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(Semaine 8)
V. LASCAUT/ F. MAURY
1. Selon l'arrêt attaqué (Poitiers, 6 novembre « 1°/ que les personnes qui ont agi au nom
2008), la société Coop Atlantique a conclu, d'une société en formation avant
le 18 mai 2015, plusieurs contrats avec l'immatriculation de celle-ci sont tenues des
l'EURL [...], désignée comme société en cours obligations nées des actes ainsi accomplis ;
d'immatriculation, représentée par son qu'en retenant, pour rejeter les demandes de la
gérant, M. F.... société Coop Atlantique, que "n'ayant pas agi
au nom de la société en formation, M. F... ne
2. Immatriculée au registre du commerce et des peut être tenu des obligations résultant des
sociétés le 26 juin 2015, la société [...] a été contrats", après avoir pourtant constaté que les
mise en liquidation judiciaire le 6 octobre contrats litigieux précisaient que l'EURL [...]
2015. "était en cours d'immatriculation" et
"représentée par son gérant M. S... F...", ce
3. Estimant que M. F... était solidairement dont il résultait qu'elle était en formation et que
responsable des engagements souscrits le 18 M. F..., signataire desdits contrats, agissait au
mai 2015, la société Coop Atlantique l'a nom de celle-ci, la cour d'appel n'a pas tiré
assigné en paiement de diverses sommes. les conséquences légales de ses propres
constatations, et a ainsi violé les articles L.
Examen du moyen 210-6 du code de commerce et 1843 du code
Enoncé du moyen civil ;
4. La société Coop Atlantique fait grief à l'arrêt 2°/ que le juge ne doit pas dénaturer l'écrit
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qui lui est soumis ; qu'en affirmant que les déduit que ce n'est pas ce dernier qui a agi pour
statuts de la société EURL [...] sont "datés et le compte de la société en sa qualité d'associé
signés du 10 juin 2015", cependant que les ou de gérant mais la société elle-même, peu
statuts de ladite société comportent la mention important qu'il ait été indiqué que celle-ci
dactylographiée de la date du 9 mai 2015, était en cours d'immatriculation, cette
rayée à la main et remplacée par la mention précision ne modifiant en rien l'indication de la
manuscrite de la date du 20 juin 2015, ce dont société elle-même comme partie contractante.
il ressort que lesdits statuts ne sont en aucun En l'état de ces motifs, et dès lors que les
cas datés et signés du 10 juin 2015, la cour contrats conclus par une société non
d'appel a dénaturé les statuts litigieux et violé immatriculée, donc dépourvue de personnalité
le principe selon lequel le juge ne doit pas juridique, sont nuls, la cour d'appel a
dénaturer l'écrit qui lui est soumis. » exactement retenu, abstraction faite des motifs
surabondants critiqués par la seconde branche,
Réponse de la Cour que M. F... ne pouvait être tenu des obligations
résultant des contrats litigieux.
5. Après avoir relevé que l'EURL [...] avait été
immatriculée au registre du commerce et des 6. Le moyen n'est donc pas fondé.
sociétés le 26 juin 2015, postérieurement à la
conclusion des contrats dont se prévalait la PAR CES MOTIFS, la Cour :
société Coop Atlantique au soutien de sa
demande, datés du 18 mai 2015, l'arrêt énonce REJETTE le pourvoi ;
que, pour être fondée à agir à l'encontre de
l'associé de la société [...], la société Coop Condamne la société Coop Atlantique aux
Atlantique doit démontrer que celui-ci avait dépens ;
contracté pour le compte de la société en cours
de formation. L'arrêt retient qu'à la lecture En application de l'article 700 du code de
des contrats, il apparaît que le co- procédure civile, rejette la demande formée par
contractant de la société Coop Atlantique la société Coop Atlantique et la condamne à
est la société [...], en cours d'immatriculation payer à la SCP Zribi et Texier la somme de 3
au registre du commerce et des sociétés, 000 euros ;
représentée par son gérant M. F..., ce dont il
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au nom de la société en formation Baptemil, a de bail et les obligations en découlant, la cour
pris les locaux à bail commercial. d'appel a violé l'article 1843 du code civil. »
Sur le moyen, pris en sa première branche 12. La cour d'appel a relevé que les statuts
de la société Baptemil ne faisaient aucune
Enoncé du moyen mention d'une reprise des marchés de
travaux, que si les statuts conféraient à M.
9. La société Baptemil fait grief à l'arrêt de [G], à compter de leur date, tous pouvoirs
rejeter ses demandes fondées sur la garantie pour réaliser au nom et pour le compte de la
décennale, la subrogation et la responsabilité société, tous actes et engagements entrant
contractuelle de droit commun, alors « que la dans le cadre de l'objet social et de ses
reprise par une société locataire, régulièrement pouvoirs de gérant, ils avaient prévu que ces
immatriculée, des contrats de louage d'ouvrage actes seraient soumis à l'approbation de
souscrits par les personnes ayant agi au nom de l'assemblée générale ordinaire des associés
la société en formation peut résulter de la et qu'il n'était versé aux débats aucun
reprise du contrat de bail, lorsque ce dernier procès-verbal d'assemblée générale des
mentionne expressément les contrats de louage associés approuvant la reprise des contrats
conclus au nom de la société en formation, litigieux.
nécessaires à la jouissance des locaux ; qu'en
déboutant la société Baptemil de ses 13. Elle en a souverainement déduit que la
demandes, après avoir constaté que les statuts preuve d'une telle reprise n'était pas
de la société Baptemil mentionnaient rapportée.
expressément la reprise du contrat de bail et
que ce contrat de bail contenait lui-même une 14. Le moyen n'est donc pas fondé.
clause conférant au preneur l'obligation de
procéder, à ses frais, aux travaux Sur le moyen, pris en sa deuxième branche
d'aménagement des locaux, ce dont il résultait
nécessairement que ces contrats de Enoncé du moyen
construction avaient aussi été repris par la
société Baptemil en même temps que le contrat 15. La société Baptemil fait le même grief à
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l'arrêt, alors « que lorsque le contrat de bail retenu que les contrats de louage d'ouvrage
comporte une clause conférant au preneur n'avaient pas été conclus par la société
l'obligation de procéder à ses frais aux travaux Baptemil ni repris par elle, a exactement
d'aménagement des locaux et précise que ces déduit de ce seul motif que cette société
travaux d'aménagement n'accéderaient au n'était pas le maître de l'ouvrage et ne
bailleur qu'en fin de bail, le preneur a qualité à pouvait agir, à ce titre, sur le fondement de
agir contre les constructeurs sur le fondement la garantie décennale.
de la garantie décennale ; qu'en déboutant la
société Baptemil de ses demandes, après avoir 17. Le moyen n'est donc pas fondé.
constaté l'existence d'une telle stipulation
figurant dans le contrat de bail signé le 28 mars PAR CES MOTIFS, la Cour :
2000, la cour d'appel a violé l'article 1792 du
code civil. » REJETTE le pourvoi ;