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SOUS-THEME 1 : LA QUALITE DU DEBITEUR

SEANCE 3 :

I- OBJECTIFS PEDAGOGIQUES
Ce thème ci-dessus est conçu afin de permettre aux étudiants :
 D’approfondir le cours sur le redressement judiciaire, la liquidation des biens.
 De constater l’extension du domaine d’application personnelle des procédures avec la
nouvelle réforme ;
 De comprendre malgré l’extension que le domaine d’application personnelle est bien
circonscrit
 De comprendre la notion de cessation de paiement et de pouvoir déterminer sa date ;
 De faire la différence entre cessation des paiements et insolvabilité ;
 Bref, de connaitre les conditions d’ouverture des procédures collectives

Par ailleurs, les étudiants pourront améliorer leurs compétences méthodologiques e n traitant
l’exercice proposé à cet effet.

II- LECTURE CONSEILLEE

1- Gerard BLANC, Prévenir et traiter les difficultés, Ohadata D-10-18


2- Affaire Togo télécom
3- Les innovations du nouvel AUPCAP http://www.legavox.fr/blog/emily-
tchomte/innovations-nouvel-aupcap-20134.htm#.WLcN4FXJzcc
4- Cours de proc. Coll. du Professeur Moussa GUEYE, UCAD 2022-2023

III- TAF :
1- Commentaire de la décision si dessous reproduite

TR Dakar n° 659 du 17 mars 1990. Mamadou GUEYE et autres c/ SENELEC

LE TRIBUNAL

VU les pièces du dossier ;


OUI les avocats de parties en leurs explications respectives ;
Le Ministère public entendu, et après en avoir délibéré conformément à la loi ;

Attendu que par arrêt en date du 23 mars 1986, la Cour d’appel de Dakar a infirmé un jugement du
Tribunal régional de Dakar, rendu le 25 juillet 1984 et condamné la SENELEC et la Compagnie des
Phosphates de Taïba, à concurrence de ¾ pour la SENELEC et ¼ pour Taïba, à payer les sommes de 10
800 000 francs, 7 800 000 francs et 3 000 000 francs aux propriétaires du Titre foncier n° 700/R en
réparation de leur préjudice subi en raison de l’emprise de 3990 m2 sur ledit titre ;

Attendu que par écritures en date du 03 nov. 1989, Mamadou Guèye, les héritiers de Momar Sall et
les héritiers de Amadou Ba, demandent la déclaration de cessation de paiement de la SENELEC et la
liquidation de ses biens ; que par autres écritures datées du 09 janvier 1990, ils soutiennent avoir fondé
leur action sur les dispositions de l’article 927 du code des obligations civiles et commerciales qui
prévoit que : « tout commerçant, toute personne morale de droit privé non commerçante qui cesse
ses paiements, doit dans les quinze jours en faire la déclaration en vue de l’ouverture d’une procédure
de règlement judiciaire ou de liquidation de biens » ; que la SENELEC, étant une société nationale c’est-
à-dire une société par action de droit privé rentre dans le champ d’application de l’article précité ;
Attendu que par conclusions datées du 21 décembre 1989 la SENELEC fait observer qu’en tant que
société nationale et conformément à l’article 19 de la loi 87-19 du 03 août 1987 portant organisation
et contrôle du secteur para-public, elle ne peut faire l’objet d’une mesure d’exécution forcée ;

Attendu qu’en l’état actuel de la procédure, la question de l’application d’une mesure d’exécution
forcée ne se pose même pas ; qu’il importe plutôt de voir si la SENELEC, société nationale dont
l’intégralité du capital est souscrite par l’Etat du Sénégal peut ou non faire l’objet d’une procédure
collective notamment la liquidation de biens.

Attendu que cette procédure s’applique aux personnes physiques commerçantes et aux personnes
morales de droit privé poursuivant un but lucratif ou à objet économique ; que la SENELEC ne rentre
dans aucune de ces catégories juridiques ; qu’il s’agit d’une société créée par un acte d’autorité (loi) ;
que la particularité qu’entraîne la participation de l’Etat à son capital avec la mission de service public
qu’elle poursuit ;

Attendu au surplus que cette analyse est confirmée par celle de la catégorie d’entreprise du secteur
para-public à laquelle appartient toute société nationale, que même si l’article 1080 du code des
obligations civiles et commerciales, dispose en son article 1080 in fine que les sociétés nationales sont
régies par le droit commun des sociétés commerciales cela ne veut nullement dire qu’on peut les
soumettre à la procédure prévue par l’article 927 du code des obligations civiles et commerciales ; ces
dispositions permettent uniquement l’emploi des procédés de droit privé pour la gestion quotidienne
des opérations du droit commun qui leur sont reconnus ; que c’est d’ailleurs pour cette raison que le
législateur a prévu dans la loi 84-64 du 16 août 1984 les modalités de la liquidation des établissements
publics, des sociétés nationales et des sociétés d’économie mixte à l’exclusion de toute autre
procédure ; que l’article 2 de ladite loi précise, que seule une loi peut prononcer la dissolution d’une
société nationale.

Attendu qu’il convient au vu de tout ce qui précède, de déclarer la demande de Mamadou Guèye, les
héritiers de Momar Sall représentés par Tahir Sall et les héritiers de Amadou Ba, représentés par
Abdoulaye Ba irrecevable ;

PAR CES MOTIFS :

Statuant publiquement, contradictoirement en matière civile et en premier ressort ;


Déclare l’action dirigée contre la SENELEC irrecevable ;
Condamne les demandeurs aux dépens.

2- Note écrite sur :


L’entreprise sans personnalité et les procédures collectives
IV- DOCUMENTS
Doc. 1- Jugement sur requête aux fins de liquidation des biens de la société FASO FANI
rendu par le Tribunal de grande instance de Ouagadougou 25/04/2001

- PROCEDURE COLLECTIVE-
- ENTREPRISE PUBLIQUE CONSTITUEE SOUS LA FORME DE SOCIETE
COMMERCIALE-
ASSUJETTISSEMENT A L’ACTE UNIFORME SUR LES PROCEDURES
COLLECTIVES D’APUREMENT DU PASSIF
(OUI)- ARTICLE 2 ALINEA 4 AUPC.
- ABSENCE DE PROPOSITION DE CONCORDAT-
OUVERTURE DE LA LIQUIDATION DES BIENS

En application de l’article 2, alinéa 4 de l’acte uniforme sur les procédures collectives, une entreprise
publique constituée sous forme de société commerciale qui cesse ses paiements est soumise aux
procédures de redressement judiciaire et de liquidation des biens.

En l’absence de proposition de concordat, il y a lieu de prononcer la liquidation des biens, surtout si


elle est demandée par son administrateur provisoire (Tribunal de grande instance de Ouagadougou,
Jugement n°423 du 25 avril 2001, Liquidation des biens de la société FASO FANI)

TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE DE OUAGADOUGOU


BURKINA FASO

JUGEMENT N°423 du 25 avril 2001

Jugement sur requête aux fins de liquidation des biens de la société FASO FANI

LE TRIBUNAL

Vu la requête de l’administrateur provisoire de la société FASO FANI ayant pour conseil Maitre
Franceline TOE / BOUDA, avocate au barreau de Burkina, tendant à la liquidation des biens de
ladite société ;

Vu les pièces jointes, notamment le rapport final de l’administration provisoire en date de janvier
2001 ;

Vu les dispositions de l’acte uniforme OHADA portant organisation des procédures collectives
d’apurement du passif ;

Oui les réquisitions du Ministère public ;

Par requête en date du 17 avril 2001, l’administrateur provisoire de la société FASO FANI a
sollicité la liquidation des biens da ladite société ;
Au soutien de sa requête, il explique que depuis l’année 1998, la situation financière de ladite
société n’a cessé de se dégrader pour aboutir dès mars 2000, à l’arrêt total de ses activités ;

Qu’ainsi en avril 2000, le conseil des ministres a décidé de placer la société sous administration
provisoire et l’a nommé à cette fonction ;

Qu’un diagnostic de la société a permis de révéler qu’elle a absorbé à plus de deux fois et demie
son capital social, entrainant un déficit d’exploitation de quatre milliards trois cent quarante six
millions trois cent trente et un mille sept cent soixante et un (4.346. 331.761) francs CFA.

Que l’entreprise est donc en cessation de paiement ;

Que de ce fait, le gouvernement a décidé de sa mise en liquidation des biens le 07 mars 2001 ;

Sur ce ;

Attendu que l’article 2 alinéa 4 de l’Acte uniforme ci-dessus visé prévoit que la liquidation des
biens est applicable à toute entreprise publique, ayant la forme d’une personne morale de droit
privé, qui cesse ses paiements.

Que les articles 25 et suivants de cette loi donnent les conditions d’ouverture de la procédure ;
Attendu que la société FASO FANI est une entreprise publique constituée sous forme de société
commerciale et inscrite au registre du commerce sous le N° 35/B ;

Qu’au 31 décembre 2001 son passif exigible s’évaluait à cinq milliards sept cent deux millions huit
cent soixante-six mille soixante un (5.702.866. 061) CFA contre un actif disponible de un milliard
vingt-deux millions deux cinq soixante cinq mille six cent cinquante (1.022.265.650) CFA ;

Qu’il résulte de ce qui précède, que l’entreprise est dans l’impossibilité de faire face à son passif
exigible par son actif disponible ;

Qu’elle est donc en cessation de paiement ;

Attendu que cette situation est au regard du rapport d’administration provisoire constante depuis
1998 ;

Que conformément à l’article 34 de l’acte uniforme, il y a lieu de fixer provisoirement la date de la


cessation de paiement au 17 octobre 1999 ;

Attendu que 17 avril 2001 la société FASO FANI a procédé à la déclaration de cessation de
paiement comme l’atteste l’acte de dépôt N° 151/01 dressé par maitre ZOUNGRANA Félicité
greffière en chef du Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou, versé au dossier ;

Attendu que la société FASO FANI sollicite la liquidation de ses biens ;

Qu’ainsi, elle n’a déposé aucune proposition de concordat de redressement ;

Qu’il y a lieu de prononcer la liquidation des biens de cette société ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement après débats en chambre du conseil, sur requête en matière commerciale
et en premier ressort ;
En la forme : déclare l’administration provisoire de FASO FANI recevable en sa demande

Au fond : y faisant droit, constate que la société FASO FANI est en cessation de paiement ;

Fixe provisoirement la date de la cessation des paiements au 17 octobre 1999 ;

En conséquence prononce la liquidation de biens de FASO FANI ;

Désigne Monsieur KAM Guy Hervé R. Juge au siège, juge commissaire chargé de suivre les
opérations de liquidation ;

Nomme SANOU S. Michel, expert-comptable agréé près les cours et tribunaux et Maître Franceline
TOE / BOUDA, Avocate à la cour, syndics chargés de la liquidation de la société FASO FANI.

Met les dépens à la charge de la liquidation.

Ainsi fait et jugé publiquement, et ont signé le Président et le Greffier, les jour, mois et an ci -
dessous.

Doc. 2 : Article 25 AU-PCAP

La cessation des paiements est l'état où le débiteur se trouve dans l 'impossibilité de faire face
à son passif exigible avec son actif disponible, à 1'exclusion des situations où les réserves de
crédit ou les délais de paiement dont le débiteur bénéficie de la part de ses créanciers lui
permettent de faire face à son passif exigible.

Doc. 3 : Article 2 AU-PCAP

« La conciliation est une procédure préventive, consensuelle et confidentielle, destinée à


éviter la cessation des paiements de l'entreprise débitrice afin d'effectuer, en tout ou partie, sa
restructuration financière ou opérationnelle pour la sauvegarder . Cette restructuration
s'effectue par le biais de négociations privées et de la conclusion d'un accord de conciliation
négocié entre le débiteur et ses créanciers ou, au moins ses principaux créanciers, grâce à
l'appui d'un tiers neutre, impartial et indépendant dit conciliateur.

Le règlement préventif est une procédure collective préventive destinée à éviter la cessation
des paiements de l'entreprise débitrice et à permettre l'apurement de son passif au moyen d'un
concordat préventif.

Le redressement judiciaire est une procédure collective destinée au sauvetage de l'entreprise


débitrice en cessation des paiements mais dont la situation n'est pas irrémédiablement
compromise, et à l'apurement de son passif au moyen d'un concordat de redressement.

La liquidation des biens est une procédure collective destinée à la réalisation de l'actif de
l'entreprise débitrice en cessation des paiements dont la situation est irrémédiablement
compromise pour apurer son passif ».

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