M. X... et d'avoir renvoyé la cause et les parties devant le tribunal de grande instance,
alors, selon le moyen, que l'activité de fourniture de services, non exclusivement intellectuelle
et exercée à titre habituel et lucratif, revêt un caractère commercial ; qu'en estimant que M.
X..., plombier chauffagiste, ne pouvait être qualifié de commerçant, tout en relevant que
l'intéressé exerçait à titre habituel et lucratif une activité de "production, transformation et
prestations de services", à laquelle s'ajoutait une activité accessoire "d'achat de matières
premières elles-mêmes revendues", ce dont il résultait que M. X... avait bien la qualité de
commerçant, la cour d'appel n'a pas tiré les conséquences légales de ses constatations et a
violé l'article L. 110-1,6° du code de commerce ;

Mais attendu que l'arrêt retient que M. X... travaillait seul, sans l'apport d'une main d'œuvre
interne ou externe, qu'il exerçait de manière prépondérante une activité de production,
transformation et prestation de services dont il tire l'essentiel de sa rémunération, et que
l'achat pour revendre de marchandises représentait, pour l'année 2004, pour lui seulement
l'équivalent d'environ 5 % de son résultat d'exploitation, c'est-à-dire était accessoire et
marginale ; qu'en l'état de ces constatations et appréciations, la cour d'appel, qui a fait ressortir
que M. X... était un travailleur indépendant dont les gains provenaient essentiellement du
produit de son travail personnel et qu'il ne spéculait ni sur les marchandises ni sur la main
d'œuvre, a pu statuer comme elle a fait ; que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Condamne la société Technigaz entretien aux dépens ;

Vu l'article 700 du code de procédure civile, rejette sa demande, la condamne à payer à M.


X... la somme de 2 500 euros ;
Commerçant

Cour de cassation
chambre commerciale
Audience publique du mardi 5 décembre 2006

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Toulouse, 5 octobre 2004), que suivant contrat dit de partenariat
du 5 février 2001, la société Diagamter a concédé à M. X... le droit d'exploiter, selon ses
méthodes et son savoir-faire et sous l'enseigne Diagamter, une activité d'expert en diagnostic
immobilier (amiante, termites, surface habitable, état des lieux, valeur de l'immeuble...) ; que
lui reprochant de ne plus payer les redevances mises à sa charge par la convention, la société
Diagamter a assigné M X... devant le tribunal de commerce de Toulouse ; que ce dernier a
soulevé l'incompétence de la juridiction saisie au motif qu'il n'était pas commerçant et que la
clause attributive de compétence figurant au contrat ne lui était pas opposable ;

Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt, statuant sur contredit, d'avoir rejeté son exception
d'incompétence au profit du tribunal de grande instance de Bourges alors, selon le moyen, que
l'activité consistant à émettre une opinion sur l'état ou la consistance d'un immeuble, qui ne
comporte ni gestion d'affaires d'autrui, ni fournitures de matériel quelconque, ni mise à
disposition temporaire de main d'œuvre qui soit sous les ordres du client, constitue une
activité civile ; que celui qui exerce une telle activité n'a pas la qualité de commerçant ; que
toute clause qui, directement ou indirectement, déroge aux règles de compétence territoriale
est réputée non écrite à moins qu'elle n'ait été convenue entre des personnes ayant toute
contracté en qualité de commerçant ; qu'en décidant néanmoins, pour décider que la clause
stipulée dans le contrat du 5 février 2001, attribuant compétence au tribunal de commerce de
Toulouse pour connaître du litige, pouvait être opposée à M. X... que celui-ci exerçait une
activité commerciale dès lors que son activité portait, en matière immobilière, sur le
diagnostic d'amiante, l'état parasitaire, le diagnostic thermique et plomb, la détermination de
la surface habitable, l'expertise et la valeur vénale, et de façon générale tous diagnostics et
toutes opérations connexes participant à la pérennité, à l'optimisation et à la transmission du
patrimoine, bien qu'une telle activité, qui ne comporte ni gestion d'affaires d'autrui, ni
fournitures de matériel quelconque, ni mise à disposition temporaire de main d'œuvre qui soit
sous les ordres du client, a la nature d'une activité civile, ce dont il résultait que M. X... n'avait
pas la qualité de commerçant et que la clause attributive de compétence était réputée non
écrite, la cour d'appel a violé les articles L. 110-1 du code de commerce et 48 du nouveau
code de procédure civile ;

Mais attendu qu'après avoir énoncé que l'article L. 110-1 6 du code de commerce répute actes
de commerce "toute entreprise de fournitures", et que cette disposition s'applique à la
fourniture de services, l'arrêt retient que l'activité de M. X..., qui porte sur le diagnostic
d'amiante, l'état parasitaire, le diagnostic thermique et plomb, la détermination de la surface
habitable, l'expertise et la valeur vénale et de façon générale tous diagnostics et toutes
opérations connexes participant à la pérennité, à l'optimisation et la transmission du
patrimoine, entre dans la catégorie des fournitures de service et qu'une telle activité, qui n'est
pas purement intellectuelle, revêt un caractère commercial dès lors qu'elle est exercée à titre
habituel et lucratif ; qu'en l'état de ces constatations et appréciations, la cour d'appel a
légalement justifié sa décision ; que le moyen n'est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Condamne M. X... aux dépens ;

Vu l'article 700 du nouveau code de procédure civile, rejette les demandes ;

Cour de cassation chambre commerciale Audience publique du 2 mai 1972


 
 
SUR LE PREMIER MOYEN : ATTENDU QU’IL EST FAIT GRIEF A L’ARRET DE NE
MENTIONNER, NI L’EXISTENCE D’UN MAGISTRAT RAPPORTEUR, NI CELLE
D’UN RAPPORT ECRIT LU A L’AUDIENCE, ALORS, SELON LE POURVOI, QU’AUX
TERMES DE L’ARTICLE 82 DU CODE DE PROCEDURE CIVILE, LE JOUR DE
L’AUDIENCE, LE JUGE CHARGE DE SUIVRE LA PROCEDURE, SANS FAIRE
CONNAITRE SON AVIS, PRESENTERA UN RAPPORT, ET QUE L’ARRET ATTAQUE
DOIT FAIRE PAR LUI-MEME LA PREUVE DE SA REGULARITE ;
 
 
MAIS ATTENDU QUE L’ARRET ENONCE EXPRESSEMENT QUE MONSIEUR LE
CONSEILLER LAGARDE A ETE ENTENDU EN SON RAPPORT ;
 
 
ATTENDU DE PLUS QUE L’ARTICLE 82 DU CODE DE PROCEDURE CIVILE,
APPLICABLE A LA CAUSE, N’EXIGE PAS QUE LE RAPPORT SOIT ETABLI PAR
ECRIT ;
 
 
D’OU IL SUIT QUE LE MOYEN EST DENUE DE TOUT FONDEMENT ;
 
 
SUR LE DEUXIEME MOYEN, PRIS EN SES TROIS BRANCHES : ATTENDU QU’IL
EST ENCORE REPROCHE A L’ARRET CONFIRMATIF ATTAQUE (RENNES, 8
JANVIER 1970) D’AVOIR, POUR ORDONNER, A LA REQUETE DE LA SOCIETE DES
ETABLISSEMENTS TORREMECANO, LA VENTE AUX ENCHERES PUBLIQUES DU
FONDS DE COMMERCE APPARTENANT A X..., ECARTE LE MOYEN DE DEFENSE
PRIS PAR CE DERNIER DE CE QU’IL N’AVAIT PAS LA QUALITE DE
COMMERCANT, ALORS, SELON LE POURVOI, D’UNE PART, QUE L’ARRET
ATTAQUE MECONNAIT SES PROPRES CONSTATATIONS SELON LESQUELLES
X..., QUI ETAIT INSCRIT AU REGISTRE DES METIERS ET NE PAYAIT PAS LA
PATENTE, N’EMPLOYAIT AUCUN SALARIE, QU’IL EST SANS IMPORTANCE QUE
LA MATIERE PREMIERE N’AIT PAS ETE FOURNIE PAR LES CLIENTS, OU QUE
LES ETABLISSEMENTS TORREMECANO AIENT INDIQUE QUE LES MACHINES
ETAIENT CELLES D’UNE ENTREPRISE MOYENNE ;
 
 
ALORS, D’AUTRE PART, QUE L’ARRET ATTAQUE SE FONDE SUR UN MOTIF
HYPOTHETIQUE POUR ADMETTRE QUE X... POUVAIT SPECULER SUR LA
VALEUR DE LA MARCHANDISE, ALORS, ENFIN, QU’IL SE CONTENTE
D’AFFIRMER QUE X... SPECULAIT SUR LE TRAVAIL DES MACHINES ET LES
INVESTISSEMENTS DESTINES A FAVORISER LA VENTE DE MANIERE
PREPONDERANTE DANS LA DETERMINATION DES BENEFICES, SANS
COMPARER LE ROLE DE CES ELEMENTS AVEC LE TRAVAIL DE X..., QUI
N’EMPLOYAIT AUCUN SALARIE ;
 
 
MAIS ATTENDU QUE LA COUR D’APPEL ENONCE, PAR DES MOTIFS QUI NE
SONT PAS HYPOTHETIQUES, QUE X..., FABRIQUAIT DES PATES ALIMENTAIRES
QU’IL METTAIT EN VENTE DANS UN VASTE MAGASIN NEUF, DE BELLE
APPARENCE, COMPORTANT, AVEC TOUS LES ACCESSOIRES NECESSAIRES A LA
VENTE, UNE GRANDE VITRINE OU ETAIT EXPOSEE SA MARCHANDISE, QU’IL
ACHETAIT TOUTES SES MATIERES PREMIERES ET QUE, S’IL N’EMPLOYAIT PAS
DE MAIN-D’OEUVRE SALARIEE, IL UTILISAIT, A TOUS LES STADES DE LA
FABRICATION, DES MACHINES D’UNE VALEUR DE 49 500 FRANCS, QUE LES
BENEFICES QU’IL RETIRAIT DE SON ACTIVITE N’ETAIENT PAS
EXCLUSIVEMENT LE FRUIT DE SON TRAVAIL, MAIS PROVENAIENT AUSSI DE
LA SPECULATION QU’IL POUVAIT FAIRE SUR LA VALEUR DES MARCHANDISES
DONT LE PRIX N’ETAIT PAS TAXE ET QU’IL FAISAIT NECESSAIREMENT SUR LE
TRAVAIL DES MACHINES ET SUR LA VALEUR DE SES INVESTISSEMENTS, QUE
CES DERNIERS ELEMENTS AVAIENT UN ROLE PREPONDERANT, TANT EN
RAISON DE L’IMPORTANCE DU TRAVAIL DES MACHINES QUE DE LA VALEUR
RELATIVEMENT ELEVEE DES INVESTISSEMENTS DESTINES A FAVORISER LA
VENTE, DANS LA DETERMINATION DE SES BENEFICES ;
 
 
QU’EN L’ETAT DE CES CONSTATATIONS, LA COUR D’APPEL, QUI RELEVE,
EXACTEMENT, QUE NI LE FAIT QUE X... NE SE SOIT PAS FAIT INSCRIRE AU
REGISTRE DU COMMERCE, MAIS QU’IL AIT ETE INSCRIT AU REGISTRE DES
METIERS, NI CELUI QU’IL AIT ETE EXONERE DE LA PATENTE, N’ETAIENT DE
NATURE A ETABLIR QU’IL N’AVAIT PAS EXERCE UNE ACTIVITE
COMMERCIALE, A DECIDE, A BON DROIT, QUE X... AVAIT EXPLOITE UN FONDS
DE COMMERCE SOUMIS AUX DISPOSITIONS DE LA LOI DU 17 MARS 1909 ;
 
QUE LE MOYEN N’EST FONDE DANS AUCUNE DE SES BRANCHES ;
 
 
ET SUR LE TROISIEME MOYEN, PRIS EN SES TROIS BRANCHES : ATTENDU QUE
X... FAIT ENCORE GRIEF A L’ARRET D’AVOIR CONSIDERE QUE SON APPEL
ETAIT ABUSIF ET DILATOIRE ET DE L’AVOIR CONDAMNE A VERSER A LA
SOCIETE DES ETABLISSEMENTS TORREMECANO UNE SOMME DE 500 FRANCS A
TITRE DE DOMMAGES ET INTERETS, EN RETENANT NOTAMMENT QU’A
L’APPUI DE SON APPEL IL CONTESTAIT UNIQUEMENT SA QUALITE DE
COMMERCANT, SANS AVOIR JAMAIS FAIT ETAT D’UN TEL MOYEN AU COURS
DES DIVERSES PROCEDURES SUIVIES CONTRE LUI ALORS, SELON LE POURVOI,
D’UNE PART, QUE CETTE AFFIRMATION EST CONTRAIRE AUX PIECES VERSEES
AU DEBAT ET QUI ONT ETE DENATUREES, NOTAMMENT PAR L’AVEU MEME DE
LA SOCIETE TORREMECANO QUI A ECRIT DANS SA REQUETE AUX FINS
D’INSCRIPTION PROVISOIRE DE NANTISSEMENT DU 4 JUIN 1964 PRODUITE AUX
DEBATS, QUE X... SOUTENAIT DEVANT LE TRIBUNAL QU’IL N’EXERCE PAS LA
QUALITE DE COMMERCANT MAIS CELLE D’ARTISAN, ALORS, D’AUTRE PART,
QU’UN APPEL DESTINE A FAIRE VALOIR UN MOYEN NOUVEAU DE DEFENSE
EST UN DROIT PLEINEMENT JUSTIFIE ET AUTORISE PAR L’ARTICLE 464 DU
CODE DE PROCEDURE XIVILE, ALORS, ENFIN, QUE L’ARRET ATTAQUE NE
CARACTERISE ABSOLUMENT PAS L’ABUS DANS UNE ESPECE OU LA QUESTION
DEBATTUE EST DELICATE ET A DEJA DONNE LIEU A UNE CASSATION
PRONONCEE EN FAVEUR DE X..., CASSATION QUI PREVOIT NECESSAIREMENT
LE RENVOI DEVANT LA COUR D’APPEL SAISIE, EN SORTE QUE X... TIRAIT DE
L’ARRET DE LA COUR DE CASSATION LA CERTITUDE QU’IL N’ABUSAIT PAS DE
SON DROIT DE RELEVER APPEL ;
 
 
MAIS ATTENDU, D’UNE PART, QUE DEVANT LA COUR D’APPEL, LA SOCIETE
DES ETABLISSEMENTS TORREMECANO FAISAIT VALOIR, A L’APPUI DE SA
DEMANDE EN DOMMAGES ET INTERETS, QUE X... AVAIT FAIT L’OBJET D’UN
REGLEMENT JUDICIAIRE ET QUE DIVERSES PROCEDURES AVAIENT ETE
SUIVIES CONTRE LUI DEVANT LE TRIBUNAL DE COMMERCE SANS QU’IL
CONESTE SA QUALITE DE COMMERCANT OU SOULEVE L’INCOMPETENCE DES
JUGES CONSULAIRES ;
 
QUE, SES CONCLUSIONS D’APPEL, X... N’A PAS DISCUTE CES AFFIRMATIONS NI
FAIT ETA DU DOCUMENT VISE PAR LA PREMIERE BRANCHE DU MOYEN ;
 
QUE LE GRIEF EST, EN CONSEQUENCE, NOUVEAU ET DE CE FAIT IRRECEVABLE
: ATTENDU, D’AUTRE PART, QUE LA COUR D’APPEL N’A PAS MECONNU LA
RECEVABILITE D’UN MOYEN NOUVEAU DE DEFENSE PRESENTE EN CAUSE
D’APPEL EN REJETANT CE MOYEN ET EN DECLARANT L’APPEL ABUSIF ;
 
ATTENDU, ENFIN, QU’APRES AVOIR RELEVE LES ELEMENTS DE FAIT D’OU
RESULTAIT, LE CARACTERE COMMERCIAL DE L’ACTIVITE EXERCEE PAR X...,
LA COUR D’APPEL RETIENT ENCORE QUE X..., QUI, DEVANT LES PREMIERS
JUGES, S’ETAIT BORNE A SOLLICITER UN ATERMOIEMENT, A PRETENDU POUR
LA PREMIERE FOIS EN CAUSE D’APPEL QU’IL N’ETAIT PAS COMMERCANT
POUR RETARDER L’ISSUE DU LITIGE, A PU CONSIDERER QUE CET APPEL ETAIT
ABUSIF, LA CIRCONSTANCE QUE L’ARRET DE LA COUR SAISIE EN PREMIER
LIEU AIT ETE CASSE POUR INSUFFISANCE DE MOTIFS, NE POUVANT RETIRER
SON CARACTERE FAUTIF A LA PROCEDURE ENGAGEE PAR X... ;
 
QU’AINSI LE MOYEN NE PEUT ETRE ACCUEILLI EN AUCUNE DE SES BRANCHES
;
 
 
PAR CES MOTIFS : REJETTE LE POURVOI FORME CONTRE L’ARRET RENDU LE 8
JANVIER 1970 PAR LA COUR D’APPEL DE RENNES.
Documents comptables

Cour de cassation
chambre commerciale
Audience publique du mardi 20 mai 2008

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Montpellier, 23 janvier 2007), que la société Foir'fouille a
assigné la société Anaïs en paiement du prix de marchandises, dont celle-ci a contesté avoir
reçu livraison ;

Attendu que la société Anaïs fait grief à l'arrêt d'avoir accueilli cette demande, alors, selon le
moyen :

1°/ que les factures, avoirs et listings informatiques émis par une société ne constituent pas
des documents comptables au sens de l'article L. 123-23 du code de commerce ; qu'en se
fondant sur la possibilité reconnue aux commerçants de produire leur comptabilité
régulièrement tenue pour faire la preuve de faits de commerce pour en déduire que le listing
Foirnet, les factures et avoirs émis par la société Foir'fouille, faisaient la preuve de la
commande et de la réception par la société Anaïs des marchandises dont la société Foir'fouille
lui réclamait paiement, la cour d'appel a violé l'article L. 123-23 du code de commerce par
fausse application ;

2° / que nul ne peut se constituer de preuve à soi-même ; qu'en se fondant uniquement sur des
factures et avoirs émis unilatéralement par la société Foir'fouille, ainsi que sur un listing
informatique ne comportant aucune signature informatique de la société Anaïs, pour en
déduire que les marchandises qui y étaient mentionnées avaient été commandées et livrées à
cette dernière, qui le contestait formellement, la cour d'appel a violé les articles 1315 du code
civil et L. 110-3 du code de commerce ;

3°/ que les juges du fond doivent se prononcer sur les documents régulièrement versés aux
débats et soumis à leur examen, même lorsque ceux-ci n'ont pas été soumis à l'expert ; que
pour démontrer qu'elle n'avait pas été livrée des marchandises dont la société Foir'fouille lui
réclamait paiement, sans toutefois produire les bons de livraison correspondants signés par
elle, la société Anaïs faisait valoir qu'il était habituellement convenu entre les parties que la
livraison des marchandises soit accompagnée d'un bon de livraison dûment signé par la
société destinataire de la marchandise, et versait aux débats de tels bons de livraison signés
par elle correspondant à des approvisionnements non litigieux réalisés auprès de la société
Foir'fouille ; qu'en relevant que la société Anaïs n'avait pas produit devant l'expert de tels bons
de livraison signés de sa main aux fins d'établir que telle était la pratique habituelle des
parties, pour accueillir la demande en paiement de la société Foir'fouille, sans examiner les
bons de livraison signés par la société Anaïs, que celle-ci versait régulièrement aux débats, la
cour d'appel a violé l'article 1353 du code civil ;

Mais attendu que la cour d'appel, qui n'était pas tenue d'entrer dans le détail de
l'argumentation des parties, ne s'est pas seulement fondée sur les éléments évoqués par le
pourvoi, mais a pris en compte les relations d'affaires ayant existé entre les parties ; qu'ayant
ainsi notamment estimé que certains des avoirs établis au profit de la société Anaïs,
correspondant à des factures reprises et contestées suivant lettrage de concordance,
constituaient des indices de livraisons effectives, elle a souverainement apprécié la valeur
probante des pièces soumises à son examen, et ainsi justifié sa décision; que le moyen n'est
pas fondé ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Condamne la société Anaïs aux dépens ;

Vu l'article 700 du code de procédure civile, rejette sa demande ;


Les cautions

Cour de cassation
chambre commerciale
Audience publique du 22 novembre 2011
 
Sur le moyen unique :
 
 
Attendu, selon l’arrêt attaqué (Poitiers, 29 juin 2010), qu’en 1999 et 2000 Mmes Valérie et
Karine X... (les cautions) se sont rendues cautions de deux prêts consentis par la Caisse de
crédit mutuel de Beauvoir sur Mer (la caisse) à la SCI la grande Borderie (la SCI) les 26 août
1999 et 4 février 2000 ; qu’à la suite de la liquidation de la SCI, la caisse a fait assigner les
cautions en exécution de leurs engagements ;
 
 
Attendu que les cautions font grief à l’arrêt de les avoir condamnées solidairement à payer à
la caisse certaines sommes avec intérêts au taux contractuels, alors, selon le moyen :
 
 
1°/ que le banquier dispensateur de crédit est tenu de mettre en garde la caution s’il y a
disproportion entre les capacités financières de cette dernière et les risque de l’endettement né
de l’octroi du prêt garanti ; qu’il engage sa responsabilité lorsqu’il accepte l’engagement de
caution d’une personne physique qui serait manifestement disproportionné aux biens et
revenus déclarés ; qu’il n’est dispensé de son obligation de mise en garde que si la caution au
moment de son engagement a qualité de caution avertie ; que cependant la seule qualité de
gérante de la société débitrice ne suffit pas à lui conférer cette qualité ; qu’en l’espèce, pour
rejeter la demande de Mme Valérie X... dirigée contre la caisse et écarter toute obligation de
mise en garde de cette dernière, la cour d’appel a retenu qu’elle était gérante de la SCI et qu’à
ce titre elle était présumée avertie ; qu’en se déterminant ainsi par des motifs impropres à
justifier de la qualité de caution avertie de Mme Valérie X..., quand il était établi que cette
dernière avait 24 ans au moment de son engagement de caution et que, selon les contrats de
prêts garantis (26 août 1999 et 4 février 2000) elle n’était qu”étudiante au jour du premier
engagement de caution (3 août 1999) , l’était encore 14 jours avant la conclusion du second
(16février 2000) et n’a été désignée gérante de la CI que par délibération du 4 février 2000, la
cour d’appel a violé l’article 1147 du code civil ;
 
 
2°/ que l’engagement de cation conclu par une personne physique au profit d’un créancier
professionnel ne doit pas être manifestement disproportionné aux biens et revenus déclarés
par la caution ; qu’en l’espèce il n’était pas contesté qu’au moment des engagements litigieux,
Mme Valérie X... , appelée à garantir deux prêts d’un montant total de 484 000 francs (73
785,32 euros) était étudiante et n’avait d’autre emploi que celui de caissière dans un grand
magasin puis d’hôtesse dans un Mac Donald ; que pour écarter sa demande dirigée contre la
caisse, la cour d’appel s’est bornée à retenir qu’elle disposait de ressources lorsque
l’engagement a été souscrit, constituées par une pension alimentaire déclarée de 8000 francs,
bien que l’on ne sache pas s’il s’agissait là d’une ressources mensuelles ou annuelle ; qu’en se
déterminant ainsi par des motifs qui excluaient toute prise en compte des revenus réels de
Mme Valérie X..., sa situation étant sensiblement différente selon que la ressources déclarée
était mensuelle ou annuelle, la cour d’appel a privé sa décision de base légale au regard de
l’article 1147 du code civil ;
 
 
3°/ que l’engagement de caution conclu par une personne physique au profit d’un créancier
professionnel ne doit pas être manifestement disproportionné aux biens et revenus déclarés
par la caution ; que la cour d’appel, appelée à en juger, ne peut donc se borner à indiquer les
ressources de la caution, mais doit rechercher si elles sont proportionnées à l’engagement
souscrit ; qu’en l’espèce, à supposer même que la pension mensuelle de Mme X... ait été de
8000 francs mensuels ce qui n’est pas établi, il appartenait à la cour d’appel de rechercher si
cette ressources alimentaire d’une personne étudiante, n’ayant d’emploi que d’hôtesse dans un
Mac Donald, était proportionnée à une engagement total de près de 500 000 francs
correspondant à des remboursement mensuels totaux mis à la charge de la SCI de 8240,36
francs ; qu’en se dispensant de cette recherche de la proportion des ressources aux
engagements pris, la cour d’appel a privé sa décision de base légale ;
 
 
4°/ que pour juger que Mme Karine X... avait elle-même qualité de caution avertie, la cour
d’appel a retenu qu’elle était gérante, associée et qu’elle travaillait dans le secteur du bâtiment
; qu’en se déterminant par ces seuls motifs, impropres à justifier que soit retenue cette qualité,
la cour d’appel a violé l’article 1147 du code civil ;
 
 
5°/ que l’engagement de caution conclu par une personne physique au profit d’un créancier
professionnel ne doit pas être manifestement disproportionné aux biens et revenus déclarés
par la caution ; que cette proportion doit, au jour de l’engagement être appréciée au regard de
la totalité de la dette garantie ; qu’en l’espèce, pour juger que l’engagement de Mme Karine
X... était proportionné, la cour d’appel s’est bornée à comparer ses revenus déclarés au
montant d’une mensualité de remboursement par des motifs où se trouvent d’ailleurs
confondus francs et euros; qu’en se déterminant ainsi, sans rechercher la proportion de
l’engagement de Mme Karine X..., alors âgée de 22 ans, au jour de la signature de l’acte de
cautionnement, au regard de la totalité de l’emprunt garanti, qui s’élevait à 484 000 francs,
outre les intérêts, frais et accessoires, la cour d’appel a privé sa décision de base légale ;
 
 
Mais attendu qu’appréciant souverainement les éléments du débat, l’arrêt, après avoir relevé
que Mme Valérie X... était associée et gérante de la SCI, et que Mme Karine X... était gérante
d’une SARL exerçant son activité dans le bâtiment, retient que les cautions étaient averties ;
que de ces appréciations desquelles il résulte que la caisse n’était tenue d’aucun devoir de
mise en garde à l’ égard des cautions qui n’ont jamais prétendu que la caisse aurait eu sur
leurs revenus, leur patrimoine et leurs facultés de remboursement raisonnablement prévisibles
en l’état du succès escompté de l’entreprise, des informations qu’elles-mêmes auraient
ignorées, et qui rendaient inopérantes les recherches mentionnées aux deuxième, troisième et
cinquième branches, la cour d’appel a légalement justifié sa décision ; que le moyen n’est
fondé en aucune de ses branches ;
 
PAR CES MOTIFS
REJETTE le pourvoi ;
Condamne Mmes Valérie et Karine X... aux dépens ;
Vu l’article 700 du code de procédure civile, rejette les demandes ;
Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, chambre commerciale, financière et économique, et
prononcé par le président en son audience publique du vingt-deux novembre deux mille onze.
La marque

Audience publique du 12 février 2013


 
LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, a rendu l’arrêt suivant :  

Statuant tant sur le pourvoi principal formé par M. X... et la société ENS, que sur le pourvoi
incident relevé par la société Maison Apollinaire ;
 
 
Attendu, selon l’arrêt attaqué, que M. X..., artisan chocolatier, est titulaire de plusieurs
marques et modèle, notamment la marque communautaire semi-figurative “Bouquet de
chocolat”, déposée le 30 octobre 2006 sous le n 00 5 427 752 et enregistrée le 5 octobre 2007
pour désigner du “chocolat ou produits à base de chocolat” en classe 30 de la classification
internationale ; qu’ayant constaté l’offre en vente d’un produit dénommé “le bouquet des
gourmets “ reprenant selon lui les caractéristiques substantielles de son “Bouquet de
chocolat”, M. X... a, en agissant avec la société ENS, présentée comme sa licenciée, assigné la
société Maison Apollinaire, fournisseur de ce produit et titulaire de la marque “Le Bouquet
des gourmets”, déposée le 4 septembre 2008 sous le n° 08 3 596 805 en classes 29 et 30 de la
classification internationale, sur le fondement de la contrefaçon de ses marques et modèle et
sur celui de la concurrence déloyale ; qu’en cause d’appel, la société Maison Apollinaire a
formé une demande de dommages-intérêts à l’encontre de M. X... et de la société ENS pour
des faits de concurrence déloyale postérieurs au jugement ;
 
Sur le moyen unique du pourvoi incident :
 
 
Attendu que la société Maison Apollinaire fait grief à l’arrêt d’avoir rejeté son action en
concurrence déloyale contre M. X... et la société ENS, alors, selon le moyen, que les
agissements tendant à jeter le discrédit sur les produits d’un concurrent constituent des actes
de concurrence déloyale ; que pour exclure tout acte de concurrence déloyale à raison de
l’envoi à la société Scalandes, centrale d’achats des centres Leclerc, de la lettre du 31 janvier
2011 et à la société Leader Price distribution de la lettre du 1er décembre 2010, dans laquelle
M.Andrieu et la société ENS, qui se disaient les auteurs du “concept” “Bouquet de chocolat”,
faisaient état des marques et du modèle par lesquels ce “concept” était protégé et indiquaient
que la commercialisation d’un produit dont la dénomination (”Bouquet garni chocolat
Trocadéro”) et les caractéristiques étaient précisées était constitutive d’actes de contrefaçon,
de concurrence déloyale et de parasitisme et que le tribunal de grande instance de Paris, par
jugement du 25 novembre 2009, avait jugé que la commercialisation de produits reprenant le
même “concept” avait porté atteinte à la notoriété, à la réputation, aux investissements et au
savoir-faire de M. X..., en mettant le destinataire de la lettre en garde contre les risques
judiciaires auxquels l’exposerait la commercialisation de ce produit, la cour d’appel a retenu
que ces lettres ne faisaient aucune mention ni de la société Maison Apollinaire ni du produit
“Le Bouquet des gourmets” mais se bornaient à une mise en garde fondée essentiellement sur
l’existence des marques et du modèle déposés ainsi que sur des décisions déjà rendues
confirmant la validité des droits découlant de ces dépôts, de sorte que les lettres en cause, qui
ne contenaient aucune accusation de dénigrement, pouvaient s’analyser comme un rappel à la
loi général et préventif ; qu’en statuant de la sorte sans tenir compte du fait que, bien que la
société Maison Apollinaire n’ait pas été nommément citée dans les lettres en cause et que la
lettre du 1er décembre 2010 ait visé un produit différent, ce produit était précisément
identifiable, qu’il était fait état dans la lettre du 1er décembre 2010 non seulement de
décisions confirmant la validité des droits de marque et de modèle mais encore du jugement
du 25 novembre 2009 sans qu’il soit précisé que ce jugement avait rejeté l’action en
contrefaçon des marques et du modèle et que, en ses dispositions ayant retenu la concurrence
déloyale, il se trouvait frappé d’appel, ces précisions étant également omises dans la lettre du
31 janvier 2011, la cour d’appel a privé sa décision de toute base légale au regard de l’article
1382 du code civil ;
 
 
Mais attendu que c’est dans l’exercice de son pouvoir souverain d’appréciation des éléments
de preuve que la cour d’appel, qui n’était ni tenue de suivre les parties dans le détail de leur
argumentation ni de s’expliquer sur les éléments écartés, a retenu que M. X... et la société
ENS n’avaient commis aucun acte de concurrence déloyale à l’égard de la société Maison
Apollinaire ; que le moyen n’est pas fondé ;
 
 
Mais sur le premier moyen du pourvoi principal :
 
Vu l’article L. 713-3 du code de la propriété intellectuelle, tel qu’il doit s’interpréter à la
lumière de l’article 5, paragraphe 1 sous b) de la Directive 2008/95/CE du 22 octobre 2008
rapprochant les législations des Etats membres sur les marques ;
 
Attendu que pour écarter la demande de M. X... et de la société ENS fondée sur la contrefaçon
de la marque communautaire “Bouquet de chocolat “ et, en conséquence, leur demande en
nullité de la marque “Le Bouquet des gourmets”, l’arrêt retient que du fait de l’identité des
produits en cause, l’existence du risque de confusion n’est à rechercher que dans la
comparaison des signes, et après avoir relevé que le seul élément commun aux deux signes en
présence est le mot “bouquet”, retient encore qu’il ne peut être fait abstraction de l’élément
figuratif de la marque “Bouquet de chocolat” déposée comme figurative en ne retenant que
l’élément verbal, et seulement pour partie, et que la présence de ce seul élément commun ne
suffit pas à faire produire à ces deux signes une impression commune qui serait de nature à
provoquer un risque de confusion dans l’esprit du consommateur d’attention moyenne ;
 
Attendu qu’en se déterminant ainsi, sans se prononcer sur la notoriété de la marque antérieure,
la cour d’appel n’a pas donné de base légale à sa décision ;
 
 
Et sur le second moyen du pourvoi principal, pris en sa seconde branche :
 
Vu l’article 1382 du code civil ;
 
Attendu que pour rejeter l’action en concurrence déloyale de la société ENS et de M. X... à
l’encontre de la société Maison Apollinaire qui utilisait les mentions “Artisan chocolatier”,
“Tradition artisanale” ou encore “Fabrication artisanale”, l’arrêt retient que le gérant de la
société Maison Apollinaire possédait la qualité d’artisan chocolatier ;
 
Attendu qu’en se déterminant ainsi, sans rechercher si la société Maison Apollinaire n’avait
pas commis une faute en utilisant ces mentions pour commercialiser des produits ne faisant
pas l’objet d’une fabrication artisanale, la cour d’appel n’a pas donné de base légale à sa
décision ;
 
PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur le dernier grief :
 
 
CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’il a débouté M. X... et la société ENS de
leurs prétentions fondées sur la contrefaçon de la marque communautaire semi-figurative
“Bouquet de chocolat” n° 00 5 427 752, déposée le 30 octobre 2006 et enregistrée le 5 octobre
2007 pour désigner du “chocolat ou produits à base de chocolat” en classe 30 de la
classification internationale et de toutes leurs demandes fondées sur la concurrence déloyale
et parasitaire, l’arrêt rendu le 30 novembre 2011, entre les parties, par la cour d’appel de Paris
; remet, en conséquence, sur ces points, la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaient
avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de Paris, autrement
composée ;
 
Condamne la société Maison Apollinaire aux dépens ;
 
Vu l’article 700 du code de procédure civile, la condamne à payer à M. X... et à la société
ENS la somme globale de 2 500 euros et rejette sa demande ;
 
Le bail commercial

Cour de cassation chambre civile 3 mercredi 30 novembre 2005


Sur le premier moyen :

Vu l'article L. 145-58 du Code de commerce ;

Attendu que le propriétaire peut, jusqu'à l'expiration d'un délai de quinze jours à compter de la
date à laquelle la décision est passée en force de chose jugée, se soustraire au paiement de
l'indemnité, à charge par lui de supporter les frais de l'instance et de consentir au
renouvellement du bail dont les conditions, en cas de désaccord, sont fixées conformément
aux dispositions réglementaires prises à cet effet ; que ce droit ne peut être exercé qu'autant
que le locataire est encore dans les lieux et n'a pas déjà loué ou acheté un autre immeuble
destiné à sa réinstallation ;

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Grenoble, 16 septembre 2004), que par acte d'huissier de justice
du 24 décembre 1997, la société Hegeald, propriétaire de locaux à usage commercial donnés à
bail aux époux X..., leur a délivré un congé portant refus de renouvellement et refus
d'indemnité d'éviction pour motifs graves et légitimes, puis les a assignés en expulsion et
fixation d'une indemnité d'occupation ; qu'en cours de procédure, la société bailleresse a
déclaré exercer son droit de repentir en application de l'article L. 145-58 du Code de
commerce, a offert le renouvellement du bail et a demandé la fixation du loyer à la valeur
locative ;

Attendu que pour dire qu'à défaut d'exercice par la société Hegeald d'un droit de repentir
statutaire, la renonciation au congé pour motif grave et légitime a emporté renouvellement du
bail à compter du 1er janvier 1999 aux conditions antérieures, y compris de loyer, l'arrêt
retient que le droit de repentir institué par l'article L. 145-58 du Code de commerce permet au
propriétaire de se soustraire unilatéralement au paiement de l'indemnité d'éviction ; que ce
texte ouvre au bailleur la faculté de revenir sur sa décision de ne pas renouveler le bail jusqu'à
la fixation judiciaire définitive de l'indemnité, c'est-à-dire jusqu'au moment où il est en
mesure de connaître avec exactitude l'incidence financière de l'éviction du locataire ; que ce
droit statutaire est donc nécessairement lié au refus de renouvellement de l'article L. 145-14
du Code de commerce et ne peut être étendu aux hypothèses de non-renouvellement sans
indemnité ;

Qu'en statuant ainsi, en ajoutant à la loi une condition qu'elle ne comporte pas, la cour d'appel
a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur le second moyen :
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 16 septembre 2004, entre
les parties, par la cour d'appel de Grenoble ; remet, en conséquence, la cause et les parties
dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la
cour d'appel de Chambéry ;

Condamne les époux X... aux dépens ;

Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de Cassation, le présent arrêt sera
transmis pour être transcrit en marge ou à la suite de l'arrêt cassé ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de Cassation, Troisième chambre civile, et prononcé par le
président en son audience publique du trente novembre deux mille cinq.
Cour de cassation chambre commerciale Audience publique du 10 décembre 1991
Sur le moyen unique, pris en ses quatre branches :
Attendu, selon l’arrêt attaqué (Riom, 27 septembre 1989, que, par acte du 15 mai 1987, les
époux X... ont vendu à Mme Y... un fonds de commerce de chaussures créé par Mme X... le
1er avril 1986 ; que Mme Y... a assigné les vendeurs en nullité de la vente ; qu’après sa mise
en liquidation judiciaire, le mandataire-liquidateur a déclaré se substituer à elle dans cette
action ;
 Attendu que les époux X... font grief à l’arrêt d’avoir annulé la vente du fonds de commerce
et de les avoir condamnés à payer des dommages-intérêts, alors, selon le pourvoi, d’une
part, que la nullité de la vente ne pouvant être prononcée que pour omission matérielle des
renseignements obligatoires, et non pour leur inexactitude, la cour d’appel ne pouvait
déclarer nulle la vente intervenue entre les parties en se fondant exclusivement sur le chiffre
d’affaires réalisé, dès lors que l’acte de vente faisait apparaître le montant de ce chiffre
d’affaires, fût-il incomplet ou inexact ; qu’ainsi, en prononçant la nullité de la vente sur le
fondement de l’article 12 de la loi du 29 juin 1935, tout en estimant que le chiffre d’affaires
porté à l’acte était multiplié par trois par rapport au chiffre réel, ce qui est exclusif d’une
omission, la cour d’appel a violé le texte susvisé ; alors, d’autre part, et à supposer que les
indications portées à l’acte de vente soient constitutives d’une omission, cause de nullité, il
appartenait à Mme Y... de prouver que, du fait de cette omission, son consentement avait
été vicié et qu’elle avait subi un préjudice ; que, dès lors, la cour d’appel ne pouvait
considérer une telle preuve rapportée en se fondant exclusivement sur le chiffre d’affaires
réalisé par Mme Y... durant ses 9 mois d’exploitation, sans rechercher si l’intéressée n’avait
pas été suffisamment renseignée avant la vente, puisque, comme le faisaient valoir les
consorts X..., il ressortait expressément de l’acte de vente établi par son propre notaire
qu’elle avait visé les livres de comptabilité, ce qui excluait tout vice du consentement ;
qu’ainsi, l’arrêt est entaché d’un manque de base légale au regard de l’article 12 de la loi du
29 juin 1935 ; alors, en outre, que la cour d’appel ne pouvait prononcer la nullité de la vente
qu’en se situant au moment de la signature de l’acte notarié ; que, dès lors, elle ne pouvait
considérer que le chiffre d’affaires figurant à l’acte de vente était trois fois supérieur au chiffre
d’affaires réel en se fondant exclusivement sur le chiffre d’affaires réalisé par Mme Y...
durant ses 9 mois d’exploitation et insuffisant à démontrer le vice invoqué ; qu’ainsi, l’arrêt
est entaché à nouveau d’une violation de l’article 12 de la loi du 29 juin 1935 ; et alors, enfin,
que la cour d’appel ne pouvait, sans contradiction, affirmer que le consentement de Mme Y...
avait été vicié, tout en constatant qu’elle avait acquis le fonds de commerce à un prix
raisonnable ; que, dès lors, l’arrêt a violé l’article 1382 du Code civil ;
 
 
Mais attendu, en premier lieu, que la période de temps envisagée par l’article 12 de la loi du
29 juin 1935 doit être calculée de quantième à quantième en remontant dans le passé à
partir du jour de la conclusion de la vente ; qu’ayant constaté que l’acte litigieux n’énonçait le
chiffre d’affaires que pour la période du 31 mars au 31 décembre 1986, la cour d’appel a fait
l’exacte application du texte précité en retenant l’omission d’une mention imposée par la loi ;
 
 
Attendu, en second lieu, qu’après avoir relevé que les époux X... tenaient une comptabilité
unique pour les trois magasins exploités par eux et ne produisaient pas de documents
comptables opérant une ventilation pour chacun de ces magasins, l’arrêt retient que Mme
Y... a procédé à une évaluation erronée de la future exploitation du fonds litigieux et qu’elle
n’aurait pas contracté si elle avait eu connaissance du chiffre d’affaires réel de ce fonds ;
que, dès lors que Mme Y... était en droit de se servir d’éléments postérieurs à la vente pour
prouver l’existence d’un vice du consentement au moment de celle-ci, la cour d’appel a ainsi,
sans se contredire, légalement justifié sa décision ;
 
D’où il suit que le moyen n’est fondé en aucune de ses branches ;
PAR CES MOTIFS :
 REJETTE le pourvoi

Cour de cassation Assemblée plénière Audience publique du 24 avril 1970


 
SUR LE MOYEN UNIQUE PRIS EN SES DEUX BRANCHES :
 
ATTENDU QU’IL RESULTE DES ENONCIATIONS DE L’ARRET CONFIRMATIF ATTAQUE QUE,
PAR ACTE SOUS SEING PRIVE DU 20 MARS 1961, LA SOCIETE DES COURSES ROUENNAISES
A DONNE A BAYAIT, POUR UNE DUREE DE TROIS ANNEES, LA CONCESSION EXCLUSIVE DE
L’INSTALLATION ET DE L’EXPLOITATION DES BUFFETS-BUVETTES ET COMPTOIRS SUR LE
CHAMP DE COURSES DE ROUEN; QUE BAYAIT, AYANT RECU CONGE A L’EXPIRATION DE LA
PERIODE FIXEE, A DEMANDE LE RENOUVELLEMENT DE SON “ BAIL “, PAR APPLICATION DU
DECRET DU 30 SEPTEMBRE 1953; ATTENDU QU’IL EST FAIT GRIEF A LA COUR D’APPEL DE
L’AVOIR DEBOUTE DE CETTE DEMANDE, AU MOTIF QU’IL N’ETABLISSAIT PAS QU’IL AVAIT
UNE CLIENTELE PERSONNELLE, ELEMENT ESSENTIEL DE TOUT FONDS DE COMMERCE,
ALORS QUE, D’UNE PART, DES LORS QUE LES TERMES DU BAIL IMPLIQUAIENT LA
POSSIBILITE D’UNE CLIENTELE ET QUE, SELON L’ARRET ATTAQUE, LE PRENEUR AVAIT UNE
CLIENTELE LES JOURS DE COURSES, IL ETAIT FONDE A INVOQUER LE BENEFICE DU DROIT
AU RENOUVELLEMENT DE SON BAIL, ET ALORS QUE, D’AUTRE PART, ET SUR-
ABONDAMMENT, DES LORS QUE LA SOCIETE LUI AVAIT, PAR UNE LETTRE DE 1962,
RECONNU LE DROIT DE TRAITER DES CLIENTS EN DEHORS DES JOURS DE COURSES,
MOYENNANT REDEVANCE ET AVIS PREALABLE, LA COUR, QUI CONSTATAIT QUE DES
BANQUETS AVAIENT ETE EFFECTIVEMENT ORGANISES EN DEHORS DES JOURS DE
COURSES, N’ETAIT PAS FONDEE A ECARTER CETTE LETTRE AU SEUL MOTIF QUE CES
CONDITIONS N’AVAIENT PAS ETE ACCEPTEES, SANS PRECISER PAR QUI ET DANS QUELLES
CONDITIONS, LE REVIREMENT POSTERIEUR DE LA SOCIETE DES COURSES NE POUVANT
ETRE RETENU APRES L’ACCORD FORMEL DONNE EN 1962;
 
MAIS ATTENDU QUE LA COUR D’APPEL, APPRECIANT SOUVERAINEMENT LE SENS ET LA
PORTEE TANT DE LA CONVENTION DU 20 MARS 1961 QUE DE LA LETTRE DU 5 OCTOBRE
1962, PAR LAQUELLE LA SOCIETE AUTORISAIT BAYAIT A SERVIR DES BANQUETS MAIS
SOUS CONDITION DE L’EN AVISER CHAQUE FOIS ET DE LUI VERSER UNE REDEVANCE,
RELEVE QUE, CES CONDITIONS N’AYANT PAS ETE ACCEPTEES, L’ACTIVITE DE BAYAIT
DEVAIT ETRE LIMITEE, CONFORMEMENT A L’ACCORD ORIGINAIRE, A L’ENCEINTE DU
CHAMP DE COURSES ET REDUITE AUX SEULES JOURNEES DE REUNIONS HIPPIQUES;
QU’AYANT CONSTATE, D’UNE PART, QUE LE NOMBRE DES REUNIONS PREVU AU CONTRAT
ETAIT DE 6 A 7 PAR AN ET, D’AUTRE PART, QUE LE PUBLIC, QUI ETAIT VENU SUR
L’HIPPODROME ET AVAIT FREQUENTE LES BUFFETS-BUVETTES DE BAYAIT, S’ETAIT RENDU
AVANT TOUT SUR LES LIEUX POUR ASSISTER AUX COURSES DE CHEVAUX, QU’AINSI
BAYAIT NE S’ETAIT PAS CONSTITUE UNE CLIENTELE PERSONNELLE DISTINCTE DE CELLE
DE LA SOCIETE DES COURSES, LA COUR D’APPEL A PU EN DEDUIRE QU’IL NE REMPLISSAIT
PAS LES CONDITIONS EXIGEES PAR L’ARTICLE 1ER DU DECRET DU 30 SEPTEMBRE 1953;
 
 
PAR CES MOTIFS :
 
REJETTE LE POURVOI FORME CONTRE L’ARRET RENDU, LE 18 DECEMBRE 1967, PAR LA
COUR D’APPEL D’AMIENS.
 

Cour de cassation
chambre civile 3
Audience publique du mercredi 8 octobre 1997

Sur le pourvoi formé par la société Charter, société anonyme, dont le siège est ..., en cassation
d'un arrêt rendu le 10 novembre 1995 par la cour d'appel de Paris (16e chambre, section B),
au profit de la société civile immobilière du ..., dont le siège est ..., prise en la personne de son
gérant, la société MBTG, dont le siège social est ... Armée, 75017 Paris, défenderesse à la
cassation ;

La demanderesse invoque, à l'appui de son pourvoi, le moyen unique de cassation annexé au


présent arrêt ;

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 10 novembre 1995), que la société Charter, locataire, à
compter du 1er avril 1991, de locaux à usage commercial appartenant à la société civile
immobilière (la SCI) des ..., lui a délivré congé le 4 août 1993 pour le 31 mars 1994; que,
postérieurement à la délivrance de ce congé, des négociations ont eu lieu entre les parties sur
la prolongation éventuelle de la location pour une période limitée; que la bailleresse a
subordonné cette prolongation à la signature d'un accord, qui n'a en définitive pas été établi;
que la locataire s'est néanmoins maintenue dans les lieux au-delà de la date d'effet du congé;
que la bailleresse l'a assignée en nullité et subsidiairement en rétractation de la dénonciation
du bail par la locataire, pour faire dire que le bail devait recevoir sa pleine application et pour
faire condamner la société Charter à lui payer des loyers et des dommages et intérêts ;

Attendu que la société Charter fait grief à l'arrêt d'accueillir ces demandes, alors, selon le
moyen "1 ) que la renonciation à un droit ne se déduit pas de la seule inaction de son titulaire
et ne peut résulter que d'actes manifestant sans équivoque la volonté de renoncer; qu'en ne
tirant pas les conséquences légales de ses constatations d'où il résultait que postérieurement à
la prise d'effet du congé litigieux, le bailleur et le preneur ont négocié une prolongation
limitée du bail sans aboutir à un accord et, par suite, que ce dernier ne s'était maintenu dans
les lieux qu'en prévision d'un tel accord, ce qui excluait toute volonté du preneur de
poursuivre le bail pour une nouvelle période triennale, la cour d'appel a violé l'article 1134 du
Code civil; 2 ) qu'en toute hypothèse, le congé régulièrement délivré par le locataire met fin
au bail et ne peut être rétracté sans le consentement du bailleur; que la cour d'appel a constaté
que postérieurement à la prise d'effet du congé le preneur aurait renoncé au bénéfice de celui-
ci en se maintenant dans les lieux et que les parties n'auraient pas été d'accord sur les
conditions de la location; qu'en ne tirant pas les conséquences légales de telles constatations
d'où il résultait que le bailleur n'avait pas accepté la prétendue rétractation du preneur, la cour
d'appel a violé l'article 1134 du Code civil; 3 ) qu'au surplus, les conventions doivent être
exécutées de bonne foi; qu'en ne recherchant pas, ainsi qu'elle y était invitée, si le bailleur
n'avait pas fait preuve de mauvaise foi dans l'exécution du bail en négociant postérieurement à
la délivrance du congé litigieux une prolongation limitée du bail et en exprimant avec retard
son désaccord à une prolongation du bail jusqu'au 31 octobre 1994 exclusivement, dans le but
de conduire le preneur à se maintenir dans les lieux après la date d'effet du congé, la cour
d'appel a privé sa décision de toute base légale au regard de l'article 1134, alinéa 3, du Code
civil" ;

Mais attendu qu'ayant constaté que la société Charter s'était maintenue dans les lieux après la
date d'effet du congé et alors que l'accord envisagé entre elle et la bailleresse sur l'éventuelle
prolongation de la location pour une période limitée n'avait pas été concrétisé par un écrit
comme l'exigeait cette dernière, la cour d'appel a pu en déduire, sans être tenue de procéder à
des recherches que ses constatations rendaient inopérantes, que le maintien dans les lieux de
la société Charter au-delà de la date d'effet du congé, qu'elle avait elle-même délivré, valait
renonciation au bénéfice de ce congé ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Condamne la société Charter aux dépens ;

Vu l'article 700 du nouveau Code de procédure civile, condamne la société Charter à payer à
la SCI des ... la somme de 9000 francs ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de Cassation, Troisième chambre civile, et prononcé par le
président en son audience publique du huit octobre mil neuf cent quatre-vingt-dix-sept, signé
par M. Beauvois président, et par Mlle Jacomy, greffier de chambre, qui a assisté au prononcé
de l'arrêt.

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