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INTRODUCTION

Tous les débiteurs ne remboursent pas leurs créanciers, c´est ainsi que
les biens présents et à venir du débiteur constituent le gage commun de
ses créanciers d´après le code civil livre II. Toutefois il arrive
malheureusement que les débiteurs organisent eux-mêmes leur
insolvabilité afin d´éviter que leurs biens ne soient saisis. C´est ainsi que
le législateur a trouvé important de protéger pénalement le gage des
créanciers.

Dans le cadre de ce travail pratique, nous allons aborder l´infraction de


la banqueroute et les infractions qui y sont connexes, tout en donnant
leurs éléments constitutifs mais aussi quelques jurisprudences y
relatives.

SECTION 1. LA BANQUEROUTE

En droit congolais, la banqueroute est une infraction pénale commise par


un commerçant personne physique, des débiteurs, des associés ayant
qualité de commerçant et qui commet des fautes ou qui aura
frauduleusement provoqué sa faillite en se rendant coupable d´accès
frauduleux ou de négligences et d´imprudences dans la gestions de ses
affaires1.

Le terme banqueroute vient de l´italien bancorotta signifiant banc brisé.


Il remonte à l´époque où celui dont le commerce coulait et qui ne payait
plus ses dettes voyait son banc à l´assemblée des marchands brisé de
sorte qu'il ne pouvait plus y siéger.

Le code pénal dans ses articles 86 à 88 prévoit et puni l´infraction de


banqueroute d´une servitude pénale selon le cas de trois mois à cinq ans
ou soit d´une servitude pénale de huit jours à un an et d´une amende de
cinquante à cinq cents Zaïres ou d´une de ces peines seulement.

Le législateur congolais ne fait nullement de distinction entre la


banqueroute simple de la banqueroute frauduleuse.

1. Éléments matériels
1
NGOTO NGOIE NGALINGI, L´essentiel du Droit pénal Congolais, Kinshasa, Presses Universitaires du Congo, 2018, P.335.
La banqueroute suppose au préalable une procédure de faillite à l
´encontre du commerçant concerné. Les éléments matériels constitutifs
de banqueroute sont énumérés par les articles 86 à 88 du Code pénal
Congolais Livre II.

L´agent doit avoir la qualité du commerçant et être déclaré en faillite en


ayant accompli des actes matériels suivants2 :

Dans l´article 86 nous avons :

 Le fait de détourner ou de dissimuler une partie de son actif ;


 Le fait de se reconnaître débiteur des sommes qu´il ne doit pas ;
 Le fait de soustraire ses livres ou en enlever, effacer ou altérer le
contenu.

Dans l´article 87, la loi puni dans le compte du commerçant :

 Le fait de favoriser un créancier au détriment de la masse ;


 Le fait d´engager des dépenses excessives pour ses besoins
personnels ou ceux de sa maison ;
 Le fait de consommer de fortes sommes au jeu, à des opérations de
pur hasard, ou à des opérations fictives ;
 Le fait, dans l´intention de retarder sa faillite, d´effectuer des
achats pour revendre au-dessous du cours, ou dans la même
situation, le fait de se livrer à des emprunts, circulations d´effets et
autre moyens ruineux de se procurer des fonds ;
 Le fait de supposer des dépenses, ou des pertes, ou de ne pas
justifier de l´existence, ou de l´emploi de l'actif de son dernier
inventaire et des derniers, valeurs, meubles et effets, de quelque
nature qu´ils soient, qu'il aurait acquis postérieurement.

Et enfin dans l'article 88 :

 Le fait de ne pas tenir les livres ou faire les inventaires prescrits par
la législation ad hoc ;
 Le fait de tenir des livres ou des inventaires incomplets, irréguliers
ou rédigés dans une langue autre que celle dont l'emploi, en cette
matière, est prescrit par la loi ;

2
R. MANASI N´KUSU-KALEBA, Code pénal Congolais de l´OPJ, P.30.
 Le fait de tenir des livres ou des inventaires qui n´offrent pas sa
véritable situation active et passive, sans cependant qu'il y ait
fraude ;
 Le fait de contracter, sans recevoir des valeurs en échange, des
engagements jugés trop considérables, eu égard à sa situation
lorsqu'il les a contractés ;
 Le fait de s´absenter sans l´autorisation du juge ou ne pas se
rendre en personne aux convocations du juge ou du curateur.

2. Element moral

L´élément moral de la banqueroute réside dans l´intention frauduleuse


de commettre un de ces actes. Le simple dol général suffit pour retenir
cette infraction. Mais cependant dans certains cas précis le législateur
retient le dol spécial.

SECTION 2. LES INFRACTIONS ASSIMILÉES A LA BANQUEROUTE


OU LES INFRACTIONS CONNEXES A LA BANQUEROUTE

Ces infractions connexes ou assimilés par la banque ont été subdivisé en


deux d´après la doctrine : La première catégorie concerne les délits qui
sont commis par les dirigeants des personnes morales (I) et la deuxième
concerne les délits susceptibles d´être commis par toute personne (II)3.

I. LES INFRACTIONS COMMISES PAR LES DIRIGEANTS DES


PERSONNES MORALES

Ces infractions sont prévues par les articles 89 à 92 du code pénal


Congolais Livre II ainsi que les articles 230 à 233 de l´Acte Uniforme
Portant Organisation des Procédures Collectives d´Apurement du Passif
(AUPCAP).

1. Éléments matériels

La personne doit avoir la qualité du dirigeant de la personne morale, et la


personne morale concernée doit être faillite. Le dirigeant doit avoir
frauduleuse commis les actes prévus par les articles 89 à 92 du Code
penal congolais Livre II ainsi que les articles 230 à 233 de l’AUPCAP.

3
R. MANASI N´KUSU-KALEBA, idem.
2. Élément moral

Son élément moral réside dans l´intention frauduleuse du dirigeant à


commettre un des actes prévues par ces différents articles précités.

II. LES INFRACTIONS SUSCEPTIBLES D´ÊTRE COMMISES PAR


TOUTE PERSONNE

1. Éléments matériels

La personne doit être en faillite et ne doit pas avoir qualité du dirigeant


de la personne morale, elle doit commettre un des actes prévus par les
articles 93 et 94 du Code penal congolais Livre II.

2. Élément moral

Cette personne doit avoir l´intention de commettre un de ces actes


précités.

SECTION 3. QUELQUES JURISPRUDENCES EN MATIERE DE


BANQUEROUTE ET INFRACTIONS CONNEXES

Dans le cadre de la jurisprudence en matière de banqueroute et ses


infractions connexes, nous avons séléctionné quelques cas retrouvés en
Droit OHADA, spécialement en République du Sénégal.

Il convient de rappeler que depuis un peu plus de 18 ans, s’est intercalée


l’OHADA4 , une nouvelle organisation ayant pour vocation d’harmoniser,
par uniformisation, les droits des affaires ou si on préfère le droit
économique de ses Etats parties5.

De ce fait, le législateur OHADA a prévu les infractions susceptibles


d’être commises dans le milieu des affaires, notamment en matière
commerciale.

C’est pourquoi l’OHADA a consacré un Acte Uniforme Portant


Organisation des Procédures Collectives d’Apurement du Passif, entré en
vigueur en 1999.

4
OHADA (Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires).

5
Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée
Equatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad, Togo, et RD.Congo.
Dans le cadre de notre travail, il s’agit de faire une étude de
jurisprudence sur le délit de banqueroute au Sénégal.

Par conséquent, nous avons eu à dépouiller dans les archives du


Tribunal Régional Hors Classe de Dakar, de la Cour d’appel et même de
la Cour de Cassation.

Ainsi, nous avons rencontré des problèmes relatifs à la rareté des


jurisprudences en matière de banqueroute. Nous avons eu quelques
jugements au niveau du Tribunal Régional Hors Classe de Dakar à savoir
24 jugements où le juge sénégalais n’a retenu que faiblement le délit de
banqueroute.6

Concernant la Cour d’Appel de Dakar, nous avons eu à rassembler une


dizaine d’arrêts. Pour la Cour de Cassation, même l’archiviste nous a fait
savoir qu’il n’existe d’arrêts en matière de banqueroute.7

Concernant les arrêts les plus célèbres, il faut voir l’arrêt de la Cour
d’Appel de Dakar du 09 juillet 2000 le ministère public et la BICIS contre
Khadim BOUSSO et Momar SECK. Et l’arrêt de la Cour d’Appel de Dakar
du 28 juin 2000 le Ministère Public et Hachem YAZBACK contre Khalil
Abou.

Les 24 jugements cites sont:

1) La decision du Tribunal Régional Hors Classe de Dakar rendue le


04 Décembre 2001 entre les héritiers de Feu Yally FALL contre
Cheik Talibouya DIBA, Mané DIENG et Astou FALL;

2) Le jugement rendu le 24 décembre 2002 par le Tribunal Régional


Hors Classe de Dakar entre la Société Générale de Banque au
Sénégal dite SGBS contre Samir BOURGI;

3) La décision du Tribunal Régional Hors Classe de Dakar rendue le


28 janvier 2003 entre la société G.H.C GERLING HOLTZ & CO
contre Ousmane WADE gérant de la société INTERNATIONAL
TRADING COMPANY dite ITC;

6
Abdoul Aziz Boye, Banqueroute et infractions assimilées : étude de jurisprudence, Maitrise en Droit Privé option Judiciaire,
Université Cheik Anta DIOP, Dakar, 2011, page 1.

7
Ibid.
4) La décision du Tribunal Régional Hors Classe de Dakar le 16
décembre 1999 opposant la Banque Internationale pour le
Commerce et l’Industrie du Sénégal dite « BICIS » contre Khadim
BOUSSO et Momar SECK;

5) La décision du Tribunal Régional Hors Classe de Dakar rendue le


24 Août 2000 Mamadou FOFANA contre Magor THIAM et Thierno
Souleymane THIAM;

6) La décision du Tribunal Régional Hors Classe de Dakar rendue le


26 janvier 2010 opposant ECOBANK contre Mouhamadou Lamine
MBACKE;

7) La décision du Tribunal Régional Hors Classe de Dakar du 16


décembre 1999 opposant la Banque Internationale de Commerce et
l’industrie du Sénégal (BICIS) contre Khadim BOUSSO et Momar
SECK;

8) La décision rendue par la Cour d’Appel le 09 juillet 2001 opposant


BICIS contre Khadim BOUSSO et Momar SECK;

9) La décision rendue par le Tribunal Régional Hors Classe de Dakar


le 24 Août 2000 opposant Mamadou FOFANA contre Magor THIAM
et Thierno Souleymane THIAM;

10) La décision rendue par le Tribunal Régional Hors Classe de


Dakar le 19 décembre 2006 opposant la Banque Sénégalo-
Tunisienne dite BST contre Pape Ndiamé SENE;

11) Le jugement rendu par le Tribunal Régional Hors Classe de


Dakar opposant les Héritiers de Feu FALL contre Cheikh Talibouya
DIBA Mané DIENG et Astou FALL le 04 décembre 200;

12) Le jugement rendu le 15 avril 2008 par le Tribunal Régional


Hors Classe de Dakar opposant le Ministère Public et Pierre
SAWALE contre Seynabou CISS Bernard;

13) La décision rendue par le Tribunal Régional Hors Classe de


Dakar le 04 décembre 2001 opposant le Ministère Public et les
Héritiers de Feu Yally FALL contre Cheikh Talibouya DIBA, Mané
DENG et Astou FALL;
14) La décision du Tribunal Régional Hors Classe de Dakar
rendue le 16 décembre 2006 opposant le Ministère Public et la
Banque Sénégalo-Tunisienne(BST) contre Pape Ndiamé SENE;

15) La décision rendue le 17 juillet 2008 par le Tribunal Régional


Hors Classe de Dakar opposant le Ministère Public et Mamadou
DIOP contre Fouad NOUAISSER;

16) Le jugement rendu par le Tribunal Régional Hors Classe de


Dakar le 09 février 2010 opposant le Ministère public et Moustapha
BALDE contre Bocar Samba DIEYE, Mamadou DIALLO et la Société
Anonyme FAOURA PLASTICS;

17) La décision rendue par le Tribunal Régional Hors Classe de


Dakar le 24 Août 2000 opposant le Ministère Public et Mamadou
FOFANA contre Magor THIAM et Thierno Souleymane THIAM;

18) La décision rendue par le Tribunal Régional Hors Classe de


Dakar le 28 janvier 2003 opposant le Ministère public et la société
GHC GERLING HOLTZ & CO contre Ousmane WADE;

19) La décision rendue le 15 avril 2008 par le Tribunal Régional


Hors Classe de Dakar opposant le Ministère Public et Pierre
SAWALE contre Seynabou CISS Bernard;

20) la décision rendue par le Tribunal Régional Hors Classe de


Dakar le 04 décembre 2001 opposant le Ministère Public et les
Héritiers de Feu Yally FALL contre Cheik Tlibouya DIBA, Mané
DENG et Astou FALL;

21) La décision rendue le 7 avril 2005 par le Tribunal Régional


Hors Classe de Dakar opposant le Ministère Public et El Hadji
SECK contre Philippe TRUILHE et Lucien TRUILHE;

22) La décision du Tribunal Régional Hors Classe de Dakar le 24


décembre 2001 opposant le Ministère Public et la Société Générale
de Banque au Sénégal dite SGBS contre Samir BOURGI;

23) La décision du Tribunal Régional Hors Classe de Dakar le 14


septembre 2000 opposant le Ministère Public et la Société Générale
de Banque au Sénégal dite SGBS contre Samir BOURGI;
24) La décision rendue le 16 décembre 1999 par le Tribunal
Régional Hors Classe de Dakar opposant le Ministère Public et la
Banque Internationale de Commerce et l’Industrie du Sénégal
(BICIS) contre Khadim BOUSSO et Momar SECK.

CONCLUSION
Selon le Professeur NGOTO NGOIE NGALINI, la repression de la
banqueroute et de ses infractions connexes pose problème en République
Démocratique du Congo car depuis l´adhésion du pays à l´OHADA, l´Acte
Uniforme Portant Organisation des Procédures Collectives d´Apurement
du Passif (AUPCAP) incrimine la banqueroute et ses infractions connexes
qu'il subdivise en banqueroute simple (qui est commise par toute
personne physique en état de cessation des paiements) et en
banqueroute frauduleuse (qui se caractérise par l'accomplissement
d'actes volontairement frauduleux).

Toutefois, l’AUPCAP laisse aux Etats parties le soin de fixer les peines
applicables à ces infractions. Or le législateur congolais ne distingue pas
la banqueroute simple de la banqueroute frauduleuse, d´où la difficulté d
´appliquer le texte de l´OHADA considérant l'état actuel de notre Code
pénal.

De lege ferenda, le législateur devrait donc insérer les infractions prévues


par l´AUPCAP et les assortir de toutes les peines appropriées afin d´éviter
toute confusion et de facilititer sa répression.

A la diférence de la justice congolaise, la République du Sénégal a une


jurisprudence abondante en matière de banqueroute et infractions
connexes.

Ainsi, nous avons pris soin de presenter 24 jurisprudences en matière de


banqueroute et infractions connexes au Sénégal.

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